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Lucio, L’ombre de la liberté

Article du | 24 aout 1944 |
©photo de Pierre Gonnord, La sangre no es agua (2019 Dans la mémoire des insoumis, tu es là, tranquille et serein. Ton regard inquisiteur et ta détermination paisible sont légendes dans nos rangs et ailleurs, en France comme en Espagne.

Lucio Urtubia

Quand tu es arrivé en France, tu as commencé modestement, sans trop savoir, voici ce que toi-même tu en dis :
« En 1954 j’arrive en France, déserteur de l’armée espagnole, je commence à travailler, je n’allais pas prétendre avoir un emploi comme enseignant ou comme ministre car je ne savais ni lire ni écrire, mais comme manœuvre dans un chantier. Mes papiers, c’est le maire de Marne la coquette, un gaulliste qui me les a fait car il avait une petite entreprise de bâtiment, j’ai commencé à travailler là, déclaré. Parmi les ouvriers il y avait plusieurs catalans réfugiés, qui avaient fait la guerre d’Espagne et la guerre en France, ils étaient anarchistes et très méfiants envers moi. À l’heure du casse-croûte, ils m’ont demandé quel était mon idéal, j’ai répondu : je suis communiste ; à cette époque en Espagne le gouvernement franquiste mettrait sur le dos des communistes tout ce qui arrivait alors que la plupart des activités antifascistes c’était les anarchistes, mais je ne savais rien de tout cela, et les amis du chantier m’ont répondu, : Lucio tu n’es pas communiste, tu es anarchiste ! les jours suivants ils ont commencé à m’apporter des journaux, pour moi le monde s’ouvrait, je leur ai demandé de m’inscrire pour suivre des cours de français, suivre des conférences, et j’ai atterri au 24 rue Sainte Marthe… »

À partir de là, ta vie ne sera que Résistance au franquisme : braquages, faux papiers, fausse monnaie, enlèvements de dignitaires franquistes, actions de « Bandolero » au grand cœur…… Jusqu’à devenir une Légende !

Nous nous souviendrons longtemps du regard noir sur ta photo, prise par Pierre Gonnord en juillet 2019, avec lequel tu surveillais sévère, les paroles des officiels espagnols, à Madrid lors de la grande exposition de la Arqueria Nuevos Ministerios : La Sangre no es agua, en décembre de la même année.

Ta silhouette debout contre les dictatures qui emprisonnent, va nous manquer mais tes idées nous restent pour avancer demain, vers un autre futur.

Merci d’avoir été là. Merci de tes idéaux que tu as non seulement défendus mais transmis aux autres.
Nous rejoignons dans la peine Anne ta compagne et Juliette ta fille, toutes deux tes complices.

À voir:
https://www.rtve.es/alacarta/videos/el-documental/lucio/961865/

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