L’Espagne, passion française, Guerres, exils, solidarités,1936-1975.
Voyage initiatique, voyage dans le temps, la mémoire et les sentiments.
Les auteures nous entrainent à la découverte d’un exil qui fut exceptionnel à bien des points de vue :
– Ils étaient 500 000 massés à la frontière des Pyrénées en février 1939, 500 000 à renoncer, la mort dans l’âme, à leur terre pour ne pas subir le joug d’une dictature implacable qui s’abattait sur leur pays, et qu’ils avaient combattu pendant 32 mois avec un piètre armement. L’Espagne entrait à nouveau dans l’obscurantisme et la violence faite aux pauvres et aux démunis pendant 40 longues années.
– Un exil politique, toutes les strates de la société se fondirent dans l’exode, l’Espagne se vida de ses ouvriers, de ses paysans, de ses ingénieurs mais aussi de ses médecins, de ses intellectuels, de ses professeurs, de ses artistes, de ses forces politiques les plus progressistes…… Ils partaient pour réécrire l’histoire de leur pays et leur espoir à l’étranger, durant près de 40 années.
– Des exilés qui au delà de leurs dissensions parfois irrémédiables, portaient en eux la vie, la solidarité, la passion de l’échange, de la création, l’amour de la culture qui leur avait été interdite dès la naissance.
– Des antifascistes qui malgré un accueil plus que glacial, des conditions de vies indignes du pays des droits de l’homme, allaient reprendre leur combat contre l’oppression aux côtés des forces alliées dans la Seconde Guerre mondiale. Sans jamais perdre l’espoir de retourner chez eux, la tête haute et l’obsession de se débarrasser de cette dictature franquiste qui assombrissait leur terre, ils ont retrouvé, eux les anti militaristes, le fusil, le maquis et l’odeur de la victoire.
– Des exilés qui seront trahis une seconde fois par les puissances alliées en 1945 et resteront déçus mais pas vaincus en exil.
À tous ceux-là on peut appliquer la réflexion d’Antonio Machado, juste avant la chute de Barcelone :
« Peut-être, après tout, n’avons-nous jamais appris à faire la guerre. De plus, nous étions à court d’armement. Mais il ne faut pas juger les Espagnols trop durement. C’est fini : un jour ou l’autre, Barcelone tombera. Pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais humainement, je n’en suis pas si sûr…Peut-être l’avons-nous gagnée. »
C’est cette histoire finalement merveilleuse parce que remplie d’espoir, de partage et d’humanité que vous content par le menu Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez Maler.
Elles vous prennent la main et vous conduisent par les méandres des souvenirs et des photographies jaunies à la découverte de ce peuple d’insoumis. Votre parcours aura les élans de l’émotion, de la colère et de la tendresse. Alors, le sourire de votre voisin, de votre collègue, descendant de ce peuple de rêveurs têtus, aura la force et la résonance des mots d’Albert Camus, tourné vers l’avenir. De quoi méditer ce que « Terre d’accueil » veut dire encore aujourd’hui.