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013 LUTTE CONTRE LE POUVOIR FRANQUISTE EN ESPAGNE

Article du | 24 aout 1944 | ,
À partir des années 1960, c’est la nouvelle génération des Espagnols qui se mobilise contre le régime du Caudillo, malgré la décision des directions des partis politiques, de suspendre les actions armées au regard du nombre trop élevé de victimes dans leurs rangs.
Affiche Union syndicale antifranquiste en exil (1947)

1960

5 janvier 1960. L’anarchiste Francisco Sabaté, dit « el Quico », est abattu dans le quartier de Sant Celoni de Barcelone.

1er mai 1960. La manifestation de la HOAC (Hermandad obrera de acción católica, Fraternité ouvrière d’action catholique) est interdite à Madrid.

30 mai 1960. Pétition signée par 339 prêtres basques protestant contre l’absence de liberté et les mauvais traitements policiers.

Août 1960. Réunie en congrès à Limoges, la CNT en exil adopte une motion qui renvoie la réunification aux décisions des fédérations locales. Déterminés à s’engager sur la voie de l’unité, trois membres influents du Secrétariat intercontinental (SI) Roque Santamaría, José Borrás et Marcelino Boticario parviennent à vaincre les résistances et à engager le processus.

26 septembre 1960. La loi contre le banditisme et le terrorisme est adoptée en Espagne.

Novembre 1960. Un meeting en faveur de l’unité, présidé par Cipriano Mera, se tient au théâtre de l’Alhambra de Paris.

1961

Septembre 1961. Grèves dans les entreprises importantes basques et dans les hauts-fourneaux.

Octobre 1961. Le PCE, le PSOE et le FLP (Front de libération populaire) créent la FUDE (Fédération universitaire démocratique espagnole) à Madrid, pour que les étudiants et les ouvriers s’unissent contre la dictature.

Août-septembre 1961. Le congrès de Limoges entérine la réunification de la CNT et engage l’organisation dans une stratégie à deux volets : revitalisation de l’Alliance syndicale CNT-UGT-STV.

2 novembre 1961. Un décret émanant du gouvernement dirigé par Michel Debré, et signé Roger Frey, interdit les principales publications de l’exil espagnol : Solidaridad Obrera, CNT, España libre et El Socialista. Pour contourner cette interdiction, Solidaridad Obrera et CNT seront « hébergées » par la CNT française et paraîtront dès lors sous les titres Le Combat syndicaliste (Paris) et Espoir (Toulouse), publications bilingues.

1962

1er janvier 1962. Mort de Diego Martínez Barrio, à Paris. Leader du parti républicain libéral et Premier ministre en juillet 1936, il avait tenté de négocier avec les militaires soulevés, mais avait échoué dans son projet.

Février 1962. Début des grèves en Guipúzcoa (Pays Basque) et dans d’autres régions d’Espagne; manifestations et assemblées des universités de Madrid et de Barcelone : de nombreux étudiants sont arrêtés.

12 février 1962. Mort à Mexico d’Indalecio Prieto, dirigeant du PSOE.

7 avril 1962. Début, dans les Asturies, de grèves qui dureront jusqu’en juin. Elles vont s’étendre au Pays Basque, à León, à la Galice et à l’Andalousie.

Mai/juin 1962. Les grèves se propagent à Barcelone et à Madrid. Le gouvernement proclame l’état d’exception dans les Asturies, en Biscaye et en Guipúzcoa. Apparition des Commissions ouvrières.

5 au 8 juin 1962. En pleine grève des mineurs asturiens, se réunissent à Munich 118 délégués espagnols venant de l’intérieur du pays et de l’exil. Ils représentent les tendances politiques : monarchistes, libéraux, démocrates, socialistes, sociaux-démocrates, nationalistes basques et catalans, sous la haute autorité de Salvador de Madariaga (1886-1978, diplomate, écrivain, homme d’État et pacifiste espagnol), qui conclut la réunion en affirmant : Hoy ha terminado la guerra civil (Aujourd’hui s’achève la guerre civile). Une résolution, adoptée à l’unanimité, estime que l’intégration de l’Espagne à l’Europe doit être soumise à l’acceptation des principes de démocratie et des droits de l’homme. Les délégués reprennent, en une motion en cinq points, les exigences d’ouverture et de respect de la personne humaine, les libertés syndicales et politiques.

Août 1962. Nouvelles grèves dans les Asturies.

29 septembre 1962. Afin d’attirer l’attention internationale sur le sort de Jorge Conill, étudiant libertaire condamné à mort, un groupe de jeunes anarchistes italiens organisent, à Milan, l’enlèvement du vice-consul honoraire d’Espagne, Isu Elías. Sur pression du Vatican, la condamnation à mort de Conill sera commuée.

Octobre 1962. Création du syndicat Alianza sindical obrera (ASO).

7 novembre 1962. Julián Grimau, militant communiste, est arrêté à Madrid sur l’accusation de tortures et d’assassinats à Barcelone durant la guerre civile.

1963

20 avril 1963. Exécution à Madrid de Julián Grimau, fusillé pour faits de guerre entre 1936 et 1939.

Printemps et été 1963. Période marquée, en Espagne, par une deuxième vague de mobilisation ouvrière contre le régime franquiste, notamment en août dans les Asturies.28 juin 1963. L’Espagne signe l’accord général international sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).

29 juillet 1963. À Madrid, une bombe explose dans les locaux de la DGS (Dirección general de seguridad), le siège des services répressifs du régime, causant une vingtaine de blessés parmi les personnes présentes à la section des passeports, mais aucun mort.

7 août 1963. L’anarcho-syndicaliste Ramón Capdevila dit « Caraquemada », combattant de la République et résistant (commandant Raymond, spécialiste en explosifs, il commanda deux cents maquisards espagnols qui anéantirent la garnison responsable du massacre des habitants d’Oradour. Ils rejoignirent ensuite le bataillon « Libertad »), est tué à Castellnou de Bages (province de Barcelone), lors d’une fusillade avec des gardes civils. Il avait été passeur d’hommes entre l’Espagne et la France pour la CNT, dans la lutte clandestine contre Franco.

13 août 1963. Après une enquête menée tambour battant et un procès sommaire instruit par un Conseil de guerre, Francisco Granados et Joaquin Delgado, accusés à tort d’avoir, le 29 juillet 1963, posé la bombe dans les locaux de la DGS, sont condamnés à la peine capitale et exécutés par le procédé du « garrot vil » le 17 août.

Septembre 1963. A la suite d’actions de protestation contre l’exécution de Delgado et Granado organisées par la FIJL, la police française procède à de nombreuses arrestations, dont celle de Cipriano Mera.

Octobre 1963. Cent deux intellectuels protestent contre les mauvais traitements infligés aux mineurs grévistes.

Décembre (1963-1977). Promulgation de la loi de création du Tribunal d’ordre public (TOP), par le ministre de l’Information et du Tourisme, Fraga Iribarne. Le dit tribunal avait pour objectif la répression de l’opposition politique et prononçait des sentences très radicales contre les ouvriers et les étudiants.

28 décembre 1963. En Espagne, les bases de la Sécurité sociale sont posées.

1964

En protestation à l’exécution de Julián Grimau, Léo Ferré écrit la chanson Franco la muerte.

1er janvier 1964. Le premier « Plan de développement économique et social » entre en application en Espagne.

2 juillet 1964. La CEE (Communauté économique européenne) décide d’entamer des négociations pour l’entrée de l’Espagne.

31 juillet 1964. La Renfe (compagnie de chemins de fer espagnole) obtient de la banque mondiale un prêt de 65 millions de dollars.

2 septembre 1964. Élection à Madrid de la première commission du syndicat des Commissions ouvrières du métal. Intensification des grèves et conflits sociaux.

Parution en exil du premier numéro de Mujeres Libres (trilingue). 47 numéros suivront jusqu’en décembre 1976.

 

 

1965

 

Janvier 1965. Manifestations et assemblées estudiantines. Plusieurs professeurs sont suspendus de leur chaire quelques mois plus tard.

 

Mars 1965. Manifestations à Barcelone en soutien à l’abbé de Montserrat (Catalogne), qui doit s’exiler sous les pressions du gouvernement.

 

19 décembre 1965. Espagne ; Le code pénal fait la distinction entre grèves économiques et grèves politiques.

1966

1er mars 1966. Des pourparlers débutent avec l’Angleterre pour l’avenir de Gibraltar.

9 mars 1966. L’assemblée du Syndicat démocratique universitaire se tient au couvent des Capuchinos de Sarriá (Barcelone). La police donne l’assaut, ce qui provoque une série de grèves dans les principales universités du pays.

18 mars 1966. Le régime franquiste ne parvient plus vraiment à juguler le mécontentement généralisé. Il accorde donc quelques concessions telles que la libéralisation partielle de la presse, avec la promulgation de la loi sur l’information et la presse.

Mars-avril 1966. Grèves à Madrid et dans les Asturies.

30 avril 1966. Le gouvernement ferme l’université de Barcelone.

Enlèvement de monseigneur Marcos Ussía, conseiller ecclésiastique de l’ambassade espagnole du Vatican par des militants du groupe « 1er mai ». Le communiqué de l’agence italienne précisait que le prélat espagnol avait été enlevé par un commando anarchiste qui exigeait la libération de tous les prisonniers politiques incarcérés en Espagne.

28 juin 1966. Manifestation à Madrid pour onze revendications élaborées pas les Commissions ouvrières et soutenues par des milliers d’ouvriers. Arrestations de responsables syndicaux.

22 juillet 1966. Saisie du journal ABC pour l’article de Luís María Ansón : La monarquía de todos.

22 novembre 1966. Présentation de la Ley orgánica del Estado (loi organique de l’État), qui définit la séparation des charges du chef de l’État et du chef du gouvernement. Mais Franco continuera à contrôler les deux jusqu’à sa mort. Cette loi est adoptée le 14 décembre de la même année.

1967

27 janvier 1967. Journée des Commissions ouvrières. Grèves et manifestations soutenues par les étudiants.

Avril-mars 1967. Le climat social se détériore de plus en plus et les conflits s’accentuent à Madrid, Barcelone, dans les Asturies et en Biscaye.

21 avril 1967. L’état d’exception est déclaré en Biscaye.

1er mai 1967. Nombreuses arrestations dans les grandes cités ouvrières.

21 septembre 1967. Luis Carrero Blanco est nommé vice-président du gouvernement.

27 octobre 1967. Journée des Commissions ouvrières débouchant sur de sérieux affrontements avec les forces de l’ordre.

1968

28 mars 1968. Le gouvernement franquiste ferme pour un temps indéfini l’université de Madrid.

Mai 1968. À Paris, l’agitation étudiante à la suite de l’occupation de la Sorbonne par les forces de l’ordre s’étend, et les affrontements sont quotidiens entre policiers et étudiants. Bientôt, la classe ouvrière va se joindre au mouvement, paralysant tout le pays. Les exilés espagnols et leurs descendants seront de ce mouvement populaire.

31 mai 1968. Saisie du journal Diario de Madrid.

Juillet 1968. Grandes révoltes au Pays Basque après l’interdiction des messes et des cortèges funèbres devant accompagner la dépouille du jeune militant de l’ETA Francisco Javier Echevarriete, tué par la garde civile.

5 juillet 1968. Mort d’Enrique Plá y Deniel, inconditionnel du soulèvement national et du régime franquiste, évêque d’Ávila, puis de Salamanque, archevêque de Tolède en 1941 et cardinal en 1946.

2 août 1968. Des indépendantistes basques de l’ETA assassinent Melitón Manzanas, chef de la police politique de la province de Guipozcoa (la médaille d’or du mérite civil sera décernée à titre posthume à ce tortionnaire, serviteur zélé de la dictature).

Octobre 1968. Affrontements entre métallurgistes et forces policières à Madrid.

1969

17 janvier 1969. Grèves universitaires : le rectorat de l’université de Barcelone est pris d’assaut par la police.

21 janvier 1969. L’étudiant Enrique Ruano Casanova, détenu par la brigade politique et sociale, se jette par-dessus le balcon et meurt. Il s’ensuit de grandes manifestations.

25 janvier 1969. Le gouvernement déclare l’état d’exception dans tout le pays. Cette situation va se prolonger jusqu’au 25 mars 1969.

7 juin 1969. Fermeture totale de la frontière avec Gibraltar.

23 juillet 1969. Au lendemain de sa désignation comme successeur de Franco à la tête de l’État avec le titre de prince d’Espagne, Juan Carlos de Bourbon prête serment devant les Cortes, en présence du dictateur.

30 octobre 1969. En Espagne, les technocrates arrivent au pouvoir. Malgré l’enfermement du régime, ces spécialistes du développement économique libéral mettent en œuvre une politique économique audacieuse : assainissement des finances, libéralisation de l’appareil économique, ouverture du pays aux capitaux étrangers, développement d’une industrie compétitive, investissements touristique

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