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Auteur/autrice : 24 aout 1944

Federica Montseny, L’indomptable

Federica Montseny, (1905-1994).

Anarchiste et pédagogue d’avant-garde.

Avec la collaboration – et le regard critique- indispensable de Marina Paugam, caméra-femme et monteuse, Jean-Michel Rodrigo réalise un documentaire sur le combat, en grande partie oublié, des femmes libertaires espagnoles. Fil conducteur du récit, Federica Montseny écrivaine, oratrice et dirigeante anarchiste devenue ministre éphémère de la république ! Malgré l’offensive immédiate des troupes de Franco, elle trouvera le moyen de s’appuyer sur l’immense mouvement des femmes pour imposer le droit à l’avortement et instaurer un véritable système de sécurité sociale et solidaire.

Une femme de convictions et un cinéaste irrévérencieux nous parlent d’une aventure humaine jamais renouvelée. Un travail d’équipe dans lequel les clichés sur l’anarchie sont ensevelis.

Jean-Michel Rodrigo fait partie de ces cinéastes qui savent mettre en scène avec respect, émotion et délicatesse les moments de l’Histoire où les humains s’engagent sur les chemins de la fraternité.

La caméra de Marina Paugam dépasse toujours le simple constat de la misère pour aller à la recherche de la dignité, individuelle et collective. Elle sait mettre en valeur le courage des plus pauvres lorsqu’ils décident de bousculer l’ordre établi et rêver à voix haute d’utopie simple, concrète, immense !

Ce documentaire donne à voir celles et ceux qui ramassent les drapeaux à terre pour les brandir bien haut. En opposition résolue à la désespérance ambiante, il est question d’amour et de liberté, d’imagination et d’éducation. De création et de sensibilité, de femmes…

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Exposition au 33 rue des Vignoles du 6 au 8 mai 2016

« Le 33 rue des Vignoles est un lieu marqué par l’histoire ouvrière et sociale de l’arrondissement.

Ce ne sont pas seulement les anarcho-syndicalistes espagnols exilés de la guerre d’Espagne qui y ont laissé une empreinte indélébile.
Ce n’est pas seulement le « 33 », l’association des « Pas sages », qui palpitent aujourd’hui au rythme du Flamenco, des réunions de la CNT et du 24 août 1944, des distributions de l’AMAP…

Au « 33 », il y a aussi des artistes.

Ceux reconnus, à demeure, et puis, ceux éphémères invités de Flamenco en France, de la CNT et de l’Association 24 Août 1944.
Ensemble, ils exposeront dans la grande salle du « 33 ».
Vernissage vendredi 6 mai, à partir de 19 h.
Venez nombreux !

Leurs oeuvres
Leurs oeuvres

Manuel Lozano 14 avril 1916 – 14 avril 2016

Manuel Lozano était Andalous, ouvrier de condition très pauvre. Révolté contre l’injustice, il devint rapidement un militant actif de la CNT, mu par son attachement à la liberté, à la solidarité.

Les hommages du maire du 19e arrondissement, monsieur François Dagnaud, et de madame Vieu-Charier, élue à la Maire de Paris, chargée de la mémoire du monde combattant se sont succédés sur un rappel historique et politique d’une époque sensible, de la révolution espagnole de juillet 1936 pour mettre en échec le soulèvement militaire à la fin de la seconde Guerre mondiale. Ils évoquèrent la lâcheté des démocraties européennes qui ont tout simplement abandonné l’Espagne à son sort et le déplorable accueil des réfugiés de février 1939 fuyant la terreur franquiste. Les événements de mai 1937 dans le camp républicain furent cités comme une des tragédies de ce conflit.

Cette période espagnole a laissé des traces indélébiles dans le combat populaire en Espagne et en France. Traces de fierté, d’honneur mais aussi de honte et regrets.

Madame Vieu-Charier a longuement évoqué l’engagement anarchiste de Manuel Lozano. Elle a également établi un judicieux parallèle avec les exilés d’aujourd’hui, leur grande détresse et le manque d’accueil de la part des pays européens dont la France. Cette cérémonie s’est déroulée en présence d’élèves de trois lycées : Le lycée professionnel Armand Carrel du 19e arrondissement; Le lycée d’enseignement général Montaigne du 6e arrondissement ; Le micro-lycée de Vitry sur Seine. Deux élèves de ce dernier, Waeel Abichou et Léo Lozano ont lu deux poésies de Manuel Lozano, poète ouvrier, dont un en espagnol, après avoir décliné ce que fut l’auteur et ce qu’il représente encore à leurs yeux. Au dévoilement de la plaque deux élèves de chaque établissement étaient présents. Ensuite, l’association 24 août 1944 rappela les enjeux du travail de mémoire et l’importance de transmettre aux jeunes générations ce que fut l’idéal de ces hommes et de ces femmes. Ils luttèrent dix longues années les armes à la main contre les fascismes et continuèrent à porter leurs résistances et leurs espoirs durant les quarante années de la dictature franquiste, envers et contre toutes les puissances du monde qui s’en accommodaient. Au nom de la CNT française, Aimable Marcellan a clos cette cérémonie en expliquant l’existence d’après guerre de Manuel, ce que fut sa fidélité à son idéal, fréquentant les lieux parisiens du milieu anarchiste espagnol tels le 24 rue Sainte Marthe et plus tard le 33 rue des Vignoles. Cet endroit reste encore aujourd’hui un espace populaire où se forge les luttes syndicales et où évoluent artistes et associations de culture et de mémoire vivante.

Le plus bel hommage à rendre à Manuel Lozano, à ses compagnes et compagnons est d’apprendre aux jeunes générations à conjuguer le verbe « RÉSISTER », y compris et surtout dans les circonstances les plus désespérées. Ils nous ont enseigné le chemin. À travers Manuel Lozano c’est à tous les résistants au totalitarisme qu’il est rendu honneur.

Antonio Cruz, représentant de l’association pour la mémoire des massacres de Casas –Viejas (janvier 1933) était parmi nous pour cet événement. Vous trouverez en documents : L’allocution de Madame Catherine Vieu-Charier, Chargée de la mémoire combattante pour la Ville de Paris représentante de la Maire de Paris Les deux poèmes de Manuel Lozano lu par les élèves du Micro Lycée, L’allocution d’Aimable Marcellan pour la CNT française

Waeel et Léo
Waeel et Léo
Manuel Lozano
Manuel Lozano
Madame Colette Flandrin Dronne
Madame Colette Flandrin Dronne
Catherine Vieu-Charier
Catherine Vieu-Charier
François Dagnaut maire du 19e Arrondissement
François Dagnaut maire du 19e Arrondissement
Aimable Marcellan pour la CNT
Aimable Marcellan pour la CNT
Hommage à Manuel Lozano
Hommage à Manuel Lozano
Mar y Luz Carono-Lopez et Marie José Cortes
Mar y Luz Carono-Lopez et Marie José Cortes

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Hommage à Manuel Lozano jeudi 14 avril 2016 à 11 heures 15 Façade de l’immeuble sis 43 rue des Bois à Paris 19ème arrondissement

Manuel Lozano, antifasciste espagnol engagé depuis l’âge de 17 ans dans la révolution espagnole contre le fascisme international et pour un monde meilleur plus équitable est un de ces combattants espagnols volontaires dans la 2e DB du général Leclerc, appartenant à la Nueve, il entre en avant garde dans Paris le 24 août 1944. À la fin de la Seconde, déçu que les « démocraties » décident de laisser le dictateur Franco en place, et l’Espagne sous la terreur de son régime, Manuel s’installe à Paris dans la 19 arrondissement et toute sa vie, ouvrier maçon, il reste fidèle à son idéal libertaire. La Mairie de Paris a décidé de rendre hommage à cet homme généreux et pugnace dans ses idées, poète ouvrier, troubadour de la beauté et de l’avenir. Le 14 avril 2016, pour les cent ans de sa naissance, une plaque sera apposée sur le dernier immeuble où il vécut. 43 rue des Bois Paris 19 à 11h15. Nous vous convions à nous rejoindre ce jour là pour honorer la mémoire de cet homme modeste à l’engagement têtu et dont l’existence a croisé avec honneur l’Histoire. Bien cordialement Véronique PS: Je vous joins également le programme de la journée du 9 avril organisée par la FACEEF avec pour thème: les frontières entre les différents exils espagnols du début du 20e siècle à aujourd’hui.

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Manuekl Lozano au repos
Manuekl Lozano au repos

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Évènement: Histoire et mémoire de la guerre d’Espagne

1936- 2016, il y a 80 ans alors que la Seconde Guerre mondiale couvait sur le territoire espagnol, un peuple se convoquait pour changer la société, gagner sa liberté et instaurer une société équitable et partageuse. Le monde se dressa contre ce peuple, les uns déversant un orage de feu et de sang sur lui; les autres lui refusant aide et soutien. Mais il tint bon, amena à lui des humains épris de justice, et su faire vivre son idéal au delà du temps.

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Bilan 2015

1945-2015.

Tout d’abord, il est de notre devoir de mémoire d’ouvrir sur quelques mots concernant cette année. 2015 restera une année d’horreur et de perte immense, puisqu’il s’agit du sacrifice de l’intelligence et de la condamnation à mort de l’impertinence du crayon et du stylo. Des assassinats aveugles ont frappé par centaines des victimes, en France et dans le monde. Pourtant, hommes et femmes se solidarisent pour refuser la peur et la division par l’anathème sur une communauté ou une autre. Il est donc temps de rappeler ce que fut la détermination et l’attitude de nos anciens : il y a 70 ans s’ouvraient les portes des camps de concentration nazis ; la fin de la Seconde Guerre mondiale était à l’horizon. L’association « 24 août 1944 » a souhaité rappeler à un large public que les premiers déportés espagnols arrivent au camp nazi de Mauthausen le 6 août 1940, et que le premier convoi de déportation parti de France (Angoulême) le 20 août 1940 est chargé d’hommes, femmes, enfants espagnols (le commandant de Mauthausen ne garde que les hommes et les adolescents de 14 ans ; les femmes et les enfants sont renvoyés à Franco). L’histoire de ces combattants est aussi celle de leur résistance au fascisme et leur combat pour la liberté, même dans les situations les plus extrêmes. Ils forcèrent l’admiration des autres nationalités par leur courage, leur solidarité et leur esprit de résistance collective.

Rapport sur la participation de l’Association 24 août 1944 à Casas Viejas en janvier de 2016

Tentative armée d’instauration du communisme libertaire par des adhérents de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo Confédération nationale du travail).

Le mouvement échoua à cause d’erreurs organisationnelles. Les ouvriers agricoles du village attaquèrent le poste de la garde civile en tuant deux des quatre membres. Des renforts arrivèrent rapidement, car la garde civile tout comme la garde d’Assaut voulaient donner une leçon aux travailleurs. La maison couverte de chaume où s’étaient réfugiés plusieurs membres et amis de la famille de Francisco Cruz Gutiérrez, appelé Seisdedos fut encerclée. Comme les forces de l’ordre n’arrivaient pas à la prendre d’assaut à cause de la précision des tirs des assiégés (un autre garde avait été tué), elles lancèrent des torches sur la toiture couverte de bois et de branches de bruyère pour l’incendier. Cinq personnes périrent dans la maison, deux furent abattues en tentant d’échapper aux flammes et seuls deux purent s’enfuir : une jeune fille – María Silva Cruz – et un enfant. Ensuite, les gardes s’en prirent arbitrairement à des syndicalistes de la CNT et ils les exécutèrent. La répression sauvage, vingt et une victimes prolétariennes pour “venger” trois gardes, entraina une tempête politique nationale en discréditant et en faisant tomber le gouvernement de centre gauche et socialiste de Manuel Azaña. Pour commémorer ces événements: La municipalité a fait “la traditionnelle offrande florale en souvenirs des personnes assassinées”, et une exposition photographique “Les lieux de Casas Viejas. Emplacement et évolution” et une évocation théâtrale (Diario de Cádiz, 10.01.16).

L’association Iniciativas-Benalup-Casas-Viejas a organisé 3 journées.

Le lundi 11 janvier fut consacré à l’évocation des événements qui se sont déroulés à Casas Viejas, en janvier 1933. Cette journée s’est déroulée à la Maison de la Culture Jerome Mintz [anthropologue nord-américain qui vécut plusieurs années dans ce village et qui a écrit en 1982 un livre magnifique, The Anarchists of Casas Viejas, bien plus fidèle à la réalité que les travaux antérieurs de la majorité des historiens]. Il y eut ensuite un parcours le long des principaux lieux où les faits tragiques s’étaient passés. Des reproductions photographiques y furent placées, et elles sont restées jusqu’au dimanche 17 janvier. Cette promenade nocturne s’est terminée par la visite de l’Espacio Conmemorativo Casas Viejas 1933 (http://sucesoscasasviejas1933.es/) qui avait exceptionnellement ouvert ses portes à 22 heures. On put y voir un excellent documentaire sur les événements de janvier 33. Ce musée se trouve devant ce qui était la maison où 7 personnes furent brûlées vives. Le mercredi 13 janvier, la relation de Casas Viejas avec Mauthausen a été évoquée, avec la projection du film saisissant et bien documenté du Train fantôme d’Angoulème. « Convoi 927 ». Le jeudi 14 janvier a marqué la fin de ce cycle de la Mémoire historique avec le documentaire « Les oubliés de la victoire », Comment les Espagnols de la Nueve ont libérés Paris, et avec la collaboration de Frank Mintz, Enrique Carabaza et Juan Chica Ventura.
 Tout aussi important, voire plus, c’est le sens de la participation à cette commémoration. Dans ce village de 7.800 habitants il existe un silence sur la signification des événements, c’est un sujet tabou. Il y a une séparation totale entre l’activité officielle de la mairie et ce que pense la population. Il ne semble pas y avoir non plus de conscience des répercussions des faits au niveau national et international. En tant que représentants de l’Association 24 août 1944 nous avons été frappés par la chaleureuse hospitalité et le dévouement des membres d’Iniciativas-Benalup-Casas-Viejas ainsi que celle des habitants, des jeunes et des moins jeunes de Casas Viejas. Un contraste évident avec le silence de la municipalité. Par exemple de nombreux jeunes du CES de Casas Viejas ignorent les noms des deux adolescentes assassinées : une abattue le 12 janvier 1933 lorsqu’elle voulait échapper aux tirs et aux flammes, Manuela Lago Estudillo de 18 ans; l’autre María Silva Cruz 16 ans en 1933, fusillée le 24 août 1936. Toutes deux appartenaient au Groupe libertaire féminin “Amor y Armonía”. Un professeur d’histoire du collège de Casas Viejas, Salustiano Gutiérrez Baena a écrit dans son livre Itinerarios por Casas Viejas (Cádiz, 2009, un DVD inclus, 253 pp.) “Ceux qui ont été tués morts ne l’ont pas été à cause du mauvais sort, par le Fruit du hasard […] mais parce qu’ils avaient une idéologie concrète, parce qu’ils appartenaient à une classe sociale déterminée […] Chaque fois que nous ferons cet itinéraire [sur les lieux des crimes], chaque fois que nous collaborerons à la compréhension et à la diffusion de ces événements nous laisserons la porte ouverte sur l’espoir que, même si beaucoup de batailles ont été perdues, tout de même et finalement, nous ne perdons pas la guerre. (pp. 249-250)”. Et Salustiano Gutiérrez Baena lui-même a fait ce commentaire le 10 janvier 2016 il est surprenant que “les causeries […] animées par des historiens aussi prestigieux que José Luis Gutiérrez Molina, Juan Chica Ventura, Frank Mintz et Enrique Carabaza n’apparaissent pas dans la programmation officielle de la mairie, et qu’aucun journal ne s’en fassent l’écho. Cela fait réfléchir… Plusieurs faits peuvent l’expliquer, mais je suis convaincu que cela n’est pas par hasard ou par mégarde.”

Manuela Lago Estudillo
Manuela Lago Estudillo
Maria Silva Cruz "La Libertaria"
Maria Silva Cruz « La Libertaria »

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VOTRE AVIS NOUS IMPORTE

Notre rendrez-vous annuel

L’association 24-Août-1944serait heureuse de vous compter parmi nous le dimanche 31 janvier à partir de 15h, afin de partager avec vous un moment convivial et fraternel et de vous exposer ses projets pour l’année 2016 qui comptera comme les 80 ans du soulèvement populaire espagnol contre les militaires factieux et la tentative d’instaurer une organisation proche du peuple pensée par lui et pour lui.
Cette année doit marquer aussi notre volonté de résister et de partager avec tous nos voisins (et ils sont 7 milliards).
Nous vous attendons donc nombreux. Au 31 donc nous vous attendons avec un grand plaisir.

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Un lien fraternel avec Émile Navarro: DE LA RETIRADA À LA RECONQUISTA et 70 ANS DE SILENCE

PROJECTION EXCEPTIONNELLE:

La projection des deux documentaires aura lieu:
le samedi 13 février au cinéma la Clé.

À 11heures : « De la Retirada a la Réconquista » (Paroles de Républicains Espagnols)

Un pot sera organisé

À 14 heures : « 70 ans de silence » (Espagne mémoire et transmission) »

Bien-sûr nous pourrons dialoguer, échanger, partager un moment.
Une confirmation de votre présence est souhaitée pour l’organisation

DE LA RETIRADA A LA RECONQUISTA

 

Paroles de Républicains espagnols

Un film de Emile Navarro et Aymone de Chantérac. –52’

Juillet 1936, la tentative d’un coup d’Etat militaire orchestrée par le général Franco contre la toute jeune République espagnole provoque le début d’une terrible guerre civile. Pendant trois années, les putschistes soutenus par l’armée et aidés par l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie combattent le peuple armé par la République. Par peur d’un embrasement de l’Europe, les démocraties occidentales signent un pacte de non-intervention. Malgré le concours des volontaires des Brigades internationales, les Républicains ne parviennent pas à contenir l’avancée des troupes franquistes. La prise de Barcelone en janvier 1939 puis celle de Madrid en mars entérinent la défaite des Républicains. Fuyant la répression des vainqueurs, un demi-million d’Espagnols traversent en quelques jours les Pyrénées pour trouver refuge en France. Dépassées par cet exode massif, les autorités françaises regroupent ces réfugiés dans des camps de concentration avant de les enrôler des compagnies de travailleurs étrangers.
La débâcle de 1940 scelle le destin des réfugiés espagnols : ils font partie des premiers convois de déportés. Les rescapés poursuivent leur combat pour la liberté et s’engagent massivement dans la Résistance. Les Républicains espagnols contribuent ainsi de manière significative à la Libération, dans le sud ouest mais aussi à Paris : en 1944, ils sont les premiers à entrer dans la capitale.
À la fin de la guerre, les Républicains espagnols espèrent en retour l’appui des Alliés pour reconquérir leur pays. En vain : la condamnation du régime franquiste restera purement formelle.
Contraints à l’exil, les réfugiés républicains de la guerre d’Espagne font de la France leur seconde patrie. Et il faudra attendre le début des années 80 pour qu’enfin leur rôle dans la Résistance et dans la Libération soit reconnu de manière officielle.

À travers les témoignages de onze Républicains espagnols, anciens de la guerre d’Espagne et héros de la Résistance, « De la Retirada à la Reconquista » raconte l’histoire de ces combattants de la liberté. Les réalisateurs ont choisi de ne faire appel à aucun commentaire extérieur pour articuler le film autour de leur parole. Filmés chez eux au milieu de leurs souvenirs, nos personnages racontent de façon chronologique leur parcours et la force de leur idéal. Ces témoignages sont complétés d’archives personnelles et d’actualités d’époque.
Émile Navarro.

70 ANS DE SILENCE

 

Espagne, Mémoire et Transmission

Un film de Emile Navarro

À sa mort, Franco a déjà organisé sa succession.
La transition orchestrée par le nouveau roi Juan Carlos, avec les responsables des partis politiques impose un « pacte de l’oubli » .
30 ans après, Zapatero fait voter la réouverture des fosses communes de républicains : les tensions renaissent .
Au travers des témoignages des descendants de la guerre d’Espagne, je cherche l’histoire de ma propre famille.
70 ans n’ont pas suffi pour évacuer le traumatisme.
Aujourd’hui les petits-enfants veulent connaître cette page d’histoire occultée.
Émile Navarro

Affiche De la retirada à la Reconquista
Affiche De la retirada à la Reconquista
Affiche 70 ANS DE SILENCE
Affiche 70 ANS DE SILENCE

Portes ouvertes au 33 rue des Vignoles

Cela fait des années que le 33 passage des Vignoles fait rêver le tiroir caisse des promoteurs parisiens. Pourtant, finalement la résistance opiniâtre deses occupants va inverser la tendance, et considéré aujourd’hui par les élus parisiens comme un lieu remarquable et historique et nous devrions bientôt y voir non seulement pérenniser les activités qui s’y développent aujourd’hui: -Flamenco en France, -Miellerie, -Artistes plasticiens, Syndicat CNT… mais de surcroît devrait s’ouvrir un espace dédié à l’histoire de l’exil espagnol notamment l’exil libertaire. À cette occasion et pour vous donner plus d’explication sur l’ensemble des activités que vous pouvez trouver au 33 rue des Vignoles, nous vous convions toutes et tous à une journée portes ouvertes le samedi 5 décembre à partir de 10heures. Nous vous attendons nombreux, pour vous expliquer, échanger des idées, bâtir ensemble des projets de partage et évoquer cette histoire populaire qui est le ciment de nos résistances présentes.

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Cariño Lopez par sa fille Mar y Luz

L’Espagne et la guerre civile

Mon père est né le 16 mars 1914 à la Piedra en Galice. Il est mobilisé à la fin de l’année 1937 ou au début de l’année 1938 par l’armée franquiste. À cette date, il porte son nom d’origine, Ángel Rodríguez Leira, vit à Cariño, port de pêche à l’extrême pointe de la Galice. Il est marin pêcheur et déjà adhérent de la CNT, depuis plusieurs années. Il est marié, père d’une petite fille et son épouse attend un deuxième enfant qui naîtra après son départ pour la guerre. Après sa mobilisation comme un bon nombre de ses compagnons, il déserte pour rejoindre les rangs républicains. À la fin de la guerre, ce qui pour lui, je pense correspond à la chute de Madrid, il quitte l’Espagne [par le port] d’Alicante à bord d’une chaloupe, (ce fait est relaté dans un des ouvrages du capitaine Dronne), avec d’autres républicains qui comme lui, fuient l’armée franquiste.

Les camps sur les territoires d’Afrique du Nord, Algérie.

Il rejoint les côtes d’Afrique du Nord à Beni-Saf ou dans les environs. (date inconnue) Il a été au camp Morand à Boghari, région d’Alger. Il est possible qu’il soit précédemment passé par le camp Susini à Boghar, situé à quelques kilomètres du camp Morand. Il a fait au moins une tentative d’évasion et aurait été repris à Colomb-Béchar. Je n’ai pas de dates exactes pour cette période, si ce n’est que cela se termine par son « engagement » dans la Légion étrangère. Ce choix entre la Légion ou le retour au pays lui a été proposé suite à cette évasion qui n’était peut-être pas la seule. De l’âge de 25 ans à 28 ans, il reste dans ces camps.

La Légion étrangère, désertion et Les CFA

Il « s’engage » dans la Légion Étrangère le 21 octobre 1942 et la déserte le 27 juin 1943. Au cours de cette période, il participe à la campagne de Tunisie durant laquelle il est blessé. Il s’engage, volontairement cette fois-ci, dans les Corps Francs d’Afrique, le 28 juin 1943, au lendemain de sa désertion de la Légion Étrangère. C’est lors de cet engagement qu’il va changer son identité et prendre la nom de Cariño-Lopez en référence à son lieu de naissance et à son père. il gardera ce nom jusqu’à son décès.

la Nueve de la 2e DB

(Doc 1, livret individuel) À dater du 16 septembre 1943, il fait partie de la 9ème compagnie « La Nueve » du 3eme Régiment de Marche du Tchad de la deuxième Division Blindée sous les ordres du capitaine Dronne pour la durée de la 2eme Guerre mondiale. Il termine la guerre avec le grade de caporal-chef. Il a reçu la croix de Guerre avec palmes du général de Gaulle le 26 septembre 1944 à Nancy. (voir livre du capitaine Dronne : Carnets de route tome2) Son half-track était le Guernica. Il en était le canonnier. Pour ses faits d’arme avec ce canon, il a eu une citation à l’ordre du régiment et une à l’ordre de l’armée. (Doc 2 et 3 citation militaire)

Démobilisation et retour à la vie civile

Il est démobilisé le 25 juillet 1945 en possession d’une certificat de bonne conduite émanent du commandement de la 2e DB du III RMT. (Doc 4) Il fonde une nouvelle famille, se marie et a deux enfants. Il vit d’abord dans le département de l’Indre, puis pour des raisons professionnelles s’installe dans l’Essonne en région parisienne jusqu’à son décès le 26 octobre 1979, à l’âge de 65 ans. Il n’est jamais retourné en Espagne. Il retrouvait un peu sa Galice et sa vie d’avant durant ses vacances qu’il passait en Bretagne et où il pouvait partir en mer avec les marins devenus ses amis.

En 2010, un hommage, à l’initiative de la Galice, lui a été rendu à Cariño avec la mise en place d’une stèle située sur la promenade du Port.

Citation à l’ordre de l’Armée – Croix de guerre avec Palme

Caporal, du Régiment de Marche du Tchad : « Pointeur au canon de 57, le 16 septembre 1944, lors du combat de la tête de pont de Châtel, a immobilisé par son tir un char Panther qui défilait à environ 500m de sa pièce, cela malgré une mauvaise visibilité due à la nuit tombante. »

Certificat de bonne conduite
Certificat de bonne conduite
Citation à l'ordre du régiment
Citation à l’ordre du régiment
Citation à l'ordre de l'Armée
Citation à l’ordre de l’Armée

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A chacun son exil, itinéraire d’un militant libertaire espagnol

À chacun son exil, itinéraire d’un militant libertaire espagnol, Henri Melich, mis en forme par Romain Melich, éditions Acratie, 2014.

Trois quart de siècle se sont écoulés, depuis ce jour de février 1939 où un jeune adolescent se voyait contraint de franchir les Pyrénées pour chercher refuge en France.
Il fallait un sacré courage pour prêter appui aux fugitifs dans la France de Vichy quand on a que 16 ou 17 ans ou pour rejoindre le maquis sous le nom de guerre de « Robert Sans » quand on est à peine plus âgé ou encore pour pénétrer en Espagne, peu après, l’arme au poing, avec un commando qui essuya les feux des forces franquiste. C’est encore du courage pour s’engager dans la lutte antifranquiste au cours des années soixante quand les jeunes libertaires de la FIJL entreprirent un harcèlement direct de la dictature ou pour traverser à maintes reprises la frontière espagnole dans les années soixante-dix afin de « faire-passer » des compagnons qui fuyaient la répression.
L’une des qualités des récits de vies, tels que celui que nous livre Henric Melich est qu’ils nous permettent d’accéder à des réalités sociales qui échappent généralement au regard des historiens de profession même lorsque ceux-ci s’écartent de la « Grande Histoire » et s’intéressent à celles des mentalités ou des modes de vie.

Pour ne pas oublier son visage au regard franc et enjoué et sa voix qui dit l’histoire naturellement, nous vous présentons aussi ce reportage de 20mn de notre ami et compagnon Henric Melich, réalisé par Victor Simal et François Boutonnet.

L’Espagne, passion française, Guerres, exils, solidarités,1936-1975.

Voyage initiatique, voyage dans le temps, la mémoire et les sentiments.

Les auteures nous entrainent à la découverte d’un exil qui fut exceptionnel à bien des points de vue :
– Ils étaient 500 000 massés à la frontière des Pyrénées en février 1939, 500 000 à renoncer, la mort dans l’âme, à leur terre pour ne pas subir le joug d’une dictature implacable qui s’abattait sur leur pays, et qu’ils avaient combattu pendant 32 mois avec un piètre armement. L’Espagne entrait à nouveau dans l’obscurantisme et la violence faite aux pauvres et aux démunis pendant 40 longues années.
– Un exil politique, toutes les strates de la société se fondirent dans l’exode, l’Espagne se vida de ses ouvriers, de ses paysans, de ses ingénieurs mais aussi de ses médecins, de ses intellectuels, de ses professeurs, de ses artistes, de ses forces politiques les plus progressistes…… Ils partaient pour réécrire l’histoire de leur pays et leur espoir à l’étranger, durant près de 40 années.
– Des exilés qui au delà de leurs dissensions parfois irrémédiables, portaient en eux la vie, la solidarité, la passion de l’échange, de la création, l’amour de la culture qui leur avait été interdite dès la naissance.
– Des antifascistes qui malgré un accueil plus que glacial, des conditions de vies indignes du pays des droits de l’homme, allaient reprendre leur combat contre l’oppression aux côtés des forces alliées dans la Seconde Guerre mondiale. Sans jamais perdre l’espoir de retourner chez eux, la tête haute et l’obsession de se débarrasser de cette dictature franquiste qui assombrissait leur terre, ils ont retrouvé, eux les anti militaristes, le fusil, le maquis et l’odeur de la victoire.
– Des exilés qui seront trahis une seconde fois par les puissances alliées en 1945 et resteront déçus mais pas vaincus en exil.
À tous ceux-là on peut appliquer la réflexion d’Antonio Machado, juste avant la chute de Barcelone :
« Peut-être, après tout, n’avons-nous jamais appris à faire la guerre. De plus, nous étions à court d’armement. Mais il ne faut pas juger les Espagnols trop durement. C’est fini : un jour ou l’autre, Barcelone tombera. Pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais humainement, je n’en suis pas si sûr…Peut-être l’avons-nous gagnée. »

C’est cette histoire finalement merveilleuse parce que remplie d’espoir, de partage et d’humanité que vous content par le menu Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez Maler.

Elles vous prennent la main et vous conduisent par les méandres des souvenirs et des photographies jaunies à la découverte de ce peuple d’insoumis. Votre parcours aura les élans de l’émotion, de la colère et de la tendresse. Alors, le sourire de votre voisin, de votre collègue, descendant de ce peuple de rêveurs têtus, aura la force et la résonance des mots d’Albert Camus, tourné vers l’avenir. De quoi méditer ce que « Terre d’accueil » veut dire encore aujourd’hui.

Jaquette entière L'Espagne, passion française
Jaquette entière L’Espagne, passion française
Couverture Espagne passion française
Couverture Espagne passion française

TRANSMETTRE POUR RESISTER

SAMEDI 26 SEPTEMBRE 2015 – COLLOQUE ET DÉBATS

Il est 14 h… Des personnes arrivent régulièrement depuis plus d’une heure, effectuant une première visite de la salle et prenant au passage dépliants, journaux et communiqués mis à disposition : • Le 4 pages « Présentation » de l’association ; • Le 4 pages « Déportation » qui met l’accent sur les actes de solidarité entre déportés ; • Le « Programme été-automne 2015 », illustré de superbes photos ; • Le dépliant Colloque et concert de ces journées et du concert du 23/11 prochain… Sur la table suivante, on trouve : • Des livres, disques et DVD, • L’article sur « Les photographies de Mauthausen, aspects nouveaux d’une affaire célèbre » de David Wingeatre Pike, • Les exemplaires de plusieurs numéros du journal Le Proscrit, publication de la Fédération Nationale des Victimes et Resapés des Camps Nazis du Travail Forcé, ainsi que la brochure spéciale 70e anniversaire : « Un livre noir sur une période noire ». • La présentation du livre de M. Estivil, Les blancs il faut les manger crus, édit L’Harmattan … Sur les murs, les portraits des combattants antifascistes de la Nueve : les quatorze tableaux de Juan Chica Ventura sont là et trois nouveaux portraits sont venus rejoindre les autres : ceux de José Cortès et des frères Solé Miguel et Pedro, dont nos recherches ont permis de retrouver les fils et fille. Nous tenons à remercier chacun-e d’avoir mis à disposition ces publications et tableaux qui retracent des épisodes oubliés de la Seconde Guerre mondiale. 14 h 15, l’assistance se dirige vers la salle de cinéma où va avoir lieu le colloque…

« Faire attention à l’histoire que l’imposture se charge d’écrire », Chateaubriand, in Mémoires d’outre-tombe

Il était avec nous l’an passé…

La journée est dédiée à José Rocabert, père de Jean-Pierre, directeur de l’Espace « La Clef », qui nous accueille. José, qui était parmi nous en 2014, avec une mémoire très vivace et de la gourmandise plein les yeux, vient de nous tirer sa dernière révérence, doucement, sans faire de bruit… Jean-Pierre évoque son papa : « José, en 1940, était un très jeune homme pétri de justice et d’idéal, qui venait de subir une guerre terrible et se trouvait avec sa famille, démuni, dans un exil inhospitalier. Ses yeux s’écarquillaient d’incompréhension, lui qui aimait tant la vie et les humains. Pourtant, il a su réagir et s’engager pour sa liberté et la nôtre. Il a rejoint les maquis… À Angoulême, José et sa famille échappent à la déportation. Au début de l’année 1943, José, charbonnier dans la forêt de La Braconne, rencontre des jeunes, cachés dans des fermes, dans des cabanes, dans les bois. Ils avaient fui leur « réquisition » pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O). En mai 1944, il rejoint le groupe « Rico », participe à la libération d’Angoulême, puis, avec ce même groupe, il part sur la ligne de front de la poche de La Rochelle. Il terminera la guerre, affecté au 108 R.I… »

Daniel Pinos, membre du bureau de notre association, « ouvre » alors le colloque :

« Le peuple espagnol a entamé sa résistance armée face au fascisme international le 19 juillet 1936, alors que le monde entier s’imaginait en être encore aux négociations et aux arrangements avec les dictatures. Après 32 mois de résistance, vaincus sur leur terre, par le manque d’armement et de soutien et par la coalition des fascismes allemands, italien et portugais, venus s’entraîner sur la terre espagnole, les républicains espagnols s’exilent en France. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, malgré leur ressentiment pour les autorités françaises, ils s’engagent contre le fascisme, pour la liberté et associent leurs noms à ceux des libérateurs à Narvik, à Bir-Hakeim, dans le Vercors, sur le plateau des Glières, en Sicile, à Monte-Casino, en Normandie, à Écouché, à Paris, à Strasbourg, jusqu’au nid d’Aigle d’Hitler, à Berchtesgaden, et dans beaucoup d’autres lieux où fut versé tant de sang et où tant de vies furent fauchées. Tout au long de ce conflit, de septembre 1939 à mai 1945, beaucoup d’entre eux tomberont entre les mains des nazis. Quel sort est réservé à ces hommes et ces femmes arrêtés par la Wehrmacht, le gouvernement de Vichy, la SS ou la Gestapo ? Certains sont déportés dans des camps de concentration nazis, pour y être exterminés par le travail, d’autres sont requis, déportés, eux aussi, comme travailleurs forcés au profit du IIIe Reich. Nous vous proposons d’en savoir davantage sur les diverses formes qu’a revêtu l’emprisonnement des antifascistes espagnols durant la seconde Guerre mondiale, en participant à ces débats. » Frank Mintz, membre du bureau de notre association, nous invite à découvrir chaque thème du colloque :

• Les compagnies de travailleurs étrangers (CTE) et les groupements de travailleurs étrangers (GTE).

Ces travailleurs, pas seulement mais majoritairement espagnols, étaient utilisés, entre autres, pour la défense et le renforcement de fortifications existantes, telle la ligne Maginot. Cet échelonnement de forts souterrains, nids de mitrailleuses et de nombreuses lignes de fils de fer barbelés suivait avec une densité irrégulière, la frontière française, principalement franco-allemande. Elle existait en partie le long de la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et l’Italie. Marie Rafaneau-Boj, DEA d’histoire contemporaine, écrivaine. (Cf. texte en annexe) Témoignage sur le camp de Laon, rapporté par Serge Utgé-Royo, dont le père s’évada de ce camp.

• Les antifascistes espagnols au camp d’Aurigny (organisation Todt).

L’île anglo-normande d’Aurigny occupée par l’Allemagne nazie a servi d’implantation à quatre camps de concentration qui ont regroupé jusqu’à 5 000 prisonniers soumis à des conditions difficiles. Ils construisaient des blockhaus dans le prolongement du Mur de l’Atlantique. Les premiers internés venaient principalement des pays de l’Est ; il y avait aussi des républicains espagnols et de nombreuses autres nationalités, puis, à partir de 1943, des déportés raciaux et des déportés politiques de France. David Wingeate Pike, professeur émérite de l’université américaine de Paris, directeur de recherches à l’American Graduate School. (Cf. texte en annexe)

• Le STO (Service du Travail Obligatoire) et les Espagnols, dans les territoires du Reich.

En février 1943, le gouvernement Laval du régime du maréchal Pétain, instaure le STO pour les hommes des classes 1940, 1941, 1942. Si de fortes oppositions se manifestent, il y eut en France, entre 1943 et 1945, plus de 650 000 Français et étrangers, dont près de 40 000 antifascistes espagnols réquisitionnés sur le territoire français et livrés à l’Allemagne ou dirigés sur les chantiers de fortification de l’organisation Todt, le long des côtes françaises. Jean Chaize, président de la Fédération nationale des victimes et rescapés des camps nazis et du travail forcé, directeur de la publication Le Proscrit. Ramón Pino, fils d’un envoyé au STO, évadé.

• Le camp de Mauthausen, la résistance des Espagnols au camp, le devoir collectif de survivre.

Les Espagnols arrêtés par l’armée allemande au titre de P.G. (prisonniers de guerre) sont mis comme les soldats français dans les Frontstalags (camps de prisonniers installés sur les fronts de guerre). Mais pour les Espagnols, Hitler, vu le refus de Franco de les « récupérer », donne l’ordre de les regrouper et de les déporter dans le camp de concentration de Mauthausen, situé à proximité d’une localité autrichienne du même nom, à 170 km de Vienne. Ce camp existe depuis 1938, mais à partir de décembre 1941, il devient un des éléments-clé du système d’extermination nazi. Benito Bermejo, historien spécialiste de la déportation des Espagnols, venu de Madrid. Ensuite, trois enfants de déportés à Mauthausen : Jean Estivill, professeur d’histoire ; Jean-Marie Ginesta, professeur d’université à Orléans ; Véronique Salou-Olivares, Présidente de l’association « 24 août 44 », auteure de plusieurs ouvrages et d’une expo sur le parcours combattant, la captivité et l’exil des républicains espagnols… Deux autres intervenants devaient nous rejoindre : Ramiro Santisteban, ancien déporté du commando Poschacher, avait prévu d’être là pour témoigner : sa santé ne lui a pas permis d’assister à notre colloque ; nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Jean-Marie Winkler, universitaire, auteur de Château d’Hartheim ou l’antichambre de la solution finale. Souffrant, il n’a pas pu nous expliquer le prélude de la solution finale, initiée au Château d’Hartheim, et nous parler des victimes, entres autres des antifascistes espagnols venus du camp central de Mauthausen. Le colloque s’est achevé vers 18 h 45, avec un débat animé, reprenant l’ensemble des points traités. Puis, autour d’un verre amical, ont pu s’échanger impressions, félicitations, adresses et contacts, et s’ébaucher des projets communs autour de ces questions de mémoire… DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 2015

PROJECTIONS EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS ET DÉBATS

Pour commencer, un rappel…

Le 27 septembre 1975 : date terrible où le dictateur moribond brandit encore la mort au bout de son bras sans force.

40 ans déjà que de jeunes hommes en pleine force de l’âge, des hommes amoureux de la vie et de la justice meurent sous les balles du dictateur. Nous ouvrons la journée sur un moment de recueillement pour ces compagnons de route, fauchés par la mitraille du franquisme. Daniel Pinos égrène les noms et l’âge de ces condamnés : 18 septembre 1975, la Cour de justice militaire de Madrid condamne à la peine de mort trois membres du FRAP (Frente revolucionario antifascista y patriota) et deux membres d’ETA. Un sixième détenu, José Fronfria, est condamné à vingt ans d’emprisonnement. Le 27 septembre 1975, l’ordre d’exécution est signé par Franco, moribond. À cause des protestations internationales, les condamnés sont fusillés et non garrottés, le jour-même. Les 3 militants du FRAP sont fusillés à Hoyo de Manzanares, Madrid : José Luís Sánchez Bravo, 22 ans, Ramón García Sanz, 27 ans, José Humberto Baena Alonso, 24ans. Les deux militants d’ETA : Juan Paredes Manot « Txiki », détenu à la prison Modelo de Barcelone, est fusillé au cimetière de Collserolla, dans les environ de la ville. Né en Extremadura, élevé en la gipuzkoana, localité de Zarautz, il a 21 ans ; Ángel Otaegi, 33 ans, natif de Nuarbe, Gipuzkoa, est fusillé à la prison de Burgos. S’ensuit une minute de silence. Les deux documentaires que nous avons choisi de présenter sont projetés successivement, en présence des réalisateurs. Ils racontent une histoire inconnue et nous laissent dans la tête la musique des voix de nos vieux compagnons, qui ont cru si fort à leur idéal de liberté que leurs mots résonneront encore longtemps, dans nos cœurs. À nous de transmettre l’écho de ces voix, souvent oubliées.

Camp d’Argelès – Documentaire-fiction de Felip Solé (55’)

En février 1939, la Catalogne espagnole est occupée par les troupes fascistes ; 465 000 réfugiés traversent la frontière, c’est la Retirada. Les autorités françaises font bâtir à la hâte un camp sur la plage d’Argelès-sur-Mer. À partir des témoignages de personnes qui ont vécu cet enfer et en recréant les situations que ne montrent pas les images d’archives, ce documentaire-fiction relate la vie quotidienne des réfugiés jusqu’à leur départ pour d’autres camps en septembre 1941, à la fermeture du camp d’Argelès, et relate la grande révolte des femmes du camp. C’est le premier et unique film consacré à ce lieu et à cette histoire. Félip Solé a réalisé de très nombreux documentaires. Né en 1948 à Lleida, en Catalogne espagnole, de parents instituteurs, il fait ses études aux Salésiens et à L’École Industrielle de Barcelone. En 1974, il s’installe en France, où il est refugié politique, et commence à travailler dans l’audiovisuel. À partir de 1978, il réalise plusieurs documentaires en free-lance, écrit des articles dans la presse spécialisée et donne des cours de réalisation en France et en Espagne. Travaille beaucoup avec la télévision catalane, TV Tres.

Je te donne ma Parole – Documentaire de Quino Gonzalez (52’)

Les républicains espagnols réfugiés en France nous donnent leur parole, dans le double sens de l’expression, d’un côté la transmission orale, de l’autre, le témoignage de vérité de leurs parcours : le combat pour la liberté contre le fascisme pendant la guerre d’Espagne, leur passage par les camps d’internement en France, leur participation active à la libération de la France, la lutte pour survivre dans les camps d’extermination allemands et la reconstruction de leur vie dans un exil sans retour de plus de 40 ans. Ils nous offrent l’opportunité de prendre la mesure de la force de l’idéal qui guida leurs pas jusqu’à nous et qui leur donne une vitalité exemplaire, le goût de la vie et de la dérision. C’est peut-être la dernière occasion d’entendre leur voix, de recueillir leur récit et de saisir cette parole donnée. Leur mémoire est mêlée à la poésie de Machado, Lorca ou Hernández et confrontée au dictionnaire de la langue française !… Quino Gonzalez est né en 1962 à Madrid. Après des études de réalisation cinématographique à Madrid, il travaille comme technicien dans la publicité, puis dans le département production, comme stagiaire, puis régisseur général, et enfin, premier assistant réalisateur. En 2004, installé définitivement à Paris, il se frotte à l’histoire de l’exil du peuple espagnol et s’aperçoit qu’une grande partie de l’histoire de son pays se trouve de ce coté des Pyrénées. Il décide de réaliser « Je te donne ma parole », son premier film documentaire. Après ces moments d’émotions, de sourires et de larmes, ces instants de partage, tout le monde se retrouve autour d’un sympathique buffet. Encore une fois, les conversations vont bon train dans la gaité et la bonne humeur, imprégnées de cette saveur d’amour de la vie que nous ont laissé les voix mutines de ceux que nous venons d’entendre. L’après-midi reprend avec la projection d’un témoignage : Henri Mélich, Itinéraire d’un militant libertaire espagnol, filmé par François Boutonnet, il y a quelques semaines, tout près de Perpignan, parce que « le voyage lui (faisait) un peu peur… » Henri y raconte son parcours, son arrivée en France, dans les camps de la Retirada, à 13 ans, sa volonté de prendre très rapidement part aux combats pour la Résistance, les combats contre la dictature, la librairie de Perpignan, plastiquée… Toute une vie de luttes pour la liberté… Un livre vient de paraître écrit par Henri et son petit-fils Romain, qui relate cet itinéraire « A chacun son exil, Itinéraire d’un militant libertaire espagnol… », éditions Acratie, 2014… François Boutonnet : né en 1951 à Perpignan, en 1983 il fonde l’Association Cinémaginaire, sorte de service public de proximité dans les Pyrénées Orientales, autour de l’image en mouvement. En 2006, il ouvre la coopérative de production cinéma Kalimago Films. Il réalise Urbi et Orbi, essai un roman philosophique à la première personne du singulier (2007), Il nous faut regarder (2009) Libres itinéraires de Jordi et José, de l’Espagne libertaire à l’exil et Dans la peau de l’ours, documentaire de création (2012). Depuis une dizaine d’années, il développe une recherche avec l’Université de Toulouse Le Mirail (ESAV) autour des rapports qu’entretiennent les Arts de la Mémoire et les Images en Mouvement. Et publie sa thèse de doctorat sous le titre de Mnémosyne aux éditions Disvoir en 2013. Ensuite, place au débat avec les deux réalisateurs. Chacun(e) veut savoir pourquoi, comment ces films ont germé dans leur tête, pourquoi tel a choisi la forme de la fiction ; on évoque le récit de la souffrance particulière des femmes détenues, violées qui resteront muettes très longtemps, tant il est vrai que l’horreur est indicible… La journée s’achève sur une note gaie avec le documentaire de 20’, réalisé par un autre compagnon de route, Carlos Belmonte, à partir des événements organisés par notre association pour le 70e anniversaire de la Libération de Paris, en août 2014 : colloque à la Bourse du travail, « Paroles de la Nueve » témoignages de combattants de la Nueve, mis en espace par Armand Gatti, avec Jean-Marc Luneau, à la Parole errante, et la belle marche du 24 août 2014, symbolisant l’an dernier, l’entrée des combattants de la Nueve dans Paris… Comme il est impossible de se quitter ainsi, l’association offre à tous les présents en guise de remerciements un nouveau « pot » convivial pour continuer à converser, échanger avec son voisin… Et on se donne aussitôt rendez-vous le lundi 23 Novembre 2015 au Vingtième théâtre pour le concert du Trio Utgé-Royo, « No pasarán ! » En ces temps de marées noires et bleues, et à l’aube du 80e anniversaire du début de la guerre d’Espagne, Serge Utgé-Royo reprend les chansons sociales et traditionnelles de sa mémoire espagnole, et y mêle les mots et les notes de sa propre histoire, gamin flamenco de la Révolution espagnole exilée… Léo Nissim, Jean My Truong et Jack Thysen, rejoignant le Trio pour l’occasion, accompagnent Serge aux piano, percussions et basses, dans ce répertoire d’espoir, d’amour et de révolte… Le concert sera précédé de lectures de textes de combattant(e)s antifascistes espagnol(e)s, mis en espace par Armand Gatti, avec le metteur en scène Jean-Marc Luneau. 20 h – Vingtième théâtre – 7, rue des Plâtrières – Paris 20e – Métro Gambetta ou Ménilmontant – Réservations : 06 12 25 52 85 Nos remerciements vont à toutes celles et ceux, grâce auxquels ces journées furent réussies, à celles et ceux qui sont venus les partager avec nous et nos pensées vont à celles et ceux qui n’ont pas pu nous rejoindre, pour diverses raisons, et se promettent qu’on ne les y reprendra pas et qu’ils seront présents la prochaine fois !

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José Rocabert, Jeune guerillero
José Rocabert, Jeune guerillero
Jean Chaize Président de la Fédération nationale des victimes et rescapés des camps nazis et du travail forcé, directeur de la publication Le Proscrit.
Jean Chaize Président de la Fédération nationale des victimes et rescapés des camps nazis et du travail forcé, directeur de la publication Le Proscrit.
La salle attentive
La salle attentive
Portrait de Jesus Pino
Portrait de Jesus Pino
Passaeport ORG TODT
Passaeport ORG TODT
Rapport de police Aurigny
Rapport de police Aurigny

Documents joints

 

Miguel et Pedro Solé Pladellorens alias Francisco et Juan Castells

L’exil en France,

Après presque trois années de lutte acharnée contre le fascisme européen, le peuple espagnol réunit sous la bannière de la République se voit contraint à un exil massif, le plus grand de l’histoire du XXe siècle. Plus de 500 000 personnes passent la frontière du 2 février au 12 février 1939. Dès leur arrivée, les familles sont séparées. Les autorités ouvrent des camps de concentration sur les plages, à Argelès, au Barcarès et à Saint-Cyprien, notamment ou encore les camps disciplinaire du Vernet d’Ariège, Gurs, Brams, la forteresse de Collioure… mais aussi en Afrique du Nord, Tunisie : El Guettat, Gafsa, Gafsa Gare et Algérie : Relizane, Bou-Arfa, camp Morand, Setat, Oued-Akrouch, Tandara, Ain-el-Ourak, Meridja, Djelfa, les mines de Kenadza, ou la terrible prison de Caffarelli, Hadjerat M’Guil, dans le Sud algérien, où étaient envoyés les détenus qui se rebellaient. Parmi ces exilés se trouvaient les frères Solé Pladellorens Miguel et Pedro, c’est à dire respectivement mon père et mon oncle. Mon Oncle était contremaitre dans une manufacture de tissage de Manresa (Province de Barcelone) tandis que mon père, son cadet de six ans était « tejedor » C’est à dire tisserand dans la même manufacture (Manufacturas Isidro Carne à Castellgali-Manresa). Mon père était très engagé puisqu’il était syndiqué à l’UGT depuis le 7 février 1932 , et appartenait au PSUC depuis juillet 1936. Quand la guerre a éclaté, il n’a pas hésité, pas plus que mon oncle Pedro d’ailleurs, et il s’est retrouvé à la Companía del Batallon de Ametralladoras N°11 , comme delegado político de la 4e companía (doc 0) [[Feuille 3 du document 2, qu’une attestation du 12 janvier 1938, faite à Sariñena, place Miguel Solé au sein du PSUC(Parti Socialiste Unifié Catalan assimilé au Parti Communiste) et au syndicat UGT (de tendance socialiste)]]. Mon oncle fut officier dans l’armée républicaine.

Je me souviens que mon père m’a toujours dit :

« Nous ne voulions pas passer la frontière en laissant un seul civil derrière nous., nous avons fini par la franchir, les franquistes sur les talons mais avec nos armes à la main. Nous sommes passés à Prats de Mollo, juste avant le 12 février 1939. C’est là que nous avons été désarmés même dépouillés je pourrais dire. » Mon père a été d’abord à Saint Cyprien, sur le sable, tandis que mon oncle se trouvait au Barcarès, deux camps sur la plage dans les Pyrénées Orientales. Le Barcarès totalise 10922 hommes au 1er mars 1939 (archives départementales des PO), alors qu’aucune installation en dur n’y figure, excepté des tentes de fortunes et des trous dans le sable. « Pour survivre, nous nous entraidions. On se regroupait souvent par localités et/ou affinités politiques. Mais dès que le camp d’Agde a ouvert, j’y ai été transféré au camp n°1 pavillon B1. On l’appelait le camp des Catalans car nous y étions une grosse majorité pour ne pas dire les 99 % des occupants. Il y a eu une grève de la nourriture dans ce camp, nous voulions protester contre les immondices qu’on nous servait. Ça a marché mais tout de suite après le camp a fermé et nous devions retournés à notre point de départ. C’est à ce moment là, qu’une lettre a été adressée Commissaire Spécial du camps de concentration de Barcarès pour me réclamer. C’est ton oncle Pedro et un cousin Ignacio GOMIS qui du Barcarès avaient appris, je ne sais comment que j’étais à Agde et demandaient le regroupement comme nous y étions autorisés. Alors au lieu de retourner seul à Saint Cyprien, enfin quand je dis seul c’est sans famille, car des amis il y en avait beaucoup, je suis parti pour le Barcarès. Je te laisse imaginé l’émotion et la fête des retrouvailles avec ton oncle Pedro et le cousin. (Doc 1) Nous étions logés dans l’Ilôt G -baraque n°3. Les choses allaient un peu mieux pour nous car nous étions réunis et au sec, enfin ! »

Mais l’étau se resserre autour d’eux, la guerre mondiale menace sérieusement et les Espagnols savent d’instinct qu’ils ne seront pas épargnés.

Dans les camps, les gendarmes français circulent, et les incitent à s’engager dans la Légion étrangère. Le souci des autorités est ici avant tout de désengorger les camps. Plus de soixante dix mille Espagnols s’engagent en 1939 entre la légion et les CTE. « En 1941, nous avons été prévenus de la « descente » des forces de l’ordre pour arrêter et livrer des Espagnols soit aux autorités allemandes soit directement à Franco. C’est là que nous avons décidé avec ton oncle Pedro et quelques copains sûrs de foutre le camp. Nous savions que nous risquions gros. Nos activités respectives dans l’armée républicaine espagnole devaient avoir laissé des traces et les franquistes ne manqueraient pas de nous le faire payer pour peu que nous tombions entre leurs mains. Moi, j’étais commissaire politique et Pedro officier. Et vois-tu Serge, nous avons bien fait de penser ainsi car bien plus tard j’ai appris que nous étions tous les deux « fichés » comme éléments dangereux, communistes et condamnés à mort par contumace. J’ai appris tout ça quand j’ai fait une demande de pension militaire auprès du gouvernement espagnol en 1990. Je n’ai jamais obtenu de pension mais le 7 janvier 1991, j’ai reçu en réponse une lettre du ministère de la culture et des archives historiques accompagnée de tout un dossier me concernant classé top secret par l’État franquiste qui prouve que j’étais connu et recherché par les services secrets franquistes et condamné à mort. Je t’avoue que tant d’années après ces guerres cela fait froid dans le dos. » (Doc 2)

La Légion étrangère et les Forces Françaises Libres,

Une fois dehors du Barcarès, une seule alternative leur reste c’est l’engagement dans la légion, voilà donc les deux frères se présentant au quartier général de la Légion étrangère pour s’y enrôler. Mon père décrit cet épisode de façon assez amusante : « Nous sommes tombés sur un officier qui nous a détaillés des pieds à la tête, un très long moment puis il a déclaré d’un air goguenard: — Et, bien sûr vous n’êtes pas en cavale, vous vous engagez par pur esprit militaire?  » Ce à quoi nous avons fait semblant de ne rien comprendre. Et nous voilà embarqués pour la Légion destination Sidi Bel Abbes. » Mais parvenus en Algérie, le régime était rude pour les « rouge » espagnols, ils étaient affectés aux tâches les plus exposées, les plus pénibles et sujets aux brimades incessantes des officiers.

Désertions

« Nous en bavions et nous savions bien que nous n’étions pas du bon côté, les troupes de la Légion Etrangère obéissaient au gouvernement collaborateur de Pétain et cela ne nous convenait pas. Tant et si bien, que lorsque nous avons appris que les Forces Françaises Libres avançaient inexorablement et se trouvaient en Afrique tout près de leur cantonnement, nous avons décidé de les rejoindre. Nous avions fixé la date de notre désertion au 25 juillet 1943, mais la veille de partir des légionnaires qui avaient décidé de faire comme nous avaient été repris et nous avons été contraints d’assister à leur exécution. Ils ont été fusillés devant tout le cantonnement. Cela nous a beaucoup secoué et surtout notre impuissance à leur venir en aide. Mais nous avons malgré tout maintenu notre départ. Hors de question de rester plus longtemps chez ceux que nous considérions comme nos ennemis. Et puis nous avons pensé que plus nous attendrions et plus ce serait difficile, car la surveillance allait s’accentuer. À peu de temps de là, alors que nous remontions vers les forces française libres, un peu à l’aveuglette, nous sommes tombés sur une petite escouade dans un grand camion militaire. Quel ne fut pas notre bonheur de les entendre parler espagnol. C’est comme ça que nous avons été recrutés par l’adjudant-chef Miguel Campos qui fut le plus grand rabatteur de légionnaires espagnols en rupture d’armée, au profit de l’armée Leclerc. C’est à ce moment-là, pour entrer dans l’armée Leclerc que nous avons changer de nom. Nous sommes devenus les frères Castells, moi je suis Francisco Castells et Pedro devient Juan Castells. Evadés le 25 juillet 1943 de la légion étrangère, engagés le 26 juillet 1943 dans les FFL, nous allons dès sa création être versés dans le 3eme Régiment de Marche du Tchad, 9eme cie. Nous y avons retrouvé nos plus chers amis, les deux Pujols, (enfin Nadal Artigas) Fermín (José) et Constantino. Depuis notre chère Catalogne, Barcelone où ensemble nous avons fait nos premiers pas dans l’engagement politique et notre baptême de guerre dans les milices populaires pour défendre de la République, même si eux étaient dans la colonne Durruti, nos pas traçaient les mêmes sentiers de justice et de fraternité. Ce fut pour nous une grande joie d’être réunis mais hélas, ça n’allait pas durer … »

La 2ème DB, créée en août 1943.

C’ est une unité moderne équipée de matériel américain, et représente un mélange de combattants venus d’horizons les plus divers : des soldats de l’Armée d’Afrique, des troupes coloniales d’Afrique noire, des citoyens français mobilisés en Afrique du Nord, des prisonniers de 1940 évadés ayant traversé l’Espagne… Tous ont en commun la volonté de libérer la France de l’occupant. Le général Leclerc, commandant la division, avait clairement affirmé son souci de réunir ceux qui voulaient continuer le combat, quelles que soient leurs origines et leurs opinions politiques. Des antifascistes espagnols ne pouvaient donc que trouver leur place au sein de la 2ème DB. C’est parmi ces combattants que la 9ème Compagnie du RMT (Régiment de Marche du Tchad) va trouver ses effectifs. On trouve des Espagnols dans d’autres unités de la 2e DB et d’autres formations militaires comme la 1re armée [[nom donné aux unités militaires placées sous les ordres du général de Lattre de Tassigny et assignées à la libération du territoire français]]. Mais, c’est dans la 9ème compagnie qu’ils sont majoritaires. Mon père était très fier du matériel dont ils disposaient pour enfin pour lutter contre les nazis, qu’il détestait pour les avoir vu à l’œuvre en Espagne. Et pour lui appartenir à cette troupe d’Espagnols de la guerre civile c’était très important. Avec son frère, ils firent partis de l’équipage de l’Half-track « Les Pingouins« , n° 410642 de la première section de la NUEVE. Ce véhicule devait s’appeler Buenaventura Durruti mais devant le refus des autorités militaires de donner des noms de personnages politiques, l’équipage espagnol laissa le peu de Français du groupe choisir le nom ; ces derniers par dérisions proposèrent « Les Pingouins » (doc3) mot péjoratif pour désigner les Espagnols. Tous acquiescèrent, ravis du retournement du nom.

Hiver 1943-1944, La Nueve,

La 9ème compagnie du RMT s’entraîne en Afrique du Nord (en Algérie, puis au Maroc). Elle y reçoit son matériel. Les hommes de la 9ème compagnie, n’oubliant pas leurs origines, appellent vite leur unité « la Nueve », qui veut tout simplement dire neuf en espagnol. C’est au capitaine Raymond Dronne qu’échoit le commandement de la 9ème compagnie, car il parle couramment espagnol. Cela lui sera très utile, car, à la Nueve, on ne parle que castillan. Cette compagnie est, incontestablement, une unité particulière, qui ne ressemble à aucune unité classique de l’armée régulière. La plupart de ces Espagnols sont anarchistes ou socialistes ou communistes ou simplement républicains. Dronne trouve les Espagnols « à la fois difficiles et faciles à commander ». Ils restent sur leurs gardes jusqu’à ce que leur officier ait fait ses preuves. Mais, une fois qu’ils accordent leur confiance, celle-ci est « totale et complète ». Ils veulent absolument connaître les raisons des tâches qu’on leur demande d’accomplir. Mais, quand on les leur a expliquées et qu’ils les approuvent, ils les exécutent avec une résolution inébranlable. Mon père m’a rapporté les sentiments du capitaine Dronne sur sa troupe si particulière « Ils n’avaient pas l’esprit militaire, écrit Dronne. Ils étaient presque tous antimilitaristes, mais c’étaient de magnifiques soldats, vaillants et expérimentés. S’ils avaient embrassé spontanément et volontairement notre cause, c’était parce que c’était la cause de la liberté. Oui, en vérité, c’étaient des champions de la liberté.» Lorsque le IIIe RMT campe en Angleterre, la 9ème compagnie s’installe à Pocklington (Yorkshire) et s’y entraîne. La campagne de France est proche.

La Nueve au combat.

L’histoire des combats de la 9ème Compagnie se confond avec celle du Régiment de Marche du Tchad et de la 2ème DB, dont elle ouvre bien souvent le chemin. « Nous avons embarqué le 31 juillet 1944 à Southampton sur le Liberty Ship « Edward S. Sill », nous étions impatients de partir pour la France, car nous savions que c’était là que tout se jouerait, et nous fermions notre boucle revenir là où nous étions partis près de trois années plutôt. Nous débarquons le 4 août 1944 au lieu dit « La Madeleine ». Là nous avons constaté que les troupes américaines n’avaient pas pu beaucoup progressé, ils avaient eu énormément de pertes, de jeunes hommes, des gamins, gisaient sur le sol et les cimetières militaires de fortune jonchaient la route des Alliés. Des croix plantées dans la terre, c’était très impressionnant. » . La 2ème DB s’ organise en groupements tactiques, prenant chacun la première lettre du nom de son chef : GTV (du Colonel Warabiot ; le V est plus simple à utiliser que le W). C’est dans ce dernier groupement qu’est intégrée la 9ème compagnie. Sur l’Half-track « Les Pingouins » mon père alias Francisco est le serveur de la mitrailleuse avec laquelle il va faire des ravages chez l’ennemi qui lui valurent, le 3 janvier 1945, une citation à l’ordre du régiment avec la croix de guerre avec étoile de bronze pour sa conduite héroïque comme tireur d’élite, notamment durant la bataille de Strasbourg (doc 4). De ça mon père ne se vantait jamais, je l’ai su qu’en découvrant ses états de service et citations. C’est comme ça aussi que j’ai appris que mon oncle était devenu Sergent-chef et avait reçu une citation à l’ordre du corps d’armée Croix de guerre avec étoile de Vermeil pour avoir le 16 août 1944 lors de la bataille d’Écouché, abattu à la mitraillette un officier allemand et assuré le repli de son groupe et une autre citation à l’ordre de la brigade pour avoir, le 16 septembre 1944, arrêté une vague d’attaques allemandes lors de la bataille de Châtel sur Moselle, avec croix de guerre et étoile de bronze (doc 5). Tous deux furent autorisés le 16 août 1945 à porter en toutes circonstances l’insigne américain de la « Presidential Unit Citation ». (Doc 6) La 2ème DB encercle les Allemands de Normandie en prenant Rennes, Château-Gontier, Le Mans, Alençon. Le GTV est en réserve. Le 12 août, le GTV passe en tête. Il prend Sées dans l’Orne, puis fonce sur Ecouché (61).

La bataille d’Ecouché.

La 9ème compagnie et la 1ère compagnie du 501ème Régiment de Chars de Combat (RCC) sont engagées. « C’est mon plus terrible souvenir. Après une progression par les petits chemins, ponctuée de quelques engagements, au soir du 12 août nous surprenons une colonne motorisée allemande et nous la détruisons. Le lendemain, 13 août, la 9ème compagnie arrive à Ecouché. Nous nous sommes battus comme des lions. Harcelés sans répit par les Allemands, il fallait tenir jusqu’à les réduire ou que les nôtres arrivent. Ce fut interminable, pourtant nous nous sommes maintenus, mieux nous avons surpris une autre colonne ennemie et l’avons détruite. On s’est battus contre des SS. La position d’Ecouché était une pointe avancée dans le dispositif allemand, il fallait qu’elle tombe coûte que coûte. Nous avons tenu la position pendant une semaine, jusqu’au 18 août. Les combats furent violents, et la compagnie enregistra beaucoup de pertes : sept tués et dix blessés. Hélas, parmi les morts, il y avait Constantino Pujol, il est mort dans les bras de son grand ami, ton oncle Pedro (Juan Castells). (doc 7 et 8) L’ennemi a subi des pertes plus lourdes encore : quatre cents véhicules détruits. Ses pertes sont nombreuses, il est vaincu à Ecouché. Mais nous, au lieu de nous réjouir, nous pleurons notre frère d’arme Constantino et nous nous inquiétons pour son frère Fermín qui est également blessé à la tête et se trouve à l’hôpital. » La Nueve quitte Ecouché le 23 août. Elle combat au Sud de Paris toute la journée du 24, et est stoppée devant Fresnes.

La libération de Paris.

Le 24 août: Paris est insurgé depuis le 19, il faut entrer dans la capitale pour prêter main forte à la résistance intérieure et surtout en signe d’encouragement. Leclerc expédie Dronne à son secours avec sa Nueve, ils ont ce privilège d’être les éclaireurs de la 2e DB. Mon père et mon oncle, Francisco et Juan, sont glorieusement de la partie. En début de soirée, ce détachement de la 2ème DB passe par le Kremlin-Bicêtre, et parvient à l’Hôtel de Ville, sans coup tiré, guidé par un Arménien de Paris Lorénian Dikran. Les Parisiens heureux de les accueillir sont surpris de leur sabir, ils attendaient des Français ou pour le moins des Américains et les voilà face à des Espagnols, ceux-là même qui avaient été si mal reçus en février 1939. Mais l’heure est à l’allégresse, et la troupe se rend ensuite à la Préfecture de Police dans la joie générale. Après quatre ans d’occupation, Paris va être libérée. Mais, les Allemands résistent et n’acceptent pas la défaite. Von Choltitz qui a reçu l’ordre de faire sauter Paris, refusera l’ultimatum. Le lendemain, 25 août, Leclerc et la 2e DB entrent dans Paris par la Porte d’Orléans. Les combats de rues ont lieu, quartier par quartier, contre miliciens et Allemands notamment rue des Archives dans le 4e arrondissement, pour le central téléphonique que les Allemands menacent de détruire. La Nueve s’en empare, ce dernier a été miné par les Allemands. Ce sont eux qui devront alors le déminer. Les combats font rage également place de la République, devant la caserne de la République, [[Caserne appelée depuis 1947, Jean Vérine du nom de son chef d’escadron chef de la caserne, résistant de la première heure engagé dans le Réseau Saint Jacques, arrêté le 10 octobre 1941, interné et torturé à Fresnes et fusillé le 20 octobre 1943 à Cologne]]. tandis-que l’assaut est donné à 14 h 00 contre l’Hôtel Meurice dans la rue de Rivoli, quartier Général du Gross-Paris où se trouve gouverneur militaire allemand de Paris, Von Choltitz. Des combats ont lieu, également, au jardin du Luxembourg et aux Invalides, pour réduire les dernières poches de résistance allemandes. Les Espagnols ne sont pas en reste dans cette lutte. Les forces armées sont renforcées par des résistants de toutes nationalités dont des Espagnols. Un groupe, mené par Julio Hernandez, pénètre même dans l’ambassade espagnole pour y hisser le drapeau républicain ! Le 26 août, c’est le défilé de la Victoire de l’Arc de Triomphe à Notre-Dame. La Nueve assure la protection immédiate du général De Gaulle et du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF). « Nous étions superbes sur nos véhicules, fiers et heureux d’être à l’honneur, il aurait fallu que tu vois ça. Sur toutes les couvertures de magasines, notamment américains, on voit très distinctement nos Half-track dont Les Pingouins, Nous formions une superbe haie d’honneur aux officiels dont le général de Gaulle. (Doc 9) je me souviens d’une grande banderole en espagnole qui nous saluait puis au cours du défilé elle a disparu. Sous cette banderole il y avait Victoria Kent, [[Directrice des prisons sous la République espagnole, puis au service de l’enfance, elle s’est occupée notamment du expatriation des enfants espagnols vers la France. Réclamée par le gouvernement de Franco à Pétain, elle dû sa vie sauve au courage et à la protection de l’ambassadeur du Mexique qui la cacha durant toute la durée de l’occupation en France.]] qui venait de passer toute la guerre cachée dans un appartement du 16e arrondissement sous la protection de l’ambassade du Mexique et de son représentant, Gilberto Bosques. Et ensuite ce fut le repos bien mérité, du 1er au 8 septembre, nous avons campé au Bois de Boulogne avec toute la compagnie, nous étions les rois, visiteurs et visiteuses venaient nous apporter toutes sortes de présents et de « réconforts », d’ailleurs nous avons eu l’honneur de la visite de Victoria. Comme depuis le débarquement nous avions perdu du monde, de nombreux engagés ont été incorporés, pour combler les pertes. Ils se fondront rapidement dans le groupe. »

La guerre continue,

Le 8 septembre 1944, la compagnie quitte le Bois de Boulogne à 6 heures 45 et suit sa route sans difficultés : Porte de Passy pour atteindre Villeneuve-L’archevêque. La division repart au combat : Dompaire, Chatel sur Moselle, Nancy, Strasbourg… « Nous avons eu encore beaucoup d’affrontements et de pertes, la campagne d’Alsace fut très rude, les Allemands ne décrochaient pas, le froid était mordant. D’ailleurs c’est à Châtel sur Moselle que ton oncle s’est illustré encore: Pour s’être emparé de la mitrailleuse du groupe et d’avoir sous un feu nourri réussi à arrêter nette une vague d’attaque allemande

Fin de la Seconde Guerre mondiale,

La Nueve franchit le Rhin le 27 avril 1945 pour atteindre le nid d’Aigle d’Hitler à Berchtesgaden. C’est là que le surprend la fin de la Seconde Guerre mondiale. (Doc 9bis)

Démobilisation et ennuis

Avant d’être démobilisés, les survivants de la Nueve sont cantonnés à Voulx (Yonne). Elle a l’honneur de défiler au complet sur les Champs-Élysées le 18 juin 1945. « L’épopée de la Nueve prend fin en juillet 1945, à Voulx, lorsqu’elle est officiellement dissoute et que nous sommes démobilisés. C’est à ce moment là que le capitaine Dehen (qui a pris le commandement de la Nueve depuis avril 1945, date à laquelle le capitaine Raymond Dronne a été nommé commandant et appelé à d’autres fonctions) nous établit, pour Pedro et moi, des documents contresignés par le chef du corps d’armée, le lieutenant colonel Barboteu commandant le IIIe /RMT. (Doc 10 et 11) Il s’agit d’un état signalétique de nos services qui confirme notre changement de nom pour les nécessités de la guerre, nos campagnes : campagne de Tunisie, campagne de France et campagne d’Allemagne. Il y souligne aussi notre comportement courageux et irréprochable. Ce document doit nous permettre de retrouver notre véritable identité. Pour Pedro hélas, nous n’en saurons rien puisqu’il meurt tragiquement quelques mois plus tard mais moi, je devrais attendre jusqu’en 1972 pour que Solé Pladellorens soit reconnu enfin comme mon véritable nom. » (Doc 12)

Désertion et condamnation

Comble de l’absurdité de la machine aveugle, juridique et militaire: parti de la Légion étrangère, Miguel est rattrapé par les rouages d’une administration qui l’emprisonne et le mène au tribunal militaire pour « Désertion à l’intérieur en temps de guerre ». « C’est proprement incroyable mais un mandat d’arrêt contre moi court depuis le 28 février 1945. (doc 13) Il émane du tribunal militaire d’Oran. il sera exécuté en le 26 septembre 1946, date à laquelle je suis arrêté à mon domicile de Saint Denis et conduit à la prison de la Prévôté de la place de Paris.(doc 14 et 15) Il faudra l’intervention du directeur de la Maison des Anciens de la 2e DB auprès du président du tribunal, rappelant mes états de services dans l’armée Leclerc et demandant la bienveillance du tribunal envers mon inculpation pour désertion.(doc 16) pour que je sois relaxé définitivement en octobre 1946. (doc 17 doc 18), abasourdi encore de cette mésaventure qui n’aura pas touché que moi car nous étions nombreux dans ce cas, les Espagnols inculpés et décorés à la fois. »

Miguel Sole Pladellorens alias Francisco Cartells et son frère Pedro Sole Pladellorens alias Juan Cartells figurent parmi les survivants de la Nueve.

Pedro est né à Bruch (près de Terrasa province de Barcelone) le 13 mai 1911 décédé près de Rouen le 10 janvier 1946 (cimetière de Rouen Mont-Gargan, tombe 131 carré I2, bande n°5) Miguel est né à Bruch le 18 avril 1917, décédé à St-Denis le 11 mai 2000, Avant il a dû gagner sa vie et faire vivre sa famille. Il a exercé plusieurs métiers: – Du 19 novembre 1945 au 31 mars 1958, chef d’équipe puis contremaître à l’atelier de tissage chez Getting-Jonas-Titan à Epinay S/Seine. – Du 1er avril 1958 au 15 juillet 1960, Frigoriste chez « FRIGIDAIRE -Général Motors France » Sté S.O.V.E.M Paris. – De septembre 1960 à juin 1975, spécialiste de mise en service d’appareils frigorifique et gros éléctro-ménager, chez les Ets MOATTI Paris.

Sur le Front en Espagne
Sur le Front en Espagne
Phote dédicacé par Fermin Pujol
Phote dédicacé par Fermin Pujol
Couverture Life
Couverture Life
Le Half-Track Les Pinguoins
Le Half-Track Les Pinguoins
Fermin Pujol sur la tombe de son Frère Constantino tué à la bataille d'Ecouché
Fermin Pujol sur la tombe de son Frère Constantino tué à la bataille d’Ecouché

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76 ans plus tard, l’histoire se répète

La photo du petit Aylan gisant sur une plage turque a choqué le monde. Elle a montré la réalité de milliers de Syriens, d’Afghans, d’Erythréens ou de Nigérians qui tentent, depuis des années, d’échapper à l’obscurantisme, à la guerre et à la dictature.

La Syrie est le principal pays d’origine des réfugiés. Le Liban, le Pakistan, la Jordanie, l’Ouganda et la Turquie accueillent déjà des centaines de milliers de réfugiés, dans certains cas depuis des décennies. En 2014, en France seulement 14 500 personnes ont obtenu l’asile. Un chiffre beaucoup plus faible par rapport à l’Allemagne (202 645) et la Suède (81 180).
Au Moyen-Orient, après quatre ans de guerre civile, plus de la moitié de la population syrienne a dû quitter son foyer : trois millions et demi de réfugiés et six millions et demi de personnes sont déplacées à l’intérieur des frontières du pays.

Nous assistons au déplacement de population le plus important depuis la seconde Guerre mondiale. Les réfugiés ont besoin d’un soutien de la part de l’Europe et du reste du monde mais, au lieu de cela, ils vivent dans des conditions désastreuses et s’enfonce dans la pauvreté.

Une Europe qui provoque la misère d’abord et qui ensuite nie ses responsabilités éthiques, politiques, économiques et sociales. La tragédie de Lampedusa, où environ 400 personnes se sont noyées, a mise en évidence la nécessité urgente d’une réforme de la politique migratoire, alors que les États membres de l’Union européenne ont mis en commun tous leurs efforts pour renforcer leurs clôtures et leurs barbelés, au lieu de centrer leurs efforts sur l’urgence et sur la protection des réfugiés.

Si les propositions de tri entre réfugiés chrétiens et réfugiés musulmans révèlent l’enracinement de l’islamophobie, celle entre émigrés économiques et réfugiés politiques révèlent une campagne consensuelle visant à masquer les causes des crises qui secouent notre monde.

Depuis la publication, le 2 septembre, par la presse turque et britannique de la photo d’Aylan, une vaste campagne médiatique présente une autre image de l’Union Européenne en général et de la France en particulier. Nous nous serions donc trompés ou un changement radical d’attitude et de politique serait survenu. A moins que nous ne soyons une nouvelle fois devant l’instrumentalisation politique d’un drame humain pour justifier une nouvelle intervention militaire.

Journalistes comme leaders politiques étaient au courant. Les classes dominantes d’Europe et des États-Unis espéraient simplement une nouvelle fois cantonner les réfugiés dans les pays voisins. C’est d’ailleurs ce qu’ils font classiquement pour tous les autres conflits qu’ils suscitent pour le contrôle du gaz, du pétrole et des minerais stratégiques, au profit des sociétés pétrolières et des marchands d’armes.

En France et en Espagne, on sait ce que signifie le mot exil, comme en témoigne l’odyssée de milliers de républicains qui s’exilèrent après la Guerre civile pour fuir le fascisme et la terreur imposée durant 36 longues années par Franco. En Espagne, à partir de 1939, des dizaines de milliers d’antifascistes furent assassinés et emprisonnés dans des prisons, des bagnes et des camps où ils furent maintenus en esclavage.

La politique de non intervention des gouvernements français et britanniques permit la victoire de Franco et la France refusa, dans un premier temps, lors de la Retirada, d’ouvrir la frontière aux réfugiés espagnols. Quelques 465 000 personnes ont traversé la frontière avec la France pour se retrouver dans un pays vivant une grave crise économique depuis 1930. Des milliers d’hommes et de femmes sont morts sur les plages françaises, d’autres ont été renvoyés en Espagne par convois entiers qui les livraient à leurs persécuteurs. Le gouvernement français organisa, en collaboration avec les autorités franquistes, ce rapatriement vers l’Espagne d’une partie de ces réfugiés. En France, plusieurs centaines de milliers de républicains furent « accueillis » dans des camps qu’ils durent eux-mêmes construire. Les familles étaient séparées et les camps étaient entourés de barbelés et surveillés par des gardes mobiles. Les français qui voulaient les aider étaient contraints de jeter nourritures et habits au-dessus des barbelés.

Par rapport au drame actuel vécu par des milliers de réfugiés en Méditerranée, certains médias ont osé citer l’exemple des républicains espagnols fuyant le fascisme de Franco. Il n’est pas inutile de rappeler les conditions de cet accueil. Voici ce qu’en dit l’historien Marc Ferro :
« Dès 1937, des réfugiés basques affluent, des instructions sont là, qui très vite, oublient les soucis humanitaires des premières semaines. On les fait retourner en Espagne par les Pyrénées orientales. (…). Dès l’automne 1937, Marx Dormoy, ministre de l’intérieur d’un gouvernement Front populaire, demande à la police d’établir un « barrage infranchissable » … Surtout, on montre le peu d’empressement des populations d’accueil à aider les réfugiés, souvent choquées par la passion politique de leurs hôtes ».

76 ans plus tard, l’histoire se répète. Comme par le passé, il s’agit clairement aujourd’hui de cantonner la misère du monde produite par les politiques économiques des grandes puissances d’une part et par les guerres pour le contrôle des matières premières d’autre part, à la périphérie des pays riches. Nous sommes en présence d’une des multiples déclinaisons de l’ultralibéralisme : privatiser les gains et socialiser les pertes et les coûts.

Aujourd’hui, des milliers de personnes tentent de traverser la Méditerranée sur des bateaux surchargés pour fuir un régime qui les opprime et les oblige à risquer leurs vies et celles de leurs familles. Cependant, en touchant la terre ferme, s’ils y parviennent, ils sont confrontés à une réalité encore plus dure : le rejet des gouvernements, qui les considère comme un « fléau ».

Nous devons lutter pour éradiquer les préjugés xénophobes et racistes, et promouvoir les valeurs de l’hospitalité, de la solidarité et le respect des droits de l’homme.

Barbelés
Barbelés

Republicanos españoles en la liberación de París

Eduardo Pons Prades, né à Barcelone le 19 décembre 1920 et mort dans cette même ville le 28 mai 2007, connu aussi sous le pseudonyme de Floreal Barcino, est un écrivain spécialisé en histoire contemporaine espagnole du XXe siècle, scénariste documentaire, militant de la CNT. Il est également conférencier. spécialiste reconnu de la résistance des républicains espagnols en France, pour y avoir lui-même participé, il a publié plusieurs oeuvres sur ses péripéties. Il évoque ici la constitution de la Nueve au sein de la 2e DB et tout son parcours jusqu’à la démobilisation en août 1945.

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Lundi 24 août 2015 : La Nueve à l’Hôtel de Ville

Le 24 août 1944, les combattants de la Nueve, éclaireurs de la 2e DB du général Leclerc, entrent dans Paris pour participer à sa libération.

2015 marque aussi les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale et les 70 ans de la libération des camps de concentration. Libération, oui, excepté en Espagne…

1ère partie : sur l’esplanade des Villes-Compagnons de la Libération, Paris IVe

Une centaine de personnes se sont retrouvées, malgré la pluie, le vent et le froid sur l’esplanade des Villes compagnons de la Libération, ce lundi 24 août 2015, afin de célébrer le 71e anniversaire de l’entrée de la Nueve (9e compagnie de la 2e DB, composée à 95% d’espagnols antifascistes) dans Paris insurgé.

À partir de 16 h 30,

regroupés devant la petite plaque de la Nueve, scellée sur le parapet, nous avons pu évoquer plusieurs de ces combattants si particuliers. Nous saluons la présence : – des hôtes au prestige libertaire tels Armand Gatti et Hélène Châtelain, – de la CNT que nous remercions chaleureusement pour le prêt et l’aide concernant la sono, – de la Faceef, en la personne de Madame Fernandez – d’Arturo Peinado y su familia, president de la Federación Estatal de Foros por la Memoria, – des représentant(e)s d’associations de Républicains espagnols et de leurs descendants – des individus « anonymes » qui nous ont rejoints, – de M. Thierry Blandin, maire adjoint, chargé de la mémoire combattante à la mairie du 20e, – de Mme Violette Baranda, adjointe au maire, chargée des séniors et de l’intergénérationnel de la mairie du 19e, – de la télévision espagnole TVE… Après avoir remercié les participants, Daniel, administrateur de l’association, a présenté la Nueve, ses actes et son rôle au cours de la Seconde Guerre mondiale, puis a rappelé les raisons de l’existence de l’association 24 août 1944, porteuse de mémoire et passeuse de l’histoire oubliée. « Dès le printemps 1939, des dizaines de milliers de ces hommes, soldats et miliciens internés intégrèrent des compagnies de travailleurs étrangers (très vite devenues compagnies de travailleurs espagnols) ou la Légion étrangère, ou un peu plus tard, à la déclaration de guerre, « régiments de marche de volontaires étrangers », spécialement créés. Des milliers d’entre eux, soldats dans les rangs des troupes françaises ou soldats de l’ombre, dans la Résistance, luttèrent dans tous les combats où les alliés affrontèrent le nazisme et le fascisme, de Narvik au Tchad, au Gabon, en Égypte, Lybie, Syrie, Liban ou Tunis, se distinguant dans des batailles comme Bir-Hakeim, El Alamein, Koufra, Bizerte ou Monte Casino, et plus tard , dans la libération de Lyon, Paris ou Strasbourg. Beaucoup y laissèrent leur vie, mais 16 survivants espagnols la 2e DB-Leclerc sont arrivés, victorieux, jusqu’à Berschtesgaden et le Nid d’Aigle de Hitler. Ce fut la Nueve – 9e compagnie du 3e bataillon de marche du Tchad, 2e DB –, composée presque exclusivement d’Espagnols et commandée par le capitaine Raymond Dronne, qui, le 24 août 1944, parvint, en avant-garde, à l’Hôtel de ville de Paris. Les équipages de la vingtaine de « half-tracks » étaient des Espagnols, et la plupart de ces véhicules portaient des noms évocateurs de la guerre d’Espagne : Guadalajara, Teruel, Brunete, Ebro, Guernica… ou encore Don Quichotte. C’est pour cette raison que nous sommes réunis aujourd’hui, 71 ans après cet événement. » Puis, Marie-José Cortès nous a parlé de son papa : voir texte d’intervention dans la rubriques Les hommes de la Nueve et documents José Cortès, sergent dans la Nueve, jusqu’à Paris (voir texte d’intervention annexe1). À sa suite, Véronique Olivares Salou a évoqué la mémoire des frères Miguel et Pedro Solé, catalans, embarqués dans l’équipage du half-track Les Pingouins de la Nueve (voir texte d’intervention dans la rubriques Les hommes de la Nueve et documents)

Mais cette année 2015 est également le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et celui de la libération des camps de concentration. Là encore, les antifascistes espagnols sont aux premier rang.

« La guerre fut déclarée entre l’Allemagne, la France et l’Angleterre (en septembre 1939) par l’attaque et la prise de possession de la Pologne. Pour ceux qui avaient passé la frontière française et ne re-tourneraient pas en Espagne, il n’existait comme alternative, pour lutter contre les nazis, que celle d’intégrer la Légion ou les bataillons de marche, ou les compagnies de travailleurs étrangers pour édifier des fortifications sur la ligne « Maginot ». L’avenir devenait funeste. L’avance des colonnes motorisées hitlériennes, l’occupation des Pays-Bas et de la France les firent tomber aux mains des armées hitlériennes. Après de petits séjours dans les « Stalags » en tant que prisonniers de guerre, ils ont été transférés dans des camps d’extermination par le travail – pour « Rouges espagnols » –, avec le consentement et l’approbation des autorités espagnoles franquistes. En réalité, ils étaient des prisonniers de guerre de l’armée française et auraient dû être traités comme tels. Il n’en fut rien et se trouvèrent embarqués dans des conditions terribles vers les camps de concentration nazis, tels Mauthausen et ses kommandos, Gusen, le château d’Hartheim, Ebensee, Steyr et autres… Ils eurent le terrible privilège de constituer le premier convoi de déportés qui arriva le 6 août 1940 à Mauthausen. Le premier à partir du territoire français sortit d’Angoulême le 20 août 1940. Les Espagnols, qualifiés de « Rouges », étant donné leur état de combattants contre le fascisme, ont payé au centuple dans ce terrible holocauste de destruction et de mort. Mais ils furent surtout des résistants au système concentrationnaire nazi, et n’ont jamais cessé d’œuvrer pour en récolter les preuves. Leur devise : le devoir collectif de survivre ! » Ensuite, Benito Bermejo, historien espagnol, spécialisé dans la déportation espagnole, a expliqué ce que fut la déportation espagnole : premiers déportés du sol français (voir texte d’intervention en annexe 3).

L’association avant de quitter l’esplanade a rappelé les projets en cours :

– les samedi 26 et dimanche 27 septembre 2015 : colloque et projections sur les divers enfermements subis par les antifascistes espagnols, Le 26 de 14 à 19 h, le 27 de 11 h à 18 h – Cinéma La Clef – 34, rue Daubenton – Paris 5e ; – le lundi 23 novembre 2015 : concert Trio Utgé-Royo, « No pasarán ! », contre la mon-tée des marées noires et bleues, et à l’aube du 80e anniversaire du début de la guerre d’Espagne, En Première partie : textes de combattant-e-s antifascistes espagnol-e-s, mise en espace d’Armand Gatti, avec le metteur en scène Jean-Marc Luneau. À 20 h – Vingtième théâtre – 7, rue des Plâtrières – Paris 20e. – le 14 avril 2016, inauguration et pose de la plaque dédiée à Manuel Lozano, combattant de la Nueve et militant CNT toute sa vie, sur le mur de son dernier domicile à Paris 19e, rue des Bois. La réalisation de cette plaque a été portée avec opiniâtreté par Mme Violette Baranda, élue du 19e, elle-même nièce d’un combattant de la Nueve, présente en ce lundi 24 août.

Poésie

Vint ensuite un moment d’émotion avec la lecture bilingue par Christopher et Frank (de l’association) des poèmes de collégiens de 3e du collège « La Chesnaie » de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes (on retrouve les poèmes sur notre site, page …). Cette première partie s’est achevée avec le dépôt de plusieurs gerbes de fleurs : – Association 24 août 1944, – Mairie du 12e dont Mme Catherine Baratti-Elbaz, maire, n’a pu être présente pour raison de santé, – Mairie du 20e et Mme Frédérique Calandra, maire, représenté par Mm Blandin, maire adjoint, chargé de la mémoire historique.

17 h 15 : Le cortège s’est mis en route pour terminer la marche de l’an dernier, jusqu’à l’Hôtel de ville, rue de Lobau, sous une pluie battante !

2ème partie : 18 h 30 : devant l’Hôtel de ville, rue de Lobau. – Accueil et prise de parole du Maire du 4e, Christophe Girard – Intervention de l’association ; l’allocution préparée à cet effet est lue entièrement par Cristine et Serge, de l’association, suscite l’attention de l’assistance, officiels compris. – Lecture d’extraits d’articles d’Albert Camus par Agnès, Daniel et Marie de l’association. (voir l’allocution et les extraits des articles de Camus en annexe 4) – Allocution de la Maire de Paris, Mme Anne Hidalgo (lire les extraits de l’allocution en annexe 5); – Allocution du Secrétaire d’État aux anciens combattants, M. Jean-Marc Todeschini. (lire les extraits de l’allocution en annexe 6) (l’intégralité des deux discours officiels peut être envoyé sur demande) Fin vers 19 h 30. Il fut alors sérieusement envisagé, après avoir remballé tout le matériel, banderoles, panneaux…, d’aller nous réchauffer autour d’un repas fraternel. La journée, malgré le froid, la pluie et le vent, fut un beau succès et un bel hommage à ces acteurs de la Liberté que sont les combattants antifascistes de la Nueve !

Défilé sous la pluie
Défilé sous la pluie
2 Banderas al viento
2 Banderas al viento

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