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Mois : avril 2015

Ni l’arbre ni la pierre

Des combats pour la liberté aux déchirements de l’exil – L’odyssée d’une famille libertaire espagnole

Mon père était ouvrier à l’usine et le reste du temps avec ses compagnons, il préparait la révolution sociale. Enfant, dans les années cinquante, je considérais mon père comme quelqu’un ayant deux métiers : ouvrier et révolutionnaire.

Les femmes et les hommes qui vécurent cette odyssée s’affrontèrent, la rage au ventre à l’ignominie des pouvoirs. A la joie, la vitalité et l’enthousiasme immense qui régnaient durant la révolution espagnole succéderont la détresse des réfugiés, dépossédés de leurs armes et parqués honteusement dans des camps de concentration français, la résistance contre le fascisme et l’espoir déçu d’un retour en Aragon.
Nous nous souviendrons longtemps, avec tendresse, de cette grand-tante chanteuse de music-hall à Barcelone, de ces grands oncles rebelles et aventuriers, bandoleros au service du mouvement libertaire, de cette grand-mère se répandant d’affection pour ses petits-enfants, leur chantant Hijos del pueblo, l’hymne des anarchistes. Nous repenserons au restaurant populaire collectivisé de Sarinena où se rencontrèrent Juliana et Eusébio, les parents de l’auteur.

Nous les imaginons débordant de révolte, de désir et d’espérance. Ils prennent place dans notre mémoire…


_Né en 1953 à Villefranche-en-Beaujolais, Daniel Pinós est l’avant-dernier d’une famille de six enfants. Ses parents, des anarcho-syndicalistes espagnols, s’exilèrent en France en 1939. Militant libertaire et antimilitariste, insoumis en 1973, il s’exila à son tour à Amsterdam où, en 1976, il apprit la mort de son père. Il est aujourd’hui responsable d’édition aux Presses de la Sorbonne Nouvelle.

Daniel Pinós collabore également à l’association 24 août 1944 pour laquelle, notamment, il écrit des articles et s’occupe des publications.

La guerre d’Espagne ne fait que commencer

Ce titre pourrait apparaître comme erroné ou provocateur pour les « experts » de la guerre d’Espagne ou pour ceux qui vivent dans son ombre. Qu’importe, il ne leur est pas destiné…

Au delà du « fait historique », Jean Pierre Barou [[Éditeur, avec Sylvie Crossman, d’Indignez-vous !, co-auteur, avec S. Crossman, d’Enquête sur les savoirs indigènes (Folio), et de Tibet, une autre modernité (Points).

La guerre d’Espagne ne fait que commencer, 2015 – éditions du Seuil ]] évite une énième hagiographie. Il traite du contexte et s’adresse à ceux qui souhaitent comprendre comment des insurrections conscientes, individuelles ou collectives (que certains qualifieraient aujourd’hui d' »insurrections citoyennes « ), peuvent être à l’origine d’une révolte, voire d’une révolution.

« Casas Viejas » en perspective

Au travers d’un « récit-enquête » supporté par les évènement de « Casas Viejas », une insurrection citoyenne, un soulèvement de l’esprit « d’ouvriers conscients » s’inscrivant dans le mouvement de la prise de conscience individuelle et collective mais qui sera noyée dans le sang par la Garde d’assaut républicaine du gouvernement républicain-socialiste de Manuel Azaña [[Les événements se sont déroulés entre les 10 et 12 janvier 1933 dans la petite ville de Casas Viejas (province de Cadix). Pour mettre fin à des « troubles » en Andalousie, la Garde d’assaut républicaine, envoyée par le gouvernement incendie une maison où s’est retranchée une famille de sympathisants anarcho-syndicalistes de la Confédération nationale du travail : six personnes périssent brulées. En tout, dix-neuf hommes, deux femmes et un enfant sont tués, ainsi que trois militaires.]] et en illustrant ses analyses par « Espagne », un texte de Thomas Mann [[Voir : Les écrivains et la guerre d’Espagne

http://www.monde-diplomatique.fr/1997/04/SANZ_DE_SOTO/4705]] rédigée en 1936 ou les positions de Camus, Jean Pierre Barou nous incite à réviser toutes nos certitudes sur la période 1931-1936, en évitant de tomber dans l’écueil du conflit entre « le bien et le mal », entre les républicains et les nationalistes.

Alors que le nationalisme espagnol s’est imposé contre son peuple, les républicains ne l’ont pas non plus ménagé.

Mais plus encore qu’un « trou noir » dans les origines de la guerre civile espagnole, Jean Pierre Barou, voit dans « Casas Viejas » un exemple pour ouvrir la réflexion sur d’autres « communes libres ». Souvent éradiquées par des républicains ou des nationalistes, comme l’écrivait Thomas Mann, elles n’en demeurent pas moins portées par des « revendications de la conscience « .

Un lapsus révélateur…

Dans ce livre où l’anarcho-syndicalisme est très présent, page 41, l’auteur parlant de la CNT en donne le développement suivant : Confédération Nationale des Travailleurs.
Résultat du soulèvement de l’esprit « d’ouvriers conscients » : les Travailleurs ont « remplacé » le travail…

Source : www.autrefutur.net

5 mai, jour de la libération du camp de Mauthausen

Dès 1936 en Espagne, les antifascistes espagnols furent les premiers à s’élever contre le fascisme européen, les premiers aussi en 1940, alors que la France hésitait encore. Ils payèrent très cher cette clairvoyance et ils furent les premiers déportés, en dehors des prisonniers Allemands et Autrichiens. Même s’il y a eu des Espagnols déportés dans tous les camps de concentration, ils furent massivement envoyés des stalags au camp de Mauthausen (classé catégorie III, camp d’élimination), à compter du 06 août 1940 et pour leur rage à défendre la démocratie, ils furent encore les premiers déportés partis du sol français pour les camps de la mort (le 20 août 1940, convoi d’Angoulême).

Ils portent le triangle bleu des apatrides et à l’intérieur du triangle la lettre S pour Spanien. Au début, ils occupent les places les plus exposées dans le camp et effectuent les travaux les plus pénibles. Ils ne trichent pas face à l’atrocité de leur condition mais ils se souviennent qu’ils sont des combattants et non des victimes. Dès lors, ils entrent en résistance, leur but collectif sera de survivre et de collecter toutes les preuves possibles pour témoigner de la terrible déshumanité.
Sur les 7 200 hommes envoyés au camp de Mauthausen, les deux tiers ont été exterminés. Mais animés de la volonté farouche de combattre le fascisme, ils n’ont jamais cessé de résister et de s’entraider, ce qui permit à 2000 d’entre eux de survivre pour témoigner.
Mauthausen et ses kommandos fut un des derniers camps libérés, le 5 mai 1945. À cette date, le comité clandestin espagnol, qui avait été le moteur de l’organisation internationale clandestine de résistance du camp, était prêt à défendre chèrement la vie des survivants. Au moment du rapatriement, les Espagnols ne pouvaient pas rentrer dans leur pays. Aussi après des négociations, furent-ils rapatriés en France puisque c’est de ce pays et à cause de leur engagement à le défendre qu’ils avaient été déportés.

Pour toutes ces raisons qui lient étroitement le combat des antifascistes espagnols à l’histoire de la France dans la Seconde Guerre mondiale, nous serions heureux de vous accueillir, 70 ans après, au cours de cet hommage rendu à ceux qui sont tombés et à ceux qui ont pu résister, et nous souhaiterions vous donner la parole afin que leur engagement pour la liberté soit marqué de votre considération, dans ce lieu symbolique de toutes les luttes populaires pour la liberté. Rendez-vous le 5 mai 2015, 15h 30, cimetière du Père Lachaise, porte Gambetta, rue des Rondeaux, Paris 20e (métro Gambetta).


Invitation 5 mai 2015 Programme 2015 de l’association

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