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Mois : février 2016

Évènement: Histoire et mémoire de la guerre d’Espagne

1936- 2016, il y a 80 ans alors que la Seconde Guerre mondiale couvait sur le territoire espagnol, un peuple se convoquait pour changer la société, gagner sa liberté et instaurer une société équitable et partageuse. Le monde se dressa contre ce peuple, les uns déversant un orage de feu et de sang sur lui; les autres lui refusant aide et soutien. Mais il tint bon, amena à lui des humains épris de justice, et su faire vivre son idéal au delà du temps.

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Bilan 2015

1945-2015.

Tout d’abord, il est de notre devoir de mémoire d’ouvrir sur quelques mots concernant cette année. 2015 restera une année d’horreur et de perte immense, puisqu’il s’agit du sacrifice de l’intelligence et de la condamnation à mort de l’impertinence du crayon et du stylo. Des assassinats aveugles ont frappé par centaines des victimes, en France et dans le monde. Pourtant, hommes et femmes se solidarisent pour refuser la peur et la division par l’anathème sur une communauté ou une autre. Il est donc temps de rappeler ce que fut la détermination et l’attitude de nos anciens : il y a 70 ans s’ouvraient les portes des camps de concentration nazis ; la fin de la Seconde Guerre mondiale était à l’horizon. L’association « 24 août 1944 » a souhaité rappeler à un large public que les premiers déportés espagnols arrivent au camp nazi de Mauthausen le 6 août 1940, et que le premier convoi de déportation parti de France (Angoulême) le 20 août 1940 est chargé d’hommes, femmes, enfants espagnols (le commandant de Mauthausen ne garde que les hommes et les adolescents de 14 ans ; les femmes et les enfants sont renvoyés à Franco). L’histoire de ces combattants est aussi celle de leur résistance au fascisme et leur combat pour la liberté, même dans les situations les plus extrêmes. Ils forcèrent l’admiration des autres nationalités par leur courage, leur solidarité et leur esprit de résistance collective.

Rapport sur la participation de l’Association 24 août 1944 à Casas Viejas en janvier de 2016

Tentative armée d’instauration du communisme libertaire par des adhérents de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo Confédération nationale du travail).

Le mouvement échoua à cause d’erreurs organisationnelles. Les ouvriers agricoles du village attaquèrent le poste de la garde civile en tuant deux des quatre membres. Des renforts arrivèrent rapidement, car la garde civile tout comme la garde d’Assaut voulaient donner une leçon aux travailleurs. La maison couverte de chaume où s’étaient réfugiés plusieurs membres et amis de la famille de Francisco Cruz Gutiérrez, appelé Seisdedos fut encerclée. Comme les forces de l’ordre n’arrivaient pas à la prendre d’assaut à cause de la précision des tirs des assiégés (un autre garde avait été tué), elles lancèrent des torches sur la toiture couverte de bois et de branches de bruyère pour l’incendier. Cinq personnes périrent dans la maison, deux furent abattues en tentant d’échapper aux flammes et seuls deux purent s’enfuir : une jeune fille – María Silva Cruz – et un enfant. Ensuite, les gardes s’en prirent arbitrairement à des syndicalistes de la CNT et ils les exécutèrent. La répression sauvage, vingt et une victimes prolétariennes pour “venger” trois gardes, entraina une tempête politique nationale en discréditant et en faisant tomber le gouvernement de centre gauche et socialiste de Manuel Azaña. Pour commémorer ces événements: La municipalité a fait “la traditionnelle offrande florale en souvenirs des personnes assassinées”, et une exposition photographique “Les lieux de Casas Viejas. Emplacement et évolution” et une évocation théâtrale (Diario de Cádiz, 10.01.16).

L’association Iniciativas-Benalup-Casas-Viejas a organisé 3 journées.

Le lundi 11 janvier fut consacré à l’évocation des événements qui se sont déroulés à Casas Viejas, en janvier 1933. Cette journée s’est déroulée à la Maison de la Culture Jerome Mintz [anthropologue nord-américain qui vécut plusieurs années dans ce village et qui a écrit en 1982 un livre magnifique, The Anarchists of Casas Viejas, bien plus fidèle à la réalité que les travaux antérieurs de la majorité des historiens]. Il y eut ensuite un parcours le long des principaux lieux où les faits tragiques s’étaient passés. Des reproductions photographiques y furent placées, et elles sont restées jusqu’au dimanche 17 janvier. Cette promenade nocturne s’est terminée par la visite de l’Espacio Conmemorativo Casas Viejas 1933 (http://sucesoscasasviejas1933.es/) qui avait exceptionnellement ouvert ses portes à 22 heures. On put y voir un excellent documentaire sur les événements de janvier 33. Ce musée se trouve devant ce qui était la maison où 7 personnes furent brûlées vives. Le mercredi 13 janvier, la relation de Casas Viejas avec Mauthausen a été évoquée, avec la projection du film saisissant et bien documenté du Train fantôme d’Angoulème. « Convoi 927 ». Le jeudi 14 janvier a marqué la fin de ce cycle de la Mémoire historique avec le documentaire « Les oubliés de la victoire », Comment les Espagnols de la Nueve ont libérés Paris, et avec la collaboration de Frank Mintz, Enrique Carabaza et Juan Chica Ventura.
 Tout aussi important, voire plus, c’est le sens de la participation à cette commémoration. Dans ce village de 7.800 habitants il existe un silence sur la signification des événements, c’est un sujet tabou. Il y a une séparation totale entre l’activité officielle de la mairie et ce que pense la population. Il ne semble pas y avoir non plus de conscience des répercussions des faits au niveau national et international. En tant que représentants de l’Association 24 août 1944 nous avons été frappés par la chaleureuse hospitalité et le dévouement des membres d’Iniciativas-Benalup-Casas-Viejas ainsi que celle des habitants, des jeunes et des moins jeunes de Casas Viejas. Un contraste évident avec le silence de la municipalité. Par exemple de nombreux jeunes du CES de Casas Viejas ignorent les noms des deux adolescentes assassinées : une abattue le 12 janvier 1933 lorsqu’elle voulait échapper aux tirs et aux flammes, Manuela Lago Estudillo de 18 ans; l’autre María Silva Cruz 16 ans en 1933, fusillée le 24 août 1936. Toutes deux appartenaient au Groupe libertaire féminin “Amor y Armonía”. Un professeur d’histoire du collège de Casas Viejas, Salustiano Gutiérrez Baena a écrit dans son livre Itinerarios por Casas Viejas (Cádiz, 2009, un DVD inclus, 253 pp.) “Ceux qui ont été tués morts ne l’ont pas été à cause du mauvais sort, par le Fruit du hasard […] mais parce qu’ils avaient une idéologie concrète, parce qu’ils appartenaient à une classe sociale déterminée […] Chaque fois que nous ferons cet itinéraire [sur les lieux des crimes], chaque fois que nous collaborerons à la compréhension et à la diffusion de ces événements nous laisserons la porte ouverte sur l’espoir que, même si beaucoup de batailles ont été perdues, tout de même et finalement, nous ne perdons pas la guerre. (pp. 249-250)”. Et Salustiano Gutiérrez Baena lui-même a fait ce commentaire le 10 janvier 2016 il est surprenant que “les causeries […] animées par des historiens aussi prestigieux que José Luis Gutiérrez Molina, Juan Chica Ventura, Frank Mintz et Enrique Carabaza n’apparaissent pas dans la programmation officielle de la mairie, et qu’aucun journal ne s’en fassent l’écho. Cela fait réfléchir… Plusieurs faits peuvent l’expliquer, mais je suis convaincu que cela n’est pas par hasard ou par mégarde.”

Manuela Lago Estudillo
Manuela Lago Estudillo
Maria Silva Cruz "La Libertaria"
Maria Silva Cruz « La Libertaria »

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