Edgar Morin, Cent ans et un jour !
C’était une assemblée chaleureuse et presque intime.
Anne Hidalgo a rappelé les origines de l’engagement d’Edgar Morin à savoir son implication dans les actions de Solidaridad Intenacional Antifascista (SIA) pour voler, avec ses moyens d’adolescent, au secours de la république espagnole par l’intermédiaire de ce mouvement de solidarité, dont la philosophie l’avait captivé.
Elle a rappelé également l’intense émotion qui avait baigné son intervention le 24 août 2016, à la tribune rue de Lobau durant l’hommage aux Espagnols de la Nueve, entrés dans Paris en éclaireurs de la 2e DB.
Puis, Edgar Morin a voulu parlé debout, en homme de résistance, comme il le fut dès son plus jeune âge. Nous avons avec lui, entamé son siècle second. Un siècle qui sera fait de projets humains et scientifiques, liés inexorablement pour le bien-être de la société humaine et de cette terre, sur laquelle nous sommes tous et que nos systèmes économiques maltraitent impunément, comme il s’est évertué à le rappeler.
Il veut militer encore et toujours, bien au-delà de son dernier souffle, pour cette formation des jeunes générations au respect du vivant qu’il soit animal, végétal ou sociétal. Apprendre ce qu’est la résistance aux diktats de l’argent et du pouvoir, apprendre et savoir écouter mettre en commun les expériences et les idées complexes qui traversent le monde d’un continent à l’autre sans discrimination.
Rassembler et partager les mémoires de toutes les espèces pour un futur composé de dignité et de respect, afin de préserver la vie sur terre, dans son immense diversité…
Lier les savoirs humanitaires et scientifiques, pour qu’enfin les progrès de la science ne soient plus ceux de l’armement sophistiqué qui tue à distance des humains et saccagent des sols tandis que les savants, inconscients, savourent leurs découvertes.
Edgar Morin a rappelé que lui-même avait fait des erreurs dans son parcours mais qu’il avait, au moins, su humblement faire son auto-critique et rectifier sa trajectoire. Et il souhaite que cette démarche d’humilité face à la marche du monde puisse être suivi par tous, car c’est le chemin de l’avenir que d’avancer à pas petits avec toutes les composantes de savoir et de cultures sur terre ; de se fourvoyer et d’oser reconnaitre qu’on s’est trompé.
Comprendre que rien n’est écrit et que nous créons en avançant, si nous savons garder un esprit de résistance permanente.
À son tour, il a évoqué le combat pour la Liberté des antifascistes espagnols de 1936, puis après la résistance au nazisme, son retour à ce combat pour réhabiliter des hommes assassinés pour leur idées, comme Andeu Nin du POUM. Pour lui, c’est cette cause humaine qui doit s’affilier à la marche scientifique pour que les jeunes générations retrouvent et concrétisent leurs aspirations, à la lumière de la vérité et de l’honnêteté.
Pour cela, ensemble avec Anne Hidalgo et Sabah Abouessalam (son épouse), ils ont œuvré pour cette future Académie du climat , qui abritera en son sein La fondation Edgar Morin , afin de mener avec la jeunesse (notamment celle qui a tant manifesté pour le climat et en fut violemment réprimée par le gouvernement) une vraie réflexion constructive sur le monde de demain et leurs aspirations pour le construire.
Cette académie ouvrira ses portes, entre autres publics, aux jeunes (de 6 à 26 ans) dans une formation interactive, dès septembre 2021, dans les anciens locaux de la mairie du 4e (Place Baudoyer). Les deux pôles chers à Edgar Morin (humanisme et science) y seront conjugués en concordance.
Lorsque nous avons évoqué avec Anne Hidalgo, l’éventualité de trouver un lieu pour exposer les photos de Philippe Gaussot avec celles de Pierre Gonnord, sur la Retirada des républicains espagnols et sur les portraits de l’exil , respectivement : Les chemins de l’exil et La Sangre no es agua, elle nous a naturellement proposé d’organiser cet événement au sein de l’ Académie du climat , à la fondation Edgar Morin . La mémoire des peuples étant une composante importante de l’harmonie de demain.