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Mois : avril 2017

Étranges étrangers mois des Mémoires dans le 19e

Dans le cadre du mois des MÉMOIRES et parce qu’il est urgent de savoir que la volonté de vivre et d’apprendre est la première forme de résistance à l’oppression, l’association 24 août 1944 en partenariat avec la Mairie du 19e vous propose :

Deux grands moments sur la Révolution espagnole: la guerre, la Retirada (retraite), l’exil, les camps en France Et l’implication des antifascistes espagnols dans la Seconde Guerre mondiale: leur Résistance au fascisme. Le 6 mai, au centre Paris Anim’ Place des Fêtes (2/4, rue des Lilas, Paris 19e)   16 h 30 : Lecture de témoignages qui recouvrent l’ensemble de cette période historique, de 1931 à 1945. Cette lecture est agrémentée d’un diaporama avec des photos d’archives et portraits des témoins… 17 h 00 – 18 h 00 : Débat avec le public, durée : 60’ environ. 19 h : Projection du film Il nous faut regarder , de François Boutonnet. En présence du réalisateur. Durée : 52’.   20 h : débat avec le réalisateur François Boutonnet Du 12 au 19 mai, dans le hall de la Mairie Exposition de portraits de combattants de la Nueve, et de femmes espagnoles

Il nous faut regarder programme
Il nous faut regarder programme

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El Jardín dedicado a los combatientes de la Nueve.Madrid 19 et 20 avril 2017

Les hommes la Nueve rentrent chez eux!

Nous sommes arrivés dès le 19 avril. Daniel Pinós est intervenu le soir même, au centre culturel de cet arrondissement dans le cadre d’un échange d’expériences de l’exil, entre : Yenia Camacho Samper, Elsa Osaba Bailo et Julián Rebollo. Au cours de cette table ronde devaient être développés les thèmes suivants : l’exil, sa perception parmi les descendants, l’installation en France et les liens avec l’Espagne, le travail de mémoire. Daniel s’est attaché à décrire ce que fut le combat révolutionnaire des libertaires aragonais de Los Monegros en Aragon, l’idéal qui les a portés et aidés à déplacer des montagnes pour parvenir à ce qu’ils considéraient comme une organisation de société juste et partageuse. Une génération entière de femmes et d’hommes qui dès le 19 juillet 1936, à Sariñena, son village comme dans toute l’Espagne se levèrent dans le vent de la révolution pour créer la collectivisation des terres agricoles, abolir l’argent, redistribuer les terres aux paysans, mettre en place des écoles pour tous les enfants, reprendre la production des usines, remettre en route les transports.

Daniel nous dit : « Ma mère résumait les choses ainsi « Jamais je n’ai travaillé avec autant d’enthousiasme, sans être payée, sans vacances, pour une cause aussi belle ! ». Cette phrase retranscrit le sentiment et le courage qui animaient tout un peuple prêt à beaucoup de sacrifices pour réaliser la mise en place d’une société égalitaire.

Hélas, ce fut un rêve avorté et Daniel nous décrit la déception de sa famille comme celle de tous ceux qui avaient cru pouvoir enfin atteindre le socialisme libertaire. C’est dans cet état d’esprit de défaite que se déroula l’exode vers la France : les hommes gardaient les armes à la main pour protéger les populations civiles qui fuyaient l’arrivée des franquistes. Puis ce fut l’humiliation des camps sur la plage, les séparations, la faim, les maladies et la guerre qui profilait son spectre de mort et de destruction. Cette guerre à armes inégales qui les avaient pourchassés depuis juillet 1936 était à nouveau sur leurs talons avec son cortège de drames.

Les hommes de la Nueve sont de ceux qui, fiancés de la liberté et de la justice, se sont engagés pour défendre ces valeurs.

Daniel nous explique comment les Espagnols, étrangers indésirables de l’époque se sont portés volontaires pour défendre la liberté contre le fascisme, mais aussi comment en 1945, ils furent laissés à leur pauvre sort d’exilés quand les alliés décidèrent de faire de Franco un atout de la guerre froide contre l’URSS.

C’est ainsi que beaucoup s’installèrent en France pour y faire souche. Et après la mort du dictateur, suite à la « transition démocratique » entamée en 1975 avec l’accord de tous les partis politiques de la droite au parti communiste, les bourreaux et les assassins du régime franquiste ne rendirent jamais compte de leurs actes. Les gouvernements de l’Espagne installaient un silence complet sur l’histoire réelle du pays.

Aujourd’hui des associations espagnoles réclament au gouvernement l’abolition de l’impunité des bourreaux, la reconnaissance des déportés et l’ouverture des fosses communes.

Le 20 avril, nous étions à l’inauguration du jardin des combattants de la Nueve.

À notre grande et agréable surprise, il y avait une foule très dense qui se pressait sur le périmètre de ce jardin. L’air avait un parfum de fronde, flottaient au vent des drapeaux aux couleurs de la république mais aussi beaucoup de drapeaux rouge et noir de la CGT et de la CNT qui au-delà d’une revendication républicaine exprimaient un besoin de justice sociale et de liberté. La foule était composée d’anciens antifascistes, et de leurs descendants venus rendre hommage aux hommes de la Nueve à travers la présence de Rafael Gomez, dernier survivant de cette épopée. Beaucoup étaient groupés derrière leur association de mémoire et de revendication contre l’impunité. Nous avons eu le privilège, en tant qu’association 24 août 1944, d’intervenir pour expliquer combien nous, descendants d’exilés, étions attachés à l’histoire de nos ainés et que notre mission était de transmettre leur histoire pour qu’elle serve aujourd’hui d’espoir face à la noirceur qui s’installe sur l’Europe et le monde. Les jeunes du lycée français de Madrid ont lu des textes qu’ils avaient élaborés avec leur professeur sur le périple de ces hommes, ce fut un moment très émouvant. Puis il y eut les discours officiels de la maire de Paris et de la Maire de Madrid : discours de paix et de fraternité durant lesquels les voix pour la levée l’impunité des crimes se sont faites entendre.

D’autres réclamaient une République ! Mais de quelle république s’agit-il ? Celle, du Bienio negro de 1933-1935, la république répressive de la finance qui sévit un peu partout dans le monde ou celle révolutionnaire del Frente Popular de 1936-1937, une république sociale qui respecte les humains, leur droit à une vie décente et à la dignité ?

Le dépôt de gerbes et les remerciements de la foule à Rafael Gomez ont conclu cette journée émouvante et pleine d’avenir. Le lendemain 21 avril nos amis Alberto Marquardt réalisateur du film La Nueve ou les oubliés de la Victoire, et Raúl Monteagudo, auteur du roman espagnol : Cuando los republicanos liberaron Paris présentaient justement ce magnifique documentaire dans lequel Luis Royo et Manuel Fernandez, deux des trois derniers survivants à l’époque, nous parlent de leur passionnante épopée avec beaucoup de lucidité et d’humour. Ils reviennent sur leur histoire, certains d’avoir fait ce qu’il fallait faire pour vivre selon leur idéal de liberté. La salle était bien pleine et le public attentif au documentaire et aux commentaires. Vous trouverez ici le lien sur notre chaine pour le reportage de cette journée, l’intégralité de l’évènement ainsi que l’intégralité des textes lus par les représentants de notre association les 19 et 20 avril et Le reportage de la chaîne Rojo y negro de la CGT. Sur notre chaine Youtube retrouver aussi bien d’autres films dont : Le camp d’Argelès de Felip Solé Le déroulement du 24 août 2016 filmé par Victor Simal avec l’intervention d’Edgar Morin; La Nueve ou les oubliés de l’histoire d’Alberto Marquardt, La marche sur les pas de la Nueve du 24 août 2014 filmée par Carlos Belmonte, La pièce sur les témoignages des hommes de la Nueve mise en espace par Armand Gatti, le film de la CNT espagnole 36 : Bajo el signo libertario et bien d’autres magnifiques surprises…. https://www.youtube.com/channel/UCN-1eCk93S9G3nohPORvWZA/videos?flow=list&view=0&sort=p

Les Espagnols sur le Guernika
Les Espagnols sur le Guernika
Une assemblée féminine pour la Nueve
Une assemblée féminine pour la Nueve
Mur de photos des disparus, victimes du franquisme
Mur de photos des disparus, victimes du franquisme
Plaque du jardin de la Nueve à Madrid
Plaque du jardin de la Nueve à Madrid
19 avril, en ce moment Daniel parle
19 avril, en ce moment Daniel parle

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INAUGURATION DEL JARDíN DE LA NUEVE

L’association 24 août est cordialement invitée à cet événement. Nous participerons dès le 19 avril à un débat sur les traces de l’exil sur les jeunes générations, puis nous prendrons la parole lors de l’inauguration du jardin. Nous avons également faciliter les contacts notamment avec le réalisateur Alberto Marquardt qui présentera son film La Nueve ou les oubliés de la victoire, en compagnie de Raül Monteagudo, auteur d’un roman : Cuando los republicanos liberaron Paris. le 21 avril.

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Dante Gatti ne dira plus ses poèmes

« Beaucoup d’entre nous, depuis 1938, n’avons plus jamais pensé à ce pays fraternel sans une secrète honte (…) Car nous l’avons d’abord laissé mourir seul. Et lorsqu’ensuite nos frères, vaincus par les mêmes armes qui devaient nous écraser, sont venus vers nous, nous leur avons donné des gendarmes pour les garder à distance… »

[[(« Nos frères d’Espagne », Albert Camus, Combat, 7 septembre 1944.)]]

Aujourd’hui, faire mémoire de la tragédie espagnole d’hier résonne dans le récit permanent de la douleur des peuples qui fuient la guerre, la peur et et la faim pour s’échouer sur les terres d’abondance de la forteresse européenne…

Un jour de printemps 2013, je me retrouvais, très ému, à Montreuil, au dernier étage sous les toits, dans le bureau-bibliothèque de Dante, alias Armand Gatti, avec quelques compagnons de notre toute neuve association de mémoire espagnole [[(24-aout-1944.org)]]. Hélène Châtelain, compagne de Dante, restait debout contre un mur et nous regardait tranquillement ; le vieux chien de la maison dormait sous ma chaise. Je n’avais pas revu Gatti depuis Liège, en 1983, où il venait présenter son film Nous étions tous des noms d’arbres (les jeunes frères Dardenne avaient collaboré à la réalisation liégeoise). Le poète avait devant lui le livre de l’histoire incroyable de ces républicains espagnols [[(La Nueve, 24 août 1944. Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Evelyn Mesquida, Le Cherche Midi, 2011)]] qui, vaincus hier dans leur pays par le fascisme international des années trente, devaient participer, cinq ans plus tard, à la libération de la France : Normandie, Paris, Strasbourg, Berchtesgaden…
Nous demandions alors à Gatti d’écrire une pièce de théâtre d’agit-prop, comme il l’avait fait en 1968 avec La passion du général Franco (interdite de TNP par de Gaulle, puis autorisée sous le titre Passion en violet, jaune et rouge, et jouée dans les entrepôts Calberson en 1972). L’homme arborait sur sa veste de toile noire un badge « Durruti ». Nous regardant tous attentivement, il avait brandi le bouquin de La Nueve en disant : « Je n’ai pas besoin d’écrire : tout est là ! » Et il nous désignait chacun du doigt en ajoutant : « Et c’est vous qui allez la jouer ! ».
Je dois dire que certains de mes compagnons étaient un peu consternés à l’idée de « faire le comédien » – la plupart étaient des militants syndicalistes et libertaires, peu enclins à monter sur scène. J’étais le seul saltimbanque de la bande, mais je ne pensais pas, alors, pouvoir trouver le temps d’apprendre, répéter et jouer une pièce qui n’était, d’ailleurs, pas encore écrite. Mais Gatti était très persuasif. Je me souviens que cette rencontre s’était répétée plusieurs fois avant que le projet prenne corps. Jean-Marc Luneau, ami et collaborateur de Gatti, assisterait efficacement celui-ci dans la mise en scène. Stéphane Gatti, un des fils, participerait au choix de témoignages de républicains contenus dans le bouquin, et monterait un film documentaire projeté pendant la pièce.
Armand Gatti jubilait de voir des anars de l’an deux mille prendre les mots des anars des années quarante et jouer les soldats antimilitaristes comme leurs compagnons d’antan… Nous avons donc dit les mots et chanté les chants devant des centaines de spectateurs et spectatrices – dont beaucoup venus d’Espagne – à La Parole errante de Montreuil, La Clef ou le Vingtième Théâtre de Paris. Gatti était de toutes les répétitions et de toutes les représentations. Sa générosité, bien connue de tous les militants syndicalistes, associatifs ou politiques, mettait le vaste lieu de La Parole errante à la disposition de l’intelligence en mouvement, du théâtre d’interpellation onirique, des chants du monde…
Je ne sais pas ce que deviendra maintenant cet endroit magique de la liberté de parole, à Montreuil. Je sais que Dante ne dira plus ses poèmes. Je sais qu’il n’assistera plus aux répétitions de ses pièces ou d’autres créations. Je sais qu’il rit désormais dans la galaxie des révolutionnaires non-alignés. Je sais que je suis affreusement triste et que nous sommes nombreux et nombreuses à l’être.

le 7 avril 2017
Serge Utgé-Royo

Armand GATTI vient de saluer une dernière fois

Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.

Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.

Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…

Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.

L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.

** Armand Gatti: Passion du général Franco – La tribu des Carcana, Seuil, 1975.

Armand GATTI vient de saluer une dernière fois

Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.

Sa voix sonne comme un écho de tant de rébellions.

Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.

Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…

Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.

L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.

* La colonne Durruti (1972)

** La Passion du Général Franco par les émigrés eux-mêmes (1976)

Moment de réflexion sur la mise en scène
Moment de réflexion sur la mise en scène
Le salut au monde 23 août 2014
Le salut au monde 23 août 2014
L'affiche du spectacle La Nueve
L’affiche du spectacle La Nueve
Armand Gatti et la mémoire historique
Armand Gatti et la mémoire historique
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une histoire de fraternité
une histoire de fraternité