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04/ 1936 – Guerre et révolution sociale

Article du | 24 aout 1944 | ,
Le pronunciamiento La victoire électorale du Frente Popular en février 1936 a suscité un espoir social parmi les classes laborieuses, mais la droite conservatrice s’oppose à l’application des réformes.
Formation des milices de défense Barcelone 19 juillet 36

El pronunciamiento

La victoire électorale du Frente Popular en février 1936 a suscité un espoir social parmi les classes laborieuses, mais la droite conservatrice s’oppose à l’application des réformes. Le moindre événement dégénère en émeute. Entre février et juin 1936, on recense 161 incendies d’églises, 213 attentats, 113 grèves partielles, etc. L’économie est paralysée, les assassinats politiques se multiplient. Les militants de droite et de gauche s’affrontent mortellement dans la rue. La bourgeoisie et ses partis cherchent à renverser ce gouvernement populaire. Attentats militaires et phalangistes participent à la déstabilisation du pays. Les généraux complotent et tentent à plusieurs reprises  un soulèvement. Le gouvernement de Casares Quiroga, informé des dangers, déplace les généraux et les sépare mais pas très efficacement ; au contraire, ces déplacements facilitent souvent les plans des séditieux (Mola, à Pampelune, est en terrain conservateur, Franco, aux Canaries, se rapproche de l’armée du Maroc où il a officié et où il reste très apprécié des officiers de garnison…). Dans la première quinzaine de juillet, José Castillo, lieutenant des Gardes d’assaut, est abattu à Madrid. Le lendemain, ses compagnons, en représailles, assassinent le monarchiste Calvo Sotelo. Ces deux assassinats donnent le coup d’envoi du pronunciamiento des généraux factieux, qui aura lieu à Melilla. Le triumvirat de tête des insurgés est constitué de Goded, Mola et Franco, qui rendent compte à leur chef présumé, Sanjurjo, exilé au Portugal. La marine, restée fidèle à la République, fait obstacle au passage des troupes rebelles vers l’Espagne. Franco passe alors un accord avec Hitler pour organiser le transport de ses troupes par avion ; c’est le premier pont aérien d’une telle ampleur. La rébellion s’étend bientôt sur le territoire national. Le gouvernement refuse de donner des armes au peuple et aux syndicats. Conséquence tragique : les tentatives de ces derniers pour défendre la République en Andalousie s’achèvent dans un bain de sang à Algésiras, Cadix, Cordoue, Grenade, Huelva et Séville. Dans cette ville, les troupes fascistes sont commandées par le général Queipo de Llano, qui répand la terreur par la voix de Radio Séville. Les premiers Moros commettent des massacres dans les quartiers ouvriers. En revanche, Almería résistera jusqu’à la fin de la guerre, même partiellement détruite en 1939 par la flotte allemande, durant les derniers combats de la guerre civile. En face, les fascistes répandent la terreur. Mola déclare : « Nous devons semer la terreur… laisser une impression de domination totale en éliminant, sans scrupules ni hésitations, tous ceux qui ne pensent pas comme nous.»  « ¡Hay que sembrar el terror, hay que dejar sensación de dominio eliminando sin escrúpulos ni vacilación a todos los que no piensan como nosotros !» General Emilio Mola, julio 36.[1] Le général Queipo de Llano terrorise l’Andalousie en promettant « une mort violente aux chiens rouges et le viol pour leurs femmes » sur Radio Séville[2].

[1] La Guerre d’Espagne, p. 21, BT2,  25, Pemf, école moderne Freinet, Mouans-Sartoux, 2000.

TV-3 muestra otro capítulo de la sistemática represión franquista « 30 minuts » emite la primera parte de « Les fosses del silenci »
el Periódico de Cataluña, 2/03/2003.

[2] La Révolution et la Guerre d’Espagne, p. 385, Pierre Broué et Émile Témime, Éditions de Minuit, Paris, 1961.

 

17 juillet 1936 : À Melilla, [1] l’état de siège instauré par des généraux rebelles au nom de Franco [2] Premières exécutions : militants de gauche et officiers loyalistes, dont le commandant et maire de Melilla : le général Romerales, puis le général Gómez Morato ainsi que le haut commissaire civil Alvarez Buylla. Arrestations massives d’opposants au coup de force de l’armée notamment parmi les appelés catalans et basques.

18 juillet 1936 : Les généraux Orgaz et Franco prennent possession de l’île sur laquelle ils ont été assignés et décrètent la loi martiale dans toutes les Canaries. 5h15 : le manifeste de Franco est diffusé sur les ondes des Canaries et du Maroc :
“ …Je vous appelle à restaurer la fraternité, la liberté et l’égalité (…) Vive l’honorable peuple espagnol ! ”
Il se rend ensuite au Maroc avec l’avion de Cécil Bebb [3].

Au conseil des ministres, les officiers loyalistes et les dirigeants de la Gauche demandent que l’on distribue des armes aux syndicats. Le premier ministre Casares Quiroga refuse. Cette décision favorise le soulèvement notamment dans les grandes villes d’Andalousie. L’armée est aidée de la phalange et de la garde civile. À Séville, Malaga, Cadix, les combats sont rudes.
À Madrid les manifestations ouvrières réclament des armes, le ministre refuse mais 5 000 fusils sont livrés par le lieutenant-colonel, socialiste, Rodrigo Gil, à l’UGT.
La légion (El tercio), l’armée d’Afrique des “ regulares ” marocains, les deux tiers de l’armée métropolitaine et une partie de la garde civile appuient le soulèvement des généraux.
Un tiers de l’armée métropolitaine, la garde d’assaut restent fidèles au gouvernement démocratiquement élu. Ses autres appuis seront les adhérents des syndicats ouvriers et paysans et ceux des partis de gauche. Ils n’ont pas d’armes…
Pendant ce temps le gouvernement essaie de négocier avec les généraux séditieux [4]. Mola refuse les propositions d’entrer au gouvernement.

19 juillet 1936 : Un nouveau gouvernement sous la présidence de José Giral est constitué et décide de distribuer les armes aux syndicats. Giral télégraphie dans la soirée à Léon Blum pour demander des avions, des armes et des munitions.
- Madrid : sur 65 000 fusils distribués, 60 000 n’ont pas de culasses. Il faut prendre ceux de la caserne de la Montaña, dans laquelle le colonel Serra refuse d’obtempérer.
La pasionaria prononce, devant le ministerio de la gobernación (premier ministre), le fameux ¡No pasaran !
- Cadix, 200 regulares marocains débarquent. Mais les marins et ouvriers de l’armée, fidèles à la République, contrariant les plans de Franco, se révoltent, fusillent leurs officiers et font obstacle au passage des troupes rebelles vers l’Espagne. Le général Queipo de Llano terrorise l’Andalousie [5]. En revanche Almería résistera jusqu’à la fin de la guerre [6].
- Barcelone, le président Companys refuse de distribuer des armes à la population mais la CNT prend d’assaut plusieurs dépôts militaires. Les forces du putsch tentent de rejoindre les autres colonnes amies, mais elles sont arrêtée par les anarchistes, les gardes d’assaut et, fait remarquable, des gardes civils.

20 juillet 1936 : Barcelone, le soulèvement militaire est un échec face aux forces armées de la CNT et de la FAI (Fédération anarchiste ibérique).
Dans la soirée Lluís Companys reçoit les véritables vainqueurs, les anarchistes [7]. et leur remet ses pouvoirs [8]. Les anarchistes déclinent ce pouvoir que leur donnait leur victoire. [9]
- Séville : le général Queipo de Llano s’empare des quartiers ouvriers et populaires qui sont sans armes. Les massacres sont atroces, puis les légionnaires anéantissent la ville basse [10] au canon. Le peuple se bat quasiment à main nue. L’armée perpétue des assassinats.
Un avion part pour Lisbonne pour ramener le Général Sanjurjo. Celui-ci se charge d’une malle trop lourde (costumes d’apparat), l’avion ne peut décoller, il heurte les cimes des arbres et s’enflamme, le “ lion du Rif ” meurt carbonisé. Restent, pour la tête de cette sédition, les généraux : Mola (dans le Nord), Queipo de Llano (Sud, Séville) et Franco (Maroc et Sud Ouest). Ils détiennent après les premiers combats : un tiers du territoire, les Canaries, les Baléares (sauf Minorque) et le Maroc espagnol.

Entre le 20 et le 26 juillet 1936 : Les contre jeux olympiques qui devaient se tenir à Barcelone sont annulés mais des sportifs resteront pour se battre au côté de la république espagnole, ils seront parmi les premiers internationaux de la guerre d’Espagne. D’autres organiseront, le 26 juillet, dans la région parisienne, des jeux sportifs dont les bénéfices iront à la république espagnole.

21 juillet 1936 : Barcelone : Suite à la demande des anarchistes auprès du président Companys, se forme le Comité des milices antifascistes de Catalogne, où sont représentés tous les secteurs de la population républicaine et ses organisations politiques et syndicales , création du : 3 UGT ; 3 CNT ; 3 Gauche catalane ; 2 FAI ; 1 PSUC (parti socialiste unifié de Catalogne), 1 communiste ; 1 Action catalane ; 1 POUM ; 1 Rabassaire (travailleurs viticulteurs).
Violentes répressions dans les régions soumises par les militaires. Tueries également dans le camp républicain, mais plus du fait d’individus isolés que comme moyen systématique de domination tandis que, dans le camp fasciste, la terreur est utilisée comme une arme. Mola l’a prévue : “ Il faut répandre une ambiance de terreur. Nous devons créer une impression de domination… Quiconque est ouvertement ou secrètement un partisan du front populaire doit être abattu ! ”

22 juillet 1936 : Tolède, le colonel José Moscardo s’enferme dans l’Alcazar, palais fortifié à l’entrée de la ville avec 1 300 gardes civils, des phalangistes, des sympathisants d’extrême droite, 600 femmes et enfants. Ils tiendront jusqu’au 28 septembre, date où Franco envoie Yagüe les libérer.

24 juillet 1936 : Burgos création d’une junte de défense nationale qui soutient le soulèvement, avec : Miguel Cabanellas Ferrer comme président, [11] les généraux Emilio Mola, Fidel Dávila Arrondo, Miguel Ponte y Manso de Zúñiga et Andrés Saliquet Zumeta, les colonels Federico Montaner Canet et Fernando Moreno Calderón. Francisco Franco y Behamonde n’y rentrera qu’en Août. Il attend son heure.
Barcelone : constitution et départ d’une colonne de 10 000 volontaires, en majorité anarchistes, pour Zaragoza, menée par Buenaventura Durruti.
Paris : Léon Blum accepte d’envoyer à la république espagnole : 20 bombardiers Potez et diverses armes (fusils Lebel, mitrailleuses Hotchkiss, obusiers Schneider et les cartouches et bombes adéquates).

25 juillet 1936 : Crise politique en France à propos de cette aide, méfiance en Europe. Blum, à contrecœur, recule. Finalement ce sont des personnalités antifascistes parfois au sein même du gouvernement qui livreront les armes : Jean Moulin, André Malraux, Léo Lagrange… 70 avions envoyés près de Barcelone. André Malraux formera et commandera l’escadrille “ España ” (20 Potez 54), qui sera pilotée par des hommes de toutes nationalités et entrera en action, au mois d’Août 36, en Estrémadure.
Bien avant l’organisation des brigades internationales, des étrangers socialistes, anarchistes ou sans idéologie connue combattront dans les milices : Italiens (bataillon “ Gastone-Sozzi ” et colonne “ Giustizia e Libertà ”), Allemands (centurie « Thaelmann ”), Français et Belges (bataillon « de Paris ”), Anglais (centurie « Tom Mann ”). Au total plus de 1 500 hommes et femmes. Internationalisation du conflit dès Août 1936.

Madrid : Les communistes sont de plus en plus influents au sein de l’UGT.

Le ravitaillement s’effectue grâce aux restaurants communautaires, les convives paient avec des bons émis par les syndicats UGT et CNT.
Les anarchistes sont très influents en Andalousie et en Catalogne : nombreuses expériences sociales seront menées dans tous les domaines économiques primordiaux pour la survie des populations : agriculture, transport, fluides, industrie. Cette organisation s ‘étend dans toute l’Espagne républicaine des centaines de milliers de personnes vivent des et dans les collectivités.
Dans les provinces basques, la vie reste bourgeoise et catholique, avec une police basque, un clergé et des catholiques fidèles à la République.
Mola fait route sur Madrid ; les miliciens l’arrêtent.

26 juillet 1936 : Hitler accepte la demande de Franco, lui mettant à disposition des avions de transport pour les troupes du Maroc. 52 Junker quittent l’Allemagne et 9 Savoia-Marchetti quittent l’Italie pour le Maroc.
D’août à Septembre, l’aviation allemande fera 677 traversées, amenant ainsi 12 000 hommes, premier pont aérien de l’histoire.

Entre le 21 et le 31 juillet 1936 : Les premières colonnes révolutionnaires partent de Barcelone en direction de l’Aragon ou de Madrid. Voici leur composition : CNT-FAI : 13 000 miliciens ; POUM : 3 000 ; UGT : 2 000 ; Généralité de Catalogne et gardes d’assaut : 2 000.

31 juillet 1936 : À Valence, les officiers et les simples soldats loyalistes prennent d’assaut la caserne des officiers.
Entre le 29 juillet et le 5 août 1936:1 500 hommes des troupes du Maroc gagnent l’Espagne par les airs.
S’ouvre la guerre économique, chaque partie profitant des industries et productions agricoles sous son contrôle.
Les républicains s’étaient appropriés la fabrique d’armes et de poudre de Murcia, il en existait une autre à Tolède, mais aucune de ces deux n’était aussi importante que l’usine nationale de poudre et explosifs d’El Fargue, près de Grenade, qui resta aux mains des militaires insurgés contre la République.

1er août 1936 : Hitler ouvre les jeux olympiques à Berlin, dans un stade où l’assistance clame des slogans nazis. La délégation sportive française, officiellement désignée par les délégués français du Comité olympique entre sur le terrain en faisant le salut fasciste.
Cadix, arrivent, une dizaine de bombardiers venant de Hambourg qui s’ajoutent à ceux provenant d’Italie. Salazar, dictateur portugais, promet toute son aide aux insurgés.

2 août 1936  : la France propose une “ Convention internationale de non-intervention dans les évènements espagnols. ”.

3 août 1936 : Le journal communiste français L’Humanité reste réservé du fait que le PCE est minoritaire dans le mouvement et écrit : « Le peuple espagnol (…) n’a qu’un seul but : la défense de l’ordre républicain dans le respect de la propriété. »

8 août 1936 : Constitution à Londres du Comité de non-intervention en Espagne.

9 août 1936 : Les Baléares, Ibiza : soulèvement des ouvriers contre la garnison nationaliste. L’île redevient républicaine, le poète Rafael Alberti est libéré.

11 août 1936 : Pays basque entrée des nationalistes à Tolosa.

14 août 1936 : Badajoz, la légion et les troupes marocaines du colonel Yagüe attaquent la ville. Une répression, qui dépasse en horreur tout ce qui fut vécu jusque là, s’abat sur la ville. Protestations internationales. L’accès à la frontière portugaise est coupé. L’Ouest de l’Espagne est aux mains des nationalistes.

15 Août 1936 : Les français (Yvon Delbos, ministre des affaires étrangères) proposent, aux autres gouvernements, un texte d’un accord de non intervention : “ …Le gouvernement français interdit, en ce qui le concerne, l’exportation directe ou indirecte, la réexportation et le transit à destination de l’Espagne, des possessions espagnoles ou de la zone espagnole du Maroc, de toutes armes, munitions ou matériel de guerre, ainsi que de tous aéronefs, montés ou démontés et de tous navires de guerre. Cette interdiction s’applique, aussi, aux contrats en cours d’exécutions. ”

16 août 1936 : Arrestation par la Phalange du poète Federico García Lorca, qui s’était réfugié au début du soulèvement chez des amis à Grenade.

17 août 1936 : Les mariages sur le front sont légalisés.

19 août 1936 : Assassinat de Federico García Lorca, dont le corps est jeté dans une fosse commune, à Víznar (Grenade).

22 août 1936 : Exécution sommaire par les républicains de plusieurs anciens ministres : José Martinez de Velasco, Manuel Rico, Ramón Alvarez.

23 août 1936 : Création de tribunaux populaires, afin de freiner les massacres des opposants à la République.

30 août 1936 : Entrée en vigueur du pacte de non-intervention. Bien qu’ils soient signataires les États fascistes violeront immédiatement la non-intervention et armeront le camp nationaliste.

Fin Août 1936 : Avec la chute du Pays Basque, l’exode s’amorce déjà : 15 000 personnes trouvent refuge en France.

Septembre 1936 : L’URSS envoie un nouvel ambassadeur Marcel Izvailevic Rosenberg, avec lui 500 soviétiques officiers, techniciens, policiers, économistes, traducteurs….

3 septembre 1936 : Franco renforce son audience dans son propre camp avec la victoire de l’armée d’Afrique à Talavera.

Meeting au Vélodrome d’hiver à Paris avec Dolorès Ibarruri (la Pasionaria). La députée communiste espagnole s’écrie : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ! » et termine son discours par un : « Aidez-nous ! »

4/5 septembre 1936 : Giral démissionne. Largo Caballero est nommé premier ministre. Il prend avec lui des communistes ; les anarchistes refusent de rentrer au gouvernement.
Nouveau gouvernement : 6 socialistes, 2 gauche républicaine, 2 union républicaine, 2 gauche catalane ; 2 communistes, 1 nationaliste basque.

13 septembre 1936 : Pays basque, Saint Sébastien : entrée des nationalistes, deuxième ville basque après Irun (le 4) à tomber.

14 septembre 1936 : Pie XI parle de la “ haine véritablement satanique de Dieu ” qui anime les républicains.

18 septembre 1936 : Constitution, à Moscou, des Brigades internationales par Staline. Leur organisation devient la tâche principale du Komintern.

21 septembre 1936 : Franco se fait nommer généralissime

27 septembre 1936 : Madrid premiers raids aériens allemands.
Barcelone : entrée de quatre ministres anarchistes au gouvernement catalan Antonio García à la Santé, José Domenech au Ravitaillement, Juan Fábrega à l’Économie. Andrés Nin, dirigeant du POUM, entre dans ce même gouvernement, à la Justice.

28 septembre 1936 : Fin du siège de l’Alcazar de Tolède. Moscardó en sort vainqueur.
Après de longues et secrètes tractations, Franco se fait nommer par la junte : “ Chef du gouvernement de l’État espagnol pour la durée de la guerre ”. Quelques jours plus tard, il obtient les pleins pouvoirs.

1er octobre 1936 : Un défilé militaire organisé à Burgos célèbre la consécration de Franco en Caudillo. La junte de défense nationale est remplacée le jour même par un conseil technique de l’État (Junta técnica del Estado) présidé par Fidel Dávila.

4 octobre 1936 : URSS à Odessa, départ des navires chargés de matériel militaire pour l’Espagne républicaine.

7 octobre 1936 : Nouvelle offensive de l’armée d’Afrique contre Madrid.

8 octobre 1936 : Statut d’autonomie du Pays basque : Euzkadi. José Antonio Aguirre est élu président. Son gouvernement : 4 nationalistes basques, 3 socialistes, 1 communiste, 1 union républicaine, 1 gauche républicaine.

10 octobre 1936 : Arrivée, sur le sol espagnol, des premiers tanks soviétiques T-26. Avec les officiers de commandement (Colonel Semion Krivoshein, Paul Arman “ Greisser ”) ; la 1er brigade mixte du général Lister les appuie.

12 octobre 1936 : Salamanque anniversaire de la découverte de l’Amérique, “ jour de la race ” (espagnole).
 [12]

13 octobre 1936 : À Paris, 500 volontaires français, polonais, et russes exilés embarquent à la gare d’Austerlitz, pour aller combattre aux côtés des républicains espagnols. À Barcelone, arrivent 600 hommes dont des Anglais, des Allemands, des belges, des Américains et bien d’autres encore (70 nationalités). Albacete devient le quartier général des Brigades internationales. Tout le long du mois, les renforts internationaux en hommes vont arriver. André Marty, pour les français, Luigi Longo pour les italiens prennent la direction de ces colonnes étrangères.

24 octobre 1936 : Décret de collectivisation de l’industrie. Il faut que le pays continue de fonctionner et de répondre aux besoins du pays et de la population. Les tramways de Madrid et de Barcelone sont gérés par l’UGT et la CNT.

25 octobre 1936 : À Carthagène, Largo Cabellero et Négrin, sans avertir le président Azaña, envoient à l’URSS une grande partie (457 tonnes) des réserves d’or de l’Espagne (quatrième stock du monde) pour « le mettre à l’abri des fascistes » et en paiement des matériels de guerre fournis par l’URSS.

2 au 9 novembre 1936 : À Paracuellos del Jarama, dans la province de Madrid, massacre, par les républicains, de près de 2 000 prisonniers favorables au soulèvement. Santiago Carrillo et Magarita Nelken en portent la responsabilité.

4 novembre 1936 : Madrid : La CNT entre au gouvernement central :
Juan García Oliver (justice), Federica Montseny (Santé), Juan Peiro (Industrie), Juan Lopez Sanchez (Commerce).

6 novembre 1936 : Début du siège de Madrid par les nationalistes. Franco s’acharne : il veut célébrer Noël dans la capitale.
Le même jour la légion Condor quitte Berlin pour l’Espagne : 4 escadrilles de bombardiers (48 Junker 52), 4 escadrilles de chasse (48 Heinkel 51), 1 escadrille d’hydravions de reconnaissance, 1 Heinkel 70 pour les reconnaissances photographiques, 4 compagnies de chars (16 chars), batteries antiaériennes et antichars, 3 800 hommes sous le commandement du général Von Sperrle et du Lieutenant-colonel Wolfram Freiherr von Richthofen, chef d’état-major.

7 novembre 1936 : La défense de Madrid est confiée à une junte dirigée par le général Miaja. Le gouvernement se transfère à Madrid. Koltov, conseiller soviétique, désigne les nouveaux commissaires de la République. Il fera aussi procéder à des massacres de prisonniers. Seul Melchor Rodriguez, directeur des prisons, fonctionnaire anarchiste, s’élèvera contre cette horreur.

8 novembre 1936 : À Madrid, arrivée des Brigades Internationales, début de la contre offensive républicaine : 8 500 hommes des 11e et 12e brigades participent à la contre-offensive républicaine de novembre, avec 170 avions, 53 chars, et au total 40 000 hommes.

9 novembre 1936 : Les troupes républicaines arrêtent de l’avance nationaliste sur la capitale.

12 novembre 1936 : Arrivée de Buenaventura Durruti à la tête de 4 000 miliciens anarchistes.

18 novembre 1936 : L’Allemagne et l’Italie reconnaissent l’Espagne de Franco.

19 novembre 1936 : Après procès, condamnation à mort de José Antonio Primo de Rivera. Les anarchistes sont opposés à sa condamnation à mort ainsi que la plupart des ministres du gouvernement républicain.
Madrid : Durruti est mortellement blessé devant la cité universitaire. Il meurt le lendemain à l’âge de 40 ans.

20 novembre 1936 : José Antonio Primo de Rivera est fusillé à la prison d’Alicante.

23 novembre 1936 : L’enterrement de Durruti suivi par des centaines de milliers de personnes silencieuses dans la ville assiégée. Ricardo Sanz est nommé pour le remplacer à Madrid.
Après 4 jours de bombardements intensifs de la capitale, les nationalistes et leurs alliés reportent l’attaque frontale devant la résistance acharnée des milices et des brigades. 10 000 victimes des bombardements.

28 novembre 1936 : À Barcelone, Antonov-Ovseenko, consul général de l’URSS dénonce la Batalla, organe de presse du POUM. L’attaque contre ces dissidents commence, orchestrés par Staline. Le POUM et la FAI sont les seuls à dénoncer les procès qui ont lieu à Moscou.
La FAI compte 30 000 membres.

14 décembre 1936 : Offensive nationaliste secteur de Madrid, prise de Boadilla. Riposte avec les chars du général Pavlov et les brigades internationales “ Thaelmann ”, “ commune de Paris ”, et Dombrowsky ”. Boadilla est reprise.

16 décembre 1936 : À Barcelone, nouveau cabinet catalan formé par Josep Tarradellas : 3 gauche catalane, 3 UGT ; 4 CNT, 1 rabassaire.
Andrès NIN (dirigeant du POUM) est exclu de la nouvelle formation, sous la pression des communistes, accusé de déloyauté et d’antisoviétisme.

21 décembre 1936 : Staline conseille à Largo Caballero de remettre à plus tard la révolution sociale et de s’allier avec les forces bourgeoises.

25 décembre 1936 : Federica Montseny, ministre de la Santé, appuyée par le docteur Félix Marti Ibañez, promulgue le décret de libéralisation de l’avortement.

28 décembre 1936 : À Lopera, limite des provinces de Jaen et de Cordoue, offensive républicaine avec le bataillon La Marseillaise, comprenant des Français, et une compagnie anglaise de la 14e Brigade internationale. Après la bataille, André Marty, membre du Komintern et un des principaux chefs des Brigades internationales, curieusement accuse de trahison le commandant Gaston Delasalle, commandant le bataillon La Marseillaise. Ce dernier, en 1919, s’était opposé à André Marty au cours de la révolte des marins dans la mer Noire. Marty le fait passer devant un peloton d’exécution. [13]]]

Notes

[1Maroc espagnol

[2toujours poste surveillé à Las Palmas, Canaries.

[3venu d’Angleterre le chercher à Las Palmas

[4il est persuadé que cette rébellion va être vite endiguée et qu’elle rétablira l’ordre et la discipline sur lesquels il pourra s’appuyer

[5Il promet « une mort violente aux chiens rouges et le viol pour leurs femmes » sur Radio Séville

[6même si elle est partiellement détruite en 1939 par l’aviation allemande

[7L’anarchiste Diego Abad de Santillán écrit : « Nous allâmes au siège du gouvernement catalan les armes à la main, sans avoir dormi depuis plusieurs jours, sans nous être rasés, donnant, par notre apparence, réalité à la légende qui s’était formée sur nous. Quelques-uns des membres du gouvernement de la région autonome tremblaient, livides, en cette entrevue où manquait Ascaso. Le palais du Gouvernement fut envahi par l’escorte de combattants qui nous avaient accompagnés »

[8il leur dit : « Vous êtes les maîtres de la ville et de la Catalogne, parce que, seuls, vous avez vaincu les soldats fascistes… Vous avez vaincu et tout est en votre pouvoir. Si vous n’avez pas besoin, si vous ne voulez pas de moi comme président, dites-le maintenant, et je deviendrai un soldat de plus dans la lutte antifasciste. Si, au contraire, vous me croyez quand je dis que je n’abandonnerai ce poste que mort au fascisme victorieux, alors peut-être qu’avec mes camarades de parti, mon nom et mon prestige, je puis vous servir… »

[9Le président Azaña écrit : « En contrecoup de la rébellion militaire… se produisit un soulèvement prolétarien qui ne se dirigea pas contre le gouvernement… Une révolution doit s’emparer du commandement, s’installer au gouvernement, diriger le pays selon ses vues. Or, ils ne l’ont pas fait… L’ordre ancien aurait pu être remplacé par un autre, révolutionnaire. Il ne le fut pas. Il n’y avait plus qu’impuissance et désordre… » (La velada en Benicarlo, p. 96)

[10Triana, un des onze districts de la ville

[11qui sera très vite évincé par Franco

[12Ce jour là, au cour d’un discours dans l’université le professeur Maldonado lance une violente diatribe contre les nationalismes catalans et basques et le général Millan Astray (fondateur de la légion) s’écrie “ Vive la mort ”. Miguel Unamuno, philosophe, recteur de l’université de Salamanque, monte à la tribune, jusque là il avait d’abord lutté contre la dictature de Primo de Rivera et pour la république, puis, il prit ses distances avec celle-ci, se rapprochant de la phalange, où il déclare devant un parterre de factieux et des hauts dignitaires de l’armée nationaliste, un discours resté célèbre par son courage :
“ (..) Il y a des moments où se taire est mentir. (…) je voudrais ajouter quelque chose au discours – si l’on peut ainsi l’appeler – du professeur Maldonado. Ne parlons pas de l’affront personnel que m’a fait sa violente vitupération contre les Basques et les Catalans. Je suis moi-même né à Bilbao. L’évêque (il désigne de la main l’évêque de Salamanque, assis à son côté, que cela lui plaise ou non, est un Catalan de Barcelone.
Je viens d’entendre un cri nécrophile et insensé : “ Vive la mort ! ” (…) Ce paradoxe est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Disons le sans arrière pensée discourtoise : il est invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Malheureusement, il y a aujourd’hui, en Espagne, beaucoup trop d’infirmes. (…) Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait établir les bases d’une psychologie de masse. Un infirme qui n’a pas la grandeur spirituelle d’un Cervantès recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu’il peut faire subir autour de lui  ? ”
Millan crie alors : “ Mort aux intellectuels ! Vive la mort ! ” la foule répond avec un salut fasciste : “ À bas les intellectuels hypocrites ! traître ! ” La vie de Miguel Unamuno fut sauvé par Carmen Franco, la femme du général, qui le prend par le bras et l’entraîne au dehors, alors qu’un garde du corps de Millan Astray le tenait en joue avec son fusil mitrailleur. Ce discours qui dit le courage de cet intellectuel qui ose au cœur d’un milieu nationaliste affirmer qu’il leur manque “ la raison et le droit. ” Miguel de Unamuno meurt à la fin de l’année 1936.

[13« À la mi- mars 1939, cette affaire a un retentissement jusqu’à l’assemblée nationale à Paris où André Marty est mis en accusation d’avoir fait exécuter un ancien officier de l’armée française sur ordre direct de sa part, le capitaine Gaston Delesalle, commandant du bataillon La Marseillaise de la XIV Brigade internationale. Il est envoyé de toute urgence, avec son bataillon sur le front andalous contre l’offensive menée par le général rebelle Queipo de Llano à la mi-décembre 1936. C’est le baptême de feu de cette brigade. Leur expédition est malchanceuse, d’abord le bataillon du Bulgare Stomatov est défait puis c’est le tour de La Marseillaise à Lopera. Cela irrita profondément Marty qui organisa un procès plus que sommaire, par un tribunal et un jury formés par d’autres membres de la brigade, qui condamna à mort Delesalle de façon expéditive et la sentence est exécutée immédiatement. » [[Javier Rubio (revue Persée) et Andreu Castells, Las brigadas internacionales de la guerra d’España, editorial Ariel, Barcelona 1973.

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