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Étiquette : Nécrologie

AU REVOIR RAMIRO

Chers Nini, Patrick et famille

C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Ramiro, ton compagnon d’une vie Nini, et ton papa Patrick, toujours attentif et dévoué à votre bonheur.

Ramiro fut non seulement un compagnon solidaire au camp de Mauthausen mais toute son existence il sut rester proche de ceux qui souffrent et il a gardé intact son idéal contre l’injustice, pour une société de partage et de paix. Il a su aussi transmettre tant que ses forces le lui ont permis, la mémoire de l’engagement républicain pour la liberté, et la mémoire de la déportation espagnole, qui conjuguait le mot RÉSISTANCE dans les pires circonstances. Il appartenait à ce kommando légendaire constitué des plus jeunes espagnols du camp (entre 14 et 19 ans pour les plus âgés), le kommando Poschacher. Il était de ceux qui se nommaient: Los Poschacas. Ils formaient une équipe solide et solidaire. Ils observaient une conduite héroïque et d’entraide qui forçait l’admiration des anciens. Ils contribuèrent à la résistance interne du camp en sortant les clichés confiés par les photographes Antonio García et Francisco Boix (détenus espagnols affectés au service anthropomorphique du camp). Leur rire fut salvateur pour eux et un baume pour les détenus plus âgés. Ce groupe de jeunes était l’antinomie du système de mort nazi, toutes leurs actions étaient une ode à la vie ! Au passage de la frontière en 1939, Ramiro fut interné avec son père Nicasio et son frère ainé, Manuel, au camp du Vernet d’Ariège, le camp où étaient enfermés les éléments considérés comme « Dangereux » pour la sécurité nationale française. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, ils furent incorporés à la 101e Compagnie de travailleurs étrangers, pour effectuer des travaux de protection antitanks sur les routes proches de la frontière belge. En juin 1940, prisonniers des forces allemandes, ils firent partie du premier groupe d’Espagnols à être transféré au camp nazi de Mauthausen, le 6 août 1940. Tous trois réussirent à sortir de Mauthausen vivants, après près de cinq années d’enfer nazi. Mais Nicasio, très malade mourut quelques mois après la libération tandis-que Manuel retourna en Espagne à Laredo où il fut assassiné par la guardia-civil. Seul Ramiro, porta toute sa vie la mémoire de leurs combats communs. Il adhéra à la Fedip (Federación Española de deportados e internados politícos) naissante dès septembre 1945 et en fut un membre actif, jusqu’à son dernier souffle, au cours de ses campagnes pour libérer les compagnons espagnols emprisonnés en Espagne mais aussi en URSS, pour les droits des déportés et de leur famille, et pour la mémoire de ce que fut leur « devoir collectif de survivre à Mauthausen » auprès de la jeunesse. À Mauthausen, il avait de ces numéros à 4 chiffres qui forçaient l’admiration de tous les autres déportés de diverses nationalités, le 3237, ce matricule il l’arbora fièrement, en tant que dernier président de la FEDIP jusqu’en 2005. Aussi nous voulons te dire merci Ramiro, d’avoir défendu notre liberté, d’avoir témoigner de ton attachement à la mémoire de tes compagnons, auprès des jeunes générations, et enfin d’avoir été ce que tu fus : un homme debout, fier et digne dans la tourmente de l’histoire.

Nos pensées vont à Nini, qui va devoir apprendre terriblement à vivre sans toi, et à Patrick, sa compagne et tous tes petits-enfants pour l’absence sans retour que tu laisses dans leurs cœurs et dans nos pensées.

L’association 24 août 1944.

Hommage devant le monument de la FEDIP 9 février 2009
Hommage devant le monument de la FEDIP 9 février 2009
Février 2009 cimetière du Père Lachaise
Février 2009 cimetière du Père Lachaise
Hommage organisé par la CNT en février 2009
Hommage organisé par la CNT en février 2009
Réunion de la FEDIP années 60/65 Ramiro premier à gauche
Réunion de la FEDIP années 60/65 Ramiro premier à gauche

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HUGO Au Revoir Compañero!

Comment oublier ta frêle silhouette, tes cheveux blancs et longs, attachés sur ta nuque et qui cascadaient comme autant de chevaux fous et sauvages dans la prairie argentine de ta naissance.

Tu avançais dans la vie, rebelle, réfractaire à tout ordre, refusant une administration inquisitrice et voyeuse.

Comment oublier ton visage ouvert comme une question immense sur le monde qui t’environnait, ton regard espiègle, et ton sourire moqueur.
Moqueur des idées reçues, moqueur des règles imposées, moqueur des institutions frustrantes mais tellement respectueux de l’amitié, de la beauté et de la solidarité.

Tu t’en es allé, empli de souffrance, sans faire d’esclandre, tu as tiré ta révérence ce samedi de juin où le soleil a bien voulu encore une fois réchauffé ton cœur.

Tu nous laisses vides de ta présence; abandonné le mobil-home qui abritait tes sommeils d’idéaliste, tes créations de bijoux et surtout beaucoup de tes rêves à partager.
Tu fus notre compagnon de liberté et d’idéal. Dès la première heure, tes pas se sont joints aux nôtres pour croiser le chemin des hommes de la Nueve.

Tu fus Manuel Lozano, être magique, à l’accent inimitable qui est le tien et qui fut le sien dans la vie probablement et aussi pour une lecture théâtrale mise en scène par un autre compagnon génial et regretté Armand Gatti.

Et depuis ce jour mémorable du 23 août 2014, tu n’as plus quitté notre route. Tu fus et restes présent à nos côtés dans cette mémoire que tu as fait tienne et qui t’a adopté.

Un extrait de la pièce La Nueve mise en scène par Armand Gatti: la belle prestation de notre ami Hugo:
https://www.youtube.com/watch?v=WXhypncC8Yk&feature=youtu.be

Felisa Bailo Mata, una compañera de vida y de lucha

Ma mère, par Elsa Osaba

 Je n´ai pas pu éviter de parler de toute la famille. La vie de ma mère, c´était bien la vie à tous. Impossible de les séparer. Felisa Baïlo Mata, née à Leciñena (Saragosse) le 20 novembre 1919. Elle est la deuxième et unique fille dans une famille de quatre frères. Son père agriculteur possède quelques terres et un tracteur, ce qui est très important pour l’époque. Sa mère Justa est la douzième fille d’un agriculteur. Le père de Felisa meurt à 35 ans, il laisse sa famille ruinée à cause des traitements très chers de sa maladie et des intérêts réclamés par les usuriers. La famille aida la jeune veuve et ses enfants. Lorsque que le fils aîné accomplit son service militaire, le coup d’état militaire éclate sous le commandement du général Cabanellas, Francisco déserte et rejoint la colonne Durruti. Il sera un « Fils de la Nuit ». Quand les militaires séditieux attaquent Leciñena, Felisa, sa mère et José son petit frère de 10 ans s’enfuient. Couverts seulement d’une chemise de nuit, pieds nus, ils errent trois jours dans la Sierra d’Alcubierre. Sa cousine enceinte presque à terme ne veut pas les accompagner, pensant que les nationaux respecteront son état de femme enceinte. Ils la violent puis la trainent par les cheveux dans le village où ils la jettent encore vivante dans un puits. Aujourd’hui encore, ce puits n’a toujours pas dévoilé le nombre de disparus qu’il a avalé. Pascual, 14 ans, est roué de coups de pieds, envoyé comme une balle d’un caniveau à l’autre de Leciñena jusqu’à Perdiguera, six kilomètres. En piteux état, il retourne au village, retrouve ses grands-parents cachés dans une grotte. Ils avaient été jetés dehors de leur maison. Ils se partagent un oignon (maudits sont les oignons dans la mémoire du peuple espagnol, car ils sont le symbole de la faim !). Quelques jours plus tard, les grands-parents sont découverts, ils meurent tous les deux. Personne ne sait comment. Et Pascual s’enrôle -trichant sur son âge- dans l’aviation républicaine. Justa, Felisa et José, parvenus à Fraga sont transportés à Barcelone dans un camion de miliciens. Un des souvenirs les plus émouvants de ma mère, qui a 16 ans à cette période, est l’enterrement historique de Durruti . À Tárrega, une famille catalane les accueille, les habille et leur cherche un travail dans une usine de textile. Ils conserveront toujours affection et respect pour la solidarité de la Catalogne ; valeurs dont j’ai héritées. Lorsque Barcelone à son tour tombe, la Ville Martyre où il y eut le plus de victimes à cause des bombardements fascistes . Et c’est une autre fuite vers le nord : la France, le pays de la Liberté, Égalité, Fraternité. Ce sont alors les 200 km de ce qu’on appelle maintenant La Retirada. Chemins semés -selon les historiens- de quinze mille victimes. Ma mère, les pieds écorchés, passe la frontière. Sa mère et elle sont transférées au camp d’Argelès Sur Mer. José qui n’a que 13 ans, est considéré comme un adulte et envoyé à Saint Cyprien. L´idée d´obtenir la Liberté s´envole . Plus tard, il est recueilli par un couple sans enfant en échange de travail dans leur grange. À ce moment, il sert aussi d’agent de liaison pour la Résistance. Ma grand-mère et ma mère sont restées quinze mois à Argelès, à savoir deux hivers. Puis, elles acceptent d’aller travailler dans les CTE, à l’extérieur. Elles se retrouvent dans les Alpes, au-dessus de Beaufort. Elles n’ont jamais vu tant de vaches à la fois. Mais ma Grand-mère, malade, n’a plus de force. Alors le travail se multiplie par deux pour ma mère. Elle se lève à 2 heures du matin. Ses mains sont crevassées à force de traire, mais c’est ça ou la Gestapo, dans on ne sait quel lieu…  Ma grand-mère meurt à l’hôpital d’Alberville, abandonnée sur un lit, sans aucun traitement. C’est une « indésirable rouge espagnole » … La chance veut qu’à ses côtés un exilé espagnol l’assiste. Il est blessé, avec des fractures multiples, il a fui pour échapper aux soldats nazis. Puis il deviendra mon père. Ma mère est avertie du décès de grand-mère, plusieurs jours plus tard. Ma mère aide des compagnons exilés pour les formalités administratives, pour écrire à leur famille… Elle a des problèmes avec la Gestapo pour ces activités…  Elle apprend la menace qui pèse sur Beaufort de la réduire en cendres… Et elle s’aperçoit qu’elle est enceinte au moment où mon père est transféré dans une autre zone. C’est une grossesse non désirée, traumatique… Enfin à l’automne 1944, ils obtiennent le droit de se réunir dans une colonie d’Espagnols à Izeaux (Isère). C’est là que je suis née. Deux mois plus tard, l’Europe est libérée du Nazisme. Pardon, sauf l’Espagne où le franquisme se renforce. C’est là que ma mère commence à retrouver ses frères : José, avec ses épopées de résistant, son angoisse, sa détresse… Pascal qui lutte avec la Légion Étrangère française en Afrique du Nord contre Rommel, avec le général Montgomery en Sicile et à Monte Cassino, débarqué près de Toulon pour terminer la guerre par la Bataille des Ardennes où il souffre de congélation (d’autres en meurent) il est amputé de la moitié de ses pieds. Il est décoré et nommé Porte-Drapeau du département de l’Isère… Francisco est atteint de deux maladies en juillet 1945. Il ne tient plus debout. Sa déportation à Mauthausen durant quatre ans et un mois passe la facture  ! La famille et les voisins ne se plaignent jamais des cris de ses terreurs nocturnes , de son insatiable soif, de son angoisse, de ses extravagances traumatiques… il n’eut jamais droit à un soutien psychologique en tant que victime. En 1951, mes oncles Francisco et José font partie d’un groupuscule de la CNT pour attenter à la vie de Franco. Les exilés espagnols voient, de l’autre côté de la frontière, les crimes franquistes envers le peuple terrorisé et désemparé. Ils ont besoin d’argent et utilisent la méthode « d’expropriation » qu’ils ont apprise en presque dix ans de guerre. L’objectif est le fourgon des PTT. Francisco est le conducteur d’une fourgonnette qui attend deux rues plus bas de l’endroit où doit avoir lieu le hold-up à Lyon. [[NdA : Le hold-up a lieu Rue Du Guesclin à Lyon, il est nommé ainsi « le Hold-up de la rue Du Guesclin ». Les divers membres de ma famille furent torturés par la police française.]] José doit s’introduire dans le fourgon et s’emparer des sacs d’argent. Il ne doit pas y avoir de blessés, mais il y a deux victimes mortellement atteintes : des gendarmes. Par la radio, mes parents apprennent le « suicide » de José. En 2002, nous avons lu aux archives des journaux, sur Le Progrès notamment, qu’il avait reçu une balle dans le dos. [[NdA: Avec mon mari, en 2002, on a lu les journaux de l´époque. C´était aux archives des périodiques et journaux, Bd. Vivier- Merle. C´était tard, on ne put faire des photocopies. Ce qui nous a surpris ce fut de lire que José, avait reçu un coup mortel dans le dos. Maman m’a dit que personne n’avait été appelé pour reconnaitre le cadavre de José. On a beaucoup d´interrogations à ce sujet.]] Aucun membre de la famille n’est invité à reconnaître le corps. Il est jeté dans une fosse commune inconnue. Francisco, malgré ses quatre années de déportation à Mauthausen, est sauvagement torturé, et con-damné ensuite à perpétuité. [[NdA: Pourquoi François fut-il condamné à perpétuité et libéré après vingt longues années ? Tous savaient que sa responsabilité était de conduire une camionnette après le hold-up. Il ne portait pas d´armes, il se trouvait deux rues plus loin. Il n´a rien vu. La police s´est acharnée sur lui. Ces sales espagnols!!!]] Il fait vingt ans comme Albert Speer, ministre de guerre nazi, architecte qui dessina les différents camps de concentration et d’extermination… ! La police arrête beaucoup d’Espagnols. Mon père est humilié, giflé. Il reçoit tant de coups de poings au visage qu’il double de volume… Il ne sait pas ce qui s’est passé, quand les policiers lui racontent, il s’évanouit. Mon oncle Pascal est dénudé, frappé, mis dans une chambre frigorifique. Dans le même temps, les médecins diagnostiquent sur sa fillette une paralysie cérébrale… La compagne de Francisco, une très belle femme, fut humiliée, dénudée, torturée, etc. Ma mère fait une dépression, elle cesse de manger, et ne se lève plus. Quant à moi, personne ne se rend compte que j’ai une rougeole, je suis dans un état grave. Oui, ma famille a beaucoup souffert. Mais, elle continue à accueillir très souvent, à la maison, des Espagnols en difficulté. Un matelas se déroule pour la nuit et se range au matin. On les aide, on les informe et on résout leurs difficultés avec les moyens que l’on a.

Beaucoup de paquets partent vers l’Espagne pour combler la faim ou on envoie de l’argent à diverses organisations. La solidarité reste une valeur forte que mes parents me transmirent.

À la fin des années 50, mes parents décident de rentrer en Espagne. Ma grand-mère est très âgée ; plusieurs de mes oncles nous rendent visite pour les inciter au retour . Cesser d’être un « Réfugié politique » est un coup dur pour mes parents. Il me faut être baptisée avec communion et confirmation en trois jours, mes parents doivent obtenir l’acceptation pour un mariage religieux, c’est un nouveau choc, très rude pour eux. Mais l’Église des curés ouvriers et du Cardinal Gerlier (Évêque qui affronta Klaus Barbie) facilitent les choses pour nous éviter des déconvenues majeures en Espagne. Le passage de la douane est un vrai film de terreur. Nous sommes accueillis par tout un détachement de Guardias civiles, lieutenant compris. Très vite dans son village de Cantabrique, le harcèlement subi par mon père rend la vie très difficile. Ils l’appellent La Grande Erreur. Le retour n’a pas été suffisamment préparé, tant de choses entrent en compte. À ma mère, entre nous trois nous lui bâtissons une personnalité différente. Il faut éviter que personne ne connaissent l’affaire de ses frères. Le plus terrible c’est le Silence. J’ai 14 ans et je suis déjà responsable de l’intégrité familiale via le Silence. Mes études en souffrent : en classe, j’entends que le Mal c’est les Rouges : ils sont des assassins, des francs-maçons, des communistes… Les autres me regardent, m’insultent, m’appellent Pasionaria. Je commence à avoir des problèmes de langage, je bégaie. Mes parents m’envoient une année, chez mon oncle Pascal. Être fille d’une famille de … je le paie un prix élevé. Durant mes études, je manque des matières beaucoup de fois, sans raison. Il faut que j’obtienne constamment des certificats de bonne conduite religieuse et politique. Je suis sans cesse humiliée. Ma famille ne participe pas au référendum pour les 25 ans de paix, ce qui a pour résultat que le village n’obtient pas 100% de participation. Quand du conseil de Burgos, les femmes les plus catholiques parcourent les maisons pour demander le soutien et les signatures pour que Franco puisse signer les sentences de mort, ma mère s’affronte à elles, alléguant que « La politique ne l’intéresse pas et qu’elle ne comprend pas pourquoi elle devrait signer ce que les gouvernants ont décidé de faire sans son avis ». Dans ma famille paternelle, ex-condamnés à mort, prisonniers, tondues… aucun ne signe. Lors des exécutions de septembre 1975, la police ne se gène pas pour entrer chez nous, … je ne m’étends pas sur les représailles que nous subissons. Mais je me sens très fière de ma famille. Il commence à arriver à la maison des clandestins, opposés à Franco ; mon père respire. Nous continuons à être solidaires et à accueillir malgré les risques… Nous abandonnons le village de mon père en 1978. Il a reçu des menaces de jeunes d’extrême droite, armés de pistolets : « Allons tirer sur le rouge! » et ils le désignent, nous sommes l’ année 1977 . Je jurai Vengeance, s’ils lui faisaient du mal. Ils me suivent jusqu’à Madrid. Nouvel exil ! Mon père tombe malade, déçu par le PSOE et de tant de frustrations, il meurt en 1985, oublié de son parti comme le reste de ses frères. Avec l’âge, le désenchantement, ma mère cesse d’être active mais elle apprécie les informations que je lui transmets par mon activisme. Elle reste attentionnée à mon voyage à Buenos-Aires pour déclarer devant la juge María Servini, dans le cadre de la Querelle Argentine. [[Querelle Argentine le procès engagé en Argentine par les victimes du franquisme qui se sont vus dans l’impossibilité d’engager une procédure en Espagne. Ce procès a entraîné plusieurs demandes d’extradition, notamment à l’encontre de la police politique du régime. Toute les demandes ont été rejetées. Quelle fut la cause de ces rejets ? Elle est simple. En Espagne n’est pas considéré comme un délit le fait d’avoir appartenu à la Brigade Politico Sociale, la police politique du régime. Le régime franquiste est considéré comme légal et il existe une continuité en ce qui concerne certains aspects fondamentaux.]] Elle est très attachée à mon avocate Ana Messuti pour son travail envers les victimes du franquisme. Mais sa tristesse pour les réfugiés syriens la démoralise. Un jour elle crie face au téléviseur au milieu de cris et de larmes :

« Mais est-ce que les gouvernants n’ont rien appris de nous, les réfugiés espagnols ? Est-ce que ce que nous avons souffert n’a servi à rien ? »

Elle ne supporte pas de voir l’histoire se répéter. Jamais elle ne chercha vengeance mais Justice oui ! Dans la mesure où elle peut, elle collabore jusqu’à son dernier souffle. Jusqu’à ses 98 ans, elle ne réussit pas à ce que son pays transmette la Vérité, ni rétablisse la Justice et ne reçut aucune Réparation.

Elle reste un témoin incontournable pour toutes celles et ceux qui sont et restent le meilleur de l’Espagne.

je t’embrasse maman! Elsa

Portrait de Felisa Bailo Mata, 1942
Portrait de Felisa Bailo Mata, 1942
Felisa Bailo Mata, à l´âge de 75 ans.
Felisa Bailo Mata, à l´âge de 75 ans.

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Au revoir Eduardo mais ton idéal reste près de nous !

À Eduardo et Heloïsa En apprenant la triste nouvelle du décès d’Eduardo Colombo , ce cher compagnon libertaire de longue date, l’ensemble des membres de l’association 24 août 1944 présente à sa famille et à sa compagne, Heloïsa Castellanos, leurs plus sincères condoléances. Celles et ceux qui l’ont plus particulièrement connu, garderont le souvenir d’un intellectuel anarchiste convaincu, grand théoricien mais aussi amoureux du sens des mots et de la polémique. Fuyant la dictature argentine, il avait quitté son pays et était arrivé en France il y a presque 50 ans avec sa compagne de toujours, Heloïsa. Dans son pays d’accueil, il poursuivit sans relâche sa lutte et sa reflexion sur l’anarchisme, tant en France qu’au niveau international et, bien évidemment dans la lutte antifranquiste des exilés libertaires espagnols. Avec Heloïsa, Il prit également part à la réflexion sur son autre terrain de prédilection, la psychanalyse. Eduardo, aujourd’hui, tu nous quittes définitivement mais ton souvenir, tes écrits, ta réflexion, perdureront. Tu resteras dans nos cœurs et dans nos luttes. ¡Adios compañero! Agnès PAVLOWSKY, Aimable MARCELLAN, Cristine HUDIN, Daniel PINOS, Frank MINTZ, Serge UTGÉ-ROYO, Juan CHICA-VENTURA, Marie RAFANEAU-BOJ, Ramon PINO-LARTIGUET, Véronique SALOU-OLIVARES, Henri SALOU, Wally ROSELL.

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Le 11 août 2017, Catalina Silva Cruz est morte à Montauban, France.

Catalina Silva Cruz est morte à Montauban, France. Article de José Luis Gutiérrez Molina/ 11- 08- 2017 paru sur le site Todos… los nombres. Traduit par Juan Chica-Ventura. • Le onze août, décède dans sa maison de Montauban, Catalina Silva Cruz. Elle avait 100 ans et un peu plus de huit mois. Avec elle disparaît le dernier témoin du massacre de « Casas Viejas » [[Dans la nuit du 10 au 11 janvier, des cénétistes prennent le poste de la Garde civile en faisant deux blessés et proclament le communisme libertaire. Mais les paysans ne sont en réalité maître de rien et une compagnie de garde d’assaut menée par le capitaine Manuel Rojas n’est pas très loin. Les militants ayant participé à l’insurrection fuient dans les champs environnants en voyant arriver une petit vingtaine de militaires. Huit personnes, dont le vieux Francisco Cruz Gutiérrez dit « Seisdedos » et ses fils se retranchent dans leur pauvre cabane. au petit matin et sur l’ordre de Rojas – arrivé au cours de la nuit – de mettre le feu à la cabane. Il n’y a aucun survivant. Au total, ce sont 19 hommes, 2 femmes et un enfant qui sont morts sous les balles du gouvernement républicain contre deux gardes civils et un garde d’assaut]]. Heureusement elle nous a laissé son histoire dans une entrevue de plusieurs heures « brutes » qui aurait dû être considérée à titre de Bien d’Intérêt Culturel, ce qui n’a jamais été réalisé malgré les nombreuses promesses faites en 2009. • Catalina Silva Cruz a toujours été une combattante : • Avant janvier 1933, dans le groupe anarchiste féminin Amor y armonía (Amour et Harmonie), auquel elle appartenait avec sa sœur Maria et de son amie Manolita Lago. • Lors des événements (de janvier 1933), pour avoir osé aller jusqu’à la chaumière pendant qu’elle était assiégée. • Ensuite en 1936, lors du coup d’État, elle aidera des voisins à fuir de Paterna, s’enfuira, elle-même, après l’assassinat de sa sœur. • Courageuse et battante lors de sa fuite jusqu’à la frontière française et même lorsqu’elle fut traquée dans ce pays voisin par l’occupation nazie et la méfiance des autorités « fantoches », envers les milliers d’anarcho-syndicalistes réfugiés dans le sud du pays. Même dans les pires moments, selon ses dires, jamais elle n’oubliera cette nuit hivernale de janvier 1933 lorsque, le soleil de l’espoir révolutionnaire fût remplacé par les flammes de la répression la plus impitoyable. Nuit après nuit, elle se rappelle ce qu’elle a vécu ; jusqu’à parvenir à ce siècle -ci lorsqu’elle sortit de l’anonymat dans lequel elle s’y était volontairement plongée. Ce fût pendant la préparation du livre que j’écrivais sur Miguel Pérez Cordon, le compagnon de Maria Silva que j’eus la chance non seulement d’obtenir son témoignage mais aussi de nouer une amitié et de la tendresse avec elle, sa fille Estella et ses fils Augusto et Universo. Catalina comme les autres membres de la famille Silva, n’a pas eu de chance avec le pays où elle est née, mais elle n’a jamais renoncé à sa nationalité même après avoir vécu en France pendant presque quatre vingt ans. Toute une vie! Elle n’a pas eu de chance car elle a toujours vécu du côté des perdants, de ceux qui ont perdu en 1933, en 1936-39, dans l’exil, après la mort du dictateur quand elle a fait partie des oubliés, de ceux qui n’ont pas aimé ce qu’ils ont vu à leur retour lors de brefs voyages sur leur terre et village natal. Mais pour elle comme pour tant d’autres ce n’avait pas d’importance. Elle savait que tant cette société serait comme elle est, sa terre serait l’exil. Cela ne cessera d’être un rappel pour les puissants. Quels qu’ils soient, le pire qu’il puisse leur arriver c’est qu’il existe d’autres personnes conscientes et combattantes, comme elle (Catalina), pour qui plus ces personnes sont loin mieux c’est. Cependant, je ne serais pas très original, l’histoire à ses ironies. Aujourd‘hui dans l’après-midi, lorsque les restes de Catalina seront déposés dans la tombe familiale du cimetière de Montauban, à peine une dizaine de mètres les séparent de ceux du dernier responsable politique, des assassinats de « Casas Viejas » : le nommé président du gouvernement de la République espagnole, Manuel Azaña, celui là-même qui sacrifia l’intérêt collectif du pays à l’intérêt particulier de celui qui détenait le pouvoir. Catalina comme des dizaines de milliers d’Espagnols part sans savoir où sont les restes de sa sœur Maria, qui fut assassinée, cela fera dans quelques jours 81 ans. Elle part en silence sans faire de bruit comme elle a vécu. Pour elle malgré ses cent ans, le temps a passé bien trop rapidement aux rythmes d’une société et d’une administration, à tous les niveaux, dévolues aux nouveaux maitres du royaume d’Espagne. Catalina que la terre te soit légère. Tu vivras toujours dans nos cœurs.

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Armand GATTI vient de saluer une dernière fois

Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.

Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.

Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…

Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.

L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.

** Armand Gatti: Passion du général Franco – La tribu des Carcana, Seuil, 1975.

Armand GATTI vient de saluer une dernière fois

Nous avons l’immense tristesse d’apprendre le décès de notre compagnon Armand Gatti.

Sa voix sonne comme un écho de tant de rébellions.

Tant de souvenirs reviennent en mémoire. Sur ces photos, la première réunion, le 28 juin 2014, dans son bureau, lorsqu’il a accepté de nous accompagner dans l’aventure de la Nueve… Sur la deuxième photo, il est sur scène, chez lui, à la Parole errante, avec nous, saluant les personnes qui sont venues découvrir le montage théâtral des paroles des combattants de la Nueve… C’était le 24 août 2014.

Depuis, l’idée, l’envie ne le quittaient pas de remonter quelque chose sur sa «passion Durruti »*, comme il l’avait fait dans les années 70 sur l’exil, auquel Franco condamna la meilleure partie de son peuple**…

Fils d’Augusto Reiner Gatti, balayeur, et de Laetitia Luzano, femme de ménage, poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, résistant, évadé, journaliste, voyageur, infatigable humain « engagé à vie »… Gatti nous a quittés.
Il nous laisse un immense héritage, une vie de combats pour exemple.

L’association 24 août 1944 s’associe au deuil de ses proches et lui rend hommage en gravant son nom dans la mémoire de l’exil espagnol dont il fut le compagnon infatigable jusqu’à son dernier souffle.

* La colonne Durruti (1972)

** La Passion du Général Franco par les émigrés eux-mêmes (1976)

Moment de réflexion sur la mise en scène
Moment de réflexion sur la mise en scène
Le salut au monde 23 août 2014
Le salut au monde 23 août 2014
L'affiche du spectacle La Nueve
L’affiche du spectacle La Nueve
Armand Gatti et la mémoire historique
Armand Gatti et la mémoire historique
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une histoire de fraternité
une histoire de fraternité

Hernandez Daniel

«  Mon père était pêcheur, mais, comme il y avait peu de travail, il était parti comme mécanicien sur un cargo. En 1930, comme les choses conti- nuaient à être difficiles, toute la famille avait émigré à Alger ; on s’était installés dans le quartier de la Marine, où on a vécu dans de grandes difficultés et une grande misère. Un an plus tard, on s’installait à Oran, où travaillait un frère de mon père, également pêcheur.

On était arrivés là-bas sans rien et on essayait de gagner notre vie en pêchant clandestinement. On n’a reçu aucune aide. Ni les Espagnols, ni les Français d’origine espagnole ne voulaient entendre parler de nous…
« Mon père était un de ces pêcheurs andalous qui croyaient en la Vierge du Carmel et qui ne coupaient jamais le pain sans l’avoir d’abord signé d’une croix ; mais, en même temps, il avait des idées républicaines et suivait de près les informations sur la guerre civile. C’était un homme qui savait lire, et comme il y en avait peu qui lisaient, il en réunissait quelques-uns devant la porte de la maison, et, à la lumière d’une bougie ou d’un quinquet, autour d’une cruche de vin et d’un peu de poisson salé, il leur lisait le journal en racontant et commentant ce qui se passait dans le monde.

« À Oran, où le maire était curé et pétainiste – et appuyé par de nombreux fascistes –, débarquaient beaucoup de réfugiés qui venaient d’Almería, Alicante ou Valence, la plupart sur des voiliers ou des barques de pêcheurs. Ils étaient tous considérés comme des « rouges », et on en a emmenés beaucoup vers des camps de concentration situés dans le sud de l’Algérie. Nous, on savait qu’ils étaient maltraités dans ces camps.
« Comme les ports étaient réquisitionnés à cause de la guerre, mon père et moi devions aller pêcher à 20 km d’Oran. C’est justement sur la plage où on allait pêcher qu’on s’est retrouvés face au débarquement américain. »

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