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La tuerie de Lacazasse

Article du | 24 aout 1944 | , ,
 Un massacre passé dans le silence de l’histoire. Il a fallu plus de 30 ans avant qu’on en parle… dans une édition en langue espagnole ! L’Université ne semble s’être penchée sur la question que quarante ans après, sous l’impulsion notamment de Pierre Laborie de l’Université de Toulouse. Puis le silence est retombé malgré des tentatives plurielles d’historiens de relater ce carnage planifié.  

La tuerie de Lacazasse [1]

« Avec le temps, la fable grossit et la réalité se perd » (déclaration de Voltaire dictionnaire philosophique à l’article Histoire.)

Et les choses en sont restées là. Notre équipe d’enquêteurs s’est saisie de cette affaire pour tenter de faire toute la lumière sur les responsables de ce drame. Cela les a conduits aux archives départementales de l’Ariège à Foix, aux archives de la Gendarmerie nationale déposées à Vincennes et enfin à Manresa (Barcelone) d’où provenait la famille Roy.

Sur un document de la Junte Espagnole de Libération, adressé aux autorités françaises et daté du 4 novembre 1944, nous extrayons les renseignements suivants :

Le samedi 15 juillet 1944 à dix heures et demie du soir, un groupe de membres de la UNE fait irruption dans le logement de l’espagnol Ricardo Roy, situé dans le village de la Cazaza, près de Castelnau-Durban (Ariège) et oblige le beau-père de Roy à ouvrir la porte. Peu après, à l’intérieur de la maison, ils ont assassiné le beau-père de Roy, la femme de Ricardo Roy  et leurs deux petites filles âgées respectivement  de 6 ans et de 8 jours et trois autres espagnols nommés García, Gracia et Soler, amis de la famille, qui étaient présents. Tous étaient membres de la CNT. Ricardo Roy a échappé à la tuerie parce qu’il était absent. D’après ses déclarations, on lui avait enjoint à plusieurs reprises l’ordre de rejoindre la UNE, comme il a refusé, on l’a menacé de mort et les hommes de la UNE ont perpétré le crime que nous dénonçons. (p.21)

La trace de ces assassinats n’existe nulle part, sauf dans la mémoire de témoins, puisqu’il n’y a aucune tombe au cimetière et pour certaines victimes aucune mention sur le registre des décès.

Du coup, Angel Carballeira, fils d’exilé de la première génération et chercheur acharné de la vérité historique, notamment au sein du CTDEE (Centre Toulousain de Documentation sur l’Exil Espagnol) a pris en charge de mener une enquête approfondie sur cette exécution sommaire. « Nécessité pour l’histoire de rapporter le plus rigoureusement possible cet événement pour éviter qu’il ne tombe dans les poubelles de l’histoire. »

 

[1] Lacazace, actuellement orthographié Lacazasse, est un hameau dépendant de la commune de Castelnau-Durban qui fait partie du Couserans, partie occidentale et montagneuse du département de l’Ariège.

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