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Étiquette : Souvenir

Le prix Goncourt 2014 décerné à Lydie Salvayre, fille de l’exil espagnol

« Pas pleurer », murmurait Montse à sa petite Lunita, serrée contre sa poitrine, en tentant de rejoindre la frontière française lors de la « retirada ». La guerre civile, opposant nationalistes et républicains, se rapprochait dangereusement de Catalogne. Partie seule avec son bébé, la jeune femme laissait derrière elle son enfance, son pays, et surtout l’été radieux de 1936, où elle crut avec tant de ferveur à l’amour et aux lendemains qui chantent pour tous.

Au début du livre, Montserrat se met un jour à raconter cette histoire. Quasiment nonagénaire, elle est atteinte de graves troubles de mémoire et a tout oublié de sa vie, absolument tout, même la naissance de sa cadette Lydie, tout sauf ce merveilleux été 36 où des jeunes gens comme elles ont cru qu’un nouveau monde était possible. Alors elle raconte, et à une époque où le libéralisme a envoyé aux oubliettes les idéaux de la jeunesse de 36, une époque où l’idée même de lutte des classes prête à sourire, l’infinie nostalgie qui se dégage de ce récit terrible est chargée d’une émotion rare.

Lydie Arjona, alias Lydie Salvayre, est née en 1948 (l’année de la mort de Bernanos), dans le sud de la France, d’un couple de républicains espagnols en exil : mère catalane, père andalou. Avec « Pas pleurer », elle évoque pour la première fois, à 66 ans, son histoire familiale. Dans ce roman épique et puissant, elle entrelace les souvenirs révolutionnaires de sa mère, Montse, pendant la guerre d’Espagne, et la découverte par l’écrivain Georges Bernanos, fervent catholique, des exactions franquistes.

En contrepoints de l’histoire maternelle, Lydie Salvayre revient sur les massacres perpétrés par les franquistes, et sur l’engagement de Bernanos aux côtés des républicains. Il était passionnément français, catholique et monarchiste. Il avait même épousé la descendante d’un frère de Jeanne d’Arc et son fils avait revêtu l’uniforme bleu de la Phalange. On voit que rien n’inclinait l’auteur de « Sous le soleil de Satan » à soutenir le Frente popular et que tout l’incitait à s’engager en faveur des « nationaux ».

Mais voilà, en séjour à Majorque quand éclata, en juillet 1936, la guerre civile espagnole, Georges Bernanos fut choqué par la violence barbare et les rafles aveugles de l’armée franquiste, révolté par la complicité de l’Eglise avec les militaires putschistes et sa justification pieuse de la répression sanglante. Sous l’effet de la colère et de l’effroi, l’ancien camelot du roi écrivit « les Grands Cimetières sous la lune », un pamphlet, d’abord paru dans une revue de dominicains, qui lui valut d’être traité par ses amis de dangereux anarchiste et de voir sa tête mise à prix par le général Franco.

Montserrat Monclus Arjona, surnommée Montse, avait quinze ans en 1936. À sa fille, elle raconte les terreurs et les misères d’une enfance catalane dont celle-ci ne peut même pas avoir idée. Elle avait 15 ans. Elle appartenait à ceux que le clergé franquiste appelait « les mauvais pauvres », ceux qui « ouvrent leur gueule ».
Dans un savoureux mélange de français et d’espagnol, dans un « frañol » formidable (parfois hilarant), Montse raconte son été 36 : « Il faut que tu sais, ma chérie, qu’en une seule semaine j’avais aumenté mon patrimoine des mots : despotisme, domination, traitres capitalistes, hypocrésie bourgeoise, […] j’avais apprendi les noms de Bakounine et de Proudhon, les paroles de Hijos del Pueblo […]. Et moi qui était une noix blanche, pourquoi tu te ris ?, moi qui ne connaissais rien à rien, moi qui n’étais jamais entrée dans le café de Bendición par interdiction paterne, […] je suis devenue en une semaine une anarquiste de choc prête à abandonner ma famille sans le moindre remordiment et à piétiner sans pitié le corazón de mi mamá ».
Tout le talent de Lydie Salvayre est d’avoir su recréer le dynamisme et l’étonnante poésie de cette langue hybride, langue maternelle qui n’appartient qu’à la mère. On est subjugué par une telle prouesse d’écriture, même si d’autres textes l’ont précédée, et on se souvient en particulier du savoureux « Les Ritals » de François Cavanna.
Lydie Salvayre raconte l’arrivée, au village de ses parents, des idées révolutionnaires, et les chambardements qui s’en suivent. Car ces idées viennent percuter un monde immuablement rythmé par les saisons et les récoltes, régi par des principes ancestraux, « un village où les choses infiniment se répètent à l’identique, les riches dans leur faste, les pauvres dans leur faix », un monde « lent, lent, lent comme le pas des mules », un monde où les pères imposent leur autorité « à coup de ceinturon ».
Ces idées nouvelles bouleversent l’ordre établit depuis des siècles, transportent les cœurs des uns, terrorisent les autres. Le village en est complètement retourné, et la ferveur générale des premiers moments se mue progressivement en conflit ouvert. La romancière donne à voir toute la complexité de la guerre civile espagnole sur la scène de ce petit village perché sur les hauteurs de la Catalogne.

Dans de nombreux villages de l’arrière-pays catalan à l’existence réglée par le calendrier liturgique de l’Église catholique, des jeunes gens se sont mis à lire Proudhon, Marx et Bakounine. Les plus hardis d’entre eux ont rêvé de « supprimer l’argent, collectiviser les terres, partager le pain ».

En pleine guerre civile, certaines villes et certains villages, tombés aux mains des révolutionnaires, se déclarent communes libres et instaurent dans leurs murs un système collectiviste authentiquement libertaire où – entre autres expérimentations audacieuses – l’argent est aboli. Montserrat a vécu cette parenthèse libertaire, ce temps suspendu où les pauvres ont pu lever la tête, avant que la rébellion soit écrasée dans le sang par les Phalangistes et les militaires fascistes.
Montse, jeune et pauvre paysanne, vit avec exaltation la révolte libertaire qui secoue la terre espagnole et semble comme un face-à-face entre le bien et le mal. D’un côté, les grands propriétaires exploiteurs (don Jaume), les partisans de Franco, ivres de haine et de violence, l’Eglise catholique, sans une once de charité. De l’autre, les ouvriers et les paysans qui se battent pour leur dignité et leur liberté.
L’auteure évoque l’été 1936, « le plus beau, vif comme une blessure ». Celui où, emportée par la ferveur libertaire, elle quitte avec son fougueux frère Josep, le village familial. Avec son frère anarchiste, « un rouge » de la CNT, elle croit aux lendemains qui chantent et à la jeunesse du monde. Ils rejoignent à Barcelone les révolutionnaires venus de l’Europe entière pour soutenir le camp de ceux qui veulent changer le monde.

À Barcelone, elle rencontre un jeune français, il s’appelle André et écrit. Ils se connurent moins de vingt-quatre heures. Et ce fut aussi fort que toute une vie. Peu de choses ont compté pour Montse après cet été 1936, où elle avait rejoint le camp libertaire. Enceinte de ce bel amant français, qui partait au front aragonais, elle dut se résigner à épouser Diego, un notable communiste, pour ne pas laisser tout un village cancaner sur sa condition de fille-mère. Forcée de s’exiler, elle s’installa dans un pays, la France, où elle s’appliqua à métisser la langue, au grand dam de ses filles…
Les « questionnements » de Lydie Salvayre ont trait au silence des démocraties bourgeoises, aux rugissements inattendus du catholique et royaliste Bernanos, témoin horrifié du massacre des innocents à Palma de Majorque, et aux manœuvres équivoques des staliniens dans les lignes arrière du camp républicain. À travers le destin tragique de Josep, le frère de Montse, la romancière se souvient qu’une guerre au cœur de la guerre civile espagnole fut celle qui opposa les anarchistes de la CNT-FAI et les marxistes anti-staliniens du POUM aux commissaires politiques des Brigades internationales et du Komintern. Une histoire occultée « par les communistes espagnols, occultée par les intellectuels français, qui étaient presque tous à cette époque proches du PC ».

Ce livre est un très bel hommage à ces mères de l’exil – les nôtres – qui ont vécu dans la douleur l’arrachement à leur terre et à leur espoir. Car pour elles, chaque mot prononcé, chaque phrase construite, réclamaient un courage de tous les instants pour se confronter à une langue qui leur résistait, et parler tout de même. On lit « Pas pleurer » et on pleure : l’évocation de ce français encombré, malhabile et volubile, pour dire le regret d’une révolution enterrée et la dureté d’une vie de femme dans le siècle, constitue probablement un des textes les plus poignants que l’on ait écrit sur le « bref été de l’anarchie » et sur l’exil républicain espagnol.

« Pas pleurer » Lydie Salvayre (Seuil – 279 pages – 18,50 euros)

Daniel Pinós Barrieras

Photo : VB Annecy

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Dikran Lorénian, l’éclaireur fortuit de la Nueve

Le 24 août, dans la journée, le général Leclerc fâché de voir ses troupes arrêtées et accrochées par l’ennemi du côté de la croix de Berny, interpelle le capitaine Raymond Dronne qui arrive avec la 2e section de combat commandée par le sous lieutenant Michel Élias et la 3e section de combat commandée par l’adjudant chef Miguel Campos, de la Nueve. Il lui donne l’ordre de rassembler les hommes dont il a besoin et d’entrer dans Paris coûte que coûte.

Avec une certaine satisfaction, Dronne va s’exécuter. Ses Half-tracks portent les noms de Les Cosaques, Rescousse, Résistance, Teruel, Libération, Nous Voilà, l’Ebre, Tunisie 43 (celui commandé par Miguel Campos), Brunete, Amiral Buiza, Guadalajara et Santander…

Il est 20h45, heure allemande, quand ils arrivent porte d’Italie. Le capitaine Dronne veut rejoindre l’Hôtel de Ville, « parce la maison commune est à la fois le cœur de la capitale et le symbole des libertés parisiennes et nationales ; elle est le lieu prédestiné pour la première rencontre des soldats en uniforme de la France Libre venus d’Outre-mer et des combattants sans uniforme de la résistance [[La libération de Paris, Raymond Dronne, P 282, édit Presses de la cité, 1970]] ». Les Parisiens les prennent d’abord pour des Allemands et s’enfuient. Puis, des plus curieux s’approchent et s’écrient soudain : « Ce sont des Américains ». La foule revient pour finalement exploser de joie en s’apercevant que « ce sont les français ! »

Un Arménien se distingue par son calme, il s’avance vers la jeep du capitaine et lui propose de le guider dans Paris, jusqu’à l’Hôtel de Ville, afin d’éviter la défense allemande, il connaît le dédale des rues et il en vient. Il s’agit de Lorenian Dikran.

Dronne lui fait confiance, conforté en cela par El Patron ( Le général Leclerc) lui-même auquel il téléphone et qui lui crie : « Suivez-le ! » Enfourchant sa moto, Lorenian précède la jeep et les Half-tracks. Passant par des petites rues désertes : Quittant l’avenue d’Italie la petite colonne emprunte la rue de la Vistule, la rue Baudricourt, les place et rue Nationale, la place Pinel, la rue Esquirol, le Boulevard de l’Hôpital, traverse la Seine au Pont d’Austerlitz, le quai de la Rapée, le Quai Henri IV, le quai des Célestins, pour parvenir à l’Hôtel de ville à 21h22.

Seuls quelques coups de feu éparses sont tirés, à peine perceptibles, recouverts par le bruit du déplacement de la colonne.

Le Guadalajara est symbolisé sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Le capitaine Raymond Dronne est accueilli par les représentants de la Résistance,  les membres du CNR (Conseil National de la Résistance) : Georges Bidault, Joseph Laniel, Georges Marrane, Daniel Meyer… C’est une grande émotion, la fin du cauchemar pour les parisiens.

Elle a été rendu possible grâce aussi à Dikran Lorénian, cet éclaireur fortuit, homme de courage, lié avec des réseaux de résistance parisiens.

Mais qui est ce guide providentiel qui s’offre comme guide au capitaine Dronne afin d’éviter des morts inutiles ?

Né en 1908, à Constantinople, Arménien il émigre avec sa famille en France, en 1915 pour échapper au génocide. Il est naturalisé en juin 1930. Il décède le 27 janvier 1998.

Il s’établit comme commerçant fromager en 1930 et il fournit les trois prisons parisiennes : La Santé, la Petite Roquette (prison de femmes) et Fresnes.
Rappelé en 1939 quand la guerre éclate, il est envoyé sur le front dont il revient, lors de la démobilisation, à pied de Dunkerque à Bordeaux pour rentrer ensuite sur la région parisienne. Comme beaucoup de parisiens, il se débrouille comme il peut pour nourrir sa famille (une femme et trois enfants et sa maman). Mais il ne pense pas qu’à sa famille, naturellement il se rapproche des réseaux de résistance, par sa fonction il peut aller là où il veut. Aussi il en profite pour récolter des informations sur les mouvements des troupes d’occupation et aménage une cachette pour secourir des juifs, des Italiens, des Espagnols. Il cache même deux aviateurs, un anglais et l’autre américain. Dénoncé, il reçoit la visite de la Gestapo qui perquisitionne son domicile mais ne trouve rien et repart en le laissant chez lui. Pourtant les deux aviateurs sont bien dans l’appartement mais la cachette est si bien dissimulée que les nazis n’ont rien vu.
Toutefois Dikran va redoubler de prudence et surtout éviter d’attirer des ennuis à sa famille.

En ces temps de pénurie, il livre des œufs et du fromage à l’aide de son triporteur (une caisse sur deux roues avant montée sur un vélo) pour nourrir détenus et personnels mais aussi dans les hôpitaux et à la préfecture de Paris. Il a donc ses entrées dans des lieux fermés et la faculté de circuler assez librement tout en observant les événements et leur évolution dans les rues parisiennes. Il devient également recruteur de jeunes résistants.

Ce 24 août 1944, il arrive de Fresnes avec quelques jeunes hommes pour assurer la défense de la préfecture de Police à Paris, et Jacques Chaban Delmas, délégué militaire national des Forces Françaises Libres, à nouveau l’expédie à la recherche de nourriture pour ces jeunes gens. C’est en allant chercher de quoi nourrir ces nouvelles recrues qu’il va croiser le chemin de l’Histoire en la personne du Capitaine Dronne et de sa colonne.

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70 ans plus tard, son arrière petit-fils, Sofiane Benkritly, lui rend hommage :
« Mesdames et messieurs
Aujourd’hui , anniversaire de la libération de Paris, je prends la parole pour rendre hommage à mon arrière grand père DIKRAN LORENIAN
Il est né en Arménie à Constantinople et a fui son pays en 1920 avec ses parents frères et sœur pour échapper à la barbarie et au génocide arménien. Il a toujours combattu à sa manière le nazisme. Il a caché à deux reprises un aviateur américain et un aviateur anglais

Le 24 août 1944 il apprend qu’un détachement du général Leclerc est tout proche de Paris, vers la côté de Fresnes. Ce détachement est conduit par le Capitaine Dronne. Il explique au Capitaine qu’il peut le conduire jusqu’à l’hôtel de ville sans qu’il n’y ait un seul soldat de tuer. C’est même lui qui prend la tête du convoi sur sa motocyclette.

Dronne appelle le général Leclerc, lui explique qu’il a un arménien face à lui ….
Leclerc répond : Suivez le !

Et c’est ainsi qu’une page de l’histoire de Paris s’est écrite. Il a estimé avoir payé sa dette à la France qu’il l’avait accueilli lui et toute sa famille. »

 

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La mémoire des républicains espagnols en marche…

Pendant 3 jours, lors du colloque, du spectacle monté par Armand Gatti et dans les rues de Paris, l’association « 24 août 1944 » a ouvert une voie pour la reconnaissance de la participation des républicains espagnols à la libération de Paris et à la résistance dans les maquis. En attendant d’autres rendez-vous, quelques images prises dans le feu de l’action.

Merci à tous ceux qui ont participé à cette première…

Colloque du 22 Aout- Bourse du travail
Colloque du 22 Aout- Bourse du travail
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
La Nueve mise en scène par Armand GATTI
Les comédiens, Armand Gatti et Rafael Gomez
Les comédiens, Armand Gatti et Rafael Gomez
Allocutions quai Henri IV.
Allocutions quai Henri IV.
Le Guadalajara… quai Henri IV
Le Guadalajara… quai Henri IV
Square Hélène Boucher, 13e
Square Hélène Boucher, 13e
Prise de parole au square Hélène Boucher
Prise de parole au square Hélène Boucher
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Rafael Gomez
Rafael Gomez
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Colloque du 22 Aout- Bourse du travail
Colloque du 22 Aout- Bourse du travail
Colloque du 22 Aout- Bourse du travail
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Dernières répétitions du spectacle en hommage aux hommes de la Nueve.

Sous la direction d’Armand Gatti et de Jean-Marc Luneau, les comédiens amateurs, « fils de »… ou attachés à la mémoire historique, travaillent sans relâche pour que la parole des hommes de la Nueve soit entendue.
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Représentation : Samedi 23 août 2014 – 20 h – entrée libre.

La Parole Errante : 9 Rue François Debergue, 93100 Montreuil. M° Croix de Chavaux
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Los españoles que liberaron París, silenciados y olvidados en Francia

«  El próximo 24 de agosto, una extraña caravana recorrerá París. Un grupo de franceses y españoles portarán en las calles de la capital francesa las fotos de algunos de los soldados que ese día, hace 70 años, fueron los primeros en entrar en la ciudad para liberarla de sus ocupantes nazis. Franceses y turistas descubrirán que esas fotos en blanco y negro con los rostros de los liberadores son el testimonio, silenciado durante décadas, de que esos soldados que se jugaron la vida por liberar París eran en su inmensa mayoría españoles.

El 24 de agosto de 1944, un grupo de vehículos blindados semiorugas (half-tracks) y tres tanques Sherman entran en la capital francesa por sorpresa. Los parisinos creen en un principio que son parte de las tropas alemanas instaladas en la ciudad; después se dan cuenta de que no, que visten uniformes del ejército de Estados Unidos y que son la avanzadilla de las tropas que devolverán la libertad a París y, por consiguiente, a toda Francia.

Pero la confusión aumenta cuando cada vehículo en los que se desplazan esos oficiales y soldados tiene inscrito en el morro un nombre en español. Los half-tracks bautizados ‘España cañí‘, ‘Guernica‘, ‘Madrid’, ‘Brunete‘, ‘Guadalajara‘ o ‘Ebro‘, entre otros, son conducidos por militares que portan una bandera roja, amarilla y violeta cosida a sus uniformes. Son los miembros de La Nueve, la compañía de choque de la II División Blindada (DB) del general Leclerc. Se la conocía así, La Nueve, en español, porque 146 de sus 160 componentes eran republicanos españoles, alistados en las tropas de la Francia libre.  »

La Nueve estaba comandada por el capitán francés Raymond Dronne, que tenía como mano derecha al teniente Amado Granell, el valenciano que fue el primer militar francés en entrar ese día en el Ayuntamiento de París[[ El primer oficial de la Nueve que subió las escaleras del Ayuntamiento fue, de hecho, Raymond Dronne, que luego dejó el mando a su segundo Granell, para ir a la prefectura.]], ya en manos de la resistencia parisina en la que, por cierto, habían participado otros miles de españoles exiliados. En la noche del 24 de agosto del 44, canciones como « Ay, Carmela » y otras pertenecientes al cancionero republicano español sonaron hasta la madrugada en los lugares ‘asegurados’. Pero la liberación de París no había terminado.

Los españoles de La Nueve hicieron frente dentro de la capital a los contraataques y emboscadas de los alemanes que todavía ocupaban la ciudad. El 25 de agosto, el gobernador alemán, atrincherado en el Hotel Meurice con sus tropas de élite, se rindió por fin. Un extremeño, Antonio Gutiérrez, se encargó de mantener encañonado a la máxima autoridad nazi en la capital francesa mientras esperaba que un militar del rango del alemán se hiciera cargo de él. Von Choltitz le regaló a Gutiérrez su reloj, en agradecimiento por haber respetado las convenciones militares internacionales. « 

Lire la suite et les commentaires d’internautes sur le site : elconfidencial.com

24 août 2012. Libération de Paris : des militants libertaires interpellés par la police

Alors que le vendredi 25 août 2012, le président François Hollande présidait le 68e anniversaire de la Libération de Paris sur le parvis de l’Hôtel de Ville, des militants libertaires ont souhaité rappeler que les premiers libérateurs de la capitale, une compagnie de 160 hommes dont 146 républicains espagnols du régiment de marche du Tchad (2e DB), la Nueve, étaient en grande partie des militants de la CNT, la Confédération nationale du travail, l’organisation anarcho-syndicaliste majoritaire en Espagne avant le début de la guerre civile.

Afin d’affirmer le rôle joué par ces libertaires dans la libération de Paris, des militants de la Fédération Anarchiste, d’Alternative libertaire, de la CNT et des militants libertaires avaient déployé des drapeaux noirs et noirs et rouges, drapeaux du mouvement anarchiste et de la CNT, à proximité de la dernière plaque commémorative indiquant le parcours suivi par les libérateurs de Paris.

Un lieu où une concentration de drapeaux républicains espagnols avait, pour la première fois été autorisée par la Mairie de Paris. Un rassemblement qui a fini au commissariat, après interpellation des militants libertaires.

foule-plaques-nueve.jpgUne foule dense se pressait devant la plaque commémorative.

Le petit groupe arborant des drapeaux noirs et drapeaux rouge et noir tenta de s’approcher. La riposte énergique de la police, dirigée à l’époque par Manuel Valls, s’organisa très vite, les oreillettes grésillèrent et l’ordre républicain fut restauré pour permettre à François Hollande de prononcer son discours.

libertaires-nueve.jpgLa poignée de troublions fut cernée et emmenée à distance de l’évènement sous forte escorte bleue.Un commissaire de Police, donna alors une leçon d’histoire sur les couleurs du drapeau de la République espagnole : « il n’était pas noir, il n’était pas rouge et noir », et pour que les trouble-fêtes comprennent qu’ils participaient à un rassemblement interdit, ils furent embarqués, direction le car des interpellations pour 4 heures de rétention et de fichage dans les commissariats des 8e et 9e arrondissements de Paris.

Cet événement fut à l’origine de la création de l’association 24 août 1944 par une partie des libertaires présents devant l’Hôtel de ville de Paris ce jour-là.

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La Nueve en bref…

D’où viennent ces combattants à l’idéal de liberté chevillé au corps ?

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Février 1936 : le peuple d’Espagne porte « el Frente popular » (Front populaire) au pouvoir. Juillet 1936 : une guerre civile et révolutionnaire éclate ; elle va durer 32 mois et se soldera, faute d’armement et d’aide internationale, par la défaite du camp républicain face à l’armée putschiste de Franco, soutenue par Hitler, Mussolini et Salazar. En février 1939, un demi-million d’Espagnols, sous les intempéries et les bombardements, franchit la frontière française. Des quelques 200 000 Espagnols de la « Retirada » demeurés en France à l’issue de la victoire franquiste, nombreux sont ceux qui reprendront les armes contre le nazisme, après de terribles séjours dans les camps de concentration du sud de la France ou d’Afrique du Nord.
Admiratifs des soldats de la France libre de la première heure dirigés par De Gaulle et commandés sur le terrain par le général Leclerc, beaucoup d’Espagnols vont tenter de rejoindre les rangs de cette armée « illégale » constituée en Afrique avec les forces coloniales du Tchad, du Cameroun…
Ce n’est qu’en 1943 que cette troupe hétéroclite prendra le nom de 2e division blindée (2e DB).

Des anarchistes antimilitaristes dans la 2e DB

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La Nueve (neuvième compagnie) était une composante de la 2è DB, du IIIe régiment de marche du Tchad, commandée par le capitaine Raymond Dronne, composée de 160 soldats dont -au moment du débarquement en Normandie, le 4 août 1944- 125 républicains espagnols majoritairement anarchistes.
À l’instar de tous les républicains espagnols vaincus, ils concevaient le combat pour la France libre comme la continuité de celui commencé en Espagne par la guerre civile, en juillet 1936, et espéraient – comme on le leur avait promis – qu’il se poursuivrait, avec l’aide des alliés, contre la dictature de Franco. Ces anarchistes voulaient agir ; ils refusaient d’être spectateurs, sachant combien le nazisme –partenaire du franquisme – est l’ennemi de la liberté. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux ont rejoint les maquis ou endossé l’uniforme. Antimilitaristes, ils considéraient que l’enjeu valait ce compromis avec leurs principes.

Leclerc « el patrón »

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Militant de l’Action française, royaliste très catholique, Leclerc avait d’emblée choisi le camp de Franco lors de la guerre d’Espagne, mais il apprit à mieux connaître et apprécier les combattants du camp républicain au cours de la Seconde Guerre mondiale. Leclerc rejoint le général de Gaulle en Juillet 1940. À la tête de la 2e division française libre, qui deviendra la célèbre 2e division blindée (2e DB), il entame la campagne d’Afrique en promettant de combattre: « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg » (Serment de Koufra, Libye, le 2 mars 1941 )
« El patrón », comme l’appelaient les hommes de la Nueve, gagna la confiance et l’estime de tous les Espagnols par sa notion originale et efficace du commandement : ne pas rester passif, prendre toujours l’initiative, réagir immédiatement devant un obstacle imprévu –sans attendre la note ou l’ordre–, s’adapter aux circonstances les plus inattendues, atteindre l’objectif dans le cadre de la mission donnée, ne pas obéir à des ordres stupides… préserver autant que possible la vie de ses hommes et les respecter.

Pour les soldats de la Nueve, « Leclerc n’était pas un général français. C’était un véritable général républicain espagnol, comme ceux qui nous commandaient pendant la guerre contre les franquistes ». (Luis Royo Ibañez, soldat de la Nueve.)

En 1945, la guerre en Europe terminée, il partira en Indochine pour y défendre le protectorat français.

Raymond Dronne « el capitán »

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Administrateur d’Outremer au Cameroun, il fut l’un des premiers hommes à se mettre à la disposition de Leclerc.  Il prend une part active, à Yaoundé, au ralliement de la ville à la France libre le 28 août 1940. Engagé dans les Forces françaises libres, il participe aux opérations du Gabon avec le Régiment de tirailleurs du Cameroun (RTC). Il intégra le régiment de marche du Tchad, en 1943. En lui remettant le commandement, Leclerc lui expliqua qu’il s’agissait d’une compagnie de volontaires espagnols qui étaient indisciplinés mais qui avaient une expérience inestimable et une grandeur d’âme hors du commun : « Ce sont de beaux soldats, vous vous en arrangerez… »
Leclerc avait compris que ces hommes accepteraient d’être commandés seulement par un officier rallié dès les premières heures à la France libre ; surtout s’ils savaient que c’était un soldat qui avait été gravement blessé au combat. Les Espagnols le mirent à l’épreuve, mais ne tardèrent pas à l’accepter.

« On n’acceptait pas les ordres. Mais, pourtant, Leclerc, le capitaine Dronne ensuite et, surtout, le colonel Putz ont gagné notre sympathie. C’étaient des gens qui nous comprenaient et qui assuraient qu’ils nous aideraient à lutter contre Franco. » (Manuel Lozano, soldat de la Nueve.)

Des half-tracks aux noms de batailles de la guerre civile

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Chaque véhicule avait le nom des plus célèbres batailles de la guerre civile ou de symboles importants. Quant au capitaine Dronne, sa jeep portait : Mort Aux Cons.

« Et ces tanks ? Mes yeux voient-ils clair ? Ce sont eux ? Oui, ce sont eux. Ce sont les Espagnols. Je vois le drapeau tricolore. Ce sont eux qui, après avoir traversé l’Afrique, arrivent sur les Champs-Élysées. Les tanks portent des noms évocateurs : Guadalajara, Teruel, et ce sont les premiers qui défilent sur la grande avenue. On dirait un rêve… On dirait un rêve. » (Victoria Kent, ancienne haute-fonctionnaire espagnole.)

Les 24, 25 et 26 Août 1944

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24 Août 1944. Ce sont les soldats de la « colonne Dronne » , commandée par le capitaine Raymond Dronne et appartenant à la deuxième division blindée (2e DB) du général Leclerc qui entrent les premiers dans Paris. Cette colonne se compose:

– 41 hommes de la 2ème section de la 3 compagnie du 13ème Régiment du Génie,

– 15 hommes de la 1ère section de la 2ème compagnie du 501 RCC (Régiment de Chars de Combat)

– 116 hommes des 2ème et 3ème sections de la Nueve, + section de commandement, répartis de la façon suivante :

70 espagnols (soit 60 % des effectifs de la colonne)

35 français

11 volontaires internationaux.

Avec:

-trois chars Romilly, Montmirail et Champaubert de la 1ère section de la 2ème compagnie du 501 RCC-

-La jeep de Dronne- La section de commandement de la Nueve: HT Les Cosaques et Rescousse

-La 2ème section de la Nueve : HT Résistance, Teruel, Libération, Nous Voilà et l’Ebre

-La 3ème section de la Nueve : HT Tunisie 43 (celui commandé par Miguel Campos), Brunete, Amiral Buiza, Guadalajara et Santander

-La 2ème section de la 3ème compagnie du 13ème régiment du Génie : jeep Le Criquet, jeep Amphibie Mektoub II, un GMC (camion) et les HT L’Entreprenant, le Volontaire et le Méthodique.

malheureusement l’histoire officielle pendant des décennies ne retiendra que  les chars Romilly, Champaubert et Montmirail, les noms des half-tracks (véhicules  blindés américains plus légers et munis de mitrailleuses), pilotés par des Espagnols de la Nueve et nommés Guadalajara, Teruel ou encore Ebre ne surgiront qu’à partir de 2004.

« À la porte d’Italie, quand nous sommes arrivés et qu’une femme a crié : ’’Vive les Américains !’’, un de mes camarades a répondu : ’’No, señora Madame, yo soy un Français. » (Manuel Lozano, soldat de la Nueve.)

25 Août. La Nueve intervient dans les combats de la Centrale Téléphonique de la rue des Archives (2èmesection, sous le commandement de Dronne) et en protection de l’Hôtel de Ville (3ème section, sous le commandement d’Amado Granell). Durant ces accrochages , deux soldats de la  » Nueve  » sont grièvement blessés, un troisième est tué ainsi que trois FFI.

26 Août. Après avoir participé à la libération de Paris, la Nueve du capitaine Dronne aligne, ce jour-là, ses chars devant l’Arc-de-Triomphe.  Le général de Gaulle et des membres du Conseil National de la Résistance descendent la célèbre avenue, encadrés par par les half-tracks « Les Cosaques », « Madrid », « Don Quichotte » et « Les Pingouins ».

« On nous avait mis là parce que je crois qu’ils avaient plus confiance en nous, comme troupe de choc, qu’en d’autres… Il fallait voir comme les gens criaient et applaudissaient ! » (Germán Arrúe, soldat de la Nueve.)

Il faut noter que le Paris insurgé et résistant comptait un grand nombre d’étrangers dont plusieurs centaines d’antifascistes espagnols lors du soulèvement de la Capitale.

 

Paris, Strasbourg, le nid d’aigle de Hitler

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Après Paris, les hommes de la Nueve se remettent en route, en direction de l’Est. Avec Leclerc, ils libèrent les Vosges, l’Alsace, participent aux durs combats de la poche de  Colmar.

Colette Dronne déclare le 24 août 2020:

« Après Strasbourg, la Nueve n’était plus une compagnie espagnole, mais franco-espagnole. Car, depuis Ecouché, au fur et à mesure de la campagne, les trous avaient été comblés par de jeunes engagés français. Il faut souligner l’accueil que ces jeunes ont reçu de la part des anciens de la compagnie : ils ont été accueillis, protégés, formés, traités comme des fils. Ils se sont totalement intégrés à la 9. »

Ils poursuivent leur offensive jusqu’au nid d’aigle de Hitler, à Berchtesgaden.

2014, les survivants de la Nueve

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La Nueve, c’est 160 officiers, sous-officiers et soldats, articulée en trois sections de combat avec chacune cinq half-tracks et une quarantaine de combattants, plus la section de commandement. 90% d’Espagnols dont deux officiers adjoints espagnols (Antonio Van Baumberghen Clarasó (Bamba) et Amado Granell) et un sous-lieutenant espagnol Vicente Montoya. Ce n’était pas la seule unité où se retrouvaient des Espagnols. Mais c’était la seule où le commandement était pratiquement en espagnol.

La Nueve a combattu avec gloire et courage pendant toute la campagne, souvent en première ligne, toujours plus unie (malgré la mosaïque des opinions), plus soucieuse d’obtenir la victoire, et toujours avec l’espoir de retour au pays après la chute de Franco.

Elle est certainement une des unités qui a le plus versé de sang dans cette campagne : 40 tués, 102 blessés, 1 disparu, 39 pieds gelés. Beaucoup de blessés ont regagné la compagnie le plus vite possible, s’évadant des hôpitaux si nécessaire ; seuls les plus gravement atteints n’ont pu revenir. Quant au disparu, l’adjudant-chef Campos, il a été la source d’une véritable légende.

Seulement 39 sont arrivés à Berchtesgaden, le 5 mai 1945.

En 2014, il n’en reste que deux : Rafael Gómez et Luis Royo.

Les héros oubliés de la victoire

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L’histoire n’a retenu que ce qui pouvait servir à la construction d’une geste nationale et nationaliste : les étrangers n’y avaient pas leur place. Cette «francisation » de la Libération fut « une opération politique consciente et volontaire de la part des autorités gaullistes et, dans le même temps, des dirigeants du Parti communiste français ».
L’épopée gaulliste et l’épopée communiste de la Libération ne pouvaient être que nationales. «La participation armée des Espagnols a été récupérée par les gaullistes.
» (Jorge Semprún, préface La Nueve, 24 août 1944, ces Espagnols qui ont libéré Paris, Evelyn Mesquida, le Cherche Midi, 2011.)

Dans la Nueve, mais aussi dans la Résistance

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Des Républicains espagnols ont été sur tous les fronts. Très tôt engagés dans les rangs des Forces françaises libres ou des maquis, leurs faits d’armes sont légendaires. Hommes ou femmes, leur participation au sein de «l’armée de l’ombre » sera, elle aussi, unanimement reconnue. Des maquis se constituent, composés intégralement ou à forte majorité d’Espagnols, un peu partout en France occupée et non occupée :

  • La 3e brigade de guérilleros espagnols libère Foix.
  • Au plateau des Glières, ils seront en résistance dès la fin de 1942, et ils représentent plus de la moitié des maquisards montés au plateau en janvier 1944.
  • Le commandant Raymond, qui n’est autre que Ramón Vila Capdevila, avec son bataillon « Libertad » libère Limoges.
  • Des réseaux clandestins sont organisés dès novembre 1939. Francisco Ponzán se met à la disposition des services secrets britanniques. Ce sera le début d’un des réseaux des plus efficaces de passeurs, lié au réseau anglais Pat-O’Leary.
  • Les premiers  de France à être déportés dans les camps de la mort, à Mauthausen (Haute Autriche), dès le 6 août 1940, sont des antifascistes espagnols. Dans l’ignominie de la déportation, ils songent à s’organiser collectivement, afin de collecter les preuves, pour témoigner de leurs conditions de détention et résister à leur mort programmée. Ce sont eux qui accueilleront, en 1942, les premiers résistants français, déportés au camp de Mauthausen.
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«Señora Madame, yo soy un Français»

Notre article du 27 août denier, intitulé « Muchas Gracias »[[Voir article sur ce site : 61]]. rendant hommage au rôle essentiel des guérilleros espagnols dans la libération de Paris, où ils entrèrent les premiers, en avant-garde de la deuxième D.B. du général Leclerc, nous a valu un grand nombre de messages téléphonés et un important courrier, tant en espagnol qu’en français. Leur lecture bouleversante atteste combien ces « olvidados » – oubliés – immigrés et réfugiés qui se sont intégrés dans notre combat et l’ont souvent animé, ont été sensibles au légitime hommage que nous leur avons rendu. Dans l’impossibilité momentanée de répondre nommément à tous mes correspondants, je les prie de bien vouloir trouver ici mes excuses, avec ma satisfaction personnelle d’avoir contribué à rétablir l’authenticité d’un point historique méconnu, parce qu’hélas falsifié. C’est un fait incontestable : l’élément de pointe de la deuxième D.B., qui vint au secours de Paris insurgé, était composé d’anciens guérilleros espagnols, pour la plupart anarchistes. Pourquoi, depuis quarante ans, le cacher ?

Je me bornerai à citer l’un des rares survivants de cette fameuse « Neuvième compagnie », anéantie à 90%, qui pénétra en tête dans Paris et poussa jusqu’à l’Hôtel de Ville. Son nom de guerre était Juan Rico[[ De son vrai nom : Victor Baro.

Voir son portrait dans la rubrique « Les hommes de la Nueve » : 22]]. Il vit actuellement dans l’Aude.

Anarchiste espagnol ! Je suis l’un des seize survivants de ceux qui sont entrés les premiers dans Paris. J’étais le plus jeune et j’avais une guitare. La capitaine Dronne m’a dit: « Rico, ce n’est pas un régiment de mandolines ». J’ai caché ma guitare sur le tank. Il n’était pas commode, nous non plus. C’est le seul qui a voulu de nous et nous de lui. Il parlait l’espagnol, nous on se débrouillait en français, mais le cœur y était. Si bien qu’à la porte d’Italie, quand nous sommes arrivés et qu’une femme a crié : « Vive les Américains ! », un de mes camarades a répondu : « Non Señora Madame, yo soy un Français ».

C’est vrai et je vous remercie de le dire dans votre article, nos « half tracks » portaient des noms espagnols, sauf celui où j’étais, appelé « les cosaques », probablement parce que nous chevauchions vite à l’avant-garde, sans trop faire de cadeaux à l’ennemi. Ce que vous avez écrit m’a profondément ému, parce que vous savez bien ce qui s’est passé en vérité mais que personne ne dit… Dont acte…

René MAURIES

Association Historico-Culturelle C. La Nueve

Ce groupe de reconstitution historique espagnol a pour objet d’entretenir le souvenir des républicains espagnols qui combattirent dans les rangs de la 2ème Division Blindée des Forces Françaises Libres.

Les membres de l’actuelle Asociación Histórico-Cultural C. La Nueve (A.H.C.C. La Nueve), aspirent à faire connaître les aspects de la vie des soldats espagnols de l’exil qui combattirent dans les Forces Françaises Libres, et à entretenir le souvenir des républicains espagnols qui combattirent dans la Seconde Guerre Mondiale.
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Visiter le site de l’ A.H.C.C. La Nueve

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La route de la Colonne Dronne (dont la Nueve) à travers Paris – 2004

La colonne Dronne, avant garde de la 2e Division Blindée du général Leclerc, est envoyée par ce dernier en avant-garde de la division pour rassurer et avertir les parisiens de leur venue imminente.
Elle pénètre dans Paris par la rue des Peupliers (au coin avec la rue Brillat-Savarin 13e)
Elle composée comme suit:
– 3 chars (Montmirail, Champaubert, Romilly) de la 1ère section de la 2ème compagnie du 501 RCC (Régiment de Chars de Combat) commandée par le lieutenant Michard;
– la section de commandement de la Nueve : Jeep Mort aux Cons du capitaine Dronne + HT Les Cosaques, avec le HT La Rescousse du dépannage.
– la 2ème section de la Nueve : HT Resistance, Teruel, Libération, Nous Voilà et Ebre, commandée par le sous-lieutenant Elias;
– La 3ème section de la Nueve : HT Tunisie 43, Brunete, Amiral Buiza, Guadalajara et Santander, commandée par l’adjudant-chef Campos;
– la 2ème section de la 3ème compagnie du 13ème Régiment du Génie : Jeeps Le Criquet et Mectoub II, un camion GMC, HT L’Entreprenant, Le Volontaire et Le Méthodique, commandée par l’adjudant-chef Gérard Cancel.

Soixante dix ans après sa libération, Paris conserve encore sur les murs d’immeubles les traces de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 2004, 11 plaques honorent le parcours de la Nueve depuis leur entrée Porte d’Italie.

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Plaque Adresse
1

Porte d'Italie. 162, Avenue d'Italie. 75013.
Porte d’Italie. 162, Avenue d’Italie. 75013.

Porte d’Italie. 162, Avenue d’Italie. 75013. Point d’entrée dans la Capitale.

2

Colège 55, rue de Baudricourt 75013.
Colège 55, rue de Baudricourt 75013.

Collège 55, rue de Baudricourt 75013. La Nueve abandonne l’Avenue d’Italie et initie un zig zag pour éviter les allemands.

3

Place Nationale, 75013
Place Nationale, 75013

Place Nationale, 75013. La Nueve tourne vers la rue Nationale pour esquiver une menace nazie.

4

Place de la rue Nationale.
Place de la rue Nationale.

Rue Nationale. 123º-131 bis, rue Nationale, 75013.

5

Place Pinel, 75013.
Place Pinel, 75013.

Place Pinel, 75013. La Nueve évite un poste allemand.

6

20, rue Esquirol, 75013
20, rue Esquirol, 75013

20, rue Esquirol, 75013. Dernier passage à travers les rues étroites de ce quartier. La Seine est proche

7

68, Boulevard de l’hôpital
68, Boulevard de l’hôpital

68, Boulevard de l’hôpital, 75013. Descente vers la Seine.

8

Pont d'Austerlitz, 75012
Pont d’Austerlitz, 75012

Pont d’Austerlitz, 75012. La Nueve l’empreinte pour atteindre le centre de Paris.

9

Quai Henri IV, 75004
Quai Henri IV, 75004

Quai Henri IV, 75004.

10

Quai de l’Hôtel de Ville, 75004
Quai de l’Hôtel de Ville, 75004

Quai de l’Hôtel de Ville, 75004.

11

Place de l'Hôtel de Ville
Place de l’Hôtel de Ville

Place de l’Hôtel de Ville, Arrivée à la Mairie de Paris.

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Colège 55, rue de Baudricourt 75013.
Colège 55, rue de Baudricourt 75013.
Place Nationale, 75013
Place Nationale, 75013
Place de la rue Nationale.
Place de la rue Nationale.
Place Pinel, 75013.
Place Pinel, 75013.
20, rue Esquirol, 75013
20, rue Esquirol, 75013
68, Boulevard de l’hôpital
68, Boulevard de l’hôpital
Pont d'Austerlitz, 75012
Pont d’Austerlitz, 75012
Quai Henri IV, 75004
Quai Henri IV, 75004
Quai de l’Hôtel de Ville, 75004
Quai de l’Hôtel de Ville, 75004
Place de l'Hôtel de Ville
Place de l’Hôtel de Ville
63 rue des archives 75004
63 rue des archives 75004
Bois de Boulogne, 75016
Bois de Boulogne, 75016
Monument au Général De Gaulle. Place Clemenceau, 75008
Monument au Général De Gaulle. Place Clemenceau, 75008
Place de la République, 75003
Place de la République, 75003
Porte d'Italie. 162, Avenue d'Italie. 75013.
Porte d’Italie. 162, Avenue d’Italie. 75013.
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