Putz Joseph
Le commandant Joseph Putz était considéré comme l’une des figures les plus significatives de la Deuxième Division Blindée. Héros français remarqué de la guerre de 1914-1918, combattant, héros de la guerre civile espagnole et héros, aussi, de la campagne de Tunisie, il était l’officier le plus admiré et respecté par la majorité des Espagnols. Dans tous les combats, et surtout les plus durs, Putz était toujours près d’eux, en première ligne.
La trajectoire de Joseph Putz, « el comandante », correspondait assez peu à celle des militaires traditionnels de l’époque. Combattant volontaire de la Première guerre, Putz fit toute la campagne et revint des diverses batailles avec le grade de lieutenant, chargé de médailles, et blessé de guerre après avoir été gazé, dans le secteur de Vacqueville, en Lorraine. il revint des tranchées aussi avec un profond sentiment antimilitariste, ce qui ne l’empêcha pas de continuer dans l’armée comme officier de réserve. En 1934, il fut nommé de capitaine. En octobre 1937, l’armée française le punit par une mesure disciplinaire pour s’être enrôlé dans les rangs des Brigades internationales. En Espagne, il participa aux combats au sein de la XIVe brigade internationale. Nommé colonel, Joseph Putz combattit en tant que brigadiste sur le front républicain, sous les ordres du fameux général Walter, qui devait en faire, plus tard, son lieutenant. De Lopera (Andalousie) à Morata, Jarama, Madrid ou Guadalajara, blessé plusieurs fois, toujours à la tête de ses hommes dans les combats, Putz obtint l’estime, l’admiration et l’adhésion sans faille de ses soldats.
Sollicité en dernière instance par le gouvernement basque pour la défense de Bilbao, face à la pression des troupes nationalistes du général Mola, Josep Putz se retrouva – en tant que commandant de brigade, de division et de corps d’armée républicaine – à la division Eusko Deya. Sa valeureuse action au cours de la défense de Bilbao, saluée par l’Anglais George Steer, dans son livre L’arbre de Guernika, passionna également l’écrivain américain Ernest Hemingway, qui, d’après le capitaine Dronne, s’inspira de ce singulier combattant pour camper le personnage de « Pour qui sonne le glas ? ».
De retour en France, en 1938, et réintégré dans l’armée, le capitaine Putz fut mobilisé en septembre 1939, au moment de la déclaration de guerre à l’Allemagne. Installé en Afrique du Nord, après la signature de l’armistice, avec le statut de capitaine de réserve, et employé dans l’administration, Joseph Putz travailla comme chef de groupe des travaux du chemin de fer transsaharien Méditerranée-Niger, tout près des républicains espagnols, à Colomb-Béchar.
Suspect à cause de cette relation, on l’obligea à démissionner de sa charge, sous la menace d’une arrestation. Putz décida de se retirer discrètement dans le sud marocain, où il organisa sa participation secrète à la résistance, comptant sur les nombreux Espagnols réfugiés dans la région, et avec lesquels il maintenait des relations.
Après le débarquement allié, en novembre 1942, le capitaine Putz contribua à la création du 3e bataillon des Corps Francs d’Afrique. Nommé chef de bataillon par le général Leclerc, à la création de la 2e DB, Putz attira facilement dans son unité une grande majorité des réfugiés espagnols. Cette présence fut déterminante pour que la force militaire ainsi formée par ces hommes soit connue sous le nom de « bataillon hispanique », et que, de toutes les compagnies, la Nueve, presque entièrement constituée d’Espagnols, reçoive le titre d’« unité espagnole ».
C’est à Temara que l’ancien combattant des terres républicaines espagnoles autorisa les half-tracks de la Nueve à arborer les noms des grandes batailles de la guerre civile – Guadalajara, Brunete, Teruel, Madrid, Ebro, Santander, Belchite…
Croix de guerre en 1914-1918 avec cinq citations, Croix de guerre en 1939-1945 avec cinq citations, officier de la Légion d’honneur et compagnon de la Libération, Joseph Putz est mort à Grussenheim, pendant la bataille Alsace, le 28 janvier 1945.