Dronne Raymond
Raymond Dronne fut l’un des premiers hommes à se mettre à la disposition de Leclerc quand celui-ci arriva à Douala. Le jeune fonctionnaire avait 32 ans, il était roux, avec une barbe en forme de collier et il parlait avec un fort accent de la Sarthe. Son air truculent et bon enfant cachait une solide formation de droit, sciences politiques, journalisme et d’école coloniale. Apparemment rejeté par le ministère des Affaires étrangères – où il espérait obtenir un poste diplomatique – pour ses manières frustes et provinciales, Dronne obtint un poste d’administrateur au Cameroun. Mobilisé en 1939, avec le grade de lieutenant, il fut incorporé dans les forces de police du Cameroun.
C’est à ce poste que lui parvint la nouvelle de la défaite française devant les Allemands et de la signature de l’armistice. En même temps lui arriva aussi l’appel à la résistance lancé par de Gaulle. Dronne n’hésita pas : il s’organisa immédiatement pour participer à la lutte et gagner la capitale Yaoundé aux forces de la France libre.
Quand Leclerc se présenta, au nom de de Gaulle, à Douala, Dronne se mit sous ses ordres, sans hésitation. Leclerc dira plus tard qu’avec cette adhésion la France libre avait obtenu un de ses meilleurs éléments. Sa grande expérience de la région serait très utile pour le nouvel arrivant. Entre les deux hommes, rapidement, une grande confiance s’installa.
Dronne combattit au côté de Leclerc au Gabon, et, plus tard, devenu capitaine, il participa aux opérations de Fezzan, en Libye, puis en Tunisie, où il fut gravement blessé à Ksar Ghilane, mitraillé par un avion. Après plusieurs mois d’hospitalisation en Égypte, il sortit, début août 1943, pour aller s’engager dans les troupes de Leclerc, stationnées à Sabratha, où les autorités d’Alger avaient relégué les forces de la France libre. Les hommes campaient au milieu des ruines romaines, recevant chaque jour de nouvelles recrues, dont beaucoup étaient espagnoles. Avec ces hommes, Leclerc formait l’embryon de ce qui allait devenir la 2e division blindée.
Dronne intégra le régiment de marche du Tchad et, peu après, fut nommé capitaine de la Nueve. En lui remettant le commandement, Leclerc le lui annonça, expliquant qu’il s’agissait d’une compagnie de volontaires espagnols qui faisaient peur à tout le monde : « Ce sont de beaux soldats, vous vous en arrangerez… » Leclerc avait compris que ces hommes accepteraient d’être commandés seulement par un officier de la France libre ; surtout s’ils savaient que c’était un soldat qui avait été gravement blessé au combat. Les Espagnols le mirent à l’épreuve, mais ils ne tardèrent pas à l’accepter.
Depuis lors, tous le connurent comme « el Capitán ».