Jeudi 24 août 2017 Hommage aux Espagnols antifascistes de la Nueve et à tous les Étrangers engagés dans la lutte pour la liberté contre le nazisme
17h15 devant le jardin des combattants de la Nueve, rue Lobau, métro Hôtel de ville :
Un hommage aux Espagnols antifascistes de la Nueve et leur rôle dans la libération de Paris. Diverses prises de paroles évoqueront le combat des Étrangers engagés dans la lutte pour la liberté contre le nazisme. Auparavant, à 15h15, l’association se joindra à la cérémonie organisée par la mairie de Paris et l’AAGEF-FFI, pour le dévoilement de la plaque en hommage à José Baron Carreño. Angle du boulevard Saint-Germain et de la rue Villersexel (Paris 7e).
17 août 2017 : la Rambla de Barcelone est jonchée de fleurs humaines écrasées.
19 août 1936, Federico García Lorca est assassiné. Aujourd’hui plus que jamais, il nous parle encore :
« …Les fleurs de la rue la plus joyeuse du monde, la rue où vivent ensemble à la fois les quatre saisons de l’année, l’unique rue de la terre dont j’aimerais qu’elle ne finisse jamais, riche de sonorités, abondante de brises, belle de rencontres, antique de sang : Rambla de Barcelone. »
17 de agosto de 2017 : la Rambla de Barcelona esta cubierta de flores humanas machacadas.
19 de agosto 1936 : asesinan a Federico García Lorca. Hoy mas que nunca, aún nos habla :
« …Las flores de la calle más alegre del mundo. La calle donde viven juntas a la vez las cuatro estaciones del año, la única calle de la tierra que yo desearía no se acabara nunca, rica en sonidos, abundante en brisas, hermosa de encuentros, antigua de sangre : la Rambla de Barcelona. »
Federico García Lorca
Prosa 1 – Obras VI ».
A proposito de « Doña Rosita la soltera »
au 2ème paragraphe de « Señoras y Señores »
Comme beaucoup, nous sommes atterrés de ce qui s’est passé à Barcelone et à Cambrils. C’est avec une grande tristesse qui nous avons appris le drame qui touche aujourd’hui la Catalogne.
Bien-sûr, il est impossible de penser qu’avec tous les conflits et les bombardements dans le monde, la haine n’atteindrait jamais nos sociétés. Quand il est interdit aux peuples de vivre libre et en paix sur leur terre, il y a toujours des retombées qui font mal. Ce sont hélas bien souvent des innocents, qui, sans comprendre ce qui leur arrive, sont touchés par ces drames, sur un sol ou sur l’autre.
Nous sommes toutes et tous en proie à une grande déception de constater, impuissants, que la Paix, la Liberté et la Solidarité s’éloignent un peu plus chaque jour.
Mais nous ne voulons pas céder au désespoir, et nous croyons qu’il existe sur cette terre des humains de bonne volonté partout dans le monde, que vous en faites partie, par votre engagement et votre travail de mémoire, primordial en ces temps.
Au nom de notre association 24 août, nous voulons vous assurer de notre solidarité et de notre profonde amitié face aux drames des guerres et des attentats partout dans le monde.
Nous étions une délégation de onze personnes, à Écouché ce dimanche 13 août 2017. Onze avec Mar y Luz Cariño-Lopez, Marie-José Cortés et leur sympathique amie, notre fidèle couple d’amis de Picardie : Emmanuelle et Didier.
Avant la cérémonie. Nous avons pris le temps d’une petite balade dans le beau village d’Écouché. Il se rattache au style normand, bien campé sur ses pierres solides, et ses maisons à colombages lesquelles, si elles sont peu nombreuses, sont admirables. Nous avons découvert l’église, ou plutôt les églises, car à la même place, il y en eu successivement trois de bâties, à travers les siècles.
Nous avons été chaleureusement accueillis, par les services de la mairie d’Écouché, notamment par Monsieur Laurent secrétaire de mairie et le président des anciens combattants, monsieur Busquet.
11H00 le monde se presse au cimetière. C’est à première vue une commémoration exceptionnelle qui sort des célébrations annuelles habituelles. Il y a foule, une forêt de drapeaux de régiments différents et notamment tous ceux qui ont composé, en leur temps, la si célèbre 2e Division Blindée du général Leclerc. Après l’intervention générale de Monsieur Bayard, président de l’association de l’Orne: « Vive la résistance« , maitre de cérémonie de ce dimanche et venu d’Alençon pour l’occasion, il y eut le dépôt des gerbes, dont la nôtre. Puis la parole est à notre association. C’est Serge qui s’y colle. Avec comme discours, le témoignage délivré par Miguel Solé Pladellorens à son fils sur la bataille d’Écouché. Un moment plein d’émotion surtout, lorsque la voix s’étrangle à l’évocation de la mort de Constantino Pujol, qui s’éteint dans les bras de son ami Pedro Solé, le frère de Miguel. Serge souligne également la présence parmi nous de Mary y Luz Cariño-Lopez et de Marie-José Cortés, toutes deux filles de combattants de la Nueve. Cette lecture se termine sous les applaudissements, et beaucoup de personnes dans l’assistance viendront nous voir pour nous remercier de ce témoignage. Beaucoup ont appris ce que fut réellement le rôle des Espagnols antifascistes lors de notre intervention. Après diverses prises de paroles, dont l’évocation de la présence du 501e régiment de chars de combat (RCC) et le son des marches militaires, qui accompagnent généralement ces commémorations, nous sommes tous invités à nous rendre près du char Sherman Massaoua qui veille à l’entrée du village, au coin de l’avenue du Général Leclerc. il est surprenant de voir combien les heures de la Libération ont marqué cette cité, car beaucoup de noms de rue, de place portent des noms d’officiers de la 2e DB, en hommage à leur courage et à leur sacrifice. Avant de quitter le cimetière nous faisons une escapade, en petit comité, jusqu’à la chapelle Saint Michel, qui se trouve dans le cimetière. Elle contient à l’intérieur, une statue du Sacré-Cœur, payée par les Espagnols de la Nueve au curé Verger qui célébra la messe de la libération. Messe à laquelle assistèrent même nos anticléricaux espagnols (voir le récit qu’en a fait le capitaine Dronne et qui est reproduit au milieu des ruines de l’église au cœur de la ville). Enfin, nous nous dirigeons vers le Massaoua. Ce char appartenait à la 2e DB, il se plaça à l’entrée de la petite ville, et de cette position tira tout ce qu’il put. Tombé en panne, il resta sur place. Le maire de l’époque et le conseil municipal demandèrent alors aux armées la permission de le garder là. Il devint symbole de la Libération d’Écouché. Sur sa gauche, a été posée une plaque en l’honneur des Espagnols antifascistes de la Nueve qui ont tenu le siège du 13 au 18 août 1944, attendant des renforts. C’est dans la salle du vin d’honneur offert par la mairie, que toutes et tous ont pu se promener parmi les portraits des hommes de la Nueve, peints par Juan Chica-Ventura. Ils trônaient au mitan de la salle des fêtes ; face aux tables dressées et aux convives curieuses de graver ces visages et leur épopée dans leur mémoire. Notre association a pris encore une fois la parole, pour expliquer d’où venaient ces hommes, ce qu’ils avaient vécu avant d’arriver à Écouché, après : la libération de Paris, la campagne d’Alsace, l’arrivée au nid d’Aigle de Hitler et surtout leur déception de ne pas continuer pour déloger le dictateur qui sévissait sur leur terre natale, l’Espagne. Puis ce fut l’heure des échanges à propos des événements, des échanges de contact, avant d’aller nous restaurer tous ensemble. L’association a offert au président des anciens combattants et à Monsieur Bayard, un lot des cartes postales représentant les portraits peints par Juan, et nous nous sommes promis de garder contact pour d’autres évocations de ces réfugiés particuliers !
Le monument aux étrangers morts à Écouché pour la libération
Hommage aux Espagnols antifascistes de la Nueve et à tous les Étrangers engagés dans la lutte pour la liberté contre le nazisme
Un petit cadeau: Nous allons vivant, gémissant, oubliant, Oubliés, changeant de chemin, Il n’y a pas de coin sur terre, Sans qu’on entende nos soupirs, Réfugié, toi, l’étranger, Celui qui gêne le monde entier. (…) Juan Sanchez (directeur de la revue Recordatoria 36-39) exilé en France puis en Suède17h15 devant le jardin des combattants de la Nueve, rue Lobau, métro Hôtel de ville :
Un hommage aux Espagnols antifascistes de la Nueve et leur rôle dans la libération de Paris, e paroles évoqueront leurs idéaux et la grande richesse humaine qu’ils apportent à notre société.
Diverses prises de paroles évoqueront le combat des Étrangers engagés dans la lutte pour la liberté contre le nazisme.
Venez participer à cette évocation particulière au cours de laquelle nous rendrons hommage à ces défenseurs de Paris, et partisans de la liberté, en présence des élus de Paris. Auparavant, à 15h15, l’association se joindra à la cérémonie organisée par la mairie de Paris et l’AAGEF-FFI, pour le dévoilement de la plaque en hommage à José Baron Carreño. Angle du boulevard Saint-Germain et de la rue Villersexel (Paris 7e).
Nos amis, compagnes et compagnons du CTDEE : Centre Toulousain de Documentation sur l’Exil Espagnol organisent comme chaque année, un dimanche festif, culturel, mémoriel et gastronomique autour de la date du 19 juillet 1936.
Date du soulèvement populaire en Espagne pour arrêter le coup d’état militaire et tenter d’instaurer une société de justice et de Liberté pour le peuple. Cette expérience révolutionnaire qui n’a depuis jamais été renouvelée, défendue par un large mouvement populaire ouvrier et paysan reste un mouvement exemplaire pour notre futur. Si vous êtes toulousains ou si vos routes estivales vous ont mené dans cette partie de France, alors: Ne manquez pas ce rendez-vous qui offrira cette année une analyse pointue de la période tragique de mai 1937 et du tournant dramatique que ce bel espoir amorce à partir de cette date. Régalez-vous du festin de Sancho et de sa, désormais, célèbre paella. Pour mieux savourer un après-midi de théâtre, chansons et récitals de guitare aux accents que vous reprendrez en choeur en fin d’après-midi. Ceux qui profiteront de tant de mémoire et de musique sont des veinards. Qu’ils pensent à nous transmettre leurs commentaires et photos. Belle fête à vous toutes et tous et une belle pensée de Paris!!! Merci amis de votre manifestation. l’équipe du 24 août 1944.
Le temps d’un week-end, la course folle des heures s’est suspendue au souffle d’un château.
Empli d’anarchistes et d’idées d’insoumis, nous avons partagé ce beau lieu, avec un immense plaisir. Repas fraternels et chambrées accueillantes.
Se sont succédés durant deux jours des conférences et des débats, du théâtre et un concert, des promenades au jardin partagé et une chorale. Tous plus passionnant les uns que les autres. Un vent de résistance s’était levé sur Ligoure, ces jours-là !
Un jeune homme de 92 ans, Christian Pataud nous a conté sa résistance et les maquis du limousin, si célèbres. Tandis qu’André Bernard a partagé avec nous sa vie d’insoumis, pourchassé, de la guerre d’Algérie.
Le soir de ce samedi, ce fut à notre tour:
Serge Utgé-Royo a entamé une soirée d’émotion et de partage avec ses chansons qui mettent en poésie la résistance et la dignité des peuples. Puis nous l’avons rejoint pour entonner sous sa direction les chants révolutionnaires espagnols et ceux liés à la rébellion populaire. Tels : Un nuage espagnol
A las barricadas,
Si los curas…
Hijos del Pueblo,
Puente de los franceses,
Giroflé, Girofla,
Si me quieres escribir
El Paso del Ebro…
La cucaracha
Sans parler du chant de los Pinguinos « À la Bastille, on voit passer les Espingouins, debout sur les auto-chenilles…« , l’un des chants célébrant la Nueve…
Mais aussi les chansons d’amour de l’époque qui ne laissaient pas insensibles nos anars indisciplinés comme Besame mucho.
Juste pour le plaisir, écoutez la petite bande son qu’un copain nous a envoyé.
https://www.dropbox.com/sh/l2a4seg59704p2a/AAC57rbSF7G6LFUw3qd5nXNVa?dl=0
Après quelques heures de pause… ce petit mot pour vous donner rendez-vous près de Limoges samedi 1er et dimanche 2 juillet : au Château de Ligoure (Le Vigen, 87), pour la librairie champêtre annuelle du CIRA limousin.
Serge Utgé-Royo y chantera samedi soir à 21 h (accompagné par Jack Ada) et il invitera le choeur des « Pingouins » (de l’association du 24 août 1944) à le rejoindre pour chanter : A las barricadas,
Giroflé,
Si me quieres escribir
El Paso del Ebro...
Sans parler du chant de los Pinguinos « À la Bastille, on voit passer les Espingouins, debout sur les auto-chenilles... », l’un des chants célébrant la Nueve… À samedi…
Nous y étions ! Il y a désormais une tombe Francisco Boix (en catalan Francesc) au Père Lachaise.
Le livre qui paraît en français aux éditions de Territoires de mémoire (Liège, Belgique), « Le photographe de l’horreur, l’histoire de Francesc Boix et les photos volées aux SS à Mauthausen » est écrit par Benito Bermejo, historien que 24 août 1944 a déjà invité plusieurs fois à participer à des colloques ou hommages. Livre dans l’enfer concentrationnaire, oeuvre de résistance, pour nous, pour vous, pour que nous sachions et n’oublions pas ce qui s’y passait.
Arrivée du cercueil recouvert du drapeau républicain espagnol
Dans la tombe aux pétales de roses rouge
Plaque commémorative triangulo azul
Portrait de Francisco Boix
Ramiro Santistaban ex déporté de Mauthausen( kommando Poschacher) et ex présient de la FEDIP, avec son épouse Nini et Anna Maria, nièce de Francisco Boix
Angel, modeste et doux, nous conte sur les pas de son trajet de vie, une histoire peu banale:
Du deuil de sa maman aux camps d’internements en compagnie de son jeune frère et de sa jeune soeur, il marche espérant trouver le repos et la tranquillité.
Ils sont des enfants perdus dans la tourmente des guerres et le désarroi des adultes, comme il y en a tant et tant encore aujourd’hui.
Il grandit comme il peut, il apprend de la vie et de ses leçons.Il gardera toujours un oeil sur l’Espagne franquiste qu’il déteste. C’est celle qui l’a privé de l’amour maternelle, de la douceur de son foyer. Et lorsqu’il en a l’occasion il s’embarque avec des copains libertaires pour faire sauter le train qui transporte Franco.
Tout est étudié, tout est prêt. Il est le chauffeur de la voiture, car il ne porte pas d’arme.
il doit conduire ses amis et les récupérer. Mais au dernier moment ils apprennent que le train aura d’autres wagons transportant des voyageurs innocents. Alors ils décident de ne pas passer à l’action.
Pourtant repérés ils sont arrêtés et mis en prison. Tous condamnés à mort!
Angel doit la commutation de sa peine en 30 années de prison, il en fera finalement 16 très longues dans les prisons franquistes, à son jeune âge et à l’intervention de plusieurs anciens résistants espagnols (dont son père) auprès des autorités françaises pour intercéder en sa faveur auprès de la « justice » espagnole.
Alors Angel va se recueillir sur les plaques des noms de ses amis, morts pour la liberté en Espagne.
Mais Angel croise aussi ce jeune « charcutier » qui écrit des livres et se passionne pour l’histoire enfouie de ses utopistes amoureux de la liberté à en mourir!
Angel, c’est l’espoir qui marche devant chacun et ouvre la route à l’avenir!
Stéphane Fernandez présente son film Angel
Stéphane Ferandez révèle avec plaisir les secrets d’Angel
En à peine un trimestre, en s’appuyant sur la bande dessinée de Paco Roca, “Los surcos del azar », la consultation du site de l’association « 24 août 1944 » et la rencontre-débat qu’il y avait eu un mois auparavant avec des membres de l’association, les élèves ont élaboré un scénario retraçant l’histoire des combattants de la « Nueve », ces Espagnols antifascistes dont la plupart anarchistes, antimilitaristes, n’hésitèrent pas à s’engager dans les FFL, forces françaises libres, pour continuer la lutte commencée le 18 juillet 1936 en Espagne contre le fascisme.
Sur la scène, en toile de fond, une photographie des hommes de la « Nueve », bientôt remplacé par un diaporama d’archives sur la guerre d’Espagne tandis que l’ensemble des comédiens montent sur scène en chantant « El ejercito del Ebro »
Le texte en espagnol sur-titré en français, particulièrement bien élaboré, va retracer l’histoire de ces antifascistes. À chaque scène, illustrée par des photos d’archives ou le plus souvent, par une planche tirée de la BD de Paco Roca, ils nous racontent la révolution, les espoirs déçus, « l’Espagne enfuie des catacombes » [[Vers tiré de la chanson de serge Utgé-Royo :Un nuage espagnol]], les deux Espagne, les Républicains vaincus mais toujours debout et l’exil, l’attente, la mort.
Celle du poète Machado, en déclamant le magnifique poème d’Aragon [[Les poètes, 1960]] : Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d’Espagne
Que le ciel pour lui se fit lourd
Il s’assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours.
Et puis les dernières évacuations depuis les ports du Levant : Carthagène, Alicante, Almeria, évoquant l’épouvante de ceux qui ne purent embarquer et la peur des autres que leur embarcation ne soit coulée avant d’atteindre les côtes d’Afrique du Nord. L’arrivée à Oran, la mise en quarantaine en attendant une évacuation vers des camps de concentration…
Avec l’approche de la Seconde Guerre mondiale, le chantage odieux des autorités françaises leur enjoignant de choisir entre Franco ou la légion…
Un an après, autre ignominie, la capitulation. Mais, le 18 juin 1940, depuis Londres, l’appel du général de Gaulle. Et là, un de Gaulle plus vrai que nature tant dans la voix que dans la gestuelle.
Retour en Algérie. Les camps de travail, véritables bagnes au milieu du désert où les prisonniers sont voués à une mort lente tant sous les coups que la faim qui les tenaille.
En novembre 1942, le débarquement des américains et la libération de l’Algérie modifie progressivement leur condition de vie. Dès qu’ils le peuvent, nombre d’entre eux vont rejoindre les rangs des FFL, [[Forces françaises libres]]. Beaucoup tomberont durant la campagne de Tunisie. Puis en août 1943, la 2e division Blindée (2eDB) est créée et avec elle, la « Nueve » avec les espagnols antifascistes. Certains parmi eux, rappellent la guerre d’Espagne, la répression, l’exil, l’accueil, l’internement dans les camps en France,…et leur désir de poursuivre la lutte contre le fascisme.
Comme le dira leur capitaine, Raymond Dronne, ils n’étaient pas des militaires comme les autres. Ils pouvaient discuter les ordres mais étaient braves au combat. Malgré leurs bizarreries, Dronne les accepta tout de suite comme il accepta que leurs véhicules soient baptisés par des noms de bataille de leur guerre : Guadalajara, Teruel, Madrid,… Puis vint le départ vers l’Angleterre, et enfin le grand jour. Les tous premiers jours d’août, ils débarquent en France, en Normandie. La lutte sera longue et difficile mais demain, la France libérée, ils continueront en Espagne. Ce ne sera pas si facile dit l’un d’eux. Avant d’arriver à Paris, ils libèrent Ecouché. La bataille est rude. Ils gagnent mais à quel prix. La récompense : Paris. Ils sont les premiers, le 24 août 1944, à y entrer et à parvenir à l’hôtel de ville dans la soirée.
Deux jours plus tard, de Gaulle descendant les Champs Elysées fait son célèbre discours : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière : c’est-à-dire de la France qui se bat. C’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. » Comme pour l’appel du 18 juin, notre comédien en herbe soulèvera l’enthousiasme général de la salle par ses accents gaulliens parfaitement réussis.
Suivra l’échec de l’incursion au Val d’Aran. Il sera plus que jamais évident que sans arme rien n’est possible et que, la France libérée, le gouvernement provisoire comme les alliés ne poursuivront pas la lutte de libération au-delà des Pyrénées.
Cette fresque historique ou l’épopée des républicains espagnols est plutôt bien vue et superbement relatée. L’ensemble des participants, comédiens mais aussi toute l’équipe technique, lumière, sono, mixage, sur-titrage… a fait un travail phénoménal. La mise en scène est parfaite. Certains temps forts : le travail de forçat dans les camps de travail du Sahara, la bataille de Tunis, Ecouché, … donne lieu à de belles chorégraphies.
Les applaudissements et « BRAVO » qui ont salué l’ensemble de l’équipe sont la meilleure illustration de la valeur de cette pièce, nouveau témoignage d’une histoire trop souvent occultée.
Vous trouverez l’intégralité de ce spectacle ci-dessous
https://www.youtube.com/channel/UCN-1eCk93S9G3nohPORvWZA
L’enfant assassiné (extraits) Amparo Poch y Gascón
La balle courrait
Et disait au vent :
— Où est-ce que je me plante
Pour faire le plus de mal ?
L’enfant jouait,
Rêvait à ses jeux. (…)
— Mais ! Que serait la guerre
Si elle était si loin ?
Angel a 86 ans.
Né à Barcelone, il voit sa mère mourir sous ses yeux en 1937. À 10 ans, part en exil sur les routes catalanes, seul responsable de sa sœur et de son frère âgés de 6 et 4 ans. Enfermée dans les camps de concentration français d’Argelès-sur-Mer, la fratrie retrouve finalement à Sarlat le père disparu. Plusieurs années plus tard, Angel revient en Espagne et se fait arrêter, torturer et condamner à mort…
Tout au long du film, Angel sera accompagné par son ami Dominique, lui-même fils d’exilés espagnols. Son père est mort des suites d’une blessure reçue durant la guerre d’Espagne.
’est à Dominique qu’Angel va confier son histoire, raconter ses souvenirs, montrer ses notes, ses photos, ses dessins… Le réalisateur, Stéphane Fernandez, a su nous captiver en entrecoupant les scènes de récits de séquences graphiques animés, une vraie belle trouvaille.
LAND AND FREEDOM / TIERRA Y LIBERTAD 109mn. Film de Ken Loach (1995). Une production : Diaphana films.
Il n’est pas 17h15 que le public commence déjà à se répartir dans la salle de l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris. Nous sommes en train de régler les derniers détails et de tester la clé où Daniel a mis l’intervention d’Edgar Morin à propos du stalinisme fossoyeur d’hommes et d’idéologie surtout s’il s’agit de révolutionnaires capables d’inquiéter sa mise en scène de parti respectable.
La salle est comble, le personnel à l’entrée s’inquiète même de la possibilité de tous à trouver un siège. Mais tout se passe à merveille ! Le film de Ken Loach n’a rien perdu de son sens historique, de la justesse de ton pour relater l’expérience des collectivités paysannes. Il se fait limpide et révélateur lors du conflit entre les communistes d’une part et les anarchistes alliés aux partisans du POUM, [[Parti Ouvrier Unifié Marxiste, Deux organisations communistes le BOC : le Bloc Ouvrier et Paysan et la Gauche Communiste, fusionnent. Le Congrès d’unité, tenu à Barcelone le 29 septembre 1935 a concrétisé cette convergence d’analyse. Le Parti Ouvrier d’Unification Marxiste a pour but essentiel l’unité révolutionnaire de la classe laborieuse, préalable indispensable au triomphe de la révolution démocratico-socialiste ]], d’autre part. Il nous invite à approfondir l’histoire corsetée dans le terme « Républicanos ». Peut-être que ce film doit son actualité à, comme le dit Francis Pallares: —Je crois que, comme pour « Missing » de Costa-Gavras (Chili de Pinochet), comme pour « La Historia oficial » (Argentine de Videla) de Luis Puenzo, cela tient au procédé narratif qui est similaire : on part d’un protagoniste « innocent » qui est dans le « mauvais » camp et qui, peu à peu, découvre la vérité par sa propre expérience. Le cinéaste évite ainsi l’écueil d’une fable simpliste, dichotomique qui s’imposerait le « choix » entre « bons » et « méchants ». »
Ensuite, dans un silence rempli d’émotion, Daniel Pinos présente les intervenants :
Cristina qui est la fille Carles Albert Simó Andreu et petite fille d’Andreu Nin et de Maria Baget Andreu, ([[enseignante et anarchiste, Maria Baget Andreu née à Reus en 1881, Professeur d’école et anarchiste. Maria et Andreu se sont rencontrés à Barcelone où Nin vivait depuis Octobre 1910 et où il milita dans les rangs du PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol) puis à la CNT. C’est très probablement l’école Horaciana qu’André et Maria, se rencontrent. Leur relation va durer une dizaine d’années. Cristina Simó, la petite-fille dit : « Cela n’a pas été une relation très facile, à cause du caractère des deux, du moment historique, de leurs idées et parce que mon grand-père faisait de nombreux allers et retours en prison, etc … » En 1915, de cette relation, est née sa première fille, Maria Antonia Simó Andreu. La famille vit au 16 rue Lancaster, à Barcelone. En 1917, Nin rentre d’une année de déplacement et leur relation reprend. Carles Albert nait en 1918. Andrès et Maria ne se sont jamais mariés. Et les enfants ne prirent pas le nom de famille du père. Carles Albert est le père de Cristina. Nin parti en URSS, Maria a épousé en 1927 Ismael Simó, qui reconnaît les enfants de Maria et André et, leur donne son nom]]). Cristina, loin de revendiquer une filiation qu’elle attribue au hasard, tire sa légitimité de ses propres actes, de ses recherches sur la véritable histoire de son pays et des gens qui le peuplent. Ses investigations passent évidemment par ce grand-père, Andreu Nin ([[1892-1937; Enseignant et journaliste catalan. Secrétaire national de la CNT anarcho-syndicaliste avant Octobre 1917. Rallié au communisme, il part pour Moscou et devient dirigeant de l’Internationale Syndicale Rouge. Nin participe à l’Opposition de 1923 aux côtés de Trotsky, s’éloigne puis retourne à l’Opposition Unifiée. Il est alors exclu du P.C. et expulsé d’URSS en 1930. Revenu en Espagne, Nin transforme l’Opposition de gauche en Izquierda Comunista qui s’intègre au Parti Ouvrier d’Unification Marxiste en 1935, dont il sera le secrétaire. En 1936, il condamne les procès de Moscou et propose de donner asile à Trotsky en Espagne. Mais son entrée au gouvernement catalan provoque la rupture entre les deux hommes. Kidnappé par les services de Staline, Nin est torturé et assassiné après les journées révolutionnaires de mai 1937 à Barcelone]].) sauvagement assassiné et le poids de ce qu’elle n’a pu apprendre de lui, à cause de la chape de silence qui ensevelit l’Espagne depuis 80 ans. Elle ne peut que se souvenir des propos de son père : « Andreu n’était pas ce qu’on appelle un bon père, mais il avait une personnalité si forte et si captivante qu’on ne pouvait qu’être à ses cotés ! » Mais Le père de Cristina, pilote de l’aviation républicaine durant la guerre, meurt dans un accident d’avion sur l’aérodrome de Sabadell en 1969. En plus de l’immense chagrin qui s’abat sur la famille, un grand vide les saisit car il avait promis de tout leur raconter à la mort du dictateur. Aussi avec courage et abnégation, elle a poursuivi son chemin de mémoire, y a découvert le combat des femmes en même temps que celui des militants du POUM lâchement exterminés et trainés dans la boue. Voir sur notre chaine le film de l’intervention de Cristina, réalisé par Eduardo Granados Reguilón https://www.youtube.com/watch?v=9GDIdABR9BE&feature=youtu.be
Frédéric Pierrot ([[Naissance 17 septembre 1960 (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine – France) C’est aux États-Unis que Frédéric Pierrot s’émerveille sur le monde du spectacle. De retour en France, il travaille comme machino sur les plateaux de cinéma et prend des cours de comédie. En 1989, il tourne dans La Vie et rien d’autre de Bertrand Tavernier, grand nom du cinéma français avec lequel il tournera (Capitaine Conan en 1996, Holy Lola en 2004). Depuis il entame une carrière avec les plus grands et les plus engagés tels que Jean-Luc GodardFor Ever Mozart ou Bertrand BlierMon homme. En 2011, il participe au film choc de MaiwennPolisse dont l’interprétation lui vaut une nomination au César 2012 du Meilleur acteur dans un second rôle lors de la 37e Cérémonie Des César 2012.]]) : Acteur de conscience qui a tourné non seulement dans Land and freedom dirigé par Ken Loach, mais également dans Capitaines d’Avril de Maria de Meidero, qui traite de la « Révolution des Œillets » en avril 1974 au Portugal. Frédéric a une belle carrière derrière lui et un chemin d’espoir sous ses pas. Il nous contera avec sensibilité et humour le tournage avec Ken Loach. Grâce à lui, nous avons pénétré dans cet univers secret du plateau. Découvert que ken Loach est le plus grand improvisateur qui soit et qu’il choisit ensuite ses plans parmi la foison qui s’offre à lui. Nous avons appris comment des paysans, des curieux, des acteurs de l’histoire réelle se sont retrouvés mêlés dans l’aventure de ce film. Frédéric nous avoue avec humilité qu’il fut impressionné par ces méthodes de tournage, par les relations d’amitiés qui se nouèrent entre toute l’équipe à cause du metteur en scène qui les laissaient un peu dans l’incertitude et la recherche. Nous rions un peu peinés quand il nous raconte comment l’acteur qui découvre qu’il tient le rôle du renégat, s’est caché derrière les camions du tournage pour pleurer, meurtri d’être le traitre. Mais surtout, il nous dit avoir appris des faits historiques jamais évoqués. Frédéric captive l’auditoire. Nous avons redécouvert l’histoire non dite : « Plus généralement, le film de Ken Loach a eu un impact quand il est sorti dans l’opinion. Et pourtant, pour beaucoup d’entre nous, c’était une histoire connue et archi-connue. Mais personne ne voulait l’entendre. Tout particulièrement en France, en Italie et en Espagne, le poids du stalinisme sur les médias, sur les journaux, sur l’intelligentzia (et tout particulièrement à l’Université), a été tout-puissant pendant des décennies. Et pourtant, il y en avait eu des « signaux » après la Guerre civile : assassinats de militants par la UNE dans les maquis et à la Libération dans le Sud-Ouest et à Toulouse, prisonniers espagnols de Karaganda, procès de Prague et de Budapest, procès Kravchenko, soulèvement de Berlin en 53, révolution hongroise en 56, liquidations internes au PCE, etc…. » (F. Pallares) Après le film nous avons toutes et tous écouté l’intervention qu’Edgar Morin, [[né à Paris le 8 juillet 1921. La guerre d’Espagne en 1936 et sa participation à la SIA, Solidaridad Internacional Antifascista marque son premier engagement politique. Inlassable défenseur de la liberté, aujourd’hui encore, à 95 ans, il prend part aux combats pour la liberté et la justice sociale.]] avait enregistré à notre attention, lui qui a côtoyé le milieu anarchiste et celui du POUM toute sa vie durant. Ami inséparable de Wilebaldo Solano Alonso [[voir article du site http://www.24-aout-1944.org/Wilebaldo-Solano-ou-la-quete-de-verite]]. Son intervention lève toute ambiguïté sur le sort effroyable subi par Nin et tant d’autres compagnons du POUM ou libertaires pour annihiler toute velléité d’instauration d’une république socialiste en Espagne.
Edgar Morin déclare que : « Cet épisode est un des moments les plus tragiques de l’histoire du 20e siècle. »
Épisode pourtant, dont personne ne veut tirer les leçons et attribuer les responsabilités. Vous pouvez retrouver cette intervention sur notre chaine télé , elle a été réalisée par notre compagnon et ami Victor Simal: https://www.youtube.com/watch?v=QkO7KacPQ3Y&t=33s
Il s’ensuivit un débat animé et enrichissant sur les thèmes de la révolution espagnole, des crimes franquistes et des crimes staliniens. Ces deux derniers à des degrés différents bénéficiant encore 80 ans après d’une impunité favorisée par le silence.
La salle de l’auditorium de la ville de PAris`
Intervention d’Edgar Morin
La parole à Frédéric Pierrot
Le débat; intervention de Amada Pedrola Rousseaud
Le débat, intervention de Jean Estivill
Le débat: intervention d’Alexandre Arribas
Le débat: un jeune Espagnol proteste contre el valle de los Caïdos
Le 16 mai, l’association 24 août 1944, vous invite à assister à la projection du film de Ken Loach Land and Freedom (Tierra y Libertad) enfin de rappeler les événements dramatiques pour l’avenir de l’Espagne de mai 37 à Barcelone et l’épuration voulue par Staline qui a abouti à l’assassinat des dirigeants du POUM et de révolutionnaires anarchistes.
La projection sera suivie d’un débat en présence de Cristina Simó et Silvia Ortiz deux des petites-filles d’Andrès Nin dirigeant du POUM assassiné en Espagne, sur l’ordre de Staline ; et Frédéric Pierrot, acteur du film, avec une intervention d’Edgar Morin, philosophe et résistant, proche de Wilebaldo Solano, dirigeant du POUM.
LE FILM DURE 109 MN, DONC SOYEZ PRÉSENTS À L’AUDITORIUM DE L’HÔTEL DE VILLE 5 RUE LOBEAU 75004 (MÉTRO HÔTEL DE VILLE) DÈS 17H45 CAR NOUS COMMENCERONS LA PROJECTION À 18H SONNANT, POUR AVOIR LE PLUS DE TEMPS POSSIBLE À CONSACRER AU DÉBAT.
Réservation par mail : 24aout1944@gmail.com ou par téléphone : 0651728618 ou 0612255285
Au plaisir d’échanger avec vous
Dans le cadre du mois des MÉMOIRES et parce qu’il est urgent de savoir que la volonté de vivre et d’apprendre est la première forme de résistance à l’oppression, l’association 24 août 1944 en partenariat avec la Mairie du 19e vous propose :
Deux grands moments sur la Révolution espagnole: la guerre, la Retirada (retraite), l’exil, les camps en France Et l’implication des antifascistes espagnols dans la Seconde Guerre mondiale: leur Résistance au fascisme. Le 6 mai, au centre Paris Anim’ Place des Fêtes (2/4, rue des Lilas, Paris 19e) 16 h 30 : Lecture de témoignages qui recouvrent l’ensemble de cette période historique, de 1931 à 1945. Cette lecture est agrémentée d’un diaporama avec des photos d’archives et portraits des témoins… 17 h 00 – 18 h 00 : Débat avec le public, durée : 60’ environ. 19 h : Projection du film Il nous faut regarder, de François Boutonnet. En présence du réalisateur. Durée : 52’. 20 h : débat avec le réalisateur François Boutonnet Du 12 au 19 mai, dans le hall de la Mairie Exposition de portraits de combattants de la Nueve, et de femmes espagnoles
Nous sommes arrivés dès le 19 avril. Daniel Pinós est intervenu le soir même, au centre culturel de cet arrondissement dans le cadre d’un échange d’expériences de l’exil, entre : Yenia Camacho Samper, Elsa Osaba Bailo et Julián Rebollo. Au cours de cette table ronde devaient être développés les thèmes suivants : l’exil, sa perception parmi les descendants, l’installation en France et les liens avec l’Espagne, le travail de mémoire. Daniel s’est attaché à décrire ce que fut le combat révolutionnaire des libertaires aragonais de Los Monegros en Aragon, l’idéal qui les a portés et aidés à déplacer des montagnes pour parvenir à ce qu’ils considéraient comme une organisation de société juste et partageuse. Une génération entière de femmes et d’hommes qui dès le 19 juillet 1936, à Sariñena, son village comme dans toute l’Espagne se levèrent dans le vent de la révolution pour créer la collectivisation des terres agricoles, abolir l’argent, redistribuer les terres aux paysans, mettre en place des écoles pour tous les enfants, reprendre la production des usines, remettre en route les transports.
Daniel nous dit : « Ma mère résumait les choses ainsi « Jamais je n’ai travaillé avec autant d’enthousiasme, sans être payée, sans vacances, pour une cause aussi belle ! ». Cette phrase retranscrit le sentiment et le courage qui animaient tout un peuple prêt à beaucoup de sacrifices pour réaliser la mise en place d’une société égalitaire.
Hélas, ce fut un rêve avorté et Daniel nous décrit la déception de sa famille comme celle de tous ceux qui avaient cru pouvoir enfin atteindre le socialisme libertaire. C’est dans cet état d’esprit de défaite que se déroula l’exode vers la France : les hommes gardaient les armes à la main pour protéger les populations civiles qui fuyaient l’arrivée des franquistes. Puis ce fut l’humiliation des camps sur la plage, les séparations, la faim, les maladies et la guerre qui profilait son spectre de mort et de destruction. Cette guerre à armes inégales qui les avaient pourchassés depuis juillet 1936 était à nouveau sur leurs talons avec son cortège de drames.
Les hommes de la Nueve sont de ceux qui, fiancés de la liberté et de la justice, se sont engagés pour défendre ces valeurs.
Daniel nous explique comment les Espagnols, étrangers indésirables de l’époque se sont portés volontaires pour défendre la liberté contre le fascisme, mais aussi comment en 1945, ils furent laissés à leur pauvre sort d’exilés quand les alliés décidèrent de faire de Franco un atout de la guerre froide contre l’URSS.
C’est ainsi que beaucoup s’installèrent en France pour y faire souche. Et après la mort du dictateur, suite à la « transition démocratique » entamée en 1975 avec l’accord de tous les partis politiques de la droite au parti communiste, les bourreaux et les assassins du régime franquiste ne rendirent jamais compte de leurs actes. Les gouvernements de l’Espagne installaient un silence complet sur l’histoire réelle du pays.
Aujourd’hui des associations espagnoles réclament au gouvernement l’abolition de l’impunité des bourreaux, la reconnaissance des déportés et l’ouverture des fosses communes.
Le 20 avril, nous étions à l’inauguration du jardin des combattants de la Nueve.
À notre grande et agréable surprise, il y avait une foule très dense qui se pressait sur le périmètre de ce jardin. L’air avait un parfum de fronde, flottaient au vent des drapeaux aux couleurs de la république mais aussi beaucoup de drapeaux rouge et noir de la CGT et de la CNT qui au-delà d’une revendication républicaine exprimaient un besoin de justice sociale et de liberté. La foule était composée d’anciens antifascistes, et de leurs descendants venus rendre hommage aux hommes de la Nueve à travers la présence de Rafael Gomez, dernier survivant de cette épopée. Beaucoup étaient groupés derrière leur association de mémoire et de revendication contre l’impunité. Nous avons eu le privilège, en tant qu’association 24 août 1944, d’intervenir pour expliquer combien nous, descendants d’exilés, étions attachés à l’histoire de nos ainés et que notre mission était de transmettre leur histoire pour qu’elle serve aujourd’hui d’espoir face à la noirceur qui s’installe sur l’Europe et le monde. Les jeunes du lycée français de Madrid ont lu des textes qu’ils avaient élaborés avec leur professeur sur le périple de ces hommes, ce fut un moment très émouvant. Puis il y eut les discours officiels de la maire de Paris et de la Maire de Madrid : discours de paix et de fraternité durant lesquels les voix pour la levée l’impunité des crimes se sont faites entendre.
D’autres réclamaient une République ! Mais de quelle république s’agit-il ? Celle, du Bienio negro de 1933-1935, la république répressive de la finance qui sévit un peu partout dans le monde ou celle révolutionnaire del Frente Popular de 1936-1937, une république sociale qui respecte les humains, leur droit à une vie décente et à la dignité ?
Le dépôt de gerbes et les remerciements de la foule à Rafael Gomez ont conclu cette journée émouvante et pleine d’avenir. Le lendemain 21 avril nos amis Alberto Marquardt réalisateur du film La Nueve ou les oubliés de la Victoire, et Raúl Monteagudo, auteur du roman espagnol : Cuando los republicanos liberaron Paris présentaient justement ce magnifique documentaire dans lequel Luis Royo et Manuel Fernandez, deux des trois derniers survivants à l’époque, nous parlent de leur passionnante épopée avec beaucoup de lucidité et d’humour. Ils reviennent sur leur histoire, certains d’avoir fait ce qu’il fallait faire pour vivre selon leur idéal de liberté. La salle était bien pleine et le public attentif au documentaire et aux commentaires. Vous trouverez ici le lien sur notre chaine pour le reportage de cette journée, l’intégralité de l’évènement ainsi que l’intégralité des textes lus par les représentants de notre association les 19 et 20 avril et Le reportage de la chaîne Rojo y negro de la CGT. Sur notre chaine Youtube retrouver aussi bien d’autres films dont : Le camp d’Argelès de Felip Solé Le déroulement du 24 août 2016 filmé par Victor Simal avec l’intervention d’Edgar Morin; La Nueve ou les oubliés de l’histoire d’Alberto Marquardt, La marche sur les pas de la Nueve du 24 août 2014 filmée par Carlos Belmonte, La pièce sur les témoignages des hommes de la Nueve mise en espace par Armand Gatti, le film de la CNT espagnole 36 : Bajo el signo libertario et bien d’autres magnifiques surprises…. https://www.youtube.com/channel/UCN-1eCk93S9G3nohPORvWZA/videos?flow=list&view=0&sort=p
Les Espagnols sur le Guernika
Une assemblée féminine pour la Nueve
Mur de photos des disparus, victimes du franquisme
L’association 24 août est cordialement invitée à cet événement. Nous participerons dès le 19 avril à un débat sur les traces de l’exil sur les jeunes générations, puis nous prendrons la parole lors de l’inauguration du jardin. Nous avons également faciliter les contacts notamment avec le réalisateur Alberto Marquardt qui présentera son film La Nueve ou les oubliés de la victoire, en compagnie de Raül Monteagudo, auteur d’un roman : Cuando los republicanos liberaron Paris. le 21 avril.
« Beaucoup d’entre nous, depuis 1938, n’avons plus jamais pensé à ce pays fraternel sans une secrète honte (…) Car nous l’avons d’abord laissé mourir seul. Et lorsqu’ensuite nos frères, vaincus par les mêmes armes qui devaient nous écraser, sont venus vers nous, nous leur avons donné des gendarmes pour les garder à distance… »
[[(« Nos frères d’Espagne », Albert Camus, Combat, 7 septembre 1944.)]]
Aujourd’hui, faire mémoire de la tragédie espagnole d’hier résonne dans le récit permanent de la douleur des peuples qui fuient la guerre, la peur et et la faim pour s’échouer sur les terres d’abondance de la forteresse européenne…
Un jour de printemps 2013, je me retrouvais, très ému, à Montreuil, au dernier étage sous les toits, dans le bureau-bibliothèque de Dante, alias Armand Gatti, avec quelques compagnons de notre toute neuve association de mémoire espagnole [[(24-aout-1944.org)]]. Hélène Châtelain, compagne de Dante, restait debout contre un mur et nous regardait tranquillement ; le vieux chien de la maison dormait sous ma chaise. Je n’avais pas revu Gatti depuis Liège, en 1983, où il venait présenter son film Nous étions tous des noms d’arbres (les jeunes frères Dardenne avaient collaboré à la réalisation liégeoise). Le poète avait devant lui le livre de l’histoire incroyable de ces républicains espagnols [[(La Nueve, 24 août 1944. Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Evelyn Mesquida, Le Cherche Midi, 2011)]] qui, vaincus hier dans leur pays par le fascisme international des années trente, devaient participer, cinq ans plus tard, à la libération de la France : Normandie, Paris, Strasbourg, Berchtesgaden…
Nous demandions alors à Gatti d’écrire une pièce de théâtre d’agit-prop, comme il l’avait fait en 1968 avec La passion du général Franco (interdite de TNP par de Gaulle, puis autorisée sous le titre Passion en violet, jaune et rouge, et jouée dans les entrepôts Calberson en 1972). L’homme arborait sur sa veste de toile noire un badge « Durruti ». Nous regardant tous attentivement, il avait brandi le bouquin de La Nueve en disant : « Je n’ai pas besoin d’écrire : tout est là ! » Et il nous désignait chacun du doigt en ajoutant : « Et c’est vous qui allez la jouer ! ».
Je dois dire que certains de mes compagnons étaient un peu consternés à l’idée de « faire le comédien » – la plupart étaient des militants syndicalistes et libertaires, peu enclins à monter sur scène. J’étais le seul saltimbanque de la bande, mais je ne pensais pas, alors, pouvoir trouver le temps d’apprendre, répéter et jouer une pièce qui n’était, d’ailleurs, pas encore écrite. Mais Gatti était très persuasif. Je me souviens que cette rencontre s’était répétée plusieurs fois avant que le projet prenne corps. Jean-Marc Luneau, ami et collaborateur de Gatti, assisterait efficacement celui-ci dans la mise en scène. Stéphane Gatti, un des fils, participerait au choix de témoignages de républicains contenus dans le bouquin, et monterait un film documentaire projeté pendant la pièce.
Armand Gatti jubilait de voir des anars de l’an deux mille prendre les mots des anars des années quarante et jouer les soldats antimilitaristes comme leurs compagnons d’antan… Nous avons donc dit les mots et chanté les chants devant des centaines de spectateurs et spectatrices – dont beaucoup venus d’Espagne – à La Parole errante de Montreuil, La Clef ou le Vingtième Théâtre de Paris. Gatti était de toutes les répétitions et de toutes les représentations. Sa générosité, bien connue de tous les militants syndicalistes, associatifs ou politiques, mettait le vaste lieu de La Parole errante à la disposition de l’intelligence en mouvement, du théâtre d’interpellation onirique, des chants du monde…
Je ne sais pas ce que deviendra maintenant cet endroit magique de la liberté de parole, à Montreuil. Je sais que Dante ne dira plus ses poèmes. Je sais qu’il n’assistera plus aux répétitions de ses pièces ou d’autres créations. Je sais qu’il rit désormais dans la galaxie des révolutionnaires non-alignés. Je sais que je suis affreusement triste et que nous sommes nombreux et nombreuses à l’être.
Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.
Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.
Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…
Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.
L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.
** Armand Gatti: Passion du général Franco – La tribu des Carcana, Seuil, 1975.