Protestation contre la messe en l’honneur d’un dictateur
Les fosses communes de Franco couvrent tout le territoire en Espagne et 500.000 républicains ont été contraint de s’exiler jusqu’en 1975. Beaucoup sont morts en exil après avoirtout perdu et notamment des êtres chers et leur espoir dans un monde meilleur.
À
Madame Anne Hidalgo, Maire de Paris, Monsieur Laurent Nuñez, Ministre de l’Intérieur et des cultes, Monsieur Victorio Redondo Baldrich, Ambassadeur d’Espagne à Paris, Monsieur Fernando Martínez López, Secrétaire d’État à la Mémoire démocratique.
Madame, Messieurs,
Une messe est annoncée pour ce 29 novembre à la Chapelle Notre Dame de Consolation 13 rue Jean Goujon Paris 8e, en l’honneur d’un dictateur qui a réprimé son peuple de 1936 à 1975 et du leader d’un parti fasciste, nous voulons nommer respectivement Francisco Franco Bahamonde et José-Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange.
Au nom des républicains espagnols qui se sont battus d’abord pour rétablir l’État de droit dans leur pays, puis, réfugiés en France, ont poursuivi partout le combat pour libérer le monde du fascisme en le payant de leur sang, nous protestons énergiquement contre la tenue de cette messe.
Les hommes de la « Nueve », ceux de la libération de Paris, les résistants espagnols du plateau des Glières et d’ailleurs, les rescapés républicains espagnols du camp de Mauthausen qui, par leur témoignage, ont permis de faire condamner les dignitaires nazis, méritent-ils que, dans ce pays qui, malgré tout, les a accueillis pour un long exil, une messe soit dite au profit de leur bourreau qui a aussi été celui de dizaines de milliers d’Espagnols dans leur propre pays, le pays aux 6 000 fosses communes ?
Est-il possible une fois de plus que l’esprit des républicains espagnols, et maintenant celui de leurs descendants, soit bafoué ?
Nous n’avons aucun argument juridique à avancer. Nous n’avons que la mémoire de nos aînés comme étendard.
Si cette messe devait avoir lieu, si ceux qui ont bafoué de façon criminelle l’État de droit dans leur propre pays peuvent être honorés à Paris, à quoi bon se prétendre le pays et la ville de la Liberté, à quoi bon désormais commémorer la victoire sur le nazisme ?
Sous couvert de la liberté de culte, cette ignominie pourrait-elle être perpétrée ?
Nous espérons que vous entendrez notre requête et qu’au nom d’une mémoire qui devrait nous être commune, cet événement n’aura pas lieu.
L’association 24 Août 1944
