Nous vous attendons: le jeudi 30 mars à partir de 19h, Centre Paris Anim’ Place des Fêtes (19e), 2/4 rue des Lilas, métro Place des Fêtes. Pour échanger sur l’accueil des exilés, à partir du documentaire/fiction de Felip Solé: Le camp d’Argelès. Des êtres humains sont contraints de fuir leur terre pour échapper à une mort certaine. Le chaos qui règne dans leur pays est le résultat d’affrontement des puissants de ce monde pour leurs propres intérêts au détriment des peuples. La France ne doit pas reproduire ce qui s’est passé en février 1939 quand les antifascistes espagnols ont été contraints de s’exiler par centaines de milliers. Ce documentaire apprend aux jeunes générations ce qui se passa alors sur le sable des plages du Roussillon et nous appelle à réfléchir à l’accueil que nous devons réserver aux humains dans le dénuement et l’exil. Rejoignez-nous le 30 mars pour en débattre et amenez- votre famille et vos amis.
Le 23 février 2017, les professeures d’espagnol du Lycée Marie Laurencin à Mennecy ont organisé, une journée sur la présence des antifascistes espagnols dans la 2e Division Blindée commandée par le général Leclerc et plus particulièrement sur la 9éme compagnie du 3e régiment de marche du Tchad, nommée La Nueve puisque la langue officielle y était l’espagnol.
Alberto Marquardt, réalisateur du film La Nueve, nous a fait le plaisir et l’amitié de nous consacrer toute sa journée. Ainsi Alberto, Aimable et Véronique ont investi l’espace de la salle polyvalente du lycée, dès 8h30. Les élèves des premiers cours étaient déjà là, secouant la torpeur de la nuit. Première projection de La Nueve, ces oubliés de l’Histoire, suivie d’un débat avec les élèves et les professeurs. Au cours de cette journée deux autres projections ont eu lieu, chaque fois de nouveaux élèves, de nouvelles questions. Beaucoup ont exprimé de la surprise devant de tels événements jamais abordés dans les livres d’histoire utilisés par l’éducation nationale. Ils étaient face à une partie de l’histoire totalement méconnue à la plupart d’entre eux. Et bien que timidement, les lycéens étaient poussés par la curiosité et l’envie d’en savoir plus sur le parcours de ces hommes, si touchants. Beaucoup de jeunes ont remarqué combien, les deux témoins, au crépuscule de leur vie, avaient conservé intact leur idéal de liberté.
Ils voulaient savoir :
D’où venaient de pareils phénomènes capables de risquer leur vie pour leurs idées ?
Comment se faisait-il également que la France fut si peu accueillante envers cette population fuyant la mort programmée par les machines de guerre et en proie aux poursuites des fascistes ?
Pourquoi les puissances comme La France et l’Angleterre avaient finalement décidé de laisser « crever » la république démocratiquement élue ?
Pourquoi Franco fut le seul dictateur à rester en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
Pourquoi ces « héros » de la Libération n’avaient pas pu rentrer chez eux et retrouver leur famille ?
Pourquoi ils avaient mené une existence aussi modeste?
Pourquoi les puissances occidentales, États-Unis, Angleterre et France en tête, avaient finalement pactisé avec le gouvernement autoritaire de Franco et s’étaient servi de l’Espagne comme base militaire et alliée dans la période connue sous le nom de « Guerre froide » contre le bloc soviétique ? [[(1947-1989, La guerre froide crée un monde bipolaire qui oppose pendant plus de 40 ans deux blocs de pays : Le bloc occidental : Etats-Unis + Europe occidentale + Japon + nombreux pays dépendants ou alliés. Le bloc de l’est (communiste) : URSS +démocraties populaires de l’Europe de l’est + Chine (Mao Zedong 1949) + Cuba (Fidel Castro et Che Guevara) + nombreux pays dépendants ou alliés)]].
Ils ont également voulu connaître les motivations d’Alberto Marquardt à réaliser ce film. Alberto, qui est un réfugié argentin ayant fui la dictature de Videla, [[((1925-2013), Il était le cerveau du coup d’Etat militaire qui a instauré la pire dictature qu’ait connue l’Argentine (1976-1983). À la tête d’une junte représentant les trois forces armées, Videla a remplacé à la présidence de la République Isabel Peron, la veuve du général Juan Domingo Peron, mort en 1974)]] expliqua son regard d’homme libre sur l’histoire de la société, ses relations étroites avec l’Espagne sa compagne étant espagnole et ses enfants également mais aussi sa sensibilité de cinéaste, son envie de laisser traces de ces hommes et ces femmes qui, de par le monde, s’élèvent contre l’injustice et pour la fraternité. Dans la salle les professeurs ont disposé l’exposition pédagogique avec des affiches et des poésies écrites tantôt par de grands noms de la poésie tels : Lorca ou Machado, tantôt par des poètes anonymes et humbles durant la révolution espagnole. Les photos des hommes de la Nueve étaient accrochés en hauteur tout autour de l’agora, ce qui donnait un effet très impressionnant à leur regard.
Merci à Céline Vézinaud, Carine Chevalier, Catherine Guèble et à tous les professeurs et les élèves qui ont mis beaucoup d’attention à regarder le documentaire et de la curiosité de nous écouter.
Bravo à ces professeurs qui ont déployé tant d’énergie pour organiser l’emploi du temps de 12 classes sur une journée afin que ce film soit vu par près de 450 élèves au total. Nous en sommes restés ébahis et admiratifs.
Je te donne ma parole, s’évade en province résistante ou une journée de la vraie vie.
Le 11 février 2017, nous étions invités à Moutiers en Puisaye dans l’Yonne par l’association Anart Scène pour projeter le documentaire de Quino Gonzalez : « Je te donne ma parole ».
Par une belle journée d’hiver, la campagne était encore toute engourdie de gel quand nous sommes parvenus à destination. Un accueil chaleureux nous attendait de la part de nos amis.
Puis nous avons filé au cœur de ce beau village de pierre, pour y découvrir une salle municipale qui fleurait bon les préaux d’école d’antan. Nous avions un rendez-vous important juste avant la projection avec l’ancien maire de ce village du cœur profond du pays : Monsieur François Solano
Maire durant trente années dans ce petit coin de terre, il fut non seulement un résistant illustre et téméraire mais, chose inattendue, il est avant tout un antifasciste espagnol engagé contre le coup d’État de Franco dès 1936. Pendant une heure, nous avons plongé dans son passé aux multiples péripéties. Nous avons parcouru à ses côtés les chemins escarpés et gelés de la montagne de l’hiver 1939. Nous avons appris le français pour être plus libres et indépendants dans ce pays à l’accueil plus froid que les cimes enneigées du Canigou. Nous avons donné des cours et aider les autres Espagnols internés dans leurs démarches et/ou à la recherche des leurs. Nous sommes partis travailler en lieu et place des Français mobilisés. Nous nous sommes désespérés de la capitulation et de la collaboration de la France. Nous nous sommes engagés dans les maquis pour résister à cet ennemi si coriace qu’il est sur les talons de François depuis juillet 1936. Mais il l’a vaincu enfin et heureux il est reparti à l’assaut de sa Liberté, sur sa terre natale. Hélas le monde changeait déjà de philosophie, les compromis, les concessions pour un peu de richesse non partagée, et le voilà ici 81 ans plus tard, l’œil enjoué, le verbe enchanteur et l’esprit affûté pour notre plus grand plaisir.
À 16 heures, la salle était comble, un vrai succès. Nous avons projeté le documentaire de Quino, Je te donne ma parole, dans un silence recueilli et attendri. Ces hommes et ces femmes nous disaient, avec des mots simples, leur page d’histoire, leur trajectoire et leur arrachement aux leurs, à leur cocon. Une vague d’émotion enveloppa l’assistance, jusqu’à la fin de la projection à écouter :
Cette femme qui s’engage dès les premiers jours de la révolution pour défendre sa liberté de femme,
Ou celle qui perd son enfant à la frontière, petit cadavre semblable à la dépouille de cette république qui a porté tant d’espoirs.
Cet homme parti de chez lui à 16 ans en 1937 et que sa mère croit mort quand tout à coup le facteur lui apporte une lettre, en 1946…,
Cet autre dont la mère a été touchée au ventre lors de la Retirada par le bombardement sur les routes,
Ou encore celui qui plein d’énergie et d’idéal a décidé de vivre envers et malgré tout dans un camp de la mort nazi……
La discussion après le film fut très enthousiaste, alimentée de la force de ces témoins aujourd’hui toutes et tous disparus, chacun a évoqué son histoire, ou celle de ses parents, ou encore les réfugiés d’aujourd’hui, des humains qui fuient les guerres et cherchent désespérément un coin de paix pour vivre…
Le travail accompli par Quino Gonzalez est remarquable, car il raconte dix ans d’histoire populaire enfouie et fait naître chez tous un besoin de justice et d’une société meilleure.
Il fallait voir son sourire et son contentement, à entendre la satisfaction et les félicitations qui lui étaient adressées pour son documentaire. Je crois que c’est une des plus belles récompenses pour un réalisateur. François lui a offert un cadeau magnifique : une chanson de sa belle voix de ténor. L’assistance était transportée par le chant de cet homme, qui aura 96 ans en novembre 2017, avec la force de la vie et la jeunesse dans la voix, un vrai bonheur.
Après un pot de fraternité quand la salle s’est vidée, nous sommes repartis sur les chemins escarpés du maquis de l’Yonne et les pérégrinations de François jusqu’à la victoire, et son installation comme potier, artiste lyrique, peintre, sculpteur et maire… Un homme-orchestre, juste porté par son amour des autres, son amour de la beauté et sachant apprécié chaque moment de l’existence. À découvrir et à méditer.
Merci à Chantal et Jacky Petit, merci à l’Anart Scène et au chaleureux village de Moutiers en Puisaye, un merci tout particulier à Ivan Larroy et aux amis de MHRE89 venus avec leur exposition et leur amitié, nous soutenir. .
La salle attend je te donne ma parole
Quino explique son film
Une joie certaine
La révolution en Chanson
François Solano en compagnie d’Ivan Larroy, son fils presque!