D’une dictature à l’autre/ Ni fous ni morts!
Ce 16 juin, la salle du Centre Paris’ Anim de la Place des F^tes réunissait plus de 50 personne, une grande émotion et le récit d’Alberto, réalisateur et acteur des événements…… Laurence Jourdain, Réalisatrice de documentaires lira quelques extraits du livre, écoutés dans un silence attentif et respectueux.
Voici de quoi il fut question:
« NI FOUS NI MORTS
Récits de résistance dans une prison de la dictature militaire en Argentine.
C’était une époque de répression et de terreur causant des milliers de morts, de disparus et de prisonniers politiques parmi les opposants à la dictature militaire. En tant que prisonniers, nous avons traversé ces années noires dans des prisons légales, devenues, après le coup d’État de Videla, en mars 1976, de véritables camps punitifs, destinés à nous briser et à nous soumettre.
La prison forteresse de Coronda était l’une d’elles, là où j’ai passé la plupart de mes années de détention. Un lieu sinistre à 500 km de Buenos Aires, où les militaires ont concentré près d’un millier de prisonniers politiques originaires des provinces du nord-est du pays.
À Coronda, nous avons enduré un régime extrême. Nous étions à la merci des militaires assoiffés de vengeance. Leur consigne était claire et sans appel, le commandant de gendarmerie en charge de la prison nous la répétait sans cesse : « Si vous sortez d’ici, ce sera fous ou morts ». Tout était interdit : pas de lecture (livres, lettres, magazine, journaux), pas de visites, pas non plus le droit de parler entre nous, au moindre écart nous payions par des punitions et longs séjours dans les cachots.
Mais nous avons tenu bon. À la folie répressive de nos bourreaux, nous avons opposé une organisation et une résistance implacables. Avec une créativité difficilement imaginable aujourd’hui, nous avons créé des réseaux secrets de solidarité et d’entraide, des systèmes de communication performants. Ce lieu où le silence et l’isolement devaient être la règle, grouillait d’une activité souterraine intense, par les égouts, par les tac-tac-tac du morse…
Coronda a été notre lieu d’enfermement, mais aussi notre lieu de vie, de partage, et des liens solidaires qui perdurent jusqu’à nos jours. Nous avons connu la souffrance et la douleur. Nous avons perdu des compagnons irremplaçables. Mais notre activité incessante, notre ténacité et l’humour omniprésent, arme puissante contre nos bourreaux nous ont préservés. Dans des cellules étriquées où nous passions vingt-trois heures par jour, nous étions des hommes libres.
Après la chute de la dictature, nous avons été libérés. Coronda, cet enfer sur terre promis par nos geôliers, grâce à notre résistance nous avait préservés.
« NI fous ni morts », est la version française de l’ouvrage sortie originellement en Argentine en 2003 et réédité depuis trois fois dans ce pays.[[« Del otro lado de la mirilla », le titre du livre en Argentine. (De l’autre côté du judas)]] Lors de la première édition nous écrivions :
« Ce livre est une œuvre collective. Ses chapitres sont composés, pour la plupart, de témoignages d’auteurs différents. Des récits anonymes. Ils évoquent en lettres noires nos larmes incolores, le soleil de nos rires, le rouge de notre lutte quotidienne pour survivre.
Nos récits viennent du plus profond de nous-mêmes. Ils sont notre contribution au combat, plus que jamais impératif, pour la sauvegarde de la mémoire, en faveur de la justice et du châtiment des crimes. Un tel projet collectif est un fait unique en Amérique latine. »
2e partie de la soirée:
Ramon commente le film « les dernières heures de Salvador Puig Antich et le livre qui vint de sortir: Salvador Puis Antich dont il est un des traducteurs.
Salvador Puig Antich : Les dernières heures
Le 16 juin 2022, l’association « 24 août 1944 » présentait au Centre Anim’ de la Place des Fêtes à Paris 19è un documentaire sur les dernières heures de la vie de Salvador Puig Antich.
L’occasion de revenir sur le parcours personnel et politique de cet anarchiste catalan, exécuté en 1974 sous la dictature de Franco. Exécution par « garrot vil », la dernière qui eut lieu en Espagne. Salvador luttait avec le MIL (Mouvement Ibérique de Libération) non seulement contre la dictature mais contre le capitalisme. Le débat qui a suivi la projection du documentaire a permis de revenir sur cette forme de combat (l’agitation armée) d’un groupe de jeunes militants qui rejetaient toute forme d’avant-gardisme, s’opposant aux partis traditionnels qui eux n’aspiraient qu’à l’instauration d’une démocratie bourgeoise s’inscrivant toujours dans le cadre de l’exploitation capitaliste. Nombreuses questions de l’assistance sur le fonctionnement du MIL, ses formes de lutte au service des travailleurs en grève sous une dictature qui justement ne reconnaissait pas le droit de grève. Les méthodes pour financer les caisses de résistance et se procurer des armes, grâce aux « expropriations » (braquages de banques) etc. Puis l’arrestation de Puig Antich, son procès expéditif par la Justice militaire, sa condamnation à mort confirmée par le Conseil des ministres, et entérinée par Franco.
Un débat qui prolongea ainsi le témoignage de ses sœurs dans le documentaire qui évoque les dernières heures de Salvador Puig Antich.
Une page d’histoire de cette période sombre de l’Espagne et de ceux qui ont lutté contre le fascisme, dont notre association continue inlassablement d’évoquer la mémoire.































Après Les français et la guerre d’Espagne, après Vae Victis ! David Wingeate Pike examine ici deux thèmes qui sont restés jusqu’à maintenant presqu’entièrement dans l’ombre : le rôle des Espagnols dans la résistance en France et les activités du Parti communiste d’Espagne pendant la période critique de ses trente-sept ans d’exil. Jours de gloire c’est l’histoire de la contribution héroïque apportée par les Espagnols à la lutte anti-allemande, contribution minimisée, par ignorance ou à dessein, par les historiens de l’époque. Jours de honte, c’est le récit ignoble d’un parti dont la servilité face aux ordres de Staline le plaça au premier plan du conflit dans son pays d’exil, la France étant, plus que l’Allemagne ou tout autre pays, le champ de bataille principal de la Guerre froide. Les liens existants entre le PCE et le PCF au cours des douze premières années d’exil de celui-là ont exigé une attention scrupuleuse. L’importance de Jours de gloire, jours de honte repose sur le caractère unique de sa recherche : en effet, sur la plupart des thèmes exposés dans cet ouvrage, en particulier sur la période 1948-1951 en France, période où la Guerre froide fut la plus intense, aucune étude n’existe.


Le camp de Mauthausen, en Autriche, est un de ces lieux où l’horreur nazie s ‘est donnée libre cours. Il s’impose au sein de l’archipel concentrationnaire, comme l’archétype du camp d’ « exténuation » où les nouveaux esclaves sont promis à la mort après avoir été usés par le travail. Lorsque la situation de guerre s’aggrave dans le IIIe Reich, il se transforme en complexe industriel enterré, fabriquant des avions, Messerschmitt et des armements. À ses portes la société autrichienne continue de vaquer à ses occupations comme si de rien n’était…

Marie-Claude Rafaneau-Boj : originaire du Sud-Ouest, titulaire d’un DEA en Histoire contemporaine, a baigné depuis son plus jeune âge dans la culture hispanique. Odyssée pour la Liberté est la première étude complète sur le drame des Républicains espagnols.

Né à Madrid le 4 septembre 1897 dans une famille modeste ; Cipriano Mera travaille dès l’âge de 13 ans comme manœuvre dans le bâtiment. Il adhère d’abord à l’UGT puis au syndicat de la Construction de la CNT de Madrid auquel il restera attaché toute son existence.

