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Mois : septembre 2015

Miguel et Pedro Solé Pladellorens alias Francisco et Juan Castells

L’exil en France,

Après presque trois années de lutte acharnée contre le fascisme européen, le peuple espagnol réunit sous la bannière de la République se voit contraint à un exil massif, le plus grand de l’histoire du XXe siècle. Plus de 500 000 personnes passent la frontière du 2 février au 12 février 1939. Dès leur arrivée, les familles sont séparées. Les autorités ouvrent des camps de concentration sur les plages, à Argelès, au Barcarès et à Saint-Cyprien, notamment ou encore les camps disciplinaire du Vernet d’Ariège, Gurs, Brams, la forteresse de Collioure… mais aussi en Afrique du Nord, Tunisie : El Guettat, Gafsa, Gafsa Gare et Algérie : Relizane, Bou-Arfa, camp Morand, Setat, Oued-Akrouch, Tandara, Ain-el-Ourak, Meridja, Djelfa, les mines de Kenadza, ou la terrible prison de Caffarelli, Hadjerat M’Guil, dans le Sud algérien, où étaient envoyés les détenus qui se rebellaient. Parmi ces exilés se trouvaient les frères Solé Pladellorens Miguel et Pedro, c’est à dire respectivement mon père et mon oncle. Mon Oncle était contremaitre dans une manufacture de tissage de Manresa (Province de Barcelone) tandis que mon père, son cadet de six ans était « tejedor » C’est à dire tisserand dans la même manufacture (Manufacturas Isidro Carne à Castellgali-Manresa). Mon père était très engagé puisqu’il était syndiqué à l’UGT depuis le 7 février 1932 , et appartenait au PSUC depuis juillet 1936. Quand la guerre a éclaté, il n’a pas hésité, pas plus que mon oncle Pedro d’ailleurs, et il s’est retrouvé à la Companía del Batallon de Ametralladoras N°11 , comme delegado político de la 4e companía (doc 0) [[Feuille 3 du document 2, qu’une attestation du 12 janvier 1938, faite à Sariñena, place Miguel Solé au sein du PSUC(Parti Socialiste Unifié Catalan assimilé au Parti Communiste) et au syndicat UGT (de tendance socialiste)]]. Mon oncle fut officier dans l’armée républicaine.

Je me souviens que mon père m’a toujours dit :

« Nous ne voulions pas passer la frontière en laissant un seul civil derrière nous., nous avons fini par la franchir, les franquistes sur les talons mais avec nos armes à la main. Nous sommes passés à Prats de Mollo, juste avant le 12 février 1939. C’est là que nous avons été désarmés même dépouillés je pourrais dire. » Mon père a été d’abord à Saint Cyprien, sur le sable, tandis que mon oncle se trouvait au Barcarès, deux camps sur la plage dans les Pyrénées Orientales. Le Barcarès totalise 10922 hommes au 1er mars 1939 (archives départementales des PO), alors qu’aucune installation en dur n’y figure, excepté des tentes de fortunes et des trous dans le sable. « Pour survivre, nous nous entraidions. On se regroupait souvent par localités et/ou affinités politiques. Mais dès que le camp d’Agde a ouvert, j’y ai été transféré au camp n°1 pavillon B1. On l’appelait le camp des Catalans car nous y étions une grosse majorité pour ne pas dire les 99 % des occupants. Il y a eu une grève de la nourriture dans ce camp, nous voulions protester contre les immondices qu’on nous servait. Ça a marché mais tout de suite après le camp a fermé et nous devions retournés à notre point de départ. C’est à ce moment là, qu’une lettre a été adressée Commissaire Spécial du camps de concentration de Barcarès pour me réclamer. C’est ton oncle Pedro et un cousin Ignacio GOMIS qui du Barcarès avaient appris, je ne sais comment que j’étais à Agde et demandaient le regroupement comme nous y étions autorisés. Alors au lieu de retourner seul à Saint Cyprien, enfin quand je dis seul c’est sans famille, car des amis il y en avait beaucoup, je suis parti pour le Barcarès. Je te laisse imaginé l’émotion et la fête des retrouvailles avec ton oncle Pedro et le cousin. (Doc 1) Nous étions logés dans l’Ilôt G -baraque n°3. Les choses allaient un peu mieux pour nous car nous étions réunis et au sec, enfin ! »

Mais l’étau se resserre autour d’eux, la guerre mondiale menace sérieusement et les Espagnols savent d’instinct qu’ils ne seront pas épargnés.

Dans les camps, les gendarmes français circulent, et les incitent à s’engager dans la Légion étrangère. Le souci des autorités est ici avant tout de désengorger les camps. Plus de soixante dix mille Espagnols s’engagent en 1939 entre la légion et les CTE. « En 1941, nous avons été prévenus de la « descente » des forces de l’ordre pour arrêter et livrer des Espagnols soit aux autorités allemandes soit directement à Franco. C’est là que nous avons décidé avec ton oncle Pedro et quelques copains sûrs de foutre le camp. Nous savions que nous risquions gros. Nos activités respectives dans l’armée républicaine espagnole devaient avoir laissé des traces et les franquistes ne manqueraient pas de nous le faire payer pour peu que nous tombions entre leurs mains. Moi, j’étais commissaire politique et Pedro officier. Et vois-tu Serge, nous avons bien fait de penser ainsi car bien plus tard j’ai appris que nous étions tous les deux « fichés » comme éléments dangereux, communistes et condamnés à mort par contumace. J’ai appris tout ça quand j’ai fait une demande de pension militaire auprès du gouvernement espagnol en 1990. Je n’ai jamais obtenu de pension mais le 7 janvier 1991, j’ai reçu en réponse une lettre du ministère de la culture et des archives historiques accompagnée de tout un dossier me concernant classé top secret par l’État franquiste qui prouve que j’étais connu et recherché par les services secrets franquistes et condamné à mort. Je t’avoue que tant d’années après ces guerres cela fait froid dans le dos. » (Doc 2)

La Légion étrangère et les Forces Françaises Libres,

Une fois dehors du Barcarès, une seule alternative leur reste c’est l’engagement dans la légion, voilà donc les deux frères se présentant au quartier général de la Légion étrangère pour s’y enrôler. Mon père décrit cet épisode de façon assez amusante : « Nous sommes tombés sur un officier qui nous a détaillés des pieds à la tête, un très long moment puis il a déclaré d’un air goguenard: — Et, bien sûr vous n’êtes pas en cavale, vous vous engagez par pur esprit militaire?  » Ce à quoi nous avons fait semblant de ne rien comprendre. Et nous voilà embarqués pour la Légion destination Sidi Bel Abbes. » Mais parvenus en Algérie, le régime était rude pour les « rouge » espagnols, ils étaient affectés aux tâches les plus exposées, les plus pénibles et sujets aux brimades incessantes des officiers.

Désertions

« Nous en bavions et nous savions bien que nous n’étions pas du bon côté, les troupes de la Légion Etrangère obéissaient au gouvernement collaborateur de Pétain et cela ne nous convenait pas. Tant et si bien, que lorsque nous avons appris que les Forces Françaises Libres avançaient inexorablement et se trouvaient en Afrique tout près de leur cantonnement, nous avons décidé de les rejoindre. Nous avions fixé la date de notre désertion au 25 juillet 1943, mais la veille de partir des légionnaires qui avaient décidé de faire comme nous avaient été repris et nous avons été contraints d’assister à leur exécution. Ils ont été fusillés devant tout le cantonnement. Cela nous a beaucoup secoué et surtout notre impuissance à leur venir en aide. Mais nous avons malgré tout maintenu notre départ. Hors de question de rester plus longtemps chez ceux que nous considérions comme nos ennemis. Et puis nous avons pensé que plus nous attendrions et plus ce serait difficile, car la surveillance allait s’accentuer. À peu de temps de là, alors que nous remontions vers les forces française libres, un peu à l’aveuglette, nous sommes tombés sur une petite escouade dans un grand camion militaire. Quel ne fut pas notre bonheur de les entendre parler espagnol. C’est comme ça que nous avons été recrutés par l’adjudant-chef Miguel Campos qui fut le plus grand rabatteur de légionnaires espagnols en rupture d’armée, au profit de l’armée Leclerc. C’est à ce moment-là, pour entrer dans l’armée Leclerc que nous avons changer de nom. Nous sommes devenus les frères Castells, moi je suis Francisco Castells et Pedro devient Juan Castells. Evadés le 25 juillet 1943 de la légion étrangère, engagés le 26 juillet 1943 dans les FFL, nous allons dès sa création être versés dans le 3eme Régiment de Marche du Tchad, 9eme cie. Nous y avons retrouvé nos plus chers amis, les deux Pujols, (enfin Nadal Artigas) Fermín (José) et Constantino. Depuis notre chère Catalogne, Barcelone où ensemble nous avons fait nos premiers pas dans l’engagement politique et notre baptême de guerre dans les milices populaires pour défendre de la République, même si eux étaient dans la colonne Durruti, nos pas traçaient les mêmes sentiers de justice et de fraternité. Ce fut pour nous une grande joie d’être réunis mais hélas, ça n’allait pas durer … »

La 2ème DB, créée en août 1943.

C’ est une unité moderne équipée de matériel américain, et représente un mélange de combattants venus d’horizons les plus divers : des soldats de l’Armée d’Afrique, des troupes coloniales d’Afrique noire, des citoyens français mobilisés en Afrique du Nord, des prisonniers de 1940 évadés ayant traversé l’Espagne… Tous ont en commun la volonté de libérer la France de l’occupant. Le général Leclerc, commandant la division, avait clairement affirmé son souci de réunir ceux qui voulaient continuer le combat, quelles que soient leurs origines et leurs opinions politiques. Des antifascistes espagnols ne pouvaient donc que trouver leur place au sein de la 2ème DB. C’est parmi ces combattants que la 9ème Compagnie du RMT (Régiment de Marche du Tchad) va trouver ses effectifs. On trouve des Espagnols dans d’autres unités de la 2e DB et d’autres formations militaires comme la 1re armée [[nom donné aux unités militaires placées sous les ordres du général de Lattre de Tassigny et assignées à la libération du territoire français]]. Mais, c’est dans la 9ème compagnie qu’ils sont majoritaires. Mon père était très fier du matériel dont ils disposaient pour enfin pour lutter contre les nazis, qu’il détestait pour les avoir vu à l’œuvre en Espagne. Et pour lui appartenir à cette troupe d’Espagnols de la guerre civile c’était très important. Avec son frère, ils firent partis de l’équipage de l’Half-track « Les Pingouins« , n° 410642 de la première section de la NUEVE. Ce véhicule devait s’appeler Buenaventura Durruti mais devant le refus des autorités militaires de donner des noms de personnages politiques, l’équipage espagnol laissa le peu de Français du groupe choisir le nom ; ces derniers par dérisions proposèrent « Les Pingouins » (doc3) mot péjoratif pour désigner les Espagnols. Tous acquiescèrent, ravis du retournement du nom.

Hiver 1943-1944, La Nueve,

La 9ème compagnie du RMT s’entraîne en Afrique du Nord (en Algérie, puis au Maroc). Elle y reçoit son matériel. Les hommes de la 9ème compagnie, n’oubliant pas leurs origines, appellent vite leur unité « la Nueve », qui veut tout simplement dire neuf en espagnol. C’est au capitaine Raymond Dronne qu’échoit le commandement de la 9ème compagnie, car il parle couramment espagnol. Cela lui sera très utile, car, à la Nueve, on ne parle que castillan. Cette compagnie est, incontestablement, une unité particulière, qui ne ressemble à aucune unité classique de l’armée régulière. La plupart de ces Espagnols sont anarchistes ou socialistes ou communistes ou simplement républicains. Dronne trouve les Espagnols « à la fois difficiles et faciles à commander ». Ils restent sur leurs gardes jusqu’à ce que leur officier ait fait ses preuves. Mais, une fois qu’ils accordent leur confiance, celle-ci est « totale et complète ». Ils veulent absolument connaître les raisons des tâches qu’on leur demande d’accomplir. Mais, quand on les leur a expliquées et qu’ils les approuvent, ils les exécutent avec une résolution inébranlable. Mon père m’a rapporté les sentiments du capitaine Dronne sur sa troupe si particulière « Ils n’avaient pas l’esprit militaire, écrit Dronne. Ils étaient presque tous antimilitaristes, mais c’étaient de magnifiques soldats, vaillants et expérimentés. S’ils avaient embrassé spontanément et volontairement notre cause, c’était parce que c’était la cause de la liberté. Oui, en vérité, c’étaient des champions de la liberté.» Lorsque le IIIe RMT campe en Angleterre, la 9ème compagnie s’installe à Pocklington (Yorkshire) et s’y entraîne. La campagne de France est proche.

La Nueve au combat.

L’histoire des combats de la 9ème Compagnie se confond avec celle du Régiment de Marche du Tchad et de la 2ème DB, dont elle ouvre bien souvent le chemin. « Nous avons embarqué le 31 juillet 1944 à Southampton sur le Liberty Ship « Edward S. Sill », nous étions impatients de partir pour la France, car nous savions que c’était là que tout se jouerait, et nous fermions notre boucle revenir là où nous étions partis près de trois années plutôt. Nous débarquons le 4 août 1944 au lieu dit « La Madeleine ». Là nous avons constaté que les troupes américaines n’avaient pas pu beaucoup progressé, ils avaient eu énormément de pertes, de jeunes hommes, des gamins, gisaient sur le sol et les cimetières militaires de fortune jonchaient la route des Alliés. Des croix plantées dans la terre, c’était très impressionnant. » . La 2ème DB s’ organise en groupements tactiques, prenant chacun la première lettre du nom de son chef : GTV (du Colonel Warabiot ; le V est plus simple à utiliser que le W). C’est dans ce dernier groupement qu’est intégrée la 9ème compagnie. Sur l’Half-track « Les Pingouins » mon père alias Francisco est le serveur de la mitrailleuse avec laquelle il va faire des ravages chez l’ennemi qui lui valurent, le 3 janvier 1945, une citation à l’ordre du régiment avec la croix de guerre avec étoile de bronze pour sa conduite héroïque comme tireur d’élite, notamment durant la bataille de Strasbourg (doc 4). De ça mon père ne se vantait jamais, je l’ai su qu’en découvrant ses états de service et citations. C’est comme ça aussi que j’ai appris que mon oncle était devenu Sergent-chef et avait reçu une citation à l’ordre du corps d’armée Croix de guerre avec étoile de Vermeil pour avoir le 16 août 1944 lors de la bataille d’Écouché, abattu à la mitraillette un officier allemand et assuré le repli de son groupe et une autre citation à l’ordre de la brigade pour avoir, le 16 septembre 1944, arrêté une vague d’attaques allemandes lors de la bataille de Châtel sur Moselle, avec croix de guerre et étoile de bronze (doc 5). Tous deux furent autorisés le 16 août 1945 à porter en toutes circonstances l’insigne américain de la « Presidential Unit Citation ». (Doc 6) La 2ème DB encercle les Allemands de Normandie en prenant Rennes, Château-Gontier, Le Mans, Alençon. Le GTV est en réserve. Le 12 août, le GTV passe en tête. Il prend Sées dans l’Orne, puis fonce sur Ecouché (61).

La bataille d’Ecouché.

La 9ème compagnie et la 1ère compagnie du 501ème Régiment de Chars de Combat (RCC) sont engagées. « C’est mon plus terrible souvenir. Après une progression par les petits chemins, ponctuée de quelques engagements, au soir du 12 août nous surprenons une colonne motorisée allemande et nous la détruisons. Le lendemain, 13 août, la 9ème compagnie arrive à Ecouché. Nous nous sommes battus comme des lions. Harcelés sans répit par les Allemands, il fallait tenir jusqu’à les réduire ou que les nôtres arrivent. Ce fut interminable, pourtant nous nous sommes maintenus, mieux nous avons surpris une autre colonne ennemie et l’avons détruite. On s’est battus contre des SS. La position d’Ecouché était une pointe avancée dans le dispositif allemand, il fallait qu’elle tombe coûte que coûte. Nous avons tenu la position pendant une semaine, jusqu’au 18 août. Les combats furent violents, et la compagnie enregistra beaucoup de pertes : sept tués et dix blessés. Hélas, parmi les morts, il y avait Constantino Pujol, il est mort dans les bras de son grand ami, ton oncle Pedro (Juan Castells). (doc 7 et 8) L’ennemi a subi des pertes plus lourdes encore : quatre cents véhicules détruits. Ses pertes sont nombreuses, il est vaincu à Ecouché. Mais nous, au lieu de nous réjouir, nous pleurons notre frère d’arme Constantino et nous nous inquiétons pour son frère Fermín qui est également blessé à la tête et se trouve à l’hôpital. » La Nueve quitte Ecouché le 23 août. Elle combat au Sud de Paris toute la journée du 24, et est stoppée devant Fresnes.

La libération de Paris.

Le 24 août: Paris est insurgé depuis le 19, il faut entrer dans la capitale pour prêter main forte à la résistance intérieure et surtout en signe d’encouragement. Leclerc expédie Dronne à son secours avec sa Nueve, ils ont ce privilège d’être les éclaireurs de la 2e DB. Mon père et mon oncle, Francisco et Juan, sont glorieusement de la partie. En début de soirée, ce détachement de la 2ème DB passe par le Kremlin-Bicêtre, et parvient à l’Hôtel de Ville, sans coup tiré, guidé par un Arménien de Paris Lorénian Dikran. Les Parisiens heureux de les accueillir sont surpris de leur sabir, ils attendaient des Français ou pour le moins des Américains et les voilà face à des Espagnols, ceux-là même qui avaient été si mal reçus en février 1939. Mais l’heure est à l’allégresse, et la troupe se rend ensuite à la Préfecture de Police dans la joie générale. Après quatre ans d’occupation, Paris va être libérée. Mais, les Allemands résistent et n’acceptent pas la défaite. Von Choltitz qui a reçu l’ordre de faire sauter Paris, refusera l’ultimatum. Le lendemain, 25 août, Leclerc et la 2e DB entrent dans Paris par la Porte d’Orléans. Les combats de rues ont lieu, quartier par quartier, contre miliciens et Allemands notamment rue des Archives dans le 4e arrondissement, pour le central téléphonique que les Allemands menacent de détruire. La Nueve s’en empare, ce dernier a été miné par les Allemands. Ce sont eux qui devront alors le déminer. Les combats font rage également place de la République, devant la caserne de la République, [[Caserne appelée depuis 1947, Jean Vérine du nom de son chef d’escadron chef de la caserne, résistant de la première heure engagé dans le Réseau Saint Jacques, arrêté le 10 octobre 1941, interné et torturé à Fresnes et fusillé le 20 octobre 1943 à Cologne]]. tandis-que l’assaut est donné à 14 h 00 contre l’Hôtel Meurice dans la rue de Rivoli, quartier Général du Gross-Paris où se trouve gouverneur militaire allemand de Paris, Von Choltitz. Des combats ont lieu, également, au jardin du Luxembourg et aux Invalides, pour réduire les dernières poches de résistance allemandes. Les Espagnols ne sont pas en reste dans cette lutte. Les forces armées sont renforcées par des résistants de toutes nationalités dont des Espagnols. Un groupe, mené par Julio Hernandez, pénètre même dans l’ambassade espagnole pour y hisser le drapeau républicain ! Le 26 août, c’est le défilé de la Victoire de l’Arc de Triomphe à Notre-Dame. La Nueve assure la protection immédiate du général De Gaulle et du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF). « Nous étions superbes sur nos véhicules, fiers et heureux d’être à l’honneur, il aurait fallu que tu vois ça. Sur toutes les couvertures de magasines, notamment américains, on voit très distinctement nos Half-track dont Les Pingouins, Nous formions une superbe haie d’honneur aux officiels dont le général de Gaulle. (Doc 9) je me souviens d’une grande banderole en espagnole qui nous saluait puis au cours du défilé elle a disparu. Sous cette banderole il y avait Victoria Kent, [[Directrice des prisons sous la République espagnole, puis au service de l’enfance, elle s’est occupée notamment du expatriation des enfants espagnols vers la France. Réclamée par le gouvernement de Franco à Pétain, elle dû sa vie sauve au courage et à la protection de l’ambassadeur du Mexique qui la cacha durant toute la durée de l’occupation en France.]] qui venait de passer toute la guerre cachée dans un appartement du 16e arrondissement sous la protection de l’ambassade du Mexique et de son représentant, Gilberto Bosques. Et ensuite ce fut le repos bien mérité, du 1er au 8 septembre, nous avons campé au Bois de Boulogne avec toute la compagnie, nous étions les rois, visiteurs et visiteuses venaient nous apporter toutes sortes de présents et de « réconforts », d’ailleurs nous avons eu l’honneur de la visite de Victoria. Comme depuis le débarquement nous avions perdu du monde, de nombreux engagés ont été incorporés, pour combler les pertes. Ils se fondront rapidement dans le groupe. »

La guerre continue,

Le 8 septembre 1944, la compagnie quitte le Bois de Boulogne à 6 heures 45 et suit sa route sans difficultés : Porte de Passy pour atteindre Villeneuve-L’archevêque. La division repart au combat : Dompaire, Chatel sur Moselle, Nancy, Strasbourg… « Nous avons eu encore beaucoup d’affrontements et de pertes, la campagne d’Alsace fut très rude, les Allemands ne décrochaient pas, le froid était mordant. D’ailleurs c’est à Châtel sur Moselle que ton oncle s’est illustré encore: Pour s’être emparé de la mitrailleuse du groupe et d’avoir sous un feu nourri réussi à arrêter nette une vague d’attaque allemande

Fin de la Seconde Guerre mondiale,

La Nueve franchit le Rhin le 27 avril 1945 pour atteindre le nid d’Aigle d’Hitler à Berchtesgaden. C’est là que le surprend la fin de la Seconde Guerre mondiale. (Doc 9bis)

Démobilisation et ennuis

Avant d’être démobilisés, les survivants de la Nueve sont cantonnés à Voulx (Yonne). Elle a l’honneur de défiler au complet sur les Champs-Élysées le 18 juin 1945. « L’épopée de la Nueve prend fin en juillet 1945, à Voulx, lorsqu’elle est officiellement dissoute et que nous sommes démobilisés. C’est à ce moment là que le capitaine Dehen (qui a pris le commandement de la Nueve depuis avril 1945, date à laquelle le capitaine Raymond Dronne a été nommé commandant et appelé à d’autres fonctions) nous établit, pour Pedro et moi, des documents contresignés par le chef du corps d’armée, le lieutenant colonel Barboteu commandant le IIIe /RMT. (Doc 10 et 11) Il s’agit d’un état signalétique de nos services qui confirme notre changement de nom pour les nécessités de la guerre, nos campagnes : campagne de Tunisie, campagne de France et campagne d’Allemagne. Il y souligne aussi notre comportement courageux et irréprochable. Ce document doit nous permettre de retrouver notre véritable identité. Pour Pedro hélas, nous n’en saurons rien puisqu’il meurt tragiquement quelques mois plus tard mais moi, je devrais attendre jusqu’en 1972 pour que Solé Pladellorens soit reconnu enfin comme mon véritable nom. » (Doc 12)

Désertion et condamnation

Comble de l’absurdité de la machine aveugle, juridique et militaire: parti de la Légion étrangère, Miguel est rattrapé par les rouages d’une administration qui l’emprisonne et le mène au tribunal militaire pour « Désertion à l’intérieur en temps de guerre ». « C’est proprement incroyable mais un mandat d’arrêt contre moi court depuis le 28 février 1945. (doc 13) Il émane du tribunal militaire d’Oran. il sera exécuté en le 26 septembre 1946, date à laquelle je suis arrêté à mon domicile de Saint Denis et conduit à la prison de la Prévôté de la place de Paris.(doc 14 et 15) Il faudra l’intervention du directeur de la Maison des Anciens de la 2e DB auprès du président du tribunal, rappelant mes états de services dans l’armée Leclerc et demandant la bienveillance du tribunal envers mon inculpation pour désertion.(doc 16) pour que je sois relaxé définitivement en octobre 1946. (doc 17 doc 18), abasourdi encore de cette mésaventure qui n’aura pas touché que moi car nous étions nombreux dans ce cas, les Espagnols inculpés et décorés à la fois. »

Miguel Sole Pladellorens alias Francisco Cartells et son frère Pedro Sole Pladellorens alias Juan Cartells figurent parmi les survivants de la Nueve.

Pedro est né à Bruch (près de Terrasa province de Barcelone) le 13 mai 1911 décédé près de Rouen le 10 janvier 1946 (cimetière de Rouen Mont-Gargan, tombe 131 carré I2, bande n°5) Miguel est né à Bruch le 18 avril 1917, décédé à St-Denis le 11 mai 2000, Avant il a dû gagner sa vie et faire vivre sa famille. Il a exercé plusieurs métiers: – Du 19 novembre 1945 au 31 mars 1958, chef d’équipe puis contremaître à l’atelier de tissage chez Getting-Jonas-Titan à Epinay S/Seine. – Du 1er avril 1958 au 15 juillet 1960, Frigoriste chez « FRIGIDAIRE -Général Motors France » Sté S.O.V.E.M Paris. – De septembre 1960 à juin 1975, spécialiste de mise en service d’appareils frigorifique et gros éléctro-ménager, chez les Ets MOATTI Paris.

Sur le Front en Espagne
Sur le Front en Espagne
Phote dédicacé par Fermin Pujol
Phote dédicacé par Fermin Pujol
Couverture Life
Couverture Life
Le Half-Track Les Pinguoins
Le Half-Track Les Pinguoins
Fermin Pujol sur la tombe de son Frère Constantino tué à la bataille d'Ecouché
Fermin Pujol sur la tombe de son Frère Constantino tué à la bataille d’Ecouché

Documents joints

 

76 ans plus tard, l’histoire se répète

La photo du petit Aylan gisant sur une plage turque a choqué le monde. Elle a montré la réalité de milliers de Syriens, d’Afghans, d’Erythréens ou de Nigérians qui tentent, depuis des années, d’échapper à l’obscurantisme, à la guerre et à la dictature.

La Syrie est le principal pays d’origine des réfugiés. Le Liban, le Pakistan, la Jordanie, l’Ouganda et la Turquie accueillent déjà des centaines de milliers de réfugiés, dans certains cas depuis des décennies. En 2014, en France seulement 14 500 personnes ont obtenu l’asile. Un chiffre beaucoup plus faible par rapport à l’Allemagne (202 645) et la Suède (81 180).
Au Moyen-Orient, après quatre ans de guerre civile, plus de la moitié de la population syrienne a dû quitter son foyer : trois millions et demi de réfugiés et six millions et demi de personnes sont déplacées à l’intérieur des frontières du pays.

Nous assistons au déplacement de population le plus important depuis la seconde Guerre mondiale. Les réfugiés ont besoin d’un soutien de la part de l’Europe et du reste du monde mais, au lieu de cela, ils vivent dans des conditions désastreuses et s’enfonce dans la pauvreté.

Une Europe qui provoque la misère d’abord et qui ensuite nie ses responsabilités éthiques, politiques, économiques et sociales. La tragédie de Lampedusa, où environ 400 personnes se sont noyées, a mise en évidence la nécessité urgente d’une réforme de la politique migratoire, alors que les États membres de l’Union européenne ont mis en commun tous leurs efforts pour renforcer leurs clôtures et leurs barbelés, au lieu de centrer leurs efforts sur l’urgence et sur la protection des réfugiés.

Si les propositions de tri entre réfugiés chrétiens et réfugiés musulmans révèlent l’enracinement de l’islamophobie, celle entre émigrés économiques et réfugiés politiques révèlent une campagne consensuelle visant à masquer les causes des crises qui secouent notre monde.

Depuis la publication, le 2 septembre, par la presse turque et britannique de la photo d’Aylan, une vaste campagne médiatique présente une autre image de l’Union Européenne en général et de la France en particulier. Nous nous serions donc trompés ou un changement radical d’attitude et de politique serait survenu. A moins que nous ne soyons une nouvelle fois devant l’instrumentalisation politique d’un drame humain pour justifier une nouvelle intervention militaire.

Journalistes comme leaders politiques étaient au courant. Les classes dominantes d’Europe et des États-Unis espéraient simplement une nouvelle fois cantonner les réfugiés dans les pays voisins. C’est d’ailleurs ce qu’ils font classiquement pour tous les autres conflits qu’ils suscitent pour le contrôle du gaz, du pétrole et des minerais stratégiques, au profit des sociétés pétrolières et des marchands d’armes.

En France et en Espagne, on sait ce que signifie le mot exil, comme en témoigne l’odyssée de milliers de républicains qui s’exilèrent après la Guerre civile pour fuir le fascisme et la terreur imposée durant 36 longues années par Franco. En Espagne, à partir de 1939, des dizaines de milliers d’antifascistes furent assassinés et emprisonnés dans des prisons, des bagnes et des camps où ils furent maintenus en esclavage.

La politique de non intervention des gouvernements français et britanniques permit la victoire de Franco et la France refusa, dans un premier temps, lors de la Retirada, d’ouvrir la frontière aux réfugiés espagnols. Quelques 465 000 personnes ont traversé la frontière avec la France pour se retrouver dans un pays vivant une grave crise économique depuis 1930. Des milliers d’hommes et de femmes sont morts sur les plages françaises, d’autres ont été renvoyés en Espagne par convois entiers qui les livraient à leurs persécuteurs. Le gouvernement français organisa, en collaboration avec les autorités franquistes, ce rapatriement vers l’Espagne d’une partie de ces réfugiés. En France, plusieurs centaines de milliers de républicains furent « accueillis » dans des camps qu’ils durent eux-mêmes construire. Les familles étaient séparées et les camps étaient entourés de barbelés et surveillés par des gardes mobiles. Les français qui voulaient les aider étaient contraints de jeter nourritures et habits au-dessus des barbelés.

Par rapport au drame actuel vécu par des milliers de réfugiés en Méditerranée, certains médias ont osé citer l’exemple des républicains espagnols fuyant le fascisme de Franco. Il n’est pas inutile de rappeler les conditions de cet accueil. Voici ce qu’en dit l’historien Marc Ferro :
« Dès 1937, des réfugiés basques affluent, des instructions sont là, qui très vite, oublient les soucis humanitaires des premières semaines. On les fait retourner en Espagne par les Pyrénées orientales. (…). Dès l’automne 1937, Marx Dormoy, ministre de l’intérieur d’un gouvernement Front populaire, demande à la police d’établir un « barrage infranchissable » … Surtout, on montre le peu d’empressement des populations d’accueil à aider les réfugiés, souvent choquées par la passion politique de leurs hôtes ».

76 ans plus tard, l’histoire se répète. Comme par le passé, il s’agit clairement aujourd’hui de cantonner la misère du monde produite par les politiques économiques des grandes puissances d’une part et par les guerres pour le contrôle des matières premières d’autre part, à la périphérie des pays riches. Nous sommes en présence d’une des multiples déclinaisons de l’ultralibéralisme : privatiser les gains et socialiser les pertes et les coûts.

Aujourd’hui, des milliers de personnes tentent de traverser la Méditerranée sur des bateaux surchargés pour fuir un régime qui les opprime et les oblige à risquer leurs vies et celles de leurs familles. Cependant, en touchant la terre ferme, s’ils y parviennent, ils sont confrontés à une réalité encore plus dure : le rejet des gouvernements, qui les considère comme un « fléau ».

Nous devons lutter pour éradiquer les préjugés xénophobes et racistes, et promouvoir les valeurs de l’hospitalité, de la solidarité et le respect des droits de l’homme.

Barbelés
Barbelés

Republicanos españoles en la liberación de París

Eduardo Pons Prades, né à Barcelone le 19 décembre 1920 et mort dans cette même ville le 28 mai 2007, connu aussi sous le pseudonyme de Floreal Barcino, est un écrivain spécialisé en histoire contemporaine espagnole du XXe siècle, scénariste documentaire, militant de la CNT. Il est également conférencier. spécialiste reconnu de la résistance des républicains espagnols en France, pour y avoir lui-même participé, il a publié plusieurs oeuvres sur ses péripéties. Il évoque ici la constitution de la Nueve au sein de la 2e DB et tout son parcours jusqu’à la démobilisation en août 1945.

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Documents joints

 

Lundi 24 août 2015 : La Nueve à l’Hôtel de Ville

Le 24 août 1944, les combattants de la Nueve, éclaireurs de la 2e DB du général Leclerc, entrent dans Paris pour participer à sa libération.

2015 marque aussi les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale et les 70 ans de la libération des camps de concentration. Libération, oui, excepté en Espagne…

1ère partie : sur l’esplanade des Villes-Compagnons de la Libération, Paris IVe

Une centaine de personnes se sont retrouvées, malgré la pluie, le vent et le froid sur l’esplanade des Villes compagnons de la Libération, ce lundi 24 août 2015, afin de célébrer le 71e anniversaire de l’entrée de la Nueve (9e compagnie de la 2e DB, composée à 95% d’espagnols antifascistes) dans Paris insurgé.

À partir de 16 h 30,

regroupés devant la petite plaque de la Nueve, scellée sur le parapet, nous avons pu évoquer plusieurs de ces combattants si particuliers. Nous saluons la présence : – des hôtes au prestige libertaire tels Armand Gatti et Hélène Châtelain, – de la CNT que nous remercions chaleureusement pour le prêt et l’aide concernant la sono, – de la Faceef, en la personne de Madame Fernandez – d’Arturo Peinado y su familia, president de la Federación Estatal de Foros por la Memoria, – des représentant(e)s d’associations de Républicains espagnols et de leurs descendants – des individus « anonymes » qui nous ont rejoints, – de M. Thierry Blandin, maire adjoint, chargé de la mémoire combattante à la mairie du 20e, – de Mme Violette Baranda, adjointe au maire, chargée des séniors et de l’intergénérationnel de la mairie du 19e, – de la télévision espagnole TVE… Après avoir remercié les participants, Daniel, administrateur de l’association, a présenté la Nueve, ses actes et son rôle au cours de la Seconde Guerre mondiale, puis a rappelé les raisons de l’existence de l’association 24 août 1944, porteuse de mémoire et passeuse de l’histoire oubliée. « Dès le printemps 1939, des dizaines de milliers de ces hommes, soldats et miliciens internés intégrèrent des compagnies de travailleurs étrangers (très vite devenues compagnies de travailleurs espagnols) ou la Légion étrangère, ou un peu plus tard, à la déclaration de guerre, « régiments de marche de volontaires étrangers », spécialement créés. Des milliers d’entre eux, soldats dans les rangs des troupes françaises ou soldats de l’ombre, dans la Résistance, luttèrent dans tous les combats où les alliés affrontèrent le nazisme et le fascisme, de Narvik au Tchad, au Gabon, en Égypte, Lybie, Syrie, Liban ou Tunis, se distinguant dans des batailles comme Bir-Hakeim, El Alamein, Koufra, Bizerte ou Monte Casino, et plus tard , dans la libération de Lyon, Paris ou Strasbourg. Beaucoup y laissèrent leur vie, mais 16 survivants espagnols la 2e DB-Leclerc sont arrivés, victorieux, jusqu’à Berschtesgaden et le Nid d’Aigle de Hitler. Ce fut la Nueve – 9e compagnie du 3e bataillon de marche du Tchad, 2e DB –, composée presque exclusivement d’Espagnols et commandée par le capitaine Raymond Dronne, qui, le 24 août 1944, parvint, en avant-garde, à l’Hôtel de ville de Paris. Les équipages de la vingtaine de « half-tracks » étaient des Espagnols, et la plupart de ces véhicules portaient des noms évocateurs de la guerre d’Espagne : Guadalajara, Teruel, Brunete, Ebro, Guernica… ou encore Don Quichotte. C’est pour cette raison que nous sommes réunis aujourd’hui, 71 ans après cet événement. » Puis, Marie-José Cortès nous a parlé de son papa : voir texte d’intervention dans la rubriques Les hommes de la Nueve et documents José Cortès, sergent dans la Nueve, jusqu’à Paris (voir texte d’intervention annexe1). À sa suite, Véronique Olivares Salou a évoqué la mémoire des frères Miguel et Pedro Solé, catalans, embarqués dans l’équipage du half-track Les Pingouins de la Nueve (voir texte d’intervention dans la rubriques Les hommes de la Nueve et documents)

Mais cette année 2015 est également le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et celui de la libération des camps de concentration. Là encore, les antifascistes espagnols sont aux premier rang.

« La guerre fut déclarée entre l’Allemagne, la France et l’Angleterre (en septembre 1939) par l’attaque et la prise de possession de la Pologne. Pour ceux qui avaient passé la frontière française et ne re-tourneraient pas en Espagne, il n’existait comme alternative, pour lutter contre les nazis, que celle d’intégrer la Légion ou les bataillons de marche, ou les compagnies de travailleurs étrangers pour édifier des fortifications sur la ligne « Maginot ». L’avenir devenait funeste. L’avance des colonnes motorisées hitlériennes, l’occupation des Pays-Bas et de la France les firent tomber aux mains des armées hitlériennes. Après de petits séjours dans les « Stalags » en tant que prisonniers de guerre, ils ont été transférés dans des camps d’extermination par le travail – pour « Rouges espagnols » –, avec le consentement et l’approbation des autorités espagnoles franquistes. En réalité, ils étaient des prisonniers de guerre de l’armée française et auraient dû être traités comme tels. Il n’en fut rien et se trouvèrent embarqués dans des conditions terribles vers les camps de concentration nazis, tels Mauthausen et ses kommandos, Gusen, le château d’Hartheim, Ebensee, Steyr et autres… Ils eurent le terrible privilège de constituer le premier convoi de déportés qui arriva le 6 août 1940 à Mauthausen. Le premier à partir du territoire français sortit d’Angoulême le 20 août 1940. Les Espagnols, qualifiés de « Rouges », étant donné leur état de combattants contre le fascisme, ont payé au centuple dans ce terrible holocauste de destruction et de mort. Mais ils furent surtout des résistants au système concentrationnaire nazi, et n’ont jamais cessé d’œuvrer pour en récolter les preuves. Leur devise : le devoir collectif de survivre ! » Ensuite, Benito Bermejo, historien espagnol, spécialisé dans la déportation espagnole, a expliqué ce que fut la déportation espagnole : premiers déportés du sol français (voir texte d’intervention en annexe 3).

L’association avant de quitter l’esplanade a rappelé les projets en cours :

– les samedi 26 et dimanche 27 septembre 2015 : colloque et projections sur les divers enfermements subis par les antifascistes espagnols, Le 26 de 14 à 19 h, le 27 de 11 h à 18 h – Cinéma La Clef – 34, rue Daubenton – Paris 5e ; – le lundi 23 novembre 2015 : concert Trio Utgé-Royo, « No pasarán ! », contre la mon-tée des marées noires et bleues, et à l’aube du 80e anniversaire du début de la guerre d’Espagne, En Première partie : textes de combattant-e-s antifascistes espagnol-e-s, mise en espace d’Armand Gatti, avec le metteur en scène Jean-Marc Luneau. À 20 h – Vingtième théâtre – 7, rue des Plâtrières – Paris 20e. – le 14 avril 2016, inauguration et pose de la plaque dédiée à Manuel Lozano, combattant de la Nueve et militant CNT toute sa vie, sur le mur de son dernier domicile à Paris 19e, rue des Bois. La réalisation de cette plaque a été portée avec opiniâtreté par Mme Violette Baranda, élue du 19e, elle-même nièce d’un combattant de la Nueve, présente en ce lundi 24 août.

Poésie

Vint ensuite un moment d’émotion avec la lecture bilingue par Christopher et Frank (de l’association) des poèmes de collégiens de 3e du collège « La Chesnaie » de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes (on retrouve les poèmes sur notre site, page …). Cette première partie s’est achevée avec le dépôt de plusieurs gerbes de fleurs : – Association 24 août 1944, – Mairie du 12e dont Mme Catherine Baratti-Elbaz, maire, n’a pu être présente pour raison de santé, – Mairie du 20e et Mme Frédérique Calandra, maire, représenté par Mm Blandin, maire adjoint, chargé de la mémoire historique.

17 h 15 : Le cortège s’est mis en route pour terminer la marche de l’an dernier, jusqu’à l’Hôtel de ville, rue de Lobau, sous une pluie battante !

2ème partie : 18 h 30 : devant l’Hôtel de ville, rue de Lobau. – Accueil et prise de parole du Maire du 4e, Christophe Girard – Intervention de l’association ; l’allocution préparée à cet effet est lue entièrement par Cristine et Serge, de l’association, suscite l’attention de l’assistance, officiels compris. – Lecture d’extraits d’articles d’Albert Camus par Agnès, Daniel et Marie de l’association. (voir l’allocution et les extraits des articles de Camus en annexe 4) – Allocution de la Maire de Paris, Mme Anne Hidalgo (lire les extraits de l’allocution en annexe 5); – Allocution du Secrétaire d’État aux anciens combattants, M. Jean-Marc Todeschini. (lire les extraits de l’allocution en annexe 6) (l’intégralité des deux discours officiels peut être envoyé sur demande) Fin vers 19 h 30. Il fut alors sérieusement envisagé, après avoir remballé tout le matériel, banderoles, panneaux…, d’aller nous réchauffer autour d’un repas fraternel. La journée, malgré le froid, la pluie et le vent, fut un beau succès et un bel hommage à ces acteurs de la Liberté que sont les combattants antifascistes de la Nueve !

Défilé sous la pluie
Défilé sous la pluie
2 Banderas al viento
2 Banderas al viento

Documents joints

 

José Cortès.

José Cortès, soldat de l’armée Leclerc et membre de la Nueve a pris les armes dès les premiers coups de feu tirés par les militaires factieux, en juillet 1936 en Espagne. Il fut des plus grandes batailles et ne déposa ses armes que très temporairement en France au passage de la frontière et dans les camps d’internement.

Dès la déclaration de guerre en septembre 1939, il se remit en route pour défendre la liberté et sauver sa vie menacée à nouveau par le nazisme conjugué au gouvernement de Vichy.
Il s’engagea dans les Forces française libres et fit la campagne d’Afrique tout d’abord, avant de se retrouver en Angleterre pour un entraînement intense. L’accueil des Britanniques fut particulièrement chaleureux. Mais, leurs efforts pour bien manipuler le matériel de guerre neuf, mis à leur disposition, étaient épuisants. Pourtant, ces hommes, venus d’une autre guerre, ne baissaient pas les bras, ils étaient même très assidus et débordaient d’énergie, y compris le soir pour organiser des orchestres et faire tourner à leurs bras les Anglaises qui prenaient soin d’eux et qui, elles-mêmes, étaient engagées volontaires dans ce conflit.
Le 4 août 1944, José débarquait en France où il fut vaillamment de toutes les batailles jusqu’à la capitale. Il était sergent de la 2ème section de combat de la Nueve sur le Half-Trak « Résistance », n° 409012. Il participa à la bataille de Paris, où il fut blessé assez sérieusement le 25 août, rue des Archives, en tentant de déloger les troupes allemandes réfugiées dans le central téléphonique qu’elles avaient miné.
Pour José, ce fut la fin de sa guerre, c’est là qu’il déposa définitivement les armes après tant d’années passées à défendre sa liberté et celle de ses concitoyens.

Transporté à l’hôpital, il fut pris en charge par une équipe médicale et notamment par une infirmière qui n’était pas insensible à son charme ibérique et à son aura de vainqueur. Elle lui prodigua tous les soins possibles, émue par cet homme jeune aux portes de la mort. Et bientôt José s’extirpa des bras de la camarde et reconnut l’amour dans les yeux de sa belle infirmière. Un vrai conte de fée ! La douceur romantique de l’idylle donna naissance à Marie-José et à une vie de famille tendre et douce pendant des décennies. »