Skip to main content

Le 11 février 2017, Je te donne ma parole, en Puisaye

Article du | 24 aout 1944 |
Partager l’intensité d’une journée marquée par l’intensité de l’échange et du partage. Un documentaire qui porte à réflexion.

Je te donne ma parole, s’évade en province résistante ou une journée de la vraie vie.

Le 11 février 2017, nous étions invités à Moutiers en Puisaye dans l’Yonne par l’association Anart Scène pour projeter le documentaire de Quino Gonzalez : « Je te donne ma parole ».

 

Par une belle journée d’hiver, la campagne était encore toute engourdie de gel quand nous sommes parvenus à destination. Un accueil chaleureux nous attendait de la part de nos amis.
Puis nous avons filé au cœur de ce beau village de pierre, pour y découvrir une salle municipale qui fleurait bon les préaux d’école d’antan. Nous avions un rendez-vous important juste avant la projection avec l’ancien maire de ce village du cœur profond du pays :
Monsieur François Solano
Maire durant trente années dans ce petit coin de terre, il fut non seulement un résistant illustre et téméraire mais, chose inattendue, il est avant tout un antifasciste espagnol engagé contre le coup d’État de Franco dès 1936. Pendant une heure, nous avons plongé dans son passé aux multiples péripéties. Nous avons parcouru à ses côtés les chemins escarpés et gelés de la montagne de l’hiver 1939. Nous avons appris le français pour être plus libres et indépendants dans ce pays à l’accueil plus froid que les cimes enneigées du Canigou. Nous avons donné des cours et aider les autres Espagnols internés dans leurs démarches et/ou à la recherche des leurs. Nous sommes partis travailler en lieu et place des Français mobilisés. Nous nous sommes désespérés de la capitulation et de la collaboration de la France. Nous nous sommes engagés dans les maquis pour résister à cet ennemi si coriace qu’il est sur les talons de François depuis juillet 1936. Mais il l’a vaincu enfin et heureux il est reparti à l’assaut de sa Liberté, sur sa terre natale. Hélas le monde changeait déjà de philosophie, les compromis, les concessions pour un peu de richesse non partagée, et le voilà ici 81 ans plus tard, l’œil enjoué, le verbe enchanteur et l’esprit affûté pour notre plus grand plaisir.

À 16 heures, la salle était comble, un vrai succès. Nous avons projeté le documentaire de Quino, Je te donne ma parole, dans un silence recueilli et attendri. Ces hommes et ces femmes nous disaient, avec des mots simples, leur page d’histoire, leur trajectoire et leur arrachement aux leurs, à leur cocon. Une vague d’émotion enveloppa l’assistance, jusqu’à la fin de la projection à écouter :

  • Cette femme qui s’engage dès les premiers jours de la révolution pour défendre sa liberté de femme,
  • Ou celle qui perd son enfant à la frontière, petit cadavre semblable à la dépouille de cette république qui a porté tant d’espoirs.
  • Cet homme parti de chez lui à 16 ans en 1937 et que sa mère croit mort quand tout à coup le facteur lui apporte une lettre, en 1946…,
  • Cet autre dont la mère a été touchée au ventre lors de la Retirada par le bombardement sur les routes,
  • Ou encore celui qui plein d’énergie et d’idéal a décidé de vivre envers et malgré tout dans un camp de la mort nazi……
    La discussion après le film fut très enthousiaste, alimentée de la force de ces témoins aujourd’hui toutes et tous disparus, chacun a évoqué son histoire, ou celle de ses parents, ou encore les réfugiés d’aujourd’hui, des humains qui fuient les guerres et cherchent désespérément un coin de paix pour vivre…

Le travail accompli par Quino Gonzalez est remarquable, car il raconte dix ans d’histoire populaire enfouie et fait naître chez tous un besoin de justice et d’une société meilleure.

Il fallait voir son sourire et son contentement, à entendre la satisfaction et les félicitations qui lui étaient adressées pour son documentaire. Je crois que c’est une des plus belles récompenses pour un réalisateur. François lui a offert un cadeau magnifique : une chanson de sa belle voix de ténor. L’assistance était transportée par le chant de cet homme, qui aura 96 ans en novembre 2017, avec la force de la vie et la jeunesse dans la voix, un vrai bonheur.
Après un pot de fraternité quand la salle s’est vidée, nous sommes repartis sur les chemins escarpés du maquis de l’Yonne et les pérégrinations de François jusqu’à la victoire, et son installation comme potier, artiste lyrique, peintre, sculpteur et maire… Un homme-orchestre, juste porté par son amour des autres, son amour de la beauté et sachant apprécié chaque moment de l’existence. À découvrir et à méditer.

Merci à Chantal et Jacky Petit, merci à l’Anart Scène et au chaleureux village de Moutiers en Puisaye, un merci tout particulier à Ivan Larroy et aux amis de MHRE89 venus avec leur exposition et leur amitié, nous soutenir. .

La salle attend je te donne ma parole
La salle attend je te donne ma parole
Quino explique son film
Quino explique son film
Une joie certaine
Une joie certaine
La révolution en Chanson
La révolution en Chanson
François Solano en compagnie d'Ivan Larroy, son fils presque!
François Solano en compagnie d’Ivan Larroy, son fils presque!
Face à l'objectif
Face à l’objectif
Un passé qui doit se transmettre
Un passé qui doit se transmettre
L'émotion d'une vie généreuse
L’émotion d’une vie généreuse
affiche_.jpg
Mots-clefs :
Partager cet article :
Haut de page