Semaine tragique de Barcelone (du 26 au 31 juillet 1909)
L’organisation Solidaridad obrera lance un mot d’ordre de grève générale. La Catalogne est bientôt en pleine effervescence car cette mobilisation des réservistes signifie encore des morts et surtout le départ des hommes, qui laissent leur foyer sans ressources. Cette mesure impopulaire déclenche une émeute à Barcelone, qui se transforme très vite en une véritable insurrection. Des affrontements avec l’armée fait beaucoup de victimes : 104 civils, 4 soldats et 4 membres de la Croix Rouge trouveront la mort. Le peuple se rend maître de la rue pendant cinq jours, s’en prenant au pouvoir et à l’Église, qui l’oppriment. Les débordements sont tels que les partis d’opposition préfèrent se tenir prudemment à l’écart du raz-de-marée. Le 26 juillet 1909, les syndicats proclament la grève générale mais ne parviennent pas non plus à contrôler la situation. Des barricades sont érigées, des églises incendiées et quelques prêtres massacrés.
La « Semaine tragique », comme on l’appellera, s’achève le 31 juillet. La répression est terrible : 175 ouvriers tués dans les rues. Avec l’appui des autorités ecclésiastiques, profondément choquées par les excès anticléricaux, le gouvernement d’Antonio Maura veut profiter de l’occasion pour décapiter le mouvement ouvrier. Il proclame l’état de siège, établit la censure et ferme le peu d’écoles laïques existantes. D’innombrables arrestations ont lieu dans tout le pays.
Rien qu’en Catalogne, les tribunaux militaires jugent quelques deux mille personnes ; plusieurs d’entre elles seront exécutées dès le mois d’août. Francisco Ferrer i Guardia, anarchiste, libre penseur, et fondateur de l’école moderne rationaliste, sera fusillé le 13 octobre 1909, considéré par les idées qu’il développe comme un responsable subversif.