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Mois : juillet 2023

La révolution espagnole du 19 juillet 1936

Comme tous les ans le CTDEE fête ce 19 juillet. Jour où le peuple espagnol s’est soulevé contre le coup d’état militaire et pour sauver la liberté.

C’est ce 19 juillet 1936 qui fut le coup d’envoi d’une révolution sociale jamais égalée depuis. Un temps qui marqua de son empreinte l’avenir des peuples , au même titre que la Commune de Paris.

Pour ceux qui seront toulousains ce 23 juillet, ne manquez pas un tel événement.

016 APRÈS LA MORT DU DICTATEUR FRANCO

Tombe d’Antonio Machado, Collioure (Pyrénées Orientales) Une boite aux lettres près de la tombe reçoit le courrier et les hommages adressés à Machado, le poète de l’exil!

1976

3 juillet 1976. Adolfo Suarez est nommé Premier ministre pour préparer cette transition et privilégie l’unité nationale plutôt que la chasse aux dirigeants de l’ancien régime.

Décembre 1976. Création du groupe « Mujeres Libres » à Barcelone puis, en 1977, à Madrid.

1977

9 avril 1977. Le Parti communiste espagnol (PCE) est légalisé. Santiago Carrillo en est le secrétaire général.

21 juin 1977. Le président du gouvernement en exil de la République espagnole, José Maldonado, et le président du conseil des ministres, Fernando Valera, déclarent que les élections du 15 juin 1977 en Espagne mettent un terme à leur mission, qui avait été de maintenir le processus électoral hérité de la République de 1931. Ils terminent ainsi leur déclaration : «Les institutions de la République peuvent mettre un terme à la mission historique qu’elles s’étaient fixées : le maintien jusqu’à aujourd’hui de la démocratie. Nous nous sentons satisfaits d’avoir accompli notre devoir. »

2 juillet 1977. Meeting historique de la CNT sur la colline de Monjuic à Barcelone. Plus de 300.000 personnes y participent.

25 octobre 1977 : Le Pacte de la Moncloa est signé au palais de la Moncloa au cours de la Transition démocratique espagnole entre le gouvernement et les principaux partis politiques ayant une représentation parlementaire, les associations professionnelles, les syndicats UGT et CCOO[1] (mais pas la CNT), ayant pour objectif d’assurer une transition sereine vers un système démocratique et adopter une politique économique afin de lutter contre une inflation élevée de 47 %.

1978

6 décembre 1978. Les Espagnols se prononcent à la majorité pour la nouvelle constitution qui assoit la monarchie. Les partis portant la notion de République dans leur dénomination sont empêchés de participer aux élections. .

1981

23 février 1981. Tentative de putsch militaire aux Cortes, dirigée par le lieutenant-colonel Antonio Tejero, sous l’impulsion du général Alfonso Armada. L’intervention du roi fera échouer la tentative.

11 septembre 1981. Guernica, le tableau de Pablo Picasso, arrive à l’aéroport de Madrid-Barajas, avec les honneurs rendus d’ordinaire à un chef d’État.

10 décembre 1981. Entrée de l’Espagne dans l’OTAN.

Lois espagnoles pour la réparation et la mémoire

  • Décret 670/1976, du 5 mars : versement de pensions pour les Espagnols qui, ayant souffert de mutilation, ne pouvaient être intégrés au corps des Mutilés de la guerre pour la patrie.
  • Loi 46/1977, du 15 octobre : loi d’amnistie, cette loi va écarter la possibilité de la poursuite des crimes franquistes5.
  • Loi 5/1979, du 18 septembre : versement de pensions et assistance médicale et sociale en faveur des veuves, enfants et membres des familles des Espagnols morts lors de la guerre civile.
  • Loi 35/1980, du 26 juin : versement de pensions en faveur des mutilés ex-combattants de la zone républicaine.
  • Loi 6/1982, du 29 mars : versement de pensions aux mutilés civils de la guerre.
  • Loi 37/1984, du 22 octobre : reconnaissance des droits de tous ceux qui lors de la guerre civile ont fait partie des forces armées, forces de maintien de l’ordre et du corps des carabiniers de la République.
  • 28 octobre 2007, loi sur la mémoire historique ;
  • 05 octobre 2022 loi de mémoire démocratique, la dictature franquiste est déclarée illégale, …

 

[1] Comisiones obreras : Les Commissions Ouvrières (Comisiones Obreras, CCOO) sont une confédération syndicale espagnole. Les CCOO furent organisées dans les années 1960 par le Parti communiste espagnol et des groupes de travailleurs catholiques pour combattre la dictature de Franco et pour les droits syndicaux.

015 LES DERNIERS JOURS NE SONT PAS LES PLUS CLEMENTS

Juillet 1974 une de Charlie Hebdo Dessin de Reiser.

1975

Février 1975. Les commémorations du centenaire de la naissance du poète Antonio Machado sont interdites.

25 avril 1975. État d’exception au Pays Basque.

Mai 1975. État d’exception en Biscaye et en Guipúzcoa.

Mai-juin 1975. Un nombre important d’attentats contre des policiers sont attribués au Frente revolucionario antifascista y patriótico (FRAP).

11 juin 1975. Création de la Plate-forme démocratique, dirigée par le PSOE, qui comprend la Gauche démocratique chrétienne, le Parti nationaliste basque (PNV) et toutes les tendances socialistes de Catalogne et de Valence.

Juin 1975. Adolfo Suárez González, avec un grand nombre d’autres responsables « démocrates », crée l’Union démocratique du peuple espagnol (UDPE).

29 juillet 1975. Neuf officiers des garnisons de Madrid sont arrêtés et inculpés pour sédition.

4 août 1975. Une note secrète des services spéciaux explique les conditions d’arrestation de certains officiers réfractaires. Par là même, l’état-major franquiste reconnaît l’existence d’un mouvement d’opposition au sein de l’armée, l’UMD (Unión militar democrática).

22 août 1975. Un décret-loi « antiterroriste » très dur est adopté, restreignant encore plus les libertés.

18 septembre 1975. La cour de justice militaire de Madrid condamne à la peine de mort trois membres du FRAP (Concepción Tristán Lopez, María Jesús Dasca Penellas, Ramón García Sánchez) et deux membres de l’ETA (Manuel Canaveras et José Luis Sánchez Bravo). Un sixième terroriste, José Fronfria, est condamné à vingt ans d’emprisonnement.

27 septembre 1975. L’ordre d’exécution est signé par Franco, moribond. À cause des protestations internationales, les condamnés sont fusillés et non garrottés, le jour même.

1er octobre 1975. Après les exécutions, et face à la protestation tant à l’extérieur du pays qu’à l’intérieur, Franco reparle de conjuration maçonnique internationale.

12 octobre 1975. Ultime apparition publique de Franco.

14 octobre 1975. Franco est victime d’une attaque cérébrale.

Octobre 1975. Unification de la Junte démocratique et de la Plate-forme démocratique sous l’appellation la Plataforma (la Plate-forme).

La situation au Sahara occidental se dégrade. Le roi Hassan II organise la Marche verte.

20 novembre 1975. De plus en plus affecté par la maladie qui le ronge depuis 1969, Franco est victime d’un refroidissement, puis d’une hémorragie interne qui nécessite une intervention chirurgicale. Après l’opération, il entre dans un coma profond. Il est maintenu en vie artificiellement jusqu’à ce que le prince Juan Carlos accepte d’assumer les fonctions de chef de l’État. le dictateur meurt, dans son lit,  ce 20 novembre 1975 à 5 h 20 du matin

22 novembre 1975. Deux jours après la mort du dictateur, Juan Carlos est proclamé roi d’Espagne sous le nom de Juan Carlos Ier. Retour à la monarchie est également un retour à la démocratie. Juan Carlos décide en effet d’abandonner le régime comme héritage du franquisme.

 

014 LIBÉRALISATION DE L’ÉCONOMIE ESPAGNOLE MAIS RÉPRESSION TOUJOURS FÉROCE

Couverture de Charlie Hebdo de Cavanna:  Les 6 condamnés du procès de Burgos, décembre 1970

1970

27 mai 1970. Arrestation, à Boulogne-Billancourt, de Laureano Cerrada Santos, militant et activiste anarcho-syndicaliste espagnol, pour fabrication de faux papiers. Il est emprisonné jusqu’en 1974.

4 juin 1970. Au cours d’un voyage privé en Espagne, a lieu à Madrid la rencontre du général de Gaulle et du général Franco. Grâce aux confidences de l’ambassadeur Maximo Cajal — qui assura la délicate fonction d’interprète — et du colonel Emmanuel Desgrées du Loû, aide de camp du général, nous savons les petits secrets du séjour espagnol. À propos du général Franco, en 1970 de Gaulle dira : « L’homme qui assure, au plan le plus illustre, l’unité, le progrès et la grandeur de l’Espagne. » Et il a raconté à Michel Droit : « Je lui ai dit ceci : en définitive, vous avez été positif pour l’Espagne. Et c’est vrai, je le pense. Que serait devenue l’Espagne si elle avait été la proie du communisme ? »

2 septembre 1970. Divulgation de la tenue d’un procès secret, prévu en Espagne pour juger seize indépendantistes basques.

7 novembre 1970. Cédant à la pression internationale, le gouvernement espagnol annonce que le procès des militants d’ETA sera public.

Décembre 1970. Des militants du MIL (Mouvement ibérique de libération) participent à la grève de l’usine Harry-Walker, qui dure soixante-deux jours et qui est l’une des plus dures de cette époque.

3 décembre 1970. Début du procès de Burgos contre les seize militants de l’ETA. Il s’agit d’un événement historique sous le règne de Franco puisque, pour la première fois, les accusés peuvent se défendre en public en dénonçant la torture pratiquée par le régime. Un évêque est parmi les accusés.

6-7 décembre 1970. Les journalistes étrangers se font l’écho des protestations contre la torture et pour la liberté d’expression.

9 décembre 1970. Le procès se termine. Six accusés sont condamnés à la peine capitale et neuf autres doivent purger un total de 724 ans de prison. Pour sa part, la seule femme accusée est relaxée. La fin du procès ne marque toutefois pas celle des manifestations et des protestations contre le régime.

18 décembre 1970. Manifestation des ultras en faveur de Franco sur la place d’Orient, à Madrid.

30 décembre 1970. Sous la pression internationale, Franco commue les sentences de mort en peines d’emprisonnement de trente ans.

1971

Septembre 1971. L’assemblée démocratique de Catalogne se constitue, dans un local ecclésiastique.

13 septembre 1971. Grèves dans le bâtiment à Madrid.

1972

Janvier-février. Agitation estudiantine.

10 mars 1972. Violents affrontements à El Ferrol (Galice) entre 4 000 grévistes de l’entreprise Bazán et la police. Trois ouvriers sont tués, et la ville est totalement paralysée.

22 juillet 1972. Le gouvernement suspend l’autonomie des trois universités de Madrid.

15 septembre 1972. Le MIL réalise un hold-up d’un million de pesetas à la banque de Bellver de Cerdanya (province de Lérida, Catalogne) et, le 28 novembre, un autre pour un million également, au Banco Central.

15 septembre 1972. Signature d’un protocole d’accord commercial entre l’Espagne et l’URSS.

15 au 30 septembre 1972. Grève générale à Vigo (Galice).

16 décembre 1972. L’ETA séquestre l’industriel Felipe Huarte Beaumont à Pampelune (capitale de la communauté autonome de Navarre).

1973

Mars 1973. Détention de militants du PSOE en Biscaye. Grèves à Barcelone.

2 mars 1973. Le MIL « récupère » un million et demi de pesetas au Banco Hispano-Americano. Cet argent alimente les caisses de solidarité des usines en grève et aide les familles des prisonniers.

1er mai 1973. Mort d’un policier au cours d’affrontements lors de la manifestation interdite de Madrid.

11 juin 1973. Luis Carrero Blanco est nommé chef du gouvernement (c’est la première fois que le pouvoir du chef de l’État et celui du gouvernement se séparent).

21 juin 1973. Salvador Puig Antich, jeune militant appartenant au Mouvement ibérique de libération, oublie, dans un bar, une sacoche contenant des documents compromettants. La police peut alors localiser les planques du MIL. Une vague d’arrestations s’ensuit.

25 septembre 1973. Arrestation de Salvador Puig Antich, qui va rejoindre deux de ses camarades en prison, José Luis Pons Llobet et son amie Maria Mateos Fernández.

20 décembre 1973. Assassinat à la voiture piégée, à Madrid, de l’amiral Luis Carrero Blanco, revendiqué par l’ETA. Rue Claudio Coello, à Madrid, sa voiture fait un bon par-dessus le bâtiment pour aller atterrir sur le toit d’un édifice appartenant à la congrégation des jésuites.

20 décembre 1973. Ouverture du procès des dix syndicalistes de la confédération des Commissions ouvrières (1 001). Le verdict prononcé le 27 décembre est très dur, avec des condamnations allant de six à douze ans d’emprisonnement pour appartenance à un syndicat illégal. Mais les avocats de la défense vont batailler, arguant que l’association ouvrière est un droit dans les autres pays, et vont réussir à ramener (après des manifestations et un soutien international) les peines à quatre et deux ans.

1974

Léo Ferré écrit L’Espoir :

« (…)Dans le ventre des Espagnoles

Il y a des armes toutes prêtes, toutes prêtes

Et qui attendent (…) »

7 et 8 janvier 1974. Ouverture du procès du MIL.

24 février 1974. L’évêque de Bilbao, Mgr Antonio Añovero, est accusé de lancer des attaques subversives contre l’unité nationale.

2 mars 1974. Salvador Puig Antich est garrotté à la prison Modelo de Barcelone, à l’âge de 26 ans (il sera le dernier condamné à subir ce supplice).

3 mai 1974. Enlèvement de Baltasar Suárez, directeur de la succursale parisienne du Banco de Bilbao. L’action, revendiquée par les GARI (Groupes d’action révolutionnaires internationalistes), provoquera de nombreuses arrestations dans les milieux activistes libertaires en France et en Espagne.

Juin 1974. Destitution du lieutenant général Manuel Diez Alegría, chef du haut état-major de l’armée, qui s’est opposé à l’utilisation de l’armée à des fins politiques.

Juillet 1974. Formation de la Junta democrática, qui intègre le Parti communiste espagnol, le Parti socialiste populaire, le Parti du travail espagnol, l’Alliance socialiste et des personnalités individuelles.

11 au 11 octobre 1974. Au XIIIe congrès du PSOE, Felipe González est élu secrétaire général.

24 septembre 1974. Eva Forest, militante antifranquiste, est arrêtée lors d’une manifestation de soutien aux grèves des mineurs des Asturies, suite à l’attentat contre Carrero Blanco, et transférée à Madrid. Elle ne sera libérée que le 1er juin 1977, sous la pression internationale.

013 LUTTE CONTRE LE POUVOIR FRANQUISTE EN ESPAGNE

Affiche Union syndicale antifranquiste en exil (1947)

1960

5 janvier 1960. L’anarchiste Francisco Sabaté, dit « el Quico », est abattu dans le quartier de Sant Celoni de Barcelone.

1er mai 1960. La manifestation de la HOAC (Hermandad obrera de acción católica, Fraternité ouvrière d’action catholique) est interdite à Madrid.

30 mai 1960. Pétition signée par 339 prêtres basques protestant contre l’absence de liberté et les mauvais traitements policiers.

Août 1960. Réunie en congrès à Limoges, la CNT en exil adopte une motion qui renvoie la réunification aux décisions des fédérations locales. Déterminés à s’engager sur la voie de l’unité, trois membres influents du Secrétariat intercontinental (SI) Roque Santamaría, José Borrás et Marcelino Boticario parviennent à vaincre les résistances et à engager le processus.

26 septembre 1960. La loi contre le banditisme et le terrorisme est adoptée en Espagne.

Novembre 1960. Un meeting en faveur de l’unité, présidé par Cipriano Mera, se tient au théâtre de l’Alhambra de Paris.

1961

Septembre 1961. Grèves dans les entreprises importantes basques et dans les hauts-fourneaux.

Octobre 1961. Le PCE, le PSOE et le FLP (Front de libération populaire) créent la FUDE (Fédération universitaire démocratique espagnole) à Madrid, pour que les étudiants et les ouvriers s’unissent contre la dictature.

Août-septembre 1961. Le congrès de Limoges entérine la réunification de la CNT et engage l’organisation dans une stratégie à deux volets : revitalisation de l’Alliance syndicale CNT-UGT-STV.

2 novembre 1961. Un décret émanant du gouvernement dirigé par Michel Debré, et signé Roger Frey, interdit les principales publications de l’exil espagnol : Solidaridad Obrera, CNT, España libre et El Socialista. Pour contourner cette interdiction, Solidaridad Obrera et CNT seront « hébergées » par la CNT française et paraîtront dès lors sous les titres Le Combat syndicaliste (Paris) et Espoir (Toulouse), publications bilingues.

1962

1er janvier 1962. Mort de Diego Martínez Barrio, à Paris. Leader du parti républicain libéral et Premier ministre en juillet 1936, il avait tenté de négocier avec les militaires soulevés, mais avait échoué dans son projet.

Février 1962. Début des grèves en Guipúzcoa (Pays Basque) et dans d’autres régions d’Espagne; manifestations et assemblées des universités de Madrid et de Barcelone : de nombreux étudiants sont arrêtés.

12 février 1962. Mort à Mexico d’Indalecio Prieto, dirigeant du PSOE.

7 avril 1962. Début, dans les Asturies, de grèves qui dureront jusqu’en juin. Elles vont s’étendre au Pays Basque, à León, à la Galice et à l’Andalousie.

Mai/juin 1962. Les grèves se propagent à Barcelone et à Madrid. Le gouvernement proclame l’état d’exception dans les Asturies, en Biscaye et en Guipúzcoa. Apparition des Commissions ouvrières.

5 au 8 juin 1962. En pleine grève des mineurs asturiens, se réunissent à Munich 118 délégués espagnols venant de l’intérieur du pays et de l’exil. Ils représentent les tendances politiques : monarchistes, libéraux, démocrates, socialistes, sociaux-démocrates, nationalistes basques et catalans, sous la haute autorité de Salvador de Madariaga (1886-1978, diplomate, écrivain, homme d’État et pacifiste espagnol), qui conclut la réunion en affirmant : Hoy ha terminado la guerra civil (Aujourd’hui s’achève la guerre civile). Une résolution, adoptée à l’unanimité, estime que l’intégration de l’Espagne à l’Europe doit être soumise à l’acceptation des principes de démocratie et des droits de l’homme. Les délégués reprennent, en une motion en cinq points, les exigences d’ouverture et de respect de la personne humaine, les libertés syndicales et politiques.

Août 1962. Nouvelles grèves dans les Asturies.

29 septembre 1962. Afin d’attirer l’attention internationale sur le sort de Jorge Conill, étudiant libertaire condamné à mort, un groupe de jeunes anarchistes italiens organisent, à Milan, l’enlèvement du vice-consul honoraire d’Espagne, Isu Elías. Sur pression du Vatican, la condamnation à mort de Conill sera commuée.

Octobre 1962. Création du syndicat Alianza sindical obrera (ASO).

7 novembre 1962. Julián Grimau, militant communiste, est arrêté à Madrid sur l’accusation de tortures et d’assassinats à Barcelone durant la guerre civile.

1963

20 avril 1963. Exécution à Madrid de Julián Grimau, fusillé pour faits de guerre entre 1936 et 1939.

Printemps et été 1963. Période marquée, en Espagne, par une deuxième vague de mobilisation ouvrière contre le régime franquiste, notamment en août dans les Asturies.28 juin 1963. L’Espagne signe l’accord général international sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).

29 juillet 1963. À Madrid, une bombe explose dans les locaux de la DGS (Dirección general de seguridad), le siège des services répressifs du régime, causant une vingtaine de blessés parmi les personnes présentes à la section des passeports, mais aucun mort.

7 août 1963. L’anarcho-syndicaliste Ramón Capdevila dit « Caraquemada », combattant de la République et résistant (commandant Raymond, spécialiste en explosifs, il commanda deux cents maquisards espagnols qui anéantirent la garnison responsable du massacre des habitants d’Oradour. Ils rejoignirent ensuite le bataillon « Libertad »), est tué à Castellnou de Bages (province de Barcelone), lors d’une fusillade avec des gardes civils. Il avait été passeur d’hommes entre l’Espagne et la France pour la CNT, dans la lutte clandestine contre Franco.

13 août 1963. Après une enquête menée tambour battant et un procès sommaire instruit par un Conseil de guerre, Francisco Granados et Joaquin Delgado, accusés à tort d’avoir, le 29 juillet 1963, posé la bombe dans les locaux de la DGS, sont condamnés à la peine capitale et exécutés par le procédé du « garrot vil » le 17 août.

Septembre 1963. A la suite d’actions de protestation contre l’exécution de Delgado et Granado organisées par la FIJL, la police française procède à de nombreuses arrestations, dont celle de Cipriano Mera.

Octobre 1963. Cent deux intellectuels protestent contre les mauvais traitements infligés aux mineurs grévistes.

Décembre (1963-1977). Promulgation de la loi de création du Tribunal d’ordre public (TOP), par le ministre de l’Information et du Tourisme, Fraga Iribarne. Le dit tribunal avait pour objectif la répression de l’opposition politique et prononçait des sentences très radicales contre les ouvriers et les étudiants.

28 décembre 1963. En Espagne, les bases de la Sécurité sociale sont posées.

1964

En protestation à l’exécution de Julián Grimau, Léo Ferré écrit la chanson Franco la muerte.

1er janvier 1964. Le premier « Plan de développement économique et social » entre en application en Espagne.

2 juillet 1964. La CEE (Communauté économique européenne) décide d’entamer des négociations pour l’entrée de l’Espagne.

31 juillet 1964. La Renfe (compagnie de chemins de fer espagnole) obtient de la banque mondiale un prêt de 65 millions de dollars.

2 septembre 1964. Élection à Madrid de la première commission du syndicat des Commissions ouvrières du métal. Intensification des grèves et conflits sociaux.

Parution en exil du premier numéro de Mujeres Libres (trilingue). 47 numéros suivront jusqu’en décembre 1976.

 

 

1965

 

Janvier 1965. Manifestations et assemblées estudiantines. Plusieurs professeurs sont suspendus de leur chaire quelques mois plus tard.

 

Mars 1965. Manifestations à Barcelone en soutien à l’abbé de Montserrat (Catalogne), qui doit s’exiler sous les pressions du gouvernement.

 

19 décembre 1965. Espagne ; Le code pénal fait la distinction entre grèves économiques et grèves politiques.

1966

1er mars 1966. Des pourparlers débutent avec l’Angleterre pour l’avenir de Gibraltar.

9 mars 1966. L’assemblée du Syndicat démocratique universitaire se tient au couvent des Capuchinos de Sarriá (Barcelone). La police donne l’assaut, ce qui provoque une série de grèves dans les principales universités du pays.

18 mars 1966. Le régime franquiste ne parvient plus vraiment à juguler le mécontentement généralisé. Il accorde donc quelques concessions telles que la libéralisation partielle de la presse, avec la promulgation de la loi sur l’information et la presse.

Mars-avril 1966. Grèves à Madrid et dans les Asturies.

30 avril 1966. Le gouvernement ferme l’université de Barcelone.

Enlèvement de monseigneur Marcos Ussía, conseiller ecclésiastique de l’ambassade espagnole du Vatican par des militants du groupe « 1er mai ». Le communiqué de l’agence italienne précisait que le prélat espagnol avait été enlevé par un commando anarchiste qui exigeait la libération de tous les prisonniers politiques incarcérés en Espagne.

28 juin 1966. Manifestation à Madrid pour onze revendications élaborées pas les Commissions ouvrières et soutenues par des milliers d’ouvriers. Arrestations de responsables syndicaux.

22 juillet 1966. Saisie du journal ABC pour l’article de Luís María Ansón : La monarquía de todos.

22 novembre 1966. Présentation de la Ley orgánica del Estado (loi organique de l’État), qui définit la séparation des charges du chef de l’État et du chef du gouvernement. Mais Franco continuera à contrôler les deux jusqu’à sa mort. Cette loi est adoptée le 14 décembre de la même année.

1967

27 janvier 1967. Journée des Commissions ouvrières. Grèves et manifestations soutenues par les étudiants.

Avril-mars 1967. Le climat social se détériore de plus en plus et les conflits s’accentuent à Madrid, Barcelone, dans les Asturies et en Biscaye.

21 avril 1967. L’état d’exception est déclaré en Biscaye.

1er mai 1967. Nombreuses arrestations dans les grandes cités ouvrières.

21 septembre 1967. Luis Carrero Blanco est nommé vice-président du gouvernement.

27 octobre 1967. Journée des Commissions ouvrières débouchant sur de sérieux affrontements avec les forces de l’ordre.

1968

28 mars 1968. Le gouvernement franquiste ferme pour un temps indéfini l’université de Madrid.

Mai 1968. À Paris, l’agitation étudiante à la suite de l’occupation de la Sorbonne par les forces de l’ordre s’étend, et les affrontements sont quotidiens entre policiers et étudiants. Bientôt, la classe ouvrière va se joindre au mouvement, paralysant tout le pays. Les exilés espagnols et leurs descendants seront de ce mouvement populaire.

31 mai 1968. Saisie du journal Diario de Madrid.

Juillet 1968. Grandes révoltes au Pays Basque après l’interdiction des messes et des cortèges funèbres devant accompagner la dépouille du jeune militant de l’ETA Francisco Javier Echevarriete, tué par la garde civile.

5 juillet 1968. Mort d’Enrique Plá y Deniel, inconditionnel du soulèvement national et du régime franquiste, évêque d’Ávila, puis de Salamanque, archevêque de Tolède en 1941 et cardinal en 1946.

2 août 1968. Des indépendantistes basques de l’ETA assassinent Melitón Manzanas, chef de la police politique de la province de Guipozcoa (la médaille d’or du mérite civil sera décernée à titre posthume à ce tortionnaire, serviteur zélé de la dictature).

Octobre 1968. Affrontements entre métallurgistes et forces policières à Madrid.

1969

17 janvier 1969. Grèves universitaires : le rectorat de l’université de Barcelone est pris d’assaut par la police.

21 janvier 1969. L’étudiant Enrique Ruano Casanova, détenu par la brigade politique et sociale, se jette par-dessus le balcon et meurt. Il s’ensuit de grandes manifestations.

25 janvier 1969. Le gouvernement déclare l’état d’exception dans tout le pays. Cette situation va se prolonger jusqu’au 25 mars 1969.

7 juin 1969. Fermeture totale de la frontière avec Gibraltar.

23 juillet 1969. Au lendemain de sa désignation comme successeur de Franco à la tête de l’État avec le titre de prince d’Espagne, Juan Carlos de Bourbon prête serment devant les Cortes, en présence du dictateur.

30 octobre 1969. En Espagne, les technocrates arrivent au pouvoir. Malgré l’enfermement du régime, ces spécialistes du développement économique libéral mettent en œuvre une politique économique audacieuse : assainissement des finances, libéralisation de l’appareil économique, ouverture du pays aux capitaux étrangers, développement d’une industrie compétitive, investissements touristique

012  FRANCO, UN ALLIE POUR LA GUERRE FROIDE

Affiche Comité Louis Lecoin (France)

1950

1949-1950. Accroissement de l’activité des groupes armés en Catalogne. Parmi ceux-ci, ceux de José Luis Facerías et de « Quico » Sabaté, qui se spécialisent dans la guérilla urbaine, deviennent mythiques. De leur côté, « Caraquemada » et Massana développent une guérilla rurale. D’autres groupes font leur apparition, comme « Los Maños ». On chiffre à environ 300 les activistes venus de France, de 1946 à 1949, pour participer à ces groupes. Mais les revers sont nombreux et les pertes très lourdes.

9 janvier 1950. Wenceslao Jimenez Orive, chef du groupe Los Maños, grièvement blessé à Barcelone, avale une capsule de cyanure pour ne pas tomber vivant dans les mains de la police franquiste.

2 mars 1950. Les États-Unis désignent un nouvel ambassadeur à Madrid.

27 avril 1950. Ouverture par Gilbert Trigano (résistant communiste français) et Gérard Blitz (Diamantaire belge) du premier Club Méditerranée à Palma de Majorque, aux Baléares.

9 mai 1950. L’entreprise automobile SEAT, fondée par la firme italienne Fiat à la demande du gouvernement franquiste, s’installe à Barcelone.

7 septembre 1950. Déclenchement en France de l’opération Boléro-Paprika : importante vague d’arrestations et d’expulsions dans les milieux de gauche et surtout communistes étrangers. La priorité, pour cause de guerre froide, est à l’anticommunisme. Cette opération se poursuivra, par phases successives, jusqu’au 2 juillet 1951.

4 novembre 1950. L’ONU annule ses décisions antérieures relatives à l’Espagne.

10 novembre 1950. L’Espagne est admise dans l’Organisation mondiale de l’agriculture.

1951

Grève des ouvriers français et espagnols du chantier du Pont de la Reine, à Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées).

La CNT en exil (« apolitique ») renonce à la lutte armée. Dès lors, les groupes d’action qui souhaitent la poursuivre restent sans soutien logistique et financier. C’est le cas des groupes de Massana, « Quico » Sabaté, José Luis Facerías et « Caraquemada ».

Février 1951. À la suite de l’attaque, à Lyon, d’un fourgon postal par un groupe d’Espagnols, « Quico » Sabaté et plusieurs responsables de la CNT en exil (« apolitique ») – José Peirats, Pedro Mateu et José Pas-cual – sont arrêtés et malmenés.

1er au 5 mars 1951. Grève à la compagnie de tramways de Barcelone. Déclenchée en    protestation à l’augmentation du prix du ticket, la grève s’étend et se radicalise. Elle s’étend à Badalona, Terrassa, Sabadell et Manresa et mobilise plus de 100 000 travailleurs qui pratiquent le boycottage des transports urbains. Des affrontements se produisent.

23 au 23 avril 1951. Mouvements de grève au Pays Basque.

Mai 1951. Grève blanche (boycott des transports et des spectacles) à Madrid et dans d’autres grandes villes espagnoles.

19 juillet 1951. L’amiral Carrero Blanco est nommé par Franco ministre et sous-secrétaire à la présidence.

1952

6 février 1952. Un conseil de guerre se réunit à Barcelone. Neuf condamnations à mort sont prononcées.

22 février 1952. « Onze camarades condamnés à mort en Espagne : sauvez-les ! »

Meeting salle Wagram, à Paris, organisé par la CNT espagnole en exil et soutenu par les intellectuels français pour la libération des prisonniers arrêtés par la police franquiste suite aux grèves de mars 1951. André Breton, le père du surréalisme, prononce un réquisitoire célèbre contre la dictature et fait l’éloge de ces combattants de la liberté. En 1953, Léo Ferré écrit la chanson Le flamenco de Paris, en hommage à ces Espagnols exécutés.

14 mars 1952. Les cinq anarchistes condamnés à mort, Gines Urrea Pina, Jorge Pons Argeles, José Perez Pedrero, Pedro Adrover Font, Santiago Mir Gruana sont exécutés à 6 h 15 du matin, dans la « prison officine policière chargée de rechercher des renseignements politiques et sociaux sur les suspects. »

28 février 1953. La police franquiste arrête 50 militants du PSOE, dont un (Tomás Centeno Sierra) meurt dans les cachots de la Direction générale de la sécurité à Madrid, portant des marques de torture.

27 août 1953. Concordat entre l’Espagne et le Vatican. La religion catholique est reconnue religion d’État.

26 septembre 1953. Signature du Pacte hispano-américain, appelé pacte de Madrid. L’Espagne franquiste se trouve légitimée par les États-Unis.

29 octobre 1953. Congrès de la Phalange à Madrid.

3 au 5 décembre 1953. Grèves à Bilbao.

1954

Décembre 1954. Nouvelle entrevue, officielle cette fois, entre Franco et Juan de Bourbon, père de Juan Carlos, à Cáceres, en Extrémadure. Les deux hommes conviennent que Juan Carlos entrera en juillet 1955 comme cadet à l’académie militaire de Saragosse. Promu lieutenant d’infanterie en juin 1957, Juan Carlos sera reçu au palais du Prado par le Caudillo.

1955

14 décembre 1955. L’Espagne, l’Italie et le Portugal entrent à l’ONU avec l’approbation de tous les pays excepté le Mexique.

1956

8 au 11 février 1956. À Madrid, les étudiants manifestent dans la rue. En représailles, le recteur, le ministre de l’Éducation et celui de la Justice sont destitués. Beaucoup d’étudiants et d’intellectuels sont arrêtés et incarcérés.

7 avril 1956. L’Espagne reconnaît l’indépendance du Maroc.

9 au 16 avril 1956. Grèves en Catalogne et au Pays Basque.

15 novembre 1956. Mort, à Paris, de Juan Negrín López, ancien président du gouvernement de la Seconde République de 1937-1939.

1957

Janvier-février 1957. Grève des tramways et tentative de grève générale à Barcelone.

Février 1957. Grèves des étudiants à Madrid et à Barcelone.

7 au 23 mars 1957. Grève des mineurs aux Asturies.

22 mars 1957. Loi répressive contre les mouvements de grève.

30 août 1957. José Luis Facerías est abattu par la Brigade politico-sociale, à Barcelone.

1958

Mars 1958. Les mineurs asturiens déclarent la grève générale. Les mouvements de mécontentement se radicalisent et touchent le Pays Basque et le Levant (Valence).

21 mars 1958. Grèves dans les universités de Madrid, Barcelone, Séville et Saragosse.

28 mars 1958. L’Espagne est admise à l’OECE (Organisation européenne de coopération économique).

24 avril 1958. Adoption de la loi dite de « responsabilité collective ».

17 mai 1958. Adoption des principes fondateurs du « Mouvement national », héritier du programme de la Phalange.

4 juillet 1958. Entrée de l’Espagne au FMI (Fonds monétaire international) et à la Banque mondiale.

7 novembre 1958. Arrestation d’Antonio Amat, dirigeant du PSOE. Son procès a lieu en présence d’observateurs internationaux et devient un réquisitoire contre la dictature.

1959

1er avril 1959. Franco inaugure le monument du Valle de los Caídos, près du palais de l’Escorial. Ce monument commémoratif a été construit par les prisonniers de la guerre civile. Nombre d’entre eux sont morts lors de ces travaux forcés. Sous l’immense croix de 150 m de haut, la basilique est creusée à même la montagne. Où Franco sera enterré aux côtés de José-Antonio Primo de Rivera.

30 juillet 1959. Promulgation de la loi sur l’Ordre public, qui renforce le pouvoir de la police.

31 juillet 1959. Création de l’ETA (organisation armée basque) par les dissidents de Ekin-Taldea (groupe d’action formé en 1952 par des étudiants basques de l’université jésuite de Deusto, en Biscaye, qui s’unirent à leur tour, en 1953, avec une organisation de Guipúzcoa, sur les mêmes bases politiques).

21 décembre 1959. Le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, est reçu par Franco à Madrid.

Décembre 1959. VIe congrès du PCE, à Moscou, confirme la politique de réconciliation nationale et élit à la présidence Dolores Ibarruri et Santiago Carrillo au secrétariat général.

011 APRÈS LA LIBÉRATION, S’ORGANISER DANS L’EXIL.

Années 50, meeting CNT espagnole à la Mutualité Paris

1945

Septembre 1945. Création du gouvernement de la République espagnole en exil, qui va se maintenir jusqu’en 1977, même sans aucun pouvoir. José Giral le dirige. Il y aura une succession de gouvernements, suivant le résultat des élections organisées dans l’exil.

15 septembre 1945. Georges Bidault signe un accord économique avec Madrid.

13 octobre 1945. Adoption des statuts et création de la FEDIP (Fédération espagnole des déportés et internés politiques) à Toulouse. Francisco Largo Caballero, déporté à Sachsenhausen-Orianenbourg, en sera le président d’honneur jusqu’à sa mort.

2 novembre 1945. Les exilés politiques espagnols reçoivent le statut de réfugié politique. Ils auraient dû bénéficier des mêmes pensions, décorations, ou citations que celles attribuées aux Français.

1946

La CNT en exil (« apolitique ») envoie des groupes de guérilleros en Espagne. Parmi ceux-ci, le plus actif est celui de Marcelino Massana, qui compte dans ses rangs José Luis Facerías, les frères Sabaté (Manuel et Francisco, dit « Quico ») et Ramón Vila Capdevila, dit « Caraquemada».

27 janvier 1946. Grève générale à Manresa, ville située près de Barcelone.

9 février 1946. Condamnation du régime franquiste par l’ONU.

22 février 1946. Cristino García, guérillero communiste, est fusillé à Madrid. Il avait été arrêté le 9 février 1946 et incarcéré à la prison de Carabanchel, à Madrid.

1er mars 1946. Fermeture de la frontière entre la France et l’Espagne.

23 mars 1946. Francisco Largo Caballero meurt en exil à Paris. Il est inhumé alors dans la 97e division du cimetière du Père-Lachaise. En 1978, sa dépouille est transférée à Madrid et plus de cinq cent mille personnes assistent à ses funérailles en terre espagnole.

14 avril 1946. Grand meeting à la Mutualité du Mouvement Libertaire en Exil (MLE) qui commence à neuf heures du matin et se poursuit toute la journée.

20 mai 1946.  Parution du N° 1/1ère époque du journal de la FEDIP Hispania. Il annonce le décès de Francisco Largo Caballero et publie les premières listes des déportés espagnols morts en déportation.

17 août 1946. Arrestation de Facerías, coordinateur des activités clandestines à Barcelone. Il est remplacé par Liberto Sarrau.

9 décembre 1946. À Madrid, manifestation de soutien au régime franquiste et en réaction à la décision de l’ONU.

1947

27 janvier 1947. Rodolfo Llopis Ferrándiz (socialiste du PSOE, député d’Alicante sous la Seconde République, membre du comité   exécutif de l’UGT et secrétaire de Largo Caballero, alors Premier ministre) est nommé à la présidence de la République en exil, en remplacement de José Giral. Il forme un gouvernement avec toutes les tendances de l’exil, anarchistes et autonomistes basques compris.

2 février 1947. Le Vatican reconnaît l’Opus Dei comme institution séculière.

Février 1947. José Giral est remplacé par Rodolfo Llopís à la tête du gouvernement républicain en exil. La CNT (Intérieur) y est représentée par Luis Montoliú. Démissionnaire en août de la même année, le gouvernement Llopís sera le dernier à compter dans ses rangs une représentation de la CNT.

Avril 1947. L’Espagne devient officiellement une monarchie sans roi.

1er mai 1947. Une grande grève éclate en Biscaye (Pays Basque).

5 juin 1947. Entrée en vigueur du plan de reconstruction européenne dit plan Marshall, financé par les États-Unis, proposé par le secrétaire d’État américain George Marshall.

6 juillet 1947. Promulgation en Espagne de la ley de represión de bandidaje y terrorismo. Ces textes dressent un inventaire de conduites considérées comme délictueuses et permettent à la police la plus large initiative.

Juillet-septembre 1947. Attaques multiples de la guérilla en Aragon.

Fin août 1947. Alvaro de Albornoz remplace Llopis et forme un gouvernement sans les séparatistes basques et sans les anarchistes, les communistes et les socialistes de l’UGT, espérant ainsi obtenir le soutien des puissances mondiales face à Franco. Cela s’avère inutile, la dictature de l’Espagne devient un rempart contre l’URSS.

22 au 27 septembre 1947. Formation, dans les pays de l’Europe de l’Est, du Kominform (contraction, en russe, de Bureau d’information des partis communistes), regroupement des partis communistes ouvriers, en riposte au plan Marshall et pour meilleur contrôle de Moscou.

Octobre 1947. Congrès de Toulouse de la CNT en exil (« apolitique »). Il y est décidé la création d’une Commission de défense chargée de coordonner l’activité insurrectionnelle en Espagne.

15 au 18 octobre 1947. Échec de la rencontre à Londres entre José María Gil Robles Quiñones et Indalecio Prieto Tuero patronnée par le ministre des Affaires étrangères anglais Ernest Bevin, afin de tenter de rapprocher les différentes forces politiques opposées au régime de Franco. Le gouvernement républicain en exil cesse d’avoir une représentation politique réelle, et les démocraties européennes se tournent vers Franco.

1948

10 février 1948. Réouverture de la frontière franco-espagnole.

17 mars 1948. La Grande-Bretagne, la Belgique, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas signent à Bruxelles un traité d’Union occidentale portant à la fois sur la coopération militaire, économique, sociale et culturelle.

2 avril 1948. Le président des États-Unis, Harry Truman, inclut l’Espagne dans les bénéficiaires du plan Marshall.

12 septembre 1948. Tentative d’attentat aérien contre Franco à San Sebastián, orchestrée par Primitivo Gómez, José Pérez et Antonio Ortiz. Un avion Norécrin, chargé de bombes, survole la baie de San Sebastián avec l’intention de les larguer sur la tribune du Club nautique, où Franco préside les régates. Repéré et poursuivi par quatre avions de chasse, le Norécrin rebrousse chemin.

Octobre 1948. Le PCE renonce à la lutte armée et décide de militer dans les syndicats légaux.

8 novembre 1948. Juan Carlos de Bourbon, petit-fils d’Alfonso XIII, revient à Madrid pour y commencer ses études.

010 LA LIBÉRATION DES CAMPS

Accueil de l’armée américaine avec la banderole confectionnées clandestinement par les Espagnols -5-mai-1945 (photo de reconstitution de la scène le 7 mai 45 )

Les républicains espagnols auront été les premiers prisonniers déportés en Allemagne depuis le territoire français. Ils ont rencontré et combattu l’horreur en organisant la résistance clandestine à l’intérieur des camps et en préservant leur dignité.

5 mai 1945. Libération du camp de Mauthausen par les forces américaines.

8 mai 1945. Signature de la capitulation du IIIe Reich à Berlin.

Ce même jour, les populations du Constantinois, à Sétif et à Guelma, en Algérie, manifestent pour la reconnaissance de leurs droits. Ces rassemblements seront punis par une des répressions les plus sanglantes de l’histoire coloniale française, par la suite « collectivement et délibérément occultée ». En 2005, alors que les débats continuent sur le nombre de victimes occasionnées par les colons (1 500 à 45 000 morts), l’ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, a, pour la première fois depuis 1945, qualifié cet épisode, jusqu’alors resté « discret », de « tragédie inexcusable ».

25 mai 1945. La France veut entraîner les gouvernements alliés à réclamer la démission de Franco.

14 juin 1945. Dans son numéro 38, Solidaridad Obrera commence à publier les listes des espagnols morts dans les camps de concentration nazis.

Ces listes seront présentes dans le journal jusqu’au numéro 60 du 24 mars 1946.

Juillet 1945. À Potsdam (Allemagne), Truman (devenu président des États-Unis à la mort de Roosevelt), Churchill et Staline condamnent Franco et son régime.

Août 1945. Première réunion pour la création de la FEDIP (Fédération espagnole des déportés et internés politiques).

Août 1945. La désignation de Horacio Prieto et de José Leiva comme représentants de la CNT au gouvernement républicain dirigé par José Giral provoque de fortes tensions.

6 août 1945. Alors que le Japon semble vaincu et prêt à capituler, à 8 h 16 (heure locale), la bombe atomique Little Boy est larguée par le B-29 Enola Gay piloté par Paul Tibbets et explose à Hiroshima. La ville est rasée : 70 000 personnes meurent immédiatement.

8 août 1945. Accords de Londres entre le gouvernement provisoire de la République française et les gouvernements des États-Unis, de Grande-Bretagne et de l’Union soviétique concernant la poursuite et le châtiment des grands criminels de guerre des puissances européennes de l’Axe. Création du Tribunal militaire international, qui sera habilité à « juger et punir de façon appropriée et sans délai les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe » (article premier des statuts).

9 août 1945. Les Américains renouvellent l’expérience atomique sur Nagasaki, larguant la bombe Fat Man, transportée par le B-29 Bockscar, piloté par Charles Swenney. Elle explose à 11h06, causant la mort immédiate de 40 000 personnes.

17 août 1945. Démission de Juan Negrín López de son poste de président du gouvernement républicain espagnol en exil. Les Cortes désignent Diego Martínez Barrio comme président de la République par intérim et José Giral Pereira comme président du gouvernement.

 

09 LES CAMPS, LE FRONT, LA RÉSISTANCE

La section Ebro commandée par Miguel Vera maquis des Glières, Haute-Savoie

1941

La CNT se reconstitue organiquement à partir du chantier de construction du barrage hydraulique de l’Aigle (Corrèze), où presque tous les travailleurs espagnols, intégrés au Groupement de travailleurs étrangers (GTE), sont cénétistes.

11 février 1941. À Bordighera, en Italie, entrevue de Mussolini et de Franco, ce dernier est accompagné du ministre des Affaires     étrangères, Serrano Suñer, et du général Moscardó. Mussolini tente en vain de convaincre Franco de s’allier à l’Axe.

13 février 1941. Rencontre entre Franco et Pétain à Montpellier. Franco évite tout engagement militaire de son pays. Pétain provoque cette rencontre avec Franco afin de le convaincre de la nécessaire participation de l’Espagne au conflit. Pourtant, l’un et l’autre se méfient des visées d’Hitler sur les colonies d’Afrique et la Méditerranée. Chacun des deux protagonistes reste prudent face à l’hégémonie nazie.

Des Espagnols, arrêtés pour sabotage sur les chantiers allemands de Nantes, sont fusillés. C’est le début de la résistance espagnole en Bretagne.

28 février 1941. Mort d’Alfonso XIII en exil, à Rome.

7 juin 1941. Signature entre Franco et le Vatican d’un accord concernant la nomination des évêques, l’enseignement et le financement de l’Église.

8 juin 1941. Hitler déclenche l’opération « Barbarossa » (préparatifs de l’invasion de l’URSS).

22 juin 1941. Les troupes allemandes envahissent l’URSS.

27 juin 1941. Début du recrutement en Espagne des volontaires de la División Azul, qui va aider les armées allemandes sur le front russe (certains prisonniers républicains seront enrôlés de force).

12 août 1941. Premiers gazages de déportés du camp de Mauthausen, envoyés à la chambre à gaz du château d’Hartheim (Kommando de Mauthausen), considéré comme l’antichambre de la solution finale.

3 septembre 1941. Gazages au gaz zyklon-B, effectués sur des prisonniers de guerre soviétiques au block 11 d’Auschwitz (J.-C. Pressac indique, lui, le mois de décembre).

5 septembre 1941.  À Paris, exposition antijuive :  Le Juif et la France.

7 décembre 1941. Adoption du statut NN, Nacht und Nebel, pour les prisonniers qui doivent disparaître sans laisser de traces.

Attaque de Pearl Harbor (base américaine dans le Pacifique) par les forces aéronavales japonaises.

23 décembre 1941. Première utilisation des chambres à gaz d’Auschwitz.

 

1942

20 janvier 1942. Conférence de Wannsee, organisée par Reinhard Heydrich, sur la solution finale.

Février 1942. Début de l’extermination de masse dans les chambres à gaz d’Auschwitz. Premières expériences de la section spéciale « Héritage et ancêtres » pour l’étude du typhus exanthématique et des virus de l’institut d’hygiène de la Waffen-SS à Buchenwald.

20 février 1942. Cipriano Mera, maçon, anarchiste, commandant l’un des corps d’armée défendant Madrid pendant la guerre civile, est extradé de la France vers l’Espagne, où il est condamné à mort. Sa peine est commuée en années de prison.

22 février 1942. Premier convoi de déportés espagnols arrive au camp de concentration d’Aurigny (îles anglo-normandes).

27 mars 1942. Premier convoi de 1 112 Juifs de France pour Auschwitz.

7 mai 1942. Des résistants espagnols provoquent l’incendie des réserves de carburant de Brianne (Gironde) ; le dépôt brûle pendant trois jours.

4 juin 1942 : Mort de Reinhard Heydrich,(nazi fanatique et implacable, vice-gouverneur du Reich en Bohême-Moravie) à Prague suite à un attentat perpétré par deux résistants tchèques, venus de Londres avec cette mission (Jozef Gabčík, Slovaque, et Jan Kubiš, Tchèque)

16 juillet 1942. Rafle du « Vel’d’hiv 35 », organisée à Paris par le gouvernement de Vichy, qui envoie 9 000 policiers et gendarmes français participer à cette rafle dont le nom de code est « Vent printanier ». La police française fournit un fichier détaillé des Juifs de la capitale qu’elle avait établi en 1940. À 4 heures du matin, le 16 juillet 1942, 12 884 Juifs sont arrêtés, dont 4 051 enfants et 5 802 femmes. Cependant, certaines personnes, prévenues de la rafle, parviennent à s’enfuir.

24 juillet 1942. Juan Peiró Beltis, ancien ministre anarchiste de l’Industrie du gouvernement Largo Caballero, est arrêté en France par la Gestapo avec la complicité de la police espagnole infiltrée en France et remis à Franco, est fusillé à Valencia.

20 août 1942. Début de la bataille de Stalingrad.

25 août 1942. La 2e Brigade de guérilleros espagnols, créée en juillet 1942, entreprend son premier sabotage ferroviaire, près de Toulouse. Le trafic est arrêté pendant près de vingt-quatre heures.

4 septembre 1942. Instauration en France du STO (Service du travail obligatoire) pour les jeunes gens de 20 à 23 ans.

14 octobre 1942. Ponzán (François Vidal, militant de la CNT à la tête d’un réseau de passeurs dans la Résistance) est arrêté et interné au camp du Vernet-d’Ariège. Quelque temps après, il s’évade avec ses compagnons, grâce à l’aide du maire de Toulouse.

7 novembre 1942. Création de l’UNE (Unión Nacional Española) à Toulouse. Sous l’égide du PCE, elle regroupe des exilés espagnols de toutes tendances, animés par le désir de continuer la lutte contre le fascisme. Son programme est tourné vers sa préoccupation de restauration de la République en Espagne.

8 novembre 1942. Opération Torch : débarquement des Alliés en Afrique du Nord (Maroc et Algérie). Ce débarquement va marquer le tournant de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental, conjointement avec les victoires britanniques d’El Alamein et soviétique de Stalingrad.

11 novembre 1942. Invasion de la zone non-occupée, en France.

Novembre/décembre 1942. L’Angleterre et les États-Unis offrent des garanties de reconnaissance à l’Espagne de Franco, en échange de son aide.

1943

30 janvier 1943. Création de la milice française par le gouvernement de Vichy pour lutter contre le “terrorisme”. Sous la responsabilité de Pierre Laval, elle est aux ordres de son secrétaire général,Joseph Darnand.

2 février 1943. Capitulation des armées allemandes à Stalingrad.

7 mai 1943. Capitulation des armées allemandes en Afrique.

10 juillet 1943. Débarquement des Alliés en Sicile.

24 août 1943 : Création de la 2e Division Blindée commandée par le général Leclerc et création de la Nueve

23 octobre 1943. Près d’un an après le débarquement des Alliés, le décret Crémieux est rétabli, en Algérie.

Novembre 1943. La JEL (Junta Española de Liberación) est créée à Mexico par le PSOE.

3 novembre 1943. Retrait de la División Azul du front russe ; certains volontaires sont autorisés à rester dans la SS.

15 décembre 1943. Les résistants espagnols détruisent plusieurs pylônes de la ligne électrique à haute tension qui alimente Clermont-Ferrand.

Dans les maquis.

Au sein de la Résistance française, FFI, FFL, AS ou FTP, MUR et AGE, l’action des républicains espagnols est considérable pour la libération de la France. On estime à 40 000 les résistants espagnols, tous groupements confondus, sans compter le rôle important des femmes. Au fur et à mesure que les régions sont libérées, ils rejoignent les unités de l’armée pour prêter main-forte, et certains arrivent ainsi jusqu’en Allemagne

1944

1er février 1944. Sur les 90 résistants montés au plateau des Glières, en Haute-Savoie, pour réceptionner des armes parachutées par Londres, 56 sont des républicains espagnols. La plupart d’entre eux sont entrés en résistance contre l’occupant dès 1942, date où ils ont pris le maquis sous le commandement de Miguel Vera. En février 1944, ils se mettent sous les ordres de Tom Morel, lieutenant du 27e BCA (bataillon de chasseurs alpins) et chef de la Résistance sur le plateau.

19 février 1944. 1 200 internés de la centrale d’Eysses, près de Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, tentent de s’évader. Cet acte reste une des mutineries les plus importantes de la Résistance. Les Espagnols présents lors de cette insurrection vont s’illustrer par leur courage. Certains d’entre eux mourront au combat et d’autres seront fusillés pour l’exemple.

21 février 1944. Exécution des 23 résistants du groupe Manouchian (L’Affiche rouge), au mont Valérien (22 hommes sont exécutés, dont Celestino Alonso ; la seule femme, Olga Bancisc, est transférée à Stuttgart, où elle sera décapitée à la hache le 10 mai 1944).

23 février 1944. Sur ordre de Joseph Darnand, chef de la Milice, 50 otages sont choisis parmi les 1 200 résistants évadés de la centrale d’Eysses. Douze sont condamnés à mort et passés par les armes. Deux des douze fusillés étaient des républicains espagnols engagés dans la Résistance. Les noms de Serot Bernat Jaime et de Serveto Domingo Bertrand figurent sur la liste du martyrologe de la Résistance, avec la mention « Mort pour la France ». Il y eut même un troisième républicain espagnol, victime directe, lors du transfert des 1 200 résistants vers le camp de Dachau, Angel Huerga Fiero, mort le 30 mai 1944, sur la route de Penne-d’Agenais,    victime des coups violents donnés par des SS.

6 mars 1944. Offensive de l’armée soviétique en Ukraine.

10 au 11 mars 1944. Dans la nuit, dix-sept « Forteresses volantes » déversent 580 conteneurs, pendant quatre heures d’affilée, sur le plateau des Glières, soit 45 à 50 tonnes d’armes et de munitions.

12 mars 1944. Réunion clandestine de Muret (Haute-Garonne). Elle élit un comité national, dont le siège est à Toulouse. Francisco Carreño en est le secrétaire.

26 mars 1944. Après le parachutage des armes, les forces allemandes encerclent et bombardent le plateau des Glières, qui résiste (15 000 soldats allemands et miliciens français contre 465 maquisards). L’ordre de décrochage est donné ce jour.

Mai 1944. Le XIVe corps de guerilleros, formé en avril 1942 sous la bannière des FTP, se constitue en AGE (Agrupación de guerilleros españoles) sous le commandement de Luis Fernández. Il sera le bras armé de l’UNE et du PCE dans les maquis du sud de la France.

2 mai 1944. Accords économiques entre les Alliés et l’Espagne franquiste.

2 juin 1944. Le Comité français de libération nationale (CFLN) se proclame gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

6 juin 1944. Débarquement des Alliés en Normandie.

26 juin 1944. Modesto Castellví, républicain espagnol, est fusillé avec les 28 otages de Dun-les-Places (Nièvre).

1er août 1944. Débarquement en Normandie de la 2e DB du général Leclerc.

8 août 1944. Le groupe de maquisards de Rafael Cortes et les FTP libèrent Tarbes, préfecture des Hautes-Pyrénées.

12 août 1944. Libération de la ville d’Alençon par la 2e DB.

13 août 1944. Libération de la ville d’Écouché, dans l’Orne, grâce à l’engagement en avant-garde de la Nueve.

15 août 1944. Débarquement allié en Provence.

17 août 1944. Francisco Ponzán Vidal, dit François Vidal, militant de la CNT et résistant, est exécuté à Toulouse par les Allemands, dans des conditions qui restent à éclaircir.

19 août 1944. Le commandant des forces d’occupation allemandes de la ville d’Annecy se rend sans conditions avec toute sa garnison. La Haute-Savoie est déclarée premier territoire français libéré.

Libération de la ville de Foix : Les Allemands en furent chassés par l’action conjuguée des Républicains espagnols, des Maghrébins et des maquis français

Soulèvement de la résistance intérieure à Paris.

LIBÉRATION DE PARIS

 24 août 1944, à 20 h 45, un détachement de la 2e DB du général Leclerc, fort de 150 hommes, commandé par le capitaine Raymond Dronne, pénètre dans Paris par la porte d’Italie, s’enfonce dans la capitale par le pont d’Austerlitz et les quais de la Seine et, à 21 h 20, atteint l’Hôtel de Ville, où l’accueille Le Conseil national de la Résistance en la personne de Georges Bidault puis à la Préfecture où attend le général Chaban-Delmas.

 25 août 1944, Leclerc et les alliés rentrent dans Paris par la Porte d’Orléans. Et, les combats de rues ont lieu quartier par quartier contre miliciens et Allemands. Le capitaine Dronne et sa colonne ont pour mission de prendre le Central téléphonique Archives que les Allemands menacent de détruire.Ils vont dénombrer des blessés et des morts.

26 août 1944, c’est le défilé de la Victoire de l’Arc de Triomphe à Notre-Dame. La Nueve assure la protection immédiate du général De Gaulle et du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF).

24 septembre 1944. Le numéro 19 du journal Solidaridad Obrera (hebdomadaire du mouvement libertaire espagnol en exil, publie en première page un article à l’honneur des Antifascistes espagnols de la 2e DB et notamment de ceux de la Nueve avant-garde en Paris.

Dans le même numéro, sur une pleine page un communiqué commun CNT/UGT  à tous les antifascistes espagnols.

5-13 octobre 1944. Un plénum, représentant 25 000 affiliés, se réunit dans Toulouse libéré. Juan Manuel Molina (Juanel) est élu secrétaire de la CNT (Exil).

Octobre 1944. Création, sous l’impulsion de la CNT (Intérieur), de l’Alliance nationale des forces démocratiques (ANFD).

19 Octobre 1944. Tentative d’incursion massive de guérilleros à travers le val d’Aran, organisée par l’Union nationale espagnole (UNE), sous la direction du PCE. Certains libertaires y participent. L’échec est total.

Novembre 1944 – mars 1945 : Campagne d’Alsace. Ensemble des opérations menées par la Ire armée française du général de Lattre, de novembre 1944 à mars 1945, autour de Mulhouse (libérée le 20 novembre) et de Colmar (libérée le 9 février).

23 novembre 1944. La 2e DB entre dans Strasbourg, accomplissement du serment de Koufra. Les espagnols sont présents et ont payé un lourd tribut à cette victoire.

1945

10 janvier 1945. Première réunion, à Mexico, des Cortes en exil, à l’initiative de la JEL (Junta Española de Liberación).

4-11 février 1945. Conférence de Yalta. Pendant une semaine, au bord de la mer Noire, Churchill, Staline et Roosevelt se concertent sur le sort futur de l’Allemagne et du Japon, dont la défaite ne fait plus de doute, et sur le partage de l’Europe. Une stabilité diplomatique avec le gouvernement de Franco serait appréciée.

15 mars 1945. La France, par décret, accorde aux Espagnols la qualité de réfugiés.

19 mars 1945. Manifeste aux Espagnols, de Juan de Bourbon (troisième fils d’Alfonso XIII et prétendant au trône), dans lequel il expose ses idées « libérales » et prône une « monarchie démocratique ». Franco lui préférera son fils, Juan Carlos, qu’il désignera comme successeur en 1969.

31 mars 1945. Le gouvernement provisoire de la République française prend un nouveau décret pour désarmer et démilitariser tous les résistants espagnols installés en France.

15 avril 1945. Arrestation en Espagne et condamnation à mort de José Vitini et de ses compagnons, tous anciens résistants. Ils seront exécutés en juin 1945.

29 avril 1945. Dernière utilisation des gaz pour entraîner la mort au camp de Mauthausen.

30 avril 1945. Suicide d’Hitler dans son bunker.

Printemps 1945. Les libertaires du bataillon « Libertad » se distinguent dans les combats de la Pointe de Grave (Gironde).

1er -12 mai 1945. Congrès de la CNT espagnole en exil à Paris.

08 EXIL ET PRÉPARATIFS DE GUERRE.

Les républicains espagnols se retrouvent dans les maquis en France (maquis international de Frédille, dans l’Indre)

19 mai 1939. Le comité de non-intervention tient sa trentième et dernière séance après la fin du conflit. Prenant acte de son inutilité, il procédera alors à sa propre dissolution.

Mai-juin 1939. 79 compagnies militaires enrôlent chacune 250 volontaires espagnols pour travailler notamment au renforcement de la ligne Maginot.

8 juillet 1939. Arrestation, à son poste du Conseil national de défense de Madrid, du socialiste Julián Besteiro Fernández.

26 au 31 juillet 1939. À Paris, les Cortes en exil reconnaissent la JARE (Junta de Auxilio a los Republicanos Españoles), organisme créé par Indalecio Prieto depuis le Mexique pour venir en aide aux réfugiés espagnols en France.

19 août 1939. Un accord d’échange commercial est conclu entre l’Allemagne et l’Union soviétique.

22 août 1939. Chamberlain envoie à Hitler un ultime message pour éviter la guerre. En rappelant les engagements de son pays à l’égard de la Pologne, le Premier ministre britannique demande l’instauration d’une trêve afin de régler les conflits par la négociation. Le même jour, Hitler fixe le début des opérations militaires contre la Pologne au 26 du même mois.

23 août 1939. Pacte Molotov-Ribbentrop. L’URSS signe, avec l’Allemagne nazie, un pacte de non-agression pour dix ans. Un protocole secret détermine les zones d’influence soviétique et allemande en Europe   de l’Est, et notamment le partage de la Pologne.

En France, le Comité permanent de la Défense nationale est réuni : l’armée se tient prête à intervenir en cas d’agression contre la Pologne, avec des réserves en ce qui concerne l’aviation.

26 août 1939. Daladier interdit la presse communiste.

1er septembre 1939. L’Allemagne envahit la Pologne.

3 septembre 1939. La France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne.

4 septembre 1939. Franco déclare sa neutralité dans le conflit mondial.

Novembre 1939. Constitution du réseau « Pat O’Leary », filière d’évasion à travers l’Espagne, dont l’homme clé est le libertaire Francisco Ponzán. Elle permettra l’évacuation vers l’Angleterre de centaines d’aviateurs alliés, de juifs et de résistants. Ponzán sera assassiné par les nazis le 17 août 1944.

 18 novembre 1939. Un décret accentue encore la répression contre l’étranger en France, car il prévoit : « Les individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique peuvent, sur décision du préfet, être éloignés par l’autorité militaire des lieux où ils résident et, en cas de nécessité, être astreints à résider dans un centre désigné par décision du ministre de la Défense nationale et de la Guerre et du ministre de l’Intérieur ».

1er décembre 1939. Le préfet des Hautes-Pyrénées écrit, dans son rapport au ministre de l’Intérieur que, dans son département, plus aucun réfugié espagnol n’est à la charge de l’État. Il signale aussi des retours « volontaires » en Espagne.

Décembre 1939. Premières déportations de Juifs polonais dans les camps de concentration nazis, en Pologne.

14 décembre 1939 : Les conditions d’applications du décret du 18 novembre, fixées aux préfets par Albert Sarrault (ministre de l’intérieur).

1940  LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 LES EXILES ANTIFASCISTES ESPAGNOLS DANS LA TOURMENTE.

1940

Pour nombre de libertaires espagnols, le déclenchement des hostilités est perçu comme une chance à saisir et le prélude à la libération de l’Espagne. Sans consigne ni mot d’ordre, ils forment, en grand nombre, des maquis autonomes ou intègrent les rares maquis alors existants. Au cours des années qui suivront, les plus connus d’entre eux seront ceux de l’Ariège, de Dordogne, de l’Aveyron, du Cantal et des Glières en Haute-Savoie…

Une tendance minoritaire du MLE faisant foi d’orthodoxie anarchiste s’abstiendra, néanmoins, de participer à la Résistance.

18 janvier 1940. Déclaration de neutralité des pays scandinaves.

12 février 1940. Accord commercial entre l’URSS et l’Allemagne nazie pour contrer le blocus maritime. Les exportations de l’URSS vers l’Allemagne se montent à 500 millions de marks ; le dit traité est économiquement avantageux pour l’URSS, qui reçoit de l’Allemagne une grande quantité d’armement, de machines-outils et d’équipements divers, la France et la Grande-Bretagne ayant refusé de lui en livrer.

1er mars 1940. Loi franquiste de répression de la franc-maçonnerie et du communisme[1]. Les deux institutions sont interdites,  leurs partisans persécutés, emprisonnés ou assassinés pour actions subversives contre l’État.

25 avril 1940. Le 1er bureau de l’État-major de l’armée annonce que les 104 000 réfugiés espagnols recensés ont tous été astreints au service des prestations. Il en découle la  création des CTE, compagnies de travailleurs étrangers, composées essentiellement d’Espagnols réfugiés (plus de 60 000) ; d’autres sont placés dans l’industrie et l’agriculture (40 000) ou s’engagent dans la Légion étrangère (plus de 10 000) ou sont déclarés inaptes et demeurent dans les camps.

10 juin 1940. L’Italie entre en guerre contre la France.

17 juin 1940. Pétain demande l’armistice.

18 juin 1940. En exil à Londres, le général de Gaulle lance son appel à la résistance et constitue son gouvernement.

22 juin 1940. La France signe l’armistice avec l’Allemagne et l’Italie.

10 juillet 1940. L’Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, vote, à l’exception de quatre-vingts députés et sénateurs, les pleins pouvoirs à Pétain. Mise en place du gouvernement de Vichy.

06 août 1940. Le premier convoi de déportés en provenance des stalags (abréviation de Mannschaftsstamm und Straflager, camps de prisonniers de guerre) de Moosburg en Bavière, composé de 398 Espagnols. Il s’agit uniquement d’Espagnols républicains, volontaires pour servir dans l’armée française (CTE) et se battre contre le fascisme. Ils sont faits prisonniers de guerre par l’armée allemande en mai et juin 1940), arrivent au camp de concentration de Mauthausen (ouvert en 1938, classé catégorie III3). Dès lors, les républicains espagnols, déportés au camp de Mauthausen, porteront le triangle bleu des apatrides et la lettre S pour Spanien. Les républicains espagnols seront les bâtisseurs du camp dans son aspect définitif. Beaucoup y laisseront la vie.

9 août 1940. Un deuxième convoi part, pour Mauthausen, du stalag I B à Hohenstein (Pologne), avec 165 républicains espagnols.

13 août 1940. Un troisième convoi de 91 républicains espagnols part du stalag IX pour Ziegenhain (près de Francfort). Du premier au troisième convoi, il s’agit d’Espagnols des CTE (souvent supplétifs de l’armée française, engagés dans l’effort de guerre sur la ligne Maginot, dans les Vosges, ou une autre partie du front…), arrêtés et internés dans des stalags en tant que prisonniers de guerre. Sur ces déportés de la première heure, très peu reviendront (respectivement, dans chaque convoi 63 %, 71 % et 83 % de disparus).

20 août 1940. Arrestation des Espagnols du camp d’Angoulême (en zone occupée). « À mesure, la menace se précisait (…) Les Allemands encerclèrent le camp et nous conduisirent à pied à la gare. Nous fûmes entassés dans des wagons comme des animaux, puis emmenés au supplice le plus tragique de notre vie. Pour moi, il y eut complicité entre les xénophobes français, les autorités espagnoles franquistes et les Allemands… » (propos de Luis Nates, rescapé) .

24 août 1940. Le convoi d’Angoulême arrive au camp de Mauthausen ; 430 hommes et adolescents sont internés. Les femmes et les enfants sont rapatriés de force chez Franco, après trois jours d’enfermement dans les wagons. Beaucoup disparaîtront dans les prisons franquistes.

25 septembre 1940. En accord avec les autorités franquistes, sortie d’une circulaire allemande qui prévoit la déportation systématique des Républicains espagnols.

27 septembre 1940. Julián Besteiro, socialiste membre du conseil national de Casado à la fin de la guerre, meurt d’épuisement dans sa cellule de Carmona (Séville).

3 octobre 1940. Mise en place par le gouvernement de Vichy du premier statut des Juifs.

7 octobre 1940. Abrogation du décret Crémieux de naturalisation collective des Juifs d’Algérie. Après plus de soixante-dix ans, ces derniers cessent d’être français.

11 octobre 1940. Création des groupements de travailleurs étrangers (GTE), qui regroupent chacun plusieurs compagnies (CTE).

15 octobre 1940. Après un simulacre de procès Lluís Companys, président de la Généralité de Catalogne, est fusillé au fort de Montjuic (Barcelone). Réfugié en France en 1939, il avait été livré à Franco en août 1940 par la Gestapo, avec la complicité de la Milice française et la présence de phalangistes espagnols. Sa tombe se trouve au Fossar de la Pedrera, tout en haut de la   colline de Montjuic à Barcelone, dans une fosse commune de 28 m de haut (cadavres et remblais).

17 octobre 1940. Serrano Suñer (beau-frère de Franco) est nommé ministre des Affaires étrangères.

23 octobre 1940. Rencontre à Hendaye entre Franco et Hitler. Ce dernier veut entraîner Franco dans le conflit et obtenir de lui le passage pour attaquer Gibraltar. Franco y met des conditions telles qu’Hitler refuse : l’Espagne conserve sa neutralité.

24 octobre 1940. Rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire. Pétain annonce à la radio la collaboration, sans condition, de la France avec l’Allemagne nazie.

Novembre 1940. Dissolution des CTE d’Afrique du Nord. Plusieurs milliers d’Espagnols sont répartis dans les GTE, où la situation est déplorable sur tous les plans.

3 novembre 1940. Mort à Montauban de Manuel Azaña, président de la Seconde République espagnole depuis le printemps 1936.

9 novembre 1940. Le représentant socialiste basque Julián Zugazagoitia Mendieta, est fusillé devant l’enceinte du cimetière de la Almudena (district de Carabanchel). Il avait été livré aux autorités franquistes par la Gestapo, avec la complicité de la Milice française et de la police espagnole venue d’Espagne pourchasser les dirigeants de l’État républicain espagnol.

13 décembre 1940. Un convoi de 847 Espagnols provenant du stalag VD (Strasbourg et Saint-Dié) arrive au camp de Mauthausen.

[1] Franco réduit au « communisme » tous ceux qui de près ou de loin soutiennent la République.

 

 

 

07/1939  La Retirada et le début de l’exil

Sur les chemins de montagne.

15 au 26 janvier 1939. Daladier autorise à nouveau le transit par la France de l’armement soviétique.

27 janvier 1939. À minuit, la frontière française s’entre-ouvre aux réfugiés civils espagnols ; mais les ordres d’A. Sarraut sont clairs : « C’est simple : les femmes, les enfants, les blessés et les vieillards, on les accueille. Les hommes en âge de porter les armes, on les refoule.»

À Washington, le président Roosevelt déclare : « L’embargo sur les armes à destination de la République espagnole a été une grave erreur, jamais nous ne referions une telle chose ! » 10 000 blessés, 170 000 femmes et enfants et 60 000 hommes (civils) passent la frontière.

1er février 1939. Au château de Figueras, Negrín et soixante-deux députés se mettent d’accord sur trois propositions de paix à soumettre à Franco (au lieu des treize points soumis le 1er mai 1938) : aucunes poursuites contre les vaincus, garantie de l’indépendance espagnole et garantie du droit du peuple à choisir son gouvernement. Negrín contacte des diplomates anglais pour informer les gouvernements d’Europe et prendre en charge la transaction avec Franco.

5 au 10 février 1939. 220 000 combattants républicains passent la frontière française, par différents points frontaliers de passage (Port-Bou/Cerbère ; La Jonquera/Le Perthus ; Campredon/Prats de Mollo ; Puigcerda/Bourg-Madame et par voie de mer).

Le territoire de la république se réduit à Madrid, Valence, Guadalajara, Albacete, Jaén, Cuenca, Almería, Cuidad Real, Alicante, Murcia, Cartagena et l’île de Minorque.

9 février 1939. Franco promulgue la loi de Responsabilités politiques (ley de Responsabilidades políticas), qui sanctionne avec un effet rétroactif à octobre 1934, toutes les activités politiques en désaccord avec le nouveau régime.

12 février 1939. Réunion du conseil des ministres à Madrid.

Les nationalistes atteignent la frontière à Bourg-Madame et au Perthus (Pyrénées-Orientales).

18 février 1939. Suite à l’intervention de diplomates républicains par l’intermédiaire du gouvernement anglais, Franco rejette toute idée de paix sous condition et déclare demeurer seul juge de la conduite à adopter.

22 février 1939. Après un exode épuisant, Antonio Machado meurt d’épuisement et de chagrin à l’hôtel Bougnol-Quintana de Collioure, quelques jours après son arrivée en France. Sa mère, Ana Ruiz, s’éteindra le 25 février 1939, dans le même lieu.

18 au 24 février 1939. Voyage à Burgos du sénateur français Léon Bérard, (ancien ministre et sénateur), et nouveaux entretiens avec le général Jordana (diplomate anglophile qui sera nommé ministre des Affaires étrangères en septembre 1942 en remplacement de Serrano Suñer).

25 février 1939. Signature des accords Bérard-Jordana, qui annoncent un rapprochement du gouvernement français et du gouvernement nationaliste de Burgos.

Constitution, à Paris, du Conseil général du Mouvement libertaire espagnol (MLE). Mariano Vázquez en est le secrétaire. À son décès, en juin, il est remplacé par Germinal Esgleas.

27 février 1939. La France et la Grande-Bretagne reconnaissent l’État franquiste. En reconnaissant ce dernier deux semaines après la chute de la Catalogne, Daladier et Chamberlain signent la mort de la République espagnole. Le président Azaña annonce sa démission depuis la France.

2 mars 1939. Le maréchal Pétain est nommé ambassadeur à Burgos. Il a été nommé à ce poste pour normaliser et améliorer les relations entre la France et l’Espagne franquiste.

3 mars 1939. Première réunion de la commission permanente des Cortes en exil, à Paris.

5 mars 1939. Aux Cortes, Julián Besteiro, membre du conseil de défense de Madrid, déclare la mise en congé du gouvernement républicain de Negrín. Le colonel Casado met en place un Conseil national de défense pour négocier la fin des hostilités avec Franco.

12 mars 1939. Casado tente de négocier avec Franco la vie sauve aux soldats de l’armée républicaine, mais Franco refuse catégoriquement toute condition.

17 mars 1939. Le ministre de l’Intérieur français Albert Sarrault demande aux différents préfets des départements du Sud-Ouest d’organiser le plan d’évacuation vers l’Espagne des enfants orphelins et des femmes.

19 mars 1939. Sarrault renchérit par une circulaire de recommandations afin d’augmenter le nombre de ces retours.

23 mars 1939. L’ambassadeur de France à Madrid, le maréchal Pétain, remet ses lettres de créances à Franco.

27 mars 1939. Franco adhère au pacte anti-Komintern mais proclame sa stricte neutralité dès le début du conflit mondial.

27 au 31 mars 1939. La ville d’Alicante est le théâtre de journées de panique et d’horreur. Une foule compacte de civils républicains est massée au port avec l’espoir d’y trouver un navire pour embarquer vers la France. Des militants de première importance et des responsables syndicaux, politiques et du gouvernement républicain, sont mêlés à la population. Des militants armés s’emparent des avions encore disponibles et font évacuer responsables politiques et députés.

La foule attend la flotte républicaine mais celle-ci est déjà partie depuis le 7 mars, avec peu de civils à bord. Quatre navires, venus de France, sont repartis, eux aussi trop tôt, avec à leur bord peu de réfugiés. Le Stanbrook est le dernier navire à quitter Alicante, avec près de 5 000 républicains à son bord.

Le 30 mars, le député socialiste Pascual Tomás part dans un avion de ligne français. Il promet d’intercéder auprès des autorités françaises pour accélérer la venue de l’aviation et de navires français. Il rencontre effectivement Pierre Cot (ancien ministre de l’Air) à Toulouse, et des pilotes s’offrent pour effectuer les transports nécessaires, mais il semblerait que le gouvernement français refusa alors d’effectuer ces transferts.

À l’entrée des troupes franquistes dans la ville d’Alicante se produit une série de suicides. Le 1er avril 1939, les milliers de réfugiés restant encore dans le port doivent se rendre et sont considérés comme prisonniers.

28 mars 1939. La 1re armée nationaliste pénètre dans Madrid à midi.

31 mars 1939. Juan Negrín, chef du gouvernement, crée le Servicio de emigración de refugiados españoles (SERE) pour aider les réfugiés à émigrer en Amérique latine et pour trouver les moyens de survie pour le plus grand nombre.

1er avril 1939. Déclaration officielle des nationalistes : « Parte oficial de guerra del cuartel general del generalísimo, correspondiente al día de hoy, primero de abril de 1939, tercer año triunfal. En el día de hoy, cautivo y desarmado el ejercito rojo, han alcanzado les tropas nacionales sus ultimos objetivos militares. ¡ La guerra ha terminado ! Burgos, primero de abril de 1939, año de la victoria. El generalísimo Franco. »

« Déclaration du Journal officiel de guerre du quartier général du généralissime correspondant à ce jour, 1er avril, troisième année triomphale. Ce jour, l’armée des rouges est captive et désarmée et les troupes nationales ont atteint leurs derniers objectifs militaires. La guerre est terminée ! Burgos, 1er avril, année de la victoire. Le généralissime Franco. »

 

 

 

06/ 1938 – avril 1939 Finir la guerre et sauver les vies du peuple et des combattants.

 28 janvier 1939: Le général Solchaga, commandant du corps d’armée navarrais, entre dans Barcelone avec les troupes nationalistes .

La politique soviétique de Staline, toute en règlements de compte, enlèvements et disparitions des opposants au sein même des forces engagées dans le front républicain, et prise de pouvoir par les hommes à sa solde, omniprésente à tous les échelons du gouvernement espagnol annihile toutes les volontés.

1938, Teruel dernier grand affrontement sanglant.

Georges Bernanos publie son ouvrage Les Grands Cimetières sous la lune, qui est une critique sans fard de la violente répression franquiste.

19 janvier 1938 : Aragon, Teruel. Les 11e et 15e Brigades internationales entrent dans la bataille de Teruel.

28 janvier 1938 : Barcelone. Bombardements : 150 morts.

1er Février 1938 : Monastère de las Huelgas (Burgos). Les onze ministres du « gouvernement espagnol » nationaliste nommés par Franco prêtent serment devant lui : « Devant Dieu et devant ses saints évangélistes, je jure d’accomplir mon devoir comme ministre de l’Espagne avec la plus infaillible fidélité envers le chef de l’État, généralissime de nos glorieuses armées, et envers les principes qui constituent le régime au service de la destinée du pays. »
En pleine déroute, la Galicie obtient son statut d’autonomie.

Janvier – février : Contre-offensive nationaliste. Mesures répressives du côté républicain vis-à-vis de ceux qui refusent de monter au front (84ème brigade mixte). Côté nationaliste, intervention intensive de l’artillerie italienne et de l’aviation allemande appuyée par la légion Condor.

7 février 1938 : Teruel. Dernière grande charge de cavalerie de l’histoire, le général nationaliste Jose Monasterio balaye tout sur son passage.

23 février 1938 : Teruel. Suprématie de l’armée nationaliste largement secondée par l’artillerie italienne et l’aviation allemande. Écrasante victoire nationaliste.

13 mars 1938 : Autriche. Anschluss : une loi allemande rattache le pays au Reich.

15 mars 1938 : Paris. Léon Blum veut menacer Franco d’une intervention mais Daladier, Gamelin et Léger l’en dissuadent.

16 mars 1938 : L’aviation italienne bombarde Barcelone durant 24 heures : dix-sept raids qui font environ mille trois cents morts et deux mille blessés. Protestations internationales contre le massacre de civils.

18 mars 1938 : Barcelone : accord entre la CNT et l’UGT en vue de collaborer à la production et d’harmoniser les systèmes collectivisés et nationalisés.

30 mars 1938  : Negrín remanie son gouvernement, cette fois Indalecio Prieto est destitué, beaucoup de communistes aux postes clé.

3 Avril 1938 : Catalogne. Les nationalistes s’emparent de Gandesa et de Lérida et atteignent la Méditerranée.

8 avril 1938  : Catalogne. Les nationalistes prennent Balaguer, Tremp et Camarasa.

10 avril 1938  : Léon Blum démissionne. Il est remplacé par le radical Édouard Daladier qui forme un nouveau gouvernement. Fin du front populaire français.

15 avril 1938 : Vinaroz, côte méditerranéenne (Levant), tombe aux mains des nationalistes. Franco stoppe son avance et au lieu de marcher sur Barcelone se dirige vers la Méditerranée.L’Espagne républicaine est coupée en deux.

16 avril 1938 : Signature du pacte anglo-italien de la Méditerranée. Maintien du statu quo en Méditerranée.

18 avril 1938 : Tortosa après une âpre résistance tombe aux mains des fascistes Italiens .

Printemps 1938 : 25 000 Espagnols passent la frontière française.

1er Mai 1938 : Proposition en 13 points pour un plan de paix honorable soumis par Negrín aux nationalistes. :
1. Assurer l’indépendance absolue et la totale intégrité de l’Espagne
2. Départ des troupes étrangères
3. République démocratique avec un gouvernement jouissant de toute l’autorité
4. Référendum pour déterminer la structure juridique et sociale de la République espagnole
5. Libertés régionales sans nuire à l’unité espagnole.
6. Liberté de conscience et de culte garantie par l’état
7. Garantie de la propriété légitime et protection des moyens de production
8. Démocratie paysanne et abrogation de la propriété semi-féodale
9. Législation sociale qui garantit les droits du travailleur
10. Amélioration culturelle, physique et morale de la race
11. Armée au service de la nation, sans l’influence des partis
12. La guerre n’est plus considérée comme instrument de la politique nationale
13. Amnistie large pour les Espagnols qui veulent reconstruire et fortifier l’Espagne

Le même jour à Budapest, le cardinal primat espagnol Gomà déclare : “ (…) Il n’y a pas de pacification possible autre que celle des armes ”
En France, depuis le retour d’Édouard Daladier, en avril, à la présidence du Conseil : nouveau décret sur la police des étrangers. La France ne veut plus sur son territoire d’étrangers indignes de vivre sur son sol, clandestins ou irréguliers. Ceux qui ne peuvent repartir à l’étranger se voient assignés à résidence.

Staline souhaite se désengager du conflit espagnol, il retire l’aviation soviétique.

6 juin 1938 : Franco déclare : “ Quiconque souhaite la médiation sert les “ Rouges ” ou les ennemis occultes de l’Espagne (…) la guerre est le couronnement d’un processus historique de lutte de la mère Patrie contre l’anti-patrie… ”

14 juin 1938 : Levant, Castellón. Les nationalistes possèdent leur premier port sur la Méditerranée.

5 juillet 1938 : Offensive nationaliste contre Valence, brisée sur les lignes républicaines le 23.

24-25 juillet 1938 : Offensive républicaine sur l’Èbre. Les forces nationalistes sont massées sur l’autre rive, plus de 80 000 combattants républicains passent le fleuve 90 barques qui font la navette, 3 ponts de bateaux et divers engins flottants avec 22 chars T-26, 4 compagnies de voitures blindées, 300 canons et 300 avions, des têtes de pont ont pu être établies. Les Brigades internationales y sont engagées ; pour compenser leurs pertes, elles comptent de plus en plus d’Espagnols, excepté la 14e qui reste anglo-américaine.

6 août 1938 : Contre-attaque nationaliste, appuyée par l’aviation, qui bombarde les ponts, les hommes et les embarcations. Puis le front se stabilise jusqu’en novembre.

21 septembre 1938 : Negrín propose unilatéralement à la SDN le retrait des Brigades internationales du territoire espagnol. « Le gouvernement espagnol, dans son désir de contribuer (…) à l’apaisement et à la détente (…), vient de décider le retrait immédiat de tous les combattants non espagnols (…) » [1]. Cette proposition intervient alors que, depuis le 14 juillet 1937, des pourparlers sont en cours pour un retrait progressif de part et d’autre et qu’à l’automne 1937, le gouvernement italien donnait son accord pour le retrait de ses troupes.

22 septembre 1938 : La bataille de l’Èbre est la dernière action des Brigades internationales qui subissent de lourdes pertes.

29 au 30 septembre 1938 : Accords de Munich. Daladier, Chamberlain, Hitler et Mussolini ratifient l’abandon par la Tchécoslovaquie du territoire des Sudètes, sans destruction des fortifications, qui seront occupées par les Allemands, entre le 1er et le 10 octobre 1938. Ces accords enterrent les espoirs de la République espagnole de voir entrer en guerre à ses côtés les puissances européennes bafouées par Hitler.

1er Octobre 1938 : La SDN décide du retrait des brigades internationales du territoire espagnol.

28 octobre 1938 (et non le 15 novembre) : Avant de quitter l’Espagne, les Brigades internationales défilent, à Barcelone, dans une revue d’adieu en présence du gouvernement espagnol et de « représentants des partis politiques ».

1er novembre 1938 : Procès des dirigeants du POUM (emprisonnés depuis juin 1937), chef d’inculpation : “ avoir participé à des émeutes armées ”. Plus questions de haute trahison et d’espionnage fasciste. Andrès NIN a été assassiné depuis longtemps.
Discours d’adieu de la Pasionaria aux brigades Internationales. [2]

12 novembre 1938 : En France, un autre décret stipule que les étrangers ne pouvant être expulsés dans aucun autre pays seront dirigés vers des centres spéciaux et seront surveillés en permanence comme individus indésirables et potentiellement dangereux.

16 novembre 1938 : Suite à la contre-attaque nationaliste qui a débuté le 3 novembre, destruction quasi totale de l’armée républicaine de Catalogne. Les nationalistes remportent la bataille de l’Èbre. Cette défaite annonce la défaite générale, avec la destruction de l’armée républicaine en Catalogne. Le reste des troupes républicaines et les populations civiles vont se replier vers la frontière française.

Décembre 1938 : À Madrid comme à Barcelone, c’est la disette. La population meurt de faim. 500.000 personnes reçoivent 60g de riz, haricots ou lentilles, par jour et irrégulièrement de la morue salée. Les rations des soldats sont réduites aussi. À Barcelone, le blocus maritime et le manque de main d’œuvre agricole en sont les causes. Il y a une recrudescence de la mortalité infantile.

23 décembre 1938 : Offensive nationaliste en Catalogne : 330.000 nationalistes contre 220.000 républicains, 600 canons contre 250, 160 chars contre 40, 500 avions contre 80… C’est l’armée républicaine de l’Est (11e et 12e corps) qui va défendre les positions, ne réussissant qu’à ralentir l’avancée du corps expéditionnaire italien et des Navarrais. C’est la fin du camp républicain

1939, Tragédie et abandon du camp républicain

3 janvier 1939 : les blindés italiens sont à 150 Km de Barcelone.

14 janvier 1939 : Tarragone : prise de la ville par les troupes marocaines du général Yagüe.

15 au 26 janvier 1939 : Daladier autorise à nouveau le transit par la France de l’armement soviétique.

23 janvier 1939 : Le front du Llobregat (Catalogne) est rompu. Le président Negrín et son gouvernement, les ambassades et les services ministériels quittent Barcelone.

26 Janvier 1939 : Les nationalistes entrent dans Barcelone.

26 au 31 janvier 1939 : Il y a 10 000 exécutions ; 25 000 autres vont avoir lieu dans les jours suivants. La langue catalane est interdite, la sardane, danse catalane, est interdite, le statut d’autonomie est abrogé. Au cimetière de Montjuic, les noms de Durruti, Ascaso et Ferrer sont effacés des pierres tombales. Le plus grand exil des temps modernes commence .

27 janvier 1939 : À minuit, la frontière française s’ouvre aux réfugiés civils espagnols (femmes, enfants, blessés).
À Washington, le président Roosevelt déclare : « L’embargo sur les armes à destination de la République espagnole a été une grave erreur, jamais nous ne referions une telle chose ! »
10 000 blessés, 170 000 femmes et enfants et 60 000 hommes (civils) passent la frontière.

1er Février 1939 : Au château de Figueras, Negrín et soixante-deux députés se mettent d’accord sur trois propositions de paix à soumettre à Franco (au lieu des treize points soumis le 1er mai 1938) : aucune poursuite contre les vaincus, garantie de l’indépendance espagnole et garantie du droit du peuple à choisir son gouvernement. Negrín contacte des diplomates anglais pour informer les gouvernements d’Europe et prendre en charge la transaction avec Franco.

5 au 10 février 1939 : Ouverture de la frontière française pour les soldats. 220 000 combattants républicains et près de 300 000 civils de tous âges et sexes passent la frontière française.
Le territoire de la république espagnole se réduit à Madrid, Valence, Guadalajara, Albacete, Jaén, Cuenca, Almería, Cuidad Real, Alicante, Murcia, Cartagena et l’île de Minorque.

9 février 1939 : Franco promulgue la loi de Responsabilités politiques (ley de Responsabilidades políticas) qui sanctionne avec un effet rétroactif à octobre 1934, toutes les personnes coupables “ d’activités subversives ” d’octobre 1934 à juillet 1936 et celles qui, depuis, ont fait “ opposition au gouvernement nationaliste, en fait ou passivement ”. [3]
Les nationalistes atteignent la frontière à Bourg-Madame et au Perthus (Pyrénées-Orientales).

12 février 1939  : Réunion du conseil des ministres à Madrid.

18 février 1939 : Suite à l’intervention de diplomates républicains par l’intermédiaire du gouvernement anglais, Franco rejette toute idée de paix sous condition et déclare demeurer seul juge de la conduite à adopter.

22 février 1939 : Après un exode exténuant, Antonio Machado meurt d’épuisement et de chagrin à l’hôtel Bougnol-Quintana de Collioure, quelques jours après son arrivée en France. Sa mère, Ana Ruiz, s’éteindra le 25 février 1939, dans le même lieu.

18 au 24 février 1939 : Voyage à Burgos du sénateur français Léon Bérard ‘ancien ministre) il y rencontre le général franquiste Jordana (diplomate anglophile, nommé ministre des Affaires étrangères en septembre 1942 en replacement de Serrano Suñer, beau-frère de Franco).

25 février 1939 : accords Bérard-Jordana. Dans un souci de bon voisinage avec l’Espagne franquiste, le gouvernement français s’engage à prendre les mesures nécessaires pour assurer la tranquillité et la sécurité de l’Espagne franquiste et à restituer tous les biens nationaux que le gouvernement républicain a mis à l’abri en France, humains compris.

27 février 1939 : Les gouvernements français et britannique reconnaissent Franco comme chef du gouvernement espagnol.

28 février 1939 : Le président Azaña démissionne.

2 mars 1939 : Philippe Pétain est nommé ambassadeur à Burgos.

3 mars 1939 : Première réunion de la commission permanente des Cortes en exil, à Paris.

5 mars 1939 : Aux Cortes, Julián Besteiro, membre du conseil de défense de Madrid, déclare la mise en congé du gouvernement républicain de Negrín. Le colonel Casado met en place un Conseil national de défense pour négocier la fin des hostilités avec Franco et éviter des morts inutiles.

7 au 12 mars 1939 : Madrid journées de “ mars ”. Une espèce de guerre civile dans la guerre civile : Casado propose de relever les membres du gouvernement, les accusant de vouloir sacrifier des hommes inutilement en les envoyant à un affrontement perdu d’avance par manque de soutien et d’armement. Les responsables gouvernementaux s’envolent vers la France. Les troupes communistes ripostent au soulèvement un peu partout autour de Madrid où elles ont l’avantage du nombre mais privées de commandement elles se trouvent vite désorientées et démotivées. Les nationalistes attaquent la capitale.

12 mars 1939. Casado tente de négocier avec Franco la vie sauve aux soldats de l’armée républicaine. Mais n’ayant conservé aucun moyen de pression tel l’occupation des mines de mercure d’Almadén (comme le lui avait conseillé Cipriano Mera, général anarchiste de l’armée du centre ) Franco refuse catégoriquement toute condition.

17 mars 1939 : Le ministre de l’intérieur français Albert Sarrault demande aux différents préfets des départements du Sud-Ouest d’organiser le plan d’évacuation des enfants orphelins et des femmes vers l’Espagne

27 mars 1939 : Franco adhère au pacte anti-Komintern mais proclamera sa stricte neutralité dès le début du conflit mondial.
L’armée du centre est démantelée, l’armée nationaliste pénètre dans Madrid à midi, sans un coup de feu ; le seul blessé sera Mauro Bajatierra, journaliste anarchiste qui se défendra seul face à des policiers venus l’arrêter.

27 au 31 mars 1939 : La ville d’Alicante est le théâtre de journées de panique et d’horreur. Une foule compacte de civils républicains est massée au port avec l’espoir d’y trouver un navire pour embarquer vers la France. Des militants de première importance et des responsables syndicaux, politiques et du gouvernement républicain, sont mêlés à la population. Des militants armés s’emparent des avions encore disponibles et font évacuer responsables politiques et députés.
La foule attend la flotte républicaine mais celle-ci est déjà partie depuis le 7 mars, avec peu de civils à bord. Quatre navires, venus de France, sont repartis, eux aussi trop tôt, avec à leur bord peu de réfugiés. Le Stanbrook est le dernier navire à quitter Alicante, avec près de 5 000 républicains à son bord.

28 mars 1939 : La 1e armée nationaliste pénètre dans Madrid à midi.

30 mars 1939 : le député socialiste Pascual Tomás part dans un avion de ligne français. Il promet d’intercéder auprès des autorités françaises pour accélérer la venue de l’aviation et de navires français. Il rencontre effectivement Pierre Cot (ancien ministre de l’Air) à Toulouse, et des pilotes s’offrent pour effectuer les transports nécessaires, mais il semblerait que le gouvernement français refusa alors d’effectuer ces transferts.
À l’entrée des troupes franquistes dans la ville d’Alicante se produit une série de suicides. La répression sera terrible. Exécutions sommaires, emprisonnement des prisonniers dans différents lieux dont le « campo de los almendros » avant de les interner dans le camp de concentration d’Albatera.

31 mars 1939 : Juan Negrín, chef du gouvernement, crée le Servicio de emigración de refugiados españoles (SERE) pour aider les réfugiés à émigrer en Amérique latine et pour trouver les moyens de survie pour le plus grand nombre.

1er avril 1939 : les milliers de réfugiés restant encore dans le port doivent se rendre et sont considérés comme prisonniers.
Déclaration officielle des nationalistes : « Parte oficial de guerra del cuartel general del generalísimo, correspondiente al día de hoy, primero de abril de 1939, tercer año triunfal. En el día de hoy, cautivo y desarmado el ejercito rojo, han alcanzado les tropas nacionales sus ultimos objetivos militares. ¡ La guerra ha terminado ! » Burgos, primero de abril de 1939, año de la victoria. El generalísimo Franco. Enregistrement France Culture : une guerre perdue et oubliée, cinquantième anniversaire de la guerre civile espagnole, émissions de Carlos Semprun Maura et de Philippe Ganier-Raymond. On y entend le discours de Franco du 1er avril 1939, par lui-même.
« Déclaration du Journal officiel de guerre du quartier général du Généralissime correspondant à ce jour, 1er avril, troisième année triomphale. Ce jour, l’armée des rouges est captive et désarmée et les troupes nationales ont atteint leurs derniers objectifs militaires. La guerre est terminée ! Burgos, 1er avril, année de la victoire. Le généralissime Franco. »

De 1939 à 1942, deux millions de Républicains espagnols passeront par les prisons et les camps nationalistes. Il y aura entre 150 et 250 exécutions par jour.

Notes

[1Les brigades internationales, p 371, Jacques Delperrie de Bayac, éditions Marabout

[2Cette date est donnée par le site http://www.guerracivil.org/BRIGADAS/pasio-cast.htm, presque uniquement et pourtant paraît plus logique que le 15 novembre qui est avancé par tous, puisque le défilé des Brigades Internationales a eu lieu le 28 octobre.

[3C’est tout un arsenal juridique que va éditer la dictature pour se protéger et lutter contre ses opposants de tous horizons : la Ley de Responsabilidades Politicas (février 1939) – la loi sur les responsabilités politiques, Ley de Represión de Masonería y el Comunismo (mars 1940) – la loi sur la répression de la franc-maçonnerie et du communisme, Ley de Seguridad del Estado (mars 1941) – la loi sur la sécurité de l’Etat, et la Ley de Orden Público (juin 1959) – la loi sur l’ordre public.

05 / 1937 Guerre défensive et armée régulière

Affiche CNT AIT Paysans brisez vos chaines!

3 janvier 1937 : Madrid subit la première offensive nationaliste, par l’ouest, et du sud au nord. L’offensive est contenue, grâce aux Brigades internationales (les bataillons Edgar André, Commune de Paris et Thaelmann) et les brigades mixtes sous le commandement des officiers communistes, l’Espagnol Juan Modesto et l’Italien Nino Nanetti, ainsi que d’officiers anarchistes, tel le maçon Cipriano Mera, ou encore d’officiers de carrière, tous sous le commandement en chef du général Miaja. Les opérations militaires se déplacent vers l’est, ce qui permet de desserrer l’étau de la capitale.

4 janvier 1937 : Pays basque, Bilbao : bombardements de la légion Condor, de nombreuses victimes. Deux avions allemands sont abattus, un pilote est lynché par la foule en colère, l’autre est sauvé par un pilote russe, mais la foule court à la prison et tue 208 nationalistes prisonniers.
Santander : même scénario. 200 morts.

6 janvier 1937 : Washington : le sénat et la chambre des représentants votent une résolution fixant l’embargo sur la vente du matériel de guerre pour l’Espagne. Il s’agit de la 3ème loi de neutralité (1ère en 1935, 2ème en 1936) . Le même jour arrivée d’une centaine de volontaires des États-unis (bataillon “ Lincoln ”) à Villanueva de la Jara, près d’Albacete.

10 au 15 janvier 1937 : Madrid contre offensive républicaine avec les renforts des 12ème et 14ème brigades internationales, la brigade mixte du général Lister, la 1ère compagnie britannique et les chars russes du général Pavlov. 15 000 morts dans chaque camp.

13 janvier 1937 : Grâce à la ministre de la santé Federica Montseny soutenue par le docteur Félix Marti Ibañez le décret républicain instituant la légalisation de l’avortement est voté.

17 janvier 1937 : Andalousie : L’armée du Sud de Queipo de Llano, à laquelle s’ajoutent 10 000 « Chemises noires » italiennes commandées par le général Roatta-Mancini et des avions italiens, attaque la ville de Málaga en Andalousie, défendue par 12 000 républicains, ne possédant que 8 000 fusils, commandés par le colonel Villalba.

4 février 1937 : García Oliver, ministre de la Justice, accorde aux femmes la capacité juridique et le droit d’être juré. Il légalise les unions libres des miliciens au front, ce qui permet aux enfants issus de ces unions de percevoir l’aide du gouvernement aux orphelins.

6 février 1937 : Madrid au Sud-Est de la ville. Offensive nationaliste sur la rivière Jarama. Objectif : couper la route de Valence (où se trouve le gouvernement républicain). [[Français et Italiens se battent avec énergie, appuyant les brigades mixtes commandées par les généraux communistes Lister et Modesto, l’armée du centre commandée par le général Pozas et la 70ème brigade mixte, anarchiste commandée par Cipriano Mera. Trois futurs maréchaux soviétiques participent à la bataille du Jarama : Malinovski, Rodimstev et Kulik-Kupper ainsi que le général Pavlov.]]

8 février 1937 : Málaga, entrée des troupes nationalistes dans la ville : 4 000 personnes sont assassinées sur la plage, sur les routes et dans les prisons.
Les communistes partent en campagne contre le premier ministre Largo Caballero. [[Pas assez docile à leurs yeux, il refuse de fusionner le parti socialiste avec le parti communiste espagnol. Il refuse de destituer le général Asensio, rendu responsable de la perte de Malaga. Celui-ci se démet lui-même parce que l’ambassadeur Rosenberg menace de retirer l’aide de l’URSS. Le parti communiste cherche à infiltrer le ministère de la guerre, tenu par Largo Caballero lui-même.]]

14 et 15 février 1937 : Congrès de la fédération des collectivités d’Aragon, à Caspe (Saragosse), 275 villages sont représentés.

17 février 1937 : Madrid, contre-offensive républicaine (bataille du Jarama). Beaucoup de pertes. Les forces républicaines du centre sont réorganisées sous le commandement du général Miaja et du lieutenant-colonel Rojo. Cette décision permet de réorganiser efficacement le front du Jarama.

Développement du Parti communiste espagnol, relais de l’Union soviétique .

21 février 1937 : Les milices anarchistes ont du mal à être approvisionnées en armes et en munitions. La FAI menace de retirer ses ministres si le gouvernement n’envoie pas d’armes au front d’Aragon tenu par les anarchistes. Finalement elle saisit une cargaison d’armes sur le port de Barcelone. Largo Caballero accepte le marché de García Oliver d’échanger des avions de combat pour le front aragonais contre les armes saisies. La tension monte entre les anarchistes et le POUM d’une part, et les communistes d’autre part, (les armes étaient destinées à ces derniers qui contrôlent les arrivages en provenance de Moscou).
La France propose, aux autres pays européens, un accord pour l’arrêt d’envois de volontaires en Espagne.

26 février 1937 : Un meeting CNT-POUM est interdit

28 Février 1937 : Bataille du Jarama : Nationalistes et républicains sont face à face. Les pertes ont été considérables mais la route Madrid-Valence n’est pas coupée.

5-8 Mars 1937: Valence, au cours du congrès du PCE, auquel participent une délégation soviétique et Orlov de la Guépéou (police politique soviétique), des membres du Komintern (Togliatti, Stepanov, Codovila, Gerö), André Marty et Orlov (NKVD), il y a de violentes diatribes contre le POUM. Togliatti membre du Komintern demande l’éviction de Largo Caballero et propose Juan Négrin, jugé “ plus docile ”.

Dernière grande victoire républicaine.

8 mars 1937 : offensive nationaliste du Guadalajara : 35 000 chemises noires et troupes régulières, 15 000 marocains et carlistes, 212 canons, 70 chars, 85 avions, 2 000 camions ; objectif : encercler Madrid. L’armée républicaine affronte le corps expéditionnaire italien « Corpo Truppe Volontari », qui a l’appui d’autres unités nationalistes.

10 mars 1937 : Guadalajara, offensive des Italiens de Mussolini contre les brigadistes italiens.

12 mars 1937 : Guadalajara, Contre offensive républicaine, bataille entre chars soviétiques et italiens.

18 mars 1937 : Guadalajara, victoire républicaine. Les artisans de la victoire sont les brigades internationales avec la 14ème division commandée par Cipriano Mera qui contourne l’ennemi par les hauteurs et réussit ainsi à le déloger. [[À l’aube, Mera traverse avec la 14ème division le pont flottant sur la rivière Tajuña. Les nationalistes se retirent dans la panique. Les derniers soldats italiens sont vaincus par la XIe brigade internationale. Une contre-attaque sur les positions républicaines échoue.]]

21 mars 1937 : Le gouvernement central décide “ la militarisation des milices ouvrières et paysannes ”. Avec amertume la colonne “ Durruti ”, sur le front d’Aragon, vote ce jour la militarisation par peur de se voir dissoute. Elle devient la 26ème division. Dissolution de la Colonne de fer et intégration dans l’armée républicaine sous le nom de 83ème brigade mixte.

23 mars 1937 : Sur le front de Guadalajara, les forces républicaines reprennent Gajanejos et Villaviciosa de Tajuña, mais leur offensive s’arrête car Franco a envoyé des renforts. La bataille de Guadalajara est la dernière des grandes victoires républicaines.

26 mars 1937 : Barcelone, Josep Tarradellas interdit aux policiers toute affiliation politique et le port d’armes par les civils: démission des anarchistes des patrouilles de sécurité.

31 mars 1937 : Le général Mola lance une grande offensive dans le Nord, contre la Biscaye (Bilbao). Blocus des côtes basques. Il déclare : « J’ai décidé de terminer la guerre dans le nord […] si la soumission n’est pas immédiate, je raserai toute la Biscaye.».
[[Le jour même, il met son projet à exécution en faisant intervenir l’aviation sur la petite ville de Durango, nœud de communication entre Bilbao et le front basque, qui va bombarder et mitrailler des heures durant la population civile, en prélude à ce qui va se passer quelques jours plus tard (26 avril) à Guernica.]]

15 avril 1937 : Afin de ravitailler la République en armes et en munitions, création de la société anonyme France-Navigation, présidée par Joseph Fritsch, communiste de Paris. Le matériel transporté était estampillé « matériel agricole » et navigue sous pavillon étranger. Les deux responsables les plus importants de France-Navigation sont Giulio Ceretti et Georges Gosnat.

16-25 avril 1937 : Salamanque : Crise dans le camp nationaliste, au sein de la phalange, le manipulateur en est Franco, dont le but est d’unir les mouvements monarchistes-carlistes et phalangistes. Ainsi il devient le chef suprême.

18 avril 1937 : Le conseil national de la Phalange décide d’élire, provisoirement, Manuel Hedilla comme chef national en remplacement de José Antonio Primo de Rivera.

19 avril 1937 : Franco crée le parti unique unificateur, le Mouvement National qui fusionne, la Falange Española Tradicionalista et la Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista (FET-JONS), et dans lequel sont regroupées toutes les forces nationalistes. Il devient le chef suprême de ce groupement.

20 avril 1937 : Mise en place du contrôle de non-intervention.

25 avril 1937 : La CNT accuse Cazorla, conseiller à l’ordre public de la junte de défense de Madrid de couvrir des arrestations et des tortures de militants dissidents et anarchistes. Après enquête Largo Caballero dissout la junte de défense.

Guernica

26 avril 1937 : Bombardement et destruction, par la légion Condor, de la ville basque de Guernica, qui sera rasée à 90 %, alors qu’elle ne représente aucun enjeu militaire.

Mai 1937, les événements de mai marquent un tournant contre-révolutionnaire.

Le PCE récolte les fruits de sa politique tournée vers la séduction des classes moyennes et petits propriétaires, grâce à son rapport avec l’URSS qui livre les armes. Ils livrent une chasse sans relâche aux militants anarchistes et à ceux du POUM. Dans le même temps se sont leurs troupes qui possèdent les meilleures conditions de vie (vêtements, nourriture) et d’armement au front.
[[Effectifs des partis et syndicats :
Parti communiste (PCE) : 300 000,
Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) : 50 000,
Parti socialiste (PSOE) : 160 000,
Fédération anarchiste ibérique (FAI) : 160 000,
Jeunesses libertaires (JL) : 100 000,
Confédération nationale du travail (CNT) : 2 180 000,
Union générale des travailleurs (UGT) : 1 600 000]]

3 mai 1937 : Barcelone, Rodriguez Salas, chef communiste de la police catalane investit le premier étage du central téléphonique (attribué aux anarchistes par le gouvernement autonome). Motif : Les anarchistes sont soupçonnés d’espionnage…
Réaction immédiate ; la lutte s’engage entre la police aux mains des communistes et les anarchistes. La foule rassemblée devant le bâtiment proteste, des barricades s’élèvent dans les rues. Bientôt, Les anarchistes et le POUM contrôlent l’ouest, les communistes, l’est ; la ville est en état de siège. Les responsables anarchistes tentent de parlementer avec le gouvernement de Companys ; devant le blocage, les combats redoublent.

4 mai 1937 : Alors que la 26ème division anarchiste (ex-colonne Durruti) marche sur Barcelone, intervient le premier appel au cesser le feu des ministres anarchistes du gouvernement central.

5 au 6 mai 1937 : La police du Parti communiste catalan (PSUC) arrête deux intellectuels anarchistes italiens : Camillo Berneri et Francisco Barbieri, ils sont assassinés dans la nuit du 5 au 6 mai 1937. Assassinat également du secrétaire général de l’UGT, le communiste catalan Anton Sesé, et de l’anarchiste Domingo Ascaso.

6 mai 1937 : À Barcelone, dans la soirée, deux destroyers et un cuirassé républicains arrivent de Valence, 4 000 gardes d’assaut avancent par la route, commandés par un colonel sympathisant anarchiste, Emilio Torres, pour tenter de mettre fin à la tuerie.

7 mai 1937 : La CNT lance un nouveau cessez le feu.

8 mai 1937 : Les combats cessent : 1 000 tués, des milliers de blessés.

Première approche et échec de tentatives de pourparlers du gouvernement républicain envers Franco.

 

12 mai 1937 : Azaña propose au gouvernement anglais qu’il œuvre pour le retrait de tous les volontaires étrangers des deux côtés, puis pour une armistice à la suite de laquelle des élections seraient organisées. Franco répond à cette proposition que l’armistice suivie d’élections amènerait un gouvernement de gauche. Il préférait mourir avec tous les nationalistes d’Espagne plutôt que de mettre l’Espagne dans les mains d’un gouvernement rouge ou démocratique… Tout espoir de paix est enterré.

13 mai 1937 : La gauche catalane et le PCE mènent une campagne pour municipaliser les transports urbains collectivisés. Désarmement des partis et groupes autres que les corps officiels et militaires. Le PCE participe au ramassage des armes.
À Valence, les ministres communistes exigent des sanctions exemplaires contre les fauteurs de troubles de Barcelone : la CNT, la FAI et le POUM. Largo Caballero refuse, les communistes et les socialistes quittent le conseil.

15 mai 1937 : Largo Caballero, refusant de déclarer le POUM hors la loi et de donner le ministère de la guerre aux communistes, démissionne après avoir tenté de former un nouveau cabinet.

17 mai 1937 : Juan Negrín, socialiste proche du PCE le remplace. Nouveau cabinet ministériel sans anarchistes.

25 mai 1937 : la FAI est évincée des tribunaux militaires.

28 mai 1937 : L’étau se resserre autour du POUM: les conseillers soviétiques et le PCE utilisent la soi disant découverte de documents portant le cachet du ministre Andrès NIN quand il était au gouvernement de Catalogne, censés démontrer la collusion du POUM avec l’ennemi. Interdiction de son organe de presse “ La Batalla ”.
L’armée républicaine lance deux offensives pour détourner les forces nationalistes groupées autour de Bilbao. Une d’entre elles se situe sur le front d’Aragon, près de Huesca, sous le commandement du général Pozas ; c’est un échec cuisant qui fait près de 1 000 tués, anarchistes pour la plupart (envoyés en avant et mal armés). George Orwell, écrivain anglais, est blessé à Huesca.

30 mai 1937 : Bombardement du Deutschland, bâtiment de la flotte allemande, basé à Ibiza, par l’aviation républicaine ; la réponse sera le bombardement intensif du port d’Almería, le lendemain. Ces incidents auraient dû provoquer un conflit général en Europe, mais le souci des autres puissances était la détente.

31 mai 1937 : Une seconde attaque est menée sur le front de Ségovie, une réussite d’abord puis un recul des forces républicaines.

Juin, la révolution sociale est sacrifiée, abandon des réalisations populaires.

La chasse aux révolutionnaires par les communistes espagnols et les policiers de la Guépéou bat son plein. Ils pratiquent la torture et tuent. Negrín, président du Conseil, qui nie ces faits en 1939, les reconnaît en 1949.
Malgré tout, les anarchistes continuent à coopérer avec le gouvernement central mais ne participent plus aux décisions.
Indalecio Prieto, socialiste modéré du PSOE et nouveau ministre de la défense propose de bombarder intensivement la flotte allemande pour provoquer ainsi soit un conflit international, soit le retrait des forces allemandes auprès de Franco. Le PCE, sur les injonctions de Staline qui ne veut pas de heurts avec l’Allemagne ni l’Italie, le persuade d’abandonner son projet.

3 juin 1937 : Burgos : l’avion du général Mola s’écrase sur la colline d’Alcocerro. Franco est débarrassé ainsi d’un puissant rival.

12 juin 1937 : Les nationalistes sont à 10km de Bilbao.

14 juin 1937 : Orlov, chef de la police politique soviétique en Espagne, annonce à Antonio Ortega l’arrestation de tous les leaders du POUM pour le 16. Il ne faut pas prévenir le gouvernement précise-t-il.

16 juin 1937 : Arrestation de 40 membres du comité central du POUM, pour “ trahison ”. Dissolutions des bataillons du POUM. Andrès NIN est emmené vers une destination inconnue (on saura plus tard qu’il s’agissait d’une prison clandestine des services soviétiques en Espagne)…

17 juin 1937 : Bilbao, 20 000 obus nationalistes sont déversés sur la ville.

18 juin 1937 : Évacuation nocturne de la ville.

19 juin 1937 : Les premiers chars nationalistes pénètrent dans la ville. La langue basque est officiellement interdite par le gouvernement de Burgos. Déportation du clergé basque. Une campagne de deux mois et demi, inégale quant aux forces et armements en présence, qui vont du simple au triple. Beaucoup de perte du côté républicain.
Franco rentre par cette victoire en possession d’une grande capacité industrielle lourde qui ne peut par ailleurs que satisfaire l’Allemagne nazie, particulièrement intéressée pour s’assurer le contrôle des minerais espagnols dont elle a un besoin urgent pour développer son industrie d’armement.
Protestations dans tout le pays à propos de l’arrestation d’Andrès Nin qui disparaît pour toujours. Il est emprisonné à Alcalà de Henares (25 km de Madrid).

20 juin 1937 : Assassinat, maquillé en évasion, d’Andrès Nin, secrétaire général du POUM, par le NKVD.

Juin à octobre 1937 : 120 000 personnes (enfants basques surtout) fuient l’Espagne.

Juillet 1937 : Le nombre d’illettrés recule, les écoles ouvrent auprès des miliciens sur les fronts.

1 juillet 1937 : Dans une « lettre collective », la hiérarchie catholique prend officiellement fait et cause pour les nationalistes.

6 juillet 1937 : À Brunete, 30km ouest de Madrid, offensive républicaine pour desserrer l’étau de Santander. Beaucoup de forces républicaines sont concentrées sur le village : 43 000 hommes, 200 pièces d’artillerie, 142 chars, 200 avions, elles percent les lignes nationalistes. Le lendemain, la légion Condor est appelée en renfort avec 31 bataillons nationalistes supplémentaires, une terrible et sanglante bataille s’engage.

25 juillet 1937 : Brunete, les nationalistes, grâce à l’appui de leur aviation, ont repris la majeure partie du terrain, mais Santander est provisoirement hors de portée (5 semaines).
[[Beaucoup de pertes chez les nationalistes : 16 000 hommes ainsi que 23 avions. Du côté républicain, 28 000 hommes (notamment parmi les brigadistes), 50 chars et 104 avions perdus. À partir de cette bataille, l’aviation franquiste est maîtresse de l’espace aérien espagnol. Et Franco regarde désormais vers la Cantabrie et les Asturies.]]

4 août 1937 : Indalecio Prieto Tuero, ministre de la défense, donne l’autorisation d’une offensive contre le conseil d’Aragon (libertaire) pour confisquer vivres et camions.

6 août 1937 : En méditerranée, les sous-marins italiens (83 unités) coulent les navires marchands ou militaires soviétiques, français, anglais, danois…

9 août 1937 : Création du SIM, Service d’Information Militaire, à l’initiative du ministre de la Défense, le socialiste Indalecio Prieto. Peu à peu, ce service absorbe et centralise tous les autres organismes d’espionnage comme le Département spécial d’information de l’État (DEDIDE) pour la surveillance de l’arrière et le Service d’information spécial périphérique (SIEP), chargé du renseignement en territoire ennemi et à l’étranger.

12 août 1937 : En Aragon, la Fédération des collectivités (anarchiste), fondée en janvier l937, et dont le siège est à Caspe, coordonne les échanges entre toutes les communes de la région et développe la solidarité entre elles. Dissolution du Conseil d’Aragon, avec l’aide militaire de la 11ème division de Líster. Le siège est pris d’assaut et, le 14 août 1937, il ne reste plus rien des collectivités d’Aragon.

26 août 1937 : Santander, entrée des nationalistes. La chute de Santander signifie pour la république la perte de la Cantabrie. Les nationalistes poursuivent leur avance sur les Asturies (Gijón)

En Aragon, offensive républicaine. C’est le début de la bataille de Belchite, qui va durer jusqu’à la fin du conflit.

 

27 août 1937 : Belchite, petit bourg aragonais situé à 40 km au sud de Saragosse, est une base de repos des forces nationalistes, il est e théâtre de sanglants et terribles combats. L’offensive est lancée par les républicains pour faire diversion et donner du répit aux défenseurs des Asturies.

28 août 1937 : Asturies, Gijon : proclamation de l’indépendance de la province par le Conseil de la province.
Le Vatican reconnaît l’Espagne nationaliste et le gouvernement du général Franco comme le seul officiel.

6 septembre 1937 : Victoire républicaine difficile à Belchite. Plus de 6 000 personnes ont péri dans les affrontements.
Les troupes républicaines du front d’Aragon sont démoralisées par la répression interne menée par les communistes.

10 au 14 septembre 1937 : Les accords complémentaires (arrangements) de Nyon, en Suisse, ont pour mission de contrôler le débordement international du conflit espagnol à cause des torpillages italiens de navires marchands neutres. Ces accords réglementent le fonctionnement de la marine internationale en Méditerranée et autorisent l’attaque de tout sous-marin suspect.

1er Octobre 1937 : Exclusion de l’UGT de Largo Caballero et de ses amis.

15 octobre 1937 : Asturies, la légion Condor pratique la tactique “ tapis de bombes ” : escadrille serrée d’avions volant à basse altitude, qui lâchent leurs bombes en même temps.

21 octobre 1937 : Asturies, Gijon (dernier port atlantique), entrée des troupes nationalistes.
Par cette dernière victoire, la campagne de la zone Nord est terminée.

28 octobre 1937 : le gouvernement républicain se replie de Valence à Barcelone.

4 novembre 1937 : Le comité de non-intervention approuve le projet franco-britannique de retrait des volontaires étrangers.

5 novembre 1937 : Hitler annonce clairement, devant des politiques et des officiers allemands, son intention de mener une « guerre d’extermination contre la France et l’Angleterre ».

Décembre 1937 : Parution du roman d’André Malraux L’Espoir.

1er Décembre 1937 : le gouvernement espagnol accepte le principe du retrait des volontaires étrangers. Il pense à une solution possible diplomatique par les pays comme la France et l’Angleterre, et au retrait de l’aide étrangère de Franco.

15 décembre 1937 : Aragon, Teruel, début de l’offensive républicaine, par la colonne de fer (anarchiste).

24 décembre 1937 : les républicains entrent dans la ville.

29 décembre 1937 : Contre-offensive nationaliste dans un froid intense.

Affiche CNT-AIT
Affiche CNT-AIT
Guernica, l'escalier
Guernica, l’escalier
Losé Labauria Maire de Guernica
Losé Labauria Maire de Guernica
Guernica détruite
Guernica détruite
Civilizacion muerta
Civilizacion muerta
Vestigio de un pueblo de Aragon Belchite
Vestigio de un pueblo de Aragon Belchite

04/ 1936 – Guerre et révolution sociale

Formation des milices de défense Barcelone 19 juillet 36

El pronunciamiento

La victoire électorale du Frente Popular en février 1936 a suscité un espoir social parmi les classes laborieuses, mais la droite conservatrice s’oppose à l’application des réformes. Le moindre événement dégénère en émeute. Entre février et juin 1936, on recense 161 incendies d’églises, 213 attentats, 113 grèves partielles, etc. L’économie est paralysée, les assassinats politiques se multiplient. Les militants de droite et de gauche s’affrontent mortellement dans la rue. La bourgeoisie et ses partis cherchent à renverser ce gouvernement populaire. Attentats militaires et phalangistes participent à la déstabilisation du pays. Les généraux complotent et tentent à plusieurs reprises  un soulèvement. Le gouvernement de Casares Quiroga, informé des dangers, déplace les généraux et les sépare mais pas très efficacement ; au contraire, ces déplacements facilitent souvent les plans des séditieux (Mola, à Pampelune, est en terrain conservateur, Franco, aux Canaries, se rapproche de l’armée du Maroc où il a officié et où il reste très apprécié des officiers de garnison…). Dans la première quinzaine de juillet, José Castillo, lieutenant des Gardes d’assaut, est abattu à Madrid. Le lendemain, ses compagnons, en représailles, assassinent le monarchiste Calvo Sotelo. Ces deux assassinats donnent le coup d’envoi du pronunciamiento des généraux factieux, qui aura lieu à Melilla. Le triumvirat de tête des insurgés est constitué de Goded, Mola et Franco, qui rendent compte à leur chef présumé, Sanjurjo, exilé au Portugal. La marine, restée fidèle à la République, fait obstacle au passage des troupes rebelles vers l’Espagne. Franco passe alors un accord avec Hitler pour organiser le transport de ses troupes par avion ; c’est le premier pont aérien d’une telle ampleur. La rébellion s’étend bientôt sur le territoire national. Le gouvernement refuse de donner des armes au peuple et aux syndicats. Conséquence tragique : les tentatives de ces derniers pour défendre la République en Andalousie s’achèvent dans un bain de sang à Algésiras, Cadix, Cordoue, Grenade, Huelva et Séville. Dans cette ville, les troupes fascistes sont commandées par le général Queipo de Llano, qui répand la terreur par la voix de Radio Séville. Les premiers Moros commettent des massacres dans les quartiers ouvriers. En revanche, Almería résistera jusqu’à la fin de la guerre, même partiellement détruite en 1939 par la flotte allemande, durant les derniers combats de la guerre civile. En face, les fascistes répandent la terreur. Mola déclare : « Nous devons semer la terreur… laisser une impression de domination totale en éliminant, sans scrupules ni hésitations, tous ceux qui ne pensent pas comme nous.»  « ¡Hay que sembrar el terror, hay que dejar sensación de dominio eliminando sin escrúpulos ni vacilación a todos los que no piensan como nosotros !» General Emilio Mola, julio 36.[1] Le général Queipo de Llano terrorise l’Andalousie en promettant « une mort violente aux chiens rouges et le viol pour leurs femmes » sur Radio Séville[2].

[1] La Guerre d’Espagne, p. 21, BT2,  25, Pemf, école moderne Freinet, Mouans-Sartoux, 2000.

TV-3 muestra otro capítulo de la sistemática represión franquista « 30 minuts » emite la primera parte de « Les fosses del silenci »
el Periódico de Cataluña, 2/03/2003.

[2] La Révolution et la Guerre d’Espagne, p. 385, Pierre Broué et Émile Témime, Éditions de Minuit, Paris, 1961.

 

17 juillet 1936 : À Melilla, [1] l’état de siège instauré par des généraux rebelles au nom de Franco [2] Premières exécutions : militants de gauche et officiers loyalistes, dont le commandant et maire de Melilla : le général Romerales, puis le général Gómez Morato ainsi que le haut commissaire civil Alvarez Buylla. Arrestations massives d’opposants au coup de force de l’armée notamment parmi les appelés catalans et basques.

18 juillet 1936 : Les généraux Orgaz et Franco prennent possession de l’île sur laquelle ils ont été assignés et décrètent la loi martiale dans toutes les Canaries. 5h15 : le manifeste de Franco est diffusé sur les ondes des Canaries et du Maroc :
“ …Je vous appelle à restaurer la fraternité, la liberté et l’égalité (…) Vive l’honorable peuple espagnol ! ”
Il se rend ensuite au Maroc avec l’avion de Cécil Bebb [3].

Au conseil des ministres, les officiers loyalistes et les dirigeants de la Gauche demandent que l’on distribue des armes aux syndicats. Le premier ministre Casares Quiroga refuse. Cette décision favorise le soulèvement notamment dans les grandes villes d’Andalousie. L’armée est aidée de la phalange et de la garde civile. À Séville, Malaga, Cadix, les combats sont rudes.
À Madrid les manifestations ouvrières réclament des armes, le ministre refuse mais 5 000 fusils sont livrés par le lieutenant-colonel, socialiste, Rodrigo Gil, à l’UGT.
La légion (El tercio), l’armée d’Afrique des “ regulares ” marocains, les deux tiers de l’armée métropolitaine et une partie de la garde civile appuient le soulèvement des généraux.
Un tiers de l’armée métropolitaine, la garde d’assaut restent fidèles au gouvernement démocratiquement élu. Ses autres appuis seront les adhérents des syndicats ouvriers et paysans et ceux des partis de gauche. Ils n’ont pas d’armes…
Pendant ce temps le gouvernement essaie de négocier avec les généraux séditieux [4]. Mola refuse les propositions d’entrer au gouvernement.

19 juillet 1936 : Un nouveau gouvernement sous la présidence de José Giral est constitué et décide de distribuer les armes aux syndicats. Giral télégraphie dans la soirée à Léon Blum pour demander des avions, des armes et des munitions.
- Madrid : sur 65 000 fusils distribués, 60 000 n’ont pas de culasses. Il faut prendre ceux de la caserne de la Montaña, dans laquelle le colonel Serra refuse d’obtempérer.
La pasionaria prononce, devant le ministerio de la gobernación (premier ministre), le fameux ¡No pasaran !
- Cadix, 200 regulares marocains débarquent. Mais les marins et ouvriers de l’armée, fidèles à la République, contrariant les plans de Franco, se révoltent, fusillent leurs officiers et font obstacle au passage des troupes rebelles vers l’Espagne. Le général Queipo de Llano terrorise l’Andalousie [5]. En revanche Almería résistera jusqu’à la fin de la guerre [6].
- Barcelone, le président Companys refuse de distribuer des armes à la population mais la CNT prend d’assaut plusieurs dépôts militaires. Les forces du putsch tentent de rejoindre les autres colonnes amies, mais elles sont arrêtée par les anarchistes, les gardes d’assaut et, fait remarquable, des gardes civils.

20 juillet 1936 : Barcelone, le soulèvement militaire est un échec face aux forces armées de la CNT et de la FAI (Fédération anarchiste ibérique).
Dans la soirée Lluís Companys reçoit les véritables vainqueurs, les anarchistes [7]. et leur remet ses pouvoirs [8]. Les anarchistes déclinent ce pouvoir que leur donnait leur victoire. [9]
- Séville : le général Queipo de Llano s’empare des quartiers ouvriers et populaires qui sont sans armes. Les massacres sont atroces, puis les légionnaires anéantissent la ville basse [10] au canon. Le peuple se bat quasiment à main nue. L’armée perpétue des assassinats.
Un avion part pour Lisbonne pour ramener le Général Sanjurjo. Celui-ci se charge d’une malle trop lourde (costumes d’apparat), l’avion ne peut décoller, il heurte les cimes des arbres et s’enflamme, le “ lion du Rif ” meurt carbonisé. Restent, pour la tête de cette sédition, les généraux : Mola (dans le Nord), Queipo de Llano (Sud, Séville) et Franco (Maroc et Sud Ouest). Ils détiennent après les premiers combats : un tiers du territoire, les Canaries, les Baléares (sauf Minorque) et le Maroc espagnol.

Entre le 20 et le 26 juillet 1936 : Les contre jeux olympiques qui devaient se tenir à Barcelone sont annulés mais des sportifs resteront pour se battre au côté de la république espagnole, ils seront parmi les premiers internationaux de la guerre d’Espagne. D’autres organiseront, le 26 juillet, dans la région parisienne, des jeux sportifs dont les bénéfices iront à la république espagnole.

21 juillet 1936 : Barcelone : Suite à la demande des anarchistes auprès du président Companys, se forme le Comité des milices antifascistes de Catalogne, où sont représentés tous les secteurs de la population républicaine et ses organisations politiques et syndicales , création du : 3 UGT ; 3 CNT ; 3 Gauche catalane ; 2 FAI ; 1 PSUC (parti socialiste unifié de Catalogne), 1 communiste ; 1 Action catalane ; 1 POUM ; 1 Rabassaire (travailleurs viticulteurs).
Violentes répressions dans les régions soumises par les militaires. Tueries également dans le camp républicain, mais plus du fait d’individus isolés que comme moyen systématique de domination tandis que, dans le camp fasciste, la terreur est utilisée comme une arme. Mola l’a prévue : “ Il faut répandre une ambiance de terreur. Nous devons créer une impression de domination… Quiconque est ouvertement ou secrètement un partisan du front populaire doit être abattu ! ”

22 juillet 1936 : Tolède, le colonel José Moscardo s’enferme dans l’Alcazar, palais fortifié à l’entrée de la ville avec 1 300 gardes civils, des phalangistes, des sympathisants d’extrême droite, 600 femmes et enfants. Ils tiendront jusqu’au 28 septembre, date où Franco envoie Yagüe les libérer.

24 juillet 1936 : Burgos création d’une junte de défense nationale qui soutient le soulèvement, avec : Miguel Cabanellas Ferrer comme président, [11] les généraux Emilio Mola, Fidel Dávila Arrondo, Miguel Ponte y Manso de Zúñiga et Andrés Saliquet Zumeta, les colonels Federico Montaner Canet et Fernando Moreno Calderón. Francisco Franco y Behamonde n’y rentrera qu’en Août. Il attend son heure.
Barcelone : constitution et départ d’une colonne de 10 000 volontaires, en majorité anarchistes, pour Zaragoza, menée par Buenaventura Durruti.
Paris : Léon Blum accepte d’envoyer à la république espagnole : 20 bombardiers Potez et diverses armes (fusils Lebel, mitrailleuses Hotchkiss, obusiers Schneider et les cartouches et bombes adéquates).

25 juillet 1936 : Crise politique en France à propos de cette aide, méfiance en Europe. Blum, à contrecœur, recule. Finalement ce sont des personnalités antifascistes parfois au sein même du gouvernement qui livreront les armes : Jean Moulin, André Malraux, Léo Lagrange… 70 avions envoyés près de Barcelone. André Malraux formera et commandera l’escadrille “ España ” (20 Potez 54), qui sera pilotée par des hommes de toutes nationalités et entrera en action, au mois d’Août 36, en Estrémadure.
Bien avant l’organisation des brigades internationales, des étrangers socialistes, anarchistes ou sans idéologie connue combattront dans les milices : Italiens (bataillon “ Gastone-Sozzi ” et colonne “ Giustizia e Libertà ”), Allemands (centurie « Thaelmann ”), Français et Belges (bataillon « de Paris ”), Anglais (centurie « Tom Mann ”). Au total plus de 1 500 hommes et femmes. Internationalisation du conflit dès Août 1936.

Madrid : Les communistes sont de plus en plus influents au sein de l’UGT.

Le ravitaillement s’effectue grâce aux restaurants communautaires, les convives paient avec des bons émis par les syndicats UGT et CNT.
Les anarchistes sont très influents en Andalousie et en Catalogne : nombreuses expériences sociales seront menées dans tous les domaines économiques primordiaux pour la survie des populations : agriculture, transport, fluides, industrie. Cette organisation s ‘étend dans toute l’Espagne républicaine des centaines de milliers de personnes vivent des et dans les collectivités.
Dans les provinces basques, la vie reste bourgeoise et catholique, avec une police basque, un clergé et des catholiques fidèles à la République.
Mola fait route sur Madrid ; les miliciens l’arrêtent.

26 juillet 1936 : Hitler accepte la demande de Franco, lui mettant à disposition des avions de transport pour les troupes du Maroc. 52 Junker quittent l’Allemagne et 9 Savoia-Marchetti quittent l’Italie pour le Maroc.
D’août à Septembre, l’aviation allemande fera 677 traversées, amenant ainsi 12 000 hommes, premier pont aérien de l’histoire.

Entre le 21 et le 31 juillet 1936 : Les premières colonnes révolutionnaires partent de Barcelone en direction de l’Aragon ou de Madrid. Voici leur composition : CNT-FAI : 13 000 miliciens ; POUM : 3 000 ; UGT : 2 000 ; Généralité de Catalogne et gardes d’assaut : 2 000.

31 juillet 1936 : À Valence, les officiers et les simples soldats loyalistes prennent d’assaut la caserne des officiers.
Entre le 29 juillet et le 5 août 1936:1 500 hommes des troupes du Maroc gagnent l’Espagne par les airs.
S’ouvre la guerre économique, chaque partie profitant des industries et productions agricoles sous son contrôle.
Les républicains s’étaient appropriés la fabrique d’armes et de poudre de Murcia, il en existait une autre à Tolède, mais aucune de ces deux n’était aussi importante que l’usine nationale de poudre et explosifs d’El Fargue, près de Grenade, qui resta aux mains des militaires insurgés contre la République.

1er août 1936 : Hitler ouvre les jeux olympiques à Berlin, dans un stade où l’assistance clame des slogans nazis. La délégation sportive française, officiellement désignée par les délégués français du Comité olympique entre sur le terrain en faisant le salut fasciste.
Cadix, arrivent, une dizaine de bombardiers venant de Hambourg qui s’ajoutent à ceux provenant d’Italie. Salazar, dictateur portugais, promet toute son aide aux insurgés.

2 août 1936  : la France propose une “ Convention internationale de non-intervention dans les évènements espagnols. ”.

3 août 1936 : Le journal communiste français L’Humanité reste réservé du fait que le PCE est minoritaire dans le mouvement et écrit : « Le peuple espagnol (…) n’a qu’un seul but : la défense de l’ordre républicain dans le respect de la propriété. »

8 août 1936 : Constitution à Londres du Comité de non-intervention en Espagne.

9 août 1936 : Les Baléares, Ibiza : soulèvement des ouvriers contre la garnison nationaliste. L’île redevient républicaine, le poète Rafael Alberti est libéré.

11 août 1936 : Pays basque entrée des nationalistes à Tolosa.

14 août 1936 : Badajoz, la légion et les troupes marocaines du colonel Yagüe attaquent la ville. Une répression, qui dépasse en horreur tout ce qui fut vécu jusque là, s’abat sur la ville. Protestations internationales. L’accès à la frontière portugaise est coupé. L’Ouest de l’Espagne est aux mains des nationalistes.

15 Août 1936 : Les français (Yvon Delbos, ministre des affaires étrangères) proposent, aux autres gouvernements, un texte d’un accord de non intervention : “ …Le gouvernement français interdit, en ce qui le concerne, l’exportation directe ou indirecte, la réexportation et le transit à destination de l’Espagne, des possessions espagnoles ou de la zone espagnole du Maroc, de toutes armes, munitions ou matériel de guerre, ainsi que de tous aéronefs, montés ou démontés et de tous navires de guerre. Cette interdiction s’applique, aussi, aux contrats en cours d’exécutions. ”

16 août 1936 : Arrestation par la Phalange du poète Federico García Lorca, qui s’était réfugié au début du soulèvement chez des amis à Grenade.

17 août 1936 : Les mariages sur le front sont légalisés.

19 août 1936 : Assassinat de Federico García Lorca, dont le corps est jeté dans une fosse commune, à Víznar (Grenade).

22 août 1936 : Exécution sommaire par les républicains de plusieurs anciens ministres : José Martinez de Velasco, Manuel Rico, Ramón Alvarez.

23 août 1936 : Création de tribunaux populaires, afin de freiner les massacres des opposants à la République.

30 août 1936 : Entrée en vigueur du pacte de non-intervention. Bien qu’ils soient signataires les États fascistes violeront immédiatement la non-intervention et armeront le camp nationaliste.

Fin Août 1936 : Avec la chute du Pays Basque, l’exode s’amorce déjà : 15 000 personnes trouvent refuge en France.

Septembre 1936 : L’URSS envoie un nouvel ambassadeur Marcel Izvailevic Rosenberg, avec lui 500 soviétiques officiers, techniciens, policiers, économistes, traducteurs….

3 septembre 1936 : Franco renforce son audience dans son propre camp avec la victoire de l’armée d’Afrique à Talavera.

Meeting au Vélodrome d’hiver à Paris avec Dolorès Ibarruri (la Pasionaria). La députée communiste espagnole s’écrie : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ! » et termine son discours par un : « Aidez-nous ! »

4/5 septembre 1936 : Giral démissionne. Largo Caballero est nommé premier ministre. Il prend avec lui des communistes ; les anarchistes refusent de rentrer au gouvernement.
Nouveau gouvernement : 6 socialistes, 2 gauche républicaine, 2 union républicaine, 2 gauche catalane ; 2 communistes, 1 nationaliste basque.

13 septembre 1936 : Pays basque, Saint Sébastien : entrée des nationalistes, deuxième ville basque après Irun (le 4) à tomber.

14 septembre 1936 : Pie XI parle de la “ haine véritablement satanique de Dieu ” qui anime les républicains.

18 septembre 1936 : Constitution, à Moscou, des Brigades internationales par Staline. Leur organisation devient la tâche principale du Komintern.

21 septembre 1936 : Franco se fait nommer généralissime

27 septembre 1936 : Madrid premiers raids aériens allemands.
Barcelone : entrée de quatre ministres anarchistes au gouvernement catalan Antonio García à la Santé, José Domenech au Ravitaillement, Juan Fábrega à l’Économie. Andrés Nin, dirigeant du POUM, entre dans ce même gouvernement, à la Justice.

28 septembre 1936 : Fin du siège de l’Alcazar de Tolède. Moscardó en sort vainqueur.
Après de longues et secrètes tractations, Franco se fait nommer par la junte : “ Chef du gouvernement de l’État espagnol pour la durée de la guerre ”. Quelques jours plus tard, il obtient les pleins pouvoirs.

1er octobre 1936 : Un défilé militaire organisé à Burgos célèbre la consécration de Franco en Caudillo. La junte de défense nationale est remplacée le jour même par un conseil technique de l’État (Junta técnica del Estado) présidé par Fidel Dávila.

4 octobre 1936 : URSS à Odessa, départ des navires chargés de matériel militaire pour l’Espagne républicaine.

7 octobre 1936 : Nouvelle offensive de l’armée d’Afrique contre Madrid.

8 octobre 1936 : Statut d’autonomie du Pays basque : Euzkadi. José Antonio Aguirre est élu président. Son gouvernement : 4 nationalistes basques, 3 socialistes, 1 communiste, 1 union républicaine, 1 gauche républicaine.

10 octobre 1936 : Arrivée, sur le sol espagnol, des premiers tanks soviétiques T-26. Avec les officiers de commandement (Colonel Semion Krivoshein, Paul Arman “ Greisser ”) ; la 1er brigade mixte du général Lister les appuie.

12 octobre 1936 : Salamanque anniversaire de la découverte de l’Amérique, “ jour de la race ” (espagnole).
 [12]

13 octobre 1936 : À Paris, 500 volontaires français, polonais, et russes exilés embarquent à la gare d’Austerlitz, pour aller combattre aux côtés des républicains espagnols. À Barcelone, arrivent 600 hommes dont des Anglais, des Allemands, des belges, des Américains et bien d’autres encore (70 nationalités). Albacete devient le quartier général des Brigades internationales. Tout le long du mois, les renforts internationaux en hommes vont arriver. André Marty, pour les français, Luigi Longo pour les italiens prennent la direction de ces colonnes étrangères.

24 octobre 1936 : Décret de collectivisation de l’industrie. Il faut que le pays continue de fonctionner et de répondre aux besoins du pays et de la population. Les tramways de Madrid et de Barcelone sont gérés par l’UGT et la CNT.

25 octobre 1936 : À Carthagène, Largo Cabellero et Négrin, sans avertir le président Azaña, envoient à l’URSS une grande partie (457 tonnes) des réserves d’or de l’Espagne (quatrième stock du monde) pour « le mettre à l’abri des fascistes » et en paiement des matériels de guerre fournis par l’URSS.

2 au 9 novembre 1936 : À Paracuellos del Jarama, dans la province de Madrid, massacre, par les républicains, de près de 2 000 prisonniers favorables au soulèvement. Santiago Carrillo et Magarita Nelken en portent la responsabilité.

4 novembre 1936 : Madrid : La CNT entre au gouvernement central :
Juan García Oliver (justice), Federica Montseny (Santé), Juan Peiro (Industrie), Juan Lopez Sanchez (Commerce).

6 novembre 1936 : Début du siège de Madrid par les nationalistes. Franco s’acharne : il veut célébrer Noël dans la capitale.
Le même jour la légion Condor quitte Berlin pour l’Espagne : 4 escadrilles de bombardiers (48 Junker 52), 4 escadrilles de chasse (48 Heinkel 51), 1 escadrille d’hydravions de reconnaissance, 1 Heinkel 70 pour les reconnaissances photographiques, 4 compagnies de chars (16 chars), batteries antiaériennes et antichars, 3 800 hommes sous le commandement du général Von Sperrle et du Lieutenant-colonel Wolfram Freiherr von Richthofen, chef d’état-major.

7 novembre 1936 : La défense de Madrid est confiée à une junte dirigée par le général Miaja. Le gouvernement se transfère à Madrid. Koltov, conseiller soviétique, désigne les nouveaux commissaires de la République. Il fera aussi procéder à des massacres de prisonniers. Seul Melchor Rodriguez, directeur des prisons, fonctionnaire anarchiste, s’élèvera contre cette horreur.

8 novembre 1936 : À Madrid, arrivée des Brigades Internationales, début de la contre offensive républicaine : 8 500 hommes des 11e et 12e brigades participent à la contre-offensive républicaine de novembre, avec 170 avions, 53 chars, et au total 40 000 hommes.

9 novembre 1936 : Les troupes républicaines arrêtent de l’avance nationaliste sur la capitale.

12 novembre 1936 : Arrivée de Buenaventura Durruti à la tête de 4 000 miliciens anarchistes.

18 novembre 1936 : L’Allemagne et l’Italie reconnaissent l’Espagne de Franco.

19 novembre 1936 : Après procès, condamnation à mort de José Antonio Primo de Rivera. Les anarchistes sont opposés à sa condamnation à mort ainsi que la plupart des ministres du gouvernement républicain.
Madrid : Durruti est mortellement blessé devant la cité universitaire. Il meurt le lendemain à l’âge de 40 ans.

20 novembre 1936 : José Antonio Primo de Rivera est fusillé à la prison d’Alicante.

23 novembre 1936 : L’enterrement de Durruti suivi par des centaines de milliers de personnes silencieuses dans la ville assiégée. Ricardo Sanz est nommé pour le remplacer à Madrid.
Après 4 jours de bombardements intensifs de la capitale, les nationalistes et leurs alliés reportent l’attaque frontale devant la résistance acharnée des milices et des brigades. 10 000 victimes des bombardements.

28 novembre 1936 : À Barcelone, Antonov-Ovseenko, consul général de l’URSS dénonce la Batalla, organe de presse du POUM. L’attaque contre ces dissidents commence, orchestrés par Staline. Le POUM et la FAI sont les seuls à dénoncer les procès qui ont lieu à Moscou.
La FAI compte 30 000 membres.

14 décembre 1936 : Offensive nationaliste secteur de Madrid, prise de Boadilla. Riposte avec les chars du général Pavlov et les brigades internationales “ Thaelmann ”, “ commune de Paris ”, et Dombrowsky ”. Boadilla est reprise.

16 décembre 1936 : À Barcelone, nouveau cabinet catalan formé par Josep Tarradellas : 3 gauche catalane, 3 UGT ; 4 CNT, 1 rabassaire.
Andrès NIN (dirigeant du POUM) est exclu de la nouvelle formation, sous la pression des communistes, accusé de déloyauté et d’antisoviétisme.

21 décembre 1936 : Staline conseille à Largo Caballero de remettre à plus tard la révolution sociale et de s’allier avec les forces bourgeoises.

25 décembre 1936 : Federica Montseny, ministre de la Santé, appuyée par le docteur Félix Marti Ibañez, promulgue le décret de libéralisation de l’avortement.

28 décembre 1936 : À Lopera, limite des provinces de Jaen et de Cordoue, offensive républicaine avec le bataillon La Marseillaise, comprenant des Français, et une compagnie anglaise de la 14e Brigade internationale. Après la bataille, André Marty, membre du Komintern et un des principaux chefs des Brigades internationales, curieusement accuse de trahison le commandant Gaston Delasalle, commandant le bataillon La Marseillaise. Ce dernier, en 1919, s’était opposé à André Marty au cours de la révolte des marins dans la mer Noire. Marty le fait passer devant un peloton d’exécution. [13]]]

Notes

[1Maroc espagnol

[2toujours poste surveillé à Las Palmas, Canaries.

[3venu d’Angleterre le chercher à Las Palmas

[4il est persuadé que cette rébellion va être vite endiguée et qu’elle rétablira l’ordre et la discipline sur lesquels il pourra s’appuyer

[5Il promet « une mort violente aux chiens rouges et le viol pour leurs femmes » sur Radio Séville

[6même si elle est partiellement détruite en 1939 par l’aviation allemande

[7L’anarchiste Diego Abad de Santillán écrit : « Nous allâmes au siège du gouvernement catalan les armes à la main, sans avoir dormi depuis plusieurs jours, sans nous être rasés, donnant, par notre apparence, réalité à la légende qui s’était formée sur nous. Quelques-uns des membres du gouvernement de la région autonome tremblaient, livides, en cette entrevue où manquait Ascaso. Le palais du Gouvernement fut envahi par l’escorte de combattants qui nous avaient accompagnés »

[8il leur dit : « Vous êtes les maîtres de la ville et de la Catalogne, parce que, seuls, vous avez vaincu les soldats fascistes… Vous avez vaincu et tout est en votre pouvoir. Si vous n’avez pas besoin, si vous ne voulez pas de moi comme président, dites-le maintenant, et je deviendrai un soldat de plus dans la lutte antifasciste. Si, au contraire, vous me croyez quand je dis que je n’abandonnerai ce poste que mort au fascisme victorieux, alors peut-être qu’avec mes camarades de parti, mon nom et mon prestige, je puis vous servir… »

[9Le président Azaña écrit : « En contrecoup de la rébellion militaire… se produisit un soulèvement prolétarien qui ne se dirigea pas contre le gouvernement… Une révolution doit s’emparer du commandement, s’installer au gouvernement, diriger le pays selon ses vues. Or, ils ne l’ont pas fait… L’ordre ancien aurait pu être remplacé par un autre, révolutionnaire. Il ne le fut pas. Il n’y avait plus qu’impuissance et désordre… » (La velada en Benicarlo, p. 96)

[10Triana, un des onze districts de la ville

[11qui sera très vite évincé par Franco

[12Ce jour là, au cour d’un discours dans l’université le professeur Maldonado lance une violente diatribe contre les nationalismes catalans et basques et le général Millan Astray (fondateur de la légion) s’écrie “ Vive la mort ”. Miguel Unamuno, philosophe, recteur de l’université de Salamanque, monte à la tribune, jusque là il avait d’abord lutté contre la dictature de Primo de Rivera et pour la république, puis, il prit ses distances avec celle-ci, se rapprochant de la phalange, où il déclare devant un parterre de factieux et des hauts dignitaires de l’armée nationaliste, un discours resté célèbre par son courage :
“ (..) Il y a des moments où se taire est mentir. (…) je voudrais ajouter quelque chose au discours – si l’on peut ainsi l’appeler – du professeur Maldonado. Ne parlons pas de l’affront personnel que m’a fait sa violente vitupération contre les Basques et les Catalans. Je suis moi-même né à Bilbao. L’évêque (il désigne de la main l’évêque de Salamanque, assis à son côté, que cela lui plaise ou non, est un Catalan de Barcelone.
Je viens d’entendre un cri nécrophile et insensé : “ Vive la mort ! ” (…) Ce paradoxe est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Disons le sans arrière pensée discourtoise : il est invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Malheureusement, il y a aujourd’hui, en Espagne, beaucoup trop d’infirmes. (…) Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait établir les bases d’une psychologie de masse. Un infirme qui n’a pas la grandeur spirituelle d’un Cervantès recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu’il peut faire subir autour de lui  ? ”
Millan crie alors : “ Mort aux intellectuels ! Vive la mort ! ” la foule répond avec un salut fasciste : “ À bas les intellectuels hypocrites ! traître ! ” La vie de Miguel Unamuno fut sauvé par Carmen Franco, la femme du général, qui le prend par le bras et l’entraîne au dehors, alors qu’un garde du corps de Millan Astray le tenait en joue avec son fusil mitrailleur. Ce discours qui dit le courage de cet intellectuel qui ose au cœur d’un milieu nationaliste affirmer qu’il leur manque “ la raison et le droit. ” Miguel de Unamuno meurt à la fin de l’année 1936.

[13« À la mi- mars 1939, cette affaire a un retentissement jusqu’à l’assemblée nationale à Paris où André Marty est mis en accusation d’avoir fait exécuter un ancien officier de l’armée française sur ordre direct de sa part, le capitaine Gaston Delesalle, commandant du bataillon La Marseillaise de la XIV Brigade internationale. Il est envoyé de toute urgence, avec son bataillon sur le front andalous contre l’offensive menée par le général rebelle Queipo de Llano à la mi-décembre 1936. C’est le baptême de feu de cette brigade. Leur expédition est malchanceuse, d’abord le bataillon du Bulgare Stomatov est défait puis c’est le tour de La Marseillaise à Lopera. Cela irrita profondément Marty qui organisa un procès plus que sommaire, par un tribunal et un jury formés par d’autres membres de la brigade, qui condamna à mort Delesalle de façon expéditive et la sentence est exécutée immédiatement. » [[Javier Rubio (revue Persée) et Andreu Castells, Las brigadas internacionales de la guerra d’España, editorial Ariel, Barcelona 1973.

03/ 1934 -15 juillet 1936 Bieno negro

Colonne de population des Asturies déportée 1934

Atmosphère d’insurrection populaire

 Les mouvements de protestation ouvriers (cf. Casas Viejas, 1933) prennent une ampleur insurrectionnelle. La répression est féroce : arrestations arbitraires, déportation des leaders, condamnations à perpétuité, exécutions capitales. Dans ces conditions, les anarchistes boycottent les élections législatives de novembre 1933, entraînant la victoire de la coalition des partis de droite, la CEDA. Là commencent deux années noires, le bienio negro. Largo Caballero, dit le « Lénine espagnol », leader du PSOE, regroupe un comité révolutionnaire. En octobre 1934, une nouvelle crise gouvernementale provoque la grève générale. Le mouvement, baptisé « Révolution d’octobre », sera écrasé à Madrid et à Barcelone. Dans le sillage de ce soulèvement, les mineurs des Asturies (UGT, CNT) iront jusqu’à instaurer une « commune », déclenchant une pré-guerre civile régionale. De cette explosion va naître l’UHP, (Uníos, hermanos proletarios, Unissez-vous, frères prolétaires). Dessiné par les rancœurs accumulées depuis 1931, le Frente Popular est formé par Manuel Azaña en octobre 1935. Les élections du 16 février 1936 lui donnent la victoire. S’ensuit la libération des syndicalistes et des politiques. La Phalange et le Parti radical ne sont plus présents aux Cortes. Lluís Companys retrouve sa place à la Généralité de Catalogne. Les généraux Franco, Goded et Sanjurjo sont éloignés. Le gouvernement d’Azaña, sous la pression populaire, met en marche la redistribution des terres, la nationalisation de grandes industries, la réforme de l’armée et la séparation de l’Église et de l’État.

1er janvier 1934 : Gouvernement Lerroux revient sur les réformes du gouvernement précédent : enseignement religieux, loi agraire, pensions des prêtres. Il amnistie les hommes politiques de droite sanctionnés par le gouvernement Azaña dont le général Sanjurjo.

3 février 1934 : Largo Caballero ancien socialiste modéré devient leader de l’aile gauche du parti socialiste, il estime que : “ le seul espoir des travailleurs est dans la révolution sociale ! ”. Il rassemble un comité révolutionnaire. Il dit très fort que les ouvriers ne peuvent se contenter de défendre une démocratie bourgeoise et prône une révolution par la violence ; Indalecio Prieto, socialiste également, le combat avec vigueur, malgré la réserve prudente des dirigeants du PCE, tel José Diaz, secrétaire général.

28 mars 1934 : Pacte d’alliance entre l’UGT (socialiste) et la CNT (anarchiste).

31 mars 1934 : Accord secret entre Mussolini et les monarchistes espagnols.
Le Duce promet une aide de 1 500 000 pesetas, 20 000 fusils, 200 mitrailleuses,
20 000 grenades en vue du renversement de la république.

Juin 1934 : Grève générale paysanne pour le respect de la charte du travail adoptée par la République. Le nouveau ministre de l’intérieur, Salazar Alonso, envoie la garde civile ; nombreuses arrestations.

Été 1934 : agité, tensions sociales et politiques. Marche des femmes contre la faim…

4 octobre 1934 : Crise gouvernementale. Remaniement : 3 hommes de la CEDA, entrent au cabinet Lerroux.
À Madrid : grève générale de l’UGT, les dirigeants socialistes sont arrêtés.
À Barcelone : Companys proclame “ l’état catalan de la république espagnole ”. Répression de l’état central : 40 morts, arrestation du gouvernement catalan et de son président qui sera condamné à mort. Peine commuée ultérieurement en années de détention.

5 octobre 1934 : Dans les Asturies, les mineurs sont à la pointe du soulèvement, les partis et les syndicats sont unis, UGT et la CNT forment l’UHP (Unissez vous frères prolétaires !). Il s’agit d’une “ commune ” asturienne. Elle prend en main tous les aspects de la vie sociale, industrielle et politique. 50 000 mineurs assiègent les casernes et les points névralgiques de la “ nouvelle République socialiste ”.
Le gouvernement central de Lerroux envoie deux généraux mater la rébellion :
Manuel Goded et Francisco Franco.

8 octobre 1934 : Arrestations à Madrid et à Barcelone des dirigeants politiques et syndicaux de la rébellion.

10 octobre 1934 : Franco expédie la légion du colonel Yagüe et les troupes marocaines. S’ensuit une répression atroce avec des horreurs envers les populations. La police justifie la sanglante répression en prétextant un armement important des mineurs avec des chiffres qui auraient dû leur faire conquérir victorieusement le gouvernement central : 90 000 fusils, 33 000 pistolets, 330 000 cartouches, 10 000 caisses de dynamite et 30 000 grenades.

12 octobre 1934 : Le mouvement révolutionnaire est étouffé. Il se solde par plus de 2 000 tués, 3 000 blessés et 15 000 à 30 000 prisonniers ou déportés.

27 décembre 1934 : Le prolétariat espagnol est un des plus puissamment organisés d’Europe avec celui d’Allemagne. Le journal espagnol ABC publie la répartition des adhérents des organisations ouvrières espagnoles. CNT : 1 577 000 adhérents, UGT : 1 444 000 adhérents, PSOE : 200 000 adhérents, PCE : 13 000 adhérents.

Décembre 1934  : À Madrid, création du premier groupe de « Mujeres Libres », d’obédience libertaire, à l’initiative de Lucía Sánchez Saornil, Amparo Poch y Gascón, Mercedes Comaposada Guillén et Consuelo Berges. (Mujeres libres, ouvrage collectif, Los solidarios, 2000)

1935 : Les positions se radicalisent de part et d’autre.

Février 1935 : C’est une période très troublée. Le pays est sous le choc de la période de répression qui suivit les insurrections de 1934.
Vingt condamnations à mort, dont Lluis Companys, des députés socialistes et des officiers ralliés. Dix huit sont commuées en peines de prison par le président Alcalá Zamora, et deux exécutions effectives : un mineur et un sous officier. Démission des ministres de la CEDA.

Avril 1935 : Fusion des partis républicains en un Front républicain.

5 mai 1935 : Lerroux rappelle cinq ministres de la CEDA, dont Gil Robles à la Guerre. Ce dernier réhabilite Franco et le nomme chef de l’état-major central.

25 septembre 1935 : Fondation du POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste, dissidence communiste), son secrétaire est Andreu Nin.
Les paysans installés sur des terrains récupérés au titre de la réforme agraire sont au nombre de 13 471 familles (environ 50 000 personnes).

29 Octobre 1935 : Le parti centriste de Lerroux s’écroule face à un scandale financier, la droite et la gauche se retrouvent face à face, irréconciliables. Lerroux démissionne.

Décembre 1935 : Le parti socialiste s’allie au front républicain : le Frente popular est né dans une Espagne où le système électoral est favorable aux coalitions.
De leur côté, les groupes hitlériens en Espagne s’arment et reçoivent des subsides conséquent (3 millions de pesetas et des armes en grande quantité).

Début 1936 : Attentats et assassinats.

La politique générale de l’URSS par rapport aux socialistes en Europe change avec l’avènement des fronts populaires. Désormais les communistes s’allient avec eux et la bourgeoisie républicaine pour barrer la route aux fascismes, la révolution sociale exportée n’est plus au programme de Staline. Le PCE passe de 1 000 membres, à peine en 1931, à 3 000 au début de l’année 1936. Une force très relative qui doit trouver des alliances.

16 février 1936 : Elections législatives : 28% d’abstentions
La coalition du Frente popular remporte les élections.
Le système électoral, qui avantage les coalitions de partis, profite ici à la gauche unie, et la droite, qui a plus de voix qu’en 1933, perd des sièges à cause de ses divisions. Ce seront les dernières élections libres pour les quarante années qui suivent.
La phalange de Primo de Rivera et les centristes du parti radical de Lerroux ne remportent aucun siège.
Manuel Azaña premier ministre amnistie les prisonniers politiques. La Catalogne retrouve son statut et son président Luís Companys. Largo Caballero se refuse à toute collaboration avec le nouveau cabinet républicain.
Franco est muté aux Canaries et Goded aux Baléares.

20 février 1936 : 2e tour Consécration du Frente Popular, avec 277 députés sur 473 sièges. Le second tour pour les 20 sièges qui restaient à pourvoir confirme la victoire du front populaire et la débâcle de la droite.
Un climat d’une tension extrême s’installe. Entre les deux tendances. La phalange (25 000 membres) parade dans les rues en s’adonnant à des provocations. C’est le temps des attentats. Et des grands mouvements de colère des populations.

8 mars 1936 : Les généraux, Mola, Goded, Sanjurjo, Fanjul, et, plus en retrait, Franco, qui dès le lendemain des élections législatives de février 1936 qui ont vu la victoire du Frente Popular, commencent à conspirer, se réunissent à Madrid. Ils conviennent d’une insurrection pour le 19 ou le 20 avril, sous la direction de Sanjurjo, toujours en exil au Portugal depuis son coup d’État manqué de 1932.

13 mars 1936 : Arrestation de José Antonio Primo de Rivera.

7 avril 1936  : Alcalà Zamora est démis de la présidence, Manuel Azaña lui succède, provisoirement.

15 avril 1936 : José Calvo Sotelo, député monarchiste, menace de soulèvement si le gouvernement se montre faible.
Incident lors du défilé de commémoration du 5ème anniversaire de la république.

17 avril 1936  : À l’occasion des funérailles d’un officier de la garde civile abattu alors qu’il menaçait le président, les phalangistes transforment l’enterrement en une violente manifestation : 12 morts.

19 avril 1936 : Projet d’insurrection militaire, dont le chef est le général Sanjurjo.
La réaction se prépare, Mola devient le “ directeur ” du futur soulèvement tandis que Sanjurjo, toujours en exil au Portugal, est le “ chef de la rébellion ”.

26 avril 1936 : France : Elections, victoire du front populaire aux élections législatives. Léon Blum membre de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) dirige le gouvernement.

Avril 1936 : Fondation de la revue Mujeres Libres, à Madrid, 4 numéros paraissent avant juillet. D’avril 1936 à février 1939, 20 000 femmes (ouvrières pour la plupart) animeront Mujeres Libres.

Mai 1936 : Parution du premier numéro de la revue Mujeres libres, 13 numéros jusqu’en automne 1938, puis durant l’exil, d’abord à Londres puis à Paris, de novembre 1964 à décembre 1976, 47 numéros paraîtront sous le titre Mujeres libres de España en el exilio.

Création d’une revue internationale marxiste de femmes sous la direction de Dolores Ibarruri et Margarita Nelken, AIMA (Agencia de Información Mundial Antifascista). Treize numéros paraîtront jusqu’à l’automne 1938.

10 mai 1936 : Manuel Azaña, (gauche républicaine), élu président.

13 mai 1936 : Casares Quiroga, est nommé premier ministre et ministre de la guerre (gauche républicaine)

24 mai 1936 : Largo Caballero (parti socialiste) a la très ferme conviction que le front populaire sera rompu, il déclare à Cadix : “ Nous imposerons alors la dictature du prolétariat. ”
Discussions sécrètes entre conspirateurs militaires, monarchistes, phalangistes, catholiques conservateurs contre le front populaire.
Le gouvernement de Casares Quiroga, informé des dangers, déplace les généraux et les sépare mais pas très efficacement ; au contraire, ces déplacements facilitent souvent les plans des séditieux (Mola, à Pampelune, est en terrain conservateur, Franco, aux Canaries, se rapproche de l’armée du Maroc où il a officié et où il reste très apprécié des officiers de garnison…).

Entre février et juin 1936 : On recense 161 incendies d’églises, 213 attentats, 113 grèves partielles, etc. L’économie est paralysée, les assassinats politiques se multiplient. Les militants de droite et de gauche s’affrontent mortellement dans la rue. La bourgeoisie et ses partis cherchent à renverser ce gouvernement populaire.

11 juillet 1936 : Un avion anglais quitte Croydon (Angleterre) pour Las Palmas. Il doit transporter le général Franco au Maroc.

12 juillet 1936 : Franco, prudent, répond mollement au colonel Valentín Galarza Morante, qui assure la liaison entre les conspirateurs.
José Castillo, un lieutenant des gardes d’assaut (unité républicaine socialiste) est tué à Madrid par des phalangistes.

13 juillet 1936 : En représailles, ses compagnons arrêtent chez lui à 3 heures du matin le député monarchiste Calvo Sotelo. En le menant à la préfecture un des occupants lui tire une balle dans la tête. Dans un climat d’échauffourées et de règlements de comptes, ces deux événements mettent le feu aux poudres.

14 juillet 1936 : À Madrid, la gauche enterre le lieutenant Castillo tandis que la droite enterre Calvo Sotelo. 4 morts.

15 juillet 1936  : Au parlement, “ la commission permanente ”, composée de représentants de chaque parti se réunit pour éviter la guerre civile imminente.
Le gouvernement italien envoie des avions au Maroc espagnol.

UNE, Unión nacional española (Union nationale espagnole).

Et, en août 1941, paraît le manifeste de l’UNE sur la base suivante : « Au sein de l’Union nationale doivent se grouper tous les Espagnols, depuis les royalistes et catholiques jusqu’aux anarchistes et communistes, car elle ne cherche pas à créer de régime politique ». L’UNE fait un gros travail de propagande dans Reconquista de España, son journal, s’engageant sans retenue dans la résistance antifasciste, comme l’illustre le slogan : « Ni un hombre, ni una arma, ni un grano de trigo para Hitler » (Pas un homme, pas une arme, pas un grain de blé pour Hitler).

L’objectif de l’UNE est la reconquête de l’Espagne et le rétablissement de la démocratie. Dans ce but, elle sélectionne les militants les plus susceptibles de diriger des groupes armés.

Ses activités principales sont le passage de la frontière franco-espagnole pour les éléments recherchés par la Gestapo ou la police française, la fabrication de fausses pièces d’identité, l’aide aux maquis, le renseignement… Après deux ans, le PCE et l’UNE, malgré la répression qui touche le dispositif, se retrouvent à la tête d’un important réseau de guérilla en France, composé d’Espagnols, en majorité communistes – d’autres jeunes ayant rejoint individuellement ses rangs – placé sous la direction exclusive du PCE et de sa succursale catalane le PSUC.

Toutefois, les responsables de l’UNE mesurent mal la situation répressive en Espagne : en ne respectant pas le minimum de secret pour l’opération, ils vouent ainsi à l’échec l’opération du Val d’Aran censée engager le combat pour renverser le régime franquiste, le 19 octobre 1944.

Après le revers cuisant de cette opération, l’UNE s’autodissout, en juin 1945.

Une des directives « secrètes » de l’UNE, durant la Résistance, est d’assassiner d’autres résistants espagnols gênants : militants socialistes, anarchistes, du POUM, et même communistes. L’attentat le plus notoire sera l’assassinat du secrétaire du PSOE touloud-sain, dans une rue de Toulouse, Auxiliano Benito. Quant au meurtre de la famille Roy-Soler, brûlée vive dans leur ferme de l’Ariège à Lacazasse, c’est visiblement Ricardo Roy Escribano qui était visé par les tueurs staliniens et c’est cela qui est à l’origine du massacre ( voir le dossier spécial d’Angel Carballeira)

02/ 1931-1933, Espagne. Les premiers balbutiements de la République

Fragment de la constitution de la 2e République 1931

1931, État des piliers de la nation :

Armée : 150 000 hommes, 17 000 officiers, 200 généraux.
Église : 1,5% de la population sont des religieux : 380 000 prêtres, moines, religieuses, 11 000 domaines dont 1 000 couvents. L’Église est un des plus importants propriétaires fonciers du pays. Elle est omniprésente dans l’enseignement dont elle a le monopole. Elle est très riche, le salaire quotidien moyen d’un archevêque est de 110 pesetas.

Les conditions de vie du peuple :

Le salaire moyen d’un journalier est de 3 pesetas/jour, 5,50 pendant les vendanges.
Un journalier ou un ouvrier au chômage ne touche aucune indemnité.
1 200 000 enfants ne sont pas scolarisés. 45% de la population est analphabète.
Sur une population de 24 millions d’habitants en 1931, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) compte 20 000 membres, le Parti communiste espagnol (PCE) 800 adhérents (information du 7ème congrès du Komintern). Côté syndicats, 300 000 personnes adhèrent à l’Union générale des travailleurs (UGT, socialiste) et 600 000 à la Confédération nationale du travail (CNT, anarcho-syndicaliste).

Février 1931 : Instabilité du gouvernement monarchique. Organisation d’élections municipales, le roi pense que ses institutions résisteront correctement.

12 avril 1931 : Victoire relative des républicains dans les grandes villes.

13 avril 1931 : Fin de la monarchie.

13 avril 1931 : Après avoir consulté le général Sanjurjo, commandant de la garde civile, le roi suspend ses prérogatives royales et part définitivement en exil.

14 avril 1931 : Proclamation officielle de la Seconde République ; le roi part en exil.

Premier gouvernement de la république :

Niceto Alcalà Zamora (président du conseil de la république, catholique) ; Miguel Maura (ministre de l’intérieur, catholique) ; Alejandro Lerroux (ministre des affaires étrangères, fondateur du parti radical, républicain de droite, Andalou de Barcelone, athée) ; Manuel Azaña (ministre de la guerre, fondateur du parti Action républicaine, modéré, madrilène, athée) ; Nicolas d’Olwer (ministre de l’économie ; historien catalan) ; Fernando de Los Rios (ministre de la justice, socialiste) ; Indalecio Prieto (ministre des finances, socialiste) ; Francisco Largo Cabellero (ministre du travail, et syndicaliste, socialiste) ; Santiago Casares Quiroga (ministre de la marine, Gauche républicaine).

L’ère des réformes

6 mai 1931 : Lluís Companys est nommé gouverneur civil de Barcelone. L’enseignement religieux n’est plus obligatoire dans les écoles d’état.

10 mai 1931 : Décret fixant un mode de scrutin favorisant les coalitions au détriment des partis isolés. Il restera en vigueur jusqu’en 1936.

20 mai 1931 : Lluís Companys fait détruire les fichiers de la police.

28 Juin 1931 : Elections législatives, victoire de la Gauche : 117 socialistes ; 59 radicaux-socialistes ; 27 républicains de gauche ; 33 catalanistes de gauche ; 16 nationalistes galiciens.
Contre 89 radicaux de droite, 27 républicains de droite ; 57 membres de la droite non républicaine.
Assemblée constituante : Julian Besteiro est président provisoire, il nomme Manuel Azaña premier ministre.

14 juillet 1931 : Au titre de la réforme de l’armée, prévue au programme socialiste, le président Manuel Azaña supprime par décret l’École militaire. Comme tout le corps enseignant de l’école, Franco est placé en disponibilité et surveillé. Très attaché à cette école, il le fait savoir ce jour de juillet. Il sera mis en quarantaine, affecté à la garnison de La Corogne en février 1932. Dès lors, il nourrit un ressentiment à l’égard du président Azaña.

2 août 1931 : Référendum sur le statut d’autonomie de la Catalogne : 600 000 oui ; 3 000 non. Francesc Macià fondateur de l’Esquerra republicana de Catalunya, en est le premier président.
Premier impôt sur le revenu, en Espagne et crise à cause du débat sur le statut de l’Eglise.

Octobre 1931 : Grâce à la lutte opiniâtre de Clara Campoamor (lire l’article Clara Campoamor), les femmes obtiennent le droit de vote (elles l’exerceront pour la première fois aux élections parlementaires de 1933), qui leur sera retiré par Franco en avril 1939 ; elles ne le récupéreront qu’au début de 1976. En France, elles voteront pour la première fois le 20 avril 1945.

1er décembre 1931 : Adoption de la constitution républicaine. Manuel Azaña devient premier ministre et Santiago Casares Quiroga, ministre de l’intérieur.

10 décembre 1931 : Alcalà Zamora élu à la présidence de la IIe République espagnole (362 sur 419 votants).

1932 : Avortement des réformes, luttes syndicales insurrectionnelles.

18 janvier 1932 : Insurrection des mineurs du Haut Llobregat et du Cardoner (Catalogne) à Berga, Cardona, Fijols, Sallent, Suria. Écrasement du soulèvement ouvrier par le gouvernement républicain, arrestation et déportation sans jugement des meneurs anarchistes aux Canaries, au Sahara ou dans le Golfe de Guinée.

2 février 1932 : Les déportations sans jugement des dirigeants du mouvement ouvrier et anarchiste se poursuivent ; parmi eux Buenaventura DURRUTI, dirigeant anarchiste.

9 février 1932 : Création du Corps de sécurité et d’assaut. Fermeture des imprimeries des journaux syndicaux ou de la gauche non-socialiste : Solidaridad Obrera ; Tierra y libertad ; Mundo Obrero ; Libertad….

15 février 1932 : Grève générale de 24 heures, et répression massive. Procès des leaders ouvriers.

10 Août 1932 : Le général Sanjurjo, tente un soulèvement militaire depuis Séville, échec. Il se heurte à la grève générale déclenchée par la CNT de Séville. Sanjurjo est arrêté à Madrid et condamné à mort ; sa peine sera commuée, il s’exile au Portugal. (Le général Franco ne participe pas à ce soulèvement et reproche à Sanjuro d’avoir échoué).

9 septembre 1932 : La Catalogne gagne son autonomie, approuvée par les Cortes.

15 septembre 1932 : Statut de la réforme agraire : 24 articles proclament le principe de l’expropriation des grands domaines, “ biens de juridiction seigneuriale ” des grands d’Espagne, terres des jésuites et des monarchistes en état de rébellion, terres des corporations et fondations, non indispensables à leur existence, terres incultes ou mal cultivées, mal irriguées. Un Institut de réforme agraire est créé pour exproprier et répartir les terres.
L’Église s’inquiète de la diminution de sa sphère d’influence, de la réduction de ses subventions accordées par l’État.
L’armée est sur le qui vive, et les grands propriétaires sont irrités par la loi agraire.
De l’autre côté les ouvriers et journaliers paysans rejoignent très nombreux les syndicats. (UGT et CNT).

1933 : Réformes, agitation sociale et répression

Janvier : Un décret ordonne la dissolution de l’ordre des Jésuites.

8 janvier 1933 : Soulèvement de paysans et d’ouvriers, anarchistes, en Catalogne, le Rioja, le Levant et l’Andalousie, les paysans réclament l’application de la réforme agraire.

10 au 12 janvier 1933 : Insurrection de Casas Viejas, réprimée dans un bain de sang par les autorités républicaines. La CNT publiera sous forme de brochure l’histoire de “ Seis dedos ” de Casa Vieja, militant anarchiste, assassiné par les gardes d’assaut. C’est un massacre pour lequel l’extrême gauche demandera des comptes au gouvernement mais qui sera utilisé, aussi, par la droite contre la République.

31 janvier 1933 : Hitler est nommé chancelier du Reich, par le maréchal Von Hindenburg.

Avril 1933 : Période d’instabilité gouvernementale, élections municipales partielles, démission du premier ministre Manuel Azaña, Lerroux lui succède puis Martinez Barrio (centriste).

Mai 1933 : le parlement approuve l’article 26 de la constitution : les ordres religieux sont tolérés mais ne s’occupent plus de l’enseignement, la subvention annuelle globale de l’Etat à l’Eglise (67 millions de pesetas) sera, encore, versée pendant deux ans avant d’être supprimée.

4 juin 1933 : Des femmes espagnoles participent au Congrès ouvrier européen antifasciste qui s’ouvre salle Pleyel à Paris.

29 octobre 1933 : José Antonio Primo de Rivera, fils du dictateur, fonde le parti fasciste espagnol : la Phalange (Falange española).

19 novembre 1933 : Vote des femmes.
Élections dont le découpage favorise la droite. Les anarchistes prônent l’abstention pour protester contre les répressions policières et les massacres perpétrés par la garde d’assaut, garde de la République socialiste. Résultat le grand vainqueur est la CEDA (Confédération Espagnole des Droites Autonomes), avec 117 sièges. Son Leader : José Maria Gil Robles, admirateur des méthodes du parti nazi allemand.

5 décembre 1933 : Mort de Francesc Macià Llussa. Il est remplacé par Lluís Companys.

8 décembre 1933 : Madrid, Valence, Barcelone, Grenade, Zaragoza : grève générale de plusieurs semaines pour la libération des grévistes arrêtés en 1932 et 1933. Vive répression.
Notamment à Zaragoza : Heurts entre un comité révolutionnaire et la garde civile : 87 tués et 700 arrestations dont Cipriano Mera et Buenaventura Durruti.

16 décembre 1933 : Alexandre Lerroux du Parti républicain radical (droite conservatrice), est nommé chef du gouvernement par le président Azaña, au lieu d’un représentant de la CEDA, qui a gagné les élections mais apparaît comme trop réactionnaire.

01 /1833 -1931 L’Espagne sous la monarchie

Première république

L’Espagne est un pays aux coups d’état militaires fréquents, (pronunciamiento) ; Ainsi par saccade une première et éphémère république, d’une année, sera instituée.

1833 : À la mort de Ferdinand VII, Marie-Christine de Bourbon-Siciles assume la régence au nom de sa fille, la future reine Isabelle II alors âgée de 3 ans. Le trône est contesté par Charles Marie Isidore de Bourbon, frère de Ferdinand VII, qui s’autoproclame roi sous le nom de Charles V. Ce conflit est à l’origine de la 1ère guerre carliste. En 1845, éclate la 2ème guerre carliste suite à l’abdication du prétendant Charles V au profit de son fils Charles VI, qui, lui-même abdique en 1868 en faveur de son fils Charles-Marie sous le nom de Charles VII, déclenchant la 3ème guerre carliste.

28 septembre 1864 : Constitution de l’AIT (Asociación internacional de Trabajadores).

1868 : Révolution espagnole, fin du règne d’Isabelle II et de son mari, le roi consort François Ier d’Espagne (François d’Assise de Bourbon). Après un certain flottement, Amédée de Savoie est élu Roi des espagnols le 16 novembre 1870.

10 février 1873 : Abdication d’Amédée de Savoie.

11 février 1873 : Proclamation de la Première République.

28 décembre 1874 : Coup d’État monarchiste, mise en place du gouvernement provisoire de Francisco Serrano.
Retour de la monarchie constitutionnelle. Début du règne d’Alfonso XII.

Une situation coloniale insoutenable pour le peuple.

L’Espagne a un passé colonial qu’elle veut préservé notamment au Maroc, où elle entretient des garnisons et où régulièrement elle envoie les troupes pour maintenir les populations qui se révoltent. Cela créé des troubles en interne, le peuple espagnol refusant de partir en guerre.

Mai-juin-juillet 1898 : Guerre éclair avec les États-Unis, entraînant la perte des colonies de Cuba, de Porto-Rico et des Philippines à la signature du traité de paix dit paix de Paris, en décembre 1898.

1er janvier 1902 : Alfonso XIII, déclaré majeur, assume les fonctions constitutionnelles de chef de l’État.

1906: Avec la France, l’Espagne entame une nouvelle aventure coloniale au Maroc, très impopulaire notamment en Catalogne où il y aura des émeutes en 1909.

Une situation sociale et économique explosive pour toutes les classes de la société.

Du 26 juillet au 31 juillet 1909 : À Barcelone, une insurrection populaire a lieu contre la conscription et l’envoi des hommes (en âge de subvenir aux besoins de leur famille) combattre au Maroc les troupes rebelles marocaines du Rif. Les émeutes prennent rapidement une tournure anticléricale, compte tenu de la puissance et du poids de l’Église. Cet événement prend le nom de « Semaine tragique ».

Octobre 1909 : La répression va durer plusieurs mois et entraîner l’arrestation de Francisco Ferrer i Guardia, pédagogue, franc-maçon, anarchiste et libre penseur. 10 janvier 1859 -13 octobre 1909, créateur de l’École moderne et rationaliste, mixte et laïque, en octobre 1901, à Barcelone. Son obsession en tant qu’éducateur :
“ L’objet de notre enseignement est que le cerveau de l’individu doit être l’instrument de sa volonté.”
Il est arrêté à Barcelone et accusé d’être un des instigateurs des mutineries anticléricales. Jugé dangereux pour la paix sociale de par les idées qu’il défend, alors qu’il n’était pas présent à Barcelone lors de la semaine tragique, il est jugé coupable d’incitation à la révolte.

13 octobre 1909 : Condamné à mort, il est exécuté dans les fossés du fort de Montjuic malgré des protestations internationales dont la manifestation de Paris qui rassemble plus de 60 000 personnes.
Albert Camus dira : “Francisco Ferrer pensait que nul n’était méchant volontairement et que tout le mal qui est dans le Monde vient de l’ignorance. C’est pourquoi les ignorants l’ont assassiné.”

Réaction des courants progressistes contre le féodalisme monarchique

Fin du XIX se développent avec l’industrialisation, des courants de pensées ouvrières: un socialisme plutôt marxiste à Madrid, dans les Asturies, tandis que l’anarchisme trouve de l’écho dans les masses ouvrières de Catalogne, du Valencien et les paysans pauvres ou sans terre de l’Andalousie. C’est un courant de pensée dominant chez les ouvriers, les paysans pauvres, les journaliers agricoles. D’emblée et à cause de l’implication et du poids colossal dans l’oppression de l’église espagnole aux côtés de la monarchie et de son armée, les mouvements de gauche vont être anticléricaux, considérant qu’ils ont à faire à des ennemis de classes.

L’essor économique appelle un régime plus adapté au libre échange et le peuple aspire à plus de justice sociale.

C’est un pays d’environ 24 millions d’habitants, dont plus de la moitié est illettrée.
L’Espagne qui n’entre pas dans la première guerre mondiale, fait un bon économique important durant les années 20. L’Europe se remet d’une guerre longue et dévastatrice tandis que l’Espagne opère une mutation sans précédent. Le courant novateur provoque, un essor important. Les banques prospèrent et les effectifs des professions libérales, des petits commerçants et employés de commerce se démultiplient. L’industrie augmente d’un million d’ouvriers ainsi que le secteur tertiaire dans la même proportion : 45% de la population active est syndiquée.
Les grandes villes se développent industriellement et doublent leur population. Toutefois, 70% des Espagnols vivent encore directement ou indirectement de la terre : Avec trois millions de paysans pauvres, deux millions de paysans sans terre, les propriétés agricoles se concentrent entre les mains de quelques richissimes possédants.
Les couches moyennes de la population, les bourgeois industriels, désireux de donner une expansion à leurs revenus en impulsant leur production se mobilisent pour s’engager vers l’industrialisation et le développement moderne de la société. La féodalité du régime monarchique d’Alfonso XIII étouffe les élans de cette bourgeoisie industrieuse. La répression permanente ne favorise pas l’expansion.
Les régions qui vont se développer le plus rapidement économiquement et industriellement sont la Catalogne, avec comme grand pôle Barcelone, et le Pays Basque avec l’industrie lourde à Bilbao. Elles laisseront venir massivement des migrants des autres régions, paysans sans travail, et sans terre. Situées au plus près de la frontière, elles sont destinées naturellement au commerce avec l’étranger. C’est dans ces deux régions que vont se développer les usines et la mécanisation du travail. D’où une concentration d’ouvriers et une montée de l’esprit de revendications d’autonomie. Très vite (fin du XIX siècle) ces deux régions vont réclamer une autonomie et une liberté de développement qui va se heurter à la féodalité du régime monarchique d’Alphonse XIII.
En Catalogne, d’abord impulsé par la bourgeoisie de droite, le mouvement indépendantiste va laisser place à un mouvement plus populaire dès 1917 qui se range aux côtés de partis de gauche à partir de l930.
Au Pays Basque, la population est très catholique et le parti nationaliste (PNV) bien qu’également catholique restera aux côtés des progressistes, puis des républicains en 1936, tout comme le clergé basque.

Du côté de la monarchie en place

1921-1926 : Début du conflit colonial marocain contre le chef Abd-el-Krim. L’Espagne s’engage dans la guerre du Rif avec la France. Le Maroc devient dès lors le bastion de l’armée espagnole.

8 juin 1923 : Le général Franco est nommé commandant en chef au Maroc.

13 septembre 1923 : Coup d’État (pronunciamento) manqué du général Miguel Primo de Rivera. Deux jours plus tard, Alphonse XIII le nomme président du directoire militaire chargé du gouvernement.

De 1923 à 1929: Le pays est soumis, à une dictature impitoyable menée par Miguel Primo de Rivera, pour le maintien d’Alphonse XIII. Les deux premières années c’est un directoire militaire.
Du 14 septembre1923 au 16 mars 1925: L’état de guerre est déclaré, la constitution est suspendue, la liberté d’expression muselée.

1924: Après avoir déclarée illégale la CNT, tous les partis politiques sont dissous au profit d’un parti unique inspiré du modèle italien, l’Union patriotique. Les Cortés sont également dissous.

3 décembre 1925: Sans rétablir la constitution, le directoire militaire est remplacé par un directoire civil qui va perdurer jusqu’au départ de Miguel Primo de Rivera le 28 janvier 1930.

25-26 juillet 1927 : Création de la FAI (Fédération anarchiste ibérique)

La réaction s’organise.

17 Août 1930 : réunion à San Sebastián : « Pacto de San Sebastián » prévoyant un soulèvement général, afin d’instaurer une république modérée et qui reconnaîtrait l’autonomie de la Catalogne. Tous les partis républicains à l’exception du Parti Fédéral Espagnol s’y trouvent. Sont notamment présents des catholiques républicains modérés ( Droite Libérale Républicaine : Alcalà Zamora et Miguel Maura, futurs président et ministre), des républicains de droite (Parti Républicain Radical : Alejandro Lerroux, futur premier ministre), de gauche (Groupe d’Action Républicaine : Manuel Azaña, futur premier ministre et président, de la Fédération Républicaine Galicienne : Casares Quiroga, futur ministre), des socialistes (Indalecio Prieto, leader très modéré des socialistes), des catalanistes (Macià Mallol Bosch de l’Action Républicaine de Catalogne, Manuel Carrasco Formiguera de l’Action Catalane, et Jaume Aiguader pour l’Etat Catalan, futur maire de Barcelone, puis ministre), du Parti Radical-Socialiste (Marcelino Domingo, Álvaro de Albornoz, et Ángel Galarza, futurs ministres),… et deux observateurs de la confédération Nationale du Travail(CNT, syndicat anarchiste), Progresso Alfarache et Rafael Vidiella. En échange de son appui, la Confédération exigeait, outre la libération des milliers de militants emprisonnés, la distribution d’armes aux travailleurs, ce que refusèrent obstinément les républicains. Mais

Octobre 1930 : Le parti socialiste et la CNT apportent officiellement leur soutien au Pacte de San Sebastiàn. la CNT ne se rallia vraiment au pacte de San Sebastián qu’après l’échec du soulèvement révolutionnaire qu’elle avait tenté avec la FAI à Madrid et Barcelone en octobre.

12 Décembre 1930 : Un soulèvement militaire contre la monarchie a lieu à Jaca (Aragon), sous la direction des capitaines Fermín Galán et García Hernández en vue de rétablir la république.

14 Décembre 1930 : Le Soulèvement contre la monarchie échoue. Les deux officiers responsables sont condamnés à mort : les capitaine Fermín Galán et García Hernández. Erreur tragique du roi, Alphonse XIII.

Depuis le XIX siècle, l’Espagne est gouvernée par une monarchie absolue qui n’apporte aucune considération aux problèmes sociaux de la population. Le premier ministre Miguel Primo de Rivera, qui s’empare du pouvoir en 1923, durcit l’autoritarisme du régime en formant un directoire militaire qui supprime les libertés démocratiques, multiplie les arrestations et les liquidations des militants ouvriers les plus radicaux. Le mouvement anarchiste et la CNT sont très affaiblis par la répression subie depuis plusieurs années et qui ne se relâche pas. Tandis que le régime se rapproche du PSOE et de l’UGT, dont les dirigeants acceptent cette collaboration afin d’assurer leur existence en tant qu’organisations ouvrières. Ils accèdent ainsi à un rôle prépondérant et participent à l’élaboration d’une législation du travail. Ce rapprochement entre socialistes et pouvoir ne dure pas et en 1929, les socialistes refusent l’invitation à élire des représentants à l’Assemblée nationales et s’écartent à leur tour de Primo de Rivera. Car le mécontentement de la population ne cesse de grandir et ils veulent participer au mouvement populaire qui se dessine et qui trouve son expression à nouveau à travers le courant libertaire relancé et celui des écrivains et intellectuels connu comme « la Génération 98 ».

Les mouvements de protestation vont obtenir leur première satisfaction par la démission de Miguel Primo de Rivera, premier ministre, en 1930. Mais cette démission n’est pas jugée suffisante pour aucune des formations politiques progressistes, qui se sont réunies au mois d’août à San Sebastián. La pression populaire va s’accentuer jusqu’à provoquer des élections municipales et le départ du roi Alfonso XIII qui s’exile.

14 avril 1931: La seconde république espagnole est proclamée.