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Étiquette : République

04/ 1936 – Guerre et révolution sociale

Formation des milices de défense Barcelone 19 juillet 36

El pronunciamiento

La victoire électorale du Frente Popular en février 1936 a suscité un espoir social parmi les classes laborieuses, mais la droite conservatrice s’oppose à l’application des réformes. Le moindre événement dégénère en émeute. Entre février et juin 1936, on recense 161 incendies d’églises, 213 attentats, 113 grèves partielles, etc. L’économie est paralysée, les assassinats politiques se multiplient. Les militants de droite et de gauche s’affrontent mortellement dans la rue. La bourgeoisie et ses partis cherchent à renverser ce gouvernement populaire. Attentats militaires et phalangistes participent à la déstabilisation du pays. Les généraux complotent et tentent à plusieurs reprises  un soulèvement. Le gouvernement de Casares Quiroga, informé des dangers, déplace les généraux et les sépare mais pas très efficacement ; au contraire, ces déplacements facilitent souvent les plans des séditieux (Mola, à Pampelune, est en terrain conservateur, Franco, aux Canaries, se rapproche de l’armée du Maroc où il a officié et où il reste très apprécié des officiers de garnison…). Dans la première quinzaine de juillet, José Castillo, lieutenant des Gardes d’assaut, est abattu à Madrid. Le lendemain, ses compagnons, en représailles, assassinent le monarchiste Calvo Sotelo. Ces deux assassinats donnent le coup d’envoi du pronunciamiento des généraux factieux, qui aura lieu à Melilla. Le triumvirat de tête des insurgés est constitué de Goded, Mola et Franco, qui rendent compte à leur chef présumé, Sanjurjo, exilé au Portugal. La marine, restée fidèle à la République, fait obstacle au passage des troupes rebelles vers l’Espagne. Franco passe alors un accord avec Hitler pour organiser le transport de ses troupes par avion ; c’est le premier pont aérien d’une telle ampleur. La rébellion s’étend bientôt sur le territoire national. Le gouvernement refuse de donner des armes au peuple et aux syndicats. Conséquence tragique : les tentatives de ces derniers pour défendre la République en Andalousie s’achèvent dans un bain de sang à Algésiras, Cadix, Cordoue, Grenade, Huelva et Séville. Dans cette ville, les troupes fascistes sont commandées par le général Queipo de Llano, qui répand la terreur par la voix de Radio Séville. Les premiers Moros commettent des massacres dans les quartiers ouvriers. En revanche, Almería résistera jusqu’à la fin de la guerre, même partiellement détruite en 1939 par la flotte allemande, durant les derniers combats de la guerre civile. En face, les fascistes répandent la terreur. Mola déclare : « Nous devons semer la terreur… laisser une impression de domination totale en éliminant, sans scrupules ni hésitations, tous ceux qui ne pensent pas comme nous.»  « ¡Hay que sembrar el terror, hay que dejar sensación de dominio eliminando sin escrúpulos ni vacilación a todos los que no piensan como nosotros !» General Emilio Mola, julio 36.[1] Le général Queipo de Llano terrorise l’Andalousie en promettant « une mort violente aux chiens rouges et le viol pour leurs femmes » sur Radio Séville[2].

[1] La Guerre d’Espagne, p. 21, BT2,  25, Pemf, école moderne Freinet, Mouans-Sartoux, 2000.

TV-3 muestra otro capítulo de la sistemática represión franquista « 30 minuts » emite la primera parte de « Les fosses del silenci »
el Periódico de Cataluña, 2/03/2003.

[2] La Révolution et la Guerre d’Espagne, p. 385, Pierre Broué et Émile Témime, Éditions de Minuit, Paris, 1961.

 

17 juillet 1936 : À Melilla, [1] l’état de siège instauré par des généraux rebelles au nom de Franco [2] Premières exécutions : militants de gauche et officiers loyalistes, dont le commandant et maire de Melilla : le général Romerales, puis le général Gómez Morato ainsi que le haut commissaire civil Alvarez Buylla. Arrestations massives d’opposants au coup de force de l’armée notamment parmi les appelés catalans et basques.

18 juillet 1936 : Les généraux Orgaz et Franco prennent possession de l’île sur laquelle ils ont été assignés et décrètent la loi martiale dans toutes les Canaries. 5h15 : le manifeste de Franco est diffusé sur les ondes des Canaries et du Maroc :
“ …Je vous appelle à restaurer la fraternité, la liberté et l’égalité (…) Vive l’honorable peuple espagnol ! ”
Il se rend ensuite au Maroc avec l’avion de Cécil Bebb [3].

Au conseil des ministres, les officiers loyalistes et les dirigeants de la Gauche demandent que l’on distribue des armes aux syndicats. Le premier ministre Casares Quiroga refuse. Cette décision favorise le soulèvement notamment dans les grandes villes d’Andalousie. L’armée est aidée de la phalange et de la garde civile. À Séville, Malaga, Cadix, les combats sont rudes.
À Madrid les manifestations ouvrières réclament des armes, le ministre refuse mais 5 000 fusils sont livrés par le lieutenant-colonel, socialiste, Rodrigo Gil, à l’UGT.
La légion (El tercio), l’armée d’Afrique des “ regulares ” marocains, les deux tiers de l’armée métropolitaine et une partie de la garde civile appuient le soulèvement des généraux.
Un tiers de l’armée métropolitaine, la garde d’assaut restent fidèles au gouvernement démocratiquement élu. Ses autres appuis seront les adhérents des syndicats ouvriers et paysans et ceux des partis de gauche. Ils n’ont pas d’armes…
Pendant ce temps le gouvernement essaie de négocier avec les généraux séditieux [4]. Mola refuse les propositions d’entrer au gouvernement.

19 juillet 1936 : Un nouveau gouvernement sous la présidence de José Giral est constitué et décide de distribuer les armes aux syndicats. Giral télégraphie dans la soirée à Léon Blum pour demander des avions, des armes et des munitions.
- Madrid : sur 65 000 fusils distribués, 60 000 n’ont pas de culasses. Il faut prendre ceux de la caserne de la Montaña, dans laquelle le colonel Serra refuse d’obtempérer.
La pasionaria prononce, devant le ministerio de la gobernación (premier ministre), le fameux ¡No pasaran !
- Cadix, 200 regulares marocains débarquent. Mais les marins et ouvriers de l’armée, fidèles à la République, contrariant les plans de Franco, se révoltent, fusillent leurs officiers et font obstacle au passage des troupes rebelles vers l’Espagne. Le général Queipo de Llano terrorise l’Andalousie [5]. En revanche Almería résistera jusqu’à la fin de la guerre [6].
- Barcelone, le président Companys refuse de distribuer des armes à la population mais la CNT prend d’assaut plusieurs dépôts militaires. Les forces du putsch tentent de rejoindre les autres colonnes amies, mais elles sont arrêtée par les anarchistes, les gardes d’assaut et, fait remarquable, des gardes civils.

20 juillet 1936 : Barcelone, le soulèvement militaire est un échec face aux forces armées de la CNT et de la FAI (Fédération anarchiste ibérique).
Dans la soirée Lluís Companys reçoit les véritables vainqueurs, les anarchistes [7]. et leur remet ses pouvoirs [8]. Les anarchistes déclinent ce pouvoir que leur donnait leur victoire. [9]
- Séville : le général Queipo de Llano s’empare des quartiers ouvriers et populaires qui sont sans armes. Les massacres sont atroces, puis les légionnaires anéantissent la ville basse [10] au canon. Le peuple se bat quasiment à main nue. L’armée perpétue des assassinats.
Un avion part pour Lisbonne pour ramener le Général Sanjurjo. Celui-ci se charge d’une malle trop lourde (costumes d’apparat), l’avion ne peut décoller, il heurte les cimes des arbres et s’enflamme, le “ lion du Rif ” meurt carbonisé. Restent, pour la tête de cette sédition, les généraux : Mola (dans le Nord), Queipo de Llano (Sud, Séville) et Franco (Maroc et Sud Ouest). Ils détiennent après les premiers combats : un tiers du territoire, les Canaries, les Baléares (sauf Minorque) et le Maroc espagnol.

Entre le 20 et le 26 juillet 1936 : Les contre jeux olympiques qui devaient se tenir à Barcelone sont annulés mais des sportifs resteront pour se battre au côté de la république espagnole, ils seront parmi les premiers internationaux de la guerre d’Espagne. D’autres organiseront, le 26 juillet, dans la région parisienne, des jeux sportifs dont les bénéfices iront à la république espagnole.

21 juillet 1936 : Barcelone : Suite à la demande des anarchistes auprès du président Companys, se forme le Comité des milices antifascistes de Catalogne, où sont représentés tous les secteurs de la population républicaine et ses organisations politiques et syndicales , création du : 3 UGT ; 3 CNT ; 3 Gauche catalane ; 2 FAI ; 1 PSUC (parti socialiste unifié de Catalogne), 1 communiste ; 1 Action catalane ; 1 POUM ; 1 Rabassaire (travailleurs viticulteurs).
Violentes répressions dans les régions soumises par les militaires. Tueries également dans le camp républicain, mais plus du fait d’individus isolés que comme moyen systématique de domination tandis que, dans le camp fasciste, la terreur est utilisée comme une arme. Mola l’a prévue : “ Il faut répandre une ambiance de terreur. Nous devons créer une impression de domination… Quiconque est ouvertement ou secrètement un partisan du front populaire doit être abattu ! ”

22 juillet 1936 : Tolède, le colonel José Moscardo s’enferme dans l’Alcazar, palais fortifié à l’entrée de la ville avec 1 300 gardes civils, des phalangistes, des sympathisants d’extrême droite, 600 femmes et enfants. Ils tiendront jusqu’au 28 septembre, date où Franco envoie Yagüe les libérer.

24 juillet 1936 : Burgos création d’une junte de défense nationale qui soutient le soulèvement, avec : Miguel Cabanellas Ferrer comme président, [11] les généraux Emilio Mola, Fidel Dávila Arrondo, Miguel Ponte y Manso de Zúñiga et Andrés Saliquet Zumeta, les colonels Federico Montaner Canet et Fernando Moreno Calderón. Francisco Franco y Behamonde n’y rentrera qu’en Août. Il attend son heure.
Barcelone : constitution et départ d’une colonne de 10 000 volontaires, en majorité anarchistes, pour Zaragoza, menée par Buenaventura Durruti.
Paris : Léon Blum accepte d’envoyer à la république espagnole : 20 bombardiers Potez et diverses armes (fusils Lebel, mitrailleuses Hotchkiss, obusiers Schneider et les cartouches et bombes adéquates).

25 juillet 1936 : Crise politique en France à propos de cette aide, méfiance en Europe. Blum, à contrecœur, recule. Finalement ce sont des personnalités antifascistes parfois au sein même du gouvernement qui livreront les armes : Jean Moulin, André Malraux, Léo Lagrange… 70 avions envoyés près de Barcelone. André Malraux formera et commandera l’escadrille “ España ” (20 Potez 54), qui sera pilotée par des hommes de toutes nationalités et entrera en action, au mois d’Août 36, en Estrémadure.
Bien avant l’organisation des brigades internationales, des étrangers socialistes, anarchistes ou sans idéologie connue combattront dans les milices : Italiens (bataillon “ Gastone-Sozzi ” et colonne “ Giustizia e Libertà ”), Allemands (centurie « Thaelmann ”), Français et Belges (bataillon « de Paris ”), Anglais (centurie « Tom Mann ”). Au total plus de 1 500 hommes et femmes. Internationalisation du conflit dès Août 1936.

Madrid : Les communistes sont de plus en plus influents au sein de l’UGT.

Le ravitaillement s’effectue grâce aux restaurants communautaires, les convives paient avec des bons émis par les syndicats UGT et CNT.
Les anarchistes sont très influents en Andalousie et en Catalogne : nombreuses expériences sociales seront menées dans tous les domaines économiques primordiaux pour la survie des populations : agriculture, transport, fluides, industrie. Cette organisation s ‘étend dans toute l’Espagne républicaine des centaines de milliers de personnes vivent des et dans les collectivités.
Dans les provinces basques, la vie reste bourgeoise et catholique, avec une police basque, un clergé et des catholiques fidèles à la République.
Mola fait route sur Madrid ; les miliciens l’arrêtent.

26 juillet 1936 : Hitler accepte la demande de Franco, lui mettant à disposition des avions de transport pour les troupes du Maroc. 52 Junker quittent l’Allemagne et 9 Savoia-Marchetti quittent l’Italie pour le Maroc.
D’août à Septembre, l’aviation allemande fera 677 traversées, amenant ainsi 12 000 hommes, premier pont aérien de l’histoire.

Entre le 21 et le 31 juillet 1936 : Les premières colonnes révolutionnaires partent de Barcelone en direction de l’Aragon ou de Madrid. Voici leur composition : CNT-FAI : 13 000 miliciens ; POUM : 3 000 ; UGT : 2 000 ; Généralité de Catalogne et gardes d’assaut : 2 000.

31 juillet 1936 : À Valence, les officiers et les simples soldats loyalistes prennent d’assaut la caserne des officiers.
Entre le 29 juillet et le 5 août 1936:1 500 hommes des troupes du Maroc gagnent l’Espagne par les airs.
S’ouvre la guerre économique, chaque partie profitant des industries et productions agricoles sous son contrôle.
Les républicains s’étaient appropriés la fabrique d’armes et de poudre de Murcia, il en existait une autre à Tolède, mais aucune de ces deux n’était aussi importante que l’usine nationale de poudre et explosifs d’El Fargue, près de Grenade, qui resta aux mains des militaires insurgés contre la République.

1er août 1936 : Hitler ouvre les jeux olympiques à Berlin, dans un stade où l’assistance clame des slogans nazis. La délégation sportive française, officiellement désignée par les délégués français du Comité olympique entre sur le terrain en faisant le salut fasciste.
Cadix, arrivent, une dizaine de bombardiers venant de Hambourg qui s’ajoutent à ceux provenant d’Italie. Salazar, dictateur portugais, promet toute son aide aux insurgés.

2 août 1936  : la France propose une “ Convention internationale de non-intervention dans les évènements espagnols. ”.

3 août 1936 : Le journal communiste français L’Humanité reste réservé du fait que le PCE est minoritaire dans le mouvement et écrit : « Le peuple espagnol (…) n’a qu’un seul but : la défense de l’ordre républicain dans le respect de la propriété. »

8 août 1936 : Constitution à Londres du Comité de non-intervention en Espagne.

9 août 1936 : Les Baléares, Ibiza : soulèvement des ouvriers contre la garnison nationaliste. L’île redevient républicaine, le poète Rafael Alberti est libéré.

11 août 1936 : Pays basque entrée des nationalistes à Tolosa.

14 août 1936 : Badajoz, la légion et les troupes marocaines du colonel Yagüe attaquent la ville. Une répression, qui dépasse en horreur tout ce qui fut vécu jusque là, s’abat sur la ville. Protestations internationales. L’accès à la frontière portugaise est coupé. L’Ouest de l’Espagne est aux mains des nationalistes.

15 Août 1936 : Les français (Yvon Delbos, ministre des affaires étrangères) proposent, aux autres gouvernements, un texte d’un accord de non intervention : “ …Le gouvernement français interdit, en ce qui le concerne, l’exportation directe ou indirecte, la réexportation et le transit à destination de l’Espagne, des possessions espagnoles ou de la zone espagnole du Maroc, de toutes armes, munitions ou matériel de guerre, ainsi que de tous aéronefs, montés ou démontés et de tous navires de guerre. Cette interdiction s’applique, aussi, aux contrats en cours d’exécutions. ”

16 août 1936 : Arrestation par la Phalange du poète Federico García Lorca, qui s’était réfugié au début du soulèvement chez des amis à Grenade.

17 août 1936 : Les mariages sur le front sont légalisés.

19 août 1936 : Assassinat de Federico García Lorca, dont le corps est jeté dans une fosse commune, à Víznar (Grenade).

22 août 1936 : Exécution sommaire par les républicains de plusieurs anciens ministres : José Martinez de Velasco, Manuel Rico, Ramón Alvarez.

23 août 1936 : Création de tribunaux populaires, afin de freiner les massacres des opposants à la République.

30 août 1936 : Entrée en vigueur du pacte de non-intervention. Bien qu’ils soient signataires les États fascistes violeront immédiatement la non-intervention et armeront le camp nationaliste.

Fin Août 1936 : Avec la chute du Pays Basque, l’exode s’amorce déjà : 15 000 personnes trouvent refuge en France.

Septembre 1936 : L’URSS envoie un nouvel ambassadeur Marcel Izvailevic Rosenberg, avec lui 500 soviétiques officiers, techniciens, policiers, économistes, traducteurs….

3 septembre 1936 : Franco renforce son audience dans son propre camp avec la victoire de l’armée d’Afrique à Talavera.

Meeting au Vélodrome d’hiver à Paris avec Dolorès Ibarruri (la Pasionaria). La députée communiste espagnole s’écrie : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ! » et termine son discours par un : « Aidez-nous ! »

4/5 septembre 1936 : Giral démissionne. Largo Caballero est nommé premier ministre. Il prend avec lui des communistes ; les anarchistes refusent de rentrer au gouvernement.
Nouveau gouvernement : 6 socialistes, 2 gauche républicaine, 2 union républicaine, 2 gauche catalane ; 2 communistes, 1 nationaliste basque.

13 septembre 1936 : Pays basque, Saint Sébastien : entrée des nationalistes, deuxième ville basque après Irun (le 4) à tomber.

14 septembre 1936 : Pie XI parle de la “ haine véritablement satanique de Dieu ” qui anime les républicains.

18 septembre 1936 : Constitution, à Moscou, des Brigades internationales par Staline. Leur organisation devient la tâche principale du Komintern.

21 septembre 1936 : Franco se fait nommer généralissime

27 septembre 1936 : Madrid premiers raids aériens allemands.
Barcelone : entrée de quatre ministres anarchistes au gouvernement catalan Antonio García à la Santé, José Domenech au Ravitaillement, Juan Fábrega à l’Économie. Andrés Nin, dirigeant du POUM, entre dans ce même gouvernement, à la Justice.

28 septembre 1936 : Fin du siège de l’Alcazar de Tolède. Moscardó en sort vainqueur.
Après de longues et secrètes tractations, Franco se fait nommer par la junte : “ Chef du gouvernement de l’État espagnol pour la durée de la guerre ”. Quelques jours plus tard, il obtient les pleins pouvoirs.

1er octobre 1936 : Un défilé militaire organisé à Burgos célèbre la consécration de Franco en Caudillo. La junte de défense nationale est remplacée le jour même par un conseil technique de l’État (Junta técnica del Estado) présidé par Fidel Dávila.

4 octobre 1936 : URSS à Odessa, départ des navires chargés de matériel militaire pour l’Espagne républicaine.

7 octobre 1936 : Nouvelle offensive de l’armée d’Afrique contre Madrid.

8 octobre 1936 : Statut d’autonomie du Pays basque : Euzkadi. José Antonio Aguirre est élu président. Son gouvernement : 4 nationalistes basques, 3 socialistes, 1 communiste, 1 union républicaine, 1 gauche républicaine.

10 octobre 1936 : Arrivée, sur le sol espagnol, des premiers tanks soviétiques T-26. Avec les officiers de commandement (Colonel Semion Krivoshein, Paul Arman “ Greisser ”) ; la 1er brigade mixte du général Lister les appuie.

12 octobre 1936 : Salamanque anniversaire de la découverte de l’Amérique, “ jour de la race ” (espagnole).
 [12]

13 octobre 1936 : À Paris, 500 volontaires français, polonais, et russes exilés embarquent à la gare d’Austerlitz, pour aller combattre aux côtés des républicains espagnols. À Barcelone, arrivent 600 hommes dont des Anglais, des Allemands, des belges, des Américains et bien d’autres encore (70 nationalités). Albacete devient le quartier général des Brigades internationales. Tout le long du mois, les renforts internationaux en hommes vont arriver. André Marty, pour les français, Luigi Longo pour les italiens prennent la direction de ces colonnes étrangères.

24 octobre 1936 : Décret de collectivisation de l’industrie. Il faut que le pays continue de fonctionner et de répondre aux besoins du pays et de la population. Les tramways de Madrid et de Barcelone sont gérés par l’UGT et la CNT.

25 octobre 1936 : À Carthagène, Largo Cabellero et Négrin, sans avertir le président Azaña, envoient à l’URSS une grande partie (457 tonnes) des réserves d’or de l’Espagne (quatrième stock du monde) pour « le mettre à l’abri des fascistes » et en paiement des matériels de guerre fournis par l’URSS.

2 au 9 novembre 1936 : À Paracuellos del Jarama, dans la province de Madrid, massacre, par les républicains, de près de 2 000 prisonniers favorables au soulèvement. Santiago Carrillo et Magarita Nelken en portent la responsabilité.

4 novembre 1936 : Madrid : La CNT entre au gouvernement central :
Juan García Oliver (justice), Federica Montseny (Santé), Juan Peiro (Industrie), Juan Lopez Sanchez (Commerce).

6 novembre 1936 : Début du siège de Madrid par les nationalistes. Franco s’acharne : il veut célébrer Noël dans la capitale.
Le même jour la légion Condor quitte Berlin pour l’Espagne : 4 escadrilles de bombardiers (48 Junker 52), 4 escadrilles de chasse (48 Heinkel 51), 1 escadrille d’hydravions de reconnaissance, 1 Heinkel 70 pour les reconnaissances photographiques, 4 compagnies de chars (16 chars), batteries antiaériennes et antichars, 3 800 hommes sous le commandement du général Von Sperrle et du Lieutenant-colonel Wolfram Freiherr von Richthofen, chef d’état-major.

7 novembre 1936 : La défense de Madrid est confiée à une junte dirigée par le général Miaja. Le gouvernement se transfère à Madrid. Koltov, conseiller soviétique, désigne les nouveaux commissaires de la République. Il fera aussi procéder à des massacres de prisonniers. Seul Melchor Rodriguez, directeur des prisons, fonctionnaire anarchiste, s’élèvera contre cette horreur.

8 novembre 1936 : À Madrid, arrivée des Brigades Internationales, début de la contre offensive républicaine : 8 500 hommes des 11e et 12e brigades participent à la contre-offensive républicaine de novembre, avec 170 avions, 53 chars, et au total 40 000 hommes.

9 novembre 1936 : Les troupes républicaines arrêtent de l’avance nationaliste sur la capitale.

12 novembre 1936 : Arrivée de Buenaventura Durruti à la tête de 4 000 miliciens anarchistes.

18 novembre 1936 : L’Allemagne et l’Italie reconnaissent l’Espagne de Franco.

19 novembre 1936 : Après procès, condamnation à mort de José Antonio Primo de Rivera. Les anarchistes sont opposés à sa condamnation à mort ainsi que la plupart des ministres du gouvernement républicain.
Madrid : Durruti est mortellement blessé devant la cité universitaire. Il meurt le lendemain à l’âge de 40 ans.

20 novembre 1936 : José Antonio Primo de Rivera est fusillé à la prison d’Alicante.

23 novembre 1936 : L’enterrement de Durruti suivi par des centaines de milliers de personnes silencieuses dans la ville assiégée. Ricardo Sanz est nommé pour le remplacer à Madrid.
Après 4 jours de bombardements intensifs de la capitale, les nationalistes et leurs alliés reportent l’attaque frontale devant la résistance acharnée des milices et des brigades. 10 000 victimes des bombardements.

28 novembre 1936 : À Barcelone, Antonov-Ovseenko, consul général de l’URSS dénonce la Batalla, organe de presse du POUM. L’attaque contre ces dissidents commence, orchestrés par Staline. Le POUM et la FAI sont les seuls à dénoncer les procès qui ont lieu à Moscou.
La FAI compte 30 000 membres.

14 décembre 1936 : Offensive nationaliste secteur de Madrid, prise de Boadilla. Riposte avec les chars du général Pavlov et les brigades internationales “ Thaelmann ”, “ commune de Paris ”, et Dombrowsky ”. Boadilla est reprise.

16 décembre 1936 : À Barcelone, nouveau cabinet catalan formé par Josep Tarradellas : 3 gauche catalane, 3 UGT ; 4 CNT, 1 rabassaire.
Andrès NIN (dirigeant du POUM) est exclu de la nouvelle formation, sous la pression des communistes, accusé de déloyauté et d’antisoviétisme.

21 décembre 1936 : Staline conseille à Largo Caballero de remettre à plus tard la révolution sociale et de s’allier avec les forces bourgeoises.

25 décembre 1936 : Federica Montseny, ministre de la Santé, appuyée par le docteur Félix Marti Ibañez, promulgue le décret de libéralisation de l’avortement.

28 décembre 1936 : À Lopera, limite des provinces de Jaen et de Cordoue, offensive républicaine avec le bataillon La Marseillaise, comprenant des Français, et une compagnie anglaise de la 14e Brigade internationale. Après la bataille, André Marty, membre du Komintern et un des principaux chefs des Brigades internationales, curieusement accuse de trahison le commandant Gaston Delasalle, commandant le bataillon La Marseillaise. Ce dernier, en 1919, s’était opposé à André Marty au cours de la révolte des marins dans la mer Noire. Marty le fait passer devant un peloton d’exécution. [13]]]

Notes

[1Maroc espagnol

[2toujours poste surveillé à Las Palmas, Canaries.

[3venu d’Angleterre le chercher à Las Palmas

[4il est persuadé que cette rébellion va être vite endiguée et qu’elle rétablira l’ordre et la discipline sur lesquels il pourra s’appuyer

[5Il promet « une mort violente aux chiens rouges et le viol pour leurs femmes » sur Radio Séville

[6même si elle est partiellement détruite en 1939 par l’aviation allemande

[7L’anarchiste Diego Abad de Santillán écrit : « Nous allâmes au siège du gouvernement catalan les armes à la main, sans avoir dormi depuis plusieurs jours, sans nous être rasés, donnant, par notre apparence, réalité à la légende qui s’était formée sur nous. Quelques-uns des membres du gouvernement de la région autonome tremblaient, livides, en cette entrevue où manquait Ascaso. Le palais du Gouvernement fut envahi par l’escorte de combattants qui nous avaient accompagnés »

[8il leur dit : « Vous êtes les maîtres de la ville et de la Catalogne, parce que, seuls, vous avez vaincu les soldats fascistes… Vous avez vaincu et tout est en votre pouvoir. Si vous n’avez pas besoin, si vous ne voulez pas de moi comme président, dites-le maintenant, et je deviendrai un soldat de plus dans la lutte antifasciste. Si, au contraire, vous me croyez quand je dis que je n’abandonnerai ce poste que mort au fascisme victorieux, alors peut-être qu’avec mes camarades de parti, mon nom et mon prestige, je puis vous servir… »

[9Le président Azaña écrit : « En contrecoup de la rébellion militaire… se produisit un soulèvement prolétarien qui ne se dirigea pas contre le gouvernement… Une révolution doit s’emparer du commandement, s’installer au gouvernement, diriger le pays selon ses vues. Or, ils ne l’ont pas fait… L’ordre ancien aurait pu être remplacé par un autre, révolutionnaire. Il ne le fut pas. Il n’y avait plus qu’impuissance et désordre… » (La velada en Benicarlo, p. 96)

[10Triana, un des onze districts de la ville

[11qui sera très vite évincé par Franco

[12Ce jour là, au cour d’un discours dans l’université le professeur Maldonado lance une violente diatribe contre les nationalismes catalans et basques et le général Millan Astray (fondateur de la légion) s’écrie “ Vive la mort ”. Miguel Unamuno, philosophe, recteur de l’université de Salamanque, monte à la tribune, jusque là il avait d’abord lutté contre la dictature de Primo de Rivera et pour la république, puis, il prit ses distances avec celle-ci, se rapprochant de la phalange, où il déclare devant un parterre de factieux et des hauts dignitaires de l’armée nationaliste, un discours resté célèbre par son courage :
“ (..) Il y a des moments où se taire est mentir. (…) je voudrais ajouter quelque chose au discours – si l’on peut ainsi l’appeler – du professeur Maldonado. Ne parlons pas de l’affront personnel que m’a fait sa violente vitupération contre les Basques et les Catalans. Je suis moi-même né à Bilbao. L’évêque (il désigne de la main l’évêque de Salamanque, assis à son côté, que cela lui plaise ou non, est un Catalan de Barcelone.
Je viens d’entendre un cri nécrophile et insensé : “ Vive la mort ! ” (…) Ce paradoxe est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Disons le sans arrière pensée discourtoise : il est invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Malheureusement, il y a aujourd’hui, en Espagne, beaucoup trop d’infirmes. (…) Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait établir les bases d’une psychologie de masse. Un infirme qui n’a pas la grandeur spirituelle d’un Cervantès recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu’il peut faire subir autour de lui  ? ”
Millan crie alors : “ Mort aux intellectuels ! Vive la mort ! ” la foule répond avec un salut fasciste : “ À bas les intellectuels hypocrites ! traître ! ” La vie de Miguel Unamuno fut sauvé par Carmen Franco, la femme du général, qui le prend par le bras et l’entraîne au dehors, alors qu’un garde du corps de Millan Astray le tenait en joue avec son fusil mitrailleur. Ce discours qui dit le courage de cet intellectuel qui ose au cœur d’un milieu nationaliste affirmer qu’il leur manque “ la raison et le droit. ” Miguel de Unamuno meurt à la fin de l’année 1936.

[13« À la mi- mars 1939, cette affaire a un retentissement jusqu’à l’assemblée nationale à Paris où André Marty est mis en accusation d’avoir fait exécuter un ancien officier de l’armée française sur ordre direct de sa part, le capitaine Gaston Delesalle, commandant du bataillon La Marseillaise de la XIV Brigade internationale. Il est envoyé de toute urgence, avec son bataillon sur le front andalous contre l’offensive menée par le général rebelle Queipo de Llano à la mi-décembre 1936. C’est le baptême de feu de cette brigade. Leur expédition est malchanceuse, d’abord le bataillon du Bulgare Stomatov est défait puis c’est le tour de La Marseillaise à Lopera. Cela irrita profondément Marty qui organisa un procès plus que sommaire, par un tribunal et un jury formés par d’autres membres de la brigade, qui condamna à mort Delesalle de façon expéditive et la sentence est exécutée immédiatement. » [[Javier Rubio (revue Persée) et Andreu Castells, Las brigadas internacionales de la guerra d’España, editorial Ariel, Barcelona 1973.

02/ 1931-1933, Espagne. Les premiers balbutiements de la République

Fragment de la constitution de la 2e République 1931

1931, État des piliers de la nation :

Armée : 150 000 hommes, 17 000 officiers, 200 généraux.
Église : 1,5% de la population sont des religieux : 380 000 prêtres, moines, religieuses, 11 000 domaines dont 1 000 couvents. L’Église est un des plus importants propriétaires fonciers du pays. Elle est omniprésente dans l’enseignement dont elle a le monopole. Elle est très riche, le salaire quotidien moyen d’un archevêque est de 110 pesetas.

Les conditions de vie du peuple :

Le salaire moyen d’un journalier est de 3 pesetas/jour, 5,50 pendant les vendanges.
Un journalier ou un ouvrier au chômage ne touche aucune indemnité.
1 200 000 enfants ne sont pas scolarisés. 45% de la population est analphabète.
Sur une population de 24 millions d’habitants en 1931, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) compte 20 000 membres, le Parti communiste espagnol (PCE) 800 adhérents (information du 7ème congrès du Komintern). Côté syndicats, 300 000 personnes adhèrent à l’Union générale des travailleurs (UGT, socialiste) et 600 000 à la Confédération nationale du travail (CNT, anarcho-syndicaliste).

Février 1931 : Instabilité du gouvernement monarchique. Organisation d’élections municipales, le roi pense que ses institutions résisteront correctement.

12 avril 1931 : Victoire relative des républicains dans les grandes villes.

13 avril 1931 : Fin de la monarchie.

13 avril 1931 : Après avoir consulté le général Sanjurjo, commandant de la garde civile, le roi suspend ses prérogatives royales et part définitivement en exil.

14 avril 1931 : Proclamation officielle de la Seconde République ; le roi part en exil.

Premier gouvernement de la république :

Niceto Alcalà Zamora (président du conseil de la république, catholique) ; Miguel Maura (ministre de l’intérieur, catholique) ; Alejandro Lerroux (ministre des affaires étrangères, fondateur du parti radical, républicain de droite, Andalou de Barcelone, athée) ; Manuel Azaña (ministre de la guerre, fondateur du parti Action républicaine, modéré, madrilène, athée) ; Nicolas d’Olwer (ministre de l’économie ; historien catalan) ; Fernando de Los Rios (ministre de la justice, socialiste) ; Indalecio Prieto (ministre des finances, socialiste) ; Francisco Largo Cabellero (ministre du travail, et syndicaliste, socialiste) ; Santiago Casares Quiroga (ministre de la marine, Gauche républicaine).

L’ère des réformes

6 mai 1931 : Lluís Companys est nommé gouverneur civil de Barcelone. L’enseignement religieux n’est plus obligatoire dans les écoles d’état.

10 mai 1931 : Décret fixant un mode de scrutin favorisant les coalitions au détriment des partis isolés. Il restera en vigueur jusqu’en 1936.

20 mai 1931 : Lluís Companys fait détruire les fichiers de la police.

28 Juin 1931 : Elections législatives, victoire de la Gauche : 117 socialistes ; 59 radicaux-socialistes ; 27 républicains de gauche ; 33 catalanistes de gauche ; 16 nationalistes galiciens.
Contre 89 radicaux de droite, 27 républicains de droite ; 57 membres de la droite non républicaine.
Assemblée constituante : Julian Besteiro est président provisoire, il nomme Manuel Azaña premier ministre.

14 juillet 1931 : Au titre de la réforme de l’armée, prévue au programme socialiste, le président Manuel Azaña supprime par décret l’École militaire. Comme tout le corps enseignant de l’école, Franco est placé en disponibilité et surveillé. Très attaché à cette école, il le fait savoir ce jour de juillet. Il sera mis en quarantaine, affecté à la garnison de La Corogne en février 1932. Dès lors, il nourrit un ressentiment à l’égard du président Azaña.

2 août 1931 : Référendum sur le statut d’autonomie de la Catalogne : 600 000 oui ; 3 000 non. Francesc Macià fondateur de l’Esquerra republicana de Catalunya, en est le premier président.
Premier impôt sur le revenu, en Espagne et crise à cause du débat sur le statut de l’Eglise.

Octobre 1931 : Grâce à la lutte opiniâtre de Clara Campoamor (lire l’article Clara Campoamor), les femmes obtiennent le droit de vote (elles l’exerceront pour la première fois aux élections parlementaires de 1933), qui leur sera retiré par Franco en avril 1939 ; elles ne le récupéreront qu’au début de 1976. En France, elles voteront pour la première fois le 20 avril 1945.

1er décembre 1931 : Adoption de la constitution républicaine. Manuel Azaña devient premier ministre et Santiago Casares Quiroga, ministre de l’intérieur.

10 décembre 1931 : Alcalà Zamora élu à la présidence de la IIe République espagnole (362 sur 419 votants).

1932 : Avortement des réformes, luttes syndicales insurrectionnelles.

18 janvier 1932 : Insurrection des mineurs du Haut Llobregat et du Cardoner (Catalogne) à Berga, Cardona, Fijols, Sallent, Suria. Écrasement du soulèvement ouvrier par le gouvernement républicain, arrestation et déportation sans jugement des meneurs anarchistes aux Canaries, au Sahara ou dans le Golfe de Guinée.

2 février 1932 : Les déportations sans jugement des dirigeants du mouvement ouvrier et anarchiste se poursuivent ; parmi eux Buenaventura DURRUTI, dirigeant anarchiste.

9 février 1932 : Création du Corps de sécurité et d’assaut. Fermeture des imprimeries des journaux syndicaux ou de la gauche non-socialiste : Solidaridad Obrera ; Tierra y libertad ; Mundo Obrero ; Libertad….

15 février 1932 : Grève générale de 24 heures, et répression massive. Procès des leaders ouvriers.

10 Août 1932 : Le général Sanjurjo, tente un soulèvement militaire depuis Séville, échec. Il se heurte à la grève générale déclenchée par la CNT de Séville. Sanjurjo est arrêté à Madrid et condamné à mort ; sa peine sera commuée, il s’exile au Portugal. (Le général Franco ne participe pas à ce soulèvement et reproche à Sanjuro d’avoir échoué).

9 septembre 1932 : La Catalogne gagne son autonomie, approuvée par les Cortes.

15 septembre 1932 : Statut de la réforme agraire : 24 articles proclament le principe de l’expropriation des grands domaines, “ biens de juridiction seigneuriale ” des grands d’Espagne, terres des jésuites et des monarchistes en état de rébellion, terres des corporations et fondations, non indispensables à leur existence, terres incultes ou mal cultivées, mal irriguées. Un Institut de réforme agraire est créé pour exproprier et répartir les terres.
L’Église s’inquiète de la diminution de sa sphère d’influence, de la réduction de ses subventions accordées par l’État.
L’armée est sur le qui vive, et les grands propriétaires sont irrités par la loi agraire.
De l’autre côté les ouvriers et journaliers paysans rejoignent très nombreux les syndicats. (UGT et CNT).

1933 : Réformes, agitation sociale et répression

Janvier : Un décret ordonne la dissolution de l’ordre des Jésuites.

8 janvier 1933 : Soulèvement de paysans et d’ouvriers, anarchistes, en Catalogne, le Rioja, le Levant et l’Andalousie, les paysans réclament l’application de la réforme agraire.

10 au 12 janvier 1933 : Insurrection de Casas Viejas, réprimée dans un bain de sang par les autorités républicaines. La CNT publiera sous forme de brochure l’histoire de “ Seis dedos ” de Casa Vieja, militant anarchiste, assassiné par les gardes d’assaut. C’est un massacre pour lequel l’extrême gauche demandera des comptes au gouvernement mais qui sera utilisé, aussi, par la droite contre la République.

31 janvier 1933 : Hitler est nommé chancelier du Reich, par le maréchal Von Hindenburg.

Avril 1933 : Période d’instabilité gouvernementale, élections municipales partielles, démission du premier ministre Manuel Azaña, Lerroux lui succède puis Martinez Barrio (centriste).

Mai 1933 : le parlement approuve l’article 26 de la constitution : les ordres religieux sont tolérés mais ne s’occupent plus de l’enseignement, la subvention annuelle globale de l’Etat à l’Eglise (67 millions de pesetas) sera, encore, versée pendant deux ans avant d’être supprimée.

4 juin 1933 : Des femmes espagnoles participent au Congrès ouvrier européen antifasciste qui s’ouvre salle Pleyel à Paris.

29 octobre 1933 : José Antonio Primo de Rivera, fils du dictateur, fonde le parti fasciste espagnol : la Phalange (Falange española).

19 novembre 1933 : Vote des femmes.
Élections dont le découpage favorise la droite. Les anarchistes prônent l’abstention pour protester contre les répressions policières et les massacres perpétrés par la garde d’assaut, garde de la République socialiste. Résultat le grand vainqueur est la CEDA (Confédération Espagnole des Droites Autonomes), avec 117 sièges. Son Leader : José Maria Gil Robles, admirateur des méthodes du parti nazi allemand.

5 décembre 1933 : Mort de Francesc Macià Llussa. Il est remplacé par Lluís Companys.

8 décembre 1933 : Madrid, Valence, Barcelone, Grenade, Zaragoza : grève générale de plusieurs semaines pour la libération des grévistes arrêtés en 1932 et 1933. Vive répression.
Notamment à Zaragoza : Heurts entre un comité révolutionnaire et la garde civile : 87 tués et 700 arrestations dont Cipriano Mera et Buenaventura Durruti.

16 décembre 1933 : Alexandre Lerroux du Parti républicain radical (droite conservatrice), est nommé chef du gouvernement par le président Azaña, au lieu d’un représentant de la CEDA, qui a gagné les élections mais apparaît comme trop réactionnaire.

01 /1833 -1931 L’Espagne sous la monarchie

Première république

L’Espagne est un pays aux coups d’état militaires fréquents, (pronunciamiento) ; Ainsi par saccade une première et éphémère république, d’une année, sera instituée.

1833 : À la mort de Ferdinand VII, Marie-Christine de Bourbon-Siciles assume la régence au nom de sa fille, la future reine Isabelle II alors âgée de 3 ans. Le trône est contesté par Charles Marie Isidore de Bourbon, frère de Ferdinand VII, qui s’autoproclame roi sous le nom de Charles V. Ce conflit est à l’origine de la 1ère guerre carliste. En 1845, éclate la 2ème guerre carliste suite à l’abdication du prétendant Charles V au profit de son fils Charles VI, qui, lui-même abdique en 1868 en faveur de son fils Charles-Marie sous le nom de Charles VII, déclenchant la 3ème guerre carliste.

28 septembre 1864 : Constitution de l’AIT (Asociación internacional de Trabajadores).

1868 : Révolution espagnole, fin du règne d’Isabelle II et de son mari, le roi consort François Ier d’Espagne (François d’Assise de Bourbon). Après un certain flottement, Amédée de Savoie est élu Roi des espagnols le 16 novembre 1870.

10 février 1873 : Abdication d’Amédée de Savoie.

11 février 1873 : Proclamation de la Première République.

28 décembre 1874 : Coup d’État monarchiste, mise en place du gouvernement provisoire de Francisco Serrano.
Retour de la monarchie constitutionnelle. Début du règne d’Alfonso XII.

Une situation coloniale insoutenable pour le peuple.

L’Espagne a un passé colonial qu’elle veut préservé notamment au Maroc, où elle entretient des garnisons et où régulièrement elle envoie les troupes pour maintenir les populations qui se révoltent. Cela créé des troubles en interne, le peuple espagnol refusant de partir en guerre.

Mai-juin-juillet 1898 : Guerre éclair avec les États-Unis, entraînant la perte des colonies de Cuba, de Porto-Rico et des Philippines à la signature du traité de paix dit paix de Paris, en décembre 1898.

1er janvier 1902 : Alfonso XIII, déclaré majeur, assume les fonctions constitutionnelles de chef de l’État.

1906: Avec la France, l’Espagne entame une nouvelle aventure coloniale au Maroc, très impopulaire notamment en Catalogne où il y aura des émeutes en 1909.

Une situation sociale et économique explosive pour toutes les classes de la société.

Du 26 juillet au 31 juillet 1909 : À Barcelone, une insurrection populaire a lieu contre la conscription et l’envoi des hommes (en âge de subvenir aux besoins de leur famille) combattre au Maroc les troupes rebelles marocaines du Rif. Les émeutes prennent rapidement une tournure anticléricale, compte tenu de la puissance et du poids de l’Église. Cet événement prend le nom de « Semaine tragique ».

Octobre 1909 : La répression va durer plusieurs mois et entraîner l’arrestation de Francisco Ferrer i Guardia, pédagogue, franc-maçon, anarchiste et libre penseur. 10 janvier 1859 -13 octobre 1909, créateur de l’École moderne et rationaliste, mixte et laïque, en octobre 1901, à Barcelone. Son obsession en tant qu’éducateur :
“ L’objet de notre enseignement est que le cerveau de l’individu doit être l’instrument de sa volonté.”
Il est arrêté à Barcelone et accusé d’être un des instigateurs des mutineries anticléricales. Jugé dangereux pour la paix sociale de par les idées qu’il défend, alors qu’il n’était pas présent à Barcelone lors de la semaine tragique, il est jugé coupable d’incitation à la révolte.

13 octobre 1909 : Condamné à mort, il est exécuté dans les fossés du fort de Montjuic malgré des protestations internationales dont la manifestation de Paris qui rassemble plus de 60 000 personnes.
Albert Camus dira : “Francisco Ferrer pensait que nul n’était méchant volontairement et que tout le mal qui est dans le Monde vient de l’ignorance. C’est pourquoi les ignorants l’ont assassiné.”

Réaction des courants progressistes contre le féodalisme monarchique

Fin du XIX se développent avec l’industrialisation, des courants de pensées ouvrières: un socialisme plutôt marxiste à Madrid, dans les Asturies, tandis que l’anarchisme trouve de l’écho dans les masses ouvrières de Catalogne, du Valencien et les paysans pauvres ou sans terre de l’Andalousie. C’est un courant de pensée dominant chez les ouvriers, les paysans pauvres, les journaliers agricoles. D’emblée et à cause de l’implication et du poids colossal dans l’oppression de l’église espagnole aux côtés de la monarchie et de son armée, les mouvements de gauche vont être anticléricaux, considérant qu’ils ont à faire à des ennemis de classes.

L’essor économique appelle un régime plus adapté au libre échange et le peuple aspire à plus de justice sociale.

C’est un pays d’environ 24 millions d’habitants, dont plus de la moitié est illettrée.
L’Espagne qui n’entre pas dans la première guerre mondiale, fait un bon économique important durant les années 20. L’Europe se remet d’une guerre longue et dévastatrice tandis que l’Espagne opère une mutation sans précédent. Le courant novateur provoque, un essor important. Les banques prospèrent et les effectifs des professions libérales, des petits commerçants et employés de commerce se démultiplient. L’industrie augmente d’un million d’ouvriers ainsi que le secteur tertiaire dans la même proportion : 45% de la population active est syndiquée.
Les grandes villes se développent industriellement et doublent leur population. Toutefois, 70% des Espagnols vivent encore directement ou indirectement de la terre : Avec trois millions de paysans pauvres, deux millions de paysans sans terre, les propriétés agricoles se concentrent entre les mains de quelques richissimes possédants.
Les couches moyennes de la population, les bourgeois industriels, désireux de donner une expansion à leurs revenus en impulsant leur production se mobilisent pour s’engager vers l’industrialisation et le développement moderne de la société. La féodalité du régime monarchique d’Alfonso XIII étouffe les élans de cette bourgeoisie industrieuse. La répression permanente ne favorise pas l’expansion.
Les régions qui vont se développer le plus rapidement économiquement et industriellement sont la Catalogne, avec comme grand pôle Barcelone, et le Pays Basque avec l’industrie lourde à Bilbao. Elles laisseront venir massivement des migrants des autres régions, paysans sans travail, et sans terre. Situées au plus près de la frontière, elles sont destinées naturellement au commerce avec l’étranger. C’est dans ces deux régions que vont se développer les usines et la mécanisation du travail. D’où une concentration d’ouvriers et une montée de l’esprit de revendications d’autonomie. Très vite (fin du XIX siècle) ces deux régions vont réclamer une autonomie et une liberté de développement qui va se heurter à la féodalité du régime monarchique d’Alphonse XIII.
En Catalogne, d’abord impulsé par la bourgeoisie de droite, le mouvement indépendantiste va laisser place à un mouvement plus populaire dès 1917 qui se range aux côtés de partis de gauche à partir de l930.
Au Pays Basque, la population est très catholique et le parti nationaliste (PNV) bien qu’également catholique restera aux côtés des progressistes, puis des républicains en 1936, tout comme le clergé basque.

Du côté de la monarchie en place

1921-1926 : Début du conflit colonial marocain contre le chef Abd-el-Krim. L’Espagne s’engage dans la guerre du Rif avec la France. Le Maroc devient dès lors le bastion de l’armée espagnole.

8 juin 1923 : Le général Franco est nommé commandant en chef au Maroc.

13 septembre 1923 : Coup d’État (pronunciamento) manqué du général Miguel Primo de Rivera. Deux jours plus tard, Alphonse XIII le nomme président du directoire militaire chargé du gouvernement.

De 1923 à 1929: Le pays est soumis, à une dictature impitoyable menée par Miguel Primo de Rivera, pour le maintien d’Alphonse XIII. Les deux premières années c’est un directoire militaire.
Du 14 septembre1923 au 16 mars 1925: L’état de guerre est déclaré, la constitution est suspendue, la liberté d’expression muselée.

1924: Après avoir déclarée illégale la CNT, tous les partis politiques sont dissous au profit d’un parti unique inspiré du modèle italien, l’Union patriotique. Les Cortés sont également dissous.

3 décembre 1925: Sans rétablir la constitution, le directoire militaire est remplacé par un directoire civil qui va perdurer jusqu’au départ de Miguel Primo de Rivera le 28 janvier 1930.

25-26 juillet 1927 : Création de la FAI (Fédération anarchiste ibérique)

La réaction s’organise.

17 Août 1930 : réunion à San Sebastián : « Pacto de San Sebastián » prévoyant un soulèvement général, afin d’instaurer une république modérée et qui reconnaîtrait l’autonomie de la Catalogne. Tous les partis républicains à l’exception du Parti Fédéral Espagnol s’y trouvent. Sont notamment présents des catholiques républicains modérés ( Droite Libérale Républicaine : Alcalà Zamora et Miguel Maura, futurs président et ministre), des républicains de droite (Parti Républicain Radical : Alejandro Lerroux, futur premier ministre), de gauche (Groupe d’Action Républicaine : Manuel Azaña, futur premier ministre et président, de la Fédération Républicaine Galicienne : Casares Quiroga, futur ministre), des socialistes (Indalecio Prieto, leader très modéré des socialistes), des catalanistes (Macià Mallol Bosch de l’Action Républicaine de Catalogne, Manuel Carrasco Formiguera de l’Action Catalane, et Jaume Aiguader pour l’Etat Catalan, futur maire de Barcelone, puis ministre), du Parti Radical-Socialiste (Marcelino Domingo, Álvaro de Albornoz, et Ángel Galarza, futurs ministres),… et deux observateurs de la confédération Nationale du Travail(CNT, syndicat anarchiste), Progresso Alfarache et Rafael Vidiella. En échange de son appui, la Confédération exigeait, outre la libération des milliers de militants emprisonnés, la distribution d’armes aux travailleurs, ce que refusèrent obstinément les républicains. Mais

Octobre 1930 : Le parti socialiste et la CNT apportent officiellement leur soutien au Pacte de San Sebastiàn. la CNT ne se rallia vraiment au pacte de San Sebastián qu’après l’échec du soulèvement révolutionnaire qu’elle avait tenté avec la FAI à Madrid et Barcelone en octobre.

12 Décembre 1930 : Un soulèvement militaire contre la monarchie a lieu à Jaca (Aragon), sous la direction des capitaines Fermín Galán et García Hernández en vue de rétablir la république.

14 Décembre 1930 : Le Soulèvement contre la monarchie échoue. Les deux officiers responsables sont condamnés à mort : les capitaine Fermín Galán et García Hernández. Erreur tragique du roi, Alphonse XIII.

Depuis le XIX siècle, l’Espagne est gouvernée par une monarchie absolue qui n’apporte aucune considération aux problèmes sociaux de la population. Le premier ministre Miguel Primo de Rivera, qui s’empare du pouvoir en 1923, durcit l’autoritarisme du régime en formant un directoire militaire qui supprime les libertés démocratiques, multiplie les arrestations et les liquidations des militants ouvriers les plus radicaux. Le mouvement anarchiste et la CNT sont très affaiblis par la répression subie depuis plusieurs années et qui ne se relâche pas. Tandis que le régime se rapproche du PSOE et de l’UGT, dont les dirigeants acceptent cette collaboration afin d’assurer leur existence en tant qu’organisations ouvrières. Ils accèdent ainsi à un rôle prépondérant et participent à l’élaboration d’une législation du travail. Ce rapprochement entre socialistes et pouvoir ne dure pas et en 1929, les socialistes refusent l’invitation à élire des représentants à l’Assemblée nationales et s’écartent à leur tour de Primo de Rivera. Car le mécontentement de la population ne cesse de grandir et ils veulent participer au mouvement populaire qui se dessine et qui trouve son expression à nouveau à travers le courant libertaire relancé et celui des écrivains et intellectuels connu comme « la Génération 98 ».

Les mouvements de protestation vont obtenir leur première satisfaction par la démission de Miguel Primo de Rivera, premier ministre, en 1930. Mais cette démission n’est pas jugée suffisante pour aucune des formations politiques progressistes, qui se sont réunies au mois d’août à San Sebastián. La pression populaire va s’accentuer jusqu’à provoquer des élections municipales et le départ du roi Alfonso XIII qui s’exile.

14 avril 1931: La seconde république espagnole est proclamée.

8 mai 2021: Hommage à l’exil républicain espagnol à Madrid

8 MAI DÉSIGNÉ PAR LE GOUVERNEMENT ESPAGNOL :

JOUR D’HOMMAGE AUX ESPAGNOLS QUI SOUFFRIRENT L’EXIL EN CONSÉQUENCE DE LA GUERRE D’ESPAGNE ET DE LA DICTATURE FRANQUISTE

Le 8 mai 2021, avec d’autres associations, l’association 24 août 1944 a été invitée à participer au premier hommage à l’exil républicain espagnol, organisé par le gouvernement d’Espagne (département de la mémoire historique et démocratique).

Ce jour du 8 mai sera désormais celui de la célébration des exilés républicains espagnols, associés à la victoire sur le nazisme. Victoire à laquelle ils ont largement participé.

Dans bien des lieux en France, les célébrations du 8 mai 1945 se déroulent avec la participation des organisations d’anciens combattants Républicains espagnols, brandissant le drapeau de la république comme seule identification de leur appartenance.

Car même si tous les combattants de l’Exil dit républicain n’exaltaient pas ce drapeau, ce drapeau est le symbole d’une Espagne trahie par ses généraux, l’Eglise et une grande partie de la bourgeoisie.

Dans tous les cas, ce drapeau, même pour nous qui n’en sommes pas fétichistes, celui de la République Espagnole revêt un caractère éminemment anti-franquiste.

À la fin de la guerre d’Espagne, Franco le remplace par le Rouge, Jaune, Rouge. C’est sous cette bannière que la Division Azul ira combattre aux côtés des armées hitlériennes.

C’est sous cette bannière que l’Espagne demeure 36 ans sous la dictature.

Franco, quelques temps avant sa fin, impose une transition monarchique, aux mêmes couleurs : toute la classe politique l’accepte. Ainsi les élections qui transformeront l’Espagne en une démocratie monarchique, ne permettront pas aux partis républicains de s’y présenter. Quel paradoxe ! Et par voie de conséquence, le drapeau de la République est banni.

Cette bataille-là n’est toujours pas terminée, tant que durera la transition de 1978 qui assure la monarchie et l’impunité aux bourreaux.

Cette bataille pour le drapeau de la République est donc la continuité des batailles menées contre le franquisme.

L’association 24 août 1944 a donc jugé important d’être présente à cet hommage et ainsi d’y faire figurer l’engagement des Républicains espagnols de toutes idéologie dans la lutte pour la Liberté et leur présence incontournable dans les diverses résistances au nazisme et au franquisme. Ce jour devrait marquer un grand pas pour l’avenir de l’Espagne et son droit à s’autodéterminer

Pour cause de pandémie cette cérémonie, à la Casa de América à Madrid, fut modeste, solennelle et émouvante d’une durée d’environ deux heures.
Notons la présence parmi nous d’Éliane Ortega bernabeu, spécialiste de l’exil républicain espagnol en Afrique du Nord.
Plusieurs interventions se sont succédées, des représentants de diverses associations mémorielles étrangères ont pris la parole :

  • Véronique Salou Olivares, présidente de l’association du « 24 Août 1944 » avec l’artiste peintre Juan Chica Ventura qui portait le calot rouge et noir ainsi que l’écharpe ;
  • Henri Farreny, président de « l’amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France  » ;
  • Ernesto Casanova Caloto, président de « L’Ateneo Español de Mexico » ;
  • Pilar Nova Melle, présidente de l’association des « Descendants de l’Exil Espagnol » ;
  • l’historien Nicolás Sánchez Albornoz, fils de l’historien et président du gouvernement républicain en exil Claudio Sánchez Albornoz ;
  • l’intervention remarquée par vidéo de Cuathémoc Cárdenas, fils du président Lázaro Cárdenas qui ouvrit les portes du Mexique à des milliers de Républicains. espagnols.
  • Des intermèdes musicaux sont venus accompagnés la cérémonie, ainsi que des poèmes d’auteurs de l’exil, lus par Manuel Rivas écrivain galicien célèbre, auteur entre autre des non moins célèbres romans Le crayon du charpentier,La langue des papillons . Il était accompagné d’Elvira Sastre.
  • L’exécutif espagnol maintient cet « engagement ferme » envers la mémoire historique du pays, comme l’a fait remarquer ce samedi la première vice-présidente, Carmen Calvo.

8 de mayo, Día del Exilio Republicano y Antifascista Español
En España

El 8 de mayo de 2021, la Asociación del 24 de agosto de 1944, ha sido invitada, así como otras Asociaciones, para participar en el primer homenaje al Exilio Español organizado por el gobierno español (Departamento de la Memoria Histórica y Democrática)

Este 8 de mayo será, a partir de ahora, el Día de la celebración de los Exiliados Republicanos Españoles, asociado a la Victoria sobre el nazismo. Victoria a la que han ampliamente participado.

En muchos lugares franceses, la celebración del 8 de mayo de 1945, ha tenido lugar con la participación de organizaciones de ex-combatientes Republicanos Españoles, blandiendo la bandera de la República como única identificación.

Incluso si todos los combatientes del Exilio, llamado republicano, no exaltaban esa bandera, esta es el símbolo de una España traicionada por sus generales, la Iglesia y una gran parte de la burguesía.

De todas formas, esta bandera de la República Española, incluso para nosotros que no somos fetichistas, reviste un carácter eminentemente anti-franquista.

Al final de la guerra de España, Franco la remplaza por la Roja, Amarilla y Roja, con esta bandera la División Azul combatirá junto al ejército hitleriano.

Con esta bandera, España permaneció 36 años bajo la Dictadura.

Franco, antes de morir, impone una transición monárquica, con los mismos colores: toda la clase política acepta. Así, las elecciones que transformarán a España en una “democracia monárquica”, no permitirán presentarse a los partidos republicanos. ¡Vaya paradoja! Y, como consecuencia, la bandera de la República será prohibida.

Esta batalla no ha terminado, mientras dure la “transición” de 1978, que asegura la monarquía y la impunidad de los verdugos.

Esta batalla por la bandera de la República es la continuidad de las batallas contra el franquismo.

La Asociación del 24 de agosto de 1944, cree que es importante haberse presentado a este homenaje y mostrado el compromiso de los Republicanos Españoles de todas las ideologías por la lucha por la Libertad y su presencia en la Resistencia al nazismo y al franquismo. Este día debería marcar un gran paso para el futuro de España y su derecho a auto determinarse.

Por motivo de pandemia, esta ceremonia en la Casa de América en Madrid, fue sencilla, solemne y emotiva, de una duración de dos horas.
Destacamos la presencia entre nosotros de Éliane Ortega Bernabeu, especialista en el exilio republicano español en el norte de África.
Varias intervenciones tuvieron lugar, representantes de diversas asociaciones de la Memoria extranjeras han intervenido:

  • Véronique Salou Olivares, presidenta de la “Asociación del 24 de agosto de 1944”, junto con el artista Juan Chica Ventura, que llevaba la gorra roja y negra, así como el echarpe;
  • Henri Farreny, presidente de la “Amical de los Antiguos Guerrilleros Españoles en Francia”;
  • Ernesto Casanova Caloto, presidente del “Ateneo Español de México”;
  • Pilar Nova Melle, presidenta de la Asociación de “Descendientes del Exilio Español”,
  • el historiador Nicolás Sánchez Albornoz, hijo del historiador y presidente del Gobierno Republicano en el Exilio, Claudio Sánchez Albornoz;
  • la intervención remarcable de Cuathémoc Cárdenas, hijo del presidente Lázaro Cárdenas, que abrió las puertas de México a miles de Republicanos Españoles.
  • Intermedios musicales han acompañado la ceremonia, así como poemas de autores del exilio, leídos por Manuel Rivas, escritor gallego, autor de El lápiz del carpintero y La lengua de las mariposas, acompañado de Elvira Sastre.

El gobierno español mantiene este “compromiso firme” hacia la memoria histórica del país, tal y como lo ha confirmado este sábado, la primera vice-presidenta, Carmen Calvo.

https://youtu.be/moh6HSrq7dI

 

Francisco Ferrer Guardia et son temps

Francisco Ferrer Guardia face à ses ennemis.

On peut avoir une idée des critiques de la droite au moment de l’exécution Francisco Ferrer Guardia en rappelant cette citation de la presse catholique de la région d’Alicante : “ La fusillade de Ferrer a rendu fou furieux les anarchistes et les francs-maçons d’Europe, qui ont protesté contre ce fait juste et légal, quoi qu’en dise la canaille sectaire et les voyous et bandits auteurs des forfaits et des pillages dont ont été victimes certains quartiers de Paris. [Conclusion de l’article “ Ferrer et la franc-maçonnerie ” publiée avec la censure ecclésiastique, 22 octobre 1909). En janvier 1910, une attaque en règle des livres édités par la maison d’édition de Francisco Ferrer, La Escuela Moderna [L’École moderne], gérée par ses camarades, qualifie les auteurs de “ pistoleros ” (bandits armés) et Léopoldine Bonnard (compagne de Ferrer) de “ malheureuse athée ”.
Le prologue au livre “ Évolution sur-organique. La Nature et le Problème Social ” d’Enrique Lluria [livre non traduit en français], de Ramón y Cajal, médecin et prix Nobel de médecine en 1906, était traité de “ honte ”. Le premier août 1910, on pouvait lire : “ il faut arriver en Espagne à une Loi contre l’Anarchie, comme on a su en avoir le courage avec un véritable civisme en Argentine. […] Et il faut également dire qu’on doit poursuivre et en finir avec l’anarchiste, comme il veut en finir avec la société. […] Assez de lyrisme et de pudibonderies. ” (“ La Voz de Alicante ”).

La pédagogie de Francisco Ferrer Guardia.

Revendiquer aujourd’hui Ferrer Guardia devient donc un acte militant. Mais au-delà de la fidélité, de la connaissance de cet épisode du passé, quel intérêt pratique présentent les idées et les pratiques pédagogiques de Francisco Ferrer ?

Pour comprendre la pédagogie de Ferrer Guardia, il faut partir du fait que l’Espagne de la fin du XIX et du début du XX était majoritairement sous l’emprise du catholicisme et que les analphabètes étaient majoritaires (mais non dénués de conscience politique). Francisco Ferrer a voulu offrir un enseignement laïc, mixte, faisant à la créativité des élèves et radicalement engagé. Ferrer Guardia ne se présentait pas ouvertement comme anarchiste pour éviter la répression de l’État. Ferrer visait les familles dépourvues de préjugés obscurantistes, qu’elles soient bourgeoises ou prolétaires.

Pratiquement, voici quelques exemples de l’esprit de « L’École moderne » (ou l’éducation rationaliste), le nom de la pédagogie de Francisco Ferrer Guardia. “ Que l’instruction, l’enseignement ne commence que lorsque l’enfant le demandera ”.  Dans le but d’un enseignement égalitaire, c’est-à-dire différencié suivant les intelligences, “ l’école ne décernera aucun prix, ni n’établira d’examens ”, et de punition. Mais les enseignants soulignaient “ la concordance ou la discordance de son [de l’élève] comportement vis-à-vis de lui-même et à l’égard des autres, ainsi que celles en rapport avec le résultat de son travail. ”. Dans tous les aspects de la pédagogie, l’exploitation sociale était dénoncée, mais le but principal était que l’élève soit “ capable de réaction et d’émancipation de toute tutelle ”, donc même de celle de ses maîtres rationalistes.

Francisco Ferrer Guardia porteur d’idées révolutionnaires.

Ferrer n’était pas que plongé dans la pédagogie, il finançait avec son propre argent la presse ouvrière anarchosyndicaliste et il était franc maçon. Par le truchement de son enseignement, des conférences fréquentes destinées aux parents d’élèves, des ouvrages de sa maison d’éditions, il diffusait des idées sociales, scientifiques et anarchisantes.

Ce projet était réaliste et il fonctionna. Mais le pays était trop exploité et en proie à la misère et les explosions étaient inévitables. À Barcelone où Ferrer avait ses écoles, en juillet 1909, des réservistes sont rappelés pour faire la guerre au Maroc espagnol. Au moment de l’embarquement dans le port, une mutinerie éclate, s’étend à toute la ville, des barricades sont dressées spontanément. Près de cinquante églises et couvents furent brûlés. Mais le peuple respecta la vie des occupants, priant les religieuses et les moines d’abandonner les lieux. Les analphabètes étaient conscients que la cause du déséquilibre était l’Église (et l’anticléricalisme spontané du peuple espagnol a toujours été violent depuis le début du XIX siècle) et ils respectaient les individus.

Les classes dirigeantes et possédantes étant majoritairement de droite et catholique, il fallait trouver un coupable pour faire oublier leur crasse politique et morale. Ce fut Ferrer Guardia. Un tribunal militaire le jugea à la hâte, à partir de témoignages tellement peu probants que l’avocat militaire commis d’office, dénonça cette procédure. La sentence était prévisible et la condamnation à mort fut la fusillade le 13 octobre 1909.

 

Manifestation Ferrer, 17 octobre 1909 [à Paris après l'exécution de Francisco Ferrer, anarchiste espagnol
Manifestation Ferrer, 17 octobre 1909 [à Paris après l’exécution de Francisco Ferrer, anarchiste espagnol
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L'école moderne
L’école moderne
Manifestation Ferrer, 17 octobre 1909 à Paris après l'exécution de Francisco Ferrer
Manifestation Ferrer, 17 octobre 1909 à Paris après l’exécution de Francisco Ferrer
Procès de Ferrer
Procès de Ferrer
éxécution de Ferrer dans les fosses de Montjuic
éxécution de Ferrer dans les fosses de Montjuic

Abd-el-Krim (1882-1963)

En 1921, la tribu des Beni Ouriaghel, installée dans la région d’Alhoceima, entre en rébellion ouverte sous la conduite d’un ancien fonctionnaire de l’administration espagnole, Mohamed ben Abd el-Krim El Khattabi, âgé de 30 ans. Ce jeune chef charismatique et intelligent inflige, à la tête d’une petite armée, quelques échecs aux Espagnols.
Là-dessus, le général espagnol Silvestre lève une puissante armée pour en finir avec les Beni Ouriaghel. Mais il essuie une dramatique défaite à Anoual, en juin 1921.

La quasi-totalité de ses troupes, soit 15 000 soldats, trouve la mort dans la bataille. Le général lui-même se suicide. Abd el-Krim étend son autorité à l’ensemble du Rif. En février 1922, il proclame la république rifaine et s’en désigne président, mais il sera cependant contraint de se rendre, en 1926, face à l’alliance des armées espagnole et française, il est exilé à la Réunion, à château Morange.
Les populations marocaines, en représailles, subiront un gazage massif à l’ypérite (on estime à 150 000 le nombre de victimes civiles dans l’année 1925-1926).

Il est étonnant que le gouvernement républicain du Frente popular n’ait pas donné un statut d’indépendance au Maroc, ni, en demandant au front populaire français sa libération, passé avec Abd-el-Krim, accords qui auraient privé Franco du soutien des troupes marocaines. Cette éventualité a été évoquée par les responsables anarchistes des deux pays, dont Pierre Besnard, anarchosyndicaliste français.

Fimin-Galan- & Angel-Garcia

Les capitaines qui voulaient renverser la monarchie absolue

Galán Fermín, Rodriguez (1899-1930).

Capitaine d’infanterie espagnol né à San Fernando (province de Cadix). Orphelin, il entre à l’académie militaire d’infanterie de Tolède. Il sert au Maroc et participe à la conspiration de la « Nuit de San Juan » contre la dictature de Primo de Rivera (1926), pour laquelle il est condamné à six ans de prison. Il est amnistié en 1930. Militaire ayant des convictions républicaines et sociales très ancrées, Galán Fermín Rodriguez expose en 1930 son idéal politique dans son livre Nueva creación. Le 12 décembre 1930, à Jaca, en Aragon, les militaires du 19e régiment de Galice se soulèvent sous son commandement et celui du capitaine Ángel García Hernández, aidés des capitaines Salvador Sediles, Luís Salinas y Miguel Gallo. Ils se mettent au service du comité national révolutionnaire, récemment constitué par les républicains du pacte de San Sebastián. Croyant que le soulèvement va suivre dans tout le pays, ils entraînent leur garnison et quelques paysans (leaders locaux du mouvement républicain) à se révolter et à marcher sur Ayerbe et Huesca. Ils vont proclamer la république !

Mais, isolés, ils sont vaincus par les troupes gouvernementales à quelques kilomètres de la ville. Galán Rodríguez et Ángel García Hernández sont jugés le dimanche 14 décembre et fusillés immédiatement. Ils tombent au cri de : « Vive la République » et deviennent le symbole des martyrs de la République. Ailleurs, le mouvement échoue. Un jeune capitaine de l’armée de l’air, Ramón Franco (le frère cadet du général Franco, qui était devenu un héros national en traversant l’Atlantique Sud à bord de l’hydravion Plus Ultra en 1926), décolle de l’aérodrome de Cuatro Caminos, à Madrid, avec l’intention de bombarder le palais royal, hésite et finalement largue des tracts, avant de s’enfuir au Portugal.
Ces exécutions sont une erreur politique du roi, marquant le début de la fin de son règne. L’épisode inspira ces vers au poète Antonio Machado :

La primavera ha venido

del brazo de un capitán.

Niñas, cantad a coro :

¡Viva Fermín Galán !

Le printemps est venu

Du bras d’un capitaine.

Fillettes, chantez en chœur :

Vive Fermín Galán !

Miguel Ángel García Hernández (Vitoria, Álava, 1900 – Huesca, 14 décembre de 1930) un des militaires espagnols avec Galán Fermín Rodriguez, qui dirigea le soulèvement insurrectionnel et républicain connu sous le nom de soulèvement de Jaca.
Ángel García était capitaine en service, au commandement de la compagnie de mitrailleurs du 19e régiment de Galice, en garnison à Jaca.

Francisco Ferrer i Guardia

Ferrer i Guardia, Francisco (1858-1909). Instituteur et pédagogue anarchiste. En 1890, il s’affilie au Grand Orient de France et milite activement au sein de la Libre pensée. Il se lie d’amitié avec Charles Malato, Jean Grave et Sébastien Faure (intellectuels anarchistes français). « C’était un homme doux, tranquille et simple » écrit à juste titre Jean Grave. Pacifiste et tolérant, il est partisan d’une évolution progressive de la société par le développement de l’éducation. Il réprouve la violence aveugle et ne peut donc admettre la « propagande par le fait ». Grâce à Mademoiselle Meunier, une de ses anciennes élèves qui lui a légué sa fortune avant de décéder, il fonde, à Barcelone, en 1901, une école d’inspiration libertaire, la Escuela moderna, où se pratique un enseignement laïque et mixte. En peu de temps, Francisco Ferrer multiplie les contacts dans les milieux intellectuels et au sein du mouvement ouvrier, déjouant l’attention des autorités civiles et religieuses et surmontant tous les obstacles administratifs pour rassembler une équipe de collaborateurs dévoués. Il est secondé admirablement par sa compagne Soledad Villafranca.

« L’École moderne » — tel est son nom — ouvre ses portes le 8 octobre 1901, à Barcelone. Elle accueille trente élèves : douze filles et dix-huit garçons. Il y en a soixante-dix au mois de décembre, quatre-vingt-six le mois suivant. Cette progression inattendue des effectifs pose quelques problèmes mais assure la réussite de l’entreprise. L’enseignement y est mixte. « Dans cette école, il ne faudra glorifier ni Dieu, ni patrie, ni rien ». Ferrer prône une éducation rationnelle, voire rationaliste, et on lui a quelquefois reproché de faire une part trop grande à la science : « Notre enseignement n’accepte ni les dogmes, ni les usages… Nous ne répandons que des solutions qui ont été démontrées par des faits, des théories ratifiées par la raison, et les vérités confirmées par des preuves certaines. L’objet de notre enseignement est que le cerveau de l’individu doit être l’instrument de sa volonté. Nous voulons que les vérités de la science brillent de leur propre éclat et illuminent chaque intelligence, de sorte que, mises en pratique, elles puissent donner le bonheur à l’humanité, sans exclusion pour personne par privilèges odieux. » Le 31 mai 1906, Mateo Morral, ancien bibliothécaire de l’École moderne, par une tentative d’assassinat contre la personne du roi Alfonso XIII, provoque la fermeture de cette entreprise rationaliste.

Francisco Ferrer est arrêté le 1er septembre 1909, après la Semaine tragique de Barcelone, alors que rien ne prouve sa participation à ce mouvement de contestation contre la guerre coloniale au Maroc. Les autorités profitent ainsi de l’occasion pour se débarrasser de ce penseur visionnaire. Il a toujours fait l’objet d’une surveillance constante de la part de la police, qui sait donc fort bien qu’on ne peut rien lui reprocher. Mais il est le bouc émissaire idéal : son passé, ses relations, ses voyages à l’étranger, son arrivée juste avant l’insurrection permettent d’étayer la thèse du complot. Accusé d’être l’instigateur de la Semaine tragique, dénoncé comme tel par l’évêque de Barcelone et par la presse de droite, Francisco Ferrer est mis au secret et longuement interrogé. Pendant ce temps-là, ses amis déclenchent une campagne internationale en sa faveur.

Malgré l’absence de preuves, Francisco Ferrer est jugé coupable d’incitation à la révolte. Condamné à mort le 12 octobre 1909, il sera fusillé le lendemain matin, dans les fossés du fort de Montjuic. Face à ses bourreaux, il s’écrie : « Je suis innocent! Vive l’École moderne! » La nouvelle de son exécution provoque une explosion de colère dans le monde entier ; des manifestations rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes, ont lieu dans toutes les grandes villes d’Europe et jusqu’en Argentine. Des écoles libertaires seront créées pour poursuivre l’œuvre éducatrice de ce pionnier, et une centaine de rues en France porteront désormais le nom de Francisco Ferrer. Surpris par l’ampleur de la réprobation, le gouvernement espagnol démissionne une semaine plus tard. Le 13 octobre 1959 au cours d’un hommage Albert Camus déclare : « Francisco Ferrer pensait que nul n’était méchant volontairement et que tout le mal qui est dans le Monde vient de l’ignorance. C’est pourquoi les ignorants l’ont assassiné. »

Semaine tragique de Barcelone (du 26 au 31 juillet 1909)

L’organisation Solidaridad obrera lance un mot d’ordre de grève générale. La Catalogne est bientôt en pleine effervescence car cette mobilisation des réservistes signifie encore des morts et surtout le départ des hommes, qui laissent leur foyer sans ressources. Cette mesure impopulaire déclenche une émeute à Barcelone, qui se transforme très vite en une véritable insurrection. Des affrontements avec l’armée fait beaucoup de victimes : 104 civils, 4 soldats et 4 membres de la Croix Rouge trouveront la mort. Le peuple se rend maître de la rue pendant cinq jours, s’en prenant au pouvoir et à l’Église, qui l’oppriment. Les débordements sont tels que les partis d’opposition préfèrent se tenir prudemment à l’écart du raz-de-marée. Le 26 juillet 1909, les syndicats proclament la grève générale mais ne parviennent pas non plus à contrôler la situation. Des barricades sont érigées, des églises incendiées et quelques prêtres massacrés.

La « Semaine tragique », comme on l’appellera, s’achève le 31 juillet. La répression est terrible : 175 ouvriers tués dans les rues. Avec l’appui des autorités ecclésiastiques, profondément choquées par les excès anticléricaux, le gouvernement d’Antonio Maura veut profiter de l’occasion pour décapiter le mouvement ouvrier. Il proclame l’état de siège, établit la censure et ferme le peu d’écoles laïques existantes. D’innombrables arrestations ont lieu dans tout le pays.

Rien qu’en Catalogne, les tribunaux militaires jugent quelques deux mille personnes ; plusieurs d’entre elles seront exécutées dès le mois d’août. Francisco Ferrer i Guardia, anarchiste, libre penseur, et fondateur de l’école moderne rationaliste, sera fusillé le 13 octobre 1909, considéré par les idées qu’il développe comme un responsable subversif.

La première république

Caricature de la revue La Flaca (1869-1876) publiée en 1873. On y voit Francesc Pi i Margall débordé par le fédéralisme (représenté par les enfants portant différentes tenues traditionnelles régionales) et Emilio Castelar essayant de remettre de l’ordre en instruisant les enfants.

Caricatura de la República publicada en La Flaca en 1873. Pi i Margall se ve desbordado por el federalismo, representado en figuras infantiles ataviadas con los distintos trajes regionales, mientras Castelar intenta poner orden instruyendo a los alumnos.

Le 18 septembre 1868, la ville de Cadix se soulève contre la monarchie ; le 19 septembre, les généraux adressent une proclamation solennelle au peuple espagnol dans laquelle ils déplorent l’état du pays et se présentent comme l’incarnation des aspirations populaires.

La révolution de 1868, aussi connue en Espagne comme La Gloriosa (la Glorieuse) ou La septembrina (la Septembrienne). Ce soulèvement de septembre 1868 détrôna la reine Isabel II Les six années qui suivirent cette révolution sont nommées Sexenio Democrático(les six ans démocratiques). Exilée en France, Isabelle II n’abdique qu’en 1870 . Le prince Amédée De savoie, duc d’Aoste, fils cadet du roi Victor-Emmanuel II d’Italie, est choisi pour lui succéder mais il abdique dès 1873, après 27 mois de règne. Devant la situation inextricable, la République est proclamée le 11 février 1873.

La période fédérale (1873)

La république nait sans un réel soutien social ni politique. Les classes populaires commencent à s’organiser dans les mouvements des travailleurs. Les tenants du pouvoir : l’église, l’armée, les propriétaires fonciers, les banquiers et les grands hommes d’affaires, sont opposés à république et ses idéaux sociaux avancés.

Deux courants s’opposent au sein de la République : les partisans d’une Espagne unifiée et les partisans d’une Espagne fédérée.

Estanislao Figueras est le premier président mais après la victoire républicaine aux élections, la majorité fédéraliste met au pouvoir Francesc Pi i Margall, chef du fédéralisme, théoricien républicain, dont les principes s’expriment dans le projet de la Constitution fédérale de 1873, qui servira de modèle dans toute l’Europe. Il établit la séparation entre église et état et un modèle de fédérations de 15 (ou 17 avec Cuba et Puerto Rico) régions fédérales.

Elles sont: Andalousie Alta, Andalousie faible, Aragon, Asturias, Baléares, Canaries, Castille la Vieille, Castille la nouvelle, Catalogne, Estrémadure, Galice, Murcia, Navarra, Valencia, Pays basque. Plus tard, intégration des possessions hors péninsule.

Mais l’Espagne est dans un état de conflits sociaux et politiques perpétuels. Les tensions sociales se manifestent sous la forme de grèves des travailleurs agricoles et occupations des terres. Et se développe le phénomène de « cantonalismo » : de nombreux cantons sont formés (y compris à l’intérieur des villes) et s’opposent non seulement au gouvernement central mais également entre eux.

Le climat est insurrectionnel, instable. Un coup d’État est organisé par les monarchistes et la bourgeoisie industrielle et financière. Le 3 Janvier 1874, le général Manuel Pavía, Capitaine Général de Madrid, met fin à cette tentative démocratique. Un gouvernement provisoire, dirigé par le général Francisco Serrano, s’installe jusqu’au 28 décembre 1874, les Cortes sont dissoutes. Les Bourbons reprennent leur place en janvier 1875, avec le règne d’Alphonse XII, au sein d’une monarchie constitutionnelle.