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Auteur/autrice : 24 aout 1944

Gisèle Halimi, 27 juillet 1927- 28 juillet 2020

Gisèle Halimi, née Zeiza Gisèle Élise Taïeb, le 27 juillet 1927 à La Goulette en Tunisie et morte le 28 juillet 2020 à Paris, avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne.

Une des avocates féministes les plus importantes du XXème siècle ; Infatigable combattante pour la cause des femmes et le droit à l’avortement, Gisèle Halimi témoigne d’un courant du féminisme français caractérisé notamment par la certitude que cette lutte émancipatrice ne peut se passer des hommes.

Le 5 avril 1971, elles étaient 343 à signer publiquement un manifeste dans Le Nouvel Observateur et à déclarer publiquement qu’elles avaient eu recours à l’avortement. On les appela alors : Les 343 Salopes ! mais elles sauvèrent l’honneur d’une société coincée dans des principes dignes d’un âge archaïque, où la femme restait soit un objet de plaisir soit une domestique vouée exclusivement à la maternité.

En cela, elle rejoignait les femmes pionnières du monde entier en lutte pour l’émancipation féminine et notamment ces femmes espagnoles qui de 1931 à 1939 surent conquérir des droits importants et imposer leur participation pleine et entière à la transformation de la société pour plus de justice, d’éducation, de respect et de solidarité !

Le 3 décembre 1970 s’ouvrait le procès de Burgos « conseil de guerre de Burgos », à l’encontre de seize membres de l’organisation armée nationaliste basque Euskadi ta Askatasuna (ETA), accusés d’avoir assassiner Meliton Manzanas, le chef de la police politique de la province de Guipozcoa en 1968. Sous les protestations et la pression populaire internationales, pour la première fois en Espagne franquiste, le procès fut public.

Six accusés furent condamnés à la peine capitale, neuf autres totalisèrent 724 ans de prison, seule la femme fut relâchée sans condamnation. Le procès s’acheva le 9 décembre mais les protestations et manifestations internationales continuèrent. Cela contraignit Franco à annoncer, le 30 décembre, que les peines capitales seraient commuées en 30 années de prisons pour chaque accusé.

Gisèle Halimi, avocate de Djamila Boupacha, de Mehdi Ben Barka, présidente de la commission d’enquête du Tribunal Russell sur les crimes de guerre américains au Vietnam, observatrice judiciaire aux procès de Rabat et d’Athènes, a été envoyée par la Fédération internationale des Droits de l’Homme au procès de Burgos comme observatrice.
Elle en publia un ouvrage en 1971 : « Espagne; le Procès de Burgos » « Le grand mérite de l’ouvrage présenté par Gisèle Halimi, déléguée à Burgos par la Fédération internationale des droits de l’homme, est d’offrir à l’opinion des documents et des textes inédits sur ce procès et sur son Instruction. Les mémoires des avocats écrits pour la défense des principaux accusés mettent parfaitement en lumière les Irrégularités que les avocats, réduits au silence, n’ont pu faire valoir. Plusieurs fois condamnés à mort puis graciés, les accusés de Burgos n’en continuent pas moins de croupir dans des geôles. Plus qu’un reportage ou le simple récit d’un témoin engagé, le livre de Gisèle Halimi est d’abord un dossier accablant (…) ». (extrait article du Monde du 25 juin 1971) contre la dictature franquiste, tolérée depuis 1939 par toutes les démocraties du monde.

Là encore, nous devons à cette femme et à son courage, d’avoir rappelé à la connaissance de tous, les tortures et les méthodes d’intimidations qui sévissaient en Espagne franquiste, comme mode de gouvernance politique.

Albert Camus et l’Espagne

Albert Camus a toujours accompagné les libertaires espagnols dans leur lutte pour la liberté et contre Franco.

Albert Camus (1913-1960)
Né le 7 novembre 1913, fils d’un père ouvrier agricole, et d’une mère femme de ménage analphabète, il vit dans la pauvreté entre sa grand-mère et sa mère à Alger, dans le quartier pauvre de Belcourt. Grâce à son instituteur il poursuit ses études qui sont arrêtées nettes par la tuberculose.
Il rentre comme journaliste au quotidien Alger républicain. Puis il arrive en France métropole le 16 mars 1940.

Journaliste résistant, philosophe, auteur de pièces de théâtre, romancier, toujours au plus près des exploités et des révoltés de son époque, pacifiste libertaire il est proche des exilés anarchistes espagnols. En 1936, il se range du côté de la République espagnole fustigeant la position timorée des démocraties. Il pense qu’il faut éviter la Seconde Guerre mondiale mais rejoint le comité fondateur du journal clandestin Combat pour résister au nazisme, à la libération il en devient le rédacteur en chef. Il quittera ce journal en 1947.
Il écrit et publie entre autre : La Révolte des Asturies (1936), l’Envers et l’endroit (1937), Caligula (1938), Noces (1939), l’Etranger et Le Mythe de Sisyphe (1942), le Malentendu (1944), La Peste (1947), Lettre à un ami allemand et l’État de siège (1948), les Justes (1949), l’Homme révolté (1951), La Chute ( 1956)… et des centaines d’articles de journaux, de correspondances .
Il n’adhère à aucun courant de pensée en vogue, il suit ses propres convictions. Prix Nobel de littérature en 1957, il prononce un discours d’investiture qui ne laisse aucune ambiguïté sur ses convictions libertaires et le choix de son engagement auprès des plus opprimés :
« (…)La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu’exaltante. Nous devons marcher vers ces deux buts.
(…) Ramené ainsi à ce que je suis réellement, à mes limites, à mes dettes, comme à ma foi difficile, je me sens plus libre de vous montrer pour finir, l’étendue et la générosité de la distinction que vous venez de m’accorder, plus libre de vous dire aussi que je voudrais la recevoir comme un hommage rendu à tous ceux qui, partageant le même combat, n’en ont reçu aucun privilège, mais ont connu au contraire malheur et persécution. » Discours de Albert Camus au Nobel le 10 décembre 1957 Stockholm.

Il rejette tous les régimes dictatoriaux, les terrorismes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Il combat l’emprisonnement, la torture, la peine de mort, la violence d’où qu’elle vienne. (Réflexions sur la peine capitale, en collaboration avec Arthur Koestler, 1957)
Alors que toute la classe intellectuelle de gauche se proclamait du marxisme léninisme et soutenait l’URSS, Camus se démarque et juge très sévèrement le totalitarisme soviétique.

« Qui osera me dire que je suis libre quand les plus fiers de mes amis sont encore dans les prisons d’Espagne ? »
Sa pièce de théâtre, Révolte dans les Asturies, pièce en 4 actes qui raconte la révolution d’octobre 1934 à Oviedo écrite en 1936, est interdite à Alger par peur d’un mouvement révolutionnaire.
Bien avant la fin de la Seconde Guerre mondiale il déclare : « Nul combat ne sera juste s’il se fait en réalité contre le peuple espagnol. Nulle Europe, nulle culture ne sera libre si elle se bâtit sur la servitude du peuple espagnol. » Pour lui, le 19 juillet 1936 est la date de le début de la Seconde Guerre mondiale mais aussi celle d’une révolution sociale, populaire jamais égalée. Il écrit le 7 septembre 1944, dans Combat : « … Notre lutte ne sera jamais victorieuse chez nous tant qu’elle sera écrasée dans la douloureuse Espagne. »

La Guerre froide enterre tous les espoirs de déloger Franco. Camus n’aura de cesse toute son existence d’appuyer le combat des libertaires espagnols contre Franco, de dénoncer les lâches complicités de toutes les démocraties et de participer tant qu’il peut aux campagnes organisées par les libertaires espagnols et la FEDIP (fédération espagnole des déportés et internés politiques) contre le régime franquiste et ses horreurs (exécutions, emprisonnements, persécutions…). Il intervient dans les meetings et contacte les intellectuels proches de lui mais aussi jusqu’à « ses adversaires littéraires » pour défendre la liberté en Espagne et tenter de faire libérer mes condamnés du franquisme.
De même il soutient de toute l’autorité que lui confère sa position d’écrivain engagé, les campagnes de la FEDIP pour la libération des Républicains espagnols détenus dans le goulag de Karaganda en URSS, depuis la fin de la guerre.
En 1952, il s’éloigne de l’UNESCO pour protester de la complaisance de cette institution envers l’Espagne franquiste.
Camus fut un soutien à toutes les actions qui pouvaient de près ou de loin déstabiliser ou pour le moins dénoncer le régime franquiste…

« Le monde occidental doit savoir que sa conscience se trouve dans l’Espagne et ses libertés à retrouver. »

Retrouvez Albert Camus et l’espagne dans un dossier détaillé du Numéro 13 des cahiers du CTDEE.

Et pour mieux connaitre ce que l’idéal libertaire a construit en Espagne et dans le monde, profitez pour découvrir cette publication du N°1 au N°12 avec ses articles de fond et ses dossiers très documentés:
N°1: Les prisonniers fantômes de Karaganda;
N°2: Asturie 1934, l’autre révolution d’octobre;
N°3: Ateneo español de Toulouse;
N°4: La colonia d’aymara;
N°5: 19 de Julio/19 juillet 1936, Révolution espagnole;
N°6: Cléricalisme et anticléricalisme espagne et exil;
N°7: Mai 37, Barcelone;
N°8: « Prisonniers de guerre », les antifascistes espagnols au Lancashire, 1944-1946:
N°9: La Catalogne, une crise qui vient de loin;
N°10: Spécial 80 ans de l’exil; L’exode d’un peuple;
N°11: Les derniers jours de la République espagnole, mars 1939;
N°12: S’intégrer sans se dissoudre, les réfugiés politiques espagnols.

http://www.documentationexilespagnol-toulouse.fr/pages/les-publications-du-ctdee.html

Vous pouvez vous procurer les numéros soit auprès de notre association soit en les commandant directement au CTDEE en utilisant le bon ci joint.

Lucio, L’ombre de la liberté

Lucio Urtubia

Quand tu es arrivé en France, tu as commencé modestement, sans trop savoir, voici ce que toi-même tu en dis :
« En 1954 j’arrive en France, déserteur de l’armée espagnole, je commence à travailler, je n’allais pas prétendre avoir un emploi comme enseignant ou comme ministre car je ne savais ni lire ni écrire, mais comme manœuvre dans un chantier. Mes papiers, c’est le maire de Marne la coquette, un gaulliste qui me les a fait car il avait une petite entreprise de bâtiment, j’ai commencé à travailler là, déclaré. Parmi les ouvriers il y avait plusieurs catalans réfugiés, qui avaient fait la guerre d’Espagne et la guerre en France, ils étaient anarchistes et très méfiants envers moi. À l’heure du casse-croûte, ils m’ont demandé quel était mon idéal, j’ai répondu : je suis communiste ; à cette époque en Espagne le gouvernement franquiste mettrait sur le dos des communistes tout ce qui arrivait alors que la plupart des activités antifascistes c’était les anarchistes, mais je ne savais rien de tout cela, et les amis du chantier m’ont répondu, : Lucio tu n’es pas communiste, tu es anarchiste ! les jours suivants ils ont commencé à m’apporter des journaux, pour moi le monde s’ouvrait, je leur ai demandé de m’inscrire pour suivre des cours de français, suivre des conférences, et j’ai atterri au 24 rue Sainte Marthe… »

À partir de là, ta vie ne sera que Résistance au franquisme : braquages, faux papiers, fausse monnaie, enlèvements de dignitaires franquistes, actions de « Bandolero » au grand cœur…… Jusqu’à devenir une Légende !

Nous nous souviendrons longtemps du regard noir sur ta photo, prise par Pierre Gonnord en juillet 2019, avec lequel tu surveillais sévère, les paroles des officiels espagnols, à Madrid lors de la grande exposition de la Arqueria Nuevos Ministerios : La Sangre no es agua, en décembre de la même année.

Ta silhouette debout contre les dictatures qui emprisonnent, va nous manquer mais tes idées nous restent pour avancer demain, vers un autre futur.

Merci d’avoir été là. Merci de tes idéaux que tu as non seulement défendus mais transmis aux autres.
Nous rejoignons dans la peine Anne ta compagne et Juliette ta fille, toutes deux tes complices.

À voir:
https://www.rtve.es/alacarta/videos/el-documental/lucio/961865/

David Wingeate Pike nous a quitté

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition de monsieur David Wingeate Pike, ce 20 juin 2020.

Nous l’avons côtoyé à plusieurs reprises, et à plusieurs reprises il nous avait fait l’honneur de prendre la parole pour honorer les Républicains espagnols antifascistes et libertaires.
Il avait un vrai souci de justice et il s’appliqua toute son existence à traquer les falsifications de l’Histoire et à remettre sur le devant de la scène, les oubliés……
Comme il l’avait fait en 2015 devant le monument de la FEDIP, aux Espagnols morts pour la liberté.

Nous voulons saluer l’exemplarité et la ténacité de ses recherches, l’honnêteté qui l’anima toujours dans ses travaux, prêt à reconnaître et à rectifier s’il se trompait. Il n’avait de cesse que d’affirmer que l’Histoire se dévoile à tâtons, sans être une science d’exactitude, qu’il fallait donc rester humble face à elle.

Sincères condoléances à sa famille et à ses amis.

Catalogue: L’UTOPIE EN EXIL

Cette fabuleuse exposition réalisée en novembre 2019 à l’institut Cervantes de Paris, nous laisse de belles traces.
Vous avez désormais accès au catalogue de l’exposition contenant:

  • Un rappel historique de la période espagnole de la révolution aux descendants artistes de ces Républicains très particuliers;
  • Une fiche sur chaque artiste
  • accompagnée d’une ou deux de ses oeuvres,

N’hésitez pas à le feuilleter et à l’utiliser pour vos rencontres, débats, échanges, cours………

Documents joints

Entretien avec Ken Loach sur Tierra y Libertad

Ken Loach revient sur son film Tierra y libertad (Land and Freedom)de 1996, pour répondre aux questions de la CNT espagnole d’aujourd’hui. Il nous dit l’actualité en 2020 du combat des anarchistes, syndicalistes de la CNT et des marxistes révolutionnaires du POUM pour une société de partage, mais surtout pour une organisation sociale qui sauverait la planète…

La marche de la 2e DB vers Paris et au-delà

Les combats sur la N20

23 aout
23 aout

Partie à l’aube du mercredi 23 août, la 2e DB roule à toute vitesse et arrive jeudi 24 dans la banlieue sud sur trois axes. La colonne Morel-Deville doit faire diversion à l’ouest par Trappes, Saint-Cyr et Versailles pour faire croire que l’attaque principale vient de ce côté. La colonne Langlade-Massu passe au centre par Chevreuse et Jouy-en-Josas. A l’est, la colonne Billotte suit la Nationale 20 et se heurte à une forte résistance allemande à Longjumeau, Antony et Fresnes. Les pertes sont importantes: plus de 300 tués, 40 chars détruits. Le soir, les soldats de Leclerc sont aux portes de Paris.

La colonne Dronne

Au soir du jeudi 24, sur ordre de Leclerc, une petite colonne blindée (18 blindés et 170 hommes) commandée par le capitaine Dronne entre dans Paris par la Porte d’Italie. Elle passe la Seine au Pont d’Austerlitz et arrive devant l’Hôtel de Ville où elle est accueillie par l’état-major de la Résistance à l’Hôtel de ville puis  par le Général Chaban-Delmas à la préfecture. Tout le long du chemin, la foule se précipite sur les soldats français, la fin du cauchemar est proche. Les cloches de Paris se remettent à sonner.

Soldats français et américains dans Paris

Le vendredi 25 au matin, les colonnes Langlade, Dio et Billotte rentrent à leur tour dans Paris où la joie est indescriptible mais où les combats continuent. De sévères accrochages on lieu autour du Luxembourg, des Tuileries et d’autres points d’appui. Leclerc va installer son QG à la gare Montparnasse. Pendant ce temps, les Américains de la 4e DI entrent par la porte d’Italie, passent par la Bastille et filent vers l’est et le bois de Vincennes pour couper la retraite allemande.

La reddition

Dès 10 heures du matin, Billotte avait envoyé un ultimatum à Von Choltitz: « Afin d’éviter toute effusion de sang inutile, il vous appartient de mettre fin immédiatement à toute résistance« . A 15h30, le général allemand signe la capitulation de ses troupes devant Leclerc et Rol-Tanguy. Une demi-heure plus tard, il signe à la gare Montparnasse les ordres de cessez-le-feu qui seront portés à chaque point d’appui.

De Gaulle à Paris

Venu de Rambouillet, de Gaulle arrive juste après la capitulation à la gare Montparnasse où il rencontre Leclerc. Le général veut rapidement imposer sa vision de la continuité républicaine et de l’indépendance de la France face aux Alliés et aux résistants. Symboliquement, il se rend d’abord au ministère de la Guerre et à la Préfecture de police. Ce n’est qu’ensuite qu’il se rend à l’Hôtel de ville auprès des chefs de la Résistance auxquel il refuse une proclamation de la République (« La République n’a jamais cessé d’être »).

« Paris libéré! »

À l’Hôtel de ville, de Gaulle s’adresse enfin aux Parisiens qui se battent depuis une semaine pour leur libération: « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »

La parade du 26 août

Dans une ville en liesse qui fête ses soldats et ses combattants, une parade victorieuse se met en marche à 15 heures depuis l’Arc de triomphe (où de Gaulle a ravivé la flamme du soldat inconnu) jusqu’à l’île de la Cité. Une foule immense borde le cortège des officiels et des soldats. Malgré des tirs isolés et une fusillade sur le parvis Notre Dame, de Gaulle continue sa marche jusqu’à la cathédrale où un Te Deum est célébré. Il est protégé par les half-tracks espagnols et leur équipage.

Joie et tristesse

Comme dans toutes les villes françaises, la libération est une période à part où tout se mélange: joie du départ des Nazis et de la fin de l’humiliation, fêtes populaires, chasse aux collaborateurs et souvent lynchages et exécutions sommaires, tonte des femmes liées aux Allemands, retrouvailles, liberté de parole… Mais la présence de de Gaulle à Paris avec de nombreux militaires empêche une grande partie des désordres. Le mardi 29, pour bien montrer que l’ordre est revenu, une forte troupe de soldats américains défile à travers Paris.

La guerre continue

Dès le 25, des éléments de la 2e DB rejoignent le nord de la capitale tandis que les Américains de la 4e DI filent vers la Champagne. Le soir du 26, comme pour rappeler aux Parisiens que la guerre est loin d’être finie, des avions allemands bombardent la ville. Autour de Paris, les Américains sont déjà au-delà de Melun au sud, les Britanniques à Vernon, Louviers et Elbeuf à l’ouest. Le 30, toutes les unités allemandes font retraite derrière la Seine. Du 8 septembre au 5 octobre, 23 fusées V2 tomberont sur la région parisienne.

23 aout
23 aout

il est mort le tortionnaire!

Parce qu’il n’est pas question de mettre sa photo, ni de lui consacrer un article particulier.

Parce qu’il n’est pas question de vous relater la vie d’un tortionnaire, alors que nous manquons de temps pour parler de toutes celles et de tous ceux qui ont succombé entre ses mains de bourreaux, de toutes celles et de tous ceux qu’il a abîmé à vie, de toutes celles et de tous ceux qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie pour défendre la Liberté, nous vous proposons de regarder cet entretien intéressant d’une de ses victimes, El Chato, décédé lui aussi, hélas du Covid 19.

Il échange avec Pablo Iglésias, vous y aurez un aperçu terrible des procédés du franquisme et de ce qu’a pu oser comme supplices cet immonde Antonio González Pacheco, alias Billy el Niño.

Nous voulons à travers son décès -que nous regrettons, juste parce qu’il ne sera jamais jugé- rendre hommage à toutes celles et ceux qui ont eu le courage d’attaquer ces bourreaux, à travers « La Querella argentina ».
En premier lieu à la juge Servini, qui se bat toujours pour l’aboutissement de ce procès, et aux disparus dans la course: Carlos Slepoy y Chato Galante,qui firent tant pour que les crimes de ce sinistre individu soient l’objet d’un jugement.

8 MAI 2020 : 75eme anniversaire de la victoire sur le nazisme.

En 1945, la plupart des européens peuvent fêter cette victoire !
Là où les ruines ne les avaient pas ensevelies,
Là, où l’inhumanité ne les avait pas tués,

Ce 8 mai 1945 est aussi la date du massacre pour les Algériens de Sétif en Afrique du Nord, qui réclamaient l’égalité des droits et traitements.

Ce 8 Mai 1945 est aussi celui où le peuple d’Espagne reste sous le joug de la dictature militaire de Franco et ses sbires : « justice » expéditive, exécutions sommaires, prisons et camps de concentration remplis, interdiction des partis politiques et des syndicats.

Ce 8 Mai 1945 est aussi celui de l’amertume pour les républicains espagnols en Exil en France. Car après avoir combattu dans les rangs de la 2° DB, des Forces Françaises Libres, les maquis, il leur semblait naturel et logique d’en finir avec la dictature franquiste. Les Alliés en décidèrent autrement.

Ce 8 Mai 1945 est aussi celui du début du retour pour les survivants du camp de Mau-thausen… Le soleil entrait à nouveau dans le coeur des hommes…
Malgré la faim, la maladie, ils avaient résisté, emmagasiné des années de témoignages. Porteurs des messages ultimes de leurs compagnons morts sur place.
« Ils n’étaient pas des victimes, mais des ennemis du fascisme ! Ils étaient ceux par lesquels la liberté refleurirait ! » Ils avaient tenu parole.

Ce 8 Mai 1945 est aussi celui du début de la reconstruction des institutions républicaines en Exil. La CNT tient son 1 er congrès hors d’Espagne du 1° au 12 Mai 1945 dans la grande salle de la Mutualité à Paris.

L’association 24 Aout 1944, en ce 75eme anniversaire particulier, souhaite honorer la mémoire de ces hommes et ces femmes de l’ombre qui depuis ce 8 Mai 1945 ont vécu en Exil en France et plus particulièrement à Choisy le Roi en banlieue sud de Paris.

L’an dernier avec la Ville de Choisy le Roi, l’association 24 Aout 1944 inaugurait une plaque en l’honneur des cordonniers Bernal et Cortes, hommes de la Nueve, une exposition urbaine sur l’Imprimerie des Gondoles et organisait une conférence ainsi qu’une séance de cinéma. L’imprimerie de la CNT installée à Choisy le Roi fonctionna selon les critères libertaires de 1956 à 2006

Le film, que nous vous proposons de voir, retrace ces évènements de 2019 à Choisy. Il honore également les 30.000 républicains espagnols tombés pour la liberté hors d’Espagne entre 1939 et 1945.
Ce film rend hommage, avec de nombreux documents d’archives à l’appui, à celles et ceux qui ont poursuivi le combat antifranquiste et pour leurs idéaux en France.

La ville de Choisy honore ces exilés, antifascistes et libertaires espagnols qui ont continué à faire vivre leur idéal d’une société plus juste, à Choisy même. Ils ont fait de cette commune un point du globe connu des tous les anarchistes du Monde et de tous les partis de gauche espagnols.

Vous pouvez suivre leur histoire sur le site de la ville :
https://www.choisyleroi.fr/decouvrir-choisy/limprimerie-des-gondoles-et-la-cnt-imprima-a-choisy/

75e anniversaire de la libération du camp de Mauthausen

Il y a 75 ans s’ouvraient les lourdes portes de Mauthausen, et de ses commandos. Le soleil entrait à nouveau dans le coeur des hommes…

Malgré la faim, la maladie, ils avaient résisté, emmagasiné des années de témoignages. Porteurs des messages ultimes de leurs compagnons morts sur place.

Il leur fallait revivre pour eux, et pour eux continuer le chemin de l’Histoire. Ils furent célébrés, honorés mais peu écoutés. Pourtant avec obstination, ils se firent passeurs de mots, vigiles de mémoire. Et aujourd’hui ce sont leurs descendants qui honorent leur combat.

« Ils n’étaient pas des victimes, mais des ennemis du fascisme! Ils étaient ceux par lesquels la liberté refleurirait! » Ils ont tenu parole.

Voici deux liens à visiter simplement:
https://www.institutfrancais.es/prensa/5-de-mayo-dia-nacional-de-homenaje-a-los-deportados/

https://youtu.be/FDTkYe9Be-Y

Pierre Gonnord lit le texte sur Angel olivares, déporté à Mauthausen, qui appartient à son exposition: « La sangre no es aga » « Le sang n’est pas eau »

Adieu José-Maria Riba

Adieu José-Maria,

Nous venons d’apprendre la terrible nouvelle, de la disparition de José Maria.

Nous sommes bien conscients que pour tous il s’agit non seulement d’un grand professionnel et connaisseur du cinéma qui disparaît, mais surtout d’un ami de longue date. Le frère qui accompagne les pas de chacun sur le chemin de la vie.

C’est un peu comme une amputation du coeur à laquelle nous ne nous habituons jamais. Mêlée au chagrin qui nous saisit lorsque nous perdons un être cher, c’est dur à surmonter.

José Maria avait par ses connaissances, son charisme et sa sympathie su faire d’Espagnolas en Paris, une association incontournable pour qui voulait de plonger dans le cinéma d’avant garde espagnol et d’Amérique Latine.
Mais par son sourire, sa disponibilité, sa gentillesse et tout son savoir cinéphile, il était avant tout un homme attachant, passionnant, honnête et qui engageait chacun à faire un morceau de route à ses côtés.

Aussi, aujourd’hui nous sommes de tout cœur aux côtés de sa famille et de ses amis face à ce deuil cruel.
Les membres de l’association du 24 août 1944

Au revoir Hélène Châtelain

Nous avons eu l’occasion de côtoyer Hélène Châtelain, notamment en 2014, à La Parole Errante (Montreuil) lorsqu’Armand Gatti a décidé de mettre en espace le texte de La Nueve avec comme troupe les membres de l’association. Hélène était souvent présente et d’excellent conseil auprès d’Armand Gatti et de notre troupe d’amateurs.

Petite bio pour une grande dame:
Hélène Châtelain est née en 1935 à Bruxelles de parents russo-ukrainiens. Elle vient disparaitre ce dimanche 11 avril 2020.

Arrivée à Paris en 1956, elle devient une artiste aux mille facettes et au parcours exceptionnel, entre écriture poétique et cheminement libertaire.

Comédienne inoubliable dans La Jetée de Chris Marker (1962), Hélène Châtelain a également réalisé plus d’une trentaine de films, notamment Les Prisons aussi (1973), Nestor Makno, paysan d’Ukraine (1996), Chant public devant deux chaises électriques (2004).

Dans un va-et-vient du cinéma à la littérature, entre ses ouvrages de scénariste, d’écrivain et de traductrice, Hélène Châtelain a une filmographie très diverse : en partie activiste avec des groupes militants, en partie personnelle et documentaire, en partie dramatique et artistique, comme en témoignent les 2 collections documentaires réalisées avec Armand Gatti : Le Lion, sa cage et ses ailes sur et avec des ouvriers immigrés de l’usine Peugeot de Montbéliard, et La première lettre, travail de reflexion et de création autour de Roger Rouxel.
En matière de contribution historique documentaire on lui doit notamment Goulag, un film coréalisé avec Iossif Pasternak, en 2000, qui constitue encore à ce jour la seule analyse filmique dûment raisonnée et documentée sur le sujet, tournée sur les lieux, et d’autant plus rare qu’elle comprend les interviews de survivants de la révolution et de la répression rencontrés au moment du tournage, parmi lesquels des anarchistes, qui aujourd’hui ne sont plus de ce monde.

(Source : La Revue des Ressources)

Lisez le bel hommage rendu à Hélène par Juan Chica-Ventura sur Le Monde Libertaire
https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4976

Après El Chato, Rafael Gomez succombe au Corona Virus

En deux tristes jours , nous perdons un des plaignants de la Querella argentine, El Chato Galante, et le dernier survivant des hommes de la Nueve: Rafael Gomez:

31 mars 2020, Rafael Gomez vient de nous quitter, terrassé par le virus COVID19 qui sévit en ce moment sur le monde.

Dernier survivant des combattants de la Nueve, il est né 1921 à Alméria. D’une famille républicaine, il est mobilisé par la république en 1938, à l’âge de 17 ans. Il se retrouve à Barcelone et de là, suit les chemins de l’exil. Interné au camp de Saint Cyprien sur la plage dans les Pyrénées orientales, il réussit à rejoindre la ville d’Oran en Algérie, où vit un de ses oncles.
La vie est rude, après le débarquement des troupes américaines, en novembre 1942, il décide de s’engager dans les Corps francs d’Afrique. Il rejoint Djijelli, où il est incorporé dans la 2e DB du général Leclerc, dans les Forces Françaises Libres. Il devient conducteur de Half-Track Guernica.
Il fait toute la campagne de France dans La Nueve, et est de toutes les batailles : « On a eu nos premiers coups durs à Ecouché (Orne). On s’est retrouvé encerclés par les Allemands. La Nueve était une unité de choc. Nous étions tous des vétérans de la campagne d’Espagne, certains avaient combattu en Afrique. On connaissait la guerre. Leclerc le savait. Il nous envoyait en première ligne».

Ils arrivent les premiers à Paris le 24 août 1944. Participent à la libération de la capitale puis repartent quelque jours plus tard sur l’Alsace, avec la bataille de Strasbourg et enfin ils parviennent au Nid d’Aigle d’Hitler les premiers.

Démobilisé le 10 août 1945, Rafael Gomez regagne l’Algérie où il s’installe comme cordonnier. C’est en 1955 qu’il décide de migrer vers l’Alsace. Titulaire de la croix de guerre et de la presidential unit citation (décoration américaine), enfin Chevalier de la Légion d’Honneur en 2012 ( JO. du 08.04.2012).

Il assiste à l’hommage qui est rendu aux hommes de la Nueve en 2014, représentant encore solide de ses compagnons disparus. Et en 2018, il fait parvenir un texte pour saluer la commémoration du 24 août 2018 et l’ensemble des descendants des hommes de la Nueve, présents.
Cette année 2020, un hommage lui sera rendu, spécialement.
Quelques articles:
Muere de coronavirus Rafael Gómez, el último español de La Nueve
https://elpais.com/cultura/2020-03-31/muere-de-coronavirus-rafael-gomez-el-ultimo-espanol-de-la-nueve.html

https://roquetas.ideal.es/roquetas/fallece-coronavirus-rafael-20200331141808-nt.html?ref=https://www.google.com/

https://www.publico.es/politica/adios-rafael-gomez-zapatero-republicano-libero-paris.html

https://www.lavanguardia.com/cultura/20200331/48215141168/rafael-gomez-nieto-la-nueve-paris-nazis-hitler-republicanos.html?fbclid=IwAR0wVJjGmMcasOHWmMBe1j34W6xoNaXPKELp6UZB7IgujzzmZ5g3fTOfm0U

https://www.theguardian.com/world/2020/apr/01/ex-soldier-death-casts-light-spaniards-helped-liberate-paris-rafael-gomez-nieto

https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/rafael-gomez-nieto-dernier-survivant-espagnols-liberateurs-paris-est-mort-coronavirus_32703645.html?fbclid=IwAR1HMcqobGO7eJ_WIB6_XuMekvPqGbi3g-s9lFNuF778T5Qr-MOhhLKLTk4

https://www.publico.es/politica/gobierno-prepara-reconocimiento-oficial-rafael-gomez-nueve.html
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José Maria (Chato ) Galante, né à Madrid en 1948 est décédé samedi 28 mars, des suites du COVID 19 (coronavirus).

En 2018, ce militant antifranquiste a porté plainte pour crime contre l’humanité, rejoignant ainsi en Argentine, la querella argentina, contre Billy el Niño, son tortionnaire.
Alors qu’il était étudiant et manifestait contre le régime dictatorial de Franco, il fut arrêté, torturé et condamné à la prison (il y resta quatre ans).

Son témoignage se retrouve dans les documentaires : El silencio de los otros d’Almudena Carrecedo et Robert Bahar
Et La causa contra Franco, de Lucia Palacio et Dietmar Post.

Nous avons une pensée pour lui qui disparait sans savoir eu la satisfaction de voir son bourreau condamné, et nous remercions Manuela Carmena, ex maire de Madrid, pour avoir au moins accéder à un de ses désirs: débaptiser sa rue qui portait le nom d’un franquiste notoire Calle del general Yagüe.

Bilan 2019: Se souvenir pour construire l’avenir!

BILAN ACTIONS 2019
Se souvenir pour construire l’avenir

Cette année fut marquée par un deuil qui a frappé l’association: Nous avons perdu notre amie, historienne et membre fondatrice Marie Rafaneau Boj le 30 août 2019. Ce fut un coup dur pour toute l’équipe et une grande tristesse dont nous avons toujours du mal à nous remettre.

Mais cette année aussi, nous voulons également remercier la Maire de Paris, Anne Hidalgo et son équipe, dédiée à la mémoire et au protocole ainsi que le service de l’auditorium, qui nous ont tous aidés et soutenus dans l’ensemble des actions 2019 mais également depuis le début de cette mandature (qui pour nous commença le 24 août 2014) qui s’achève.
Et nous avons des remerciements tout particuliers pour le service de la mémoire combattante de Madame Catherine Vieu-Charier, laquelle avec ses collaborateurs: Christine Blaise de Candido, Cedric Abadie, Romaric Seuzaret et tous ceux que nous oublions et qui dans l’ombre ont oeuvré dans le même sens. Ils ont toujours répondu présents à nos sollicitations et fait tout ce qu’il était possible de faire, en leur pouvoir, pour nous aider durant toutes ces années.

80 ans, La Retirada,
Tout un peuple épris de justice et de liberté quittait sa terre, pour un exil interminable. Partout dans le monde, se lèvent encore aujourd’hui les mémoires de cette expérience sociale jamais égalée et de cet exode interminable…

Il y a 75 ans, La libération de Paris,
En septembre 1939, la France entre en guerre.
Les hommes de la Nueve se trouvaient donc en Afrique du Nord, exilés dans des pays colonisés par la France. Mais quand l’Armée Leclerc remonte du Tchad, ils n’hésitent pas à déserter pour rejoindre cette troupe qui combat Hitler et Mussolini.
La Nueve arrive en Normandie début août 1944. Elle participe aux durs combats de la poche de Falaise et est aux abords de la capitale le 23 août.
C’est elle qui est lancée par le Général Leclerc sous le commandement du capitaine Dronne pour soutenir l’insurrection parisienne.
le 24 août 1944, les Espagnols antifascistes de la Nueve entraient en éclaireurs dans Paris insurgé pour contribuer à la Libération de Paris.

COMPTE RENDU DE L’ACTION 1 :
24 août 2019, 75e anniversaire de la libération de Paris :
o Réalisation par Juan Chica-Ventura et inauguration d’une fresque de 17 mètres de haut sur 5 mètres de large, représentant les 3 jours : 24, 25 & 26 août 1944 au 20 rue Esquirol 75013 Paris.
Souscription pour achat et location matériel : 13150€. Et une aide importante du gouvernement espagnol (département de la mémoire historique)
Nous avons entamé cette journée symbolique par l’inauguration d’une superbe exposition à la mairie du 4e :

Les encres de la Libération : Exposition philatélie et documents de la guerre 39/45 et de la Libération ; présentée dans 50 cadres soit 1200 feuilles de documents originaux, tracts de la Résistance, journaux clandestins, philatélie : les timbres surchargés de la Libération.

Co réalisation avec l’ACTL (Association des Collectionneurs des Timbres de la Libération) d’un collector libération de Paris :
Ce collector rend hommage au Capitaine Raymond Dronne, à la Nueve sa compagnie avec le half-track Guadalajara, au colonel Rol Tanguy chef des FFI de Paris et à Raoul Nordling, consul de suède à qui Paris et les parisiens doivent beaucoup.

À 14h, nous avons gagné la rue Esquirol dans le 13e arrondissement où devant la peinture murale attendait une foule de descendants des exilés espagnols, de sympathisants de ce peuple combattant, des curieux également heureux d’apprendre un passage occulté de l’histoire de cette ville, et bien entendu nos amis anarchistes et ceux de la CNT espagnole en exil et CNT française, CGT espagnole. Très vite nous avons été rejoints par La Charanga Ventolin , fanfare venue des Asturies pour fêter à nos côtés les Hommes de la Nueve et revendiquer une autre république pour l’Espagne, une république sociale et solidaire.

Les délégations des officiels : Anne Hidalgo, Maire de Paris, Dolores Delgado ministre de la Justice espagnole, Irene Lozano représentante de ’L’Espagne Globale » (terminologie pour le moins mystérieuse et entourée de circonvolutions…), Fernando Martinez sénateur et ex directeur de la mémoire historique, l’ambassadeur d’Espagne en France, l’Ambassadeur d’Espagne à l’UNESCO, celui de l’OCDE et probablement encore d’autres personnalités dont nous ne connaissons ni le titre ni le nom…
Mais pour nous, l’essentiel était bien entendu tous ces anonymes, venus simplement, parfois de très loin, rendre les honneurs aux hommes de la Nueve et découvrir pour l’occasion la peinture murale de 17m de haut réalisée par Juan Chica Ventura (aidé dans ces travaux par Anne Aubert artiste peintre, et par Claire Lartiguet comme petite main).

Les orateurs se sont succédés à la tribune autour de cette réalisation monumentale. (voir la vidéo réalisée par nos amis : Victor Simal et Richard Prost)

Puis Vida Gambier, fille de Federica Montseny est venue parler de sa maman, Fedreria Montseny (ministre de la santé sous la république espagnole de novembre 1936 à mai 1937) à l’occasion de l’inauguration du square, place Louis Amstrong dans le 13e.
Nous nous sommes dirigés ensuite vers la rue de Lobau (75004), devant le jardin dédié aux combattants de la Nueve. Cette année, nous avons inauguré la plaque offerte par Manuela Carmena, ex-maire de Madrid, qui est le duplicata de la plaque du jardin de Madrid, que Manuela Carmena a dédié en 2017 aux combattants de la Nueve.
Nous tenons à bien préciser cela car Manuela Carmena durant tout son mandat a oeuvré pour la mémoire historique, par ce jardin mais également en débaptisant des rues de Madrid encore à la gloire des bourreaux franquistes.

Et bien sûr puisque nous avions, de l’Espagne, une ministre, un sénateur, des ambassadeurs, nous en avons profité pour leur demander d’être actifs dans la réforme de la loi mémorielle de 2007 en y apportant plus de justice, de reconnaissance pour les victimes du franquisme, et de condamnation pour les bourreaux et l’annulation des sentences prononcées par les tribunaux franquistes.

Notre invitée de la fédération CGT Memoria Libertaria, a insisté également sur cet aspect de la préservation de la mémoire historique en Espagne.
Dolores Delgado, ministre de la justice espagnole, a repris ces thèmes dans son intervention, assurant que son gouvernement mettra tout en oeuvre pour aller plus loin dans la reconnaissance des victimes du franquisme et contre l’impunité des bourreaux.

Puis tout à coup, elle déclara qu’elle était persuadée que les hommes de la Nueve auraient soutenu la constitution de 1978, qui justement pose une chape de silence sur l’histoire en épargnant aux hommes du franquisme des poursuites devant la justice. Elle souleva un tollé qui mit quelque piment dans la cérémonie…

COMPTE RENDU DE L’ACTION 2
80 ans de la Retirada, les fruits de l’exil espagnol
Hommage à la mémoire de tous les Espagnols morts pour la Liberté !

Les 9 et 10 février 2019, l’association 24 août 1944, avec le soutien de la Mairie de Paris, des associations MHRE 89 et AFMD75 a ouvert son programme des 80 ans de l’exil politique espagnol par ce rassemblement à la porte du cimetière du Père Lachaise, rue des Rondeaux, et un cortège qui n’en finissait pas jusqu’au monument de la Federación Española de Deportados e Internados Políticos, FEDIP (érigé en mai 1969) Puis nous avons investi le 33 rue des Vignoles, accueillis par l’association Les Pas Sages. Les lieux ont grouillé de monde durant 2 jours, dans la salle de conférence /projection/spectacle, dan sua salle de Flamenco en France où trônaient l’exposition de photos de Philippe Gaussot et celle de Victor Simal.
Les représentants du gouvernement espagnol sont venus au 33 rue des Vignoles dans le 20e arrondissement, curieux de voir ce lieu de l’exil libertaire espagnol. Intéressés par notre programme et nos projets, ils sont restés avec nous jusqu’à la fin du programme ce samedi 9 février.
Un vrai festival de livres, de photos, de théâtre, de projection, de guitare et d’émotion. Voici le programme auquel vous avez assisté ou que vous allez regretter d’avoir manqué :
• L’exposition de photos inédites de Philippe Gaussot sur la Retirada et les camps français, La retirada vue par Victor Simal,
• Théâtre de la Balancelle : VOYAGE EN GUERRE D’Espagne, Mise en œuvre : Monique Surel-Tupin, assistée de Françoise Knobel. Avec : Laura Diez del Corral, Sergio Guedes, Stéphane Pioffet et Nicolas Sers.

Projection : « LE CAMP D’ARGELES, LEVEZ LE POING CAMARADES », un documentaire fiction de Felip Solé :
• Livre : FEMMES EN EXIL , Réfugiées espagnoles en France 1939/1942 de Maëlle Maugendre. Rendre visibles les femmes espagnoles réfugiées en France de 1939 à 1942. Une narration au féminin de l’exode sur le sol français de ces femmes restées dans l’ombre de leurs compagnons.
• GUITARE avec Juan Francisco Ortiz : Ce programme musical, pensé pour les célébrations du 80e anniversaire de la Retirada, raconte le cheminement de son père et de ses compagnons, et rend hommage à des personnalités telles que Federico García Lorca, Miguel Hernández et Antonio Machado…
• NO PASARAN, album souvenir (70 mn) d’Henri-François Imbert. Enfant, le cinéaste avait trouvé chez ses grands-parents une série incomplète de cartes postales photographiées dans le village de sa famille, à la fin de la Guerre d’Espagne en 1939. Vingt ans plus tard, il part à la recherche des cartes manquantes…

2ème partie :

o Exposition 10 jours du 5 au 19 Novembre 2019 Institut Cervantès de Paris

o 1939-2019 – Il y a 80 ans, l’exil des antifascistes espagnols.
Quand l’art devient Histoire.

Une grande exposition d’œuvres d’art :
32 artistes ont exposé leurs œuvres en relation avec la révolution espagnole, l’exil et/ou la lutte antifranquiste. Un catalogue a été imprimé, grâce à l’aide apportée par le département de la mémoria historica espagnol, tant sur le plan financier que logistique.
Production d’un catalogue de l’exposition comportant une partie historique et une partie artistique.

3ème partie :
o Exposition à Madrid du 5 décembre 2019 au 29 février 2020, de 100 photos inédites de Philippe Gaussot sur la retirada et des camps du sud:
Caminos del exilio
• Travail de nettoyage, re découpage, sur 100 photos
• Impression et encadrement …
Cette exposition est partie intégrante de la grande exposition sur l’exil qui a lieu à Madrid jusqu’à fin février 2020 à l’Arqueria de los Museos. Elle a beaucoup de succès et une personne, Josette Sanchez, venue du Pays de Galles pour la voir y a reconnu son père.

Merci au département de la Memoria historia espagnol pour son aide généreuse.

DESCRIPTIF DE L’ACTION 3
CYCLE CINÉ-CLUB

Centre Paris’Anim Place des Fêtes, Paris 19e

Ce cycle est accueilli par la mairie du 19e arrondissement, au centre Paris’Anim de la place des Fêtes.

Nous avons projeté en 2019 :
o 17 janvier : Le silence des autres (avant-première avant sortie salles) ,
o 14 mars 2019 : Balada triste,
o 4 avril 2019 : Ortiz, un général sans dieu ni maître,
o 26 septembre : Carmen
o 17 octobre : On l’appelait RODA,
o 27 novembre à l’auditorium de l’Hôtel de ville : Les Olympiades oubliées, La lengua de las mariposas, Libertarias
o 20 décembre : Une histoire galicienne
Ces films ont été projetés en présence des réalisateurs et/ou témoins et donnent suite à un débat avec le public.

DESCRIPTIF DE L’ACTION 4
Action annuelle
INTERVENTIONS EN MILIEU SCOLAIRE

Des interventions en milieu scolaire avec supports : diaporama, documentaires, expositions, lectures de témoignages mis en espace, concerts…

Lycée Corot à Savigny sur orge
Lycée Villegénis à Massy,
Lycée Notre dame et Mantes La Jolie
Lycée Saint Exupéry de Mantes la Jolie
Lycée Albert Camus de Bois Colombes…
Lycée Jean Macé de Vitry,
Les 2 lycées : Thibaut de Champagne et Les Pannevelles de Provins,
Les lycées de Besançon
Lycée Eugène Delacroix de Maison Alfort,
Lycée Nikola Tesla de Dourdan(91) ,
Lycée Van Gogh d’Ermont (95)
Lycée Jean-Jaurès de Chateaudun, …

CHÂTEAUDUN : Après avoir reçu les élèves de la section européenne d’histoire/géographie/espagnol sur les traces de la colonne Dronne et de ses Espagnols antifascistes, à Paris, nous voilà pour le « bouquet final » au sein de leur établissement scolaire au coeur de l’Eure & Loir.
Le projet d’établissement fut mené de front et avec enthousiasme par des professeurs dévoués et par les 50 élèves concernés. Ils ont fait le tour des hauts faits d’armes de la 2e DB et de la Nueve, par conséquent, depuis son débarquement en Normandie le 4 août 944 jusqu’à Paris. Et ils ont évoqué les campagnes d’Alsace et d’Allemagne d’où beaucoup ne revinrent pas, hélas.
Grâce à Hélène, Rachel, Daniel et Yannig, leurs élèves ont rencontré des témoins et des dépositaires de l’histoire et de la mémoire de ces hommes et ces femmes combattants de la Liberté. D’Alençon à Fyé, Conlie, Écouché ; de carrés militaires en conférence avec Monsieur Bayard…
Le 20 mars, nous avons parcouru le chemin de la Nueve entrant dans Paris jusqu’à l’Hôtel de ville, eux sans coups tirés, nous juste un peu de marche à travers le Paris matinal.
Moment magique,Colette Flandrin Dronne leur livra ses propres souvenirs de ces Espagnols si fiers et courageux de la Nueve, ces hommes bourrus, pas faciles d’approche et qui ont constitué « sa famille ». Elle les a tant aimés et appréciés qu’elle en parle toujours avec une grande émotion dans la voix et une pointe de rire face aux souvenirs qu’ils évoquent pour elle.

Le 5 avril 2019 :
Dans la matinée, c’est la projection du film d’Alberto Marquardt, La Nueve ou les oubliés de l’histoire . Ce film laisse les élèves muets d’émotion et d’admiration pour ce qu’ont vécu ces espagnols fidèles à leur combat de 1936 jusqu’à la fin de leurs jours.
Après la projection : L’après-midi du 5 avril, nous voilà tous rassemblés, jeunes élèves, professeurs sous la houlette bienveillante de Monsieur Sibenaler, proviseur du lycée, qui n’a pas ménagé ses efforts ni ses deniers pour la réussite de ce projet ambitieux. D’abord, nous avons été reçus avec tous les invités de façon « princière » et amicale, et nous avons pu faire connaissance les uns et les autres autour d’un excellent repas préparé et servi par le sympathique personnel du service restauration du lycée, un grand merci à eux.
L’après-midi rivalisa, toute sa durée, en émotion et humour, chanson et dédicaces. Les interventions à la fois solennelles et chaleureuses de cette jeunesse qui avait passé l’année à préparer et peaufiner leur Histoire en espagnol ont captivé le public averti qui était dans la salle. Larmes, rires, chaleur et gravité étaient au rendez-vous.
Mais pour mesurer réellement l’intensité de ces moments inoubliables, il faut prendre le temps de regarder noyer petite vidéo :

DESCRIPTIF DE L’ACTION 5
Colloque L’UTOPIE EN EXIL 1939-2019

À l’auditorium de l’Hôtel de ville le 10 avril 2019 :
L’utopie, présente dans chaque acte de leur histoire, se décline à tous les temps et même au futur…
Intervenants
Aimé Marcellan, membre fondateur du centre de Recherche et Documentation d’Histoire Contemporaine (REDHIC).
Thème de l’intervention : De la république à la révolution, de la révolution à l’exil… L’utopie concrétisée…

Geneviève Dreyfus-Armand, Historienne spécialiste de l’exil républicain espagnol.
Thème de l’intervention : L’utopie en exil ; Des camps en France à la reconstruction des institutions républicaines en exil, à travers la presse espagnole publiée en France.

Tomás Ibañez, Professeur de Psychologie Sociale à l’université Autonome de Barcelone.
Thème de l’intervention : Que reste-t-il de l’Utopie ? : Témoignage sur la lutte antifranquiste dans les années 60-70. Et de la mort de Franco à l’Espagne contemporaine.

DESCRIPTIF DE L’ACTION 6 :
« Mémoires et traces des réfugiés espagnols à Choisy-le-Roi »

Du 24 avril au 31 mai 2019, vous avez pu suivre les traces des Espagnols installés à Choisy-Le-Roi.

Dimanche 28 avril : Journée de la déportation, Monument aux morts, parc de la mairie.
Focus sur les républicains espagnols de Choisy-le-Roi au camp de Mauthausen.

Prise de parole du maire Didier Guillaume ou de Laurent Ziegelmeyer de Véronique Salou-Olivares, présidente de l’association du 24 aout 1944, d’Aimable Marcellan (hommage à Roda Subias et Antonio Roda), représentant de l’AFMD (amis de la fondation pour la mémoire de la déportation)

Mercredi 8 mai 2019 : Monuments aux morts, parc de la mairie.
Célébrations du 8 mai 1945, « Libération de Paris, Berlin … et pas Madrid »

Prise de parole du maire Didier Guillaume ou de Laurent Ziegelmeyer, Aimable Marcellan…
Puis, Inauguration/vernissage de l’exposition urbaine « Mémoires et traces des réfugiés espagnoles à Choisy-le-Roi 1939-2019».

Samedi 18 mai 2019 :
14h00, dévoilement d’une plaque en souvenir des deux cordonniers républicains espagnols de Choisy le Roi, au 38 rue Emile Zola : Martín Bernal et José Cortès

15h/18h, Salle de l’Escale Médiathèque Aragon
Conférence : Découverte de l’Histoire…/… »L’Espagne républicaine à Choisy-le-Roi » L’imprimerie des Gondoles, une imprimerie particulière et autogérée.
Alain Deboeuf, historien, membre de l’Institut de l’Histoire sociale
Avec la participation de la famille Marcellan
En partenariat avec l’association du 24 août 1944

Jeudi 23 mai 2019 Ciné-rencontre au cinéma Paul Eluard,

« Le silence des autres », un film de Robert Bahar et Almudena Carracedo
Production : 2018, Documentaire, Espagnol | VOSTFR, Couleur, En salle : 13 février 2019, Espagne | Etats-Unis, 1h35, Visa n°149.416
Soirée cinéma suivi d’un échange avec l’un des réalisateurs, la famille Marcellan … Entrée payante, en cours d’organisation)

DESCRIPTIF DE L’ACTION 7
Journée Nationale de la Résistance / Lundi 27 Mai

Hommage à la Nueve, les Espagnols ayant libéré la France,

Programme de la Journée : Association 24 aout 1944, avec les élèves de 3 lycées (Ermont, Dourdan, Maison Alfort)
• 10h : Parcours de la Nueve, du chantier de la fresque rue Esquirol (13e) vers le jardin des combattants de la Nueve rue de Lobau et esplanade de l’Hôtel de Ville. Parcours de « La Nueve » avec l’association du 24 août 1944. + Hommage aux combattants de la Nueve par les élèves
• 14h00-16h00 : Projection du film La Nueve, d’Alberto Marquardt (53 min) + débat avec le réalisateur, au Centre’Anim (MJC) de la rue Mercoeur dans le 11e (métro Voltaire).
• 16h00-17h00 : Village des Associations de la JNR, place de la République.
• 16h30 : Hommage aux combattants de la Nueve par les élèves.

ENFIN !!!!

CENTRE DE DOCUMENTATION ET ARCHIVES SUR LE MOUVEMENT LIBERTAIRE ET LE MOUVEMENT LIBERTAIRE ESPAGNOL EN EXIL EN FRANCE

Notre action continue dans ce sens, et nous arrivons au but pour le chantier de rénovation du 33 rue des Vignoles.
Et nous continuons à enregistrer les témoins encore vivants afin de constituer un fond d’archives utilisable pour les chercheurs, les étudiants……
Car tous nos efforts ont enfin abouti à la signature du bail pour 12 ans entre Les Pas sages et la mairie de Paris pour l’occupation avec toutes ses composantes actuelles du passage du 33 rue des Vignoles. Les travaux devraient commencés d’ici fin 2020 (retardés encore aujourd’hui par l’épidémie du Covit-19)

Nous vous donnons rendez-vous très prochainement quand ce virus aura cessé de terroriser la planète…… et nous vous retrouverons avec joie et fraternité…
En attendant vous pouvez retrouver sur note site l’ensemble des articles qui ont parsemés notre route et nos réalisations tout au long de l’année 2019.
À très bientôt
Le bureau de l’association.

La dernière séance : La maternité d’Elne

CR soirée du 12 mars 2020
Inauguration de l’exposition Portraits de femmes rebelles et solidaires
Et projection du film La maternité d’Elne, de Frédéric Goldbronn et en sa présence.

Une soixantaine de personnes nous ont honorés de leur présence ce jour-là malgré la menace du corona Virus. Nous avons tout de même respecté les consignes de sécurité pour se saluer, pour se parler, regarder, débattre et échanger ensemble autour d’un verre.

Il y a fort à parier tout comme ce fut le cas à l’auditorium de l’Hôtel de ville le 04 mars dernier, que nous avons été la dernière manifestation de groupe, du lieu. En effet depuis le début de la semaine, le centre Paris’Anim de la place des fêtes, tout comme les autres centres dans Paris, sont fermés jusqu’à nouvel avis, pour cause d’épidémie virale mortelle en certaines circonstances.

Cela ne nous empêche pas de vous donner des nouvelles de cette soirée et de prendre des vôtres par site interposé.

L’exposition des portraits de femmes réalisés par l’ami Juan Chica-Ventura et annoncés d’entrée par les peintures de groupes Mujeres-Libres de Rosine Arroyo ont eu un vrai succès auprès des présents. Non seulement les peintures sont attrayantes et belles mais chaque femme affichait sous son portrait, sa propre épopée et tout à coup ces visages prenaient une toute autre dimension.

Puis nous sommes tous descendus pour regarder ensemble le documentaire sur La maternité d’Elne, épisode encore trop peu connu de la solidarité internationale.

L’ambition de Frédéric est de décortiquer ce qu’il reste de la mémoire humaine et comment elle se transmet, s’amplifie, devient une ancre pour le présent et l’avenir.

Lors du débat, aux multiples curiosités, il dit lui-même parlant de son travail :
« Si le cinéma permet d’accéder à « la porte étroite du passé » pour reprendre l’expression de Walter Benjamin [[Walter Benjamin, Le Narrateur. Écrits français, Paris, Gallimard, Folio Essais, 2003 p 297]], c’est aussi parce que ce passé est énoncé dans le présent du tournage. Il donne consistance à la fiction de la mémoire comme il en énonce la vanité. Il dit à la fois le refus du temps et le passage du temps. Il installe sa dramaturgie dans cet écart, cette tension entre deux pôles : le temps des possibles que les révolutionnaires ont créé (…) et le temps «réel » depuis lequel le narrateur nous parle, depuis lequel on l’écoute, celui sur lequel nous n’avons pas de prise, celui de l’impossible donc, qui passe irrémédiablement et qui nous dit que l’histoire a une fin. »

Et sur la Maternité d’Elne et sa décision de réaliser ce documentaire, qui est à nos yeux une expression de la Vie, comme un défit à la mort programmée des guerres, des camps et de l’inhumanité :
« J’ai entendu parler de la Maternité d’Elne dans le cadre de mes recherches pour La ville fantôme, à l’occasion de la manifestation « 100 000 lumières pour 100 000 réfugiés » organisée, en février 2001, à Argelès-sur-Mer par l’association Fils et filles de républicains espagnols et enfants de l’exode (FFREEE). L’histoire de cette maternité était alors inconnue du grand public mais elle faisait l’objet d’une petite exposition à Argelès. Il y avait là François Charpentier, l’homme qui avait acheté et restauré le petit château qui abritait la Maternité, abandonné après la guerre. François Charpentier était très attaché à l’histoire de ce lieu et il y avait toujours un gîte et un couvert pour celles et ceux qui étaient nés là. Il y avait aussi Guy Eckstein, né de mère polonaise, qui y fut caché en 1943, et Friedel Bohny Reiter, une infirmière suisse qui sortait les enfants du camp de Rivesaltes pour les soigner à la Maternité, ainsi que son mari, qui était responsable d’une colonie du Secours aux enfants. Tous étaient très émus à l’idée d’un film sur leur histoire et ils m’ont invité le lendemain à Elne.

(…) C’est un édifice à la fois beau et étrange, un manoir plus qu’un château, qui se dresse au milieu des vergers, surmonté d’une vaste coupole de verre dans le style 1900, d’où l’on surplombe à la fois la Méditerranée, les neiges du Canigou et la plaine du Roussillon. (…) c’était un moment de présence et de partage d’une grande douceur. Je suis sorti très ému de cette première rencontre et la raison d’être du film m’apparaissait comme une évidence. Á la fois parce qu’il permettait d’aborder cette période historique à travers la sensibilité d’histoires singulières, mais aussi parce que ces histoires étaient, pour une fois, heureuses. La Maternité d’Elne m’apparaissait, de ce point de vue, comme le miroir inversé du camp et de son époque, le cœur d’un monde sans cœur.
L’histoire de la Maternité d’Elne commençait là où se terminait [mon film] Diego, dans les camps du Roussillon, et la dernière phrase de Diego dans le film, « même dans la défaite, nous avons su rester droits », aurait pu servir de viatique au suivant. Leçon de fraternité dans une période de barbarie, la Maternité se situait aussi au carrefour de la tragédie européenne, puisqu’elle avait accueilli les enfants de la Retirada, mais aussi les Juifs étrangers et les Tziganes persécutés. Cet enjeu historique faisait écho aux inquiétudes du présent, et au sentiment d’une montée diffuse de la xénophobie qui allait se traduire, trois mois après le tournage du film, par l’arrivée, au deuxième tour d’une élection présidentielle, d’un parti d’extrême droite en France.
L’idée directrice du film était donc la suivante : ce n’était pas seulement des enfants qui avaient été sauvés à la Maternité d’Elne, mais aussi une certaine idée de l’humanité. En permettant à tous ces enfants (ils étaient près de 600) de naître et de survivre à l’écart des camps, la Maternité avait permis aussi à l’humanité de renaître symboliquement à travers eux.
Le lieu serait la matrice de la parole, à la fois lieu de son origine et lieu dont elle se pourrait se nourrir. Ce qui me frappait dans ce lieu, c’est qu’il était très important pour les gens qui y étaient nés alors même qu’ils n’en gardaient aucun souvenir.
C’est la définition même du lieu de mémoire selon Pierre Nora : « Non ce dont on se souvient, mais là où la mémoire travaille» [[Pierre Nora, Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1984]]. C’était donc un lieu à la fois fort et ouvert, qu’ils pouvaient (et le spectateur avec eux) investir de toutes leurs interrogations sur leur origine et remplir de leur imaginaire. Un lieu unique donc, concentrant la dramaturgie dans l’espace, et une situation de groupe permettant à chaque histoire individuelle de s’inscrire dans une histoire collective. Peu de questions, mais des réflexions introspectives, une écoute, des dialogues et des silences, des gestes de convivialité, le bonheur d’être là, ensemble.
(…)
J’avais rencontré la plupart des participants avant le tournage et ils m’avaient raconté leur histoire mais je n’avais pas mesuré toute la puissance cathartique du dispositif mis en place. Celui-ci allait donner lieu à de véritables événements de parole, des événements qui ne se seraient jamais produits si j’avais filmé séparément les personnages avant de les rassembler au montage. Chaque récit alimentait le suivant, avec une incroyable qualité d’écoute. Cette communion passait par la parole mais aussi dans les corps et les gestes. J’avais proposé aux participants d’amener, avec eux, des lettres, des photos ou des objets souvenirs. Une mère espagnole, venue avec son fils, avait ainsi conservé un crochet taillé par son mari, dans un barbelé du camp et avec lequel elle avait tricoté (elle était couturière de métier) une brassière pour son bébé. Le crochet passait de main en main, comme une relique, au fil de son récit, et une vague d’émotion nous submergeait. Un matin, dans une chambre à l’étage, un orphelin juif polonais, une infirmière espagnole et son fils venus du Mexique se sont élus fils et frères. Soixante ans après sa fermeture par les nazis, la Maternité accueillait à nouveau, par le truchement d’un film documentaire, l’utopie d’une communauté humaine délivrée de ses impasses identitaires et elle nous offrait la fraternité en héritage.
Frédéric Goldbronn »

les propos de frédéric sont le juste reflet de sa pensée et de sa façon d’aborder son travail.
Bonne lecture et prenez soin de vous! à très bientôt

Une salle restreinte mais passionnée
Une salle restreinte mais passionnée
Juan présente Frédéric
Juan présente Frédéric
Frédéric Goldbronn à l'écoute de la question
Frédéric Goldbronn à l’écoute de la question
la dernière intervention à la dernière séance
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Conférence de Baltasar Garzón 04 mars 2020

Face à un auditoire attentif, dans une salle pleine à craquer. Descendants des antifascistes espagnols et ceux venus plus récemment d’Amérique latine, tous attendaient avec respect et plaisir les déclarations de Don Baltasar!

Ramon a entamé cette conférence en présentant notre invité et son parcours. Vous pouvez lire cette biographie succincte ci dessous.

D’une voix claire et appuyée, il a affirmé ses combats pour la vérité en Espagne. Il déclara qu’il ne pourrait y avoir de progrès et d’avancées sociales dans une société fracassée par les crimes restés impunis. Une société dans laquelle les victimes sont contraintes de faire toujours profil bas face à leur tortionnaires n’est pas une société qui peut guérir de ses maux.

Les bourreaux, les hommes de lois qui, sous la dictature franquiste ont condamné des innocents à la torture, à la peine capitale la plus vile (garrot) et/ou à des dizaines d’années de prison continuent leur vie paisible, souvent aisée sans que rien ne vienne leur demander des comptes. C’est insupportable pour ceux qui ont subi leurs crimes soit directement soit dans leur famille (parce qu’ils les ont privé d’un ou plusieurs êtres chers). Et c’est aussi insupportable pour tout individu attaché à la justice et à la liberté.

_ Une société dont les institutions refusent d’éclairer la Vérité restera une société bancale, malade de sa propre histoire étouffée.

La peur règne encore dans les villages, les foyers. La méfiance du voisin, les voix en sourdine pour parler des sujets tabous que sont les années Franco! Impossible d’aller de l’ avant sans crever les abcès et prononcer des sentences au service de la justice.
Voilà ce qu’a défendu le Juge Garzon en étayant ses propos de sa propre expérience.

Un grand regret cependant, il n’y a pas eu de débat avec le juge, nous avions des questions à lui poser, des éclaircissements à demander mais il a dû partir pour prendre son avion de retour, tout de suite après son intervention.

Le débat a été mené par les deux avocates de droit international, Sophie Thonon et Elena Gaju.
Un débat d’une grande qualité, pour aborder des points juridiques importants:

  • L’état des plaintes espagnoles,
  • Les stratégies à mener,
  • Le rôle de la société espagnole et celui des sociétés civiles à l’étranger, notamment en Europe, pour une pression sans cesse plus forte.
  • Les effets néfastes de la « transition » et les malaises des partis politiques qui l’ont tricotée… 
  • La loi de la mémoire historique à repenser et à améliorer au profit de la Vérité
  • L’article 10 de cette loi qui prévoit 2 traitements distincts pour les prisonniers politiques suivant la date d’incarcération???
  • …….

Nous avions entamé cette manifestation par une conférence de presse.
L’ami Eduardo Paz a eu la riche idée de la filmer, vous pouvez donc la suivre sur le lien ci-dessous:

Declaraciones Baltasar Garzon en Paris antes de la conferencia Contra el silencio sobre los crímenes de Franco y la impunidad otorgada a los verdugos.la verdad silenciada. » Un juez rompe el silencio!
organizada por la asociación 24 août 1944
Déclarations de Baltasar Garzòn, à Paris, avant la conférence publique : « Contre le silence sur les crimes de Franco et l’impunité octroyée aux bourreaux. La vérité étouffée.

Sophie Thonon précise des points
Sophie Thonon précise des points
La salle vue du coin droit d cela scène
La salle vue du coin droit d cela scène
La salle vue du coin gauche de la scène
La salle vue du coin gauche de la scène
Do Baltasar tien la salle en haleine!
Do Baltasar tien la salle en haleine!
Elena Gaju explique le rôle de la pression internationale
Elena Gaju explique le rôle de la pression internationale
La salle attentive
La salle attentive
De la scène à la salle: le sourire complice
De la scène à la salle: le sourire complice
Sophie Thonon précise
Sophie Thonon précise
La démonstration d'évidence pour la vérité
La démonstration d’évidence pour la vérité
Don Baltasar explique avec humour
Don Baltasar explique avec humour
Sur scène
Sur scène
Une salle attentive
Une salle attentive
Une certaine fierté devant la plaque du jardin
Une certaine fierté devant la plaque du jardin
le groupe d'accueil au jardin de la Nueve
le groupe d’accueil au jardin de la Nueve
Un appel fraternel
Un appel fraternel
On est en terrain de connivences
On est en terrain de connivences
Frida Rochocz a réussi à voler la parole pour traduire!
Frida Rochocz a réussi à voler la parole pour traduire!
Don Baltasar et elsa commentent le catalogue de l'exposition "l'Utopie en exil"
Don Baltasar et elsa commentent le catalogue de l’exposition « l’Utopie en exil »
Les premiers rangs
Les premiers rangs

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Pose de la plaque sous la fresque

Ça y est la plaque a été posée ce vendredi 6 mars.

La professeure d’espagnol Begoña Maceira avait amené quelques uns de ses élèves non seulement pour nous encourager mais pour nous aider. Cette journée de pose fut un vrai travail d’équipe et inter-générations.
Une vraie joie de découvrir ensemble la plaque ornée de ses 22 logos qui attestent combien le soutien dont nous avons bénéficié a été important et a traversé nos frontières, de la Belgique à l’Espagne !

Les élèves étaient contents d’entendre des récits sur l’épopée de ces étrangers particuliers que furent les Espagnols exilés en 1939. Chassés de leur terre par le fascisme européen, ils n’oublièrent pas d(emporter leurs idées de liberté et de révolution…