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Étiquette : Analyse

Exil des affichistes de la Guerre d’Espagne.

Même si la Retirada constitue l’arrivée la plus massive d’Espagnols en France et donc d’artistes, ce ne fut pas une première au XXe siècle, ce ne fut pas non plus la dernière.
Ceux que l’on nomma, les « Artistes ibériques de l’École de Paris », P. Picasso, J. Miro, J. Gris, S. Dali étaient déjà établis et reconnus en France avant 1936. Certains comme B. Lobo, H. Gomez sont aussi venus en France avant 1936.

Le sculpteur Apel.les Fenosa. Catalan, sympathisant anarchiste déserte en 1920 et se réfugie à Paris où il rencontre P. Picasso et les surréalistes. Il rentre en Espagne lors de la proclamation de la 1ère république et franchit de nouveau la frontière en 1939.

J-L Rey Villa ne fait pas partie des réfugiés de la Retirada : d’origine andalouse, il étudie à Barcelone. Il prend le pseudonyme de SIM en juillet 1936, car sa famille vit à Séville et subit la répression franquiste. Il participe pleinement aux activités de propagande du SDP de Barcelone jusqu’en 1937 (pour la CNT, l’UGT et la Generalitat). Le gouvernement catalan l’envoie à Paris pour le représenter au pavillon espagnol de l’exposition universelle (mai 1937). Il y restera.

Comment définir tous ces artistes espagnols en France ? Exilés oui ! Mais pas de la même manière. Eux se définissent comme antifranquistes et exilés politiques.
Avant l’exposition universelle de 1937 et le pavillon de la République espagnole, l’avant-garde artistique ibérique eut droit à une certaine reconnaissance en février 1936. Le musée du Jeux de Paume proposa une exposition sur l’art contemporain espagnol. Parrainée par Jean Cassou, elle fut co-organisée avec le gouvernement républicain. Elle présenta plus de 300 œuvres venant de Madrid, Barcelone et surtout de Paris.
L’armée, l’Église et la grande bourgeoisie ibérique, haïssaient ces artistes. Ils étaient la figure emblématique de la pseudo dégénérescence du peuple espagnol. C’est pourquoi, le 18 juillet 1936, F. Franco et ses acolytes ne voulaient pas seulement réussir un énième coup d’état. Les militaires et leurs complices (surtout l’Église) ambitionnaient d’éradiquer une possible république sociale fédéraliste et libertaire. Pour cela, il ne leur suffisait pas de gagner une guerre. Il s’agissait d’extirper de la tête du peuple espagnol l’idée même d’émancipation sociale et culturelle.
Cette logique exterminatrice du progrès fit que, dès juillet 1936, la répression s’est abattue non seulement sur les militants syndicaux et sociaux, mais aussi sur l’élite intellectuelle et artistique du pays. Tous les citoyens-e-s ayant contribué dans les années 1920/1930 à l’éducation, l’affranchissement intellectuel ou moral de l’église, de la bourgeoisie et de la droite espagnole devait être épurés immédiatement.
Le général Mola avait averti ses collègues militaires au printemps 1936 :
«On tiendra en compte le fait que l’action doit être d’une violence extrême afin de réduire au plus vite l’ennemi qui est fort et bien organisé. Tous les dirigeants des partis politiques, sociétés et syndicats non affiliés au Mouvement seront bien sûr emprisonnés ; des châtiments exemplaires seront appliqués aux dits individus afin d’étrangler les mouvements de rébellion ou de grève ».
« Il est nécessaire de propager un climat de terreur […] Quiconque est ouvertement ou secrètement un partisan du Front populaire doit être fusillé ».
En août 1936, une commission fût créée à cet effet. C’est pourquoi la propagande franquiste parla abondamment de croisade.
Ramon Acín à Saragosse et bien sûr Federico Garcia Lorca fusillé – avec un instituteur et 2 militants libertaires- pas loin de Grenade, furent deux emblèmes de cette extermination.
Cette guerre à «l’ intelligence » explique en partie le fait qu’en février 1939, il n’y avait pas qu’une armée en déroute qui passa la frontière vers la France, mais des gens de toutes conditions y compris un nombre important d’artistes, d’intellectuels, d’enseignants… Bref, c’est l’élite culturelle qui prit le chemin de l’exil. À lui seul, le camp d’Argelès recueillit plusieurs dizaines de ces artistes.
Traités comme du bétail par le gouvernement de Daladier (ex-ministre du Front populaire), il était important pour ces milliers de réfugié.e.s de re-devenir des êtres humains, d’assurer une continuité sociale et culturelle avec ce qu’ils -elles- avaient construit à partir de juillet 1936 de l’autre côté des Pyrénées.

En peu de temps les activités artistiques et éducatives seront organisées au sein des camps du Languedoc : la Baraque artistique ; le Palais des expositions ou le Salon des beaux-arts et même au camp des Milles, à Aix-en-Provence, où étaient détenus réfugiés espagnols et juifs « indésirables » comme Max Ernst, Hans Bellmer.
En parallèle, le matériel de ces activités artistiques sera aussi détourné pour la fabrication de faux documents auxquels participa des affichistes tels que Gallo ou Badia Vilato. Gallo continuera ces activités « artistiques » clandestines au sein du célèbre réseau d’évasion Ponzan.
Heureusement, côté français un élan de solidarité se manifesta y compris dans les milieux artistiques. C’est ainsi que certains purent sortirent des camps. Josep Renau et son frère Juan grâce à l’intervention de Picasso et du réseau du Parti communiste. À Perpignan, le peintre Martin Vivès fut aussi très actif et exfiltrât du camp du Haras de nombreux artistes dont les affichistes C. Fontséré, J. Bardasano et A. Clavé. Antonio Lamolla est exfiltré du camp de St Cyprien par le maire de Dreux Maurice Violette. Lamolla y restera 40 ans et y a ouvert une école de dessin gratuite. D’autres comme B Lobo, L. Gallo, J. Bartoli, s’évadent.
Le 10 mars 1939, à Perpignan, Martin Vives présentent des œuvres de Clavé et de Fontseré sous le titre « scènes vécues de la Retirada » dans une pâtisserie – salon de thé « Vivant ». Antoni Clavé remercia Vivès en lui offrant son portrait. Suivirent des expositions de Gustau, Cochet, en mars ; de Pedro Flores en avril ; de Ferran Callicó; de Josep Puig-Pujades en juin.
Le 14 juin 1939, Albert Bausil, Martin Vivès et le comité d’entraide aux artistes républicains espagnols organisèrent une grande exposition au salon de l’hôtel Tivoli. Avec des œuvres venues de tous les camps du Languedoc. Elle fut transférée à Paris le 26 juin à la Maison de la culture avec comme titre : L’art sous les barbelés. Cette exposition programmée à Londres, à l’automne, a été annulée à cause de la guerre.
À Montpellier, le 6 Juillet, avec la présence de nombreux artistes, intellectuels et politiques « occitans » et catalans, le Musée du Travail accueille trente œuvres d’artistes, surtout catalans, internés.

Ces évènements eurent deux conséquences positives : Le milieu de l’art français découvrit ce qui se faisait en matière de sculpture, peinture, dessin, photo en Espagne dans les années 1930. Inversement, les artistes espagnols purent prendre contact avec les us et coutumes de l’univers artistique français : responsables de musées, galeristes, critiques d’art ou artistes déjà établis, surtout grâce aux Espagnols qui étaient établis et reconnus à Paris : P. Picasso ; J. Gris ; J. Miro, Apel.les Fenosa, etc.
Ces artistes avaient à peine retissé des liens familiaux et reconnecté les réseaux artistiques militants qu’ils furent dispersés une seconde fois. Ils subirent de nouveau la semi-clandestinité, les dispersions au gré des enrôlements forcés, des internements, d’autres camps, des vies de semi-clochardisées, etc. ou contraints à travailler pour les allemands comme Fontséré, Rey Villa, M. Blas, ou dans la publicité comme Badia Vilato, … Pendant quatre années supplémentaires. Si, J. Bartoli réussit à échapper à la Gestapo, ce qui ne fut pas le cas de tous, comme J. Sau, M. Camps Vicents, H. Brugarolas, et d’autres encore. Pour ceux qui le pouvait, il fallait donc continuer à peindre, à sculpter, à créer pour résister au fascisme.

« Non, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive et défensive contre l’ennemi. » P. Picasso.

Travailler dans son atelier, oui. Mais, exposer -en tant que réfugié antifranquiste- fut quasiment impossible pendant l’occupation nazie.
Une exception notable : José Luis Rey Villa plus connu dans l’Espagne républicaine sous le pseudonyme de SIM. Si l’on en croit ses biographes, en 1941, il se marie avec une Française. Il abandonne son pseudo et expose au salon Tardor. Le critique d’art Patrice Buet signale cette exposition dans la « Revue moderne des arts et de la vie ». En 1943, il participe à une exposition collective consacrée aux « artistes espagnols de Paris », enfin, en 1944, au salon des sports (toujours à Paris) où il vendra une œuvre consacrée au rugby.

1939-1944, ce sont cinq années d’errances, de pauvreté, de précarité sociale et culturelle.
Pour les artistes s’ajoutait la débrouille extrême pour récupérer des supports, des matériaux, des outils, de la peinture, etc. afin d’exercer leur passion. Citons par exemple le cas de Joaquim Vicents Gironella qui se mit à travailler le liège -à partir de 1941- parce qu’il fut embauché à Toulouse dans une usine fabriquant… des bouchons en liège. Il avait donc un accès direct au matériau de base. Certains deviendront dessinateurs de presse comme Esbelt, Gallo (qui signe désormais Coq dans la presse parisienne), Arguello.

Avec l’euphorie liée à la Libération, les expositions reprirent partout où cela était possible. Les commandes officielles aussi, comme pour B. Lobo. À part quelques noms déjà connus comme : Rey Villa, Lobo, Fontséré, Badia Vilato, les éxilés auront du mal à se faire accepter -individuellement- par les galeries ou les musées. Selon Amanda Herold-Marme à Paris et en province : « Entre 1945 et 1947, la période d’activité la plus intense, au moins huit expositions collectives importantes ont lieu dans le but de lever des fonds et d’attirer l’attention sur la cause antifranquiste ».

Dès 1945, une rétrospective d’affiches espagnoles éditées en 1936 / 1939 est présentée salle Lancry à Paris.

Une différence notable avec la période 1939-1940, la réapparition officielle des organisations syndicales et politiques espagnoles : UGT / CNT ; PSOE, PCE, POUM, FAI, organisations de soutien à la lutte intérieure.

Ces organisations officialisées éditèrent de nombreux supports de propagande contre le régime franquiste : journaux (jusqu’à treize à Toulouse) ; brochures ; livres ; cartes postales ; timbres ; calendrier ; affiches ; etc. Ce qui permit à tous ces artistes de s’exprimer de nouveau dans les réseaux espagnols. Ce sont aussi ces organisations qui vont prendre les initiatives collectives en faveur de l’Espagne anti-franquistes.
Dès lors, Toulouse et Paris deviennent les deux capitales politique et artistiques de l’exil.
Entre la Libération et le début des années 1950, une part importante des meilleurs, graphistes, peintres, affichistes qui ont contribué à l’explosion picturale entre 1936 et 1939 ne sont plus en France. Certains sont toujours en Espagne, au bagne, en prison ou en semi-liberté : M Monleon, les frères Ballester, Bausset, T. Vidal, Esbelt, H. Gomez, R. Calsina, Benages, R. Puyol. ; J. Ricars Obiols ; Manuel Viola (José Viola Gamón) pour ne citer que les plus connus. Ils reprennent le plus souvent leur travail d’avant 1936 : Publicistes, dessinateurs, ils rénovent ou décorent palais et églises.
D’autres ont rejoint l’Amérique latine : J. Bartoli a rejoint les cercles trotskistes à Mexico, C. Fontséré rejoindra le Mexique (1948), puis, les USA (1949) ; Badia Vitalo en Bolivie (1954) ; J. Renau d’abord au Mexique puis, en 1958, il deviendra peintre officiel en RDA ; J. Bofarull au Venezuela ; J. Bardasano, Schum ; Carmora,…
Une nouvelle génération de graphistes militants émerge : J. Call, Arguello, Lamolla, Joan Jorda, …
La première grande exposition collective, bénéficiant d’une forte notoriété, sera l’œuvre de Joaquín Peinado avec le soutien de la mouvance communiste : « L’art de l’Espagne républicaine. Les artistes espagnols de l’École de Paris ». Elle se tient en Tchécoslovaquie, du 30 janvier au le 23 février 1946, dans le cadre d’évènement plus large comprenant : des meetings, des interventions théâtrales à Prague (le bâtiment de l’Association Manes), puis à Brno et Bratislava. Elle réunit une vingtaine de plasticiens et peintres. Une partie de ces artistes étaient arrivés en France bien avant 1939 et d’autres comme A. Clavé, B. Lobo, B. Giner García, ont vécu la Retirada. Il y avait même un tableau de Julio Gonzales décédé en 1942. Cet évènement largement soutenu par le gouvernement Tchécoslovaque, fera l’objet d’une brève dans Unidad y Lucha et d’un article dans le premier numéro « français » de Mundo Obrero (16 février).
Au même moment, à Paris à la Galerie Visconti, Pablo Picasso assite au vernissage d’une exposition organisée par le PCE et Mundo Obrero d’un côté / le PCF et L’Humanité de l’autre, sous la présidence de Paul Éluard et Jean Cassou.
Paris accueille aussi une exposition de l’art moderne catalan fin 1945 en présence de dirigeants de la Generalitat, puis en novembre 1946, le « Premier Salon d’art catalan » à la galerie Reyman qui accueille des artistes catalans « espagnols & français » : Feliu Elias, Francesc Riba Rovira ou Antoni Clavé.

Les anarchistes ne furent pas en reste. À partir 1946, la CNT demande à sa section culture (notamment Puig Elias) d’organiser régulièrement des manifestations du même type à Toulouse et à Paris. La première aura lieu à partir du 22 février 1947 à la Chambre de Commerce de Toulouse. L’exposition au centre de l’événement propose des œuvres de 90 artistes espagnols majoritairement libertaires, mais aussi des militants communistes connus comme P. Picasso, A. Clavé ou J. Bofarull. Chacun des ces artistes peut présenter plusieurs œuvres et ainsi donner aux visiteurs un aperçu complet de leur style. Concerts, danses, conférences et veillées complètent le programme. L’affiche annonçant cette manifestation est l’œuvre d’Arguello qui dessine pour la presse libertaire et socialiste. Cette initiative eut un écho très important dans la presse régionale.
En Avril, la CNT parisienne et la galerie La Boétie trouvent un accord afin d’accueillir une partie des œuvres présentées à Toulouse. Le rédacteur en chef du journal Franc-tireur, Georges Altman prononça le discours lors du vernissage, une soirée animée aussi par la pianiste Mercedes Bevia. L’AFP, Franc-Tireur, l’Echo du Soir, la Radio diffusion Française et bien sûr Solidaridad Obrera en firent un compte-rendu. La CNT édita un catalogue avec la liste des œuvres présentées.
Deux nouveaux évènements du même type se déroulèrent en 1952 et 1958 à Toulouse : Chambre de commerce et au Palais des beaux-arts. Affiches de Camps de Vicens et J. Call. À noter aussi des évènements plus restreints à Bagnères de Bigorre, à la Colonie libertaire espagnole d’Aymare (Lot) et à Paris en 1955, au siège de la CNT (place Ste Marthe- Xè) en présence de Madeleine Lambéret qui fit plusieurs séjours en Espagne entre 1936- 1938. Elle en rapporta de nombreux dessins.
Pour l’UGT (et le PSOE), c’est le 4 mai 1957 que El socialista annonce le vernissage d’une « exposition art et exil espagnol » avenue du Maine à Paris, au siège de Force Ouvrière. En novembre 1958, un second salon présentera des artistes espagnols en exil, de nouveau au siège de FO, sous la présidence d’honneur d’A. Camus.
En Dehors de ces salons « politiques », beaucoup participèrent aux évènements collectifs dédiés aux artistes, catalans, basques ou occitans qui se sont tenus tant à Paris qu’en province.
À la fin des années 1950, la reconnaissance de l’Espagne franquiste par les démocraties et son entrée à l’UNESCO et à l’ONU a eu un impact important sur l’exil et donc sur les parcours de ces artistes.
On peut constater :
– L’effondrement de la production graphique politique espagnole en dehors des dessins dans la presse de l’exil et des calendriers SIA.
– L’arrêt des expositions collectives organisées par les principales organisations de l’exil.
– La reconnaissance individuelle de tous ces camarades dans les milieux de l’art et auprès des publics avertis en France et à l’étranger.

Le fait que des revues d’arts annoncèrent ces manifestations collectives eut un effet bénéfique pour la reconnaissance et le parcours individuel artistique de ces artistes arrivés en France en 1939. En effet, on peut remarquer à travers les biographies de ces plasticiens qu’une majorité d’artistes exilés en province ne purent accéder individuellement à des galeries qu’à partir de la fin des années 1950 : Vicents Gironella, J. Sau ; A. Alos ; Camps-Vicents ; H Brugarolas n’exposèrent pas avant 1959 dans la région toulousaine. Il a même fallu attendre de José Jornet et de Violeta Izquierdo pour qu’en 2002 une exposition soit organisée au centre culturel de Blagnac : « Artistes de l’exil en région toulousaine ».
Dans la région parisienne, la reconnaissance individuelle fût plus rapide du fait que les artistes les plus reconnus sur le marché de l’art (Picasso, Miro, Gris,) et les intellectuels français anti-franquistes (Breton, Cassou, Éluard, Camus) aidèrent rapidement ceux arrivés en 1939.
Badia Vilato s’est rapidement fait connaître grâce à ses affiches pour Air France, M. Chevalier ou pour la compagnie Renaud Barrault. Il a même représenté la ville de Paris à un salon dédié à l’affiche publicitaire.
M. García Vivancos put exposer grâce à l’aide de P. Picasso (en 1948) et A. Breton qui lui consacra une critique élogieuse dans le Libertaire en 1950.
Antoni Clavé suite à l’exposition de Prague (1946) a été contacté par une galerie à Londres (1947), puis à Rome (1951) ; Milan ; Paris (Drouant) ; New-York (1952).
A. Lamolla expose à Dreux et à Montmartre grâce au journal le Monde Libertaire (1956), etc.
La double nationalité d’une partie d’entre eux, facilita la possibilité d’exposer ou de voyager en Espagne. Dès les années 1960, J-L Rey Villa, Baltasar Lobo (pourtant connu comme militant des jeunesses libertaires puis communiste), J. Bofarull, A. Lamolla ou C. Fontséré profiteront de ces « ouvertures ».
Avec Mai 1968, tant en Espagne qu’en France une nouvelle génération de militant.e.s et d’artistes va investir le champs social et artistique. Certains sont arrivés très jeunes en France en 1939 et ont fait toutes leurs études en France. D’autres sont nés en France entre 1940 et l’immédiat après-guerre. Enfin, il faut aussi considérer ceux et celles qui ne purent s’exprimer librement dans l’Espagne franquiste et émigrèrent à la fin des années 1960. Deux exemples parmi d’autres :
R. Faurià Gort, né en 1934 à LLeida, arrive en France en 1939. Lui et sa famille subissent toutes les péripéties des exilés espagnols. Sa famille s’installe à Toulouse en 1950. Il y suit les cours de l’école des beaux-arts et rencontre d’autres artistes exilés. À partir de 1974, il participe à divers salons indépendants et occitans notamment avec H. Brugaloras.
Sylvie Badia, née en 1947 et fille de Badia Vilato. Elle s’intéresse d’abord aux arts dramatiques, puis en 1981, Sylvie Badia s’investit dans les arts plastiques après avoir suivi des études d’architecture. Elle participe à plusieurs ateliers éphémères et squats artistiques en région parisienne Champigny, Clichy, Paris,… Elle expose à La Coopérative-Musée Cérès Franco, dans l’Aude. En parallèle, elle rejoint le mouvement libertaire, elle participe ainsi aux rencontres internationales de St Imier (2012).
Peuvent-ils être considérés comme des artistes exilés ? Question complexe.

À la mort de Franco, en 1975, rien ne changea ou presque en Espagne. Dans la région toulousaine, la mort du dictateur relancera quelques initiatives : expositions collectives à Toulouse (1977, Artistes espagnols à Toulouse et hommage à Pablo Casals en 1978) ; un colloque : La Labor cultural de los libertarios espanoles exilado en Toulouse (1978).

Il faut attendre la fin des années 1980 pour qu’en Espagne : livres, fondations, musées, rétrospectives et autres conférences rendre hommage à ces camarades.

Manuel Viola (José Viola Gamón) ne reçut la première reconnaissance de sa ville natale qu’en 1980, alors qu’il était revenu en 1949 ; Josep Sau en 1983 ; J. Vicents Gironella en 1985, etc. C. Fontséré rentré en 1973 en Catalogne attend les années 1980 pour militer activement pour l’ouverture des archives conservées à Salamanque. Il faut attendre 1986 pour que la municipalité de Barcelone propose une exposition : Art Contra la Guerra et une rétrospective des affiches éditées entre 1936 et 1939.

Aujourd’hui encore, artistes survivants de cette époque (il n’y en a évidemment presque plus) ou contemporains continuent d’évoquer cette période historique à travers leur art. Ainsi en novembre 2019, l’association mémorielle « 24 août 1944 » organisa à l’Institut Cervantès de Paris une exposition intitulée « L’utopie en exil – Quand l’art devient histoire ». À cette occasion 33 artistes exposèrent 115 œuvres pour dire combien la Révolution espagnole et l’exil qui s’en est suivi ont marqué les esprits de toutes les générations de manière intemporelle et indélébile. À travers peintures, sculptures, dessins, planches de bandes dessinées, objets rendus vivants et libres par des mains de prisonniers, c’est la mémoire de cette expérience sociale révolutionnaire jamais égalée et de cet exode qui a ainsi été évoquée.

Actuellement, toujours à l’initiative de l’association « 24 août 1944 », c’est une exposition d’une centaine de photos inédites de Philippe Gaussot sur la Retirada et « l’accueil » des réfugiés espagnols dans des camps de concentration français en 1939 qui tourne en France et en Espagne. Aujourd’hui comme hier, ici et ailleurs, l’art est toujours au service de l’Histoire des peuples opprimés.

Wally Rosell et Ramón Pino

Références (dans le désordre)
1- Exposition : L’Art espagnol contemporain. Peintures et sculptures. 12 février 1936 – Mars 1936
2- SDP (Syndicat des dessinateurs professionnels) UGT Barcelone : http://affiches-combattants-liberte.org/fr/content/23-le-sdp
3- Les intellectuels espagnols face à la Guerre Civile (1936-1939) Paul Aubert.
4- Les-artistes sur le front la guerre des images entre les deux Espagne affiches peinture sculpture photographie (ENS Lyon)
5- https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-1ere-periode-fevrier-mars-1939/des-centaines-d-artistes-dans-le-camp.html
6- Les camps de la honte A. Grynberg et S. Caucanas actes du colloque « les français et la guerre d’Espagne à perpignan »
7- esbelt : lapiz de la revolucion
8- https://www.paperblog.fr/5915721/que-faisaient-les-artistes-pendant-la-seconde-guerre-mondiale/
9- Lamolla : mon oncle
10- Jacint-Bofarull : memoria oblidada
11- Carles Fontserè: Memòries d’un cartellista català (1931-1939) – 1995
12- « SIM l’enigma d’un gran artista » / Mercè Balda Rey; 2016. « SIM Dibuxant de la revolucio » (Fondation Salvador Segui)
13- Helios Gomez : http://www.heliosgomez.org/ – H. Gomez la révolution graphique – l’affichiste à la cravate rouge.
14- Bartoli : Josep Bartoli la Retirada
15- Garcia Vivancos : http://www.estelnegre.org/documents/garciavivancos/vivancos.html
16- Baltasar Lobo : https://fundacionbaltasarlobo.com/ (Zamora)
17- Les artistes espagnols à Paris à partir de la guerre civile. Amanda Herold-Marme
18- L’art de l’exil républicain espagnol, Violeta Izquierdo – 2002
19- Antoni Clavé : https://www.antoni-clave.org/biographie
20- J. Obiols : https://ca.wikipedia.org/wiki/Josep_Obiols_i_Palau
21- M. Monleon Diseno y vanguardia (Fondacion Salvador Segui)
22- Gallo / Coq : https://www.tebeosfera.com/autores/garcia_gallo_luis.html
23- Les artistes plasticiens espagnols et l’exil en France. Dolores Fernández Martínez in Revue Exils et migrations ibériques N° 6 2014
24- Université du Mirail 25 avril 12 mai 1978
25- Sylvie Badia : https://www.troisiemerive.com/badia/
26- L’Utopie en exil – Quand l’Art devient histoire
27- Chemins de l’exil – photographies de Philippe Gaussot

Archives de la presse espagnole en exil consultées : CNT ; El Socialista ; Mundo Obrero ; Solidaridad Obrera ; Unidad y Lucha ;
Les affiches de la Guerre civile : les biographies des principaux graphistes Bartoli, Fontseré, Gomez, Monleón, Renau, Sim. 2000 carteles de la Guerra civil ; Arte y Propaganda en Valencia ; El color de la Guerra ; Les affiches des combattants de la Liberté. Pinturas de guerra: dibujantes antifascistas en la guerra civil española
Sur l’Exil : Geneviève Dreyfus-Armand : L’Exil des républicains espagnols en France. Espagne passion française Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez ; Odyssée pour la Liberté de M-C. Rafaneau Boj ; Par-delà l’exil et la mort de L Stein, etc.

20 octobre Projection : L’or de Moscou

L’OR DE MOSCOU a généré déjà beaucoup de récits, et de supputations.
Ce documentaire éclaire certains aspects, confirme des pratiques, et interroge.

Le 25 octobre 1936, 510 tonnes d’or de la Banque d’Espagne ont été expédiées à Odessa, puis à Moscou. Les fonds obtenus ont servi à l’achat d’armement commandés pendant la guerre sur ordre du gouvernement de la Seconde République, présidé par Francisco Largo Caballero, et à l’initiative de son ministre des Finances, Juan Negrín. À la fin de la guerre civile espagnole, le trésor de la Banque d’Espagne avait été liquidé.
En 1994, Maria Dolors Genovés, directrice des programmes spéciaux de TV3, et Ramon Millà ont réalisé pour cette chaîne de télévision, un précieux documentaire intitulé L’Or de Moscou, un travail d’investigation qui, pour la première fois, a donné accès à la documentation la plus cachée des archives des services secrets de l’URSS.

La projection sera suivie d’un débat en présence de Ramon Millà.
Nous rendons également hommage à Maria Dolors Genovés, ce 5 juillet 2022 à l’âge de 67ans.

Nous vous attendons nombreux
Le jeudi 20 octobre 2022 à 19h
Paris’Anim ; Centre Place des Fêtes
2/4 rue des Lilas
75019 Paris
Entrée gratuite

Débat autour de Los labios apretados

Pour la première fois, un film d’un descendant direct de ces mineurs nous parle de la Révolution d’octobre 1934 dans les Asturies.

C’est en étant invité à Buenos-Aires (Argentine) afin de régler la succession de son grand oncle qu’il ne connaissait pas, que Monty, ravi de ce voyage imprévu se retrouve face à l’Histoire de son pays, de sa contrée et de sa famille.
Tout à la fois, le passé l’invite au bal des découvertes et lui annonce qu’il amorce un tournant de sa vie, car désormais ce passé familial va l’habiter.
Monty entame sa quête et va réhabiliter les mineurs révolutionnaires des Asturies aux yeux des générations nouvelles d’Espagnols mais aussi pour porter leur engagement dans le monde entier…

il existe peu d’ouvrages qui traitent de cette révolution sociale nous en connaissons deux incontournables:
La revue du CTDEE (Centre Toulousain de Documentation sur l’Exil Espagnol) qui a fait son dossier principal de cet épisode de l’histoire sociale espagnole dans son numéro 2.

et le livre enfin traduc d’Ignacio Díaz: Asturies 1934: Une révolution sans chef aux éditions Smolny

Nous vous invitons à regarder la vidéo du débat et aussi à vous procurer l’un et l’autre de ces ouvrages.

Débat sur l’exode d’un peuple


Débat à propos de « L’Exode d’un peuple de Louis Lech, 37’
Début 1939 a lieu l’exode de près de 500 000 républicains espagnols, militaires et civils confondus, fuyant les troupes franquistes vers la France.

Louis Llech, commerçant perpignanais et cinéaste amateur éclairé, possède une caméra 16 mm. Il va filmer, avec son ami Isambert, cette extraordinaire migration. Fasciné par l’aspect militaire de cette Retirada, il privilégie les plans de défilé, de foule, comme ceux montrant l’équipement militaire. Il n’oublie cependant pas la détresse civile, sans insister sur ses aspects pittoresques, préférant jouer sur l’image du flot ininterrompu des réfugiés.
Le débat a porté surtout sur la dignité des exilés et sur la nécessitée porter cette mémoire au coeur de l’Espagne ……

Jeudi 18 Novembre 21 : El entusiasmo

L’association 24 août 1944 présente :
Pour la première fois en France, la transition à ses premiers instants, avec ses espoirs et ses déceptions.
El entusiasmo, de Luis Herrero, 2018, 80’

Une fois Franco mort, Tout paraissait possible !
Un film documentaire qui nous fait partager ce fol espoir de liberté avec les films d’archives de l’époque !
Tout y est : la réapparition au grand jour de la CNT fin des années 70, la contreculture, les innombrables grèves, le pacte de la transition, et la provocation policière de la Scala pour abattre une CNT qui recommençait à avoir une trop grande influence.

Avec la mort de Franco, un nouvel état d’esprit s’est emparé de la société espagnole. Luttes ouvrières, luttes de quartier, légalisation des partis et des syndicats, féminisme, contre-culture… des libertés collectives et individuelles qui ont trouvé une intensité particulière dans la sphère libertaire et dans la CNT. Dans une évolution fulgurante, la CNT passe en deux ans seulement de la clandestinité à l’organisation de manifestations de masse, sa trajectoire étant interrompue au début de l’année 1978 par une sombre affaire d’infiltration policière, dite affaire Scala. « El Entusiasmo » est l’histoire de quelques années intenses et uniques au cours desquelles la rue et les journaux parlaient d’utopie et de révolution, de rupture, de réforme et de changement. Une fois Franco mort, tout semblait possible.
L’Espagne, 1976 : Après quarante ans de dictature, la reconstruction du syndicat anarchiste CNT pendant la Transition vers la démocratie dépassa toutes les prévisions. Mais sa spectaculaire croissance n’allait pas passer inaperçue dans un moment particulièrement délicat pour le pays. El entusiasmo est aussi l’histoire d’un échec.

Luis E. Herrero (Madrid, 1976). Historien, cinéaste et chercheur culturel. Au sein de Hanoi Films, il réalise et produit des documentaires qui portent un regard sur le passé. Ses dernières œuvres comprennent le long métrage El Entusiasmo (2018) et les courts métrages Vitoria, mars 1976 (2019) et El largo túnel (2020), disponibles sur différentes plateformes de films en ligne. Son travail dans le domaine de la recherche et de la diffusion culturelles l’a amené à collaborer avec diverses institutions et publications sur l’histoire, l’art et le cinéma.

Le jeudi 18 novembre 2021 à 19h suivi d’un débat avec le réalisateur, Luis Herrero.

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Albert Camus et l’Espagne

Albert Camus a toujours accompagné les libertaires espagnols dans leur lutte pour la liberté et contre Franco.

Albert Camus (1913-1960)
Né le 7 novembre 1913, fils d’un père ouvrier agricole, et d’une mère femme de ménage analphabète, il vit dans la pauvreté entre sa grand-mère et sa mère à Alger, dans le quartier pauvre de Belcourt. Grâce à son instituteur il poursuit ses études qui sont arrêtées nettes par la tuberculose.
Il rentre comme journaliste au quotidien Alger républicain. Puis il arrive en France métropole le 16 mars 1940.

Journaliste résistant, philosophe, auteur de pièces de théâtre, romancier, toujours au plus près des exploités et des révoltés de son époque, pacifiste libertaire il est proche des exilés anarchistes espagnols. En 1936, il se range du côté de la République espagnole fustigeant la position timorée des démocraties. Il pense qu’il faut éviter la Seconde Guerre mondiale mais rejoint le comité fondateur du journal clandestin Combat pour résister au nazisme, à la libération il en devient le rédacteur en chef. Il quittera ce journal en 1947.
Il écrit et publie entre autre : La Révolte des Asturies (1936), l’Envers et l’endroit (1937), Caligula (1938), Noces (1939), l’Etranger et Le Mythe de Sisyphe (1942), le Malentendu (1944), La Peste (1947), Lettre à un ami allemand et l’État de siège (1948), les Justes (1949), l’Homme révolté (1951), La Chute ( 1956)… et des centaines d’articles de journaux, de correspondances .
Il n’adhère à aucun courant de pensée en vogue, il suit ses propres convictions. Prix Nobel de littérature en 1957, il prononce un discours d’investiture qui ne laisse aucune ambiguïté sur ses convictions libertaires et le choix de son engagement auprès des plus opprimés :
« (…)La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu’exaltante. Nous devons marcher vers ces deux buts.
(…) Ramené ainsi à ce que je suis réellement, à mes limites, à mes dettes, comme à ma foi difficile, je me sens plus libre de vous montrer pour finir, l’étendue et la générosité de la distinction que vous venez de m’accorder, plus libre de vous dire aussi que je voudrais la recevoir comme un hommage rendu à tous ceux qui, partageant le même combat, n’en ont reçu aucun privilège, mais ont connu au contraire malheur et persécution. » Discours de Albert Camus au Nobel le 10 décembre 1957 Stockholm.

Il rejette tous les régimes dictatoriaux, les terrorismes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Il combat l’emprisonnement, la torture, la peine de mort, la violence d’où qu’elle vienne. (Réflexions sur la peine capitale, en collaboration avec Arthur Koestler, 1957)
Alors que toute la classe intellectuelle de gauche se proclamait du marxisme léninisme et soutenait l’URSS, Camus se démarque et juge très sévèrement le totalitarisme soviétique.

« Qui osera me dire que je suis libre quand les plus fiers de mes amis sont encore dans les prisons d’Espagne ? »
Sa pièce de théâtre, Révolte dans les Asturies, pièce en 4 actes qui raconte la révolution d’octobre 1934 à Oviedo écrite en 1936, est interdite à Alger par peur d’un mouvement révolutionnaire.
Bien avant la fin de la Seconde Guerre mondiale il déclare : « Nul combat ne sera juste s’il se fait en réalité contre le peuple espagnol. Nulle Europe, nulle culture ne sera libre si elle se bâtit sur la servitude du peuple espagnol. » Pour lui, le 19 juillet 1936 est la date de le début de la Seconde Guerre mondiale mais aussi celle d’une révolution sociale, populaire jamais égalée. Il écrit le 7 septembre 1944, dans Combat : « … Notre lutte ne sera jamais victorieuse chez nous tant qu’elle sera écrasée dans la douloureuse Espagne. »

La Guerre froide enterre tous les espoirs de déloger Franco. Camus n’aura de cesse toute son existence d’appuyer le combat des libertaires espagnols contre Franco, de dénoncer les lâches complicités de toutes les démocraties et de participer tant qu’il peut aux campagnes organisées par les libertaires espagnols et la FEDIP (fédération espagnole des déportés et internés politiques) contre le régime franquiste et ses horreurs (exécutions, emprisonnements, persécutions…). Il intervient dans les meetings et contacte les intellectuels proches de lui mais aussi jusqu’à « ses adversaires littéraires » pour défendre la liberté en Espagne et tenter de faire libérer mes condamnés du franquisme.
De même il soutient de toute l’autorité que lui confère sa position d’écrivain engagé, les campagnes de la FEDIP pour la libération des Républicains espagnols détenus dans le goulag de Karaganda en URSS, depuis la fin de la guerre.
En 1952, il s’éloigne de l’UNESCO pour protester de la complaisance de cette institution envers l’Espagne franquiste.
Camus fut un soutien à toutes les actions qui pouvaient de près ou de loin déstabiliser ou pour le moins dénoncer le régime franquiste…

« Le monde occidental doit savoir que sa conscience se trouve dans l’Espagne et ses libertés à retrouver. »

Retrouvez Albert Camus et l’espagne dans un dossier détaillé du Numéro 13 des cahiers du CTDEE.

Et pour mieux connaitre ce que l’idéal libertaire a construit en Espagne et dans le monde, profitez pour découvrir cette publication du N°1 au N°12 avec ses articles de fond et ses dossiers très documentés:
N°1: Les prisonniers fantômes de Karaganda;
N°2: Asturie 1934, l’autre révolution d’octobre;
N°3: Ateneo español de Toulouse;
N°4: La colonia d’aymara;
N°5: 19 de Julio/19 juillet 1936, Révolution espagnole;
N°6: Cléricalisme et anticléricalisme espagne et exil;
N°7: Mai 37, Barcelone;
N°8: « Prisonniers de guerre », les antifascistes espagnols au Lancashire, 1944-1946:
N°9: La Catalogne, une crise qui vient de loin;
N°10: Spécial 80 ans de l’exil; L’exode d’un peuple;
N°11: Les derniers jours de la République espagnole, mars 1939;
N°12: S’intégrer sans se dissoudre, les réfugiés politiques espagnols.

http://www.documentationexilespagnol-toulouse.fr/pages/les-publications-du-ctdee.html

Vous pouvez vous procurer les numéros soit auprès de notre association soit en les commandant directement au CTDEE en utilisant le bon ci joint.

La marche de la 2e DB vers Paris et au-delà

Les combats sur la N20

23 aout
23 aout

Partie à l’aube du mercredi 23 août, la 2e DB roule à toute vitesse et arrive jeudi 24 dans la banlieue sud sur trois axes. La colonne Morel-Deville doit faire diversion à l’ouest par Trappes, Saint-Cyr et Versailles pour faire croire que l’attaque principale vient de ce côté. La colonne Langlade-Massu passe au centre par Chevreuse et Jouy-en-Josas. A l’est, la colonne Billotte suit la Nationale 20 et se heurte à une forte résistance allemande à Longjumeau, Antony et Fresnes. Les pertes sont importantes: plus de 300 tués, 40 chars détruits. Le soir, les soldats de Leclerc sont aux portes de Paris.

La colonne Dronne

Au soir du jeudi 24, sur ordre de Leclerc, une petite colonne blindée (18 blindés et 170 hommes) commandée par le capitaine Dronne entre dans Paris par la Porte d’Italie. Elle passe la Seine au Pont d’Austerlitz et arrive devant l’Hôtel de Ville où elle est accueillie par l’état-major de la Résistance à l’Hôtel de ville puis  par le Général Chaban-Delmas à la préfecture. Tout le long du chemin, la foule se précipite sur les soldats français, la fin du cauchemar est proche. Les cloches de Paris se remettent à sonner.

Soldats français et américains dans Paris

Le vendredi 25 au matin, les colonnes Langlade, Dio et Billotte rentrent à leur tour dans Paris où la joie est indescriptible mais où les combats continuent. De sévères accrochages on lieu autour du Luxembourg, des Tuileries et d’autres points d’appui. Leclerc va installer son QG à la gare Montparnasse. Pendant ce temps, les Américains de la 4e DI entrent par la porte d’Italie, passent par la Bastille et filent vers l’est et le bois de Vincennes pour couper la retraite allemande.

La reddition

Dès 10 heures du matin, Billotte avait envoyé un ultimatum à Von Choltitz: « Afin d’éviter toute effusion de sang inutile, il vous appartient de mettre fin immédiatement à toute résistance« . A 15h30, le général allemand signe la capitulation de ses troupes devant Leclerc et Rol-Tanguy. Une demi-heure plus tard, il signe à la gare Montparnasse les ordres de cessez-le-feu qui seront portés à chaque point d’appui.

De Gaulle à Paris

Venu de Rambouillet, de Gaulle arrive juste après la capitulation à la gare Montparnasse où il rencontre Leclerc. Le général veut rapidement imposer sa vision de la continuité républicaine et de l’indépendance de la France face aux Alliés et aux résistants. Symboliquement, il se rend d’abord au ministère de la Guerre et à la Préfecture de police. Ce n’est qu’ensuite qu’il se rend à l’Hôtel de ville auprès des chefs de la Résistance auxquel il refuse une proclamation de la République (« La République n’a jamais cessé d’être »).

« Paris libéré! »

À l’Hôtel de ville, de Gaulle s’adresse enfin aux Parisiens qui se battent depuis une semaine pour leur libération: « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »

La parade du 26 août

Dans une ville en liesse qui fête ses soldats et ses combattants, une parade victorieuse se met en marche à 15 heures depuis l’Arc de triomphe (où de Gaulle a ravivé la flamme du soldat inconnu) jusqu’à l’île de la Cité. Une foule immense borde le cortège des officiels et des soldats. Malgré des tirs isolés et une fusillade sur le parvis Notre Dame, de Gaulle continue sa marche jusqu’à la cathédrale où un Te Deum est célébré. Il est protégé par les half-tracks espagnols et leur équipage.

Joie et tristesse

Comme dans toutes les villes françaises, la libération est une période à part où tout se mélange: joie du départ des Nazis et de la fin de l’humiliation, fêtes populaires, chasse aux collaborateurs et souvent lynchages et exécutions sommaires, tonte des femmes liées aux Allemands, retrouvailles, liberté de parole… Mais la présence de de Gaulle à Paris avec de nombreux militaires empêche une grande partie des désordres. Le mardi 29, pour bien montrer que l’ordre est revenu, une forte troupe de soldats américains défile à travers Paris.

La guerre continue

Dès le 25, des éléments de la 2e DB rejoignent le nord de la capitale tandis que les Américains de la 4e DI filent vers la Champagne. Le soir du 26, comme pour rappeler aux Parisiens que la guerre est loin d’être finie, des avions allemands bombardent la ville. Autour de Paris, les Américains sont déjà au-delà de Melun au sud, les Britanniques à Vernon, Louviers et Elbeuf à l’ouest. Le 30, toutes les unités allemandes font retraite derrière la Seine. Du 8 septembre au 5 octobre, 23 fusées V2 tomberont sur la région parisienne.

23 aout
23 aout

Conférence de Baltasar Garzón 04 mars 2020

Face à un auditoire attentif, dans une salle pleine à craquer. Descendants des antifascistes espagnols et ceux venus plus récemment d’Amérique latine, tous attendaient avec respect et plaisir les déclarations de Don Baltasar!

Ramon a entamé cette conférence en présentant notre invité et son parcours. Vous pouvez lire cette biographie succincte ci dessous.

D’une voix claire et appuyée, il a affirmé ses combats pour la vérité en Espagne. Il déclara qu’il ne pourrait y avoir de progrès et d’avancées sociales dans une société fracassée par les crimes restés impunis. Une société dans laquelle les victimes sont contraintes de faire toujours profil bas face à leur tortionnaires n’est pas une société qui peut guérir de ses maux.

Les bourreaux, les hommes de lois qui, sous la dictature franquiste ont condamné des innocents à la torture, à la peine capitale la plus vile (garrot) et/ou à des dizaines d’années de prison continuent leur vie paisible, souvent aisée sans que rien ne vienne leur demander des comptes. C’est insupportable pour ceux qui ont subi leurs crimes soit directement soit dans leur famille (parce qu’ils les ont privé d’un ou plusieurs êtres chers). Et c’est aussi insupportable pour tout individu attaché à la justice et à la liberté.

_ Une société dont les institutions refusent d’éclairer la Vérité restera une société bancale, malade de sa propre histoire étouffée.

La peur règne encore dans les villages, les foyers. La méfiance du voisin, les voix en sourdine pour parler des sujets tabous que sont les années Franco! Impossible d’aller de l’ avant sans crever les abcès et prononcer des sentences au service de la justice.
Voilà ce qu’a défendu le Juge Garzon en étayant ses propos de sa propre expérience.

Un grand regret cependant, il n’y a pas eu de débat avec le juge, nous avions des questions à lui poser, des éclaircissements à demander mais il a dû partir pour prendre son avion de retour, tout de suite après son intervention.

Le débat a été mené par les deux avocates de droit international, Sophie Thonon et Elena Gaju.
Un débat d’une grande qualité, pour aborder des points juridiques importants:

  • L’état des plaintes espagnoles,
  • Les stratégies à mener,
  • Le rôle de la société espagnole et celui des sociétés civiles à l’étranger, notamment en Europe, pour une pression sans cesse plus forte.
  • Les effets néfastes de la « transition » et les malaises des partis politiques qui l’ont tricotée… 
  • La loi de la mémoire historique à repenser et à améliorer au profit de la Vérité
  • L’article 10 de cette loi qui prévoit 2 traitements distincts pour les prisonniers politiques suivant la date d’incarcération???
  • …….

Nous avions entamé cette manifestation par une conférence de presse.
L’ami Eduardo Paz a eu la riche idée de la filmer, vous pouvez donc la suivre sur le lien ci-dessous:

Declaraciones Baltasar Garzon en Paris antes de la conferencia Contra el silencio sobre los crímenes de Franco y la impunidad otorgada a los verdugos.la verdad silenciada. » Un juez rompe el silencio!
organizada por la asociación 24 août 1944
Déclarations de Baltasar Garzòn, à Paris, avant la conférence publique : « Contre le silence sur les crimes de Franco et l’impunité octroyée aux bourreaux. La vérité étouffée.

Sophie Thonon précise des points
Sophie Thonon précise des points
La salle vue du coin droit d cela scène
La salle vue du coin droit d cela scène
La salle vue du coin gauche de la scène
La salle vue du coin gauche de la scène
Do Baltasar tien la salle en haleine!
Do Baltasar tien la salle en haleine!
Elena Gaju explique le rôle de la pression internationale
Elena Gaju explique le rôle de la pression internationale
La salle attentive
La salle attentive
De la scène à la salle: le sourire complice
De la scène à la salle: le sourire complice
Sophie Thonon précise
Sophie Thonon précise
La démonstration d'évidence pour la vérité
La démonstration d’évidence pour la vérité
Don Baltasar explique avec humour
Don Baltasar explique avec humour
Sur scène
Sur scène
Une salle attentive
Une salle attentive
Une certaine fierté devant la plaque du jardin
Une certaine fierté devant la plaque du jardin
le groupe d'accueil au jardin de la Nueve
le groupe d’accueil au jardin de la Nueve
Un appel fraternel
Un appel fraternel
On est en terrain de connivences
On est en terrain de connivences
Frida Rochocz a réussi à voler la parole pour traduire!
Frida Rochocz a réussi à voler la parole pour traduire!
Don Baltasar et elsa commentent le catalogue de l'exposition "l'Utopie en exil"
Don Baltasar et elsa commentent le catalogue de l’exposition « l’Utopie en exil »
Les premiers rangs
Les premiers rangs

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COLLOQUE: L’UTOPIE EN EXIL 1939-2019

1939-2019, l’utopie en exil
COLLOQUE

Le parcours des antifascistes espagnols, la lutte antifranquiste et la continuité de l’utopie dans l’Espagne contemporaine :
L’association 24 août 1944 et la mairie de Paris, vous invitent à assister à ce colloque pour savoir d’où viennent ces Espagnols épris de liberté et ce qu’ils ont semé tout au long de 80 ans d’exil…

L’utopie, présente dans chaque acte de leur histoire, se décline à tous les temps et même au futur…

Intervenants

Aimé Marcellan, membre fondateur du centre de Recherche et Documentation d’Histoire Contemporaine (REDHIC).

Thème de l’intervention : De la république à la révolution, de la révolution à l’exil… L’utopie concrétisée…

Geneviève Dreyfus-Armand, Historienne spécialiste de l’exil républicain espagnol.

Thème de l’intervention : L’utopie en exil; Des camps en France à la reconstruction des institutions républicaines en exil, à travers la presse espagnole publiée en France.

Tomás Ibañez, Professeur de Psychologie Sociale à l’université Autonome de Barcelone.

Thème de l’intervention : Que reste-t-il de l’Utopie ? : Témoignage sur la lutte antifranquiste dans les années 60-70. Et de la mort de Franco à l’Espagne contemporaine.

Conférence/débat
le 10 avril de 18h à 20h30
Auditorium de l’Hôtel de Ville
5 rue de Lobau 75004 Paris
Métro Hôtel de Ville

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Une inscription préalable est nécessaire.
Ne manquez pas ce rendez-vous !

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COLLOQUE 9 et 10 novembre 2018 : FRANCE TERRE ACCUEIL ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ

Exil d’hier et d’aujourd’hui

D’une guerre à l’autre, ces Exclus et ces Étrangers qui ont fait et font la France Mémoire des rejetés de la République dans leur résistance pour libérer le monde du fascisme. *Consulter le programme des deux journées. Le vendredi 9 novembre 2018, de 14h à 22h Le samedi 10 novembre 2018, de 14h à 22h Au centre : Paris’Anim ; Centre Place des Fêtes 2/4 rue des Lilas 75019 Paris Entrée gratuite Merci de prendre des dispositions et réserver au plus vite, la capacité de la salle est réduite. par mail: 24aout1944@gmail.com par tél: 0651728618 Au plaisir de vous retrouver À DIFFUSER SANS MODÉRATION

Affiche colloque 9&10 nov: France terre d'accueil…
Affiche colloque 9&10 nov: France terre d’accueil…

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Compte rendu du 21 septembre projection Un autre futur (1&2) de Richard Prost

Malgré un horaire un peu avancé, plus de cinquante personnes se sont pressées pour assister à cette projection.

Les documentaires réalisés à partir d’entretiens et d’images d’archives, permettent de comprendre ce qui a porté ce peuple misérable à franchir les rives de l’utopie et à en faire une réalité. Réalité de quelques mois mais si forte qu’elle fait école encore aujourd’hui.

Le débat a permis d’expliquer ce mouvement social jusqu’ici jamais réitéré dans le monde. Il y avait parmi le public beaucoup de gens nouveaux intéressés par cette expérience mais pas forcément au courant des faits. Nous avons pu éclaircir leur vision du mouvement anarchiste en général et espagnol en particulier.
Il était important aussi de leur donner rendez-vous pour le 18 octobre, où nous projetterons les parties 3&4 pour une vue d’ensemble des réalisations sociales révolutionnaires du mouvement populaire espagnol et de sa lutte contre le franquisme.

Mais le mieux, c’est de découvrir ces 4 films ,regroupés en Dvd sous le titre:
UN AUTRE FUTUR (redhic@laposte.net ou auprès de notre association:24aout1944@gmail.com)
et de regarder ci-dessous le débat du 21 septembre:

UN AUTRE FUTUR parties 3 et 4

Bonjour,
Voici récompensée votre patience, nous projetterons le 18 octobre la suite de :

UN AUTRE FUTUR un documentaire de RICHARD PROST (1990)

3e partie : « Il n’y a plus de fous » de 1938 à 1939 (55mn) Les contradictions dans le camp républicain, la contre-révolution et la victoire des franquistes.
4e partie : « 3e partie : « Il n’y a plus de fous » de 1938 à 1939″ de 1940 à 1975 (55mn) l’exil, la résistance en France et en Espagne, la clandestinité et l’antifranquisme.

ATTENTION !
LA PROJECTION DÉBUTERA À 18H45
Le jeudi 18 octobre 2018 à 18h30 suivi d’un débat en présence du réalisateur
Richard Prost
Paris’Anim ; Centre Place des Fêtes
2/4 rue des Lilas
75019 Paris
Entrée gratuite

Un Autre Futur 3&4
Un Autre Futur 3&4

La révolution s’arrêta en Mai.

Une projection exceptionnelle, à ne pas manquer pour comprendre les enjeux étouffés de la révolution espagnole :

Le jeudi 7 juin 2018 à 19h suivi d’un débat en présence de :
Aimé Marcellan/Angel Carballeira/Francis Pallares
(tous trois des cahiers du CTDEE)

Paris’Anim ; Centre Place des Fêtes
2/4 rue des Lilas
75019 Paris
Entrée gratuite
:
L’association 24 août 1944 présente :

La révolution s’arrêta en Mai. De Mikel Muñoz (80mn)
Sous-titré en français (2017)

Printemps 1937, la guerre civile espagnole est à son apogée. L’armée républicaine et les milices des partis et des syndicats, luttent contre les troupes franquistes. À des centaines de kilomètres à l’arrière du front, le gouvernement ordonne l’assaut du Central téléphonique de Barcelone qui est géré par la CNT. Les militants anarchistes (CNT, FAI et Jeunesses Libertaires) et ceux du POUM résistent et une grève générale éclate ; de terribles affrontements ont lieu entre d’une part anarchistes et militants du POUM et d’autre part les forces de l’ordre encadrées par les « conseillers soviétiques ».

Affiche
Affiche
Affrontement à Barcelone mai 37
Affrontement à Barcelone mai 37
Le siège du POUM à Barcelone
Le siège du POUM à Barcelone

Merci Nora!

Merci Nora, Nora El O., jeune fille de moins de vingt printemps, lycéenne au Lycée Albert Camus de Bois-Colombes.

Dans ton émouvant article où tu reprends l’histoire des exilés espagnols indésirables dans la France de 1939, tu sais regarder le monde et voir les injustices faites aux humains qui fuient leur terre où ils risquent leur vie.

Tu mets ton doigt de jeune adolescente, sur cette blessure qui les fait hurler encore aujourd’hui, ces exilés rejetés comme des pestiférés dangereux et contagieux.
Tu rappelles à tous ce que fut l’engagement généreux des antifascistes espagnols du 19 juillet 1936 jusqu’à la disparition du dictateur Franco.
Et tu établis une comparaison avec les exilés de 2016 qui fuient l’horreur.

Sais-tu qu’en 1939, quand les Espagnols traversaient les villages de France, les gens rentraient chez eux, fermaient portes et volets et cachaient leurs enfants. La rumeur de la bêtise courait:
« Ces rouges espagnols mangent les petits-enfants. »

Aujourd’hui les gens ont peur pour leur sécurité, mais ce qui reste beau dans ce monde égoïste et cruel, c’est que tu es là, toi et beaucoup d’autres comme toi, des jeunes et des moins jeunes qui cherchent à comprendre, et à tendre la main aux autres comme s’ils étaient un cadeau à notre terre.

Merci Nora et merci à tes professeurs qui nous ont invité et à tous tes semblables sur terre.

Tous les membres de l’association 24 août 1944

lisez cet article:
https://bachibaclycecamus.wordpress.com/2016/08/24/encuentro-con-la-asociacion-24-aout-1944/

76 ans plus tard, l’histoire se répète

La photo du petit Aylan gisant sur une plage turque a choqué le monde. Elle a montré la réalité de milliers de Syriens, d’Afghans, d’Erythréens ou de Nigérians qui tentent, depuis des années, d’échapper à l’obscurantisme, à la guerre et à la dictature.

La Syrie est le principal pays d’origine des réfugiés. Le Liban, le Pakistan, la Jordanie, l’Ouganda et la Turquie accueillent déjà des centaines de milliers de réfugiés, dans certains cas depuis des décennies. En 2014, en France seulement 14 500 personnes ont obtenu l’asile. Un chiffre beaucoup plus faible par rapport à l’Allemagne (202 645) et la Suède (81 180).
Au Moyen-Orient, après quatre ans de guerre civile, plus de la moitié de la population syrienne a dû quitter son foyer : trois millions et demi de réfugiés et six millions et demi de personnes sont déplacées à l’intérieur des frontières du pays.

Nous assistons au déplacement de population le plus important depuis la seconde Guerre mondiale. Les réfugiés ont besoin d’un soutien de la part de l’Europe et du reste du monde mais, au lieu de cela, ils vivent dans des conditions désastreuses et s’enfonce dans la pauvreté.

Une Europe qui provoque la misère d’abord et qui ensuite nie ses responsabilités éthiques, politiques, économiques et sociales. La tragédie de Lampedusa, où environ 400 personnes se sont noyées, a mise en évidence la nécessité urgente d’une réforme de la politique migratoire, alors que les États membres de l’Union européenne ont mis en commun tous leurs efforts pour renforcer leurs clôtures et leurs barbelés, au lieu de centrer leurs efforts sur l’urgence et sur la protection des réfugiés.

Si les propositions de tri entre réfugiés chrétiens et réfugiés musulmans révèlent l’enracinement de l’islamophobie, celle entre émigrés économiques et réfugiés politiques révèlent une campagne consensuelle visant à masquer les causes des crises qui secouent notre monde.

Depuis la publication, le 2 septembre, par la presse turque et britannique de la photo d’Aylan, une vaste campagne médiatique présente une autre image de l’Union Européenne en général et de la France en particulier. Nous nous serions donc trompés ou un changement radical d’attitude et de politique serait survenu. A moins que nous ne soyons une nouvelle fois devant l’instrumentalisation politique d’un drame humain pour justifier une nouvelle intervention militaire.

Journalistes comme leaders politiques étaient au courant. Les classes dominantes d’Europe et des États-Unis espéraient simplement une nouvelle fois cantonner les réfugiés dans les pays voisins. C’est d’ailleurs ce qu’ils font classiquement pour tous les autres conflits qu’ils suscitent pour le contrôle du gaz, du pétrole et des minerais stratégiques, au profit des sociétés pétrolières et des marchands d’armes.

En France et en Espagne, on sait ce que signifie le mot exil, comme en témoigne l’odyssée de milliers de républicains qui s’exilèrent après la Guerre civile pour fuir le fascisme et la terreur imposée durant 36 longues années par Franco. En Espagne, à partir de 1939, des dizaines de milliers d’antifascistes furent assassinés et emprisonnés dans des prisons, des bagnes et des camps où ils furent maintenus en esclavage.

La politique de non intervention des gouvernements français et britanniques permit la victoire de Franco et la France refusa, dans un premier temps, lors de la Retirada, d’ouvrir la frontière aux réfugiés espagnols. Quelques 465 000 personnes ont traversé la frontière avec la France pour se retrouver dans un pays vivant une grave crise économique depuis 1930. Des milliers d’hommes et de femmes sont morts sur les plages françaises, d’autres ont été renvoyés en Espagne par convois entiers qui les livraient à leurs persécuteurs. Le gouvernement français organisa, en collaboration avec les autorités franquistes, ce rapatriement vers l’Espagne d’une partie de ces réfugiés. En France, plusieurs centaines de milliers de républicains furent « accueillis » dans des camps qu’ils durent eux-mêmes construire. Les familles étaient séparées et les camps étaient entourés de barbelés et surveillés par des gardes mobiles. Les français qui voulaient les aider étaient contraints de jeter nourritures et habits au-dessus des barbelés.

Par rapport au drame actuel vécu par des milliers de réfugiés en Méditerranée, certains médias ont osé citer l’exemple des républicains espagnols fuyant le fascisme de Franco. Il n’est pas inutile de rappeler les conditions de cet accueil. Voici ce qu’en dit l’historien Marc Ferro :
« Dès 1937, des réfugiés basques affluent, des instructions sont là, qui très vite, oublient les soucis humanitaires des premières semaines. On les fait retourner en Espagne par les Pyrénées orientales. (…). Dès l’automne 1937, Marx Dormoy, ministre de l’intérieur d’un gouvernement Front populaire, demande à la police d’établir un « barrage infranchissable » … Surtout, on montre le peu d’empressement des populations d’accueil à aider les réfugiés, souvent choquées par la passion politique de leurs hôtes ».

76 ans plus tard, l’histoire se répète. Comme par le passé, il s’agit clairement aujourd’hui de cantonner la misère du monde produite par les politiques économiques des grandes puissances d’une part et par les guerres pour le contrôle des matières premières d’autre part, à la périphérie des pays riches. Nous sommes en présence d’une des multiples déclinaisons de l’ultralibéralisme : privatiser les gains et socialiser les pertes et les coûts.

Aujourd’hui, des milliers de personnes tentent de traverser la Méditerranée sur des bateaux surchargés pour fuir un régime qui les opprime et les oblige à risquer leurs vies et celles de leurs familles. Cependant, en touchant la terre ferme, s’ils y parviennent, ils sont confrontés à une réalité encore plus dure : le rejet des gouvernements, qui les considère comme un « fléau ».

Nous devons lutter pour éradiquer les préjugés xénophobes et racistes, et promouvoir les valeurs de l’hospitalité, de la solidarité et le respect des droits de l’homme.

Barbelés
Barbelés

Jours de Gloire Jours de honte. De David Wingeate Pike, Editions Sedes collection Histoire et liberté 1984

jours-gloire-jours-honte.jpg Après Les français et la guerre d’Espagne, après Vae Victis ! David Wingeate Pike examine ici deux thèmes qui sont restés jusqu’à maintenant presqu’entièrement dans l’ombre : le rôle des Espagnols dans la résistance en France et les activités du Parti communiste d’Espagne pendant la période critique de ses trente-sept ans d’exil. Jours de gloire c’est l’histoire de la contribution héroïque apportée par les Espagnols à la lutte anti-allemande, contribution minimisée, par ignorance ou à dessein, par les historiens de l’époque. Jours de honte, c’est le récit ignoble d’un parti dont la servilité face aux ordres de Staline le plaça au premier plan du conflit dans son pays d’exil, la France étant, plus que l’Allemagne ou tout autre pays, le champ de bataille principal de la Guerre froide. Les liens existants entre le PCE et le PCF au cours des douze premières années d’exil de celui-là ont exigé une attention scrupuleuse. L’importance de Jours de gloire, jours de honte repose sur le caractère unique de sa recherche : en effet, sur la plupart des thèmes exposés dans cet ouvrage, en particulier sur la période 1948-1951 en France, période où la Guerre froide fut la plus intense, aucune étude n’existe.
Ce travail, entamé en 1968, est fondé sur maintes archives officielles et autres sources primaires, ainsi que sur de nombreuses interviews avec ceux qui ont participé au déroulement de cette époque tumultueuse
4e de couverture

David Wingeate Pike, né en Angleterre, émigré au Etats-Unis, professeur d’histoire contemporaine, professeur émérite à l’université américaine de Paris et directeur ; de recherche à l’Américan Graduate School pour les relations internationales et la diplomatie. Il est un grand spécialiste, de l’histoire de la guerre d’Espagne et des républicains espagnols en exil. Parmi les nombreux ouvrages qui lui ont valu une réputation internationale : Les français et la Guerre d’Espagne (1975), In the service of Stalin. Il publie également de nombreux articles notamment dans la revue Histoire moderne et contemporaine et revue d’Histoire de la deuxième Guerre mondiale. Membre du Comité international d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.

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Mauthausen, l’enfer nazi en Autriche. De David Wingeate Pike, éditions Privat, Toulouse 2004.

enfer-nazi-en-autriche1.jpg Le camp de Mauthausen, en Autriche, est un de ces lieux où l’horreur nazie s ‘est donnée libre cours. Il s’impose au sein de l’archipel concentrationnaire, comme l’archétype du camp d’ « exténuation » où les nouveaux esclaves sont promis à la mort après avoir été usés par le travail. Lorsque la situation de guerre s’aggrave dans le IIIe Reich, il se transforme en complexe industriel enterré, fabriquant des avions, Messerschmitt et des armements. À ses portes la société autrichienne continue de vaquer à ses occupations comme si de rien n’était…
David W. Pike propose une radiographie de l’univers atroce de Mauthausen, avec ses prisonniers de diverses nationalités, dont des Espagnols, des Russe, des Français ; avec ses gardiens SS, son escalier aux cent quatre-vingt-six marches, son musée de restes humains, la mort quotidienne… La précision du récit, l’acuité du regard, l’émotion l’acuité du regard, l’émotion contenue donnent sa force brute à cet essai de biographie de l’extrême violence nazie.
4 e de couverture.

David Wingeate Pike, né en Angleterre, émigré aux États-Unis, professeur d’histoire contemporaine, professeur émérite à l’université américaine de Paris et directeur ; de recherche à l’Américan Graduate School pour les relations internationales et la diplomatie. Il est un grand spécialiste de l’histoire de la guerre d’Espagne et des républicains espagnols en exil. Parmi les nombreux ouvrages qui lui ont valu une réputation internationale : Les français et la Guerre d’Espagne (1975), In the service of Stalin, Jours de gloire,/jours de honte (1984), The spanish Communists in exils 1939-1945 (1993), Spaniards in the holocaust, the Horror on the Danube (2000). Il publie également de nombreux articles notamment dans la revue Histoire moderne et contemporaine et la revue d’Histoire de la deuxième Guerre mondiale.

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Odyssée pour la Liberté

odyssee1.jpg Marie-Claude Rafaneau-Boj : originaire du Sud-Ouest, titulaire d’un DEA en Histoire contemporaine, a baigné depuis son plus jeune âge dans la culture hispanique. Odyssée pour la Liberté est la première étude complète sur le drame des Républicains espagnols.

Du 17-18 juillet 1936 au 1er avril 1939, une guerre civile particulièrement violente ensanglante l’Espagne. Les militaires félons, puissamment aidés par Salazar mais surtout par Hitler et par Mussolini, triomphent. Après 36 mois d’une lutte acharnée mais inégale, la République est vaincue. Mais la guerre qui se termine, ne se limite pas à l’affrontement entre deux fractions idéologiquement antagonistes, elle a servi aussi les intérêts de l’Axe Rome-Berlin qui a utilisé l’Espagne comme terrain expérimental, une sorte de répétition générale, grandeur nature, avant le déclenchement du second conflit mondial !
Le 26 janvier 1939, la chute de Barcelone sonne le glas de la république espagnole. Le flot de réfugiés qui depuis des jours cherche refuge en France, s’amplifie soudain mais se heurte toujours à une frontière hermétiquement close. Face au drame qui se déroule au sud des Pyrénées, le gouvernement français reste impassible. Pourtant, trois jours plus tard, sous la pression de cette foule éreintée, famélique, désespérée, prête à tout pour se mettre à l’abri de la fureur vengeresse des troupes franquistes, des postes frontières sont enfin ouverts. Commence alors un autre drame. Pour l’heure, seuls les blessés, les femmes, les enfants et les vieillards sont acceptés. Les premiers pour être soignés, les autres pour être temporairement accueillis. Les ordres sont sans appel, Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, a donné le ton. Début février, tous les fronts de résistance sont tombés. Rien ne peut désormais retenir l’avance inexorable des nationalistes qui approchent de la frontière. C’est la débâcle. Le gouvernement français, contraint d’ouvrir plus largement la frontière, laisse pénétrer sur son territoire l’armée vaincue. Depuis le 27 janvier, quelques 500 000 personnes ont passé la frontière. C’est l’un des exils les plus importants des temps modernes. Malgré les déclarations officielles qui assurent que tout est prêt pour les recevoir, tout fait défaut. Seules efficiences, l’ordre et la sécurité pour lesquels rien n’a été négligé. L’accueil n’a rien de fraternel. Les réfugiés, véritables parias, sont traités en ennemis. Toute la zone frontalière, déclarée zone militaire est sous contrôle. Pour un certain nombre de réfugiés, la terre d’asile sera leur linceul. Pour les autres va commencer la vie concentrationnaire, celle des camps, de la haine et de la souffrance qui laissera à jamais des traces indélébiles. Des camps immondes, cerclés de barbelés et gardés par la troupe coloniale en arme, où dans l’indifférence quasi générale, vont croupir, en attendant que des mesures soient prises à leur encontre, ces premières victimes du fascisme, les vaincus de la guerre d’Espagne.
Lorsqu’une ré émigration s’avère impossible, la déception de cet « accueil » incite parfois au retour. C’est le cas pour près des trois-quarts d’entre eux. Ceux qui restent s’organisent et recréent leurs partis et leurs syndicats. Derrière leurs barbelés, ils regardent atterrés le fascisme monter en Europe et se doutent qu’ils ne sont pas à l’abri de ce qui se prépare. À l’approche de la guerre, le gouvernement français quant à lui modifie son comportement et s’intéresse de plus près à cette manne que représentent les réfugiés. Ceux toujours internés vont ainsi quitter les camps pour rejoindre les rangs de la légion ou ceux des compagnies de travailleurs étrangers (CTE) créées à leur intention.
Quelques mois plus tard, l’occupation de la France par leurs ennemis héréditaires et l’installation d’un gouvernement collaborationniste vont les maintenir au combat. Ils sont ainsi parmi les premiers à s’organiser pour poursuivre la lutte contre le fascisme. Ils participent ainsi, comme un fait normal, aux premiers mouvements. C’est dans cette résistance que vont avoir lieu les premiers vrais contacts avec les Français qui partagent les mêmes conditions de lutte. L’expérience de la guerre civile leur donne une certaine organisation, une endurance, une combativité, une expérience militaire qui forcent l’admiration des Français et c’est sur eux qu’ils vont compter pour les actions armées. Beaucoup vont avoir un rôle militaire important. Ils se préoccupent également d’organiser des maquis en Espagne y compris, dans le but de bloquer Franco, s’il lui venait des velléités d’aider les forces de l’Axe. Mais ils sont aussi livrés aux Allemands, requis pour le STO, déportés,… Triste privilège, ce sont les premiers déportés de France vers Mauthausen. Plus de 8 000, hommes et femmes, d’entre eux connaitront ainsi les camps de concentration nazis, nombreux n’en reviendront pas.
Après neuf années de lutte contre le fascisme et un lourd tribut payé pour libérer la France, ils vont de nouveau être trahis par leurs amis d’hier. Malgré les promesses, la guerre de libération s’arrête aux Pyrénées. Le dictateur Franco, épargné, maintiendra l’Espagne sous une chape de plomb et, après quelques 40 années d’une dictature sanglante, mourra dans son lit.
Odyssée pour la liberté nous relate cette épopée : les espoirs révolutionnaires déçus, l’internement dans les camps, la captivité, une autre guerre et l’ultime trahison des démocraties qui mettra un terme final à tout espoir de retour dans une Espagne libérée à son tour du joug fasciste
Tous ces épisodes encore trop méconnus sont développés par Marie-Claude Rafaneau-Boj dans son ouvrage qui est une réédition de celui paru aux éditions Denoël en 1993 [[Traduit et publié en Espagne sous le titre Los campos de concentración de los refugiados españoles en Francia, Ediciones Omega, Barcelona, 1995]] qui était alors une des premières lumières à éclairer l’histoire de ce peuple de l’exil au chant de Liberté.

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La guerre d’Espagne ne fait que commencer

Ce titre pourrait apparaître comme erroné ou provocateur pour les « experts » de la guerre d’Espagne ou pour ceux qui vivent dans son ombre. Qu’importe, il ne leur est pas destiné…

Au delà du « fait historique », Jean Pierre Barou [[Éditeur, avec Sylvie Crossman, d’Indignez-vous !, co-auteur, avec S. Crossman, d’Enquête sur les savoirs indigènes (Folio), et de Tibet, une autre modernité (Points).

La guerre d’Espagne ne fait que commencer, 2015 – éditions du Seuil ]] évite une énième hagiographie. Il traite du contexte et s’adresse à ceux qui souhaitent comprendre comment des insurrections conscientes, individuelles ou collectives (que certains qualifieraient aujourd’hui d' »insurrections citoyennes « ), peuvent être à l’origine d’une révolte, voire d’une révolution.

« Casas Viejas » en perspective

Au travers d’un « récit-enquête » supporté par les évènement de « Casas Viejas », une insurrection citoyenne, un soulèvement de l’esprit « d’ouvriers conscients » s’inscrivant dans le mouvement de la prise de conscience individuelle et collective mais qui sera noyée dans le sang par la Garde d’assaut républicaine du gouvernement républicain-socialiste de Manuel Azaña [[Les événements se sont déroulés entre les 10 et 12 janvier 1933 dans la petite ville de Casas Viejas (province de Cadix). Pour mettre fin à des « troubles » en Andalousie, la Garde d’assaut républicaine, envoyée par le gouvernement incendie une maison où s’est retranchée une famille de sympathisants anarcho-syndicalistes de la Confédération nationale du travail : six personnes périssent brulées. En tout, dix-neuf hommes, deux femmes et un enfant sont tués, ainsi que trois militaires.]] et en illustrant ses analyses par « Espagne », un texte de Thomas Mann [[Voir : Les écrivains et la guerre d’Espagne

http://www.monde-diplomatique.fr/1997/04/SANZ_DE_SOTO/4705]] rédigée en 1936 ou les positions de Camus, Jean Pierre Barou nous incite à réviser toutes nos certitudes sur la période 1931-1936, en évitant de tomber dans l’écueil du conflit entre « le bien et le mal », entre les républicains et les nationalistes.

Alors que le nationalisme espagnol s’est imposé contre son peuple, les républicains ne l’ont pas non plus ménagé.

Mais plus encore qu’un « trou noir » dans les origines de la guerre civile espagnole, Jean Pierre Barou, voit dans « Casas Viejas » un exemple pour ouvrir la réflexion sur d’autres « communes libres ». Souvent éradiquées par des républicains ou des nationalistes, comme l’écrivait Thomas Mann, elles n’en demeurent pas moins portées par des « revendications de la conscience « .

Un lapsus révélateur…

Dans ce livre où l’anarcho-syndicalisme est très présent, page 41, l’auteur parlant de la CNT en donne le développement suivant : Confédération Nationale des Travailleurs.
Résultat du soulèvement de l’esprit « d’ouvriers conscients » : les Travailleurs ont « remplacé » le travail…

Source : www.autrefutur.net