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Auteur/autrice : 24 aout 1944

Dante Gatti ne dira plus ses poèmes

« Beaucoup d’entre nous, depuis 1938, n’avons plus jamais pensé à ce pays fraternel sans une secrète honte (…) Car nous l’avons d’abord laissé mourir seul. Et lorsqu’ensuite nos frères, vaincus par les mêmes armes qui devaient nous écraser, sont venus vers nous, nous leur avons donné des gendarmes pour les garder à distance… »

[[(« Nos frères d’Espagne », Albert Camus, Combat, 7 septembre 1944.)]]

Aujourd’hui, faire mémoire de la tragédie espagnole d’hier résonne dans le récit permanent de la douleur des peuples qui fuient la guerre, la peur et et la faim pour s’échouer sur les terres d’abondance de la forteresse européenne…

Un jour de printemps 2013, je me retrouvais, très ému, à Montreuil, au dernier étage sous les toits, dans le bureau-bibliothèque de Dante, alias Armand Gatti, avec quelques compagnons de notre toute neuve association de mémoire espagnole [[(24-aout-1944.org)]]. Hélène Châtelain, compagne de Dante, restait debout contre un mur et nous regardait tranquillement ; le vieux chien de la maison dormait sous ma chaise. Je n’avais pas revu Gatti depuis Liège, en 1983, où il venait présenter son film Nous étions tous des noms d’arbres (les jeunes frères Dardenne avaient collaboré à la réalisation liégeoise). Le poète avait devant lui le livre de l’histoire incroyable de ces républicains espagnols [[(La Nueve, 24 août 1944. Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Evelyn Mesquida, Le Cherche Midi, 2011)]] qui, vaincus hier dans leur pays par le fascisme international des années trente, devaient participer, cinq ans plus tard, à la libération de la France : Normandie, Paris, Strasbourg, Berchtesgaden…
Nous demandions alors à Gatti d’écrire une pièce de théâtre d’agit-prop, comme il l’avait fait en 1968 avec La passion du général Franco (interdite de TNP par de Gaulle, puis autorisée sous le titre Passion en violet, jaune et rouge, et jouée dans les entrepôts Calberson en 1972). L’homme arborait sur sa veste de toile noire un badge « Durruti ». Nous regardant tous attentivement, il avait brandi le bouquin de La Nueve en disant : « Je n’ai pas besoin d’écrire : tout est là ! » Et il nous désignait chacun du doigt en ajoutant : « Et c’est vous qui allez la jouer ! ».
Je dois dire que certains de mes compagnons étaient un peu consternés à l’idée de « faire le comédien » – la plupart étaient des militants syndicalistes et libertaires, peu enclins à monter sur scène. J’étais le seul saltimbanque de la bande, mais je ne pensais pas, alors, pouvoir trouver le temps d’apprendre, répéter et jouer une pièce qui n’était, d’ailleurs, pas encore écrite. Mais Gatti était très persuasif. Je me souviens que cette rencontre s’était répétée plusieurs fois avant que le projet prenne corps. Jean-Marc Luneau, ami et collaborateur de Gatti, assisterait efficacement celui-ci dans la mise en scène. Stéphane Gatti, un des fils, participerait au choix de témoignages de républicains contenus dans le bouquin, et monterait un film documentaire projeté pendant la pièce.
Armand Gatti jubilait de voir des anars de l’an deux mille prendre les mots des anars des années quarante et jouer les soldats antimilitaristes comme leurs compagnons d’antan… Nous avons donc dit les mots et chanté les chants devant des centaines de spectateurs et spectatrices – dont beaucoup venus d’Espagne – à La Parole errante de Montreuil, La Clef ou le Vingtième Théâtre de Paris. Gatti était de toutes les répétitions et de toutes les représentations. Sa générosité, bien connue de tous les militants syndicalistes, associatifs ou politiques, mettait le vaste lieu de La Parole errante à la disposition de l’intelligence en mouvement, du théâtre d’interpellation onirique, des chants du monde…
Je ne sais pas ce que deviendra maintenant cet endroit magique de la liberté de parole, à Montreuil. Je sais que Dante ne dira plus ses poèmes. Je sais qu’il n’assistera plus aux répétitions de ses pièces ou d’autres créations. Je sais qu’il rit désormais dans la galaxie des révolutionnaires non-alignés. Je sais que je suis affreusement triste et que nous sommes nombreux et nombreuses à l’être.

le 7 avril 2017
Serge Utgé-Royo

Armand GATTI vient de saluer une dernière fois

Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.

Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.

Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…

Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.

L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.

** Armand Gatti: Passion du général Franco – La tribu des Carcana, Seuil, 1975.

Armand GATTI vient de saluer une dernière fois

Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.

Sa voix sonne comme un écho de tant de rébellions.

Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.

Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…

Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.

L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.

* La colonne Durruti (1972)

** La Passion du Général Franco par les émigrés eux-mêmes (1976)

Moment de réflexion sur la mise en scène
Moment de réflexion sur la mise en scène
Le salut au monde 23 août 2014
Le salut au monde 23 août 2014
L'affiche du spectacle La Nueve
L’affiche du spectacle La Nueve
Armand Gatti et la mémoire historique
Armand Gatti et la mémoire historique
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une histoire de fraternité
une histoire de fraternité

Le camp d’Argelès de felip Solé jeudi 30 mars à partir de 19h, Centre Paris Anim’ Place des Fêtes (19e), 2/4 rue des Lilas, métro Place des Fêtes.

Nous vous attendons: le jeudi 30 mars à partir de 19h, Centre Paris Anim’ Place des Fêtes (19e), 2/4 rue des Lilas, métro Place des Fêtes. Pour échanger sur l’accueil des exilés, à partir du documentaire/fiction de Felip Solé: Le camp d’Argelès. Des êtres humains sont contraints de fuir leur terre pour échapper à une mort certaine. Le chaos qui règne dans leur pays est le résultat d’affrontement des puissants de ce monde pour leurs propres intérêts au détriment des peuples. La France ne doit pas reproduire ce qui s’est passé en février 1939 quand les antifascistes espagnols ont été contraints de s’exiler par centaines de milliers. Ce documentaire apprend aux jeunes générations ce qui se passa alors sur le sable des plages du Roussillon et nous appelle à réfléchir à l’accueil que nous devons réserver aux humains dans le dénuement et l’exil. Rejoignez-nous le 30 mars pour en débattre et amenez- votre famille et vos amis.

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23 février 2017 La Nueve au Lycée Marie Laurencin de Mennecy

Le 23 février 2017, les professeures d’espagnol du Lycée Marie Laurencin à Mennecy ont organisé, une journée sur la présence des antifascistes espagnols dans la 2e Division Blindée commandée par le général Leclerc et plus particulièrement sur la 9éme compagnie du 3e régiment de marche du Tchad, nommée La Nueve puisque la langue officielle y était l’espagnol.

Alberto Marquardt, réalisateur du film La Nueve, nous a fait le plaisir et l’amitié de nous consacrer toute sa journée. Ainsi Alberto, Aimable et Véronique ont investi l’espace de la salle polyvalente du lycée, dès 8h30. Les élèves des premiers cours étaient déjà là, secouant la torpeur de la nuit. Première projection de La Nueve, ces oubliés de l’Histoire, suivie d’un débat avec les élèves et les professeurs. Au cours de cette journée deux autres projections ont eu lieu, chaque fois de nouveaux élèves, de nouvelles questions. Beaucoup ont exprimé de la surprise devant de tels événements jamais abordés dans les livres d’histoire utilisés par l’éducation nationale. Ils étaient face à une partie de l’histoire totalement méconnue à la plupart d’entre eux. Et bien que timidement, les lycéens étaient poussés par la curiosité et l’envie d’en savoir plus sur le parcours de ces hommes, si touchants. Beaucoup de jeunes ont remarqué combien, les deux témoins, au crépuscule de leur vie, avaient conservé intact leur idéal de liberté.

Ils voulaient savoir :

  • D’où venaient de pareils phénomènes capables de risquer leur vie pour leurs idées ?
  • Comment se faisait-il également que la France fut si peu accueillante envers cette population fuyant la mort programmée par les machines de guerre et en proie aux poursuites des fascistes ?
  • Pourquoi les puissances comme La France et l’Angleterre avaient finalement décidé de laisser « crever » la république démocratiquement élue ?
  • Pourquoi Franco fut le seul dictateur à rester en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale ?
  • Pourquoi ces « héros » de la Libération n’avaient pas pu rentrer chez eux et retrouver leur famille ?
  • Pourquoi ils avaient mené une existence aussi modeste?
  • Pourquoi les puissances occidentales, États-Unis, Angleterre et France en tête, avaient finalement pactisé avec le gouvernement autoritaire de Franco et s’étaient servi de l’Espagne comme base militaire et alliée dans la période connue sous le nom de « Guerre froide » contre le bloc soviétique ? [[(1947-1989, La guerre froide crée un monde bipolaire qui oppose pendant plus de 40 ans deux blocs de pays : Le bloc occidental : Etats-Unis + Europe occidentale + Japon + nombreux pays dépendants ou alliés. Le bloc de l’est (communiste) : URSS +démocraties populaires de l’Europe de l’est + Chine (Mao Zedong 1949) + Cuba (Fidel Castro et Che Guevara) + nombreux pays dépendants ou alliés)]].

Ils ont également voulu connaître les motivations d’Alberto Marquardt à réaliser ce film. Alberto, qui est un réfugié argentin ayant fui la dictature de Videla, [[((1925-2013), Il était le cerveau du coup d’Etat militaire qui a instauré la pire dictature qu’ait connue l’Argentine (1976-1983). À la tête d’une junte représentant les trois forces armées, Videla a remplacé à la présidence de la République Isabel Peron, la veuve du général Juan Domingo Peron, mort en 1974)]] expliqua son regard d’homme libre sur l’histoire de la société, ses relations étroites avec l’Espagne sa compagne étant espagnole et ses enfants également mais aussi sa sensibilité de cinéaste, son envie de laisser traces de ces hommes et ces femmes qui, de par le monde, s’élèvent contre l’injustice et pour la fraternité. Dans la salle les professeurs ont disposé l’exposition pédagogique avec des affiches et des poésies écrites tantôt par de grands noms de la poésie tels : Lorca ou Machado, tantôt par des poètes anonymes et humbles durant la révolution espagnole. Les photos des hommes de la Nueve étaient accrochés en hauteur tout autour de l’agora, ce qui donnait un effet très impressionnant à leur regard.

Merci à Céline Vézinaud, Carine Chevalier, Catherine Guèble et à tous les professeurs et les élèves qui ont mis beaucoup d’attention à regarder le documentaire et de la curiosité de nous écouter.

Bravo à ces professeurs qui ont déployé tant d’énergie pour organiser l’emploi du temps de 12 classes sur une journée afin que ce film soit vu par près de 450 élèves au total. Nous en sommes restés ébahis et admiratifs.

Des élèves attentifs
Des élèves attentifs
L'autre côté de la salle
L’autre côté de la salle

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Le 11 février 2017, Je te donne ma parole, en Puisaye

Je te donne ma parole, s’évade en province résistante ou une journée de la vraie vie.

Le 11 février 2017, nous étions invités à Moutiers en Puisaye dans l’Yonne par l’association Anart Scène pour projeter le documentaire de Quino Gonzalez : « Je te donne ma parole ».

 

Par une belle journée d’hiver, la campagne était encore toute engourdie de gel quand nous sommes parvenus à destination. Un accueil chaleureux nous attendait de la part de nos amis.
Puis nous avons filé au cœur de ce beau village de pierre, pour y découvrir une salle municipale qui fleurait bon les préaux d’école d’antan. Nous avions un rendez-vous important juste avant la projection avec l’ancien maire de ce village du cœur profond du pays :
Monsieur François Solano
Maire durant trente années dans ce petit coin de terre, il fut non seulement un résistant illustre et téméraire mais, chose inattendue, il est avant tout un antifasciste espagnol engagé contre le coup d’État de Franco dès 1936. Pendant une heure, nous avons plongé dans son passé aux multiples péripéties. Nous avons parcouru à ses côtés les chemins escarpés et gelés de la montagne de l’hiver 1939. Nous avons appris le français pour être plus libres et indépendants dans ce pays à l’accueil plus froid que les cimes enneigées du Canigou. Nous avons donné des cours et aider les autres Espagnols internés dans leurs démarches et/ou à la recherche des leurs. Nous sommes partis travailler en lieu et place des Français mobilisés. Nous nous sommes désespérés de la capitulation et de la collaboration de la France. Nous nous sommes engagés dans les maquis pour résister à cet ennemi si coriace qu’il est sur les talons de François depuis juillet 1936. Mais il l’a vaincu enfin et heureux il est reparti à l’assaut de sa Liberté, sur sa terre natale. Hélas le monde changeait déjà de philosophie, les compromis, les concessions pour un peu de richesse non partagée, et le voilà ici 81 ans plus tard, l’œil enjoué, le verbe enchanteur et l’esprit affûté pour notre plus grand plaisir.

À 16 heures, la salle était comble, un vrai succès. Nous avons projeté le documentaire de Quino, Je te donne ma parole, dans un silence recueilli et attendri. Ces hommes et ces femmes nous disaient, avec des mots simples, leur page d’histoire, leur trajectoire et leur arrachement aux leurs, à leur cocon. Une vague d’émotion enveloppa l’assistance, jusqu’à la fin de la projection à écouter :

  • Cette femme qui s’engage dès les premiers jours de la révolution pour défendre sa liberté de femme,
  • Ou celle qui perd son enfant à la frontière, petit cadavre semblable à la dépouille de cette république qui a porté tant d’espoirs.
  • Cet homme parti de chez lui à 16 ans en 1937 et que sa mère croit mort quand tout à coup le facteur lui apporte une lettre, en 1946…,
  • Cet autre dont la mère a été touchée au ventre lors de la Retirada par le bombardement sur les routes,
  • Ou encore celui qui plein d’énergie et d’idéal a décidé de vivre envers et malgré tout dans un camp de la mort nazi……
    La discussion après le film fut très enthousiaste, alimentée de la force de ces témoins aujourd’hui toutes et tous disparus, chacun a évoqué son histoire, ou celle de ses parents, ou encore les réfugiés d’aujourd’hui, des humains qui fuient les guerres et cherchent désespérément un coin de paix pour vivre…

Le travail accompli par Quino Gonzalez est remarquable, car il raconte dix ans d’histoire populaire enfouie et fait naître chez tous un besoin de justice et d’une société meilleure.

Il fallait voir son sourire et son contentement, à entendre la satisfaction et les félicitations qui lui étaient adressées pour son documentaire. Je crois que c’est une des plus belles récompenses pour un réalisateur. François lui a offert un cadeau magnifique : une chanson de sa belle voix de ténor. L’assistance était transportée par le chant de cet homme, qui aura 96 ans en novembre 2017, avec la force de la vie et la jeunesse dans la voix, un vrai bonheur.
Après un pot de fraternité quand la salle s’est vidée, nous sommes repartis sur les chemins escarpés du maquis de l’Yonne et les pérégrinations de François jusqu’à la victoire, et son installation comme potier, artiste lyrique, peintre, sculpteur et maire… Un homme-orchestre, juste porté par son amour des autres, son amour de la beauté et sachant apprécié chaque moment de l’existence. À découvrir et à méditer.

Merci à Chantal et Jacky Petit, merci à l’Anart Scène et au chaleureux village de Moutiers en Puisaye, un merci tout particulier à Ivan Larroy et aux amis de MHRE89 venus avec leur exposition et leur amitié, nous soutenir. .

La salle attend je te donne ma parole
La salle attend je te donne ma parole
Quino explique son film
Quino explique son film
Une joie certaine
Une joie certaine
La révolution en Chanson
La révolution en Chanson
François Solano en compagnie d'Ivan Larroy, son fils presque!
François Solano en compagnie d’Ivan Larroy, son fils presque!
Face à l'objectif
Face à l’objectif
Un passé qui doit se transmettre
Un passé qui doit se transmettre
L'émotion d'une vie généreuse
L’émotion d’une vie généreuse
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PROGRAMME 2017

Dimanche 29 nous étions réunis au 33 rue des Vignoles Paris 20e. Nous remercions toutes celles et ceux qui sont venus nous rendre visite.

Nous avons évoqué les actions réalisées en 2016 (voir notre bilan). Et nous avons brossé, avec enthousiasme, celles que nous projetons pour 2017. Bien entendu: projections, débats, hommages seront de la partie, dans le but de rappeler quels furent les actes de résistances des antifascistes espagnols face à la machine de guerre des dictatures européennes. Ce sera aussi et surtout l’occasion d’évoquer le présent, la montée des extrêmes droites dans le monde, l’accueil scandaleux fait aux réfugiés. Nos actions sont liées à la mémoire d’un peuple debout, elles se tournent résolument vers la vie et la résistance à toute oppression, par l’évocation d’un passé encore trop enfoui dans le silence.

Documents joints

 

Dimanche 29 janvier 2017 à partir de 15h au 33 rue…

Pour que la mémoire des idéaux et des engagements libertaires de nos ainés reste porteuse d’espoir en un monde équitable et fraternel.

Nous reprenons contact avec vous pour entamer cette année 2017 où la
mémoire des idéaux des antifascistes espagnols s’annonce plus que jamais
primordiale à revisiter.
Nous vous proposons de nous rejoindre ce dimanche 29 après-midi pour
construire ensemble les perspectives d’interventions qui s’offrent à nous.
Nous vous attendons nombreux(ses) pour ce moment fraternel d’échange.

Invitation 29 janvier 2017
Invitation 29 janvier 2017

Bilan 2016

BILAN 2016

Dirons-nous assez fort et assez longtemps ce que la liberté doit à ces êtres rejetés, dans le cours de l’histoire de l’humanité. Plus que jamais, nous devons faire l’effort de mémoire, rappeler sans cesse ce que fut le parcours des antifascistes espagnols, dire combien il est possible de garder sa dignité, son esprit de solidarité et de révolution même dans les pires circonstances, même quand tout paraît irrémédiablement perdu et désespéré. Le souffle de vie qu’ils nous transmettent est un souffle d’espoir, de renouveau.

L’association du 24 août 1944, forte de cette préoccupation de transmettre pour résister, a tout au long de l’année 2016 développé son action pour déployer cette mémoire qui dérange parfois, mais qui représente le chemin de l’avenir.

11, 13 et 15 janvier, Juan Chica-Ventura et Frank Mintz nous ont représenté à Casa Viejas à l’invitation de l’association espagnole « Iniciativas Benalup Casas Viejas » pour évoquer la NUEVE et participer au rappel de la répression sanglante ( 22 personnes tuées) le 11 janvier 1933 dans ce village à la suite d’une tentative d’instauration du Communisme libertaire (2 gardes civils tués).

 

Vendredi 15 janvier 2016, concert de Serge Utgé-Royo « ¡No pasarán! » avec en Première partie « Paroles de Républicains et Résistants espagnols exilés » présentée par des membres de notre association,  au théâtre Trévise à Paris 9e.

 

Vendredi 11 mars 2016, nous étions à Lyon, pour une autre lecture de témoignages « Paroles de Républicains et Résistants espagnols exilés« , toujours en première partie du concert de Serge Utgé-Royo « ¡No pasarán! »

 

Samedi 12 mars 2016, retour à Montreuil pour une intervention de l’association sur le thème Front populaire / Frente Popular : points communs et différences, pour la journée consacrée à la Guerre civile espagnole, organisée par l’association d’histoire et de mémoire montreuilloise, Promnésie, et nous–mêmes.

 

Le jeudi 14 avril 2016 : Il y a cent ans naissait Manuel Pinto Queiroz-Ruiz, plus connu sous le nom de Manuel Lozano. Né le 14 avril 1916 à Jerez de la Frontera, mort à Paris 19e le 23 février 2000.

Militant anarchiste antimilitariste, cet ouvrier-poète, amoureux des arts et des lettres, délaissa pour un temps crayons et pinceaux, pour combattre le fascisme.

Épris de liberté, il poursuivit la lutte commencée en Espagne en s’engageant dans les forces françaises libres (FFL) pour libérer la France. Combattant de la Nueve (2e DB), il entra dans Paris en libérateur le 24 août 1944, avec ses compagnons de la Nueve, compagnie d’avant-garde de la 2e DB. Son combat prit fin à Berchtesgaden et non à Madrid, comme il l’avait rêvé ! Il vécut ensuite son exil à Paris où il exerça le métier de maçon.

Fidèle à son utopie, il reprit le combat, avec ses premières armes, celles des mots. « Tant qu’il y aura/ des enfants sans école/ leurs parents au chômage/ habitant en baraques/ et cabanes, c’est la misère ! » Les jeunes du micro lycée de Vitry ont lu ces mots dans le silence ému de l’assistance et devant sa dernière demeure, aux 43 rues des Bois, Paris 19e.

Organisateurs de cet évènement avec la mairie de Paris et celle du 19ème, nous étions bien évidemment présents et nous avons rendu hommage au combattant de la Nueve mais aussi au militant anarchiste infatigable que fut Manuel Lozano durant toute son existence. On peut retrouver sur notre site l’intégralité des discours prononcés non seulement par l’association 24 août, mais aussi par la CNT, dont Manuel a toujours été membre, par le maire du 19ème, François Dagnaud, et par la déléguée de la mairie de Paris chargée de la mémoire combattante, Madame Catherine Vieu-Charier.

 

Samedi 23 avril : Nous étions présents à la Cité de l’histoire de l’immigration de la porte Dorée à Paris, lors de la première projection du documentaire Federica Montseny, l’indomptable de Jean-Michel Rodrigo. 80 ans après la parenthèse enchantée de l’été 36, les derniers survivants qui l’ont connue nous quittent discrètement, sans faire de bruit… Il était temps de recueillir leur souffle. L’association 24 août 1944 a participé activement à cette émergence.

 

Au printemps, à la demande de notre association, La mairie de Paris change la plaque du jardin des combattants de la Nueve, inauguré avec le Roi d’Espagne, pour celle-ci, plus explicite et proche de l’histoire.

 

 

Vendredi 27 mai : Participation à la Journée de la résistance (JNR), dépôt de documents pour l’exposition générale et sur les grilles du jardin des Buttes-Chaumont. Tenue d’un stand de d’ouvrages et publications diverses.

 

Lundi 20 juin, un parcours de mémoire avec une classe de prépa-économie du Lycée Saint Exupéry de Mantes-La-Jolie.

Malgré une petite pluie fine et persistante, le soleil était dans les cœurs, le sourire sur les lèvres, et les jeunes étudiants très attentifs à une histoire peu racontée mais époustouflante sur le parcours d’un peuple épris de liberté et de justice. Notre plus grand plaisir fut l’attention, la curiosité et les questionnements de ces jeunes étudiants, bâtisseurs de notre société de demain. Ils sont repartis avec des récits qu’ils ne soupçonnaient pas. Et nous gardons l’espoir que sur leur chemin viendra les éclairer quand ils en auront besoin, l’idéal partagé par les hommes de la Nueve.

 

Vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 juin, participation aux trois jours du festival de la CNT, à la parole errante, à Montreuil.

 

Samedi 2 juillet : projection et débat à l’UNRPA de Paris 20e  du documentaire Federica Montseny l’indomptable, en présence de Jean-Michel Rodrigo. Salle comble, ambiance de découverte chaleureuse et d’engagement mutuel avec cette association de retraités, créée en 1945 selon le programme du gouvernement de la Résistance et qui, à ce jour, est toujours aussi combative et décidée à défendre les droits des humains.

 

Vendredi 22 juillet 2016 : Juan Chica Ventura nous a représentés à Toulouse auprès de nos amis du CTDEE (Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol), lors d’une exposition de peintures, avec ses portraits des combattants de la Nueve et de femmes espagnoles libres et actives qui ont combattu pour une société plus juste et plus partageuse.

 

Mercredi 24 Août 1944/24 août 2016 : Paris insurgé et entrée de la Nueve. Les combats au coude à coude entre résistants parisiens et étrangers, et soldats des FFL avec leur contingent d’étrangers engagés…

Une promenade dans le Paris des barricades de la Libération pour terminer par une prise de paroles sur une barricade de livres dressée rue des Archives où eut lieu le combat pour la prise du central téléphonique tenu par les forces allemandes. Des défenseurs de la liberté trouvèrent la mort à cet endroit précis, d’autres y rencontrèrent l’amour, malgré leur blessure…

De la République à la rue Lobau et son Jardin de la Nueve, nous avons fait défiler la culture et le savoir comme arme contre le fascisme avec notre barricade de livres, symbole fort de l’attachement du peuple libertaire espagnol et de ses descendants pour le livre et la culture. À l’Hôtel de ville, prise de parole de l’association, puis belle surprise, un invité de dernière minute et de marque, Edgar Morin, qui nous a raconté son 24 août 1944 en direct et dit son amour pour le peuple espagnol, combattant de la Liberté. Il a cité les anarchistes, le POUM…

https://www.youtube.com/watch?v=vOAXxf5lRmg&t=4s

Puis, Madame Hidalgo, maire de Paris, a affirmé pour la première fois publiquement sa volonté de créer et de faire vivre le centre de documentation et de mémoire « dérangeante » du mouvement libertaire français et de l’exil espagnol. Elle l’a affirmé très clairement tout en saluant notre barricade de livres symbole de la levée de l’intelligence contre l’obscurantisme.

Il y avait en ce mercredi caniculaire plus de 200 personnes devant le Jardin de la Nueve. Nous avons salué particulièrement Madame Dronne-Flandrin, fille du capitaine Dronne, toujours présente à nos manifestations.

 

Mercredi 24 août : Frank Mintz nous a représentés à Casas Viejas (Andalousie) pour l’hommage rendu à Maria Silva, la Libertaria, assassinée par les fascistes le 24 août 1936.

 

Samedi 17 et dimanche 18 septembre : Journée du patrimoine populaire, portes ouvertes du 33 rue des Vignoles. En effet, le 33 possède indéniablement un patrimoine populaire et rebelle, dont l’importance vient d’être publiquement reconnue par Madame Hidalgo, maire de Paris, dans le discours prononcé devant le jardin des combattants de la Nueve, à l’issue de notre marche du 24 août 2016.

 

 

Présentation du projet :

A – Constitution d’un fond bilingue et de son catalogue – Numérisation de ce fond

Collecte et mise en consultation de livres et documentations imprimées et audiovisuelles :

  • Le Centre sera le dépôt de plusieurs collections privées : journaux, affiches, photos, documents, lettres, objets…
  • Un catalogue numérique, accessible sur place et sur le site internet du centre de documentation.
  • Un fond est d’ores et déjà numérisé au fur et à mesure de son acquisition.
  • Un accès à un MuséOcube. Musée virtuel permettant de façon ludique de naviguer au travers diverses archives : photos, vidéos, commentaires,…

Constitution d’un comité de parrainage : des témoins, des chercheurs et des historiens.

 

B – Une salle d’exposition permanente et / ou temporaire

  • Permanente : constituée d’affiches de la Guerre d’Espagne et de « Unes » de journaux…
  • Temporaire : autour de thèmes ou de questions ayant trait à la mémoire des exils, notamment franco-espagnols, du vingtième siècle à nos jours.

Le centre a également vocation à organiser des interventions :

Salle de conférences, colloques et projections

Organisation de projections de films sur les thèmes de prédilection du centre. Le plus souvent possible en présence des réalisateurs et documentaristes.

Mais le centre déplace également ses compétences vers les établissements scolaires, les bibliothèques, les centres d’animations… enfin tous les lieux qui en feront la demande pour aller à la rencontre d’un public toujours plus divers et curieux.

 

C – Une Salle de spectacles

Musique – Théâtre – Danse – Conte

 

Le samedi 8 octobre La CNT 94 et l’association 24 août 1944 ont organisé à la bourse du travail de Choisy Le Roi une après-midi consacrée à l’Espagne républicaine du Frente popular à l’exil en France. Journée très fréquentée et passionnante avec la diffusion du documentaire Espagne 36. Hommage aux frères Martin et Francisco Bernal Lavilla et à José Cortes, tous trois habitants de Choisy.

 

Jeudi 13 octobre, première projection du cycle ciné-club Place des fêtes, La Nueve en présence du réalisateur, Alberto Marquardt.

 

Lundi 14 novembre 2016, projection de : Federica Montseny, l’indomptable, de Jean-Michel Rodrigo. Un débat a fait suite à la projection en présence du réalisateur ; illustré des portraits de ces femmes belles et rebelles, peintes par Juan Chica-Ventura. À l’Auditorium de l’Hôtel de Ville, 5 rue Lobau 75004. Métro Hôtel de Ville. Salle comble et hélas pas assez de temps pour le débat.

 

Vendredi 2 décembre, à Seraing, en Belgique, concert Serge Utgé-Royo « ¡No pasarán! » et en Première partie notre association des « Paroles de Républicains et Résistants espagnols exilés« …

Magnifique soirée, qui nous a permis d’entrer en contact avec le public belge, et de construire un vrai partenariat avec les « Territoires de la mémoire » de Liège, partenariat qui se concrétisera par des expositions, concerts projections à l’automne 2017 à la faveur du mois sur l’exil antifasciste espagnol.

 

Et évidemment une année parsemée d’interventions en milieu scolaire : Bois-Colombes, Mantes-la-Jolie, Enghien-les-bains, Paris, Vitry, Savigny, Mouans-Sartoux, sans oublier notre participation au projet théâtral « Et crie-moi demain » avec le théâtre Jean Vilar de Vitry, les élèves du Lycée Jean Macé et du micro Lycée de Vitry,…

 

Tout le détail de nos actions, les commentaires, discours prononcés et réactions du public sont sur notre site : http://www.24-aout-1944.org

Vidéo du 24 Août 2016

Ça y est, vous pouvez revivre avec nous la journée très fraternelle et chaude du 24 août 2016.

12.39mn qui passent en une seconde, pour un rappel de mémoire historique, un moment de fraternité intense.
Le défilé de la Place de la République au jardin des combattants de la Nueve rue Lobau, en passant par le central téléphonique de la rue des Archives.

Les parisiens s’étonnent et se renseignent sur ce cortège si inattendu.

Un résistant célèbre se souvient avec émotion du moment magique de la Libération, et évoque pour nous ses coups de cœur … brisés pour Barcelone vaincue en 1939.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, exhorte la culture contre l’obscurantisme et le fascisme, ce que l’association 24 août 1944 a symbolisé très justement, cette année 2016 par une barricade de livres.
Partagez avec nous et avec vos amis cet instant à la fois festif et éducatif, tourné vers l’histoire mais aussi résolument vers la présent et l’avenir !

Un grand Merci à Victor Simal et à Estelle Gras pour leur travail vidéo et leur engagement à nos côtés.

El Triangulo Azul, les antifascistes espagnols à Mauthausen

El Triangulo Azul

Mise en scène : Laila Ripoll
Interprétation : Manuel Agredano – Elisabet Altube – Marcos León – Mariano Llorente – Antonio Sarrió – Ángel Solo- Jorge Varandela
Musiciens: Carlos Blázquez. Carlos Gonzalvo. David Sanz

Récit de la survie grâce à la musique et à la danse des Républicains Espagnols, arborant le triangle bleu des apatrides, en déportation au camp de Mauthausen.

C’est le récit d’une intrigue angoissante et d’un cabaret grotesque dans le souvenir d’un sous-officier nazi qui s’attarde sur les aventures risquées de ces espagnols qui ont sorti du camp des photos qui ont servi à incriminer des dirigeants nazis au procès de Nuremberg et sur la façon singulière dont ce groupe a eu l’autorisation, dans un tel enfer de monter une revue musicale. Le crematorium, la cheminée, l’escalier de 186 marches, les barbelés électrifiés, sont représentés à travers une danse chotis, un extrait d’opérette zarzuela, un pasodoble, une danse habanera. La violence des dessins Caprices de Goya et du poème le rêve de la mort de Quevedo, apparait dans une bouleversante symbiose avec la violence et la mort régnant dans le camp d’extermination, où ces espagnols, 6000 républicains exilés en France en 1939 puis livrés à l’Allemagne en 1941 comme apatrides, ont néanmoins trouvé une espérance de vie par le biais de l’humour et où ils donnèrent un exemple de bravoure et de solidarité.

Prix National de littérature dramatique 2015 (Espagne) – Prix MAX 2015 : Meilleur auteur.
Partenaires: Ministerio de educación, cultura y deporte

25ème Festival Don Quijote
Lundi 21 et mardi 22 nov. 2016 à 20h00- Théâtre Café de la Danse –Paris 11

N d Site: ils étaient plus de 7200 à Mauthausen et dommage que la pièce traite le photographe Antonio Garcia, le premier espagnol a commencé la collecte des photos comme un lâche. Cette résistance ne fut pas l’affaire d’un seul mais bien de tout le groupe de ce kommando! La fabrique du héros devient insupportable.

Plaque en l'honneur des antifascistes espagnols déportés
Plaque en l’honneur des antifascistes espagnols déportés
Carte anniversaire faite au camp de Mauthausen le 6 janvier 1945
Carte anniversaire faite au camp de Mauthausen le 6 janvier 1945
Composition de Mila
Composition de Mila

Federica Montseny, l’indomptable(1905-1994) à Paris

Federica Montseny, l’indomptable(1905-1994). Anarchiste et écrivain, pédagogue d’avant-garde et oratrice fantastique. Elle est une des quatre ministres anarchistes qui participent au gouvernement de Largo Caballero en novembre 1936. Et elle est la première femme nommée ministre en Espagne (ministre de la Santé). Elle prend une série de mesures tout à fait révolutionnaires dans le contexte de l’époque, tout particulièrement dans la très catholique Espagne, telles que la libéralisation de l’avortement ou les programmes de soutien aux prostituées pour sortir de leur condition. Elle créera également des lieux d’accueil pour les enfants et les personnes âgées, des centres de formation pour les femmes… Federica Montseny a subi les revers de la guerre civile, s’est noyée dans la masse des exilés de 1939 avec sa famille. Pendant la guerre, elle est arrêtée par la police de Pétain, condamnée mais pas extradée parce qu’elle est enceinte… Un épisode, parmi d’autres qui font de sa vie un roman. Après la Deuxième guerre mondiale, comme des milliers de libertaires, survivants des camps et héros de la résistance, elle choisit Toulouse pour terre d’asile. Comme tous les autres, elle rêve de faire tomber Franco. C’est bientôt la guerre froide, les Trente Glorieuses, la société de consommation. Federica tombe dans l’oubli en même temps que l’utopie libertaire… la poésie et l’humanisme qui fondent sa pensée. 80 ans après la parenthèse enchantée de l’été 36, les derniers survivants qui l’ont connue nous quittent discrètement, sans faire de bruit… Il est temps de recueillir leur souffle…

Marina Paugam, caméra-woman, et monteuse du film, Jean-Michel Rodrigo, réalisateur, nous offre un documentaire de femmes engagées. Une femme de convictions et un cinéaste irrévérencieux nous livrent leurs images et leurs sélections en coup de coeur sur le combat libertaire des femmes espagnoles. Ils nous parlent d’une aventure humaine jamais renouvelée. Un travail d’équipe dans lequel les clichés sur l’anarchie sont ensevelis.

INSCRIVEZ-VOUS VITE, TRANMETTEZ À VOS AMIS ET VENEZ NOMBREUX, 5 RUE LOBAU PARIS 4e, (métro Hôtel de Ville): 24aout1944@gmail.com ou par téléphone : 0651728618 ou 0612255285

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Merci Nora!

Merci Nora, Nora El O., jeune fille de moins de vingt printemps, lycéenne au Lycée Albert Camus de Bois-Colombes.

Dans ton émouvant article où tu reprends l’histoire des exilés espagnols indésirables dans la France de 1939, tu sais regarder le monde et voir les injustices faites aux humains qui fuient leur terre où ils risquent leur vie.

Tu mets ton doigt de jeune adolescente, sur cette blessure qui les fait hurler encore aujourd’hui, ces exilés rejetés comme des pestiférés dangereux et contagieux.
Tu rappelles à tous ce que fut l’engagement généreux des antifascistes espagnols du 19 juillet 1936 jusqu’à la disparition du dictateur Franco.
Et tu établis une comparaison avec les exilés de 2016 qui fuient l’horreur.

Sais-tu qu’en 1939, quand les Espagnols traversaient les villages de France, les gens rentraient chez eux, fermaient portes et volets et cachaient leurs enfants. La rumeur de la bêtise courait:
« Ces rouges espagnols mangent les petits-enfants. »

Aujourd’hui les gens ont peur pour leur sécurité, mais ce qui reste beau dans ce monde égoïste et cruel, c’est que tu es là, toi et beaucoup d’autres comme toi, des jeunes et des moins jeunes qui cherchent à comprendre, et à tendre la main aux autres comme s’ils étaient un cadeau à notre terre.

Merci Nora et merci à tes professeurs qui nous ont invité et à tous tes semblables sur terre.

Tous les membres de l’association 24 août 1944

lisez cet article:
https://bachibaclycecamus.wordpress.com/2016/08/24/encuentro-con-la-asociacion-24-aout-1944/

le 13 octobre à 19H, La Nueve s’invite Place des Fêtes, Paris 19e: « La Nueve », d’Alberto Macquardt, (52 mn).

Nous vous attendons nombreux pour rencontrer l’histoire de la libération de Paris. Le 24 août 1944, les soldats espagnols pénètrent dans la ville en avant-garde de la division Leclerc pour épauler, la résistance intérieure…

En présence du réalisateur Alberto Macquardt, projection du film La Nueve

: Venez échanger avec lui et notre association, sur ce que la France doit encore et toujours à ces étrangers qui l’ont défendue. « La Nueve », d’Alberto Macquardt, (52 mn). Quelques-uns de ces Espagnols sont intégrés à la 2e division blindée (2e DB) du général Leclerc. Au sein de cette division, la 9e compagnie, la Nueve, dont le capitaine, Raymond Dronne, est français, tandis que les autres officiers sont espagnols ; la langue de la compagnie est le castillan et une forte composante des hommes est anarchiste et antimilitariste… Le 24 août 1944, la Nueve entre dans Paris. En tête de la colonne, le half-track Guadalajara est le premier véhicule à atteindre l’Hôtel de Ville, et le lieutenant Amado Granell est le premier soldat de la 2e DB à rencontrer les représentants de la Résistance. Le 25 août, les Espagnols de Leclerc et ceux de la Résistance parisienne combattent ensemble. La suite nous en débattrons ensemble le 13 octobre.

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1936-2016, DU FRENTE POPULAR À L’EXIL EN FRANCE

Samedi 8 octobre : De 14h30 à 19h30 venez partager une après-midi avec l’espoir d’un monde meilleur, symbolisé par la révolution espagnole dès le 19 juillet 1936 et qui se prolonge jusqu’à votre porte à Perpignan, Foix, Annecy, Marseille, Bordeaux, Decazeville, Rennes, Écouché, Paris… et bien entendu CHOISY-LE-ROI. Venez découvrir ces infatigables porteurs d’avenir, jamais résignés, diplômés en rébellion. Ils nous délivrent aujourd’hui encore un message de vie et de dignité, contre l’horreur et la xénophobie. Nous serons là pour vous accueillir. BOURSE DU TRAVAIL de CHOISY LE ROI (27 Bd des alliés) À PARTIR DE 14H30, SAMEDI 8 OCTOBRE. Bourse du Travail 27 Bd des Alliés Parc Maurice Thorez 94600 Choisy le Roi RER C Choisy le Roi (sortie Centre Ville) Bus : 103, 183, 393 et TVM : arrêt Rouget de Lisle.

Martin Bernal sortie d'hôpital
Martin Bernal sortie d’hôpital

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17 & 18 septembre : Journées du patrimoine populaire et rebelle

Les 17 et 18 septembre, jours du patrimoine.

Nous serons avec l’association Les Pas Sages au 33 rue des Vignoles afin de vous présenter les derniers rebondissements positifs (à ce qu’il nous semble) du projet du centre de documentation et d’archives concernant l’exil libertaire espagnol. Nous interviendrons le 17 après-Midi, à partir de 16h à ce sujet mais le dimanche 18, vous aurez aussi les explications techniques de Régis sur le projet de la Miellerie au 33 et la philosophie du jardin partagé, à travers la présentation de l’ouvrage d’Olivier. Venez nombreux visiter un patrimoine d’histoire sociale et populaire. Mettez vos pas dans les traces de ceux qui ont dit NON bien avant notre naissance ! Anne Hidalgo dit oui publiquement au centre d’archive sur l’exil libertaire espagnol: À LA QUESTION DE L’ASSOCIATION 24-Août-1944: (…) Néanmoins, la bataille de la mémoire, comme celle des idées, comme celles des conquis sociaux n’est jamais terminée ni figée fussent-elles gravées dans le marbre des lois et des constitutions. Si nous sommes sensibles aux efforts de Mme Hidalgo, maire actuelle pour faire vivre cette mémoire liée à la libération de Paris, il nous semble important de rappeler qu’il appartient aussi à toutes celles et à tous ceux qui le souhaitent, librement associés et en dehors des institutions de faire vivre l’histoire, la mémoire et les combats constamment renouvelés pour la liberté. Aussi les premiers pas engagés par la Ville de Paris pour permettre de faire naître au 33 rue des Vignoles un centre documentaire sur la Nueve et plus généralement sur l’Espagne républicaine antifasciste et libertaire nous paraissent essentiels. Reste Mme la Maire à pouvoir concrétiser : ce que nous attendons avec espoir et aussi impatience.

Madame la maire répond: https://www.youtube.com/channel/UCN-1eCk93S9G3nohPORvWZA

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Wilebaldo Solano ou la quête de vérité

Wilebaldo Solano, [[Wilebaldo Solano Alonso (1916-2010) Né à Burgos. Etudiant en médecine à Barcelone, il milite dès 1932 au Bloc ouvrier et paysan (BOC) de Joaquín Maurín, organisation qui s’alliera en 1935 avec la Gauche communiste d’Andreu Nin. Le processus aboutira à la création du POUM. Les affrontements en mai 1937 entre milices anarchistes et « poumistes » face aux communistes et aux socialistes vont être le point de départ d’une chasse aux militants du POUM. Emprisonné à Barcelone en 1938, Wilebaldo Solano, qui dirige l’organisation de jeunesse du parti (Jeunesse communiste ibérique), va être transféré, ainsi que plusieurs dirigeants du POUM, dans une prison de Cadaquès, près de la frontière française, au début 1939. Craignant d’être livrés aux franquistes au milieu de la retraite de l’armée républicaine, les poumistes décident de fausser compagnie à leurs gardiens. Par chance le commando de secours envoyé par leurs amis français du PSOP (Parti socialiste ouvrier et paysan) mené par Daniel Guérin (1904-1988) les retrouve dans les Pyrénées. Wilebaldo Solano et ses amis se retrouvent, après ces aventures périlleuses, à Paris où ils sont accueillis par l’oppositionnel communiste, Victor Serge (1890-1947), et le militant d’extrême gauche, Marceau Pivert (1895-1958). Après la répression stalinienne, les militants du POUM vont subir celle des autorités de Vichy. Avec, entre autres, Juan Andrade et Ignacio Iglesias, Wilebaldo Solano est arrêté à Montauban en février 1941. Considéré comme le principal responsable de l’organisation, il est condamné à vingt ans de travaux forcés pour « propagande politique d’inspiration étrangère » par un tribunal militaire. Emprisonné, il est libéré en 1944 de la centrale d’Eysses par les résistants des Forces françaises de l’intérieur. Il refuse de se joindre aux guérilleros espagnols communistes, dont il se méfie, et il s’engage dans le bataillon Libertad formé de résistants anarchistes. (http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/09/11/wilebaldo-solano-militant-revolutionnaire-espagnol) Élu secrétaire général du POUM en 1947, il gagne sa vie en travaillant à l’agence France Presse de 1953 à 1981. Il fonde Tribuna socialista en 1960. Il est un des fondateurs de la Fondation Andreu Nin.

https://bataillesocialiste.wordpress.com/solano-1916

J’ai raconté dans Autocritique comment j’avais occulté (apparemment effacée) ma culture politique d’adolescence, formée entre 1936 et 1939, en me convertissant au communisme en 1942, quand la guerre devint mondiale. Conversion qui me fit faire appel à la Ruse de la raison de Hegel, à la croyance que les vices de l’URSS stalinienne, que je connaissais tellement bien, du fait justement de ma culture adolescente, étaient les produits de l’arriération tsariste et de l’encerclement capitaliste, mais que la victoire du socialisme à l’échelle mondiale ferait épanouir un socialisme de liberté et de fraternité.

Le désenchantement qui suivit la victoire, la crétinisation culturelle imposée par le jdanovisme [[Jdanovisme : Doctrine de l’homme politique soviétique Jdanov. Andreï Aleksandrovitch Jdanov, 1896 – 1948, homme politique soviétique, proche collaborateur de Joseph Staline. Il a joué un grand rôle dans la politique culturelle de l’URSS. Responsable de l’idéologie du Parti communiste d’Union soviétique à la veille et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1946-1947, se déclenche sous sa direction la persécution des écrivains, des compositeurs, des critiques de théâtre. Après-guerre, il impulse la création du Kominform, bureau d’information chargé secrètement d’affirmer la tutelle du « grand frère » soviétique sur les Partis communistes nationaux. (universalis.fr/encyclopedie.)]] le retour aux immondes procès de sorcières, effectués dans les démocraties populaires, tout cela provoqua en moi un écœurement tel que je ne repris pas ma carte du parti en 1948 ou 49, mais n’osai le dire, et il fallut attendre mon exclusion en 1951 pour que le divorce s’opère ouvertement. C’est alors que me revinrent les idées de mon adolescence, muries et complexifiées, et en même temps le remords de m’être tu alors que le parti calomniait les trotskystes, les libertaires, Camus [[Albert Camus (1913-1960) Écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français. En marge des courants philosophiques, Camus s’oppose à l’existentialisme et au marxisme. En ce sens, il incarne une des plus hautes consciences morales du XXe siècle. Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes des communistes et de Jean-Paul Sartre. Albert Camus entretient des liens étroits avec les libertaires espagnols exilés en France et organise des meetings pour soutenir leur cause. .babelio.com/auteur/Albert-Camus/2615.)]], les surréalistes [[Artistes adeptes du surréalisme. Mouvement intellectuel, littéraire et artistique, ébauché vers 1919 à la suite du romantisme et du dadaïsme, défini par André Breton en 1924, et principalement caractérisé par le refus de toute considération logique, esthétique ou morale. Prépondérance du hasard, de l’inconscient en recourant à des moyens nouveaux : sommeil hypnotique, exploration du rêve, écriture automatique, associations de mots spontanées, rapprochements inattendus d’images, etc. Les surréalistes étaient d’obédience révolutionnaire, peu enclins au centralisme ni à la dictature même celle du prolétariat. (cnrtl.fr/definition/surrealisme)]]. Même au Parti, je n’avais pas cessé de rencontrer amicalement Jean René Chauvin [[Jean-René Chauvin (1918-2011). Militant du Parti ouvrier internationaliste (trotskiste), arrêté, le 15 février 1943, aux abords de la Gare du Nord à Paris par la police française. De la rue des Saussaies, il est transféré à Fresnes puis à Compiègne. Il est déporté à Mauthausen puis dans le kommando du Ljubelj-pass et enfin à Auschwitz et au kommando de la mine de Jawischowitz, première marche de la mort vers Buchenwald. La seconde le mène vers Leitmeritz où il est libéré par les Soviétiques le 8 mai 1945. À son retour des camps, il sera journaliste, spécialisé dans le domaine des affaires sociales, et toujours militant révolutionnaire. Il portait tatoué sur son avant-bras droit le matricule 201627. (éditions Syllepse, Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein.)]] admirable militant trotskiste dont je parlerai, May Piqueray, [[Marie-Jeanne (dite May) Picqueray, (1898-1983) Militante anarchiste, anarcho-syndicaliste et antimilitariste, elle rencontre Rocker, Souchy, Berkman et Emma Goldman. À Paris durant la guerre d’Espagne, elle travaille avec une association de Quakers en aide aux réfugiés et aux enfants espagnols. En 1940, à Toulouse, elle vient en aide aux réfugiés internés dans les camps du sud de la France et en particulier celui du Vernet d’Ariège où elle parvient à faire évader plusieurs personnes. De retour à Paris, elle fabrique des faux-papiers pour les réseaux de résistants. À la Libération, elle reprend son métier et milite dans le Syndicat des correcteurs. Elle soutient l’action de Louis Lecoin en faveur des objecteurs et insoumis au service militaire. En 1974, elle crée le journal Le Réfractaire qu’elle publiera jusqu’à sa mort.]] la sublime libertaire, Pierre Naville [[Pierre Naville (1904-1993) Écrivain, homme politique et sociologue français. Surréaliste de 1924 à 1926, membre du Parti communiste français jusqu’en 1928, puis trotskiste avant de rejoindre le PSU, il a mené en parallèle de son engagement politique une carrière de sociologue du travail. (babelio.com/auteur/Pierre-Naville/189123)]], méta-trotskiste. Mais désormais j’allais avec bonheur à la rencontre des maudits du stalinisme, les continuateurs de la gauche prolétarienne (d’avant la revue maoïste du même nom), les anciens communistes devenus anticommunistes, Manès Sperber [[Sperber Manès (1905-1984), Écrivain de nationalité française d’origine autrichienne. Manès Sperber fut tout au long de son existence un intellectuel engagé. Exilé à Vienne durant la Première Guerre mondiale, Juif non pratiquant, il fut militant communiste avant de prendre dès 1937 ses distances avec cette idéologie. Psychologue, romancier, essayiste, il enseigna la psychologie individuelle et sociale à Berlin puis s’installa à Paris où il intègre les éditions Calmann-Lévy. Grande voix de la démocratie contre le totalitarisme et témoin de son temps. (iesr.ephe.sorbonne.fr/index3169.html)]], Jean-Daniel Martinet [[Jean-Daniel Martinet (1913-1976) était le fils de l’écrivain et poète Marcel Martinet, l’auteur des Temps maudits et de Culture prolétarienne qui fut toute sa vie fidèle à une certaine idée du syndicalisme révolutionnaire. Après un accident de tramway, à l’origine de l’amputation d’un pied, Jean-Daniel se tourna vers la médecine et la chirurgie. Médecin de profession, il collabora, comme son père l’avait fait dans l’entre-deux guerres, à la revue syndicaliste de Pierre Monatte, La Révolution prolétarienne. En compagnie de Camus, il participa aux Groupes de liaison internationale (GLI) en 1949-1950. Il fut aussi l’animateur du Cercle Zimmerwald (décembre 1951-février 1961), en référence à la Conférence socialiste internationale tenue dans cette petite ville suisse en septembre 1915. Comme son nom l’indiquait, ce Cercle voulait revenir à l’esprit internationaliste du mouvement ouvrier qui avait refusé l’Union sacrée durant la Première Guerre mondiale dans le contexte de la « guerre froide » et de l’opposition entre les blocs. Martinet sera également l’un des signataires du fameux « manifeste des 121 » pour le droit à l’insoumission durant la guerre d’Algérie (septembre 1960). (acontretemps.org)]], Pierre Lochak [[Pierre Lochak, (1906-1998) Né en Bessarabie alors russe puis à partir du désengagement du gouvernement soviétique en 1917 dans la 1ère Guerre mondiale, il devient roumain. « Fuyant la dictature anticommuniste et antisémite du régime roumain », Pierre Lochak arrive en France, où résident déjà deux de ses frères aînés, en 1925. Boris, l’aîné, est arrivé en France en 1919, il a fait venir successivement Zima, en 1920, puis Pierre et un autre frère, Niama (qui se suicidera en 1933) en 1925. Il s’inscrit à la Faculté de droit de Toulouse où il obtiendra trois ans plus tard sa licence. A la fin de ses études il est embauché à la Société Générale et s’installe à Paris en juillet 1928. Plus tard, vers 1935, il s’installera comme conseil juridique. Pendant la guerre il gagne sa vie en exerçant cette profession (ceci transparaît dans ses courriers à François Bondy). Parallèlement, il milite au parti communiste au sein duquel il s’oppose à la tendance stalinienne des dirigeants. Il fait partie de la mouvance dissidente de la revue « Que faire ? » (voir doc) (dont le membre le plus connu est André Ferrat, ancien membre du Bureau Politique. voir Doc.). C’est là aussi qu’il fait la connaissance de François Bondy. Il quitte définitivement le parti en 1936 tout en continuant à militer pendant un temps dans des groupes d’extrême-gauche (à vérifier) avant d’adhérer à la SFIO. Sous la IVe République il s’opposera à Guy Mollet dans sa politique algérienne puis son ralliement à De Gaulle en 1958. Il quitte alors la SFIO et après un bref passage par le PSA ne sera plus membre d’aucun parti. Danièle Locha, le 05/09/2016).]], François Bondy (voir article joint) [[François Bondy, (1915 – 2003) Journaliste et auteur suisse. Intellectuel européen, il écrivait en allemand, français et italien. Il est devenu, à dix-neuf ans, rédacteur dans un journal financier à Paris. Après un séjour de quelques mois dans un camp de concentration français dans les Pyrénées, Bondy est retourné en Suisse en 1940 où il est devenu rédacteur littéraire et politique dans l’hebdomadaire de langue allemande Die Weltwoche. En 1949, il collabore à la revue Der Monat de Berlin. En 1950 il s’associa au Congrès pour la liberté de la culture. En mars, il fonde à Paris, la revue Preuves dont il resta le directeur jusqu’en 1969. Depuis 1970, Bondy a habité Zurich où il fut codirecteur de la revue mensuelle Schweizer Monatshefte. François Bondy est l’auteur et le coauteur de plusieurs ouvrages littéraires.]], les toujours libertaires comme Luis Mercier Vega [[Luis ou Louis Mercier Vega, de son vrai nom Charles Cortvrint (1914-1977) Anarchiste belge. Dès son adolescence, il écrit dans Le Libertaire sous le nom de Charles Ridel. Il appartient à L’Union Anarchiste (UA) dans la tendance communisme libertaire. Pour lui, « l’anarchisme n’est pas un système philosophique mais se situe dans l’espace et dans le temps. Il est un socialisme, un secteur du mouvement ouvrier» (le Libertaire, 4 novembre 1937). En juillet 1936, à l’annonce de la révolution espagnole, il part en Espagne. En août 1936 à Pina del Ebro, Mercier fut parmi les fondateurs du Groupe international de la colonne Durutti, « légion internationale des sans-patrie qui sont venus se battre dans la péninsule pour l’ordre ouvrier et révolutionnaire » (cf. le Libertaire, 21 août 1936) que Simone Weil vint rejoindre comme milicienne. Il reste en Espagne jusqu’à la militarisation des milices. Il quitte l’UA sur des divergences d’appréciation des événements espagnols, après le congrès de Paris (30-31 octobre-1er novembre 1937). Il stigmatise à la tribune le divorce entre la base et la direction de la CNT-FAI en mai 1937 et l’intervention des ministres anarchistes empêchant les milices de descendre sur Barcelone pendant les combats entre libertaires et staliniens. Sous différents pseudonymes, il écrit dans plusieurs revues révolutionnaires, contre les « anarchistes de gouvernement », leur compromission avec la « démocratie bourgeoise », et leurs reniements. Juin 1940, il est en Suisse, puis Marseille, Buenos-Aires, Le Chili, le Congo où il s’engage dans les Forces Françaises Libres. À Beyrouth, Il est affecté à Radio Levant (de la France libre) jusqu’à la fin de la guerre. Octobre 1945, il devient rédacteur au Dauphiné libéré (Grenoble). Il collabore sous divers pseudonymes (L’itinérant, Damashki) à la Révolution prolétarienne à partir de 1949 et milite à l’Union des syndicalistes, au bulletin Le trait d’union syndicaliste (1952-1953) puis Le trait d’union des syndicalistes (Paris, 1954) et en 1953-55 à L’Alliance ouvrière (Grenoble), de 1966 à 1972 il est directeur de Aportes. Il donne des conférences dans les cercles ouvriers sur la condition et les revendications ouvrières. Il crée avec notamment Helmut Rüdiger et Albert De Jong, en 1958 la Commission internationale de liaison ouvrière (CILO). En 1970, il publie L’increvable anarchisme dans lequel il s’interroge sur l’actualité de l’anarchisme et les formes de résurgence de l’utopie libertaire dans les sociétés contemporaines de l’insurrection hongroise de 1956 au mouvement de mai 1968. Il crée Interrogations, revue internationale de recherches anarchistes, dont le premier numéro parut en décembre 1974 avec cette déclaration préliminaire : « L’anarchisme ne peut plus se contenter de répéter ce qui fut vrai hier. Il doit inventer ce qui correspond à sa mission d’aujourd’hui. » Il met fin à ses jours le 20 novembre 1977 à Collioure (Pyrénées-Orientales). (militants-anarchistes.info)]], les grands :André Breton [[André Breton,(1886-1966). La vie de Breton se confond pratiquement avec celle du mouvement littéraire: le surréalisme. Breton rencontre successivement Jacques Vaché (1916) puis Apollinaire. Il fonde avec Louis Aragon et Philippe Soupault la revue Littérature, et y publie (en collaboration avec Soupault) le premier texte surréaliste, Les Champs magnétiques. De 1919 à 1921, il participe au mouvement Dada, et étudie l’«automatisme psychique». En 1924 paraît le premier Manifeste du surréalisme. Breton et ses amis fondent en même temps un « Bureau de recherches surréalistes » et une revue appelée La Révolution surréaliste. En 1930 paraît le Second Manifeste. Breton définit ainsi le terme « surréalisme » : «Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée… ». Breton est la figure de proue du mouvement. Jusqu’à sa mort, Breton incarne l’« orthodoxie » surréaliste avec une fougue et une passion qui lui sont propres. Entre-temps il a su donner à son mouvement une ampleur quasi mondiale, tout en le dégageant des équivoques de l’engagement politique (le poète, en 1935, met fin à son « idylle » avec le parti communiste français et s’oriente vers une pensée libertaire). (Extrait du Nouveau dictionnaire des auteurs, Laffont, 1994.) Après-guerre il est dans les intellectuels qui soutiennent les libertaires espagnols contre Franco et participe à plusieurs meeting en ce sens à Paris, notamment salle Wagram.]], Benjamin Peret [[Benjamin Péret (1899-1959). Contraint de s’engager en 1917 dans les cuirassiers, il part dans les Balkans et est rapatrié en 1919 en Lorraine. En 1920, à Paris il rencontre Breton, Aragon, Éluard. Lors du « procès Barrès » organisé par le groupe de Littérature, Péret incarne le soldat inconnu qui vient témoigner — en allemand — contre Barrès ; il exprime alors son hostilité à l’armée et à l’Église et affirme son engagement révolutionnaire : il restera jusqu’à la fin fidèle à ces positions. Il adhère au Parti communiste français, mais il en sort plus vite que d’autres. Il part au Brésil avec la cantatrice Elsie Houston, son épouse, et il y est incarcéré, avant d’être expulsé en 1931 à cause de ses activités politiques. Il organise en 1935 une exposition surréaliste aux Canaries avec Breton. Il part en Espagne au moment du putsch militaire de Franco, délégué en Catalogne du Parti ouvrier internationaliste. Il combat dans la division Durruti sur le front d’Aragon. Il revient à Paris et est mobilisé en 1939 à Nantes et incarcéré pour activité subversives. Libéré sous caution, il ne tarde pas à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre André Breton, à Marseille, et nombre d’artiste étrangers en attente de visa pour les Etats-Unis. À cause de son passé politique il n’obtient pas son visa et part pour le Mexique où il séjournera six ans avec sa compagne le peintre Remedios Varo. Son intérêt croissant pour la culture indienne le conduit à traduire Le Livre de Chilam Balam de Chumayel (1955) et à établir une Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique. Son pamphlet, Le Déshonneur des poètes (1945), dirigé contre toute forme de poésie militante, lui retire beaucoup de sympathies. En 1948 en France, il tente de réactiver avec Breton le groupe surréaliste. Co-auteur, avec Grandizo Munis de Les syndicats contre la révolution. Il meurt le 28 septembre 1959. Sur sa tombe, au cimetière des Batignolles, figure cette épitaphe: « Je ne mange pas de ce pain-là. » (marxists.org/francais/4int/bios/peret.htm.)]], les nouveaux amis de Socialisme ou Barbarie en premier lieu Claude Lefort [[Claude Lefort (1924-2010). Disciple de Maurice Merleau-Ponty, il adhère très jeune aux idées marxistes, tout en restant critique à l’égard de l’Union soviétique. En 1947, il fonde avec Cornélius Castoriadis la revue Socialisme et Barbarie, qui combat le stalinisme et développe un marxisme anti-dogmatique. L’ouvrage L’Archipel du goulag d’Alexandre Soljenitsyne le conduit à rompre définitivement avec le trotskisme. Philosophe français connu pour sa réflexion sur la notion de totalitarisme, il construit, entre 1960 et 1970, une philosophie de la démocratie comme le régime politique où le pouvoir est un « lieu vide », c’est-à-dire inachevé, sans cesse à construire, et où alternent des opinions et des intérêts divergents. (scienceshumaines.com/claude-lefort-un-penseur-du-politique_fr_2613)]], puis en 1956 Cornelius Castoriadis [[Cornelius Castoriadis (1922-1997). Jeune résistant grec révolutionnaire menacé de mort par les staliniens, il arrive en France à l’âge de vingt-trois ans, alors que l’engouement pour l’URSS est à son zénith. Il contribue alors à créer, avec Claude Lefort et Jean-François Lyotard, l’une des branches les plus vivaces de la gauche radicale, « Socialisme ou Barbarie », qui deviendra ensuite une revue mythique et l’une des grandes influences de Mai 68, notamment par sa critique de gauche des régimes dits « communistes ». Économiste, philosophe, psychanalyste, militant politique, Castoriadis est l’auteur d’une œuvre essentielle pour quiconque s’intéresse à la question de l’institution hors du cadre de l’État, dont il traite dans L’Institution imaginaire de la société (1975). Fruit d’une enquête menée auprès d’une centaine de témoins, cet ouvrage permet enfin de lever le voile sur cette figure hors norme et trop méconnue, qui est restée marginale jusqu’au bout. Pierre Vidal-Naquet voyait en lui un « génie », et Edgar Morin un « Titan de l’esprit », il est très certainement appelé à devenir l’un des penseurs-clés du XXIe siècle. (Éditions de la Découverte.)]]. Ainsi je me reconstruisais ma famille spirituelle brisée par la guerre, tout en y incluant fraternellement les ex communistes détrompés depuis ceux des années 30, jusqu’aux plus récents des années 40. À quoi se joignirent à partir de 1956 mes nouveaux amis de l’Octobre polonais [[Octobre polonais : L’année 1956 vit un soulèvement ouvrier en Pologne, d’abord à Poznan en juin où il y eut violentes émeutes réprimées dans le sang par les forces de sécurité communistes, puis à Varsovie en octobre. Début de l’octobre polonais les 19 et 20. Alors que des conseils ouvriers se constituaient un peu partout, les Soviétiques firent le choix de composer avec les dirigeants locaux en appelant au pouvoir un ancien secrétaire général du parti, Gomulka, populaire car proscrit pendant quelques années. Il réussit à désamorcer le mouvement de contestation. Le 24 octobres, la situation s’apaise. Premier discours public de W. Gomułka à Varsovie devant 350.000 personnes. Manifestations et meetings continuent. Epuration des responsables du parti en province. Des élections sont décidées pour le 30 janv. 1957. Mais la Hongrie se soulève à son tour.……(Science po, NPA 2009)]], Leschek Kolakovski [[Leschek Kolakovski Ou Leszek Kołakowski, (1927-2009). Philosophe, historien des idées et essayiste polonais. Né en Pologne, il grandit sous l’occupation nazie. En 1945, il rejoint l’université de Lodz. Il se rapproche à cette époque du communisme pour lequel il milite publiquement. De 1947 à 1966, il est membre du Parti ouvrier unifié polonais. En 1949, sa visite à Moscou que le parti lui offre, lui fait voir le vrai visage de l’URSS et du communisme appliqué; il entre en dissidence intellectuelle et devient un critique de plus en plus ferme du régime et de son idéologie. Sa position évolue graduellement vers une critique plus poussée du communisme, condamné à être totalitaire. En 1966, il est exclu du parti. C’est à la suite des manifestations antisémites orchestrées par le pouvoir communiste qu’il quitte son pays, comme de nombreux intellectuels en dehors de la ligne du parti, chassés de Pologne. De 1968 à 1970, il enseigne à McGill au Canada puis à Berkeley en Californie, avant de revenir en Europe : en 1970, il s’installe à Oxford et enseigne au All Souls College. Il souligne méthodiquement les erreurs sur lesquelles est fondée la théorie de Marx : la valeur-travail, la lutte des classes, le matérialisme historique, etc. Il y souligne en outre que le stalinisme est la conséquence inéluctable d’un système communiste, la recherche de l’utopie communiste ne pouvant aller que vers le totalitarisme. En particulier, il montra à de nombreuses reprises que le stalinisme était dans la continuité la plus pure du léninisme. Le stalinisme, caractérisé par « l’abolition du droit, l’autocratie du Chef, la délation généralisée comme principe de gouvernement et la toute-puissance apparente de l’Idéologie », est la conséquence logique et inévitable de la théorie marxiste ; le stalinisme est un « marxisme-léninisme en action ».(wikiberal.org/wiki/Leszek_Kolakowski.)]], Janek Strelecki, Roman Zimand [[N d A : Janek Strelecki était un intellectuel polonais qui était parmi les animateurs de l’Octobre polonais de 1956 un type très humain, très bon. Roman Zimand aussi, et il a traduit en polonais l’ouvrage d’Edgar Morin « le paradigme perdu la nature humaine ». Tous sont aujourd’hui décédés.]], ceux émigrés de la révolution hongroise [[Après la Pologne avec les événements de Poznan, la Hongrie le 23 octobre 1956, les habitants de Budapest manifestent contre le gouvernement communiste de Hongrie. La manifestation tourne rapidement à l’émeute. Cette effervescence puise son origine dans les espoirs soulevés par la mort de Staline. Les dirigeants hongrois appellent Nagy à la tête du gouvernement mais décrètent par ailleurs la loi martiale et font appel aux troupes soviétiques. Mais celles-ci se retirent le 27 octobre. Les Hongrois pensent avoir gagné leur liberté. le 30 octobre, à Budapest, Ils occupent le siège du parti communiste et tuent tout ses occupants. Imre Nagy, le président s’engage dans la voie de la démocratie et du multipartisme. Le 1er novembre, il forme un gouvernement de coalition. Il annonce aussi le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie… C’est plus que les Soviétiques n’en peuvent supporter. Dès le dimanche 4 novembre, l’Armée Rouge investit Budapest. Au total pas moins de 8 divisions et plusieurs centaines de chars du dernier modèle (T54). Les insurgés, étudiants aussi bien que salariés, résistent avec héroïsme mais n’en sont pas moins écrasés. La répression fait environ 200.000 morts tandis que 160.000 personnes se réfugient en Europe de l’Ouest. Imre Nagy sera pendu quelques mois plus tard. (herodote.net)]] en premier lieu Andras Biro [[András Bíró (1925), écrivain, poète et journaliste hongrois. En tant qu’activiste humaniste et militant des Droits de l’homme, il crée des organisations de soutien aux Roms. En décembre 1944, il est contraint au travail forcé en Allemagne. À son retour en 1945, il vit à Budapest jusqu’à l’insurrection de 1956, date à laquelle il fuit en France. Pendant son long séjour à l’étranger, il est rédacteur en chef fondateur du Ceres (Centre d’études et de recherches économiques et sociales), consultant de la FAO (organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture); il est aussi chargé de l’examen de l’aménagement du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), ainsi que rédacteur en chef fondateur de Mazingira. En 1986, il retourne en Hongrie. En 1990, il fonde Autonómia Alapítvány, une organisation non gouvernementale s’impliquant dans le développement chez les Roms. András Bíró crée la première radio faite pour et par des tsiganes, média le moins cher et idéal pour les exclus que sont les Roms et dont la culture est fondée sur la tradition orale. Désormais, ce ne sont pas que les musiciens qui incarnent la réussite chez les tsiganes, il y a aussi quelques journalistes, mais aussi quelques hommes politique.]], et bien sur le grand méconnu espagnol Wilebaldo Solano.

J’ai connu Wilebaldo je crois en 1956, dans les années fiévreuses du rapport K, de l’Octobre polonais, de la révolution hongroise.

Il avait alors rédigé un appel (que j’avais cosigné) à Nikita Khrouchtchev [[Nikita Sergeïevitch Khrouchtchev, (1894-1971) Homme d’État soviétique d’origine ukrainienne, qui s’affirma progressivement comme le principal dirigeant de l’URSS entre la mort de Staline (5 mars 1953) et son éviction du pouvoir le 14 octobre 1964.]] pour qu’il réhabilite Trotski, les condamnés des procès de Moscou qui, dans les années 30, avaient été exécutés comme traitres et hitlero-trotzkystes, dont les dirigeants bolchéviks, compagnons de Lénine [[Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, homme politique et d’État (1870-1924). Issu d’une famille de la bourgeoisie, sa collaboration à un attentat contre le Tsar le contraint à l’exil. Il se familiarise avec les thèses de Marx et Engels. Il obtient le droit de revenir en Russie et devient avocat. Inquiété pour ses idées politiques, il est une nouvelle fois arrêté, emprisonné en Sibérie puis exilé. En octobre 1917, s’appuyant sur les soviets infiltrés par les bolcheviks (communistes), Lénine s’empare du pouvoir. Il muselle l’opposition et se sert de l’Armée rouge comme instrument de terreur auprès des populations. Il met en place le communisme de guerre pour « sauver la Révolution ». La guerre civile s’achève en 1921 avec un pays au bord du chaos. Pour relancer l’économie, il lance la NEP ( New Economic Policy  ou NEP )]] durant la révolution d’Octobre 1917. Mais il était surtout obsédé par la nécessité de réhabiliter Andreu Nin [[Andreu Nin (1892-1937). Un temps secrétaire de Trotski en URSS, où il s’était fait envoyé comme délégué de la CNT en 1922 (tout en n’étant plus anarchosyndicaliste), il revint en Espagne en 1930. Il fit de nombreuses traductions de textes politiques du russe en castillan et il a laissé une traduction appréciée de « Crime et châtiment » de Dostoyevvsky. Secrétaire du POUM Parti Ouvrier d’Unification Marxiste en 1935. À la suite des évènements de mai 1937 à Barcelone, au cours desquels la CNT et le POUM se sont affrontés aux staliniens, Nin, dénoncé par André Marty (secrétaire de l’internationale communiste, dirigeant des Brigades internationales en Espagne, sa conduite, envers ses hommes, lui vaut le surnom de Boucher d’Albacete) , est arrêté par la police politique. Transféré à Valence, puis à Madrid, il est torturé et finalement assassiné le 20 juin 1937 à Alcalá de Henares, sous les ordres du général Orlov (chef de la police politique soviétique en Espagne, il annonce à Antonio Ortega l’arrestation de tous les leaders du POUM pour le 16 juin. Il ne faut pas prévenir le gouvernement précise-t-il.) La vérité sur cet épisode n’a été découverte qu’au début des années 1990, avec l’ouverture des archives du KGB. Des militants du POUM, à la suite de la censure de leur presse avaient posé sur les murs de Barcelone la question « Où est Nin ? », à laquelle les staliniens répondaient à l’époque que Nin avait été libéré par ses « amis » de la Gestapo et se trouvait « soit à Salamanque, soit à Berlin ». Une plaque commémorative sur les Ramblas de Barcelone, près de la place de Catalogne, rappelle le lieu où Andreu Nin fut vu par ses camarades pour la dernière fois. https://fr.wikipedia.org/wiki/Andreu_Nin]], dirigeant du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste Partido Obrero de Unificacion Marxista), assassiné par les agents de Staline [[Staline, Joseph Vissarionovich Djougachvili, (1878-1953) Le nom Staline a été le sien durant les années de clandestinité, il provient du mot russe stal qui signifie acier. Staline, d’origine géorgienne, est nommé Commissaire aux Nationalités dans la nouvelle administration. Il en gravit les échelons et devient Secrétaire général du parti le 3 avril 1922, poste qu’il transforma rapidement en poste le plus important du pays. Il s’empare progressivement du pouvoir en excluant du Parti ceux qui s’opposent à lui et en éliminant – politiquement, puis physiquement – ses éventuels rivaux. En 1926, il est à la tête de l’URSS et du Komintern (IIIe Internationale rassemblant l’ensemble des partis léninistes). En URSS, il fait déporter des millions de personnes, en élimine des millions d’autres, provoque des famines………]] durant la guerre d’Espagne et dont la mémoire demeurait souillée par d’abjectes calomnies.

Wilebaldo était né en 1916. Il avait commencé des études de médecine qu’il interrompit pour se vouer à sa passion révolutionnaire.

La guerre d’Espagne commence le 17 juillet 1936 par un putsch militaire contre la République Espagnole. Wilebaldo a 20 ans et milite à la Jeunesse communiste ibérique (la Juventud iberica communista) [[Organisation de la jeunesse du POUM.]], affiliée au POUM : le parti avait été créé en 1935 à Barcelone de la fusion entre Izquierda communista dirigé par Andreu Nin et du Bloque Obrero y Campesino dirigé par Joaquín Maurín [[Joaquín Maurín (1897-1973). Instituteur espagnol, d’abord syndicaliste révolutionnaire et secrétaire régional de la C.N.T. en Aragon. Il adhère au P.C.E. en 1924 et en devient très vite secrétaire général avant d’être arrêté en janvier 1925. Ses partisans accusent le Secours rouge et la nouvelle direction de ne rien faire pour aider Maurin et les autres prisonniers communistes. Libéré fin 1927 la direction du P.C.E demande son exclusion. Exclu finalement en 1930, Maurin fonde au début des années 30 en 1931 le Bloc Ouvrier et Paysan qui sera le noyau du POUM. Seul député du parti en 1936, il est capturé par les franquistes au début de la guerre civile et ne sera libéré qu’en 1946. Il part alors en exil et se retire de la politique active. (marxists.org)]], issus l’un et l’autre d’une rupture avec le parti communiste stalinien. Toutefois le POUM resta indépendant de la 4ème internationale trotskyste bien qu’il partageait les critiques de Trotski [[ Lev Bronstein dit Léon Trotski ou Trotsky, (1879-1940), doit fuir la Russie sous le tsarisme à cause de ses activités révolutionnaires, en utilisant un faux passeport au nom de Léon Trotski. Il rencontre Lénine à Londres. Rallié aux bolcheviks, il rentre en Russie et participe activement à la révolution d’Octobre. Chef de l’Armée Rouge, Trotski est également commissaire du peuple aux affaires étrangères En 1921, il donne l’ordre de massacrer des milliers de civils et marins de Kronstadt (mouvement anarchiste), qui réclamaient un assouplissement du régime de travail forcé appliqué à cette époque par le régime bolchevik. Des milliers d’autres sont déportés dans des camps de travail, souvent considérés comme les premiers camps de concentration, à l’origine de ce que sera plus tard le Goulag. Après la mort de Lénine, il s’oppose à Staline qui le fait exclure du Parti en 1927. Banni de l’URSS, il se réfugie au Mexique, où il est assassiné par un agent stalinien en 1940. Brillant intellectuel, il a publié de nombreux ouvrages pendant son exil. ]] contre le stalinisme et dénonçait les procès de Moscou. Mais il refusait de suivre l’ordre de Trotski de déserter les syndicats pour créer des soviets. Après la mort de Germinal Vidal [[Germinal Vidal, (1915-1936) Ouvrier du port de Barcelone et dirigeant syndical. Germinal Vidal adhère au B.O.C. en 1931, et dès 1933 dirige la J.I.C. (Juventud Comunista Ibérica, les Jeunesses du BOC puis du POUM). Membre du Comité central du POUM en 1935. Il tombe dans les combats de rue face aux troupes franquistes, sur les barricades de la place de l’Université, à Barcelone, le 19 juillet 1936, au tout début du soulèvement populaire contre l’insurrection fasciste. (bataille socialiste)]] au début de la guerre civile, le 19 juillet 1936, Wilebaldo devint secrétaire général de la Jeunesse communiste Poumiste et directeur de l’hebdomadaire Jeunesse communiste (1936-1937). Andreu Nin, secrétaire général du POUM est ministre de la Justice dans le premier gouvernement de la Généralité de Catalogne, mais perd ce poste en décembre 1936. Dès le début de la guerre civile, il y a conflit entre anarchistes et Poumistes d’une part, et d’autre part le gouvernement « bourgeois » et les staliniens. Les anarchistes catalans et aragonais, dans les campagnes, pensent que l’ère libertaire est advenue. (Ici je dois faire une parenthèse ; j’en ai eu le témoignage au Chili en 1961 par ….. je ne me souviens plus de son nom : c’était un anarchiste français, qui insoumis en 1914 s’était évadé en tuant son gardien. Il ne fut donc pas amnistié après-guerre, mais revint en France dans les années 30. Quand advint la déclaration de guerre à l’Allemagne en septembre 1939, son ami – et plus tard mon ami- Luis Mercier Vega lui donna le moyen de partir au Chili. Il fut d’abord gardien en Patagonie, où les chasseurs d’oreille [[Chasseurs d’oreille. La chasse aux indiens autochtones de Patagonie suite à l’arrivée des « Blancs » fut à l’origine d’un véritable génocide. Les éleveurs payaient les chasseurs une livre sterling par paire d’oreille d’indiens ramenée.]] avaient exterminé les indigènes pour les grandes compagnies anglaises qui y élevaient les moutons en masse. Par une terrible nuit venteuse d’hiver, on frappa à la porte de sa cabane. À sa grande surprise, car il avait appris qu’il n’y avait plus d’indigènes en Patagonie, il vit une femme, portant un enfant, qu’il fit entrer : il la nourrit, lui donna un lit et s’apprêtait à la revoir à son lever quand il découvrit que la femme avait disparu. Puis il fut au service d’une entreprise routière dans les Andes, au sud Chili ; comme la route devait passer par un territoire indigène, il fut chargé d’acheter le droit de passage au peuple de ce territoire. Les anciens de ce peuple refusèrent les sommes, de plus en plus élevées que leur offrait mon ami. Ils ne demandèrent que quelques sacs de blé. Puis cet ami s’était installé à Santiago où Luis Mercier m’avait donné son adresse. C’est au cours d’un de nos repas, arrosés alors de vins vieux de très haute qualité qu’il évoqua à Lucien B et à moi, ses souvenirs de la guerre d’Espagne et pleura au souvenir du bonheur des paysans anarchistes d’en finir avec la monnaie et l’État en brulant les billets de banque dans les églises profanisées. Plus tard j’ai été bouleversé par le film de Ken Loach [[Kenneth « Ken » Loach, (1936)/ Réalisateur britannique de cinéma et de télévision. Témoin des conflits et douleurs sociales de son temps. Land and Freedom sur la guerre d’Espagne et le conflit entre Miliciens du POUM et le pouvoir républicain tenu en sous-main par les communistes (soutenus par l’URSS de Staline).]] (Land and Freedom). Nin fut écarté du gouvernement de Catalogne sur pression communiste. Le POUM avait accru ses effectifs depuis le début de la guerre civile, passant de 6.000 à 30.000 principalement en Catalogne et dans le pays valencien, mais il restait minoritaire par rapport aux communistes, dont les effectifs s’accrurent de plus en plus, et aux anarchistes. Alors que le parti communiste abandonnait toute perspective révolutionnaire immédiate mais noyautait les organismes de l’Espagne républicaine, le POUM, comme les anarchistes, soutenait le mouvement collectiviste spontané et promouvait l’idée de transformer la république bourgeoise en république révolutionnaire. Le Poum fut bientôt dénoncé par le parti communiste comme collaborateur des franquistes En février 1937, Wilebaldo participe directement à la création du Front de la jeunesse révolutionnaire, formé à la base par les Jeunesses libertaires et celles du POUM. Le 3 mai 1937, à Barcelone, le chef de la police barcelonaise, le communiste Eusebio Rodríguez Salas [[Eusebio Rodríguez Salas, (1885-1952). Communiste, connu pour avoir été le commissaire général des forces de police catalane et ministre de l’ordre public du gouvernement catalan  (generalitat de catalunya), lors des journées de Mai 1937.]], accompagné de deux cents hommes, tente de prendre de force le central téléphonique, qui était depuis le début de la guerre sous le contrôle de la CNT. La CNT résiste et, craignant des attaques contre d’autres bâtiments, distribue des armes pour les défendre. Des barricades sont rapidement élevées dans toute la ville, opposant la CNT et le POUM d’un côté, la police et les staliniens de l’autre. Les dirigeants de la CNT, en particulier les ministres au gouvernement central appellent leurs militants à déposer les armes, bientôt suivis par les dirigeants du POUM. Alors qu’ils étaient militairement maîtres de la ville, les ouvriers quittent les barricades. Le 6 mai, les hostilités ont cessé et les barricades ont été démontées, mais le PCE, et à sa suite le gouvernement de Juan Negrín [[Juan Negrín (1892-1956). Physiologue et homme politique espagnol. De 1937 à 1945, favorable à la politique imposée par Staline et les communistes, il fut chef du gouvernement de la Seconde République espagnole, puis du gouvernement en exil.]] (crypto communiste qui a remplacé Francisco Largo Caballero) [[Francisco Largo Caballero (1869-1946). Homme politique et syndicaliste espagnol, membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et de l’Union générale des travailleurs (UGT) dont il fut l’un des dirigeants historiques. Chef du gouvernement de la Seconde République espagnole du 5 septembre 1936 au 17 mai 1937, il refusait d’effectuer la besogne dont va s’acquitter Juan Negrín.]], va réprimer les anarchistes et le POUM, qui est déclaré illégal. Les staliniens, à la suite d’une grande opération de propagande menée par Otto Katz [[Otto Katz, aussi connu sous le nom de André Simone, (1895-1952). L’un des plus importants agents d’influence de l’URSS stalinienne dans les milieux intellectuels et artistiques des démocraties occidentales pendant les années 1930 et 1940. l devient un espion international inconditionnellement fidèle à Staline. Diverses liquidations voulues par Staline lors de la guerre d’Espagne lui sont imputées mais également celle de Trotski, et de Willi Münzenberg. Mais inculpé, sous le nom d’André Simone, lors des procès de Prague, dits procès Slansky, et finit pendu dans les locaux de la prison de Ruzine à trois heures du matin le 3 décembre 1952 : son corps est brûlé et les cendres dispersées sur le bas-côté d’une petite route à proximité de Prague.]] et Willi Münzenberg [[Willi Münzenberg (1889-1940), militant communiste allemand, membre de l’internationale communiste, propagandiste très influent. Münzenberg est un fidèle à Staline et à sa politique à l’étranger. Il est tout à fait au courant des énormes crimes staliniens. Il joue un rôle dans le recrutement des brigades internationales qui vont combattre en Espagne dans le camp des républicains. Cependant, en 1937, la situation se complique pour Münzenberg : il est officiellement exclu du parti communiste allemand et fait l’objet de nombreuses accusations. Il s’oppose alors pour la première fois à Staline de manière ouverte. Il devient un véritable leader d’opposition au fascisme, au stalinisme et fonde un nouveau journal d’opposition Die Zukunft (« Le Futur »). Le 17 octobre 1940 dans un bois du village de Montagne, près de Saint-Marcellin, des chasseurs découvrent son corps partiellement décomposé au pied d’un chêne, une corde autour du cou. Le dossier est « classé suicide » par le Parquet. D’après les témoignages de ses amis du camp, Münzenberg ne semblait pas déprimé, ce qui laisse à penser qu’il a été assassiné par le NKVD sur ordre de Staline. Aujourd’hui la thèse de l’assassinat politique semble largement partagée.) (wikiberal.org)]] (qui seront plus tard assassinés par Staline) selon laquelle le POUM serait « hitléro-trotskiste » et complice des franquistes pour qui il aurait déclenché les émeutes de mai à Barcelone, exigent et obtiennent son interdiction. (J’avais 16 ans en 1937, et je m’étais éveillé à la conscience politique après la victoire du front Populaire en France. Je lisais Essais et Combats des étudiants socialistes « gauchistes » Solidarité Internationale Antifasciste, de tendance anarchiste, La Flèche « frontiste » qui prônait la lutte sur deux fronts contre le fascisme et contre le stalinisme, Le Canard Enchainé, et toutes mes lectures réprouvaient le communisme stalinien, dénonçaient l’imposture des procès de Moscou, révélaient la répression que subissaient dans le camp républicain anarchistes et Poumistes, et faisaient état de la disparition de Nin. Aussi comme si un fil invisible me liait à cette minorité réprimée et opprimée, je fis mon premier acte politique en allant au siège de la SIA [[Solidaridad Internacional Antifascista, organisation anarchiste de secours aux combattants et civils espagnols.]] qui demandait des bénévoles pour faire des colis aux combattants anarchistes et poumistes. Il a fallu 4 ou 5 ans plus tard la résistance soviétique devant Moscou et l’espérance que la victoire ferait dépasser l’âge de fer du communisme pour que s’estompe dans mon esprit ce qui était si vif à ma conscience durant mon adolescence. Nin disparaît peu après en sortant du siège du POUM. Les staliniens déclarent que Nin a fui chez Franco [[Francisco Franco Bahamonde (1892-1975) Pendant plus de 35 ans, Franco dirigea l’Espagne d’une main de fer. Bien qu’ayant renversé un régime légitime par la force et avec l’aide de l’Allemagne nazie, il parvint à rester au pouvoir après la victoire des Alliés. L’Espagne fut ainsi, jusqu’en 1975, l’un des derniers pays totalitaires en Europe de l’Ouest. Sous le régime franquiste, non seulement la vie démocratique en Espagne fut particulièrement réduite, mais le développement économique du pays fut également retardé. Des centaines des milliers d’opposants ou considérés comme tels disparurent sous son règne, assassinés]])et dénoncent le POUM comme hitlero-trotzkyste. Ils publient une fausse lettre de Nin à Franco lui indiquant les fortifications de Madrid, encore tenue par les républicains. La police républicaine, sur la base des faux documents démontrant la collusion du POUM avec l’ennemi franquiste, investit le 16 juin 1937 le siège du POUM et y arrête ses dirigeants. Des militants du POUM, dont la presse était interdite, avaient posé sur les murs de Barcelone la question « Où est Nin ? ». La presse stalinienne répondit que Nin avait été libéré par ses « amis » de la Gestapo et se trouvait « soit à Salamanque, soit à Berlin ». Le POUM est interdit, ses unités combattantes dissoutes. Wilebaldo avait continué son activité en publiant clandestinement La Batalla, et était devenu membre du Comité exécutif clandestin du POUM à partir de juillet 1937. Il est arrêté en avril 1938, emprisonné à la prison « Model » de Barcelone ; alors que Barcelone va tomber entre les mains franquistes (fin janvier 1939) Wilebaldo et les autres détenus du POUM (Julian Gorkin [[Julián Gómez Garcia, dit Gorkin (1901-1987). En 1936, il représente le POUM (dont il devient secrétaire international) au Comité central des milices antifascistes de Barcelone, et dirige La Batalla. Il est arrêté après les journées de mai 37 et détenu jusqu’à la chute de la Catalogne en 39. Secrétaire du POUM en exil et du Centre marxiste international qui a succédé au Bureau de Londres (1939)…( Bataille socialiste)]], Juan Andrade [[Juan Andrade (1898-1981). Participe à la fondation du PCE, membre de Comité exécutif et directeur de son hebdomadaire, La Antorcha. Exclu du P.C.E en 1927. En 1935, il participe à la fondation et à la direction du Parti Ouvrier d’Unification Marxiste. Aux avant-postes durant la révolution et la guerre civile, il est arrêté par la police russo-stalinienne le 16 juin 1937 avec d’autres responsables du POUM et demeure en prison jusque fin 1938. Après la guerre, il est un des animateurs de la direction du POUM en exil. (marxists.org)]], Pere Bonet [[Pere Bonet, Responsable militant du POUM participe activement aux journées de mai 37, contre les milices manœuvrés par le PCE et le Komintern qui cherchent à les anéantir. Il est un des accusés du procès contre le POUM orchestré par les mêmes ; en octobre 1937 pour déclarer le POUM hors la loi comme complice des fascistes de Franco. Il est condamné, comme ses coaccusés, à 15 ans de réclusion. (Article de la SIA paru dans Solidaridad Obrera du 29 octobre 1937)]] sont transférés à la prison de Cadaquès, dont ils réussissent à s’évader. Militants et dirigeants se réfugient en France, comme des centaines de milliers d’autres républicains, où ils subissent le régime des camps d’internement. La guerre d’Espagne se termine le 1er avril 1939. Wilebaldo est libéré, Il s’établit à Paris, où il essaie de réorganiser le POUM et publie de nouveau La Batalla.

L’Allemagne attaque la Pologne le 1er septembre, la France et l’Angleterre lui déclarent la guerre le 3 septembre. Le POUM adopte une position de « défaitisme révolutionnaire », adhérant au Front ouvrier international contre la guerre (créé en septembre 1938).

Alors que les troupes allemandes envahissent la France, Wilebaldo se réfugie à Montauban, qui fait partie de la zone sud vichyssoise non occupée. L’État de Vichy réprime les organisations espagnoles en exil. Wilebaldo est arrêté en 1941 avec d’autres dirigeants du POUM et condamné par le tribunal militaire de Montauban à 20 ans de travaux forcés. Il est détenu à la centrale d’Eysses [[La centrale d’Eysses, d’abord abbaye elle devint prison sous la révolution. Ce fut l’une des prisons d’État où les autorités de Vichy, collaboratrices enfermèrent des résistants. Fin 1943 elle comptait environ 12OO résistants de toute obédience politique et religieuse qui furent ensuite livrés à Hitler. Parmi un grand nombre d’antifascistes espagnols. Le 3 janvier 1944 5’ prisonniers s’évadèrent. À la suite de cette évasion, Schivo le nouveau directeur installe des méthodes de terreur. (Eysse contre Vichy, amicale des anciens d’Eysse, éditions Tirésias)]] à Villeneuve sur Lot.

Voici ce que Wilebaldo m’a raconté :

À la prison, il y avait des communistes détenus par le gouvernement Daladier après l’approbation du pacte germano-soviétique par leur parti, des anarchistes, un trotskyste, le mathématicien Gérard Bloch pour avoir promu le défaitisme révolutionnaire, un catholique, sans doute qui avait manifesté son opposition à Vichy. Gérard Bloch ne tarissait pas de sarcasmes contre Staline auprès des détenus communistes. Ceux-ci, organisés en cellule, décidèrent de le liquider physiquement. Le catholique avait eu vent de cette décision et, indigné, il s’en été ouvert à Wilebaldo. Celui-ci se trouva dans un dilemme cornélien : avertir la direction de la prison et ainsi collaborer avec l’ennemi de classe, ou se taire et laisser exécuter Gérard Bloch. Il se résolut à avertir la direction, qui mit Gérard Bloch en isoloir. Gérard Bloch, peu affecté par la solitude, faisait des équations sur les murs de sa prison et gardait ses espérances révolutionnaires (il survécu à la déportation et après la libération se présenta aux élections législatives dans le 9ème arrondissement. Le parti communiste apposa une affiche sur les panneaux et les murs « à bas Bloch l’hitlérien ») Du coup Wilebaldo fut mis en quarantaine par ses codétenus communistes d’autant plus qu’il dénonçait les mensonges des communistes espagnols à l’égard du POUM. Il arriva que le responsable de la cellule communiste tomba malade et que ses camarades demandèrent à la direction de le transférer à un hôpital, et cela d’autant plus que l’infirmerie de la prison était assuré par Wilebaldo, qui comme je l’ai indiqué avait commencé des études de médecine. La direction refusa l’hôpital et après débat lui-même cornélien, la cellule décida de confier le malade à l’hitlero trotskyste. Par chance Wilebaldo guérit le malade, le parti communiste cessa sa quarantaine, et la guerre devenue mondiale, tous furent d’accord pour souhaiter la défaite du nazisme. La zone Sud fut occupée par l’Allemagne en novembre 1942 et au cours de l’année 43 un officier SS vint visiter la prison pour choisir les détenus à transférer dans les camps nazis d’Allemagne ou de Pologne. Communistes, trotskystes, Poumistes furent parmi les déportables. Or l’officier SS qui fut dans sa jeunesse un militant trotskyste reconnut Wilebaldo qu’il avait fréquenté lors d’une rencontre de jeunes révolutionnaires européens. Aussi il n’inscrivit pas Wilebaldo dans sa liste. Après le débarquement des alliés, la libération approche et des FFI libèrent les prisonniers de la centrale d’Eysses le 17 juillet 1944. Les communistes proposent à Wilebaldo de les suivre chez les FTP, mais il refuse et avec des codétenus anarchistes, il organise le bataillon Libertad [[Composé en grande partie d’anarchistes espagnols.]], indépendant des maquis sous contrôle communiste. Il va délivrer son camarade Juan Andrade de la prison de Bergerac, dans laquelle il avait été maintenu après la libération de la ville.

La France une fois libérée, La Batalla reparaît officiellement à partir de juillet 1945. L’objectif du POUM est de renverser le franquisme en Espagne, mais Solano et Andrade n’ont guère d’espoir, étant certains que les États-Unis et le Royaume-Uni ont intérêt au maintien de Franco au pouvoir.

En 1948, Wilebaldo Solano est secrétaire général du POUM en exil. Les militants en France sont évalués à 300 personnes par les services de renseignement français. Puis le POUM dépérit. Wilebaldo travaille pour l’AFP de 1953 à 1981. Mais il n’a cessé d’être obsédé par la nécessité de réhabiliter Andreu Nin à qui il consacre une biographie. L’occasion quasi miraculeuse se présente après l’effondrement de l’Union soviétique. Wilebaldo apprend que les archives du KGB [[Le KGB (КГБ), sigle du russe Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti soit le Comité pour la Sécurité de l’État, est le principal service de renseignement de l’URSS post-stalinienne. À l’intérieur de cet État, il avait également fonction de police politique. Du 13 mars 1954 au 6 novembre 1991, le KGB, dont le quartier-général est domicilié au 2, place Félix Dzerjinski à Moscou fut l’organisation chargée de la sécurité de l’URSS, de la police secrète, et des services de renseignements.]] (successeur du NKVD) [[NKVD : abréviation de Komissariat Vnoutrennikh Diel ou Commissariat du peuple aux Affaires intérieures, était la police politique de l’URSS — équivalente à un ministère — et « chargée de combattre le crime et de maintenir l’ordre public »]] peuvent être consultées. Il organise au début 1990 une expédition à Moscou de journalistes et d’opérateurs de la télévision catalane pour découvrir la vérité sur la mort de Nin. Effectivement, des officiers du KGB acceptent de « vendre » les documents concernant Nin. Il s’agit de deux lettres à Staline du général Orlov,[[Lev (Leïba) Lazarevitch Feldbine dit Alexandre Mikhaïlovitch Orlov (1895-1973) Agent résidant du NKVD Il est conseiller en chef de la sécurité intérieure et du contre-renseignement du gouvernement républicain de Madrid. Il surveille en même temps la conformité idéologique des officiers républicains au sein du Servicio de Información Militar, SIM. Il fonde une école de formation de groupes de diversions chargés de monter des opérations de diversion à l’arrière de l’ennemi. Il fut le principal acteur de la destruction du POUM en Catalogne, et de l’exécution de ses dirigeants. .(wikipedia.org)]] chef des services secrets soviétiques en Espagne durant la guerre civile. (Ces archives, ont été utilisées par José María Zavala dans son livre En busca de Andreu Nin À la recherche d’Andreu Nin et filmées dans un documentaire de la télévision catalane consacré à Nin), Dans la première lettre, Orlov propose un plan à l’approbation de Staline : il fera enlever Nin par des policiers espagnols de confiance, le fera transférer dans le sous-sol d’une villa qui appartient au commandant des forces aériennes républicaines, et lui fera avouer sa complicité avec Franco. Il pourra même organiser un procès public à l’image des procès de Moscou, où sera présentée une fausse lettre de Nin à Franco lui livrant les plans des fortifications de Madrid. Nin fut enlevé, enfermé, torturé, n’avoua rien et mourut assassiné le 20 juin 1937. Son cadavre fut enterré dans un champ et il fut annoncé que Nin avait fui en territoire franquiste. La seconde lettre du général Orlov relate ces événements et elle est contresignée par cinq responsables du Kominterm, dont les Soviétiques ont effacé les noms des deux Espagnols [[N d A : Quand les catalans ont acheté (payé) au KGB les 2 documents, ils ont trouvé rayés et illisibles les noms des deux témoins espagnols; est ce qu’ils ont fait ça pour vendre leur silence aux communistes espagnols.]]

Qui était et que devint le général Orlov ?

Après une carrière d’agent secret en diverses capitales, il fut assigné à Madrid durant la guerre d’Espagne. Il a commis l’exploit en Octobre 1936 d’organiser le transport de tout l’or de la République espagnole de Madrid à Moscou. Le gouvernement républicain avait secrètement accepté ce transfert en avances pour le paiement de fournitures d’armes à venir. Durant 4 nuits, des convois de camion, conduits par des Soviétiques, transportèrent 510 tonnes d’or de leur cache dans les montagnes jusqu’au port de Carthagène. Là, sous la menace des bombardements de la Luftwaffe La Luftwffe est la composante aérienne de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a également participé à la guerrea d’Espagne., l’or a été réparti entre 4 steamers soviétiques qui partirent pour Odessa. De là, l’argent fut convoyé jusqu’à Moscou dans un train spécial blindé. Une fois l’or en sureté, Staline fit bombance en assurant que jamais les Espagnols ne reverraient leur or. Orlov fut décoré de l’ordre de Lénine. Toutefois la principale activité d’Orlov en Espagne fut d’arrêter et exécuter trotskistes, anarchistes, catholiques pro franquistes ou supposés tels. Durant les procès de Moscou, où même les compagnons de Lénine étaient exécutés, Staline se méfia de tous ceux qu’il avait envoyés en Espagne, pensant qu’ils subiraient des influences délétères, notamment trotskystes. Aussi emprisonna-t-il voire exécuta-t-il, ceux qu’ils rapatriaient [[En fait, il y avait un traitement différent entre la liquidation de cadres âgés et expérimentés et la conservation de personnes « utiles » : le cinéaste Karmen ; et surtout de jeunes spécialistes : aviateurs, tankistes, marins, etc., comme Khadli Mamsourov, devenu général pendant la seconde guerre mondiale, puis chef du renseignement militaire (GROU).]] Orlov apprit que les Soviétiques qui rentraient d’Espagne à Moscou étaient arrêtés. Aussi quand il fut rappelé en 1938 avec l’ordre de prendre un navire soviétique à Anvers, il s’enfuit avec sa femme et sa fille au Canada puis aux USA. Mais il envoya, par le truchement de l’ambassadeur d’Union soviétique à Paris deux lettres, l’une à Staline, l’autre à Yeyov [[Nikolaï Ivanovitch Iejov(1895-1940), surnommé « le nain sanguinaire » est un policier et homme politique soviétique. Le chef d’orchestre des grandes purges staliniennes de 1936 à 1938. Il est mort fusillé sur ordre de Staline et de Lavrenti Beria le 4 février 1940 à Moscou et effacé des photos officielles.]] alors chef du NKVD, annonçant qu’il révélerait tous les secrets des opérations du NKVD s’il arrivait malheur à lui et aux siens. Orlov a aussi envoyé une lettre à Trotski le prévenant de la présence de l’agent du NKVD Zborowski auprès de son fils Lev Sedov (qui fut assassiné) mais Trotski considéra cette lettre comme une provocation et il fut aussi aveugle sur son informateur que Staline le fut quand son agent à Tokyo, Sorge, le prévint en juin 41de l’imminence d’une attaque allemande contre l’URSS. Orlov n’a jamais révélé les noms des agents du NKVD opérant à l’Ouest, y compris quand il fut interrogé par le FBI et une commission sénatoriale américaine. Mais trois ans après la mort de Staline, en 1956 il écrivit un article pour Life Magazine , The Sensational Secret Behind the Damnation of Stalin. Il y disait que des agents du NKVD avaient trouvé, dans les archives tsaristes, des documents prouvant que Staline avait été un agent de la police secrète tsariste, l’Okhrana L[[’Okhrana, officiellement « Otdeleniye po okhraneniou obchtchestvennoï bezopasnosti i poryadka » « Section de préservation de la sécurité et de l’ordre publics » généralement abrégé en Okhrannoye otdeleniye, était la police politique secrète dunTsar à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Le nom russe commun pour cet organisme est Okhranka.]]. Ces agents auraient alors préparé un coup d’Etat avec le chef de l’Armée Rouge, le maréchal Toukhatchevski, [[Le maréchal Toukhatchevski, (1893-1937). Officier du Tsar, il rallie la révolution et adhère au parti bolchévique en 1918. En 1921, sur ordre du parti communiste, il écrase la révolte des marins de Kronstadt, qui fait plusieurs milliers de morts. En été de 1921, Toukhatchevski n’hésite pas à bombarder les populations aux gaz toxiques pour mater la grande révolte des campagnes de Tambov sans l’accord de ses supérieurs. Nommé Commandant en chef de l’armée rouge en août 1921. Staline fait éliminer les chefs militaires de la révolution russe : Les 11 et 12 juin 1937, le maréchal Toukhatchevski, les généraux Iakir, Ouborevitch, Kork, Eideman, Feldman, Primakov, et Poutna sont fusillés (Gamarnik s’est déjà suicidé le 31 mai). Dans les dix jours suivants, plus de 1000 officiers supérieurs sont arrêtés dont 21 généraux de corps d’armée et 37 généraux de division. Beaucoup seront également passés par les armes.]] mais Staline avait découvert le complot, d’où l’exécution de Toukhatchevski et la sanglante purge dans l’Armée Rouge. Orlov demeura dissimulé aux Etats Unis sans que Staline chercha à le découvrir. Il publia ses mémoires après la mort de Staline en 1953; l’histoire secrète des crimes de Staline (Random house). Orlov est mort dans son lit en 1973. Wilebaldo est mort en 2010. Nous nous sommes revus à diverses reprises à Paris et à Barcelone. Mais nous nous sommes perdus de vue au début de ce siècle ; c’est tardivement que j’ai appris sa mort à 94 ans. Edgar Morin

Andreu Nin et Wilebaldo Solano 1936
Andreu Nin et Wilebaldo Solano 1936
Interview de Wilebaldo Solano journal ABC
Interview de Wilebaldo Solano journal ABC
Wilebaldo Solano, toujours debout
Wilebaldo Solano, toujours debout

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Hommage à María SILVA CRUZ La libertaria

Célébration du 24 août à Paris et à Casas Viejas

L’objectif était de revendiquer la mémoire de Maria Silva Cruz, malgré les obstacles de la municipalité socialiste. L’autorisation de la célébration a été obtenue à la préfecture (Gobernacion). Un gros boulot de préparation a été réalisé hier soir pour que la petite place soit sans plantes desséchées, bouteilles plastiques vides, etc. 24 août 2016, en écho à la célébration de l’entrée de la Nueve dans Paris, la cérémonie en l’honneur de Maria Silva Cruz. À 11:10 h on a commencé la. Commémoration devant environ 160 personnes, sous un soleil supportable vu la force du vent, en donnant un triple sens à la célébration : La mémoire de Maria Silva Cruz, La Nueve Paris, avec des anarchistes andalous, comme Maria, Le premier anniversaire de Iniciativas Benalup Casas Viejas. 3 interventions de Iniciativas: 2 d’historiens José Luis Gutierrez Molina et Frank Mintz, ce dernier pour l’association 24 août 1944, ensuite des personnes liées à Maria et à la repression de 1936 dans la région ont pris la parole, dont la CNT de Jerez. Puis, trois couronnes de fleurs ont été déposées devant des carreaux de faïence représentant le visage de Maria (repris de la reproduction par le peintre Juan Chica Ventura : Celle de Iniciativas Celle de l’association 24 août 1944 Celle de la CNT Solidarité ouvrière. Enfin, la couronne de fleurs de la CNT SO a situé à été accrochée au monument artistique très critiquable situé à un endroit insignifiant. Après une breve évocation de la fidélité anarchosyndicaliste et à l’internationalisme entre Maria et la CNT SO, toutes les personnes ont été invitées à une paella offerte par l’équipe du bar restaurant, dont l’aide en partie justifiée par l’origine cenetiste de la famille des propriétaires, a été essentielle.

Une exposition de grandes photos expliquées de la répression de 1933 est installée pour une semaine dans le bar restaurant.

http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article2750 http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article2751 http://www.fondation-besnard.org/spip.php?article2748 http://historiacasasviejas.blogspot.com.es/2016/09/homenaje-maria-silva-cruz-la-libertaria.html

Une petite biographie de Maria Silva Cruz, dite La Libertaria

(Casas Viejas [Cadix], 1915 – Paterna [Cadix], 1936) Sa famille était membre de la CNT. Quand le communisme libertaire fut proclamé à Casas Viejas, le 11 janvier 1933, on distribua des vivres à la population ; María et Manuela, sa soeur d’idées, défilèrent avec le drapeau rouge et noir. La répression arriva le jour-même. Elles se rendirent dans la masure où María vivait avec son grand-père : il y avait déjà six membres de la famille. La garde civile les attaqua et, comme ils ne se rendaient pas, incendia la toiture. María et un enfant s’échappèrent. Manuela et un anarchosyndicaliste furent tués en fuyant. Les cinq parents de María brûlèrent. Les gardes abattirent douze cénétistes à bout portant devant la masure. María avait été arrêtée. Un jeune syndicaliste, journaliste de la presse confédérale, Miguel Pérez Cordón, l’interviewa en prison. Il dénonça le massacre commis par les gardes républicains. Le soulèvement militaire sépara le couple qui s’était formé. María, mère d’un enfant de 13 mois, fut arrêtée avec d’autres antifascistes et fusillée. Son corps disparut le 24 août 1936.

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19 Juillet 1936—24 août 1944—24 août 2016.

La chaleur accable Paris, d’un 37° bien prononcé. Malgré le soleil, la place de la république bruisse des allers et venues des passants, touristes curieux ou parisiens allant à leurs affaires. Mais tient ! Qui sont ces gens qui s’arrêtent, s’attroupent au pied d’un camion chamarré aux couleurs vives de couvertures de livres peintes sur une grande toile de chaque côté du véhicule

Les minutes s’écoulent et l’attroupement est de plus en plus important à l’angle de la rue Béranger et de rue du Temple.

Nous descendons nos panneaux chamarrés et tout à coup apparaît, sous le regard médusé des piétons, une belle barricade de livres peints sur des palettes de bois. Notre slogan éclate comme une évidence: « La barricade des livres et du savoir » La culture et la mémoire, meilleurs remparts contre les dictatures… Nous sommes environ une centaine pour ce nouvel hommage aux Espagnols de la Nueve, entrés le 24 août 1944 dans Paris en avant-garde de la division Leclerc. En 1944, leur arrivée dans Paris insurgé est un souffle d’espoir et une aide précieuse pour la Résistance. Cela fait maintenant trois années de suite que nous rappelons aux parisiens cet événement du 24 août. Nous avons choisi cette année de démarrer place de la République car à cet angle des rues Béranger et Temple, se dressait une barricade de résistants FFI et FTP parisiens et les hommes de la Nueve sont intervenus là, à leur demande pour briser les défenses allemandes qui tenaient la place de la république. Après les remerciements et présentation du déroulé de la journée, Serge et Marie racontent à tous ceux qui se pressent autour d’eux l’histoire de cette journée du 25 août où après le central de la rue des Archives, les hommes de la Nueve interviennent place de la République pour dégager les défenses ennemies. (Doc 02). Juan nous lit le témoignage de Victor Etchegaray, membre de la Nueve et engagé dans cet accrochage parisien meurtrier. Ce témoignage a été recueilli par Federica Montseny en 1949. (Doc 03) Et voici la petite note de poésie, Léo un jeune homme de 2O printemps, nous livre deux beaux poèmes écrits par des collégiens de 3e de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritime : (Docs 04 et 04 Bis). Ils ont été inspirés par le travail de mémoire que nous avons réalisé avec eux et leur professeur Annie Fiore comme tous les ans à partir de l’exposition Les républicains espagnols pour témoins. Ces poésies ayant été écrites sous l’œil vigilant de leur professeur en espagnol, Rosine joint sa voix à celle de Léo pour nous en donner lecture en castillan. Et enfin avant de quitter les lieux en cortège pour rejoindre l’Hôtel de ville Cristine nous brosse un tableau succinct des actions que notre association a mené au cours des huit premiers mois de l’année 2016. Tandis qu’Agnès, notre secrétaire, nous met l’eau à la bouche pour ce que nous projetons dès l’automne dont notre ciné-club et en 2017. (Doc 05) Ce fut la dernière intervention à la République. Rythmé par les chants de la Révolution espagnole, les copains de la CNT présents nous ont aidé (enfin ont organisé le pliage et le rangement du matériel : panneaux de la barricade, table, chaise…) comme ils avaient d’ailleurs organisé leur déballage. Un grand merci à elles et eux ! Nous nous sommes mis en route, banderole de la Nueve en tête, drapeaux CNT flottant sur le plateau du camion ou dans les mains des jeunes. Le parcours très agréable sous les yeux ébahis des promeneurs : Rue du Temple, rue Turbigo, rue Beaubourg, rue Rambuteau et rue des Francs-Bourgeois, rue Vieille du Temple, rue du Pont Louis Philippe, rue François Miron et esplanade de la mairie rue Lobau, devant le jardin dédié aux combattants de la Nueve.   Notre cortège s’étire dans les rues du Marais, nous sommes près d’une centaine à suivre cet hommage. Les conversations vont bon train tout au long du parcours où nous distribuons aux personnes sur les trottoirs, des dossiers qui présentent notre association, son action et l’explication de cette barricade : La jonction des forces alliées et de la résistance dans le combat pour la Liberté. Une halte s’impose au coin de la rue du Temple et de la rue des Archives, exactement là où a eu lieu un des combats les plus meurtrier du 25 août 1944, devant le fameux central téléphonique, conquis finalement par les résistants parisiens et les soldats de la Nueve. Aimable nous livre ce récit que la bâtisse garde jalousement en ces murs. (doc 06) Et pour une note poétique, c’est encore Léo qui lit en français un poème de Miguel Unamuno et un autre de León Felipe (docs 07 et 07 bis). Notre arrivée rue Lobau est très colorée. Bientôt notre barricade est à nouveau installée sur le trottoir, agrémentée des portraits des hommes de la Nueve. Comme c’était prévisible, des personnes sortant de leur travail nous rejoignent devant le 3 rue Lobau, face à la grille du jardin de la Nueve. Nous serons environ 200 personnes à écouter les diverses allocutions qui vont se succéder. Nous mettons en documents les interventions prononcées par les membres de notre association. (docs 08 / 09) Nous avons dédié cet hommage à Luis Royo Ibañez, qui est décédé le 23 août 2016, la veille, combattant et survivant de la Nueve. Sont intervenus dans un hommage au message de fraternité et d’antifascisme, Christophe Girard, maire du 4°, un hommage tout personnel dont nous vous donnons ici quelques extraits et nous vous offrons le manuscrit du discours : « (…)Ceux dont le capitaine Dronne disait qu’ils s’étaient bien battus, avec énormément de courage et une grande expérience (…), engagés contre le franquisme, la dictature , le totalitarisme (…) Ces êtres qui ont sublimé leur vie pour la liberté, la leur et celle des autres, la nôtre. (…) Ses compagnons furent les premiers à entrer dans Paris. Cette 9e compagnie, la Nueve, enrôla 146 républicains espagnols, souvent anarchistes, aussi socialistes, communistes ou indépendant sans parti. Des hommes libres. (…) Inspirons-nous plus que jamais de ces républicains espagnols à la pensée universelle (…) Pour conclure comment ne pas penser à Federico García Lorca, assassiné dans la nuit du 17 au 18 août 1936, par les miliciens franquistes (…) extraits de Doña Rosita : Rien n’est plus vivant qu’un souvenir et Lo más Importante es vivir !  » (Doc Discours C Girard)

Anne Hidalgo, maire de Paris. Messages de construction pour la mémoire et de transmission envers les jeunes générations. Anne Hidalgo rend hommage au soulèvement populaire de l’Espagne contre les militaires et pour une révolution sociale:

« Ils étaient, pour la plupart, espagnols, républicains, socialistes, communistes ou anarchistes, avant de devenir combattants de la Nueve et de participer à la libération de Paris, ces hommes s’étaient engagés corps et âme, au cœur de l’été 1936, contre le coup d’état militaire fasciste qui menaçait leur pays, ce grand pays qu’est l’Espagne. Je voudrais ainsi y insister : 2016 marque les 80 ans de la révolution espagnole, ce magnifique soulèvement populaire qui a uni des femmes et des hommes venus de toutes les régions d’Espagne pour délivrer leur pays d’une dictature naissante. Plus de la moitié de l’Espagne sera ainsi sauvée par ces héros qui voulaient changer le cours de l’Histoire et étaient prêts à tout risquer pour défendre la liberté et la dignité. C’est ce courage et cette détermination exemplaires que décrit avec tant de force Georges Orwell dans ses Réflexions sur la Guerre d’Espagne : « Mais ce que j’ai vu sur ton visage / Aucun pouvoir ne saurait t’en déposséder / Aucune bombe jamais éclatée / Ne peut briser l’esprit de cristal.  »

Rendant hommage aux Espagnols de la Nueve, elle salue également tous ces étrangers qui ont donné leur vie et leur jeunesse pour la Liberté:

Mais cette autre guerre, notre guerre, ils allaient la gagner. Regroupés dans la neuvième compagnie de la division Leclerc, « la Nueve », ils seront parmi les premiers à rentrer dans notre Ville et à rejoindre son Hôtel de ville, le 24 août 1944. Malgré les souffrances, malgré les désillusions, ils étaient restés fidèles à une même valeur, à un même objectif : la liberté. Leur détermination était une arme invincible, leur persévérance faisait d’eux des combattants hors du commun ; comme le furent aussi les Arméniens et tous ces combattants antifascistes qui nourrirent la Résistance française et contribuèrent à la Libération de notre pays. (…) Au nom du Peuple de Paris, je m’incline aujourd’hui face au courage de ces combattants. »

Rien n’aurait été possible sans la solidarité de tous ces défenseurs de la Liberté:

(…)Paris le 25 août 1944. La France entière se souvient de cette date. Mais c’est la veille, le 24 août, grâce aux hommes de la Nueve, que la liberté remporta sa première victoire. Par eux, avec tous les combattants et civils, soldats de la France Libre et Résistants, Parisiens et Alliés, Français et étrangers venus des cinq continents, la liberté a repris pied à Paris. Cette victoire de la liberté fut donc aussi celle de la solidarité. Solidarité exceptionnelle d’hommes venus de loin, qui décidèrent de lutter ensemble pour briser l’oppression dans une ville qui n’était pas la leur.

Leur combat est une leçon pour demain:

Nous affirmons que nous continuerons à combattre pour la liberté partout où elle est menacée, à défendre l’égalité quand elle est niée, bafouée, ou travestie, à faire triompher enfin la fraternité qu’ils ont si hautement incarnée, partout où la haine arme un pays contre un autre, un parti contre un autre, une confession contre une autre. Dans ce combat, la connaissance, l’éducation, la culture sont autant d’armes contre l’ignorance– ce mal qui ronge notre monde et qui conduit au non-respect de l’humain, au non-respect de la démocratie, au non-respect de la planète également.  C’est le sens de la barricade symbolique de livres et de savoir que nous avons élevé ensemble. Je remercie l’association 24 aout 44 pour cette formidable initiative.  Vous pouvez lire l’intégralité de son intervention (doc discours A Hidalgo)

Ce qui n’est pas dans son intervention mais sera sur la pellicule de Victor Simal:

Puisque l’association au travers de l’intervention d’Aimable le lui a rappelé et l’a invitée à répondre, Madame Hidalgo s’est engagée à accélérer les travaux promis pour l’ouverture du centre de documentation et d’archives sur le mouvement social libertaire et notamment l’exil libertaire espagnol, au 33 rue des Vignoles Paris 20°. Le moment le plus émouvant de cette cérémonie, fut l’intervention non préparée d’Edgar Morin, Philosophe, résistant et témoin de l’arrivée de la Nueve place de l’Hôtel de ville le 24 août 1944. Ce mercredi 24 août 2016, Edgar Morin avait toujours 23 ans, et la force transcendante de ses convictions, il nous a fait revivre l’intensité de ces moments historiques qui ont été la marque de son engagement toute une vie durant. https://www.youtube.com/watch?v=s3aGMC5M2Gs Étant donné que l’ensemble de la cérémonie a été photographiée et filmée, nous vous offrons ces photos et des extraits de film en attendant que le montage complet soit réalisé et que vous puissiez le regarder à partir de notre site. Encore une information : La barricade de livres, en trompe l’œil, que vous avez pu admirer a été réalisée par Juan Chica-Ventura avec l’aide précieuse d’Anne Aubert et de Claire Lartiguet Pino. Merci à toutes celles et ceux qui ont rendu cette journée possible et merci à toutes celles et ceux qui ont pu être présents. L’association 24-août-1944

Barricade et rassemblement Place de la République
Barricade et rassemblement Place de la République
La banderole portée par des jeunes
La banderole portée par des jeunes
Remerciements et intervention de l'association à l'Hôtel de Ville
Remerciements et intervention de l’association à l’Hôtel de Ville
L'associatiob interpelle Mme la Maire sur l'ouverture du centre de documentacion sur l'exil libertaire.
L’associatiob interpelle Mme la Maire sur l’ouverture du centre de documentacion sur l’exil libertaire.
Edgar MORIN, ses 20 ans et la verve de sa résistance tenace
Edgar MORIN, ses 20 ans et la verve de sa résistance tenace
« La barricade des livres et du savoir » La culture et la mémoire, meilleurs remparts contre les dictatures…
« La barricade des livres et du savoir » La culture et la mémoire, meilleurs remparts contre les dictatures…
La barricade sur la route de la Nueve
La barricade sur la route de la Nueve
Pourquoi une barricade à la République
Pourquoi une barricade à la République
Ce que sera 2017 pour notre association
Ce que sera 2017 pour notre association
Banderole en tête, La Nueve à la République
Banderole en tête, La Nueve à la République
Transport de la barricade et portraits dans les rues du Marais
Transport de la barricade et portraits dans les rues du Marais
Léo lit un poème de Miguel de Unamuno devant le central téléphonique de la rue des Archives
Léo lit un poème de Miguel de Unamuno devant le central téléphonique de la rue des Archives
« La barricade des livres et du savoir » La culture et la mémoire, Rue Lobau Hôtel de Ville
« La barricade des livres et du savoir » La culture et la mémoire, Rue Lobau Hôtel de Ville
Christophe Girard, maire du 4° , devant le jardin de la Nueve
Christophe Girard, maire du 4° , devant le jardin de la Nueve
Foule attentive face au jardin de la Nueve
Foule attentive face au jardin de la Nueve
Allocution Transmission de la mémoire pour le futur
Allocution Transmission de la mémoire pour le futur
Appel de Mujeres Libres aux femmes du monde entier, en français
Appel de Mujeres Libres aux femmes du monde entier, en français
Appel de Mujeres Libres aux femmes du monde entier, espagnol
Appel de Mujeres Libres aux femmes du monde entier, espagnol
du 19 juillet 36 au 24 août 44, un idéal de Liberté, et le centre de documentation libertaire, Madame la Maire?
du 19 juillet 36 au 24 août 44, un idéal de Liberté, et le centre de documentation libertaire, Madame la Maire?
Edgar morin, notre invité, n'a pas oublié les engagements de son adolescence.
Edgar morin, notre invité, n’a pas oublié les engagements de son adolescence.
Madame La maire de Paris devant un public attentif
Madame La maire de Paris devant un public attentif
Anne Hidalgo: Ne jamais oublier leur enseignement de solidarité et liberté
Anne Hidalgo: Ne jamais oublier leur enseignement de solidarité et liberté
Assis ou debouts, plus de 200 personnes!
Assis ou debouts, plus de 200 personnes!

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