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Étiquette : Exil

INAUGURATION DEL JARDíN DE LA NUEVE

L’association 24 août est cordialement invitée à cet événement. Nous participerons dès le 19 avril à un débat sur les traces de l’exil sur les jeunes générations, puis nous prendrons la parole lors de l’inauguration du jardin. Nous avons également faciliter les contacts notamment avec le réalisateur Alberto Marquardt qui présentera son film La Nueve ou les oubliés de la victoire, en compagnie de Raül Monteagudo, auteur d’un roman : Cuando los republicanos liberaron Paris. le 21 avril.

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Le camp d’Argelès de felip Solé jeudi 30 mars à partir de 19h, Centre Paris Anim’ Place des Fêtes (19e), 2/4 rue des Lilas, métro Place des Fêtes.

Nous vous attendons: le jeudi 30 mars à partir de 19h, Centre Paris Anim’ Place des Fêtes (19e), 2/4 rue des Lilas, métro Place des Fêtes. Pour échanger sur l’accueil des exilés, à partir du documentaire/fiction de Felip Solé: Le camp d’Argelès. Des êtres humains sont contraints de fuir leur terre pour échapper à une mort certaine. Le chaos qui règne dans leur pays est le résultat d’affrontement des puissants de ce monde pour leurs propres intérêts au détriment des peuples. La France ne doit pas reproduire ce qui s’est passé en février 1939 quand les antifascistes espagnols ont été contraints de s’exiler par centaines de milliers. Ce documentaire apprend aux jeunes générations ce qui se passa alors sur le sable des plages du Roussillon et nous appelle à réfléchir à l’accueil que nous devons réserver aux humains dans le dénuement et l’exil. Rejoignez-nous le 30 mars pour en débattre et amenez- votre famille et vos amis.

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Merci Nora!

Merci Nora, Nora El O., jeune fille de moins de vingt printemps, lycéenne au Lycée Albert Camus de Bois-Colombes.

Dans ton émouvant article où tu reprends l’histoire des exilés espagnols indésirables dans la France de 1939, tu sais regarder le monde et voir les injustices faites aux humains qui fuient leur terre où ils risquent leur vie.

Tu mets ton doigt de jeune adolescente, sur cette blessure qui les fait hurler encore aujourd’hui, ces exilés rejetés comme des pestiférés dangereux et contagieux.
Tu rappelles à tous ce que fut l’engagement généreux des antifascistes espagnols du 19 juillet 1936 jusqu’à la disparition du dictateur Franco.
Et tu établis une comparaison avec les exilés de 2016 qui fuient l’horreur.

Sais-tu qu’en 1939, quand les Espagnols traversaient les villages de France, les gens rentraient chez eux, fermaient portes et volets et cachaient leurs enfants. La rumeur de la bêtise courait:
« Ces rouges espagnols mangent les petits-enfants. »

Aujourd’hui les gens ont peur pour leur sécurité, mais ce qui reste beau dans ce monde égoïste et cruel, c’est que tu es là, toi et beaucoup d’autres comme toi, des jeunes et des moins jeunes qui cherchent à comprendre, et à tendre la main aux autres comme s’ils étaient un cadeau à notre terre.

Merci Nora et merci à tes professeurs qui nous ont invité et à tous tes semblables sur terre.

Tous les membres de l’association 24 août 1944

lisez cet article:
https://bachibaclycecamus.wordpress.com/2016/08/24/encuentro-con-la-asociacion-24-aout-1944/

Exposition au 33 rue des Vignoles du 6 au 8 mai 2016

« Le 33 rue des Vignoles est un lieu marqué par l’histoire ouvrière et sociale de l’arrondissement.

Ce ne sont pas seulement les anarcho-syndicalistes espagnols exilés de la guerre d’Espagne qui y ont laissé une empreinte indélébile.
Ce n’est pas seulement le « 33 », l’association des « Pas sages », qui palpitent aujourd’hui au rythme du Flamenco, des réunions de la CNT et du 24 août 1944, des distributions de l’AMAP…

Au « 33 », il y a aussi des artistes.

Ceux reconnus, à demeure, et puis, ceux éphémères invités de Flamenco en France, de la CNT et de l’Association 24 Août 1944.
Ensemble, ils exposeront dans la grande salle du « 33 ».
Vernissage vendredi 6 mai, à partir de 19 h.
Venez nombreux !

Leurs oeuvres
Leurs oeuvres

Manuel Lozano 14 avril 1916 – 14 avril 2016

Manuel Lozano était Andalous, ouvrier de condition très pauvre. Révolté contre l’injustice, il devint rapidement un militant actif de la CNT, mu par son attachement à la liberté, à la solidarité.

Les hommages du maire du 19e arrondissement, monsieur François Dagnaud, et de madame Vieu-Charier, élue à la Maire de Paris, chargée de la mémoire du monde combattant se sont succédés sur un rappel historique et politique d’une époque sensible, de la révolution espagnole de juillet 1936 pour mettre en échec le soulèvement militaire à la fin de la seconde Guerre mondiale. Ils évoquèrent la lâcheté des démocraties européennes qui ont tout simplement abandonné l’Espagne à son sort et le déplorable accueil des réfugiés de février 1939 fuyant la terreur franquiste. Les événements de mai 1937 dans le camp républicain furent cités comme une des tragédies de ce conflit.

Cette période espagnole a laissé des traces indélébiles dans le combat populaire en Espagne et en France. Traces de fierté, d’honneur mais aussi de honte et regrets.

Madame Vieu-Charier a longuement évoqué l’engagement anarchiste de Manuel Lozano. Elle a également établi un judicieux parallèle avec les exilés d’aujourd’hui, leur grande détresse et le manque d’accueil de la part des pays européens dont la France. Cette cérémonie s’est déroulée en présence d’élèves de trois lycées : Le lycée professionnel Armand Carrel du 19e arrondissement; Le lycée d’enseignement général Montaigne du 6e arrondissement ; Le micro-lycée de Vitry sur Seine. Deux élèves de ce dernier, Waeel Abichou et Léo Lozano ont lu deux poésies de Manuel Lozano, poète ouvrier, dont un en espagnol, après avoir décliné ce que fut l’auteur et ce qu’il représente encore à leurs yeux. Au dévoilement de la plaque deux élèves de chaque établissement étaient présents. Ensuite, l’association 24 août 1944 rappela les enjeux du travail de mémoire et l’importance de transmettre aux jeunes générations ce que fut l’idéal de ces hommes et de ces femmes. Ils luttèrent dix longues années les armes à la main contre les fascismes et continuèrent à porter leurs résistances et leurs espoirs durant les quarante années de la dictature franquiste, envers et contre toutes les puissances du monde qui s’en accommodaient. Au nom de la CNT française, Aimable Marcellan a clos cette cérémonie en expliquant l’existence d’après guerre de Manuel, ce que fut sa fidélité à son idéal, fréquentant les lieux parisiens du milieu anarchiste espagnol tels le 24 rue Sainte Marthe et plus tard le 33 rue des Vignoles. Cet endroit reste encore aujourd’hui un espace populaire où se forge les luttes syndicales et où évoluent artistes et associations de culture et de mémoire vivante.

Le plus bel hommage à rendre à Manuel Lozano, à ses compagnes et compagnons est d’apprendre aux jeunes générations à conjuguer le verbe « RÉSISTER », y compris et surtout dans les circonstances les plus désespérées. Ils nous ont enseigné le chemin. À travers Manuel Lozano c’est à tous les résistants au totalitarisme qu’il est rendu honneur.

Antonio Cruz, représentant de l’association pour la mémoire des massacres de Casas –Viejas (janvier 1933) était parmi nous pour cet événement. Vous trouverez en documents : L’allocution de Madame Catherine Vieu-Charier, Chargée de la mémoire combattante pour la Ville de Paris représentante de la Maire de Paris Les deux poèmes de Manuel Lozano lu par les élèves du Micro Lycée, L’allocution d’Aimable Marcellan pour la CNT française

Waeel et Léo
Waeel et Léo
Manuel Lozano
Manuel Lozano
Madame Colette Flandrin Dronne
Madame Colette Flandrin Dronne
Catherine Vieu-Charier
Catherine Vieu-Charier
François Dagnaut maire du 19e Arrondissement
François Dagnaut maire du 19e Arrondissement
Aimable Marcellan pour la CNT
Aimable Marcellan pour la CNT
Hommage à Manuel Lozano
Hommage à Manuel Lozano
Mar y Luz Carono-Lopez et Marie José Cortes
Mar y Luz Carono-Lopez et Marie José Cortes

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Odyssée pour la Liberté

odyssee1.jpg Marie-Claude Rafaneau-Boj : originaire du Sud-Ouest, titulaire d’un DEA en Histoire contemporaine, a baigné depuis son plus jeune âge dans la culture hispanique. Odyssée pour la Liberté est la première étude complète sur le drame des Républicains espagnols.

Du 17-18 juillet 1936 au 1er avril 1939, une guerre civile particulièrement violente ensanglante l’Espagne. Les militaires félons, puissamment aidés par Salazar mais surtout par Hitler et par Mussolini, triomphent. Après 36 mois d’une lutte acharnée mais inégale, la République est vaincue. Mais la guerre qui se termine, ne se limite pas à l’affrontement entre deux fractions idéologiquement antagonistes, elle a servi aussi les intérêts de l’Axe Rome-Berlin qui a utilisé l’Espagne comme terrain expérimental, une sorte de répétition générale, grandeur nature, avant le déclenchement du second conflit mondial !
Le 26 janvier 1939, la chute de Barcelone sonne le glas de la république espagnole. Le flot de réfugiés qui depuis des jours cherche refuge en France, s’amplifie soudain mais se heurte toujours à une frontière hermétiquement close. Face au drame qui se déroule au sud des Pyrénées, le gouvernement français reste impassible. Pourtant, trois jours plus tard, sous la pression de cette foule éreintée, famélique, désespérée, prête à tout pour se mettre à l’abri de la fureur vengeresse des troupes franquistes, des postes frontières sont enfin ouverts. Commence alors un autre drame. Pour l’heure, seuls les blessés, les femmes, les enfants et les vieillards sont acceptés. Les premiers pour être soignés, les autres pour être temporairement accueillis. Les ordres sont sans appel, Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, a donné le ton. Début février, tous les fronts de résistance sont tombés. Rien ne peut désormais retenir l’avance inexorable des nationalistes qui approchent de la frontière. C’est la débâcle. Le gouvernement français, contraint d’ouvrir plus largement la frontière, laisse pénétrer sur son territoire l’armée vaincue. Depuis le 27 janvier, quelques 500 000 personnes ont passé la frontière. C’est l’un des exils les plus importants des temps modernes. Malgré les déclarations officielles qui assurent que tout est prêt pour les recevoir, tout fait défaut. Seules efficiences, l’ordre et la sécurité pour lesquels rien n’a été négligé. L’accueil n’a rien de fraternel. Les réfugiés, véritables parias, sont traités en ennemis. Toute la zone frontalière, déclarée zone militaire est sous contrôle. Pour un certain nombre de réfugiés, la terre d’asile sera leur linceul. Pour les autres va commencer la vie concentrationnaire, celle des camps, de la haine et de la souffrance qui laissera à jamais des traces indélébiles. Des camps immondes, cerclés de barbelés et gardés par la troupe coloniale en arme, où dans l’indifférence quasi générale, vont croupir, en attendant que des mesures soient prises à leur encontre, ces premières victimes du fascisme, les vaincus de la guerre d’Espagne.
Lorsqu’une ré émigration s’avère impossible, la déception de cet « accueil » incite parfois au retour. C’est le cas pour près des trois-quarts d’entre eux. Ceux qui restent s’organisent et recréent leurs partis et leurs syndicats. Derrière leurs barbelés, ils regardent atterrés le fascisme monter en Europe et se doutent qu’ils ne sont pas à l’abri de ce qui se prépare. À l’approche de la guerre, le gouvernement français quant à lui modifie son comportement et s’intéresse de plus près à cette manne que représentent les réfugiés. Ceux toujours internés vont ainsi quitter les camps pour rejoindre les rangs de la légion ou ceux des compagnies de travailleurs étrangers (CTE) créées à leur intention.
Quelques mois plus tard, l’occupation de la France par leurs ennemis héréditaires et l’installation d’un gouvernement collaborationniste vont les maintenir au combat. Ils sont ainsi parmi les premiers à s’organiser pour poursuivre la lutte contre le fascisme. Ils participent ainsi, comme un fait normal, aux premiers mouvements. C’est dans cette résistance que vont avoir lieu les premiers vrais contacts avec les Français qui partagent les mêmes conditions de lutte. L’expérience de la guerre civile leur donne une certaine organisation, une endurance, une combativité, une expérience militaire qui forcent l’admiration des Français et c’est sur eux qu’ils vont compter pour les actions armées. Beaucoup vont avoir un rôle militaire important. Ils se préoccupent également d’organiser des maquis en Espagne y compris, dans le but de bloquer Franco, s’il lui venait des velléités d’aider les forces de l’Axe. Mais ils sont aussi livrés aux Allemands, requis pour le STO, déportés,… Triste privilège, ce sont les premiers déportés de France vers Mauthausen. Plus de 8 000, hommes et femmes, d’entre eux connaitront ainsi les camps de concentration nazis, nombreux n’en reviendront pas.
Après neuf années de lutte contre le fascisme et un lourd tribut payé pour libérer la France, ils vont de nouveau être trahis par leurs amis d’hier. Malgré les promesses, la guerre de libération s’arrête aux Pyrénées. Le dictateur Franco, épargné, maintiendra l’Espagne sous une chape de plomb et, après quelques 40 années d’une dictature sanglante, mourra dans son lit.
Odyssée pour la liberté nous relate cette épopée : les espoirs révolutionnaires déçus, l’internement dans les camps, la captivité, une autre guerre et l’ultime trahison des démocraties qui mettra un terme final à tout espoir de retour dans une Espagne libérée à son tour du joug fasciste
Tous ces épisodes encore trop méconnus sont développés par Marie-Claude Rafaneau-Boj dans son ouvrage qui est une réédition de celui paru aux éditions Denoël en 1993 [[Traduit et publié en Espagne sous le titre Los campos de concentración de los refugiados españoles en Francia, Ediciones Omega, Barcelona, 1995]] qui était alors une des premières lumières à éclairer l’histoire de ce peuple de l’exil au chant de Liberté.

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L’exil libertaire espagnol

Janvier-février 1939 : La chute de la Catalogne provoque l’exode de quelque 500 000 réfugiés. Ils seront, pour l’essentiel, parqués dans les « camps du mépris » du sud de la France. Le long exil des « républicains » espagnols commence. Géographiquement, il se répartira entre la France, très majoritairement, l’Afrique du Nord et l’Amérique latine – surtout le Mexique.

25 février 1939. : Constitution, à Paris, du Conseil général du Mouvement libertaire espagnol (MLE). Maria-no Vázquez en est le secrétaire. À son décès, en juin, il est remplacé par Germinal Esgleas.

Automne 1939. : Constitution du premier comité national (CN) clandestin de la CNT d’Espagne (Intérieur).

Novembre 1939. : Constitution du réseau « Pat O’Leary », filière d’évasion à travers l’Espagne, dont l’homme clé est le libertaire Francisco Ponzán. Elle permettra l’évacuation vers l’Angleterre de centaines d’aviateurs alliés, de juifs et de résistants. Ponzán sera assassiné par les nazis le 17 août 1944.

Fin 1939. : Avec la déclaration de guerre, le Conseil général cesse toute activité. De son côté, Juan García Oliver, qui a gagné la Suède, se déclare favorable à la création d’un parti politique. Son projet – le Parti ouvrier du travail (POT) – n’aura aucun succès.

1940. : Pour nombre de libertaires espagnols, le déclenchement des hostilités est perçu comme une chance à saisir et le prélude à la libération de l’Espagne. Sans consigne ni mot d’ordre, ils forment, en grand nombre, des maquis autonomes ou intègrent les rares maquis alors existants. Au cours des années qui suivront, les plus connus d’entre eux seront ceux de l’Ariège, de Dordogne, de l’Aveyron, du Cantal et de la Savoie. Une tendance minoritaire du MLE faisant foi d’orthodoxie anarchiste s’abstiendra, néanmoins, de participer à la Résistance.

Novembre 1940. : Juan Peiró est extradé vers l’Espagne, où il sera exécuté en juillet 1942.

1941. : La CNT se reconstitue organiquement à partir du chantier de construction du barrage hydraulique de l’Aigle (Corrèze), où presque tous les travailleurs espagnols, intégrés au Groupement de travailleurs étrangers (GTE), sont cénétistes.

20 février 1942. : Cipriano Mera est extradé vers l’Espagne, où un conseil de guerre le condamnera à mort. Sa peine sera finalement commuée.

1943. : Réunions clandestines de la CNT à Mauriac (Cantal), le 6 juin, et à Tourniac (Cantal), le 19 septembre.

12 mars 1944.– Réunion clandestine de Muret (Haute-Garonne). Elle élit un comité national, dont le siège est à Toulouse. Francisco Carreño en est le secrétaire.

24 août 1944. : Parmi les nombreux républicains espagnols de la 2e DB qui contribuent à la libération de Paris, on compte cent vingt anarchistes, tous membres de la 9e compagnie (la « Nueve »), sous les ordres de Raymond Dronne.

Septembre 1944. : Tentative d’incursion massive de guérilleros à travers le val d’Aran, organisée par l’Union nationale espagnole (UNE), sous direction communiste. Certains libertaires y participent. L’échec est total.

5-13 octobre 1944. : Un plénum, représentant 25 000 affiliés, se réunit dans Toulouse libéré. Juan Manuel Molina (Juanel) est élu secrétaire de la CNT (Exil).

Octobre 1944. : Création, sous l’impulsion de la CNT (Intérieur), de l’Alliance nationale des forces démocratiques (ANFD).

Printemps 1945. : Les libertaires du bataillon « Libertad » se distinguent dans les combats de la Pointe de Grave (Gironde).

1er -12 mai 1945. : Congrès de Paris. Les congressistes sont divisés entre « collaborationnistes » – partisans de la ligne de collaboration antifasciste adoptée pendant la guerre – et « apolitiques » – partisans d’un retour aux valeurs de base de l’anarcho-syndicalisme. Un compromis est adopté entre les deux tendances.

Juillet 1945. : La CNT (Intérieur) tient clandestinement plénum à Carabaña (environs de Madrid) et réaffirme la ligne de collaboration antifasciste.

Août 1945. : La désignation de Horacio Prieto et de José Leiva comme représentants de la CNT au gouvernement républicain dirigé par José Giral provoque de fortes tensions entre « collaborationnistes » et « apolitiques ».

Décembre 1945. : La scission est consommée. Deux CNT rivales e disputent, désormais, la représentativité de l’exil confédéral. Plus nombreuse dans l’exil français, la CNT « apolitique » 22 000 affiliés contre 4 000 à la CNT « collaborationniste » est largement minoritaire en Espagne.

1945-1947. : Malgré des conditions d’existence difficiles – huit comités nationaux désarticulés en seulement cinq ans –, la CNT de l’Intérieur se restructure. Elle publie de nombreuses feuilles clandestines, perçoit des cotisations et mène de nombreuses actions dans le cadre de l’ANFD. Celle-ci entreprend des conversations secrètes avec des monarchistes opposés à Franco. Parallèlement, des groupes armés isolés constituent des partidas (maquis) dans les sierras d’Aragon, d’Andalousie, de Galice et de Cantabrie.

1946. : La CNT en exil (« apolitique ») envoie des groupes de guérilleros en Espagne. Parmi ceux-ci, le plus actif est celui de Marcelino Massana, qui compte dans ses rangs José Luis Facerías, les frères Sabaté (Manuel et Francisco, dit « Quico ») et Ramón Vila Capdevila, dit « Caraquemada ».

17 août 1946. : Arrestation de Facerías, coordinateur des activités clandestines à Barcelone. Il est remplacé par Liberto Sarrau.

Décembre 1946 : L’ONU condamne le régime franquiste.

Début 1947. : Partisan d’une plus grande étanchéité entre l’organisation légale, en France, et les groupes armés de l’Intérieur, Liberto Sarrau décide d’agir sous l’appellation du Mouvement libertaire de résistance (MLR), ce qui entraîne un désaveu immédiat des instances de la CNT en exil (« apolitique »).

Février 1947. : José Giral est remplacé par Rodolfo Llopís à la tête du gouvernement républicain en exil. La CNT (Intérieur) y est représentée par Luis Montoliú. Démissionnaire en août de la même année, le gouvernement Llopís sera le dernier à compter dans ses rangs une représentation de la CNT.

Octobre 1947. : Congrès de Toulouse de la CNT en exil (« apolitique »). Il y est décidé la création d’une Commission de défense chargée de coordonner l’activité insurrectionnelle en Espagne.

Février 1948 : Arrestation de Liberto Sarrau et auto-dissolution du MLR.

Mars 1948. : Dans un document publié à Paris, Horacio Prieto propose la création d’un Parti libertaire. Ce projet n’aura pas davantage de succès que celui du POT de García Oliver.

12 septembre 1948. : Tentative d’attentat contre Franco menée par Antonio Ortiz, Primitivo Gómez et José Pérez Ibáñez. Un avion Norécrin, chargé de bombes, survole la baie de San Sebastián avec l’intention de les larguer sur la tribune du Club nautique, où Franco préside les régates. Repéré et poursuivi par quatre avions de chasse, le Norécrin rebrousse chemin.

Fin 1948. : Dissolution de l’ANFD. La collaboration avec les éléments monarchistes provoque une forte tension au sein de la CNT « collaborationniste ». Devant l’échec des diverses stratégies mises en œuvre, et sur proposition des instances de la CNT en exil (« collaborationniste »), une réunion au sommet des deux CNT décide de l’organisation d’un référendum interne aux deux organisations posant la question de la ré-unification. En 1949, la consultation a lieu. La CNT « collaborationniste » approuve la réunification ; la CNT « apolitique » la refuse. Elle est donc rejetée.

1949-1950. : Accroissement de l’activité des groupes armés en Catalogne. Parmi ceux-ci, ceux de José Luis Facerías et de « Quico » Sabaté, qui se spécialisent dans la guérilla urbaine, deviennent mythiques. De leur côté, « Caraquemada » et Massana développent une guérilla rurale. D’autres groupes font leur apparition, comme « Los Maños ». On chiffre à environ 300 les activistes venus de France, de 1946 à 1949, pour participer à ces groupes. Mais les revers sont nombreux et les pertes très lourdes.

Novembre 1950. : L’ONU revient sur sa condamnation du régime et envisage la normalisation de ses relations avec l’Espagne franquiste.

1951. : La CNT en exil (« apolitique ») renonce à la lutte armée. Dès lors, les groupes d’action qui souhaitent la poursuivre restent sans soutien logistique et financier. C’est le cas des groupes de Massana, « Quico » Sabaté, José Luis Facerías et « Caraquemada ».

Février 1951 : A la suite de l’attaque, à Lyon, d’un fourgon postal par un groupe d’Espagnols, « Quico » Sabaté et plusieurs responsables de la CNT en exil (« apolitique ») – José Peirats, Pedro Mateu et José Pas-cual – sont arrêtés et malmenés.

Février-mars 1951. : Une grève contre la compagnie des tramways mobilise largement la population de Barcelone. Elle s’étend à Badalona, Terrassa, Sabadell et Manresa et mobilise plus de 100 000 travailleurs qui pratiquent le boycottage des transports urbains. Des affrontements se produisent. Des feuilles ronéotées anonymes circulent de main en main. On peut y lire : « Un problème de tramways à régler ? C’est Facerías qu’il faut appeler. Contre le Requeté ? Vive Sabaté ! »

1952. : L’Espagne franquiste est admise à l’Unesco.

6 février 1952. : Un conseil de guerre se réunit à Barcelone pour juger quelques-uns des survivants des groupes d’action arrêtés en 1949. Neuf condamnations à mort sont prononcées. Appuyée par Albert Camus, André Breton et Jean-Paul Sartre, une campagne de solidarité est menée en France.

1953. : Le régime franquiste obtient deux victoires diplomatiques importantes : en août, la signature d’un concordat avec le Vatican ; en septembre, celle d’un pacte d’assistance mutuelle avec les Etats-Unis.

Fin 1953. : La CNT de l’Intérieur est exsangue. De 1948 à 1953, dix comités nationaux ont été démantelés. Devant la faillite de la stratégie de rapprochement avec les monarchistes, son relais en exil – le sous-comité de la CNT « collaborationniste » prône la constitution, sur le plan syndical, d’une Alliance de la CNT, de l’UGT et de la STV basque et, sur le plan politique, la constitution d’une Union des forces démocratiques ouverte à toutes les composantes de l’anti-franquisme, à l’exception des communistes.

1955. : L’ONU admet l’Espagne franquiste en son sein.

1955-1957.– « Quico » Sabaté reprend la lutte, mais de façon autonome. Le 1er mai, il inonde Barcelone de tracts signés « Groupes anarcho-syndicalistes ». Privés de tous moyens et condamnés à l’isolement par les instances de la CNT en exil (« apolitique »), les groupes doivent s’autofinancer en procédant à des « expropriations ». Après plusieurs actions, ils se dissolvent en 1957. « Quico » Sabaté revient en France la même année. José Luis Facerías est abattu le 30 août, à Barcelone, par la Brigade politico-sociale.

Décembre 1957. : Naissance, à Paris, d’Atalaya, « tribune confédérale de libre discussion ». Animé par Fer-nando Gómez Peláez, Mariano Aguayo, ancien du groupe d’action « Los Maños », et Antonio Tellez Solà, le journal qui éditera sept numéros critique l’immobilisme de la CNT (« apolitique ») et la bureaucratisation de ses instances. Il s’inscrit dans une perspective d’unité des deux CNT, jugée indispensable à la revitalisation de l’anarcho-syndicalisme ibérique.

1959-1960. : Gagnant du terrain dans chacune des deux CNT, l’aspiration à l’unité se concrétise par l’établissement de contacts de militant à militant et la constitution de « commissions pro-unité ».

Mai 1959. : Naissance du Mouvement populaire de résistance (MPR), structure de combat se voulant, pour des raisons de sécurité, totalement séparée organiquement de la CNT.

5 janvier 1960. : De retour en Espagne avec un nouveau groupe d’action, « Quico » Sabaté est abattu à Sant Celoni (Catalogne). Dans CNT du 17 janvier, Federica Montseny rédige un étrange hommage du guérillero, qu’elle accuse d’être retourné en Espagne, « contre toute logique, contre tout intérêt individuel et collectif » et plus encore de « s’être insubordonné » contre la CNT, « d’être passé au-dessus de ses règles et de ses accords ».

Mai 1960. : Réunie en congrès à Clermont-Ferrand, la CNT en exil (« collaborationniste ») se déclare favo-rable à la réunification. Des négociations officielles sont établies avec l’autre CNT.

Août 1960. : Réunie en congrès à Limoges, la CNT en exil (« apolitique ») adopte une motion qui renvoie la réunification aux décisions des fédérations locales. Déterminés à s’engager sur la voie de l’unité, trois membres influents du Secrétariat intercontinental (SI) Roque Santamaría, José Borrás et Marcelino Boticario parviennent à vaincre les résistances et à engager le processus.

Novembre 1960. : Un meeting en faveur de l’unité, présidé par Cipriano Mera, se tient au théâtre de l’Alhambra de Paris.

Janvier 1961 : Dans l’euphorie de l’unité retrouvée, création, à Paris, du Centre d’études sociales et économiques (CESE), structure ouverte très proche, dans sa conception même, des anciens Athénées libertaires. Le CESE, qui dispose d’une bibliothèque, organise des conférences et dispense divers cours d’alphabétisation et de formation aux nouveaux immigrés des années 1960. L’expérience sera reprise à Bor-deaux.

Août-septembre 1961. : Le congrès de Limoges entérine la réunification de la CNT et engage l’organisation dans une stratégie à deux volets : revitalisation de l’Alliance syndicale CNT-UGT-STV et intensification de la lutte anti-franquiste. Pour ce faire, un organisme secret de coordination est créé : Défense Intérieur (DI).

2 novembre 1961. : Un décret émanant du gouvernement dirigé par Michel Debré, et signé Roger Frey, interdit les principales publications de l’exil espagnol : Solidaridad Obrera, CNT, España libre et El Socialista. Pour contourner cette interdiction, Solidaridad Obrera et CNT seront « hébergées » par la CNT française et paraîtront dès lors sous les titres Le Combat syndicaliste (Paris) et Espoir (Toulouse), publications bilingues.

1961-1962. : Constitué de sept membres, Juan García Oliver, Cipriano Mera, Octavio Alberola, Acracio Ruiz, Juan Gimeno, Vicente Llansola et Germinal Esgleas, le DI se fixe deux objectifs : l’industrie du tourisme en Espagne et les intérêts de l’Eglise, soutien actif du franquisme. Plusieurs actions sélectives, symboliques et sans victimes, visent des banques, des édifices officiels, des sièges de journaux, des nonciatures et des succursales de la compagnie Iberia.

29 septembre 1962. : Afin d’attirer l’attention internationale sur le sort de Jorge Conill, étudiant libertaire condamné à mort, un groupe de jeunes anarchistes italiens organisent, à Milan, l’enlèvement du vice-consul honoraire d’Espagne, Isu Elías. Sur pression du Vatican, la condamnation à mort de Conill sera commuée.

Octobre 1962. : A l’initiative du CN de la CNT (Intérieur), est constituée en Catalogne une Alliance syndicale ouvrière (ASO) regroupant la CNT, l’UGT et le SOCC (chrétiens) et s’inscrivant, à terme, dans une perspective de fusion de ses trois composantes dans une organisation unique. Le projet ASO sera combattu tant par la CNT que l’UGT en exil.

1963. : Après quelques succès initiaux, le DI – en butte à l’hostilité déclarée de deux de ses membres, Vicente Llansola et Germinal Esgleas, qui en démissionnent en mai – entre en crise. Des défauts de coordination – et l’infiltration par la police franquiste d’agents provocateurs – conduisent à l’arrestation, le 31 juillet, à Madrid, de Joaquín Delgado et de Francisco Granado.

7 août 1963. : « Caraquemada », le dernier guérillero des années héroïques, est tué par la Garde civile à La Creu de Perello (Catalogne).

17 août 1963 : Delgado et Granado sont exécutés par garrot pour des actes qu’ils n’ont pas commis.

Septembre 1963. : A la suite d’actions de protestation contre l’exécution de Delgado et Granado organisées par la FIJL, la police française procède à de nombreuses arrestations, dont celle de Cipriano Mera.

19 octobre 1963. : Le congrès de Toulouse de la CNT en exil voit le retour aux affaires de Germinal Esgleas. Dès lors, les activités du DI sont paralysées et sa principale force d’appui, la FIJL, marginalisée. Ainsi s’ouvre une nouvelle période de luttes internes au sein de la CNT en exil.

1964. : Désormais clandestine, la FIJL – dissoute par le gouvernement français le 20 novembre 1963 – dénonce l’immobilisme qui s’est emparé de la CNT et mène bataille pour le maintien du DI. En vain. L’heure est à la normalisation et la chasse aux multiples voix dissidentes qui s’élèvent dans la CNT en exil a commencé.

Juillet 1965. : Avec l’aval du CN de la CNT (Intérieur) et pariant sur la libéralisation du régime, une délégation de cénétistes entame des négociations avec des responsables de haut niveau de la CNS (le syndicat franquiste) et parvient à un accord sur « cinq points » (syndicat unique, indépendance syndicale, mutualisme, droit de grève, coopérativisme). L’affaire des « cinq points » n’aura pas de suites pratiques, la CNS sus-pendant les négociations, sur ordre de Franco.

31 juillet 1965 : Le congrès de Montpellier de la CNT en exil consacre la mainmise définitive du secteur « immobiliste » sur l’organisation et ouvre la voie à une chasse aux opposants de toutes tendances.

Fin 1965. : Création de la revue Presencia, émanation de la FIJL.

30 avril 1966. : Enlèvement, à Rome, de Mgr Marcos Ussía, conseiller ecclésiastique de l’ambassade espagnole au Vatican. L’action, menée pour attirer l’attention internationale sur le sort des emprisonnés espagnols, est revendiquée par le Groupe 1er-Mai et condamnée par les instances de la CNT en exil.

24 octobre 1966. : Arrestation de Luis Andrés Edo, Antonio Cañete, Jesús Andrés Rodríguez, Alberto Herrera et Alicia Mur, accusés de préparer, au nom du Groupe 1er-Mai, l’enlèvement de Norman G. Gillette, commandant en chef des forces américaines en Espagne.

1967-1969. : En août 1967, un plénum de la CNT en exil, qui se tient à Marseille, nomme une « commission des conflits » chargée d’instruire des procédures d’expulsion contre certains opposants. Ainsi, José Borrás, Fernando Gómez Peláez, José Peirats, Marcelino Boticario, Roque Santamaría et Cipriano Mera sont sur la sellette. Les fédérations locales qui refusent d’entériner les expulsions, comme Paris et Toulouse, sont elles-mêmes mises en marge de l’organisation. En septembre, l’opposition confédérale se regroupe au sein des Groupes de présence confédérale et libertaire (GPCL) et mène la bataille interne.

1968. : Les événements de mai 1968, en France, mobilisent activement les libertaires exilés. A Paris, ils sont de tous les cortèges et participent à l’occupation du « Collège espagnol » de la Cité universitaire, boulevard Jourdan, décrétée « zone libérée ». Par ailleurs, cette période voit l’irruption sur la scène sociale de la seconde génération de l’exil espagnol. Pour beaucoup d’enfants de « cénétistes » nés en France, Mai-68 fera, en effet, la jonction entre l’imaginaire révolutionnaire hérité de leurs parents et l’engagement libertaire dans les luttes du présent. Produits de leur époque, ces nouveaux militants ont parfois de l’anarchisme une vision plus ludique – et moins idéologique – que l’ancienne génération, ce qui ne manquera pas de provoquer quelques conflits d’interprétation, fortement exprimés lors du congrès de l’Internationale des fédérations anarchistes (IFA) réuni à Carrare (Italie), en août-septembre de la même année.

1969. : Répercussion de l’ « esprit de mai », un vent de révolte libertaire lève les facultés de Madrid, début 1969. C’est au cours de ces luttes qu’apparaît le groupe dit des « Acrates », dont le professeur et philosophe Agustín García Calvo – révoqué de l’Université par les autorités franquistes, avec ses collègues Enrique Tierno Galván et José Luis Aranguren, – sera une des figures emblématiques. Assez proches des situationnistes par la thématique développée, les « Acrates » madrilènes essaimeront, à travers l’Espagne, au cours des mois et années à venir, en divers groupes autonomes.

1970. : Les GPCL, qui refusent d’entrer dans un nouveau processus de scission, fondent Frente libertario, journal mensuel. L’organe des opposants au secteur « immobiliste » de la CNT en exil s’intéresse plus particulièrement aux groupes libertaires de l’Intérieur et s’inscrit dans une démarche de reconstruction de la CNT en Espagne. Il cessera de paraître au printemps 1977 quand la CNT reconstruite en Espagne désignera son premier comité national.

1972-1973 : Premières « expropriations » à Barcelone revendiquées par le Mouvement ibérique de libération (MIL). Premières actions revendiquées par les Groupes d’action révolutionnaire internationaliste (GARI).

Janvier 1974 : Après un meeting commun, à Paris, pour protester contre la condamnation à mort de Salva-dor Puig Antich, militant du MIL, Frente libertario et l’Alliance syndicaliste fondent le Comité Espagne libre,

2 mars 1974. : Exécution par garrot de Salvador Puig Antich.

3 mai 1974. : Enlèvement de Baltasar Suárez, directeur de la succursale parisienne du Banco de Bilbao. L’action, revendiquée par les GARI, provoquera de nombreuses arrestations dans les milieux activistes libertaires en France et en Espagne.

20 novembre 1975 : La mort de Franco ouvre ladite « transition démocratique » qui solde la fin de l’exil libertaire espagnol et ouvre le début d’une autre histoire.

Freddy Gomez

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